« Les chiens seront lâchés »
« Je suis viscéralement attachée à la démocratie, je crois à la liberté, l’égalité et la fraternité. En aucun cas, je ne prendrai le risque de faire passer Marine Le Pen. Le moindre mal sera un Jupiter arrogant », a ainsi clamé une manifestante d’une soixantaine d’années, la gorge serrée et quasiment au bord des larmes au moment d’affirmer son choix de voter Macron, « la rage au ventre et en dépit de mes idéaux », le 24 avril, sous les applaudissements nourris de l’assistance.
Un autre manifestant, assez âgé, a convoqué la mémoire de ses grands-parents « partis combattre les nazis en prenant le bateau depuis l’île de Sein », avant qu’un intervenant d’une trentaine d’années n’affirme qu’avec Marine Le Pen à l’Élysée, « les chiens seront lâchés. L’ultra-libéralisme et le fascisme, ce n’est pas la même chose. Je voterai pour Macron envers qui j’éprouve une haine farouche ». Lui succédant, un homme à la chevelure longue et argentée a alors pris le micro pour entonner « La bête est revenue », chanson antifasciste de Pierre Perret, devant une assemblée l’écoutant en silence avant de l’acclamer.
« Il n’y a pas de choix possible »
D’autres manifestants ont, en revanche, affirmé leur refus de choisir entre ce qu’ils considèrent comme deux maux de nature quasiment égale. « Macron, je ne peux plus. Peut-être que je suis le canard boiteux ici mais je pense aux travailleurs, aux gens que je connais bien dans le milieu syndical et qui vont en ch… cinq ans de plus », a ainsi déclaré un manifestant, se présentant comme un ancien syndicaliste.
« Je ne vois pas bien comment Marine Le Pen aurait une majorité, et je ne vois pas bien non plus où est la démocratie dans le régime d’Emmanuel Macron. Nous vivons dans un état d’urgence absolue, il n’y a pas de choix possible », a considéré une autre manifestante. Des positions diversement appréciées parmi l’assistance, quelques personnes secouant la tête et soupirant ostensiblement pour afficher leur désaccord sur ce non-choix manifestement synonyme, selon elles, de vote pour Marine Le Pen.
Ces débats sont en tout cas révélateurs de l’état d’esprit et des débats qui animent une part non négligeable de l’électorat, à une semaine du second tour. Chez celle-ci, les cerveaux vont probablement continuer à bouillonner jusqu’au 24 avril.
Dimitri L'HOURS
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