• Quand Lénine passait ses vacances à Loguivy (22).... (OF-14/02/21)

    Le pseudonyme de Lénine viendrait du nom d'un fleuve sibérien la Léna.Le pseudonyme de Lénine viendrait du nom d'un fleuve sibérien la Léna

    Le moment d'histoire. Eté 1902. Lénine arrive à Locquivy-de-la-Mer avec sa soeur. Encore peu connu du grand public, le bolchevik vient se reposer un mois dans le petit port des Côtes-d'Armor.

    Quand Lénine passait ses vacances à Loguivy (22).... (OF-14/02/21)Saint-Brieuc, 27 juin 1902. Un télégramme émanant du ministère de l’Intérieur sort la préfecture des Côtes-du-Nord de sa torpeur estivale. Le câble annonce l’arrivée imminente dans le département du « sieur Leinine (sic), opposant virulent au régime tsariste. » Branle-bas de combat dans le bureau d’Edmond Robert, le préfet de l’époque. Certes, le révolutionnaire russe est encore très peu connu. Mais déjà considéré comme un « agitateur dangereux », il doit être surveillé comme le lait sur feu.

    Pas question, en effet, d’entacher les relations diplomatiques privilégiées entre la France républicaine et la Russie tsariste. Depuis des mois, la police française renseigne son homologue russe sur les activités des nombreux opposants au tsar Nicolas II vivant en exil.

    « Prolétaires de la mer »

    C'est le cas de Vladimir Illitch Oulianov, alias Lénine (1870/1924). A cette époque, le révolutionnaire russe vit dans un petit appartement du centre de Londres, avec sa femme Nadejda Kroupskaïa. Le couple s'occupe activement d'un journal au nom évocateur: l'Iskra (L'Etincelle), dont les exemplaires sont acheminés cladestinement en Russie par bateau puis par chemin de fer.

    Le 26 juin 1902, Lénine participe à une réunion d’émigrés politiques russes à Paris. Il y retrouve sa sœur aînée, Anna Lelizarova. Et sympathise avec Léon Levenson, un artiste peintre marié avec une Loguivienne, Victorine Hellio. Ce dernier lui propose de venir se reposer quelques jours en Bretagne, avant de rejoindre Londres. Malade et fatigué de bourlinguer à travers l’Europe, Vladimir Ilitch Oulianov accepte. Il fera le voyage en train, avec sa sœur et les trois enfants de celle-ci. Sa mère les rejoindra quelques jours plus tard.

    Ces retrouvailles familiales vont durer à peine un mois, jusqu’au 25 juillet. Il en reste aujourd’hui peu de traces. Rien en tout cas dans les archives du ministère de l’Intérieur. Dans ses mémoires, Lénine évoque très rapidement ce séjour « plutôt agréable sur la côte nord de la Bretagne », où il alterne « baignades, promenades, lecture et correspondance. » Il flâne des heures entières sur les quais du petit port, observant les pêcheurs, ces « prolétaires de la mer. »

    Mais ce repos n’est pas déconnecté des activités politiques : il prépare la sortie d’un nouveau journal et il est très probable qu’il rencontre le communiste Marcel Cachin, venu passer quelques jours dans sa ville natale de Paimpol.

    Mais c’est surtout grâce à l’écrivain Roger Gargadennec que l’on en sait un peu plus sur le séjour loguivien de Lénine. En 1972, il retrouve par hasard et publie dans Les cahiers de l’Iroise une lettre adressée le 24 juillet 1902 par le révolutionnaire à un certain Leiteisen, docteur en médecine d’origine russe et membre influent du Parti ouvrier français.

    Dans ce courrier, Lénine indique son adresse postale du moment : « Mme Leguen (pour M. Olinoff). Loguivy (par Ploubazlanec). Côtes-du-Nord. France. »

    «Je me suis beaucoup plu ici !  »

    Surveillé par la Sureté, Lénine a sans doute francisé son nom (Olinoff au lieu d'Oulianov) par souci de discrétion. La confortable maison qu'il loue à Madame  Leguen donne directement sur le port de Loguivy.

    Dans cette lettre, Lénine donne quelques détails intéressants sur son périple et sa santé. « Maman et Anne ne se plaisent pas beaucoup ici et peut-être vont-elles repartir, mais elles ne savent pas encore pour où. Moi, je pars demain pour retourner chez moi. D’une manière générale, je me suis beaucoup plu ici et je ne me suis pas mal reposé, à part seulement que, hélas, j’ai cru être bien portant avant de l’être vraiment : j’ai négligé la diète et maintenant je continue à traîner avec moi la catarrhe. Mais ce ne sont là que des sottises… Votre Lénine. Écrivez-moi à Londres… »

    Lénine reviendra dans l’Ouest. À Pornic (Loire-Inférieure), cette fois, pendant l’été 1910. Le futur dictateur aura alors sur le dos les limiers des fameuses Brigades du Tigre et les agents de l’Okhrana, la police secrète tsariste. Mais ceci est une autre histoire…

    Joël BIGORGNE

    Ouest-France 14/02/2021

    Le port de Loguivy, à Ploubazlanec, au début du XXe siècle. Les « pensions » de familles, dont celle de Mme Leguen, sont rassemblées près du rocher.

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