• Plan social chez Nokia : quelle doit être la réponse de l’État ? (LT.fr-16/07/20-19h06)

    Le 8 juillet, 1 000 personnes, dont 450 salariés de Lannion, ont manifesté à Paris, de Montparnasse aux Invalides, pour protester contre le plan social de suppressions d’emplois chez Nokia.Le 8 juillet, 1 000 personnes, dont 450 salariés de Lannion, ont manifesté à Paris, de Montparnasse aux Invalides, pour protester contre le plan social de suppressions d’emplois chez Nokia. 

    La décision de Nokia de réduire de moitié le nombre de ses chercheurs sur la 5G et la cybersécurité en France est un camouflet pour le gouvernement. Car elle met à mal la volonté d’Emmanuel Macron de renforcer la « souveraineté européenne » dans les secteurs stratégiques.

    L’annonce, le 22 juin, par Nokia, d’un plan de suppression de 1 233 postes dans sa filiale française Alcatel-Lucent a sonné comme une douche froide. Fleuron des technologies françaises, Alcatel employait à Lannion plus de 2 000 personnes il y a encore vingt ans. Dans quelques mois, il ne devrait rester que 370 salariés.

    Surtout, l’équipementier télécoms finlandais, qui doit réduire ses coûts pour faire face à la forte concurrence du chinois Huawei et du suédois Ericsson, a choisi de faire porter l’effort sur les équipes de recherche et développement (R & D) françaises, qui seront réduites de moitié. Elles travaillent sur les technologies de la prochaine norme 5G de téléphonie mobile et sur la cybersécurité. Des domaines stratégiques pour la « souveraineté économique européenne » que promeut Emmanuel Macron. « Le plan cible des équipes projet, réunissant des compétences diverses sur des sujets de pointe, explique Éric Bothorel, député LREM de Lannion. Ce sont bien des projets de développement qui ont été démantelés ».

    « Inacceptable en l’état »

    Agnès Pannier-Runacher, la nouvelle ministre déléguée à l’Industrie, ne s’y est pas trompée : « Ce plan est inacceptable en l’état », a-t-elle déclaré le 8 juillet à l’issue d’un entretien avec les représentants des salariés de Nokia. Dès le lendemain, Bruno Le Maire a appelé le PDG de Nokia, Rajeev Suri, pour lui « signifier son incompréhension de la décision prise par le groupe, indique-t-on à Bercy. L’objectif est la pérennité du site de Lannion. Le ministre a demandé que Nokia prenne des engagements en matière de recherche et développement en France et investisse dans les thématiques de long terme. »

    Comment faire plier Nokia alors que le groupe finlandais a englouti 280 millions d’euros de crédit-impôt-recherche depuis 2016 tout en procédant à quatre plans de départs ? Pour accentuer la pression, Bercy met dans la balance les autorisations pour les équipements 5G et la cybersécurité que délivre l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (Anssi), organisme rattaché à Matignon. Le ministère de l’Économie menace aussi de refuser au finlandais les marchés de commande publique.

    Un message de fermeté qui devrait être adressé au nouveau directeur général de Nokia, Pekka Lundmark, dès sa prise de fonctions le 1er août. D’ores et déjà, le plan social sera retardé de quelques mois : il a été contesté par le comité économique et social (CSE) de Nokia France devant l’inspection du travail (Direccte), les documents présentés n’apportant pas les précisions requises par la loi.

    « Un enjeu stratégique »

    Mais pour beaucoup, le compte n’y est pas. « Le gouvernement manque de fermeté vis-à-vis des entreprises qui ont pris des engagements en termes d’emploi et de R & D dans des sites industriels français, estime Boris Vallaud, député des Landes et porte-parole du PS. Au moment où on parle de souveraineté industrielle, est-ce qu’on se jette dans les bras de Huawei ou bien on développe une offre européenne et française ? On ne voit pas bien quelles sont les priorités de politique industrielle du gouvernement et son ambition ».

    Le gouvernement pécherait par une trop grande confiance accordée aux marchés : la réorientation de l’industrie vers les secteurs d’avenir (énergie, numérique, santé, mobilité) a en fait besoin d’une force de planification, pour protéger l’innovation, solvabiliser les marchés en partageant le risque avec les acteurs privés qui veulent innover ou avec des consortiums européens.

    Certains vont même plus loin. « Nokia n’ayant pas respecté ses engagements d’investir dans la recherche en France, l’État doit donc contester la vente d’Alcatel-Lucent de 2016 devant les tribunaux internationaux, envisager une renationalisation de toute l’activité du groupe en France et réclamer des compensations considérables, juge Christian Saint-Étienne, professeur titulaire de la chaire d’économie industrielle au Conservatoire national des arts et métiers. Le gouvernement a ici une mauvaise compréhension des enjeux : il y voit un sujet social alors qu’il s’agit d’un enjeu stratégique de souveraineté numérique. Il est impératif que l’État réagisse pour créer un acteur majeur de la 5G en liaison avec des acteurs privés comme Atos et Thales ».

    La 5G et la cybersécurité étant des technologies de souveraineté, l’État doit s’impliquer fortement pour faire émerger une solution française. De la même façon que Pékin a financé en totalité les innovations de Huawei ou que Washington accorde de larges commandes publiques à ses fleurons industriels. « Dans ce domaine clé, l’État ne doit pas hésiter à intervenir », estime l’économiste.

    Thierry Mestayer

    source: https://www.letelegramme.fr/

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