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Bolivie : Evo Morales de retour. Et maintenant ? (resumenlatinoamericano.org-12/11/20)
Par Cecilia González
L’ancien président a répété qu’il travaillerait pour l’unité du pays et qu’il en cherchera pas à se venger de ceux qui ont fait le coup d’Etat contre lui.
Evo Morales est rentré en Bolivie protégé par une multitude pour continuer son travail hors du Gouvernement. Et maintenant ?
La caravane de retour de l’ancien président Evo Morales a parcouru pendant 3 jours plus de 1 100 kilomètres, accompagné par une foule qui pleurait, l’embrassait et l’ovationnait lors d’événements qui ont confirmé sa popularité et qui ont soulevé des questions sur le rôle qu’il jouera dans le Gouvernement du président Luis Arce Catacora.
Jeudi, au lever du jour, par exemple, Morales a rencontré les dirigeants de son parti, le Mouvement Vers le Socialisme-Instrument Politique pour la Souveraineté des Peuples (MAS-IPSP), « pour analyser la situation et tracer la ligne stratégique de travail du projet le plus important de Bolivie. »
Les réunions de travail à partir de 5 ou 6h du matin ont été une caractéristique de ses 13 années de gouvernement (2006-2019) et il a déjà recommencé dès son retour dans son pays après 1 an d’exil.
Plus tard, l’ancien président a rencontré des organisations syndicales et des organisations des peuples originaires d’Amérique Latine à l’auditorium de radio Kawsachun Coca, en Lauca Ñ, tropique de Cochabamba, ce qui montre qu’il va continuer à avoir une intense activité politique.
Avant de rentrer en Bolivia, Morales avait écarté l’idée de se présenter à des élections pour occuper un poste dans le cabinet d’Arce Catacora qui a insisté sur le fait que l’ancien président n’aura aucun rôle dans son gouvernement.
Morales a même affirmé qu’il n’influencera pas la nomination des nouveaux ministres bien que certains médias boliviens aient spéculé sur la possibilité que le tiers de ces charges soit attribué à des personnalités politiques proches de l’ancien président.
Le retour
Les plans de Morales, indiqués par lui-même, sont de retourner vivre dans le Chapare, pas dans la capitale, La Paz, et de se consacrer à l’élevage du pacú, un poisson de rivière fameux dans la région.
Sur le plan politique, il a confié qu’il veut partager son expérience avec des jeunes pour former de nouveaux dirigeants sociaux mais en marge du Gouvernement parce que l’une de ses priorités est de protéger Arce Catacora de toute tentative de déstabilisation.
Mais la quantité d’actes qui se sont réalisés lors de son retour en Bolivie, dans certains cas inattendus, ont montré que l’autorité de Morales sur une grande partie de la société bolivienne est encore profonde et c’est un capital politique essentiel pour un dirigeant d’à peine 61 ans.
« Evo n’est pas seul » est l’un des cris les plus répétés depuis que, lundi matin, l’ancien président a traversé à pied le pont frontalier qui relie la ville argentine de La Quiaca à la ville bolivienne de Villazón.
Ensuite, il a poursuivi son chemin avec son ex-vice-président Álvaro García Linera, toujours par la terre et suivi d’une caravane d’autos, vers les villes de Atocha, Uyuni et d’Oruro, où il a pu arriver malgré les blocages de routes mis en place par les opposants au MAS.
A tout moment, des citoyens qui lui souhaitaient la bienvenue, qui voulaient le voir, le toucher, l’entendre, accompagnaient Morales. Ila rencontré des maîtres ruraux, des mineurs, des indigènes, des paysans, il a été reçu avec de la musique, des danses et de la nourriture typique, a donné des conférences de presse et envoyé des massages à la foule. Il ressemblait plus à un candidat qu’à un homme politique à la retraite.
Emotions
L’une des escales les plus spéciales de la caravane de Morales est celle qu’il a faite à Orinoca, son village natal, où il a dirigé un événement dans un stade qui porte le nom de son père, Dionisio Morales Choque, et s’est rempli de partisans qui l’acclamaient.
Là, il s’est également rendu dans l’humble maison dans laquelle il a passé son enfance, alors qu’il n’imaginait jamais pouvoir arriver à être président de la Bolivie ou qu’il subirait un coup d’Etat qui mettrait en danger sa vie et l’obligerait à s’exiler au Mexique et en Argentine pendant 1 an. Il pouvait encore moins imaginer qu’après tout cela, malgré toutes les prédictions disant que sa carrière politique était finie, il reviendrait triomphalement dans son pays.
Le point culminant de son retour a été Chimoré, la ville d’où, le 11 novembre 2019, le lendemain du coup d’Etat, il a réussi à prendre un avion de l’armée de l’air mexicaine grâce à une opération de sauvetage organisée par le président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, et le président de l’Argentine, Alberto Fernández.
Il est revenu à Chimoré également un 11 novembre, juste 1 an après, pour être reçu par des centaines de milliers de personnes. Les organisateurs ont dit qu’il y en avait 1 000 000.
Le symbolisme était présent dans cette poignée de terre bolivienne que García Linera a prise et a emmenée en exil et qu’il a réussi à ramener après avoir lutté pour rétablir la démocratie dans le pays.
« Le jour où je suis parti de cet aéroport, j’ai pris une motte de terre et je l’ai emportée, roulée dans un drapeau. Elle m’a accompagné au Mexique et en Argentine. Aujourd’hui, je l’ai ramenée parce que nous sommes la terre, nous sommes la mémoire, nous sommes les racines, et la terre appelle la terre, » a dit Álvaro García Linera, lors de l’un des moments les plus émouvants de ce retour.
A Chimoré, Morales était accompagné par Andrés Arauz, le candidat du parti de l’ex-président Rafael Correa aux élections présidentielles de l’Equateur auxuqleles le progressisme latino-américain espère continuer à récupérer le terrain qu’ila perdu ces dernières années avec la victoire de la droite aux élections.
S’occuper du projet
Les discours d’Evo pendant ses premiers jours en Bolivie, ont eu pour axe commun de protéger le Gouvernement d’Arce Catacora, défendre les ressources naturelles et rester en garde face aux attaques de la droite contre les mouvements populaires.
« Je ne suis pas vindicatif, je ne reviens pour me venger de personne. Politiquement, nous l’allons jamais chercher la vengeance parce que nous venons de la culture de paix et nous avons toujours travaillé pour intégrer ceux qui ont des idées différentes. Les problèmes juridiques reviennent à la justice », a-t-il dit, écartant ainsi l’idée de se venger de ceux qui ont fait le coup d’Etat ou de l’ex-présidente de fait Jeanine Áñez qui a organisé une persécution juridique contre lui.
« Le projet politique que nous avons et qui a réussi à changer la Bolivie, vient de l’unité, des programmes et des projets du peuple, pas de l’impérialisme qui ne nous acceptera jamais en tant qu’Indiens, en tant qu’anti-impérialistes et antifascistes. C’est une lutte culturelle, idéologique et programmatique, » a écrit Morales sur les réseaux sociaux et il l’a répété lors de chacune de ses actions.
Et il a ajouté qu’au niveau international, « la tâche est, aujourd’hui, que les peuples gouvernent à nouveau pour nous intégrer, » c’est pourquoi il se bat pour relancer une Union des Nations Sud-Américaines (UNASUR) qui contrecarre l’influence et l’interventionnisme de l’Organisation des Etats Américains (OEA).
« Le temps des pleurs est terminé, maintenant, nous devons nous. organiser, » a-t-il dit dans l’un de ses premiers discours en Bolivie et il a donné l’exemple en remplissant son agenda de réunions de travail.
Cecilia González
source en espagnol : https://www.resumenlatinoamericano.org/2020/11/12/peru-antero-flores-araoz-recibio-doctorado-honoris-causa-de-telesup-y-alas-peruanas/
source en français (trduction de Françoise Lopez): http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/11/bolivie-evo-morales-de-retour.et-maintenant.html
« Le séparatisme de classe de nouveau panthéonisé ? par Floréal-PRCF (IC.fr-14/11/20)L’homme soviétique, qui fut-il ?-par Natalia ROUTKEVITCH (histoireetsociete.com-12/11/20) »
Tags : Bolivie, Evo Moralès
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