Le 20 mai 2022, Jean-Luc Mélenchon réagissait lors d’une conférence de presse à l’annonce du nouveau gouvernement de Mme Borne, la Première ministre.
Retrouvez ci-dessous la retranscription de son intervention :
« Un nouveau gouvernement vient d’être constitué. Il ouvre le deuxième mandat de M. Macron comme président de la République. Sous des apparences ternes et grises, sans audace et de peu d’entrain, on y retrouve les principales figures de la maltraitance sociale et de l’irresponsabilité écologique du précédent gouvernement. Avant toute chose, ce sera donc le pire, c’est-à-dire la continuité. On se demande où est passé le tournant écologique et social dont on nous avait rebattu les oreilles entre les deux tours de l’élection présidentielle puis dans les heures fort longues où l’on a attendu la nomination de la Première ministre, puis celle du gouvernement lui-même.
C’était donc une fois de plus parole verbale et, pour mieux dire, des mensonges. En toute hypothèse, cette équipe n’est là que pour un mois puisque dans un mois, les élections législatives renouvelleront la majorité à l’Assemblée nationale. Et dans ces conditions, on peut imaginer que tous ces gens ne font que passer si les électeurs le décident en votant pour une majorité alternative, la nôtre : la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale.
Sans donner un caractère trop personnel à la critique que nous pouvons faire à ce gouvernement, on ne peut manquer de se réjouir du départ des deux croisés de la lutte contre l’islamo gauchisme, monsieur Blanquer et madame Vidal, qui, les deux, avaient mis l’Éducation nationale au bord de la ruine et ont déclenché toutes sortes de polémiques ridicules comme celle pour laquelle on avait vu qu’elle proposait que le ministère se mêle d’aller vérifier les études de sociologie qui se font dans les facultés. Ces deux-là, bon débarras. J’ai dit tout à l’heure qu’il y avait eu peu d’audace parce que quand même, il y en a une.
La nomination d’un grand intellectuel, que sur ce plan au moins nous voulons saluer. Monsieur Pap Ndiaye qui était le président ou le directeur jusqu’à une date récente du Musée de l’immigration et qui est dans l’élite intellectuelle de notre pays. Et je tiens à dire d’entrée de jeu que, si je ne sais rien de ses intentions à propos de l’Éducation nationale, cependant, je partage l’appréciation qu’il avait formulée à propos du président de la République dans une interview au Monde de juillet 2009.
Il avait dit « Quant à Macron au centre-droit, s’il lui arrive de s’exprimer avec éloquence comme lors du 10 mai à propos de la mémoire de l’esclavage, on peine à discerner une politique ou même un point de vu consistant« . Sur ce point, nous sommes d’accord, sinon que nous voyons que ça n’a pas empêché M. Ndiaye de faire partie des petites prises dont se réjouira sans doute le président de la République avec un autre renégat, qui est l’ancien président du groupe LR qui change de camp lui aussi.
Au total, tout cela est terriblement décevant pour ceux qui attendaient quelque chose du nouveau mandat, tristement confirmant pour nous qui n’en n’attendions rien et relativement inquiétant si l’on tient compte de ce que l’on voit.
Monsieur Fesneau, le ministre de l’Agriculture, présent à 4 h du matin pour voter contre l’interdiction du glyphosate de manière fort bruyante et traitant les militants vegans de fous dangereux. M. Véran, ancien ministre de la Santé dont chacun se souvient des exploits dans la gestion de la crise Covid, qui est certainement le seul ministre qui n’ait jamais insulté le Parlement en demandant aux députés de se taire, il est maintenant responsable des relations avec le parlement. Madame de Montchalin qui a quasiment porté sur son dos la loi de destruction de la fonction publique et réussi à déclencher la deuxième grève de l’histoire du ministère des Affaires étrangères qui a lieu en ce moment et qui s’était bruyamment réjouie de la suppression de l’impôt sur la fortune. Et évidemment, puisque je parle de l’impôt sur la fortune, il faut remarquer la première place dans l’ordre protocolaire de Bruno Le Maire, l’homme qui a porté pendant cinq ans la politique libérale que l’on connaît de vente à la découpe de l’industrie française, de suppression de l’ISF, d’invention de la flat tax, etc. Voilà la continuité dans son aspect le plus inquiétant à nos yeux. Si bien que c’est maintenant que la campagne des élections législatives prend toute sa signification c’est-à-dire celle d’un référendum ou l’on répond stop ou encore. Si c’est stop, on vote avec nous : la NUPES. Si c’est encore, évidemment on les laisse faire.
On souhaite naturellement que le pays ait le sursaut dont il a besoin pour reprendre un tout autre chemin face aux défis qui se présentent à lui. Merci. »
source: https://melenchon.fr/