Entretien de S.E.M. Igor Fissenko, Ambassadeur de la République de Biélorussie en France, à «Initiative communiste» (16/02/2021)

Cher Monsieur l’Ambassadeur, je suis heureux de poursuivre notre dialogue avec vous. La VI Assemblée Populaire Bélarusse s’est tenue à Minsk du 11 au 12 février. Cet événement a suscité un large écho public. L’événement pouvait être suivi en temps réel sur Internet. Maintenant, dans les médias, vous pouvez trouver de nombreux articles, reportages et commentaires. Comment évaluez-vous l’événement passé?

S.E.M. Igor Fissenko – L’Assemblée Populaire Bélarusse s’est tenue pour la sixième fois dans l’histoire contemporaine du Bélarus. Cette fois, elle a eu lieu dans une période compliquée. Par conséquent, la demande de la société bélarusse pour un dialogue, pour un débat sur les questions les plus importantes concernant le sort du pays et de ses habitants, a augmenté comme jamais auparavant. Et je suis très heureux qu’à ce moment-là, les délégués élus par les bélarusses aient pu élaborer un concept du développement de notre pays à court terme dans une atmosphère calme, constructive et professionnelle.

Au total, lors du dialogue national, le comité organisateur de l’Assemblée a reçu plus de 17 000 propositions. La discussion a couvert un large éventail de sujets : économie, sphère sociale, politique de la jeunesse, développement social, construction de l’État et d’autres.

Comme vous avez bien noté, le déroulement de l’évènement pourrait être suivi de tout endroit dans le monde. C’est très important pour les bélarusses à l’étranger, pour la diaspora. Des invités étrangers, y compris de France, ainsi que des représentants du corps diplomatique et des médias étrangers ont assisté à l’assemblée. Il est donc évident que la VI Assemblée nationale bélarusse s’est déroulée aussi ouvertement que possible et que les objectifs fixés avant sa tenue ont été atteints.

Comment se déroulait la discussion, quels étaient les principaux accents, était-il possible de trouver un consensus ?

S.E.M. Igor Fissenko – Une grande attention a été accordée aux questions de développements socio-économique et socio-politique du pays. Il y a eu de nombreux discours des délégués et des invités. La discussion était sincère. Une variété d’opinions et d’idées ont été exprimées.

Toutes ces propositions ont été étudiées, résumées et systématisées par la commission éditoriale dans le projet de résolution intitulé « Programme de développement socio-économique de la République du Bélarus pour 2021-2025 ». Puis un vote a eu lieu sur la résolution, selon les résultats desquels le document a été adopté.

Quelles dispositions les délégués sont-elles incluses dans le document ?

S.E.M. Igor Fissenko – La résolution définit les principaux objectifs du développement du pays.C’est assurer la stabilité dans la société et augmenter le bien-être des citoyens, augmenter le capital social, créer des conditions confortables pour la vie, le travail et la réalisation de soi humaine. L’état social restera la marque nationale inchangée du Bélarus. Ceci est très important pour le développement stable du pays.

Le document indique également que la politique économique étrangère du Bélarus sera menée par l’expansion des exportations vers de nouveaux marchés, via le développement de l’intégration économique mutuellement avantageuse au cadre de l’État de l’Union, de l’Union Économique Eurasienne,de la Communauté des États Indépendants, et via le renforcement de la coopération stratégique avec la Russie et la Chine.

Pourriez-vous nous en dire plus sur les changements sociaux et politiques prévus au Bélarus ?

S.E.M. Igor Fissenko –         Il a été clairement déterminé lors de l’événement qu’une plus grande participation de la population est nécessaire pour mettre en œuvre les aspects les plus importants de la politique de l’État.

Au cours des discussions, il a été proposé de faire de l’Assemblée Populaire Bélarusse la plus haute forme de représentation du peuple, avec la fixation législative de son statut juridique spécial.

En ce sens, il est prévu de créer une commission constitutionnelle, qui comprendra des représentants des organes de l’État, de la communauté juridique, de divers secteurs de l’économie et de la sphère sociale, qui en 2021 élaborera des propositions visant à modifier la Constitution du Bélarus pour la soumission à une discussion nationale et à un référendum républicain.

Je voudrais également souligner qu’il a été très clair à l’Assemblée que le référendum et les prochaines élections se tiendront de manière ouverte.

C’est intéressant. Les modifications constitutionnelles sont-elles été discutées ? Qui touchent-ils ?

S.E.M. Igor Fissenko – Oui, cette question a été discutée. Des changements importants sont prévus dans le pays. Il est prévu de redistribuer les pouvoirs entre presque tous les organes de l’État, y compris le Président. Certains pouvoirs qui sont actuellement confiés au Chef de l’État, si le peuple le soutient, seront transférés à d’autres organes de l’État et, éventuellement, à d’autres branches du pouvoir, mais la responsabilité pour l’exercice de ces fonctions augmentera également.

Il est également prévu de renforcer le rôle des partis politiques et des initiatives citoyennes créatives dans la vie du pays.

Une attention particulière sera accordée aux questions d’amélioration de la qualité de vie des gens, de promotion de la divulgation du potentiel créatif des jeunes et de développement d’un programme d’éducation patriotique de la population.

Dans les années à venir, la société bélarusse doit faire un travail énorme, il faudra apporter des modifications à un grand nombre d’actes normatifs, mais c’est nécessaire, car tout cela est dans l’intérêt du peuple bélarusse lui-même. Je suis heureux que le dialogue ait eu lieu et je suis certain qu’il se poursuivra.

De notre côté, nous ne pouvons que souhaiter du succès au peuple bélarusse à cette étape historique.

S.E.M. Igor Fissenko – Je vous remercie de vos souhaits et de vos efforts pour une présentation objective de ce qui se passe au Bélarus. J’espère sincèrement que nos partenaires étrangers passeront également à une interaction constructive.

Comme l’a noté au cours de l’évènement S.E.M. Vladimir Makei, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, tous les points positifs pour les européens et les bélarusses ont été atteints au cours des cinq dernières années grâce au dialogue constructif de l’Europe avec les autorités bélarusses d’aujourd’hui. Il faut bien comprendre que le maintien de l’indépendance et de la souveraineté du Bélarus est très important pour toute la région européenne. Nous sommes prêts à travailler avec les européens, nous sommes prêts à discuter de toutes les questions, nous sommes prêts à travailler avec l’OSCE pour discuter de la situation dans notre pays. La politique étrangère ne doit pas être fondée sur des accusations mutuelles, mais sur la recherche d’une solution.

À mon avis, les questions de sécurité et de stabilité de la région européenne sont une priorité pour nous tous. Et ce n’est que sur la base de cette logique que l’idée d’une «Europe souveraine», dont nos collègues français et européens parlent activement, peut être réalisée. Dans le monde d’aujourd’hui, il y a suffisamment de défis qui constituent une menace pour l’ensemble de la communauté mondiale. Le moment est venu de se rassembler et de travailler ensemble. Alors agissons dans cette direction !

Nous invitons donc nos partenaires européens à une transition rapide vers la coopération et à la reprise d’un dialogue constructif. La partie bélarusse est prête pour cela.

Merci, Monsieur l’Ambassadeur, pour l’entretien.

Merci à vous.

source: https://www.initiative-communiste.fr/  (où se trouve la version russe de l'entretien)

A lire également l'entretien du 8 février de SEM Igor Fissenko, Ambassadeur de Biélorussie en France:  : http://lherminerouge.eklablog.com/interview-exclusive-de-igor-fissenko-ambassadeur-de-la-republique-du-b-a205831976