Mobilisation empreinte d’émotion et de détermination ce mercredi devant le foyer Pierre-Dantec des Genêts d’Or à Briec (*). Salariés, résidents, familles étaient au coude à coude pour dénoncer une situation intenable. Faute de personnel, la direction a réduit ses services. L’accueil de jour est fermé temporairement et les deux salariées sont réaffectées au foyer de vie.
Fabien Le Fur, aide-soignant et Julie de Castro, éducatrice spécialisée ont présenté la situation aux familles.« Nous avons quatre postes non pourvus et un manque de remplaçants », confirme Jean-Paul Urien, directeur du site. Résultat, la réorganisation décidée ces derniers jours pour des raisons de sécurité implique des transferts de personnel et des amplitudes de travail de 12 h dans la journée.
Des familles sollicitées
Pour les personnels c’est trop. Depuis la crise de la covid, ils constatent la dégradation du service. « Les activités comme l’équitation, les sorties aux Vieilles Charrues, les sorties au restaurant, c’est terminé, cela fait mal au cœur. Ils ne sortent plus, constate un salarié. Car nous nous battons pour eux. On peut faire ce métier par passion ».
Les familles venues ce mercredi soutenir le personnel constatent aussi la dégradation.
« Je prends normalement mon fils un week-end sur deux. On me demande aujourd’hui de le prendre aussi quelques jours en semaine », dit une mère. « On m’a demandé de prendre mon père âgé de 95 ans qui demande une attention permanente, pendant quelques jours », dit une autre dame qui explique qu’elle ne pourra pas.
« Nous sommes collectivement en colère »
« Nous avons du mal à recruter tant en CDI qu’en CDD et dans tous les métiers jusqu’au secrétaire et comptable, constate Yannick Arzel, directeur général des Genêts d’or. Même les organismes de formation ne remplissent plus leurs promotions ».
Car pour attirer le personnel, qui fait défaut, il faut rendre les métiers attractifs. « Nous sommes collectivement en colère contre un système qui dysfonctionne, admet Yannick Arzel. Les salaires ne sont pas à la hauteur, mais ils dépendent à 90 % de l’État et du Département ». Ces derniers mois, il y a eu des mouvements sociaux pour la généralisation des 183 € promis par le Ségur de la Santé. 80 % des salariés touchent cette augmentation. « C’est insuffisant pour ces métiers qui impliquent le travail le week-end, la nuit auprès de personnes handicapées qui vieillissent avec des prises en charge de plus en plus importantes », ajoute Yannick Arzel.
Yannick Arzel, directeur des Genêts d’Or (à gauche) et Jean-Paul Urien, directeur de l’établissement de Briec, à ses côtés, ont rencontré à midi les représentants du personnel.Sortir d’une spirale infernale
Métiers pénibles, salaires minimes : les salariés qui ont débrayé ce mercredi tout comme la direction sont conscients du paradoxe. Médiatiser cette dégradation n’aide sans doute pas à casser la spirale infernale qui fait fuir les candidats potentiels. D’autant que localement, la marge de manœuvre pour répondre aux besoins est limitée.
Pourtant des listes d’attente sont toujours là. « Nous avons un projet d’extension du foyer pour 2025, dit Yannick Arzel. Cela impliquera 20 salariés supplémentaires. Où les trouver ? ».
Le Comité social et économique de l’établissement se réunira mardi pour faire le point et se projeter sur la période estivale qui s’annonce encore plus difficile.
(*) Le mouvement ce mercredi concernait le foyer de vie et le foyer d’accueil médicalisé soit une soixantaine de salariés (CDI-CDD) pour 36 places agréées et douze en accueil de jour. L’Esat (Établissement d’aide par le travail) est un autre service.
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