• Communiqué de la Confédération CGT

    Loi Travail-Promulgation ou pas rendez-vous le 15 septembre

    Après un passage éclair devant le Conseil constitutionnel, la loi travail est promulguée en pleine période estivale, sans jamais avoir été votée, François Hollande ayant eu recours à trois reprises au 49-3 !

    Voilà la vraie définition du soi-disant dialogue social défendu par le Président de la République et son gouvernement : recourir à l’article 49 alinéa 3 de notre Constitution c’est-à-dire à une disposition qui empêche le dialogue pour faire adopter une loi, « leur loi », qui aura de toutes évidences des répercussions des plus néfastes pour le monde du travail.

    Bien que la loi a été promulguée, la CGT ne baissera pas les bras. Comme elle l’a déjà annoncé, avec l’intersyndicale, elle va poursuivre les actions, notamment dès le 15 septembre prochain.

    D’ores et déjà, la CGT appelle donc tous les salariés à se mobiliser, à se rassembler, à s’organiser pour continuer cette mobilisation à la rentrée et à envoyer au Président de la République la carte postale mise à la disposition de toutes et tous pour exprimer son opposition à cette mauvaise loi travail.

    Montreuil, le 9 août 2016

    source;  http://www.cgt.fr

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  • Billet Rouge-Ce sont vos fils, Messieurs ! par Floréal – (IC.fr-5 août 2016)

    Les monstres qui égorgent des prêtres, écrasent des gens au hasard, mitraillent des jeunes de toutes confessions, ne méritent que le mépris universel.

    Comment oublier pourtant que, voici seulement quelques années, les citoyens français fanatises qui partaient en Syrie étaient traités en héros par France inter, voire comparés aux antifascistes des Brigades internationales !

    Entre temps, l’entreprise « héroïque » de déstabilisation de la Syrie souveraine conduite par M. FABIUS a fait place à la dévastation de notre territoire par DAECH, la créature échappée des manipulateurs impérialistes…

    Comme d’ordinaire, on attendra longtemps l’autocritique de Bernard Guetta, Libération, France inter et Cie. ..

    Frappons la Bête immonde du fanatisme et sa sœur ennemie de la xénophobie. Mais Frappons aussi à coups redoublés le ventre fécond qui enfante périodiquement les monstres fascistes : l’IMPÉRIALISME !

    Floréal le 5/08/2016

    source: initiative-communiste.fr

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  • Menez-Hom . Une marche pour la paix (LT.fr-8/08/2016) 

    Une centaine de personnes ont marché pour la paix au Ménez-Hom.

     
    Trois questions à... Anne L'Hénaff, porte-parole du Mouvement pour la paix.
     
    Pourquoi lancer un appel au jeûne du 6 au 9 août ?
    Ces dates correspondent à la première bombe nucléaire lancée à Hiroshima (6 août) et Nagasaki (9 août). Ce jeûne est réalisé pour faire prendre conscience aux gens des dangers des armes nucléaires. Il est dans la dynamique de la campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (Ican).
     
    Une raison de choisir le Ménez-Hom pour la marche de la paix ?
    C'est la première année que le Mouvement pour la paix vient ici. Le Menez-Hom, en presqu'île de Crozon, est à quelques encablures de la base de sous-marins nucléaires de l'Ile-Longue où 90 % des bombes nucléaires françaises sont stockées. 300 bombes atomiques sont chargées sur les quatre sous-marins nucléaires présents. Des essais ont encore été faits récemment... Il faut que ça cesse, où nous allons à la catastrophe.
     
    Quel retour avez-vous eu lors de vos différentes actions ?
    Nous avons rencontré beaucoup de gens, surtout des jeunes lors de notre action pendant le Festival du Bout du Monde. Ils nous on écouté, mais étaient déjà bien au courant de la situation actuelle, ainsi que des pratiques nucléaires sur l'Île Longue. Aujourd'hui et demain, nous organisons des conférences à Crozon centre dès la matinée où tout le monde est bienvenu.

    source: letelegramme.fr
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  • 1 - Le Xinjiang tel que nos médias ne vous le raconteront pas-par Maxime VIVAS-LGS (8/08/2016)par Maxime VIVAS-envoyé spécial du site Le Grand Soir en Chine

    Dans quelque pays que j’aille, s’il est dans le collimateur des USA, je constate sans trop de mal que ce qu’on nous en dit, ce qu’on nous martèle jusqu’à en faire une vérité incontestable, une évidence, est largement faux.

    Un certain découragement vous vient quand surgit cette certitude : le rétablissement de la vérité sera lu comme un parti pris, comme l’exposé d’une autre opinion, un autre point de vue pas plus honorable que celui dont il prend le contre-pied.
    Fatigue.

    Mais voila que me dope la devise du Grand Soir : « Informer n’est pas une liberté pour la presse mais un devoir ».

    Le devoir, donc.

    Je rentre d’un voyage éprouvant dans une région chinoise, chaude et aride, peu connue par les Français, dont le nom de la capitale ne dira rien à 90 % des téléspectateurs de TF1 qui se croient assez bien informés pour vous apprendre que les Chinois mangent du chien et fabriquent des nems, deux informations fausses, mais laissons.

    C’était un voyage d’étude journalistique organisé et qui regroupait 40 journalistes de 20 nationalités : Japon, Grande-Bretagne, Russie, Canada, Thaïlande, Kirghizistan, Pakistan, Kazakhstan, Pays-bas, Arabie saoudite, Indonésie, Malaisie, Belgique, Australie, Afghanistan, Iran, Turquie, France…

    Vous allez dire : « Ils t’ont montré ce qu’ils ont voulu ».
    Mais comment donc ! C’est vrai. Pourquoi nous auraient-ils montré ce que le Monde, Libération, l’Obs auraient voulu ?

    Dans toutes les endroits que nous avons visités, les lycées, écoles coranique, école de danse, les maisons, les serres, un site d’information Internet en six langues, des ateliers d’artistes, une usine de fabrication de friandises, une usine de fabrication d’éoliennes, un théâtre, une ferme, une usine de broderie automatique, etc., les gens étaient bien endimanchés et les lieux bien propres. Idem pour l’immense mosquée Id Kah à Kashgar, la plus grande mosquée de Chine qui peut recevoir 10 000 fidèles (Notre-Dame de Paris peut en accueillir 9 000).

    Vous ne faites pas le ménage avant de recevoir des invités, vous ? Vous ne leur servez pas des plats qui ne sont pas votre ordinaire ? La prof fait-elle un cours comme à l’accoutumée quand l’Inspecteur d’Académie est là ? N’a-t-elle pas placé le meilleur élève au premier rang, le cancre au fond, les deux dûment chapitrés sur leur comportement attendu ? La clinquante usine de Trifouilly-lez-Oies, visitée par des autorités (ou un acheteur éventuel) n’était-elle pas un peu sale la veille, comme elle le sera le lendemain ? Ma sœur ne se maquille-t-elle pas avant de partir en boite ? Vous rendez-vous à un entretien d’embauche en jogging et en tongs ? Avez-vous déjà eu l’idée de vendre une voiture couverte de boue ?

    Quelqu’un est-il dupe de cela ?

    « Les Chinois sont des hommes comme les autres » (1). Ce que l’on sait de nous, on le sait d’eux. Merci donc de lancer aussi votre : « Ils t’ont montré ce qu’ils ont voulu » aux journalistes qui font les mêmes expéditions au Maroc, au Qatar, en Arabie saoudite et partout ailleurs, ou qui accompagnent notre président dans son avion pour des déplacements à l’étranger. Et notez cet esprit de modération qui m’interdit d’appuyer en suggérant de répertorier les mangeoires annexes de nos journalistes vedettes, politologues, analystes économistes télévisuels. De même, je ne hasarderai pas la moindre perfidie sur mes confrères journalistes dans des médias de milliardaires ou de marchands d’armes.

    Le Xinjiang

    Le Xinjiang est grand comme trois fois la France et, parmi ses pays frontaliers, on remarque l’Afghanistan et le Pakistan (j’y reviendrai dans un prochain article). C’est une région autonome musulmane, agitée périodiquement par des troubles comme la France de Charlie Hebdo et du Bataclan.

    Dans un exécrable article qui devrait devenir un contre-exemple d’article honnête et impartial dans les écoles de journalisme, Ursula Gauthier, de l’Obs, a nié l’existence d’un terrorisme ouïghour et même le caractère terroriste d’organisations ouïghoures reconnues comme telles par la communauté des Etats.

    Voir son article que LGS a publié intégralement dans le corps d’une critique que j’en ai faite ici : http://www.legrandsoir.info/pourquoi-ursula-gauthier-de-l-obs-a-du-qui...

    A le relire aujourd’hui, dans un tombereau de mensonges et d’opinions insoutenables au regard de la déontologie journalistique, on relève sous la plume de la journaliste de l’Obs :

    « Les restaurants ouïgours sont maintenant tenus d’offrir à leur clientèle de l’alcool et des cigarettes...

    Les fonctionnaires sont tenus de manger publiquement pendant le ramadan…

    Tout barbu est bien entendu suspect d’extrémisme religieux, ainsi que toute femme portant le foulard islamique...

    Et maintenant, est suspecté d’extrémisme tout jeune qui arrête le tabac ou qui refuse de boire une bière… »

    J’ai constaté, de visu, que trois sur quatre des informations d’Ursula Gauthier sont fausses. Trois mensonges épais, compacts, sans un milligramme de vérité qui pourrait permettre d’ergoter pour en nier le caractère crapuleux. Il est logique de supposer par conséquent que la quatrième l’est également, mais je n’ai pu vérifier.

    Reprenons les mensonges tranquilles d’Ursula Gauthier, que nul média installé et subventionné n’est venu démentir, ce qui laisse supposer que tous sont ignares ou tous complices :

    1) « Les restaurants ouïgours sont maintenant tenus d’offrir à leur clientèle de l’alcool et des cigarettes...

    En 12 jours sur place où j’ai séjourné dans des villes et des villages, parcouru des centaines de kilomètres en bus et en avion, je n’ai pas trouvé une goutte d’alcool ni un bout de jambon, ni des cigarettes dans des restaurants. Et si j’ai un regret à formuler, tout à fait inverse à celui d’Ursula Gauthier, c’est que, en trop d’endroits du Xinjiang, la loi religieuse prenne le pas sur la loi de la République chinoise.

    Allez, voici l’exception qui confirme la règle : dans une salle de restaurant sans ouverture, un repas nous a été servi avec bière et vin, à la stupéfaction des journalistes. C’est arrivé une fois. Relisez la phrase publiée par l’Obs.

    2) Obligation de manger publiquement pendant le ramadan ? Je ne me trouvais pas sur place au moment du jeûne. Bénéfice du doute, même si l’on peut subodorer que...

    3) Tout barbu est bien entendu suspect d’extrémisme religieux, ainsi que toute femme portant le foulard islamique...

    Ah oui ! la religion opprimée. On m’avait dit ça du Tibet avant que j’aille y voir et que je découvre l’arrogante omniprésence du bouddhisme.

    Les Ouighours sont barbus ou pas. Ils portent (ou pas) la coiffe traditionnelle arabe. Quant aux femmes, la plupart portent un foulard noué autour de la tête (une coiffe), plus rarement un foulard noué autour du cou et on en voit nu-têtes. Il faut préciser que la partie du Xinjiang où nous nous trouvions, et principalement la ville de Kashgar subissait une température de 30 degrés ou plus et qu’elle est balayée par un vent venu des plaines pelées qui empoussière tout : rues, arbres, fleurs, voitures, vitrines, habits et… cheveux.

    4) ... est suspecté d’extrémisme tout jeune qui arrête le tabac ou qui refuse de boire une bière…

    Sans commentaire, vraiment.

    Dans mon article cité plus haut et dénonçant l’écœurante partialité de l’Obs, je n’avais pas pu traiter ces points-là.

    Deux derniers pour la route.

    1) Revenue en France parce que les autorités Chinoises n’avaient pas voulu renouveler son visa de journaliste, accueillie chez nous comme une victime « expulsée » (2), elle se répandit dans les médias en nouveaux mensonges et perfidies. Les raisons de son expulsion ? C’est parce qu’elle n’avait pas voulu écrire sous la dictée du gouvernement chinois. Voir http://www.legrandsoir.info/ursula-gauthier-est-en-france-helas.html

    2) Comme sa charge sur le Xinjiang lui paraissait trop modérée, Ursula Gauthier a élargi son champ pour épandage de venin. Le lundi 5 janvier 2016, elle était l’invitée du « Petit Journal » de Yan Barthès sur Canal Plus. http://www.canalplus.fr/c-emissions/c-le-petit-journal/pid6515-le-peti...

    Elle a craché : « La Chine est le premier pollueur du monde. ».

    Dans Le Grand Soir, Vladimir Marciac avait persiflé : « C’est aussi celui où l’on consomme le plus d’oxygène en respirant… [mais] les émissions de CO2 en tonne par habitant sont deux fois plus élevées aux USA et un Chinois ne produit pas plus de CO2 qu’un Français. » Voir http://www.legrandsoir.info/ursula-gauthier-est-en-france-helas.html

    Pour ma part, j’ai vu Pékin trois fois ces dernières années. Du 38 ème étage de l’immeuble de la télévision CCTV où l’on m’avait convié le 3 juin 2016 à parler pendant une demi-heure de sujets que j’affectionne (Robert Ménard et le dalaï lama !) on surplombe la capitale chinoise. Elle était noyée dans une sorte de brouillard indéfinissable. Il était 10 heures et deux journalistes m’assuraient que c’était la brume matinale, que ça allait se lever… C’était vrai en partie. A midi, on voyait Pékin à nos pieds, mais pas le soleil.

    Il en va autrement au Xinjiang. Les découvertes les plus surprenantes que j’ai faites sont la vision de champs interminables de panneaux solaires longeant l’autoroute qui conduit à Kashgar et la sarabande de milliers et milliers de scooters électriques, moyen principal de transport urbain pour les Ouïghours et Ouïghoures (oui, elles conduisent, avec ou sans foulard, mais jamais avec un casque).

    Bref, s’il est juste de dire que Pékin est pollué au-delà du raisonnable, que la Chine utilise le charbon comme nous l’avons fait (La Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) est l’ancêtre de l’Union européenne) il faut ajouter que la Chine déploie dans le même temps des efforts gigantesques pour préserver l’environnement, là où elle le peut, là où cela n’entrave pas sa modernisation, sa mise à niveau avec des pays comme le nôtre.

    A suivre…

    Maxime VIVAS

    (1) « Les Chinois sont des hommes comme les autres » titre d’un livre de mon ami Zheng Ruolin publié chez Denoël et dont j’ai rendu compte ici : http://www.legrandsoir.info/les-chinois-sont-des-hommes-comme-les-autres.html

    (2) Dans l’ensemble de la presse, c’est à qui s’égosilla le plus pour fustiger la Chine. Reporters sans frontières (dont le nouveau patron ne vaut pas mieux que le maire de Béziers qui dirigea pendant 25 ans cette fausse ONG) faillit s’étrangler. Se mêlant à d’autres syndicats de journalistes, le SNJ-CGT, d’habitude mieux inspiré, y alla de son communiqué corporatiste qui fut une mauvaise action contre la Chine, la vérité et les journalistes honnêtes.

    Voici ce qu’ils écrivirent, et qui ne résistera pas au jugement du temps :

    « Chine : Les syndicats français indignés par les méthodes de Pékin contre la journaliste Ursula Gauthier

    Ursula Gauthier, la correspondante en Chine de l’hebdomadaire français L’Obs, est menacée d’expulsion le 31 décembre suite au non-renouvellement de son accréditation et de son visa.

    La journaliste est visée depuis un mois par une série d’attaques dans la presse officielle après la parution d’un article le 18 novembre dénonçant la répression chinoise au Xinjiang, une région musulmane de l’ouest du pays.

    La FIJ avait condamné les campagnes contre la journaliste française.

    Les syndicats de journalistes français (SNJ, SNJ-CGT, CFDT-Journalistes, membres de la FIJ/FEJ) apportent leur solidarité à notre consoeur.

    Ils appellent les autorités chinoises à revenir sans conditions sur leur décision et à renouveler l’accréditation de Mme Gauthier ainsi que son visa.

    Une décision d’expulser la journaliste française sera considérée comme une grave atteinte à la liberté de la presse, au droit d’expression, à la liberté des journalistes de faire leur métier en tout lieu et circonstances.

    Un an après l’attaque contre Charlie Hebdo, une décision d’expulsion de Mme Gauthier de Pékin ne pourrait qu’être un mauvais signe venant de ce grand pays qu’est la Chine.

    Paris le 26/12/2015 ».

    Rappel du GS  : « Informer n’est pas une liberté pour la presse mais un devoir ».

    Les scooters : https://youtu.be/DcridUv-8P4

    Source de cet article
    http://www.legrandsoir.info/1-le-xinjiang-tel-que-nos-medias-ne-vous-le-raconteront-pas.html
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  • Affaire #adamatraoré : de nouvelles révélations mettent en cause les gendarmes et le procureur #justicepouradama (IC.fr-2/08/2016)De nouvelles révélations mettent en cause les gendarmes et le procureur dans l’affaire , jeune homme arrêtes vivant le 19 juillet à Beaumont sur Oise et ressorti mort de la gendarmerie. En effet, la publication par la presse des procès verbaux d’auditions des gendarmes qui ont arrêté ainsi que les témoignages de témoins directs publiés permettent désormais de fixer la chronologie des terribles faits qui ont conduit à la mort d’ lors de son arrestation à Beaumont sur Oise le 19 juillet dernier. Mettant en lumière la communication confinant à la manipulation du procureur de la République ainsi que les possibles responsabilités des gendarmes. Et avec eux celles d’un gouvernement répressif, éloignant la France de l’Etat de droit en prolongeant sans cesse l’état d’urgence et avec un ministre de l’intérieur ayant depuis plusieurs mois laché la bride aux forces de police pour mieux réprimer le peuple s’opposant notamment à la Loi Travail.

    A lire également :

     

    Les faits  – terribles – posent la question de la responsabilité des gendarmes dans la mort d’Adama Traoré

     

     

    La chronologie des faits :

     

    ●Mardi 19 juillet, vers 17 heures, des gendarmes de L’Isle-Adam (Val-d’Oise), une commune voisine de Beaumont-sur-Oise, partent interpeller Bagui Traoré, le frère d’Adama Traoré.

    ●A proximité des bars Le Balto et le Paddock, les gendarmes repèrent Bagui en compagnie de son frère Adama

    ●Deux gendarmes en civil sortent du véhicule et annoncent aux deux frères qu’il s’agit d’un contrôle : selon le témoignage des gendarmes, Bagui se laisse contrôler. Adama n’a pas ses papiers et tentent de s’enfuir pour éviter une longue garde à vue – punition habituelle. L’un des avocats de la famille Traoré dénonce une arrestation illégale « Il n’y a pas eu de notification de la raison de l’interpellation, ni notification des droits. On est face à une arrestation arbitraire ». Frédéric Zajac a demandé l’analyse des bandes des caméras de vidéosurveillance. Analyses qu’il n’a, à ce jour, pas encore reçues. le parquet se refuse à toute information à ce sujet

    ●Deux gendarmes poursuivent Adama, le rattrapent dans un parc et le menotte.

    ●A 17h15, Bagui est placé dans un véhicule de gendarmerie

    ●Pendant ce temps, selon le rapport des gendarmes, Adama Traoré – désormais avec un gendarme seul – s’échappe à nouveau en raison de l’intervention d’une tierce personne. Un appel radio est lancé pour le retrouver

    ●A 17h20, Adama Traoré  poursuivit, essaye de se réfugier dans un appartement (situé à proximité des deux bars où ils se trouvaient initialement, au rez de chaussé)

    ●Grâce au signalement d’un habitant du rez de chaussé, trois gendarmes d’une autre patrouille retrouvent Adama Traoré. Selon leur PV d’audition ils indiquent pénétrer dans le logement « plongé dans l’obscurité, et distingué une personne « enroulée dans un draps ». « Nous nous jetons sur lui avec mes deux collègues ». « Nous contrôlons avec le poids de notre corps l’homme afin de l’immobiliser » « Il a pris le poids de nos corps à tous les trois au moment de son interpellation » précisent les gendarmes : «On se trouvait à trois dessus pour le maîtriser». Un autre gendarme précise : « Il a commencé à se débattre et je lui ai fait une petite torsion de sa cheville gauche. Il a commencé à nous dire qu’il avait du mal à respirer. On se trouvait à trois dessus pour le maîtriser. » « J’étais sur ses jambes. Mes deux autres collègues contrôlaient chacun un bras. » Le témoignage des gendarmes décrits précisément la technique du placage ventrale. Rappelons que l’ACAT qui a recensé plusieurs morts des suites de cette violente méthode a appelé à son interdiction

    ●Toujours selon le PV d’audition, Adama Traoré proteste qu’il a du mal à respirer. l’un des gendarmes précise qu’Adama Traoré n’opposait pas de résistance

    ●Mis debout et menotté, le jeune homme se lève difficilement et est embarqué pour la gendarmerie de Persan, un trajet de 3 à 4 minutes.

    ●Selon le témoignage des gendarmes, Adama Traoré présente « des signes de malaises ». Sans que les gendarmes ne préviennent alors les secours ou ne changent leur destination

    ●Sur le chemin, selon le témoignage d’un gendarmes : Adama Traoré « s’assoupit et a comme une perte de connaissance ». « Je croyais qu’il s’assoupissait, mais cela me paraissait étrange », indique lors de son audition le gendarme assis à côté d’Adama Traoré. Sans que cela le conduise à déclencher les secours. Son collègue confirme que « Quand on l’a sorti du véhicule, il était inconscient « . Au prétexte ridicule  que « ne sachant pas s’il simulait ou pas » les gendarmes le laissent menotté plutôt que de lui porter secours. Pourtant les gendarmes, comme le mentionne les PV d’audition, ont constaté en le sortant du véhicule que Adama Traoré s’est uriné dessus, symptôme évident d’un risque de passage en coma et d’une situation d’urgence absolue

    ●Les secours sont appelés à 17 h 46. Les gendarmes indiquent qu’il respire encore.

    ●A 18h, les pompiers constatent à leur arrivée qu’Adama Traoré ne respire plus et tente les premiers actes de réanimation. Le SAMU est appelé dans les minutes qui suivent.Pendant environ une heure, les équipes tentent de le réanimer. A 19h05, le médecin du SAMU déclare la mort d’Adama Traoré. Pourtant, les gendarmes déclareront à la famille Traoré répondra plus d’une heure après qu’elle peut lui amener de la nourriture.

    ●Le frère d’Adama Traoré – Bagui – indique aux journalistes de France Télévision « Je l’ai vu par terre, mort, entouré par cinq ou six hommes et un gendarme avait du sang sur son polo. »

    ●A 21h la famille est prévenue par la police qu’Adama Traoré aurait fait un malaise, et elle se rend à l’hôpital. Puis à la gendarmerie

    A 23h, la gendarmerie reconnait auprès de la famille qu’Adama Traoré est mort pendant le transport

    Les deux autopsies pratiquées confirment tant la mort par asphyxie que les symptômes, marques et contusions caractéristiques d’une amphimixie positionnelle liée à la violence et la méthode d’interpellation utilisée par la gendarmerie. Dès avant même les révélations des PV d’auditions des gendarmes, c’était la cause de la mort privilégiée par les experts.  Infirmant les déclarations péremptoires du procureur de la République mettant en cause une prétendue infection ou une soit disant insuffisance cardiaque.

     

    Les questions qui se posent : 

     

    A l’énoncé de ces faits – sur lesquels la justice doit enquêter de manière impartiale ce qui est loin d’être acquis au regard des déclarations du procureur – de nombreuses questions se posent :

    ●L’arrestation d’Adama Traoré était-elle légale ?

    ●La violence utilisée contre Adama Traoré lors de interpellation était-elle légitime et proportionnée ? La technique utilisée etait elle légale, et si elle l’est pourquoi n’a t elle pas encore était interdite ?

    ●Pourquoi et pendant combien de temps alors qu’Adama Traoré se plaignait d’asphyxie, les gendarmes ont ils continué à l’étouffer par une technique de placage ventral connue de longue date comme pouvant provoquer la mort ?

    ●Pourquoi alors qu’il montrait des signes de malaise n’ont ils pas déclenchés les secours et pourquoi ont ils préférés l’embarquer l’amener à la gendarmerie, puis le débarquer inconscient en lui laissant ses menottes, tout cela avant d’appeler les secours ?

     

    Une information judiciaire a été ouverte.

     

    Réclamant la justice pour Adama Traoré, leur avocat Yassine Bouzrou indique que « la famille d’Adama Traoré va déposer une plainte pour violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner »

     

    La communication fausse du procureur de la république

     

    Dès l’annonce du décès, le procureur de la République Yves Jannier visiblement soucieux de dédouaner la police déclare qu’Adama Traoré est mort «à la suite d’un malaise». Le 20 juillet, le procureur adjoint de Pontoise, François Capin-Dulhoste, affirme la même chose, assurant qu’«Adama s’est rebellé dans le chemin du fourgon» – ce qui est contredit par les auditions des gendarmes.

     

    Le 21 janvier, prétendant exploiter les premiers résultats de l’enquête médico-légale, Yves Jannier déclare que Adama Traoré souffrait d’une «infection très grave touchant plusieurs organes» et qu’aucune «trace de violence significative» n’a été relevée sur son corps. Le rapport mentionne fait pourtant alors déjà référence à un « syndrome asphyxique aspécifique ». De fait, le procureur semble alors utiliser de façon sélective le rapport d’autopsie choisissant de communiquer sur les « lésions d’allure infectieuse » plutôt que sur l’asphyxie qui est la cause de la mort identifiée par l’autopsie. En langage médical, il y a pourtant loin entre « allure infectieuse » et « infection très grave ».  Il pointe également une « pathologie cardiaque ».

    Les incohérences dans les déclarations du pouvoir, les contradictions avec les témoignages des témoins faisant état d’une violente interpellation, alors qu’un jeune homme est mort, sont alors directement responsable de la montée de la tension à Beaumont sur Oise. Et la responsabilité des autorités dans les violences ne peut donc être minorée.

     

    A la demande de la famille de la victime et de ses avocats, une seconde autopsie est menée le 28 janvier. Immédiatement Yves Jannier déclare que « la nouvelle expertise ne fait état d’aucune trace de violence susceptible d’expliquer le décès » excluant à nouveau a priori toute violence policière. De fait, le second rapport d’autopsie exclue que les lésions traumatiques relevées soient la cause directe de la mort : en clair Adama Traoré n’est pas mort des coups portés. Cependant elle n’exclue en rien la violence policière des causes possibles de la mort d’Adama. Au contraire, elle pointe à nouveau et comme la première autopsie l’asphyxie comme cause possible de la mort. Censure totale par le procureur de la République de cette information pourtant majeure qui préfère insister lourdement sur le fait que « l’explication de la cause du décès ne pourra être apportée qu’avec l’ensemble des analyses [bactériologie, toxicologie, anatomopathologie] » mettant ainsi à nouveau en cause la constitution du jeune homme pourtant connu de tous comme en bonne santé. Soulignons ici que la seconde autopsie souligne et l’absence d’infection et l’absence de pathologie cardiaque, deux explications de la morts que le procureur a délibérement choisi de mettre en avant dans les médias. Pourtant le procureur a déjà accès aux rapports détaillés de l’enquète et notamment aux PV d’audition des gendarmes qui pointent manifestement vers un possible lien entre la violence utilisée par les gendarmes lors de l’interpellation et la mort d’Adama Traoré par étouffement.

    Dans ces conditions, les avocats de la famille exigent de façon tout à fait légitime le dépaysement de l’affaire. « Nous allons faire une demande de dépaysement, compte tenu du fait que le procureur communique des éléments contraires aux constatations. » indique Me Bouzrou, soulignant que l’enquête sur la mort d’Adama Traoré est toujours conduite dans le domaine juridictionnelle de la gendarmerie et du procureur mis en cause. C’est à dire sans aucune indépendance, bien au contraire. La communication tant de la gendarmerie que de la justice a ici totalement décrédibilisé ces institutions de la République. Par ailleurs, la famille soupçonne les forces de l’ordre de harcèlement sur Adama depuis plusieurs années.« Ils le connaissaient, on est dans un petit village ici mais, malgré ça, ils l’emmenaient en garde à vue s’il n’avait pas ses papiers sur lui », explique Lassana, le grand frère d’Adama. Bagui Traoré va même plus loin. Il accuse : « Je suis persuadé qu’ils avaient mis un contrat sur sa tête ». La piste du règlement de compte n’est d’ailleurs pas écartée par Frédéric Zajac. L’avocat a demandé à la juge d’instruction l’étude de tous les dossiers de la gendarmerie impliquant Adama Traoré, dans le but de vérifier l’identité des gendarmes impliqués et pour voir si certains noms ne reviennent pas régulièrement.

     

     

    A lire sur le même sujet :

    #violencespolicières Adama Traoré a-t il été tué par la

    #justicepouradama la manifestation interdite,…

    Commission d’enquête parlementaire sur les violences…

     

    source:  initiative-communiste.fr

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  • En Grèce, la santé est devenue un luxe (leparisien.fr-5/08/2016)

    Austérité-Il y a un an, Athènes obtenait de ses créanciers 80 MdsEUR d’aide en contrepartie de mesures de rigueur sans précédent. Les conséquences sur le système hospitalier ont été désastreuses.

    En Grèce, il y a un avant et un après 13 juillet 2015. Ce jour-là, le pays, après  s’y être pourtant opposé le 5 juillet par référendum, cédait finalement à ses créanciers, se résolvant à appliquer un énième plan d’austérité afin de pouvoir toucher une aide de 80 Mds€. Un plan de rigueur qui a impacté de nombreux services publics, dont les hôpitaux.

    Athènes, le 8 juin 2016. Des professionnels de santé manifestent contre les coupes budgétaires dans les hôpitaux. (Louisa Gouliamaki/AFP.)

    Il y a un an, on a diagnostiqué à Sofia un cancer de l’estomac. Récemment, cette retraitée de 65 ans s’est rendue à Evangelismos, le plus grand hôpital d’Athènes, pour suivre l’évolution de la maladie. Après une heure d’attente dans une salle bondée, une secrétaire l’informe que le scanner, usé, est en panne. Un autre rendez-vous lui est proposé… trois mois plus tard, le temps de traiter les patients « plus atteints ».

    Sofia est dans l’impasse : « En clinique privée, l’examen me coûterait 500 €. Je n’ai pas les moyens, ma pension retraite est de 750 € par mois. Et je suis déjà obligée d’acheter très cher mon traitement en pharmacie car à l’hôpital les stocks sont épuisés. Tout le monde a peur de tomber malade. »

    Et pour cause, l’hôpital d’Evangelismos est au bord de l’implosion. Depuis le début de la crise qui frappe le pays, son budget a diminué de moitié tandis que sa fréquentation a bondi de 25 %. L’établissement s’est converti au système D : en plus des chambres surchargées comptant jusqu’à six patients, les couloirs regorgent de brancards usés servant de lits. Les familles se voient parfois contraintes d’acheter draps, couches et compresses pour leurs malades.

    « On se croirait dans un pays du tiers-monde », juge Ilias Sioras, cardiologue et président de l’union des médecins d’Evangelismos. Dans son service, il n’a souvent d’autre choix que de priver certains patients d’examens basiques.

    « Nous faisons tout ce que nous pouvons, les médecins travaillent quatre-vingts heures par semaine pour un salaire dépassant péniblement les 1 500 €. Et malgré cela, nous sommes impuissants, la santé est devenue un luxe… »

    Pour faire face à l’urgence sanitaire, une cinquantaine de cliniques sociales ont vu le jour, comme le dispensaire Kifa, au cœur de la capitale. Créé en 2012, le centre a des allures de grand appartement : deux cents mètres carrés organisés en cinq salles, pour les opérations basiques, les soins dentaires, les échographies. Le tout géré par des bénévoles. Pourtant, le service n’a rien à envier à Evangelismos. « Voici un nouvel appareil pour détecter les problèmes cardiaques, envoyé par les Allemands ! » montre fièrement Kostas Kokossis, un retraité qui administre les lieux. Le dispensaire bénéficie d’importants dons. « Des hôpitaux nous envoient des machines, des patients nous font parvenir des surplus de médicaments. »

    Chaque semaine, le centre soigne plus d’une centaine de personnes, en partie dépourvues de couverture médicale, comme un quart des Grecs. Kostas Kokossis reçoit régulièrement des appels d’hôpitaux cherchant à se procurer des médicaments.

    « C’est le monde à l’envers, l’Etat en vient à compter sur nous. Nous ne devrions pas exister dans un pays occidental. Mais j’ai bien peur que nous ne soyons pas près de disparaître… »

     

    source: leparisien.fr   &   soligrecsnimes.collectif-citoyen.fr

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    Ajoutée le 18 janv. 2016

    Afin de répondre aux naufrages qui ne cessent de se produire au large des côtes méditerranéennes, l’association SOS MEDITERRANEE entend placer un premier puis plusieurs navires de sauvetage dans les zones de détresse en mer.

    L’objectif : être capables d’intervenir par tous temps auprès des embarcations en difficulté pour sauver les vies de ceux qui sont en danger de mort en mer Méditerranée.

    Première campagne civile et européenne de sauvetage en mer financée par le grand public, l’action de SOS MEDITERRANEE se veut pérenne et avant tout civile ; l’essentiel des financements provient de donateurs privés.

    Indépendante de toute affiliation politique, SOS MEDITERRANEE mènera ses opérations de sauvetage en étroite concertation avec les autorités locales

    Nous n’agissons pas seuls ; nous sommes partenaires de l’association Médecins du Monde avec laquelle nous mènerons conjointement les opérations.

    http://sosmediterranee.fr/

    Un film écrit et réalisé par Benoît MUSEREAU
    http://www.benoitmusereau.com/
    Dessiné par Serge BLOCH et Hubert POIROT
    http://www.sergebloch.com/
    Animé par Cindy LO et Pierre Julien FIEUX
    Voix off de Philippe TORRETON
    Prise de Son : Kristijonas DIRSE
    Musique & design sonore : Mawashi
    http://www.mawashi.fr/
    Script Doctor : Clément VIEU

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  • Communiqué CGT

    Loi travail-La mobilisation contre la loi travail doit continuer (CGT.fr 5/08/2016)

    La mobilisation contre la loi travail doit continuer

    Le Conseil constitutionnel qui vient de statuer sur la loi travail et les recours déposés par des parlementaires de tous bords politiques n’a finalement validé aucun de ces recours. La CGT, pour sa part, fait le constat que, jusqu’aujourd’hui, la loi travail fait consensus dans le rejet massif qu’elle provoque, chez les parlementaires mais aussi chez une majorité de salariés et de syndicats. Le Conseil constitutionnel lui-même considère que des articles de la loi pourraient « faire l’objet de questions prioritaires de constitutionnalité » (QPC).

    À propos de l’usage du 49.3 sur lequel portait l’un des recours, la CGT rappelle que l’utilisation du 49.3 prévue par la Constitution en dit long sur l’importance que ce gouvernement accorde au dialogue social.

    S’agissant des locaux syndicaux, la CGT ne réclame pas d’indemnisation pour les maisons du peuple, elle rappelle qu’ils servent à accueillir et défendre les intérêts des salariés. Ils sont donc d’utilité publique et, bien souvent, ils nous ont été octroyés au regard de notre participation active à la libération et la reconstruction du pays. Il est inadmissible qu’aujourd’hui cet intérêt collectif soit remis en cause.

    En outre, la CGT rappelle que la loi Travail n’est pas conforme au droit international établi par l’OIT et l’ONU.

    Nous invitons tous les salariés à se rassembler et à s’organiser pour continuer la mobilisation à la rentrée et notamment en envoyant au Président de la République la carte postale mise à la disposition de toutes et tous pour dire non à la loi travail.

    Rendez-vous le 15 septembre pour la journée d’action interprofessionnelle décidée par l’intersyndicale.

    Montreuil, le 5 août 2016

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  • Le mythe de l’Europe en paix depuis 1945 : l’exemple français-par Nadine ROSA-ROSSO (LGS.info-2/08/2016)

    Au lendemain des attentats du 13 novembre à Paris, devant le Congrès, François Hollande affirmait d’un air grave « La France est en guerre ». Il le répète inlassablement après chaque nouvel attentat ; après Nice, il précisait « à l’extérieur et à l’intérieur de la France ». La terre sacrée des droits de l’homme, de la paix et des Lumières se réveille en état de guerre, lâchement attaquée par la barbarie et l’obscurantisme. Voilà la version de l’histoire à laquelle nous devrions tous adhérer, nous peuples de l’Europe civilisée qui avons réussi à vivre dans la paix depuis septante ans. En réalité, nous n’avons jamais cessé d’être en guerre. Et la France est un exemple clair de ce permanent état de guerre. Un rappel historique s’impose.

    Une époque de guerres ininterrompues

    La seconde guerre mondiale à peine terminée, le gouvernement provisoire français, issu des forces de la résistance, souvent pris en exemple par la gauche actuelle, envoie un corps expéditionnaire au Viet Nam (qui fait partie de l’Indochine française à l’époque), pour tenter de mater la guerre d’indépendance. Sous la présidence de Léon Blum, figure politique modèle de la gauche actuelle, l’intervention devient une véritable guerre. La France envoie près d’un demi-million de soldats pour garder sa colonie ; 43.5% de cette armée sont composés de soldats d’autres colonies françaises (Maghreb et Afrique Noire) ! La France sera défaite lors de la bataille de Dien Bien Phu en mai 1954.

    Pendant la même période, en 1947, la France organise un massacre à Madagascar, contre la révolte des Malgaches ; entre 11.000 morts, selon les chiffres officiels français et 100.000 selon les résistants malgaches. Là aussi, les troupes de répression françaises sont composées en grande partie de soldats provenant des colonies africaines et maghrébines...

    Ces guerres intenses n’empêchent pas la France de prendre part pendant la même époque à la guerre de Corée, du 25 juin 1950 au 27 juillet 1953. Une coalition de dix-sept états (dont la Belgique et la Grande-Bretagne), emmenés par les États-Unis, sous bannière ONU, avec pour objectif, tout comme en Indochine de s’opposer aux luttes de libération dirigées par des forces communistes. Ces deux guerres ont fait plus de deux millions de morts. La guerre oubliée de Corée fut une guerre de destruction massive (en termes d’aujourd’hui on appelle ça un génocide), la capitale Pyongyang fur entièrement rasée : « Au début de l’attaque, les 14 et 15 décembre, l’aviation américaine lâcha au-dessus de Pyongyang 700 bombes de 500 livres, du napalm déversé par des avions de combat Mustang, et 175 tonnes de bombes de démolition à retardement qui atterrirent avec un bruit sourd et explosèrent ensuite, quand les gens tentèrent de sauver les morts des brasiers allumés par le napalm. Début janvier, le général Ridgway ordonna de nouveau à l’aviation de frapper la capitale Pyongyang « dans le but de détruire la ville par le feu à l’aide de bombes incendiaires » (objectif qui fut accompli en deux temps, les 3 et 5 janvier 1951) »[1].

    Tant la guerre du Vietnam que la guerre de Corée aboutirent à la partition des deux pays. Le Vietnam obtiendra sa réunification par une nouvelle longue guerre d’indépendance, contre les États-Unis cette fois, en 1975. La Corée quant à elle n’est toujours par réunifiée et toujours occupée, au Sud, par les États-Unis. Voilà le genre de paix dont ont bénéficié les nations autoproclamées civilisées dès la fin de la seconde guerre mondiale. Des guerres vite oubliées chez nous mais par par les peuples concernés.

    Et les peuples concernés ne sont pas que les peuples asiatiques. La victoire des Vietnamiens de 1954 contre la métropole française a donné un élan irrésistible aux autres luttes de libération partout en Afrique.

    Loin de tirer les leçons de son humiliante défaite au Vietnam, la France a poursuivi sur sa lancée coloniale : « Entre 1960 et 1998, il y a eu 60 interventions militaires françaises en Afrique subsaharienne, dont 23 pour ‘maintien de l’ordre’ au service d’un régime ami, et 14 pour changer un gouvernement disqualifié aux yeux des dirigeants français ! »[2].

    La plus célèbre, en ce qui concerne la France, est naturellement la guerre d’Algérie. Je veux seulement revenir sur quelques aspects. Tout d’abord, la position du Parti Communiste Français, pourtant encore auréolé de sa résistance exemplaire à l’occupant nazi, à l’égard des manifestants nationalistes algériens dès la libération. Le 8 mai 1945, une manifestation nationaliste à Sétif est réprimée dans le sang, et la révolte qui s’ensuit sera elle aussi matée avec une violence inouïe. Ici aussi les chiffres varient d’un millier à près de 80.000 selon le point de vue de l’historien.

    Comme l’explique Mohammed Harbi, « en France, les forces politiques issues de la Résistance se laissent investir par le parti colonial. " Je vous ai donné la paix pour dix ans ; si la France ne fait rien, tout recommencera en pire et probablement de façon irrémédiable", avait averti le général Duval, maître d’œuvre de la répression. Le PCF – qui a qualifié les chefs nationalistes de « provocateurs à gages hitlériens » et demandé que « les meneurs soient passés par les armes » – sera, malgré son revirement ultérieur et sa lutte pour l’amnistie, considéré comme favorable à la colonisation. »[3]

    L’ennemi intérieur

    Un autre aspect que je veux souligner ici, c’est la création de « l’ennemi intérieur », dans la politique et l’idéologie française, qui a pris corps pendant la guerre d’Algérie. « Le 17 octobre 1961, Paris a été le lieu d’un des plus grands massacres de gens du peuple de l’histoire contemporaine de l’Europe occidentale. Ce jour-là, des dizaines de milliers d’Algériens manifestent pacifiquement contre le couvre-feu qui les vise depuis le 5 octobre et la répression organisée par le préfet de police de la Seine, Maurice Papon. La réponse policière sera terrible. Des dizaines d’Algériens, peut-être entre 150 et 200, sont exécutés. Certains corps sont retrouvés dans la Seine. Pendant plusieurs décennies, la mémoire de cet épisode majeur de la guerre d’Algérie sera occultée »[4].

    Selon Mathieu Rigouste [5], c’est de cette époque que date le concept d’ennemi intérieur, lié à la présence d’une immigration importante issue de la colonisation : « L’histoire du contrôle de l’immigration dans la pensée militaire française permet d’analyser, en observant la reconstruction d’un ennemi intérieur socio-ethnique, la régénération puis la généralisation dans le temps et dans l’espace, d’une technologie conçue pour le contrôle exceptionnel de populations infériorisées ».

    En réaction à l’attentat de Nice de juillet 2016, Georges Fenech, le président de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015 a proposé la création d’"un Guantanamo à la française". Il propose de regrouper tous les djihadistes de retour de Syrie dans le centre pénitentiaire de l’île de Ré. Cette idée, qui suscite la polémique, plonge ses racines dans la guerre d’Algérie au cours de laquelle le gouvernement français créa des « camps de regroupement » destinés à placer les résistants du FNL et à les couper ainsi de tout appui dans la population algérienne. Il ne reste plus qu’à introduire officiellement la pratique de la torture en France et la boucle sera bouclée.C’est d’ailleurs un débat délirant au sein du Front National : réintroduction de la torture ou de la peine de mort pour Salah Abdelslam, tout peut être envisagé.

    Assassinats politiques à grande échelle

    L’histoire pacifique de la France ne se limite pas aux guerres ; la patrie autoproclamée des droits de l’homme a aussi développé une longue tradition d’assassinats politiques qui a exterminé les dirigeants nationalistes de l’Afrique et du Maghreb. Dans « Retournez les fusils », Jean Ziegler consacre un hapitre aux campagnes d’assassinats politiques organisées par les services secrets européens et développe le cas du Cameroun : « Tous les dirigeants nationalistes sans exception ont été assassinés l’un après l’autre : Ruben UmNyobe, en 1955 déjà, puis ses successeurs Isaac Nyobe Pandjok, David Mitton, Tankeu Noé » [6]. Il raconte le meurtre du jeune médecin Félix-Roland Moumié, chef de l’Union des Populations Camerounaises (UPC) invité à déjeuner à Genève par un « journaliste » français, qui mourut empoisonné la nuit suivante. Le journaliste était en réalité le colonel William Betchel, officier français du SDECE (service de documentation extérieure et de contre-espionnage) qui ne sera jamais condamné pour ce meurtre. Et tant d’autres cas encore...

    Il est de bon ton aujourd’hui en Occident de dénoncer la corruption (réelle) de nombre de chefs d’État africains, mais il vaudrait mieux rappeler que nos gouvernements et leurs hommes de main ont assassiné pratiquement tout ce qu’il y avait de dirigeants nationalistes intègres qui voulaient rendre à l’Afrique son indépendance dans la dignité et la justice. En tant que Belge, je ne peux pas ne pas évoquer Patrice Lumumba, sauvagement assassiné par le commandant belge Weber, le 17 janvier 1961, et donc le corps fut ensuite dissous dans l’acide. Ses fils se battent toujours en vain aujourd’hui pour la condamnation des coupables et de l’État belge. Comme le rappelle Jean Ziegler : « Cette criminalité d’État fut implacable : il fallait, à tout prix, éliminer les leaders nationalistes authentiques afin de remettre le « pouvoir » à des « élites » autochtones préparées, suscitées et contrôlées par le colonisateur » [7]. Tuer Lumumba pour installer la marionnette Mobutu.

    Guerres, torture, assassinats politiques, voilà les vrais visages de cette France porteuse des Lumières quand elle agit pour défendre son empire colonial et les intérêts de « ses » multinationales, Elf, Total, Areva, Bolloré, Eramet, Technip, Bouygues, Orange, Geocoton, Rougier, etc [8]. Et il ne s’agit pas d’une histoire ancienne mais de la vie quotidienne pour des millions d’Africains.

    Ce qu’il y a de nouveau aujourd’hui, c’est que la guerre, ou du moins une infime fraction, a ses retombées chez nous, sur le sol français ou le sol belge. Des victimes civiles tombent, totalement innocentes, et plongent des familles dans l’horreur. Pourquoi avons-nous fermé les yeux sur tant de victimes innocentes dans le tiers monde, victimes de nos guerres coloniales ? Pourquoi continuons-nous à soutenir des gouvernements, des partis politiques qui perpétuent cette politique ? Si le discours des recruteurs du djihad touchent autant de jeunes, c’est parce qu’il est en grande partie imprégnée d’une rhétorique anti-impérialiste et parce que toutes leurs autres formes de contestation de nos sociétés ont été réprimées[9]. Au lieu de focaliser le débat sur l’aspect religieux du phénomène, il serait plus productif d’aborder son aspect politique et de faire un bilan correct de « nos » politiques coloniales et néocoloniales. Même si les chefs de Daesh n’ont rien à voir avec les dirigeants nationalistes du siècle passé, ils peuvent occuper une place laissée vide par notre silence assourdissant sur 70 ans de politique coloniale faite de guerres et de massacres. Mais pour briser ce silence, nous ne pouvons rien attendre ni des partis au pouvoir ni des partis de l’opposition, car s’en prendre au colonialisme, c’est à coup sûr perdre des voix. Et pourtant, comme le dit Jean Ziegler, il faut « choisir son camp » : celui de ceux qui, malgré la répression et les massacres ont continué à résister, et si, chez nous, ils ont toujours été une très petite minorité, ce sont pourtant les Henri Alleg, les membres du Réseau Janson, les porteurs de valise anonymes qui peuvent encore nous faire aimer la France.

    Nadine Rosa-Rosso

     

    sources:   http://nadinerosarosso.blogspot.be/2016/08/le-mythe-deleurope-en-paix-...

    & http://www.legrandsoir.info/le-mythe-de-l-europe-en-paix-depuis-1945-l-exemple-francais.html

     

    notes:

    [1] http://chaoscontrole.canalblog.com/archives/2013/04/23/26991804.html

    [2] Francis Azalier, Colonialisme et impérialisme : « l’exception française » ou « le mythe humaniste », in Une mauvaise décolonisation, La France : de l’Empire aux émeutes des quartiers populaires, Le temps des cerises, Pantin, 2007, p36-37

    [3] Mohammed Harbi, Faces cachées de la seconde guerre mondiale La guerre d’Algérie a commencé à Sétif. Le Monde diplomatique, mai 2005, page 21 ; http://www.monde-diplomatique.fr/2005/05/HARBI/12191

    [4] http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/10/17/17-octobre-1961-ce-ma...

    [5] Mathieu Rigouste, L’ennemi intérieur, de la guerre coloniale au contrôle sécuritaire, https://conflits.revues.org/3128

    [6] Jean Ziegler, Retournez les fusils, Choisir son camp, Éditions du Seuil, Paris, 2014, pp 199-200

    [7] Idem, p 198

    [8] http://www.afrique-demain.org/economie-140-place-des-entreprises-franc...

    [9] Voir mon précédent article : 25 ans après la révolte des jeunes à Forest : Première, deuxième, troisième génération, toujours la répression... http://nadinerosarosso.blogspot.be/2016/05/25-ans-apres-la-revolte-des...

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  • Angela Davis: « Il nous faut une structure politique alternative qui ne capitule pas devant les entreprises »

    Angela Davis: Un entretien réalisé par Maria Colera Intxausti pour Espai Fabrica. (2/08/2016)

     

    Dans cet entretien, Angela Davis aborde le poids du complexe pénitentiaire industriel au sein des sociétés capitalistes, ainsi que le rôle de l’ idéologie raciste et coloniale comme source des discriminations actuelles. Un entretien réalisé par Maria Colera Intxausti pour Espai Fabrica.

     

    Dans l’essai « Are prisons obsolete ? » {Les prisons sont-elles obsolètes?}, vous parlez de l’emprisonnement massif des gens pauvres et des migrants illégaux. Le capitalisme considère ces personnes comme autant de sujets qui ne sont pas indispensables mais les utilise comme main d’œuvre esclavagée et bon marché, et les transforme en consommateurs captifs de l’excédent de production. Ce même excédent qui se trouve à l’origine d’une crise économique engendrant aussi pauvreté et migration, formant une parfaite boucle. Percevez-vous un quelconque parallélisme entre ces politiques d’emprisonnement et le processus entamé pendant la transition du féodalisme au capitalisme, où des millions de personnes furent expulsées des terres qui assuraient leurs moyens de reproduction et furent forcées à l’esclavage salarié ? 

     

    Il y a, certes, des parallélismes/similitudes entre les deux époques mais le plus important est de constater qu’il y a aussi entre elles des différences considérables. Dans le saut du féodalisme au capitalisme, tel que Marx l’a décrit, les enclosures et d’autres processus de dépossession privèrent les gens des terres qui constituaient leur moyen de subsistance et façonnèrent simultanément une classe de personnes à qui il ne restait plus que la force de travail. Ces personnes sont alors devenues la main d’œuvre nécessaire pour que le capitalisme naissant multiplie sa richesse. Ces personnes furent en effet libérées des contraintes féodales mais elles se sont vues forcées, in fine, à passer d’une forme d’oppression à une autre.

    S’il est vrai qu’il est souvent inutile de faire un classement des différentes formes d’oppression, l’on peut quand-même affirmer que, malgré la dépendance totale et absolue du capitalisme vis-à-vis de l’exploitation, le fait de dépasser l’esclavage et le féodalisme constitua un progrès certain. Au moins quelques travailleurs trouvèrent accès à l’emploi, quoiqu’il qu’il fût, et continue d’être, dégradant.

    D’autre part, le complexe pénitentiaire industriel et global est certainement plus rentable. Néanmoins, sa rentabilité réside dans les technologies destinées à reléguer une grande masse de la population à des vies marginales, improductives et chargées de violence. L’emprisonnement massif aux Etats Unis, en Australie, ou encore en Europe de citoyens de couleur ou immigrants, s’appuyant sur la persistance d’un racisme et d’une xénophobie structurels, sont la preuve de l’échec absolu du capitalisme global à faire face aux nécessités des individus de par le monde.

     

    L’on pourrait pareillement considérer que c’est aussi la preuve la plus convaincante du besoin de concevoir un système socio-économique au-delà du capitalisme. Dans cet espoir, le mouvement abolitionniste contemporain, à travers son appel à démanteler le complexe pénitentiaire industriel, se présente comme un mouvement anticapitaliste qui exige l’égalité raciale, des emplois dûment rémunérés, un logement abordable, des soins de santé et une éducation gratuits, et une justice environnementale concernant tous les êtres vivants.

     

    Tu défends la justice restauratrice au lieu de la justice punitive. Comment faire disparaître les inégalités et l’injustice issues du processus d’accumulation primitive qui est à la base du capitalisme ? Autrement dit, quelle serait la forme d’une justice restauratrice destinée à réparer le « péché originel » d’exploitation et d’accumulation duquel découlent les inégalités de répartition dans nos sociétés ? 

     

    J’ai en effet souvent utilisé les termes « justice restauratrice», « justice réparatrice » et aussi « justice transformatrice » comme alternatives à la justice punitive ou vindicative. Dans l’absolu, je préfère la notion « justice transformatrice » car elle ne suppose pas l’existence d’un état idéal qu’il faille restaurer.

    Pour répondre à ta question, j’aimerais souligner l’importance de la mémoire historique dans notre contexte actuel qui a besoin d’une analyse explicitement anticapitaliste. « L’accumulation primitive du capital » est l’un des passages les plus importants du Capital, justement parce qu’il met en lumière l’expropriation, l’injustice et la violence qui marquèrent les débuts du capitalisme, et demeurent, malgré les apparences, au centre du processus capitaliste.

    Vers la fin du XXème siècle, le complexe pénitentiaire industriel commence à nous révéler combien pèsent encore, au sein des sociétés capitalistes, les idéologies racistes et coloniales quand il s’agit de développer des technologies de violence. De cette façon se poursuit la violence séculaire de l’esclavage et de la colonisation.

     

    Tu as parlé des réflexes automatiques avec lesquels on répond au crime et au délit, cherchant le refuge auprès des institutions juridiques et policières au lieu d’imaginer des solutions provenant de l’intérieur de la communauté. Pour ce qui est des cas de violence sexuelle, tu soutiens l’autodéfense, ce qui nous amène au sujet des femmes face à la violence. Dans « Are prisons obsolete ? » tu mentionnes la « nécessité de remettre en question l’idée préconçue selon laquelle la seule relation possible entre les femmes et la violence suppose que les femmes en soient les victimes ».  C’est quoi selon toi l’autodéfense féministe ? 

     

    J’ai toujours choisi soigneusement la façon dont j’employais le terme « violence ». En tant que chercheuse dans la théorie critique, je me rappelle toujours que les outils conceptuels que je décide d’emprunter peuvent, en réalité, contrevenir à ce que je tente d’exprimer. C’est pour cette raison que j’essaye de ne pas associer « autodéfense » et « violence contre l’agresseur ». D’ailleurs, la formation en autodéfense que je soutiens s’inscrit dans un contexte plus large : elle se base sur une analyse qui relie la violence misogyne aux systèmes de domination raciale, de genre et de classe, dans une stratégie qui prétend purger nos sociétés de toute forme d’exploitation et de violence.

     

    Dans « Women, Race and Class » {Femmes, Race et Classe} tu déconstruis le mythe du violeur noir et tu expliques qu’il fut une « invention clairement politique ». Une propagande élaborée en vue de justifier et pérenniser les lynchages, une méthode de « contre-insurrection » ayant pour but d’éviter que les Noirs prennent possession de leurs droits. Nous avons encore assisté au déroulement de ce même mythe à Cologne en fin d’année : on a ciblé les hommes « d’apparence arabe ou nord-africaine » et, dans un nouvel exemple de « purple washing », on a utilisé le soutien aux femmes pour criminaliser les demandeurs d’asile et les résidents illégaux. Comment interprètes-tu l’utilisation faite des droits des femmes (voile, violeur noir, oppression des femmes afghanes…) pour s’engager dans d’autres croisades ? 

     

    Dans le livre « Arrested Justice : black women, Violence, and America’s Prison Nation » {La justice sous arrestation : femmes noires, violence et la prison-nation d’Amérique}, Beth Richie dévoile le danger de faire confiance aux technologies de la violence comme étant des solutions aux problèmes de la violence de genre.

    Son argument est que le mouvement anti-violence prédominant aux Etats Unis opéra un virage, dangereusement orienté, lorsqu’il commença à soutenir la répression policière et l’emprisonnement comme stratégies principales pour la protection des « femmes » vis-à-vis de la violence masculine. Il était facilement prévisible que ces efforts de protection cibleraient tout particulièrement les hommes des communautés déjà soumises à l’hyper-vigilance policière, les mêmes qui contribuent de façon disproportionnée à l’augmentation de la population pénitentiaire.

    En fait, la généralisation du concept « femme » cachait toute un racialisation clandestine à l’intérieur de la catégorie. De cette façon, les « femmes » devenaient en réalité les « femmes blanches » voire les « femmes blanches et aisées ».

    Ce qui est arrivé à Cologne et le discours sur le violeur arabe (qui prétend consolider les représentations colonialistes des hommes arabes en tant que potentiels agresseurs sexuels) nous rappelle l’importance des théories et des pratiques féministes qui questionnent l’instrumentalisation raciste des « droits des femmes » et mettent l’accent sur l’inter-sectionnalité des combats pour la justice sociale.

     

    Ces dernières décennies, nous avons été témoins de ce que Nancy Fraser définit comme le « découplage des dénommées « politiques identitaires » des politiques de classe », qui s’est transformé en une lutte pour la reconnaissance au lieu d’une pour la redistribution, avec le déplacement du sujet collectif vers un sujet individuel. D’un autre côté, tu as défendu les « communautés de la lutte » quand tu considères que « les communautés sont toujours des projets politiques ». Quel est ton avis sur les politiques identitaires ? Quels sont les combats et projets politiques qui devraient être au centre de l’hégémonie néolibérale actuelle ? 

     

    Ce qui me semble le plus problématique dans les politiques identitaires, c’est la manière dont on naturalise souvent les identités pour ne plus les considérer comme un produit du combat politique. De cette façon, on les coupe des luttes de classe et de la lutte antiraciste.

    Le mouvement « trans », par exemple, est récemment devenu une dimension importante du combat pour la justice. Après tout, il y a une différence fondamentale entre les représentations dominantes des questions « trans », axées sur l’identité individuelle, et les mouvements « trans » inter-sectionnels qui considèrent la race et la classe comme éléments fondamentaux des luttes menées par les personnes « trans ».

    Au lieu de se focaliser sur le droit de la personne à « être » elle-même, ou lui-même, ces mouvements « trans » font face à la violence structurelle (de la police, des prisons, du système sanitaire, du système de logement, du chômage, etc.) que les femmes « trans » noires ont le plus de probabilité de subir, plus que n’importe quel autre groupe social. Autrement dit, ces mouvements luttent pour des transformations radicales dans nos sociétés, en opposition à l’assimilation simple d’un fait établi.

     

    Poursuivons au sujet de l’identité : au vu de ce que tu dis sur l’inter-sectionnalité, je comprends que tu es davantage en faveur d’une confluence des luttes (Ferguson, Palestine), que d’une conjonction d’identités différentes, diverses et multiples. Ceci, dans un contexte où une grande partie des défenseurs des politiques inter-sectionnelles affirment et naturalisent les identités, au lieu de les questionner, tout en ignorant souvent le contexte matériel et historique qui les entoure. Comment comprends-tu l’inter-sectionnalité et en quels termes devient-elle, selon toi, productive aujourd’hui ? 

     

    Le concept d’inter-sectionnalité, tel que je l’entends, a une généalogie particulièrement intéressante qui remonte au moins à la fin des années 60, début des années 70. Comme je ne peux pas rentrer maintenant dans les détails, je ferai seulement mention de ce fait saillant : la création de l’organisation Alliance de femmes noires, en réponse à la volonté d’engager un débat sur les questions de genre au sein du Comité de Coordination Étudiante Non Violente (SNCC), principale organisation de la jeunesse du Mouvement pour la Liberté du Sud.

    L’Alliance soutenait qu’il était impossible de comprendre le racisme dans toute sa complexité sans y ajouter une analyse sur le sexisme. C’est pour défendre cette thèse qu’en 1970 Fran Beale écrivit l’article amplement diffusé « Double Jeopardy : To Be Black and Female » {Risque double : être noir et femme}.

    Peu après la publication de l’article, alors que l’on prenait conscience des luttes des femmes portoricaines contre la stérilisation forcée, l’Alliance de Femmes Noires se transforma en Alliance des Femmes du Tiers-Monde, et publia un journal nommé Triple Jeopardy, en référence au racisme, au sexisme et à l’impérialisme. Cet article rendait nécessaire une militance de terrain pour, simultanément, lutter contre le racisme, la misogynie et la guerre impérialiste.

    C’est avec l’esprit de ces anciens efforts intellectuels organiques qui tentaient de comprendre les catégories de race, de genre et de classe en tant qu’éléments connectés, entrelacés, noués, que je conçois aujourd’hui les concepts féministes d’inter-sectionnalité.

     

    Dans un cycle de conférences données récemment au CCCB sous le titre « La frontière comme centre. Zones d’être et de ne pas être {migration et colonialisme} », la représentante du Parti des Indigènes de la République Houria Bouteldja affirmait ce qui suit : « Je ne sais pas qui est blanc, mais la police française, elle, le sait très bien. Elle ne se trompe jamais quand il s’agit de décider sur qui faire tomber la discrimination et la violence ». Pareillement, Itziar Ziga, féministe basque, dans une interview chez Argia, disait d’elle-même « je suis une femme car c’est en l’étant que j’ai subi la violence physique, affective, économique, symbolique… J’affirme être une femme, mais pas à cause de ce que j’ai entre les jambes ». Dans les deux cas, le sujet se définit politiquement par l’oppression et, donc, le combat. Dans ce sens, c’est quoi selon toi être femme et c’est quoi être noire ? 

     

    Ces deux catégories se sont élargies et répandues au-delà de ce que j’aurais pu imaginer auparavant dans ma vie. De façon que si je prétendais m’accrocher aux définitions historiques, je continuerais de me sentir obligée de me baser sur des définitions politiques de genre et de race quoi qu’il arrive, tant du point de vue des structures de domination et de ses idéologies associées, que du point de vue des mouvement collectifs qui cherchent à démanteler lesdites structures et combattre ces idéologies.

    Par ailleurs, j’ai toujours insisté sur la priorité de la pratique radicale au-delà de l’identité pure et simple. Ce que l’on fait pour faciliter la transformation radicale est plus important que l’imaginaire que l’on a de soi-même et de ce que l’on est. Et, évidemment, comme je l’ai déjà indiqué, les catégories de race et de genre, de même que la sexualité et la classe, ne sont significatives que dans des inter-relations plus complexes.

     

    En relation à la politique étatsunienne, tu as mis en avant le « défi de compliquer le discours », étant donné que la « simplification de la rhétorique politique facilite l’adoption de positionnements extrémistes ». Ces dernières années, en Europe, nous avons été témoins de l’apparition de la prétendue « nouvelle politique », qui s’oppose à « ceux d’en haut » et dont l’objectif premier est celui d’enclencher une révolution démocratique par la voie de la « révolution des sourires ». Dans cette ère de populisme dépolitisant et de signifiants creux, que signifie pour toi la démocratie ? 

     

    Il est vrai que nous qui sommes à gauche aux États Unis (mais c’est le cas aussi de certains cercles conservateurs), nous vivons avec stupéfaction la montée en puissance de Donald Trump et l’expansion de son influence. Celle-ci profite du fait que des secteurs clé des communautés de classe ouvrière blanche sont attirés par cette rhétorique politique simpliste, extrémiste et d’inclinaison fasciste.

    De façon analogue, une dangereuse attraction envers des personnages et partis d’extrême droite fait son chemin en Autriche, en France, en Pologne, et encore d’autres territoires européens, où la combinaison d’une récession économique et d’une crise des réfugiés a propulsé le populisme d’extrême droite sur un fond de racisme anti-noir et anti-immigrants. Cette même combinaison a servi à réactiver l’islamophobie, offrant de nouveaux spectacles au racisme séculaire.

    Il ne sera possible de faire face au populisme d’extrême droite, ainsi que de générer un dialogue sur des horizons démocratiques – approches substantives et transformatrices qui déplacent le focus politique de la représentation néolibérale de l’individu vers les nécessités et aspirations des communautés – que si nous sommes capables de structurer des mouvements puissants contre le racisme et la xénophobie partout dans le monde.

    Interrogée à propos de ton positionnement vis-à-vis des élections présidentielles aux Etats Unis, tu as récemment évoqué « qu’il nous faut un nouveau parti ». Pour quelle raison ? À quel type de parti penses-tu ? En tant qu’ancienne candidate à la vice-présidence du Parti Communiste des Etats-Unis, en quoi ce nouveau parti devrait-il y ressembler et en quoi s’en différencier ? Quant au programme, considères-tu que les 10 points du Parti des Black Panthers continuent d’être d’actualité ? Quelle serait la base électorale de ce nouveau parti ? 

     

    La politique électorale étatsunienne est depuis de nombreuses années l’otage du système bipartite. Que ce soit le Parti Démocrate ou le Parti Républicain, ils sont tous les deux totalement enchaînés au capitalisme. Il nous faut une structure politique alternative qui ne capitule pas devant les entreprises mais qui, au contraire, représente en premier lieu les nécessités des travailleurs, des pauvres, et des différentes races.

    Ceci est évident depuis de plusieurs cycles électoraux et, quand j’ai pris part directement dans la politique électorale en tant que candidate à la vice-présidence du Parti Communiste il y a de cela de nombreuses années, je l’ai fait pour rendre visible ce besoin de déclarer l’indépendance vis-à-vis du système bipartite.

    Au regard du retour obtenu par Bernie Sanders, il est devenu clair qu’un nombre considérable de gens désirent une alternative au capitalisme. De plus en plus de monde réfléchit sérieusement à la nécessité d’un parti qui représente la classe ouvrière, les mouvements antiracistes, les questions féministes et LGBTQ, les revendications contre la guerre et la justice environnementale.

    Quant au Parti des Black Panthers, il est clair que son programme en 10 points est profondément enraciné dans les conditions historiques de la première moitié du XXème siècle et, néanmoins, chacun des points demeure encore tout aussi lié aux luttes radicales contemporaines.

     

    Les Black Panthers furent des pionniers avec leur politique de « womanism » qui plaçait au même niveau la lutte des classes et la lutte raciale. Elle soutenait le droit à l’avortement, organisait la garde des enfants lors des réunions et soutenait le modèle traditionnel africain de la famille élargie en opposition à la famille bourgeoise et nucléaire. De même, le journal du parti était dirigé par des femmes et 70 % des militants étaient des femmes. Mis à part le fait que les hommes étaient en train d’être emprisonnés, voire assassinés, comment a-t-on pu atteindre ces résultats? Quelles leçons pourraient en retirer les mouvements de libération, et spécialement les féministes, de l’expérience du Parti des Black Panthers? 

     

    En réalité, nous ne devrions pas être excessivement surpris d’apprendre que la majorité des militants des Black Panthers étaient des femmes, de la même façon qu’il n’est pas surprenant que les femmes aient joué un rôle fondamental au sein du Mouvement pour la Liberté du Sud des Etats-Unis. Ce qui est véritablement surprenant c’est qu’un demi-siècle après nous continuions d’être captifs des visions historiquement obsolètes d’un leadership charismatique masculin.

    Historiquement, les paradigmes associés au leadership féminin – d’Ella Baker à Erika Huggins – tendent à mettre l’accent sur le leadership collectif au-delà de l’individuel. La jeunesse des mouvements radicaux actuels est en train de prioriser le leadership des femmes, le leadership queer et celui des collectivités.

     

    Parce-que tu as été élève de Marcuse, j’aimerais te poser une question que lui-même posait dans son livre « An Essay on Liberation » [Un essai sur la libération] : « comment [l’individu] peut-il satisfaire ses nécessités sans toutefois […] reproduire, à travers ses aspirations et ses satisfactions, la dépendance à un système exploiteur qui, lorsqu’il satisfait ses besoins, perpétue son esclavage ? ». En d’autres termes, comment pouvons-nous nous libérer de la marchandisation de nos sentiments ? 

     

    Aujourd’hui, je ne suis plus sûre qu’il soit possible d’esquiver totalement les conséquences du désir marchand car il est devenu la nature même du désir contemporain ; le capitalisme a tellement envahi nos vies intérieures qu’il nous est extrêmement difficile de nous en séparer. Je crois néanmoins que je suis la tradition philosophique de Marcuse quand j’affirme que nous devrions essayer de développer une conscience critique envers notre propre implication, par le biais de la marchandisation de nos sentiments, dans l’entretien du système capitaliste. C’est à travers ce type de réflexions négatives que nous pouvons commencer à entrevoir des possibilités de libération.

     

    Pendant ta visite au Pays Basque, nous avons discuté de l’importance de l’art et de la littérature en tant que sphères permettant d’étendre les limites de l’intelligible, de démonter les paradigmes du sens commun hégémonique, d’affronter la camisole de force de la vraisemblance, de mettre à terre le monopole de la réalité, et de traduire, donner, former, et mettre en pratique nos notions politiques. Comment concrétise-t-on tout ça ? 

     

    Maintenant (et spécialement maintenant) que la possibilité de libération semble être mise à l’écart par ces mêmes luttes politiques qui prétendent nous montrer la voie vers des futurs meilleurs, nous pouvons profiter de ce que Marcuse nommait la « dimension esthétique » et Robin Kelley les « rêves de liberté » ou « imagination radicale ».

    Ce que la toute-puissance capitaliste a complètement étouffé, c’est notre capacité collective d’imaginer une vie qui ne soit pas chargée de marchandises. C’est pour cette raison que nous avons besoin de l’art, de la littérature, de la musique et d’autres pratiques culturelles dans le but d’éduquer notre imagination de façon à ce qu’elle s’affranchisse des contraintes de la privatisation.

     

    Lors de cette visite à Bilbao, un concert fut organisé en ton hommage pendant lequel tu fis mention d’une très belle chanson de Nina Simone « I Wish I Knew How It Would Be To Be Free » [j’aimerais savoir ce que c’est que de se sentir libre], et qui dit : « I wish I could break all the chains holdin’ me, I wish I could say all the things that I should say, say ’em loud, say ’em clear for the whole ’round world to hear » [j’aimerais pouvoir rompre toutes les chaînes qui me retiennent, j’aimerais pouvoir dire tout ce que j’ai à dire, les dire haut et fort pour que tout le monde l’entende]. Que signifie être libre pour toi et quelles sont les chaînes que l’on doit briser ? 

     

    J’ai évoqué cette chanson de Nina Simone, non pas pour laisser entendre qu’un demi-siècle après j’ai finalement une réponse définitive à la question sous-jacente à l’aspiration de savoir ce que c’est que d’être libre enfin, mais plutôt pour que nous continuions de nous déterminer par ce désir de nommer et de faire l’expérience de la liberté.

    Aux Etats Unis, cet objectif est de nos jours beaucoup plus difficile à atteindre qu’à la moitié du XXème siècle. De fait, il semble que, plus on approche de ce que l’on avait initialement imaginé comme « liberté », plus nous nous rendons compte qu’il s’agit de quelque chose de bien plus compliqué, de bien plus vaste…

     


    Angela Davis est professeur afro-américaine marxiste du Département d’Études Féministes de l’Université de Californie et leader historique du Parti Communiste des EUA et des Black Panthers.  

     

    Entretien réalisé par Maria Colera Intxausti pour Espai Fabrica et traduit du catalan par Joan Roisse pour Investig’Action

     

    Source : Espai Fàbrica/l’esquerra avui & investigaction.net

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