Une mobilisation à la hauteur des attentes. Ce lundi après-midi 9 mai, ils étaient plus de 600 personnes, dans la cour de l’hôpital de Carhaix, à crier leur détermination. Dans la foule, de nombreux agents de l’hôpital bien sûr, mais aussi des élus de l’ensemble du Pays Cob, et de simples citoyens gonflés à bloc. À l’origine de cette colère, l’annonce par la direction, une semaine plus tôt, de la fermeture temporaire de l’unité de soins continus dès ce lundi, et du regroupement, d’ici l’été, de la chirurgie et de la médecine polyvalente.
« Annonce brutale »
« Une annonce brutale qui laissait poindre la transformation de l’hôpital en établissement gériatrique, et ce sans aucune consultation, estime Caroline Tromeur, déléguée CGT. Mais la mobilisation de tous a permis de suspendre cette décision inacceptable », s’est-elle félicitée. Alain Guéguen, maire de Plouguernével, conseiller départemental et membre du conseil de surveillance du CHU de Brest-Carhaix, est revenu sur la présentation du projet d’établissement de l’hôpital à laquelle il a pu assister en décembre dernier : « On nous a présenté des projets de télémédecine, d’excellence gériatrique ou de psychiatrie, mais rien sur la maternité ou les urgences », s’est-il étonné, rappelant le « caractère indispensable de l’hôpital carhaisien dans un milieu hyperrural où la population est économiquement fragile. On sait la corrélation entre la fragilité économique et la consommation des soins ».
Bien avant 14 h 30, avant le début des prises de parole par Caroline Tromeur (CGT) et Sophie Lévénez (CFDT), la cour de l’hôpital était déjà bien pleine.Le caractère « temporaire » décrié
Même si l’intervention du député Richard Ferrand auprès du ministre de la Santé a permis d’obtenir un sursis, plusieurs craignent aujourd’hui le caractère « temporaire » de la décision du maintien des services. Le maire de Carhaix, Christian Troadec, s’en est fait l’écho : « La même chose s’était produite en 2007. Nous étions alertés d’une menace sur la possible fermeture de la maternité et de la chirurgie, mais ce n’est qu’après les élections qu’on est venu nous planter un coup de couteau dans le dos », a-t-il indiqué, rappelant? « la longue mobilisation ». « Je reconnais ici dans la foule tous ceux qui étaient les clefs de voûte de cette bataille de 2007 », a-t-il lancé, avant que la foule ne scande le fameux slogan de 2007, « Carhaix, Carhaix, ré-sis-tance ». La catapulte, symbole fort de la résistance de 2008, a aussi été sortie de sa remise pour une photo de groupe devant le bâtiment de la direction.
Garanties
La crise de 2007-2008 était donc sur toutes les lèvres. « L’histoire se répète 14 ans plus tard, mais notre détermination reste la même, l’hôpital de Carhaix étant un élément déterminant de la sécurité sanitaire du territoire », estime la déléguée CFDT Sophie Lévénez, qui exige « le maintien pérenne de toutes les activités ». Référent santé du Pays Cob, Jean-Pierre Hémon considère pour sa part que « la situation n’est pas tout à fait la même qu’en 2008, même s’il faut conserver la même vigilance, la même combativité. Tant qu’on n’aura pas des engagements sur l’ampleur de l’offre et sur la pérennité, on ne sera pas rassurés », affirme-t-il, estimant tout de même que « quelques fenêtres d’opportunité ont été ouvertes par la réaction rapide et décisive. Il y a des choses dans la réponse du ministre, qu’on devrait pouvoir faire prospérer », pense-t-il.
Hervé Penven : " Sans l'hôpital, je ne sais pas où j'irais "
Ancien élu à Huelgoat, Hervé Penven, 69 ans, fut de ceux qui s’étaient mobilisés contre la fermeture de la maternité en 2007. « Je suis venu aujourd’hui pour défendre le service public auquel je tiens. J’ai des problèmes cardiaques et je suis suivi à l’hôpital de Carhaix, où j’ai toujours été bien soigné. J’espère simplement que ça va durer et que mon cardiologue va rester, parce que je ne sais pas où j’irais autrement », lance-t-il.
Source : https://www.letelegramme.fr
Auteur : Jean-Noël Potin