À l’appel de nombreuses organisations syndicales, environ 800 personnes - 1 000 selon les organisateurs — ont manifesté ce mardi 5 octobre dans les rues de Lorient. Même si l’on retient ce dernier chiffre, il est loin des 6 000 ou 7 000 comptabilisés sur le pavé lorientais lorsqu’il s’agissait, il y a deux ans, de défendre les retraites. « La peur de sortir et de se mêler aux autres existe toujours. Et ce n’est pas du jour au lendemain que l’on inversera la tendance. Par ailleurs, tous les syndicats sont présents sauf la CFDT, la CFTC et CFE-CGC, relève, un brin amer, Pierre, un ancien de l’arsenal. C’est bizarre. Ce sont des organisations réformatrices qui veulent améliorer les conditions sociales. Ce n’est pas en restant à la maison qu’ils vont réussir. Quand ils décideront de mettre leur nez dehors, les troupes seront plus nombreuses ».
Parti du boulevard Cosmao-Dumanoir, le cortège a pris la direction de la sous-préfecture. Avant le top départ, le ton avait été donné. « Nos gouvernants nous disent que tout va bien. Que la relance est là. Peut-être ? Mais ce sont les patrons qui en profitent. Pas les salariés, pas les retraités, pas les précaires. Si nous sommes ici, c’est aussi pour défendre les précaires. Avec la réforme du chômage, ce sont 1,2 million de demandeurs d’emploi qui vont voir leurs indemnités diminuer. C’est inacceptable ».
Pas aux salariés de payer la note
Escortés par les hommes du commissariat, les manifestants sont arrivés devant la sous-préfecture à 11 h 30. Prenant chacun la relève, les leaders syndicaux ont expliqué pourquoi ils étaient là et exposé leurs revendications. « Nous refusons de passer du fameux « Quoi qu’il en coûte » à quoi qu’il en coûte aux salariés. Il est temps d’augmenter les salaires et les pensions ».
« La pandémie de la covid a mis en évidence l’impérieuse nécessité d’avoir un service public de qualité, doté de moyens humains et matériels permettant de répondre aux besoins de la population. L’hôpital public est exsangue, au bord de l’explosion sociale. Nous ne pouvons admettre que la France, cinquième puissance économique, pays de 67 millions d’habitants, ne soit pas en mesure de soigner correctement plus de 6 000 personnes dans ses services d’urgence ».
La CFDT taclée
Au passage, les différents syndicats représentés ont taclé la CFDT au sujet des retraites. « En 2019-2020, au travers nos mobilisations et grèves, nous avons empêché la mise en place du régime universel de retraite par points et le recul du départ à la retraite. Macron et ses soutiens, dont Laurent Berger de la CFDT, ne cessent de dire qu’il faut revenir sur cette réforme. Nous leur disons aujourd’hui que notre détermination est intacte. Et que ce que nous avons su faire en 2019-2020, nous saurons le faire en 2022. Nos revendications sont justes et légitimes. Nous les porterons sans faiblir ».
Myriam : « N’oublions pas La Poste »
Myriam travaille à La Poste de Ploemeur : « Je me reconnais totalement dans les revendications qui sont portées aujourd’hui. Il faut augmenter les salaires et revaloriser les pensions. C’est indiscutable. Mais si je suis parmi les manifestants, c’est aussi pour défendre La Poste. Ne l’oublions pas. Plus les années passent et plus les conditions de travail se dégradent. La Poste fonctionne de plus en plus comme une entreprise privée. Elle a recours, chaque jour, à plus encore de contrats à durée déterminée. L’esprit service public est en train de disparaître ».
« L’esprit service public est en train de disparaître », témoigne Myriam qui travaille à La Poste.Lydie : « Secourir l’hôpital »
Lydie est aide soignante depuis 25 ans : « Je travaille à l’hôpital de Riantec. Aujourd’hui, si je suis à Lorient, c’est pour réclamer un meilleur salaire et une amélioration de nos conditions de travail. De plus en plus, les moyens financiers et humains font défaut dans nos établissements. La crise sanitaire a mis en lumière toutes ces lacunes. Je ne défends pas uniquement le secteur public. Tous les gens qui travaillent doivent pouvoir le faire dignement et pouvoir vivre de leurs efforts ».
« Tous les gens qui travaillent doivent pouvoir le faire dignement et pouvoir vivre de leurs efforts », dit Lydie.Caroline : « Des salaires décents »
Caroline est animatrice à Groix. Ce mardi 5 octobre était sa première manifestation à Lorient. « Je viens juste d’arriver », confie cette militante CGT. « Si je suis ici, c’est parce que je suis en total accord avec les revendications qui sont portées. Il faut des salaires décents pour tout le monde, que l’on soit dans le public ou le privé. On ne doit pas non plus oublier les retraités qui ont le droit de vivre dans des conditions dignes ».
« On ne doit pas non plus oublier les retraités », souligne Caroline.