• PORTRAIT. Gilbert Nicolas, pasteur militant de l’archipel de Mururoa à Quimper. ( OF.fr - 07/02/22 - 11h57 )

    PORTRAIT. Gilbert Nicolas, pasteur militant de l’archipel de Mururoa à Quimper. ( OF.fr - 07/02/22 - 11h57 )           Le pasteur Gilbert Nicolas, 88 ans et une vie d’engagement de Quimper (Finistère) à Mururoa.

    Pour mieux les dénoncer, il s’est exposé aux radiations des premiers essais nucléaires français, en 1974. À 88 ans, cet homme a consacré sa vie à son engagement politique et social.

    Il y a cinq ans, Gilbert Nicolas, un pasteur de Quimper (Finistère), se fait matraquer par des CRS au cours d’une manifestation d’antifas. Deux dents cassées, une blessure à la lèvre et une plainte déposée contre le chef de cabinet du préfet. Mais avant ce 4 février 2017, au début des années 1970, déjà, il avait subi la foudre des forces de l’ordre alors qu’il manifestait contre la destruction d’un bidonville de Fonscolombe-la-Villette, un quartier de Marseille.

     
    Le pasteur Gilbert Nicolas après son matraquage par des CRS, le 4 février 2017 lors d’une manifestation antifas à Quimper (Finistère) : deux dents cassées, une blessure à la lèvre et une plainte déposée contre le directeur de cabinet du préfet de l’époque, Pascal Lelarge. 
     

    Des coups de matraque, il en a aussi évité. À l’aube de ses 89 étés, ce natif du 27 juillet 1933 égraine ses souvenirs dans sa maison, rue du Palais. Avec vue sur le tribunal. La justice, c’est justement le combat d’une vie pour Gilbert Nicolas. Justice sociale, avant tout.

    Gilbert Nicolas, complètement à gauche avec une casquette sur la photo, lors d’une manifestation contre la destruction d’un bidonville, au début des années 1970 à Marseille. 
     

    Posters de Martin Luther King, autocollants « Nucléaire non merci » et « OGM j’en veux pas », Le Monde sur la table du salon et des étagères jonchées d’essais politiques, de livres d’art et de théologie, de flyers glanés dans le cortège de soixante ans de manifs… Deux chats jouent dans le jardin. Un noir, un blanc. Comme pour rappeler que la vie se situe entre les deux. Dans les nuances de gris.

    Pour cet enfant d’Henvic (Nord-Finistère), les convictions ont poussé tôt. Il perd sa mère à trois mois. Ses deux sœurs et trois frères restent avec leur père biologique, Jean-Marie, paysan et marin pêcheur à Carantec. C’est dans cette même commune littorale que le petit dernier tombe amoureux de la mer chez ses parents adoptifs, une tante et un oncle maternels.

    La vie est rude. Ni eau courante ni électricité. « On trayait les vaches à la lueur de la lampe-tempête. » Il use ses fonds de culotte sur les bancs de l’école, obtient son certificat d’études et apprend le métier de couvreur zingueur à Brest : « En 1947, c’était Grozny sous les ruines ! » Il vit dans une baraque.

    À 18 ans, il part couvrir les toits de Paris. Jusque-là catholique, il se convertit au protestantisme et préfère vite l’Église réformée des Batignolles aux baptistes. Vient le temps du service militaire. Marine nationale. À terre, puis dans les fusiliers marins. À Kenitra, près de Rabat (Maroc), un pasteur change sa vie : Daniel Lestringant. Il lui décroche une bourse pour étudier la théologie. « Ma vocation est née. Mais j’ai refusé la bourse, même si je n’avais rien à bouffer. Par idéologie et pour répondre à l’Évangile. Sinon, ça ne sert à rien de faire des sermons ! »

    Théologie et militantisme

    Après le bac et l’école préparatoire de théologie protestante, il bûche à la fac de théologie de Paris au contact de ses professeurs, les célèbres théologiens Paul Ricœur et Georges Casalis. Puis à Montpellier, avant de devenir l’un des « six cents pasteurs de France » en 1965.

    L’âme du militant bout. Son esprit de résistance est né à Carantec. En écoutant Radio Londres« tous volets clos » avec son gaulliste de père adoptif, ancien combattant de Verdun. Et en observant des soldats allemands « arborant la croix gammée et jouant avec leurs baïonnettes sur les plages du Nord-Finistère ». Gilbert en a gardé « une horreur de la guerre et un esprit de résistance ».

    La guerre d’Algérie développe sa vision anticolonialiste. Premières manifs. À Berlin, il découvre la problématique des réfugiés. Pasteur au Havre, le Breton regagne son port d’attache et devient marin pêcheur à Carantec.

    Ironie du sort, naissance de l’amour : non loin de là, à l’île Longue, base de la force de dissuasion nucléaire française, il croise en 1969 la route d’une autre militante de la première heure : Marie Paillard. Le couple s’installe à Marseille : elle réussit l’agrégation de biologie, il est docker. Cinquante ans après leur mariage en 1972, ils ont quatre enfants, dont une soeur et un frère coréens qu’ils ont adoptés. Et neuf petits-enfants.

    Altruiste et empathique, le couple Nicolas vit à Quimper depuis 1973, année de mutation de Marie. Gilbert y fut pasteur bénévole et père au foyer. « On a toujours eu du monde à la maison », glisse Marie. Elle parle des migrants qu’ils accueillent : un Algérien à Marseille, une Georgienne et sa fille à Quimper. Parmi tant d’autres.

    Gilbert ponctue chacune de ses phrases d’un « et cætera ». Sa plus grande aventure ? Son embarquement en 1973 sur le Fri, un voilier danois dans l’atoll de Mururoa, pour s’opposer aux premiers essais atomiques français. Suivront la révolte du Larzac, les pierres contre les fusils à Plogoff, la mobilisation à Derry, en Irlande du Nord, le «oui» au démantèlement de la centrale nucléaire de Brennilis (Finistère), le « non » ferme et définitif au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes…

    Grand pacifiste, Gilbert Nicolas s’est beaucoup investi dans les Brigades de paix internationales. 
     

    « Avec Marie, on a toujours espéré que par des actes de désobéissance civile, l’humanité ne sombrerait pas dans le chaos. » À bientôt 89 ans, Gilbert Nicolas continue de contester. « Tant qu’on peut, tant qu’on a la force. » Hier comme aujourd’hui, ce ne sont pas quelques coups de matraque qui vont faire peur au pasteur.

    Source : https://www.ouest-france.fr

    Auteur : Pierre FONTAINIER

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