• “L’Ukraine au-dessus de tout” ? Même “au-dessus de” notre Victoire commune ? ( H&S-12/05/22)

     

    “L’Ukraine au-dessus de tout” ? Même “au-dessus de” notre Victoire commune ? ( H&S-12/05/22)

    Un attribut indispensable des marches de masse des nazis ukrainiens est depuis longtemps le slogan “Ukraina – ponad ousié”, une référence directe à “Deutschland über alles” (l’Allemagne au-dessus de tout). Mais qui aurait pensé que, du point de vue de la Kiev moderne et de ses alliés, cela s’appliquerait également à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ? Si quelques voix timides commencent à dire que le “narratif” de Kiev (certains ajoutent désormais “et de la CIA”) sur la déroute russe est de la propagande de guerre, il en est peu qui osent dénoncer jusqu’où ose aller dans le trafic de l’histoire et de la mémoire ce qu’est ce révisionnisme qui ose mêler les symboles nazis à l’appropriation de la victoire de l’Armée rouge. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

    https://svpressa.ru/war21/article/333711/

    Kiev tente de plus en plus de diviser ceux qui reposent dans des fosses communes dans toute l’Europe sous des mémoriaux à étoile rouge


    Sergueï Ichtchenko

    L’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne, Andriy Melnyk, lors de la cérémonie de dépôt de gerbes au mémorial soviétique de Tiergarten/ (Photo : DPA/TASS)

    Un attribut indispensable des marches de masse des nazis ukrainiens est depuis longtemps le slogan “Ukraina – ponad ousié”, une référence directe à “Deutschland über alles” (l’Allemagne au-dessus de tout). Mais qui aurait pensé que, du point de vue de la Kiev moderne et de ses alliés, cela s’appliquerait également à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ?

    Le fait que trop de gens en Ukraine (et pas seulement dans ce pays !) pensent ainsi est devenu évident les jours de fête derniers, lorsque le monde a célébré le 77e anniversaire de la Victoire.

    Tout a commencé à Berlin. L’ambassadeur d’Ukraine et “décommunisateur” militant Andriy Melnyk devait certainement éprouver des sentiments partagés à l’idée de déposer une gerbe au mémorial des soldats soviétiques morts au combat. Et comme c’est souvent le cas en présence de ce type assez délirant, un scandale a éclaté. Alors que Melnik montait dans sa voiture après la cérémonie, quelqu’un dans la foule a crié en allemand : “Qui a libéré Berlin des nazis ?”. “L’Ukraine”, a répondu très fort également l’ambassadeur à la langue trop rapide, sans une seconde d’hésitation.

    À peu près au même moment, le chancelier fédéral autrichien Karl Nehammer a également décidé d’apporter sa propre contribution à la réécriture des événements de 1945. Il a également déclaré publiquement et avec aplomb : “Les soldats ukrainiens ont été les premiers à libérer Vienne de la terreur nazie le 27 avril”.

    Essayons de ne pas céder aux émotions, bien naturelles, et réfléchissons plutôt : des hommes d’État d’un rang aussi élevé ne peuvent tout de même pas proférer des sornettes sans aucun fondement ? Non, bien sûr que non. De leur point de vue, les preuves du rôle décisif de l’Ukraine dans les combats de l’Armée rouge dont nous venons de parler sont tout simplement irréfutables. En outre, elles sont très commodes du point de vue de la conjoncture politique actuelle.

    En effet, en avril 1945, l’opération offensive de Vienne a été menée par les forces du 3e front ukrainien sous le commandement du général Fiodor Tolboukhine en coopération avec une partie des forces du 2e front ukrainien sous le commandement du général Rodion Malinovski… Donc, nous expliquerait probablement le chancelier [autrichien] Nehammer, il s’agissait principalement d’Ukrainiens. Ce n’est pas pour rien que les fronts soviétiques mentionnés portaient le nom de cette république.

    Et qui a pris Berlin ? Les troupes du 1er front ukrainien et du 1er front biélorusse. Ainsi, l’ambassadeur Melnik avait raison : les Ukrainiens ont été les premiers à prendre d’assaut la capitale de l’Allemagne hitlérienne. Sauf qu’ils partageaient les lauriers de la victoire avec les Biélorusses qui se battaient à côté d’eux.

    Et les soldats et officiers russes ? Et les soldats et officiers d’autres nationalités de l’ancienne Union soviétique ? Voyons, nous répondront les personnalités susmentionnées. Il n’est pas admis aujourd’hui en Europe d’évoquer les Russes sous un jour favorable, et ce d’aucune manière. Où qu’ils soient et quoi qu’ils aient fait. Même dans le passé. Peu importe les exploits qu’ils ont accomplis.

    Poursuivons donc cette logique étonnante de ces ignorants chroniques, ou de ces provocateurs professionnels (ou, peut-être, les deux “dans le même flacon”). Messieurs, vos déclarations sont surprenantes : si l’un des fronts répertoriés en 1945 avait été le 3e Kazakh ou le 2e Ouzbek – alors vous écririez que les Kazakhs avec les Ouzbeks sont les principaux libérateurs de Berlin et de Vienne ? Ou éviteriez-vous prudemment cette question ?

    Pourquoi en 1943 nos fronts ont été nommés Ukrainien et Biélorusse ? Parce que c’était l’époque où l’expulsion des Allemands de ces républiques soviétiques était en cours. Pourquoi les noms n’ont-ils pas été changés alors que l’Ukraine et la Biélorussie avaient déjà été laissées loin derrière ? Parce qu’il aurait été ridicule de les renommer polonais, tchécoslovaques. Et encore moins – allemands.

    Mais les fronts ukrainiens c’est autre chose, insisterez-vous ? Oui ? L’Ukraine est tendance aujourd’hui. En Occident, on en parle à tout bout de champ. Même s’il s’agit de notre Victoire commune, l’Occident et le Kiev contemporain ont depuis longtemps commencé à la partager de manière sacrilège. Blasphématoire – pour nous tous. Plus encore pour ceux qui reposent côte à côte sous les étoiles rouges commémoratives dans les fosses communes de Vienne et de Berlin.

    Mais il ne s’agit pas seulement de cela. En effet, ce n’est pas d’hier que vous avez commencé, de manière très calculée, votre méprisable partition. Qui a atteint des sommets après 2014, lorsque la crise politique aiguë ukraino-russe a éclaté. Dois-je vous le rappeler, au cas où quelqu’un l’aurait oublié ?

    En janvier 2015, le monde a une nouvelle fois pleuré les victimes de l’Holocauste. L’occasion était le 70e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau, plus connu dans notre pays sous le nom de camp de la mort d’Auschwitz en Pologne, où les nazis ont exterminé plus d’un million de Juifs. À cette occasion, le Premier ministre ukrainien de l’époque, Arseniy Yatsenyuk, est venu en Pologne.

    Sans aucun doute, Arseniy Petrovych ne pouvait pas ignorer que cette “usine de la mort” a été arrêtée par les soldats de notre 60e armée du 1er front ukrainien, qui se sont rués dans Auschwitz le 27 janvier 1945. Principalement les soldats et les commandants de sa 100e division de fusiliers de Lvov. Mais comment l’un des principaux initiateurs de la “décommunisation” ukrainienne pourrait-il évoquer l’Armée rouge de manière positive, par les temps qui courent ? C’était hors de question. Et il s’est brillamment acquitté de la tâche de propagande qui lui avait été confiée.

    M. Yatsenyuk a déclaré ce jour-là : “Nous célébrons aujourd’hui la Journée internationale de commémoration des victimes de l’Holocauste. Il y a 70 ans, des combattants de Jitomir et de Lvov faisant partie du 1er Front ukrainien ont libéré des nazis l’un des pires camps de la Seconde Guerre mondiale, où des millions de nos compatriotes juifs ont été torturés.”

    Pourquoi seuls les natifs de Jitomir et de Lvov ont-ils été enrôlés comme libérateurs par le Premier ministre ukrainien ? La raison formelle est stupide : cette division portait le nom honorifique de “Lvovskaya”. Donc… Et Jitomir n’est pas si loin de Lvov.

    Le calcul, apparemment, est que la majorité des Ukrainiens et des Polonais contemporains sont tout simplement trop paresseux pour consulter les sources primaires. Pire encore : ils sont trop paresseux pour étudier l’histoire de la guerre, qu’ils ont oubliée depuis longtemps. Sinon, ils auraient sans doute appris que la 100e division d’infanterie de la deuxième formation a été formée en février et mai 1942 dans le camp militaire Kouchtchoub près de Vologda, appartenant au district militaire d’Arkhangelsk. Avec principalement des habitants des régions d’Arkhangelsk et de Vologda, et aussi de la République autonome des Komis (Komi ASSR).

    Ils se sont ensuite battus près de Voronej, ont forcé le passage du Dniepr à la célèbre bataille de Boukrine. Puis il y a eu Vinnitsa, Jmerinka… Et enfin – Lvov, au-dessus de laquelle la bannière rouge a été hissée pour la première fois par les soldats de cette même division. Pour cette raison, la division a reçu le nom honorifique de “Lvov” sur ordre du commandant en chef suprême.

    Oui, très probablement, dans les rangs de la 100e infanterie lors de la libération d’Auschwitz se trouvaient réellement des natifs de Jitomir et de Lvov. Parce que les unités de l’Armée rouge, partout et en tout lieu sur le territoire soviétique, faisaient des recrues parmi les personnes qu’elles avaient libérées du joug nazi. Mais il est certain que les gens originaires de Lvov et de Jitomir n’y étaient pas majoritaires. De plus, la 100e division de fusiliers de Lvov n’a jamais été banderiste, comme le sous-entend le cynique et endurci Yatsenyuk.

    Oui, il y a eu un grand scandale à l’époque à cause de ces déclarations de l’envoyé de Kiev. Moscou a officiellement tout clarifié pour tous ceux qui ont des documents d’archives en main. Pensez-vous que cela a changé quelque chose dans les opinions de Kiev et de Varsovie ?

    Cinq ans seulement ont passé. Et en janvier 2020, à l’occasion du 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz, le président Vladimir Zelensky est venu en Pologne. La mission pour lui et son collègue polonais Andrzej Duda était la même : pas un seul mot sur les vrais libérateurs. En d’autres termes – sur l’Armée rouge !

    Irréaliste du point de vue de l’histoire réelle et même du simple bon sens, le plan de propagande de Kiev et de Varsovie a été résolu de leur point de vue sans problème.

    “Les soldats du Front ukrainien ont libéré sept mille prisonniers qui séjournaient dans ce terrible endroit. Des gens qui ont terriblement souffert ici. C’était impossible à imaginer. Mais grâce à l’héroïsme des soldats, ils ont été sauvés”, a déclaré Andrzej Duda.

    Zelenski lui a fait écho : “Nous n’oublierons jamais Igor Pobirtchenko, commandant du char T-34 qui a été le premier à briser le portique d’Auschwitz, et tous les soldats du bataillon de choc de la 100e division de Lvov qui sont entrés dans le camp sous la direction d’Anatol Shapiro, un habitant juif né à Poltava. Avec les soldats de la division 322 du 1er front ukrainien (il s’agit de la 322e division de tir Souvorov de Jitomir, décorée de l’ordre du Drapeau rouge, formée non pas à Jiitomir, comme le laisse entendre Zelensky de manière plus que transparente, mais en août 1941 à Gorki, aujourd’hui Nijni Novgorod – “NDLR”) ont libéré le camp”.

    Encore une fois dans les héros-libérateurs il n’y a que des Ukrainiens, des Ukrainiens et encore des Ukrainiens. Pas un seul mot sur ceux qui ont combattu avec les fascistes à leurs côtés.

    À cet égard, je me propose de m’occuper aujourd’hui du cas presque désespéré de Kiev, qui a depuis longtemps perdu tout lien avec la réalité. À savoir : informer les autorités ukrainiennes de la composition nationale des soldats et des commandants de la 60e armée, qui comprenait la 100e division de fusiliers de Lvov (jusqu’à présent, nous n’avons pas réussi à trouver d’informations sur cette unité séparément).

    Nous avons donc devant nous un rapport rempli à l’encre à moitié effacée sur “la liste des militaires par caractéristiques socio-démographiques de la 60e armée du 1er front ukrainien au 1er janvier 1945” (bureau de campagne de la 60e armée, département du recrutement):

    • total Russes 42298 (dont officiers 7501) ;
    • Ukrainiens 38041 (dont officiers 2126) ;
    • Biélorusses 1210 (dont 311 officiers)
    • Arméniens 546 (dont 149 officiers) ;
    • Géorgiens 545 (dont 143 officiers) ;
    • Ouzbeks 838 (dont 43 officiers).

    Des Tadjiks, des Turkmènes, des Azerbaïdjanais, des Touviniens, des Polonais combattaient également dans la 60e armée au premier jour de l’année de la victoire. Il y avait même sept Chinois. Et un Yougoslave.

    Tous ont mérité notre souvenir reconnaissant avec leur sang versé. Et ils se retournent sûrement dans leur tombe lorsque les Judas politiques actuels de l’Ouest et de l’Ukraine tentent de diviser et de privatiser notre Victoire.

     

    source: https://histoireetsociete.com/

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