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À Taïwan, pas de confinement pour les étudiants de l’Emba (LT.fr-15/04/20-16h57)
Malo Danguy des Déserts, vannetais, Mathis Forbin, et Ludovic de Lansalut, originaires du Pays bigouden et étudiants à l’Emba de Quimper, savourent leur séjour à Taïwan malgré la crise du Covid-19.
La pandémie de Covid-19 a bouleversé les plans des étudiants en commerce international à l’Emba de Quimper qui devaient se rendre en Chine. Une dizaine est partie à Taïwan, un pays plus sûr, en pointe dans la lutte contre le nouveau coronavirus. Rencontre avec trois d’entre eux qui vivent en colocation à Taïpei, la capitale.
> Qu’est-ce qui vous a frappé en arrivant à Taïpei ?
Malo Danguy des Déserts : Je suis arrivé ici le 18 février pour effectuer un stage dans une boutique de vin et spiritueux tenue par un Français. Je ne pensais pas être contrôlé pour le coronavirus, mais dans l’avion déjà, j’ai dû remplir un questionnaire, contrôler ma température, laisser mes coordonnées précises, etc. Les mesures de protection ont été appliquées très tôt ici.
Mathis Forbin : Moi, je suis arrivé le 4 mars, c’est mon troisième séjour et je n’ai pas trouvé que l’ambiance avait trop changé. Bien sûr, on voit moins de touristes, mais il n’y a pas de confinement, les commerces sont ouverts, on peut circuler librement dans tout le pays, à condition de respecter les mesures sanitaires.
> Ces mesures, quelles sont-elles justement ?
Malo Danguy des Déserts : Dès qu’on entre quelque part, on contrôle votre température avec des pistolets thermiques, et il y a du gel hydroalcoolique partout, on vous en met parfois directement sur les mains pour être sûr que vous l’utilisez. Et bien sûr, tout le monde porte des masques, dans la rue, les commerces, au restaurant aussi, mais on les enlève pour manger !
Ludovic de Lansalut : À la salle de sport, il faut remplir à chaque fois un questionnaire papier ou numérique, mettre son numéro de téléphone pour être averti si jamais il y a eu des cas détectés à cet endroit.
On peut aussi demander le passeport pour vérifier la date d’arrivée, car maintenant les entrées sont réglementées et chaque nouvel arrivant passe automatiquement en quarantaine.
Mathis Forbin : Même devant les ascenseurs, il y a des flacons de gel hydroalcoolique, et toutes les touches sont cellophanées pour être désinfectées facilement. Les masques sont obligatoires dans le métro, sous peine d’une amende de 300 €. Il y a des contrôles au tourniquet avec des agents en tenue de protection intégrale, qui vérifient aussi la température. Si elle est anormalement élevée, la personne est emmenée et testée.
Malo Danguy des Déserts, Mathis Forbin et Ludovic de Lansalut.
> Est-il facile de se procurer des masques ?
Mathis Forbin : Oui. L’université Soochow où nous suivons des cours de chinois nous en donne trois par semaine. Et maintenant, on peut aussi en acheter en pharmacie, car avant ils étaient réservés aux Taïwanais.
Malo Danguy des Déserts : Au travail, on nous en fournit aussi. Le mien est en tissu lavable, et à l’intérieur, il y a une partie amovible en papier filtrant qu’on change tous les jours. C’est très pratique.
Ludovic de Lansalut : Ils viennent aussi de mettre en place des distributeurs automatiques de masques, comme des distributeurs de boissons. C’est gratuit, il suffit de scanner sa carte d’identité pour obtenir des masques pour une semaine. Si on a une famille, on reçoit le nombre exact de masques qu’il faut.
> Comment vous sentez-vous à Taïwan ?
Malo Danguy des Déserts : Au départ, on avait un peu d’appréhension et on craignait de subir du racisme, car certains Français ne véhiculent pas une bonne image et ne se comportent pas toujours bien. Il y a beaucoup de rumeurs sur des Français qui sortent en boîte alors qu’ils sont malades ou susceptibles de l’être.
Il y a eu un cas avéré et tout le monde en a parlé. Il a écopé d’une amende de 30 000 €. Maintenant, comme les boîtes de nuit sont fermées, le problème est réglé.
Mathis Forbin : C’est un cas extrême, car globalement l’accueil reste très bon et respectueux. Personne ne nous insulte ou ne nous demande pas de rentrer en France ! De temps en temps, des passants se décalent d’un mètre ou deux en nous voyant, mais ce sont surtout des personnes âgées. Ça n’a rien à voir avec ce que les Français ont fait subir aux Asiatiques au début de la crise à Paris, ou même à Quimper.
Ludovic de Lansalut : Oui, dans l’ensemble, les gens sont très prévenants et chaleureux, ils viennent vers nous et nous demandent des nouvelles de nos familles, nous disent de profiter de notre séjour ici, etc.
> Comment percevez-vous la situation en France ?
Mathis Forbin : Je suis pas mal les infos sur les réseaux sociaux, l’évolution quotidienne des chiffres et ça fait un peu peur, vu d’ici. Mais on est loin de tout ça, nous, on peut toujours sortir et vivre presque normalement. Du coup, on a du mal à s’imaginer ce que c’est d’être confiné.
Ludovic de Lansalut : Et on n’a pas très envie de le découvrir ! On ne sait pas ce que ça fait de rester cloîtré à la maison toute la journée.
Malo Danguy des Déserts : Moi, j’ai des nouvelles par ma sœur qui est ergothérapeute à l’hôpital de Vannes et qui s’occupe de la rééducation des malades. Elle me raconte un peu ce qui se passe. C’est assez angoissant, c’est vrai. On s’inquiète tous pour nos familles, et on préfère largement être ici pour l’instant. Retour le 4 juillet. Normalement !
source: https://www.letelegramme.fr/
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Tags : Taïwan, EMBA
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