• Ralliement-Des dirigeants de Génération·s quittent Jadot pour Mélenchon: «C’est une question de responsabilité»-par Rachid Laïreche (Libé 7/04/22-12h16)

    Par L-HERMINE ROUGE dans Election présidentielle 2022 le 8 Avril 2022 à 15:40
     Ralliement Des dirigeants de Génération·s quittent Jadot pour Mélenchon: «C’est une question de responsabilité»-par Rachid Laïreche (Libé 7/04/22-12h16)Trappes, le 5 avril 2022 / Meeting de Jean-Luc Melenchon en hologram à Trappes 

     

    par Rachid Laïreche
     
    Pour éviter un nouveau duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, des membres du mouvement lancé par Benoît Hamon ont décidé de voter pour le candidat insoumis qu’ils jugent en mesure d’atteindre le second tour.
     
    Ce n’est pas la révolution mais de petits indices qui nourrissent l’optimisme de Jean-Luc Mélenchon. Il reçoit chaque jour de nouveaux soutiens. La raison est souvent identique : un barrage dès le premier tour à l’extrême droite et à Marine Le Pen. Le candidat écologiste, Yannick Jadot, tente d’expliquer aux foules de ne pas le quitter. Le vote pour «le climat, l’écologie et la démocratie», c’est lui, dit-il. Plusieurs membres du mouvement Génération·s – petite famille politique fondée par Benoît Hamon – ont décidé de passer la frontière. Ils quittent la campagne de Yannick Jadot pour soutenir Jean-Luc Mélenchon. La liste des transfuges est longue. Le maire de Trappes, Ali Rabeh, est déjà membre du Parlement populaire des insoumis. Il avait annoncé son choix en janvier. Aujourd’hui, il y a des élus comme Stéphane Delpeyrat ou encore des anciens députés comme Pascal Cherki et d’autres. On a interrogé trois membres de la direction – qui appelle également à voter Mélenchon – pour tenter de comprendre leur choix : Véronique Bidault, Romain Jehanin et Roberto Romero.
     
    Vous êtes membres de Génération·s, donc logiquement vous soutenez la candidature de Yannick Jadot ?
     
    Roberto Romero. Le mouvement Génération·s a été fondé en 2017 à la suite de la défaite de Benoît Hamon à la présidentielle avec un engagement : construire la maison commune de la gauche et de l’écologie. Dans cet esprit, certains a Génération·s ont signé le serment de Romainville et soutenu la Primaire populaire. Ce fut mon cas, je ne fus pas le seul. Ce rassemblement n’a pas eu lieu en raison des objectifs individuels des candidats dans le cadre de la Ve République et du modèle de l’homme providentiel que nous dénonçons. Tous les candidats ont tourné le dos à la seule stratégie incontournable pour une victoire à gauche : le rassemblement. Pour autant, il faut éviter un second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, et nous souhaitons disqualifier l’extrême droite.
     
    C’est pour cette raison que vous décidez finalement de soutenir Jean-Luc Mélenchon ?
     
    Romain Jehanin. Nous ne pouvons nous résigner à assister à un second tour déprimant et dangereux entre Macron et Le Pen, dont nos idées seraient totalement exclues. Face aux urgences écologique et sociale, nous ne pouvons attendre un quinquennat de plus. Or, un espoir existe, à quelques jours du premier tour. Un «trou de souris» qui permettrait à la gauche de se qualifier pour le second tour, et de remettre au centre du débat l’urgence écologique et la justice sociale, et des propositions telles que la planification écologique, le smic à 1 400 euros, la retraite à 60 ans, la lutte contre les violences sexuelles, la reconstruction du service hospitalier et de l’école, et le développement d’Ehpads publics non lucratifs. Vous savez, ce n’est pas pour nous une question de personne mais de responsabilité. Il s’agit de voter pour le seul représentant de la gauche ayant une chance d’accéder au second tour.
     
    C'est un vote d'adhésion ou de barrage à Marine Le Pen ?
     
    Véronique Bidault. Il n’y a pas de clivage insurmontable sur le fond. C’est le paradoxe, car jamais la gauche n’a été aussi proche du point de vue du fond. L’Europe, l’urgence climatique, la rupture avec le libéralisme, l’augmentation des salaires, la retraite, la baisse du temps de travail, ces débats qui semblaient clivants sont dépassés aujourd’hui et il est possible de trouver un compromis pour rassembler nos forces, encore faut-il vouloir créer les conditions pour devoir le faire. Des nuances existent, mais l’urgence face à l’extrême droite ainsi que l’urgence climatique (comme le montre encore le dernier rapport du GIEC) nous obligent. C’est pour nous une question de responsabilité.
     
    Yannick Jadot est-il au courant ?
     
    Roberto Romero. J’ai appelé Mounir Satouri, son directeur de la campagne pour le prévenir. Je comprends que Yannick Jadot ait d’autres choses à faire à quelques jours du premier tour.
     
    De nombreux électeurs de gauche et dirigeants refusent de voter Mélenchon parce qu’ils sont en désaccord sur la politique internationale, notamment le non-alignement : vous comprenez ce clivage ?
     
    Roberto Romero. Cette question est complexe. L’instrumentalisation est néanmoins évidente. Le non-alignement n’est pas l’alignement sur Poutine, il n’y a que des esprits ignorants ou malveillants qui peuvent le penser. Il faut se souvenir qu’en 1968 les troupes du pacte de Varsovie envahissaient le régime démocratique de Dubcek. Cette invasion était soutenue par le PCF. François Mitterrand a malgré cela appelé à l’union de la gauche avec le PCF au Congrès d’Epinay en 1971. Pourquoi nous empêcherions-nous de travailler avec Mélenchon alors qu’il a dénoncé l’intervention de Poutine en Ukraine comme tout le spectre politique français ? Bien sûr, il y a des nuances entre nous, et c’est un appel en responsabilité politique. Nous estimons qu’il devra prendre en compte toutes les forces de gauche qui ont contribué à ce scrutin.
     
    Benoît Hamon va aussi prendre la parole ?
     
    Véronique Bidault. Il s’est mis en retrait de la politique et il dirige une ONG qui effectue un travail remarquable sur les réfugiés. Si Benoît Hamon participe à nos formations de l’Ecole du progrès, il s’est aussi engagé à avoir une réserve afin de ne pas mettre en difficulté son ONG.
     
     
    source: https://www.liberation.fr/

     

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