Rachel Keke, gouvernante à l'Ibis Batignolles, gréviste victorieuse, candidate de la France Insoumise aux législatives.

"C’est seulement lorsque « ceux d’en bas » ne veulent plus et que « ceux d’en haut » ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher." Cette citation de Lénine, je la lis dans des textes et des tracts depuis mes premiers pas militants en 1966. 

Les gauchistes surtout s'y voyaient déjà. En 1968, on n'en parle pas. On y était. Et les années passent mais les croyants continuent à chaque soubresaut social de nous annoncer l'Apocalypse now. Un peu comme ces allumés de l'An Mille qui annonçaient le Jugement dernier pour le lendemain ou au plus tard la semaine prochaine.

A force de crier au loup ils finiront bien par tomber juste, eux ou leurs descendants si l'humanité survit au capitalocène et au nucléaire qu'ils aiment tant. Eux-mêmes sentent bien qu'il faut prévoir une marche-arrière si leur prophétie tarde un peu. Comme les barjes qui prévoyaient la fin du monde en 2012 grâce au calendrier Maya. Quand 2012 s'est achevée ils ne se sont pas démontés. Une simple erreur d'interprétation de certains textes de référence...

Nos rabâcheurs ont aussi prévu le coup: outre les conditions objectives, il faut aussi des conditions subjectives. Et évidemment c'est là que ça se complique pour nos catastrophistes révolutionnaires. Par exemple, comme selon leurs textes sacrés et intangibles, il faut un parti révolutionnaire pour faire la révolution, tant que celui-ci n'a pas ressuscité, les carottes sont cuites. On pourrait se demander pourquoi ça n'a pas fonctionné quand on avait les conditions "objectives" et "subjectives" réunies. Mais il est inutile de contrarier un croyant (ou un fou). L'irrationalisme est une navrante pathologie chez un certain nombre de nos camarades.

Car les faits n'ont pas un grand impact sur la foi. Il y a quelques semaines Mélenchon réalisait 22% au 1er tour de la présidentielle. La jeunesse populaire, les quartiers populaires, les catégories populaires, les habitants des TOM-DOM ont voté pour le candidat de l'Union populaire et son programme qui entre autres bagatelles proposait le smic à 1400 euros et la retraite à 60 ans.

Allons donc, foin de ces détails, Mélenchon a capitulé sur l’UE et sur la République une et indivisible . Pourquoi ?

Parce qu'il n'a pas dit sortons de l'UE mais sortons des traités européens, faisions ce que le peuple souverain décidera. C'est ça capituler ? Allons à défaut de bonne foi, un peu de sérieux. 

Mélenchon le jauréssien contre la République ? On dirait du Valls voire pire. Et cela parce qu'il est favorable à l'autonomie de la Corse et qu'il respecte donc le principe de la libre auto-détermination des peuples. 

Et comble de l'horreur Mélenchon serait contre la réindustrialisation dans son discours du 5 décembre 2021. Or qu'a dit l'Insoumis ? Qu'il faut produire et gouverner en fonction des besoins. Il suffit de l'écouter ( https://www.youtube.com/watch?v=jAcx3B3fi0I ). Fake news.

Heureusement impuissants, les Torquemada de temps révolus, n'ont toujours pas compris qu'il faut, pour que le changement démocratique advienne, non pas des avant-gardes autoproclamées et sclérosées mais l'implication du peuple et la démocratie, le débat démocratique, le pluralisme démocratique, la respiration démocratique. On a vu en URSS combien, malgré les conquêtes remarquables du soviétisme, l'absence de démocratie à conduit finalement à l'échec.

Ces imprécateurs qui crachent sur la seule alternative populaire crédible ne s'interrogent-ils pas sur leur propre invisibilité ? Le nombre ne fait pas une cause juste mais quand une cause est juste elle fait nombre. Mélenchon: 22% et nos "révolutionnaires" combien de divisions depuis 20 ans qu'ils rament...sur le sable, à répéter stérilement leurs dogmes fossiles ?

Quant aux législatives le scrutin oblige à des alliances si l'on veut avoir une représentation au Parlement. Donc en s'appuyant sur le rapport des forces à la sortie des urnes le 10 avril et sur la base du programme l' Avenir en commun, la France Insoumise discute avec les autres partis de gauche pour obtenir soit des accords de candidats communs, soit au moins l'engagement de se désister pour le candidat de gauche arrivé en tête. Il n'y a là aucune magouille, ni compromission. Il y a là l'adaptation de la tactique à la réalité du système électoral et de la responsabilité qui est celle de l'Union populaire devant les gens qui lui ont fait confiance et qui veulent que la gauche de gauche soit forte à l'Assemblée Nationale. 

L'Union populaire a réussi l'union à la base à la présidentielle. Pour les législatives, pour que celles-ci donnent de la force aux représentants des catégories populaires il faut des alliances avec les forces existantes. Qui sont ce qu'elles sont. Mais sans vendre son âme puisqu'il y a un programme, des mesures minimum sur lesquelles s'accorder.

Rachel Keke, gouvernante à l'Ibis Batignolles sera candidate de la France Insoumise. Elle a été le fer de lance d'un combat et d'une longue grève contre les patrons du groupe. Après pratiquement deux ans de conflit, elle et ses camarades ont obtenu gain de cause ( la baisse du nombre de chambres à nettoyer, le paiement des heures supplémentaires, une pause pour le repas et des tenues de travail...).

Si pour que Rachel soit élue, on doit passer un accord avec les autres partis de gauche et que ceux-ci acceptent le programme minimum, faut-il hésiter ? Laissons les chiens aboyer et agissons pour que Rachel Keke et des dizaines d'autres comme elle soient élu-es.

Antoine Manessis.

Source : http://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com