-
Manif à Brest. Quand le jaune se mêle au rouge (LT.fr-5/02/19-16h54)
Pour la première fois à Brest, une manifestation réunissait les syndicats et les gilets jaunes.
Après s’être un peu toisés, puis tolérés, gilets jaunes et forces syndicales marchaient du même pas, ce mardi à Brest. Une première qui a eu son petit effet, avec près de 2 000 personnes dans les rues au plus fort du rassemblement.
Faut-il y voir l’effet d’un alliage inédit ? En tout cas, une forme de flottement semblait peser, mardi matin, sur le cortège généreusement arrosé. Pas de prise de parole au départ, par exemple, contrairement aux coutumes syndicales, comme s’il ne fallait pas imposer ses vieilles habitudes, d’emblée, à ces nouveaux compagnons de route. Le naturel reviendra toutefois au galop, autour d’un micro partagé sur l’avenue Clemenceau, alors que le cortège commençait déjà à se disperser. Il eût été dommage, effectivement, de ne pas prolonger le plaisir sous une météo si clémente…
Mais l’essentiel n’était pas là, pour syndicats (CGT, Solidaires, FO et Unsa) et gilets jaunes, pour la première fois réunis par un défilé commun. Une image que l’on n’aurait pas forcément imaginée lorsque le mouvement fluo commençait à prendre possession des ronds-points, le 17 novembre dernier, affirmant sa défiance envers les syndicats, qui prenaient bien soin de garder leurs distances.
« Fusionner pour être plus forts »
Dans le cortège, où les gilets jaunes, bien que nombreux, sont a priori minoritaires, certains assument ces divergences, à l’image d’Anaïs, venue de Logonna : « Je n’ai pas manifesté avec les gilets jaunes, car toutes leurs revendications ne correspondaient pas aux miennes. Et les choses sont quand même mieux structurées et organisées avec des syndicats ». Quelques mètres plus loin, comme en écho, Nathalie, gilet jaune depuis le premier acte, fait preuve de pragmatisme : « On n’est pas antisyndicat, notre mouvement est simplement né de la base. Mais aujourd’hui, on va sans doute devoir fusionner nos combats, pour être plus forts ».
Ce mardi, drapeaux et gilets défilent derrière un mot d’ordre rassembleur : pour un meilleur partage des richesses. Et les « Macron démission » cohabitent avec d’autres mots doux, cette fois adressés au patronat, ciblé notamment par la CGT, qui déploie une immense banderole devant le siège de la CCI. « Les patrons sont bien silencieux en ce moment », ironise Olivier Le Pichon. Quant à la défiance des uns vis-à-vis des autres, le cégétiste remet la balle au centre : « Non, les syndicats ne sont pas présents partout, mais les gilets jaunes non plus : l’essentiel est de se retrouver sur les revendications de base ».
« Ils ont secoué le cocotier »
Le mariage du rouge et du jaune pourrait donc être la tonalité à la mode, cette saison. « La convergence des luttes nous permettra d’aller plus loin », assène ainsi Sébastien Jézéquel, « porte-voix » des gilets jaunes brestois. « Ils ont secoué le cocotier syndical, et c’est bien. Aujourd’hui, il faut qu’on s’unisse pour élargir la lutte et l’étendre aux entreprises », lui répond Marc Hébert (FO). Même son de cloche chez Solidaires : « Les gilets jaunes ont contraint le pouvoir à reculer, après tant de défaites dans notre camp social. Cette date ne peut être isolée, elle doit servir de point d’appui pour être toujours plus nombreux ».
Rouges ou jaunes tendent aujourd’hui vers l’espoir d’une grève générale. Malgré la mobilisation de ce mardi, proche des 2 000 personnes, le combat est loin d’être gagné : aucun débrayage d’ampleur n’a touché les principales entreprises du bassin brestois.
Pierre CHAPIN
source: https://www.letelegramme.fr/
« A Brest, environ 1 000 manifestants pour défendre le service public (OF.fr-5/02/16h37)Quimper. Syndicats, Gilets jaunes et lycéens dans la rue : un début de « convergence des luttes » ? (OF.fr-5/02/2019-19h47) »
Tags : 2019-6, Brest, Syndicats
-
Commentaires