• Quimper-Camille, agent d’entretien à l’hôpital, se sent oubliée (LT.fr-17/04/20-17h52)

    « On est le petit personnel. Un petit personnel complètement oublié. On n’a aucune reconnaissance de la part de notre direction », regrette Camille.« On est le petit personnel. Un petit personnel complètement oublié. On n’a aucune reconnaissance de la part de notre direction », regrette Camille

    Camille (*) travaille depuis une dizaine d’années à l’hôpital de Quimper. Son quotidien ? Nettoyer les couloirs et les chambres. Aujourd’hui, elle exprime son ras-le-bol face au manque de reconnaissance dont sa profession est victime. Surtout pendant cette période particulière.

    Depuis le début de pandémie de Covid-19, les professionnels de santé sont en première ligne. Tous les soirs, à 20 h, des millions de Français sont à leurs fenêtres et leurs balcons pour les applaudir. Camille (*) fait partie de ces gens qui louent le formidable travail qu’ils effectuent au quotidien. Mais cette trentenaire aimerait aussi, parfois, être applaudie pour son boulot.

    Camille est agent de service hospitalier (ASH). Elle travaille depuis une dizaine d’années au Centre hospitalier de Cornouaille (Chic), à Quimper. Ses missions ? « Je nettoie tout. Les murs, les sols, les toilettes, les douches, les chambres, les couloirs. J’apporte aussi les petits-déjeuners aux patients », détaille-t-elle. Cette jeune mère de famille a trois horaires différents dans la semaine. Elle travaille aussi les week-ends et les jours fériés. Le tout pour un salaire avoisinant les 1 300 €. « J’aime mon travail. Mais c’est tout ce qui est à côté qui devient très dur psychologiquement », explique celle qui se sent de plus en plus dénigrée dans son emploi.

    « On ne parle jamais de nous »

    « Le plus dur, ce sont les regards. Les regards de "la haute’’. Souvent, on ne nous dit même pas bonjour dans les couloirs », continue Camille. « On est le petit personnel. Un petit personnel complètement oublié. On n’a aucune reconnaissance de la part de notre direction », souligne-t-elle. Et ça fait trop longtemps que ça dure. Heureusement, elle tient le coup grâce aux patients. « Ils sont formidables. On discute beaucoup avec eux. À chaque fois, ils sont contents de nous voir », note-t-elle.

    Mais dans le contexte actuel de crise sanitaire, le sentiment d’être oublié s’est quelque peu amplifié. « C’est dur de rentrer le soir chez soi, de regarder la télévision et de voir qu’on ne parle jamais de nous », indique-t-elle. « On parle beaucoup des soignants qui font un travail formidable. Mais on ne parle pas du personnel hospitalier dans son ensemble. On oublie beaucoup de services comme les brancardiers, les agents d’entretien, les personnels de la blanchisserie, des cuisines… Et c’est vraiment peinant », confie-t-elle.

    Au départ, on nous riait presque au nez quand on demandait des masques

    « On est mis sous pression un peu plus »

    Alors que Camille et ses collèges sont aussi au front pendant cette crise sanitaire. « On est tous les jours à l’hôpital. On lave tout. On est amené à toucher tout et n’importe quoi. Jusqu’aux excréments. On croise beaucoup de gens chaque jour. Il y a un risque de contamination aussi pour nous », explique-t-elle tout en indiquant ne pas se sentir réellement protégée même si elle ne travaille pas dans une unité Covid-19. « On a un masque par jour, pour plus de sept heures de travail. C’est complètement insuffisant », note-t-elle. Et encore, il y a quelques jours, elle travaillait sans protections. « Au départ, on nous riait presque au nez quand on demandait des masques », déplore cette maman qui avoue avoir « un peu peur d’être contaminée. Ma famille est un peu sous tension ».

    Camille tient aussi à souligner que beaucoup de ses collèges sont en arrêt. « On a dû mal à trouver des remplacements. Surtout pendant cette période où les gens n’ont pas forcément envie de venir à l’hôpital. Ce que je peux comprendre. Mais on se retrouve alors à faire trois fois plus de travail. On est mis sous pression un peu plus », affirme-t-elle. « On ne nous écoute pas. C’est difficile. On aimerait une reconnaissance de tous les jours », conclut Camille, qui, pour la première fois de sa vie, commence à avoir honte de dire ce qu’elle fait comme métier.

    (*) Le prénom a été modifié pour respecter l’anonymat de l’interlocutrice.

    Benjamin PONTIS

    source: https://www.letelegramme.fr/

    « La lutte contre le Covid-19 en Haïti, au Brésil et au Chili-par Romain Migus et CoBrest-Les parents des étudiants en études de santé demandent plus de places au ministre (LT.fr-17/04/20-19h31) »
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