• Bolivie : Les véritables raisons du coup d'Etat (Bolivar Infos-6/02/20)

     Bolivie : Les véritables raisons du coup d'Etat (Bolivar Infos-6/02/20)

     

    La Bolivie a été victime d'un coup d’État à dimensions multiples, une conspiration orgnaisée soigneusement par des fonctionnaires de l'ambassade des Etats-Unis, les Comités Civils, les Forces Armées, l'église évangélique, la Police, les médias et d'autres acteurs de droite aussi bien dans le pays qu'à l'étranger. Les actions ont commencé de façon visible avec les réunions organisées avant les élections à Santa Cruz et à La Paz sous prétexte de « protestation pacifique » ou de « transition démocratique. » 

    Dans les 2 cas, la droite et les Comités Civils ont déclaré d'avance qu'ils ne reconnaîtraient pas les résultats des élections si le parti au pouvoir, le Mouvement Vers le Socialisme – Instrument Politique pour la Souveraineté des Peuples (MAS-IPSP), en sortait vainqueur car ils affirmaient que cette force politique allait commettre une fraude pour avoir la victoire.

    Les manifestations violentes, les actes de vandalisme et discriminatoires commis par l'opposition contre les partisans du MAS-IPSP et les Indigènes se sont transformés en coup d'Etat, le 10 novembre, quand le président Evo Morales s'est vu obligé de démissionner à cause des agressions et des menaces dont étaient victimes des dirigeants et les membres de leur famille et sous la pression du Général des Forces Armées.

    Selon les médias et les réseaux sociaux alignés sur les forces putschistes, il ne s'agissait pas d'un coup d'Etat mais de la réaction de tout un peuple mécontent à cause de la fraude, de la gestion corrompue du Gouvernement et en particulier de son dirigeant Evo Morales Ayma, qui cherchait à rester au pouvoir en violant la Constitution et la volonté du peuple. 

    Mais il vaudrait la peine d'analyser lefond de cette situation en répondant à une série de questions pour mettre en lumière cet événement. Pourquoi un coup d'etat en Bolivie ? Quelles sont les véritables raisons de ce coup d'Etat ? Qui sont les acteurs impliqués ? Que cherchent-ils à faire avec la Bolivie ? 

    La quinquennat 2000-2005 a été décisif pour la politique bolivienne : des mouvements sociaux d'Indigènes, de peuples originaires, de paysans et de marchands ambulants ont orgnaisé une série de protestations contre la privatisation des ressources naturelles. 

    Ils ont obtenu ainsi, grâce à la guerre de l'Eau en l'an 2000, l'expulsion de la Transnationale Bechtel qui avait signé un contrat avec Hugo Banzer, président de la Bolivie à cette époque, pour privatiser l'eau à Cochabamba.

    Ensuite, il y a eu la Guerre du Gaz, en 2003, quand les protestations populaires ont rejeté la commercialisation de cette ressource naturelle aux Etats-Unis grâce au Chili. Les manifestants, à El Alto, ont été violemment réprimés par l'Armée qui leur a tiré dessus, faisant un massacre connu sous le nom d'Octobre Noir.

    A la suite de cela, le peuple a exigé la démission du président Gonzalo Sánchez de Lozada qui a fini par fuir aux Etats-Unis. Son vice-président, Carlos Mesa, lui a succédé et a démissionné à son tour en 2005. Un gouvernement de transition dirigé par Eduardo Rodríguez Veltzé a alors organisé de nouvelles élections.

    Les élections ont eu lieu le 18 décembre de 2005 et Evo Morales Ayma les a gagnées avec 54% des voix. Il faut attirer l'attention sur 3 éléments : d'abord, l'élite gouvernante a été chassée du Gouvernement par le premier président indigène de l'histoire de la Bolivie.

    C'était comme si le ciel leur tombait sur la tête, comme si le mépris acerbe d'infériorisation échelonné avec ceux qui avaient ordonné le monde à partir de la couleur de la peau était parti en fumée face à l'insolence d'un paysan entrant au Palais du Gouvernement (Lineras, 2011).

    Deuxièmement : la nature du nouveau sujet politique de ce processus : le Mouvement Indigène, Originaire et Paysan (MIOC) qui, remplaçant la classe ouvrière faible, transforma toutes les protestations et propositions en passant de bloc d'insurgés à bloc de Gouvernement et plus tard, au pouvoir. 

    L'irruption du MIOC répond, en outre, au discrédit des partis politiques traditionnels et cela explique la création du MAS-IPSP qui, bien qu'il se présente aux élections en tant que parti politique, conserve un comportement propre très proche de la dynamique des mouvements sociaux. 

    Enfin, il faut parler de l'Ordre du Jour d'Octobre : le cahier de demandes des Mouvements Sociaux pendant la Guerre du Gaz est devenu Ordre du Jour du Gouvernement. En respectant ces revendications, le Gouvernement d'Evo Morales a engagé un processus de changement en partant de la nationalisation des ressources naturelles, en redistribuant les richesses grâce à des bons destinés aux secteurs les plus vulnérables et nécessiteux de la population.

    Il a également réussi à faire approuver une nouvelle Constitution qui a ouvert la voie à la naissance de l'Etat Plurinational de Bolivie qui permet la participation des peuples indigènes et originaires, reconnaît l'existence de 36 ethnies et établit le respect de leurs cultures et de leur vision du cosmos.

    D'autre part, les résultats économiques ont été excellents. La Bolivie, qui était le second pays le plus pauvre de la région est devenu le pays qui a eu la plus forte croissance pendant 6 années consécutives. La pauvreté extrême est passée de 38% à 15,2%. La classe moyenne s'est développée avec les secteurs indigènes et paysans. 

    Dans le domaine de la politique étrangère, le processus de changement s'est fait remarquer par son activité dans les organismes internationaux en défense de la souveraineté, de l'intégration et de l'autodétermination des peuples. La Bolivie n'a plus été soumise aux Etats-Unis. En effet, c'est le seul pays qui a expulsé de son territorie national les principales institutions étasuniennes, c'est à dire l'ambassadeur, la DEA et l'USAID.

    Grâce à ces éléments, nous sommes en mesure de comprendre les véritables raisons du coup d'Etat en Bolivie. L'élite blanche raciste, n'a jamais pardonné l'arrivée à la présidence d'un indigène cultivateur de coca et qu'il place, de plus, d'autres indigènes, à des postes de décision et comme si cela ne suffisait pas, arrache le contrôle des ressources naturelles.

    Ce sont là les 2 véritables causes du coup d'Etat : la discrimination raciale et la lutte pour le contrôle des ressources naturelles de la Bolivie 

    Le lithium et les acteurs étrangers

    Les ressources naturelles

    Dans le tableau de la géopolitique mondiale, les ressources naturelles occupent une position de choix et sont sources de conflits. C'est pourquoi tous les pays possesseurs de ces richesses qui mettent en place des projets nationaux de décolonisation et souverains sont identifiés par les Etats-Unis comme des Gouvernements qui violent les Droits de l'Homme.

    C'est évidemment le cas de l'Etat Plurinational de Bolivie, l'un des territoires qui possède la plus importante biodiversité de la planète éparpillée sur des espaces géographiques importants comme la Cordillère des Andes, l'Altiplano, l'Amazonie, le Pantanal, le Chaco, le Lac Titicaca. Il possède, en outre, du pétrole, de l'or, de l'argent, de l'eau, du bois et une importante réserve de gaz.

    Parmi ces richesses se détache la Saline d'Uyuni, le plus important gisement de lithium au monde, qui héberge 70% des réserves de la planète. Cette situation met le pays en condition de se renforcer en tant qu'acteur important sur la marché de ce qu'on appelle l'or blanc.

    Ce minerai stratégique est indispensable pour fabriquer des batteries de téléphones portables, d'ordinateurs, de voitures électriques. Les gisements se trouvent pour la plupart à un peu plus de 3600 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans le département de Potosí.

    Le lithium bolivien a pour caractéristique essentielle d'être mêlé à d'autres minerais et est soumis à 3 mois de pluies par an. C'est pourquoi il faut une expertise et un investissement de capitaux considérable pour l'exploiter.

    Dans ce but, l'entreprise allemande Acys Systems a été choisie pour le projet de traitement de la saumure résiduelle. Ce contrat est devenu la justification du conflit engagé par les membres du Comité Civil de Potosí, en particulier de son président Marcos Pumari, qui a accusé le gouvernement, en octobre de cette année, d'avoir conclu un contrat qui remet les ressources naturelles à des intérêts étrangers.

    En vérité, le projet était à 100% un projet d'exploitation par l'Etat, Gisements de lithium boliviens (YLB) étant le partenaire majoritaire. Cette entreprise vendait à Acys Systems la saumure et cette entreprise la traitait en territoire bolivien pour obtenir des produits de haut niveau qu'elle exportait en Europe.

    C'est à dire que les Boliviens touchaient le prix de la vente du produit, de nouveaux emplois étaient créés sous la direction du Gouvernement également bolivien, les brevets restaient là ainsi que les transferts de technologie et enfin les produits finis avaient un marché sûr pour leur commercialisation.

    D'autre part, la croissance constante de l'économie bolivienne et la stabilité politique et sociale sous le Gouvernement d'Evo Morales rendaient le pays encore plus attractif pour les investissements étrangers. Les nouvelles relations commerciales se mettaient en place sous le contrôle de l'Etat et sous les principes de souveraineté et elles avaient d'excellents résultats. L'alliance de la Bolivie et de la Chine dans le cadre de l’initiative de la Bande et de la Route destinée à mener à bien le projet de corridor bi-océanique en est un bon exemple. 

    La Chine, en outre, investit dans les ressources hydrauliques, le lithium et la technologie. Pour sa part, la Russie a investi environ 500 000 000 de dollars dans les hydrocarbures, le lithium, l'industrie alimentaire et la défense. En 2016, Gazprom et Gisements de Pétrole Boliviens (YPFB) ont signé un accord concernant l'exploitation conjointe de gisements de pétrole.

    Sans doute, la diversification des relations commerciales boliviennes, en particulier avec la Russie et la Chine, et la décision de faire participer activement les entreprises d'Etat à l'exploitation des ressources naturelles ont contribué à l'ébranlement de l'hégémonie des Etats-Unis dans la région. Ou c'est au moins ainsi que les Etats-Unis le perçoivent. C'est pourquoi ce sont eux qui ont financé et même conseillé ce coup d’État. 

    La discrimination raciale

    Malgré les efforts du Gouvernement pour éliminer ce fléau de la société, son éradication n'a pas été possible. Le racisme agit dans la subjectivité et la représentation sociale des individus et est la conséquence de la colonisation intérieure. La haine et le mépris de l'Indien a été pendant de nombreuses années une pratique courante en Bolivie.

    Analysons le sujet du point de vue symbolique. Ce n'est pas un hasard si les putschistes sont entrés au Palais Présidentiel avec la Bible, le rosaire et la drapeau tricolore bolivien. Respecter la promesse faite devant le conseil municipal de Santa Cruz de faire revenir Dieu au Palais a été un message clair, fort, colonialiste.

    De plus, toutes les concentrations des réunions de l'opposition à Santa Cruz se sont déroulées au pied de la statue du Christ. Les discours des dirigeants montrent, de plus, un fondamentalisme religieux qui répand la crainte de Dieu et la nécessité de participer à cette croisade pour que le bien triomphe du mal ou, ce qui est la même chose, que les hérétiques, ceux qui ont une vision du cosmos différente, les Indigènes, s'en aillent.

    En plus, les militaires ont supprimé la Whipala de leur uniforme et ce symbole a été brûlé sur la Place Murilo. La droite annonçait clairement ses intentions de reprendre le pouvoir grâce à l'exclusion de l'autre comme dans l'ancien temps. Le non respect des symboles des peuples originaires est une preuve du caractère raciste des forces putschistes.

    Un autre exemple en est l'agression physique de paysannes portant la jupe traditionnelle à Santa Cruz et ce qui s'est passé avec la maire de Vinto en Cochabamba, Patricia Arce qui a été obligée de marcher pieds nus, qu'ils ont offensée, humiliée, maltraitée, à qui ilsont coupé les cheveux et qu'ils ont arrosée de peinture seulement parce qu'elle était membre du MAS-IPSP, qu'elle était une femme et qu'elle était indigène.

    La droite et les classes moyennes traditionnelles à la peau blanche mais aux racines indigènes connues n'ont pas pardonné à Evo d'avoir dû avoir des relations avec la classe moyenne venue des secteurs sociaux antérieurement pauvres. Cette haine raciale a été habilement utilisée par les auteurs du coup d'Etat pour diviser le peuple et l'inciter à la violence.

    Qui sont les acteurs du coup d'Etat ? 

    Ce coup d'Etat perpétré en Bolivie fait partie d'un plan intégral que les Etats-Unis ont mis en œuvre en Amérique Latine pour récupérer leur hégémonie. Il a plusieurs facettes et de multiples acteurs.

    Les différentes parties de ce processus ainsi que le nom et la tâche de chacun des participants ont été dévoilés par le site “Behind the back door” 12 jours avant les élections.

    Ce site a révélé la participation des fonctionnaires de l'ambassade des Etats-Unis en Bolivie, de la droite, des médias, de l'église évangélique, etc...

    Le macho Camacho

    Luis Fernando Camacho Vaca est un avocat, entrepreneur et homme politique bolivien. Il a présidé le Comité Civil de Santa Cruz en 2019. Il a été le visage visible du coup d'Etat qui a invité le peuple de sa ville à ne pas reconnaître la victoire du MAS-IPSP et qui a apporté au Palais Présidentiel une lettre demandant que le Président signe sa démission.

    Camacho vient de l'une des familles les plus riches de Santa Cruz, propriétaire de l'entreprise Sergas qui avait le monopole des connexions de gaz avant l'arrivée au Gouvernement d' Evo Morales. Jeune, il a été vice-président de l'Union des Jeunes de Santa Cruz (UJC), une organisation considérée comme le bras dur du Comité Civil de Santa Cruz, avec une tendance évidente à la violence et aux pratiques fascistes.

    Ces jeunes ont participé activement à la tentative séparatiste de la Demi-Lune en 2008 et ont à nouveau agressé des Indigènes physiquement en 2019 pendant la grève civile de la Ville après les élections.

    Luis Fernando est membre de la Loge des Chevaliers d'Orient et utilise la foi et l'amour de Dieu comme élément fondamental de son discours à caractère messianique. Il est sur la liste des personnes impliquées dans les Panamá Papers. Il a commencé par encourager les protestations dans son département et est devenu une pièce maîtresse du coup d'Etat.

    Certains enregistrements audio révélés montrent Camacho expliquant aux médias comme désinformer et créer des opinions pour occulter la nature des événements sous prétexte d'un processus de rétablissement de la démocratie. Il abandonne étonnamment ses responsabilités au Comité Civil de Santa Cruz pour se présenter à la présidence du pays, montrant clairement son véritable objectif et son ambition d’accaparer le pouvoir. 

    Carlos Mesa Gisbert

    Mesa est un journaliste et un écrivain. Il a été vice-président de la Bolivie sous le Gouvernement de Sánchez de Lozada et quand celui-ci a fui aux Etats-Unis pendant la Guerre du Gaz, en 2003, il a assumé la présidence. Il a démissionné en 2005.

    Il y a des preuves qui le lient à des actes de corruption. On a démontré qu'il a reçu une forte somme d'argent pour se présenter à la vice-présidence avec Sánchez de Lozada. En 2014, il a été nommé par Evo Morales porte-parole de la Revendication Maritime de la devant la Cour Internationale.

    En 2019, il a été candidat à la présidence pour le Parti Communauté Citoyenne et il a été second. Son action la plus importante a été d'organiser les protestations après les élections.

    Le 20 octobre, les résultats partiel ayant été annoncés sans qu'on connaisse les résultats du vote rural qui n'a jamais été comptabilisé, il a encouragé ses partisans à protester contre la soi-disant fraude du MAS qui le faisait gagner au premier tour. C'est l'un des responsables de la vague de violence qui s'est déchaînée dans le pays à ce moment-là.

    Waldo Albarracín

    Recteur de l'Université Mayor de San Andrés, il a été l'un des orateurs les plus remarquables du Conseil de Santa Cruz et de la Paz avant les élections de 2019. Il a incité à la violence et à ne pas reconnaître les résultats des élections. Il a participé activement à la Campagne Internationale de la Droite, cherchant des soutiens pour qu' Evo Morales ne puisse pas se présenter. Il a utilisé les étudiants de l'Université et cette institution elle-même pour faire la politique de l'opposition au Gouvernement. 

    Williams Kaliman Romero

    Ex-commandant en chef des Forces Armées Boliviennes, il a fait partie du Cours de Commandement et de l'Etat Major à l'Ecole des Amériques en 2003. Il est passé dans l'histoire comme le général qui a suggéré à Evo Morales de démissionner, faisant ainsi du coup d'Etat une réalité.

    Vladimir Yuri Calderón Mariscal

    Commandant Général de la Police Bolivienne, il est étroitement lié à l'Ecole des Amériques. En 2018, il a été président des Attachés Policiers de l'Amérique Latine aux Etats-Unis. Il s'est enfermé et s'est mutiné avec ses hommes pendant les protestations violentes de la droite après le 20 octobre 2019.

    Jorge Tuto Quiroga

    A été vice-président puis président de la Bolivie en 2001. A été président du parti de droite Action Démocratique Nationaliste. Nous pouvons le considérer comme le responsable des relations internationales du coup d'Etat car il était chargé de faire des tournées internationales pour essayer d'empêcher Evo Morales de se présenter et chercher une légitimité pour les actions de l'opposition. Il a été nommé par la présidente autoproclamée représentant du gouvernement de Transition pour les Droits de l’Homme. 

    Les autres acteurs 

    Les médias

    Les médias et les réseaux sociaux méritent un traitement particulier. Leur travail de désinformation en alliance avec les forces putschistes ont été concentrés sur la négation de l'existence d'un coup d'Etat en imposant l'idée d'une transition vers la démocratie. Ils ont occulté les actes de vandalisme et les crimes du Gouvernement de fait de la sénatrice Añez. Il faut souligner le rôle des réseaux sociaux et en particulier de Twitter dans l'organisation des mobilisations de la droite et la création de 100 000 faux comptes de soi-disant partisans de Camacho et d'Añez.

    L'OEA

    Cette organisation, avec sa réputation bien gagnée d'avoir soutenu dans le passé des coups d'Etat et des mesures d'oppression des peuples, a été un allié essentiel des forces putschistes. On peut dire que la publication d'un rapport préliminaire sur les élections avant la date fixée a été le catalyseur qui a aidé à concrétiser le coup d'Etat en quelques heures. 

    L'église évangélique

    Les églises évangéliques de plus en plus liées à la politique sont des instruments fonctionnels de l'impérialisme, reçoivent un financement des cercles les plus conservateurs, des sympathisants de leurs positions machistes, patriarcales et xénophobes. Dans le cas de la Bolivie, ils ont servi, en outre, de véhicule pour faire entrer dans le pays le financement du coup d'Etat. 

    A l'étranger

    Nous ne pouvons pas ignorer la participation d'individus qui font partie de l'histoire de la Bolivie mais vivent aux Etats-Unis. C'est le cas de l'ex-président Sánchez de Lozada, responsable du massacre d'Octobre Noir en 2003, de Sanchez Berzain, directeur de l'Institut Inter-américain pour la Démocratie qui a dirigé plusieurs ministères sous e Gouvernement de Sánchez de Lozada.

    Après les élections, il a tenu un rôle actif dans les médias en faisant passer l'ambassadeur de Cuba en Bolivie, Carlos Rafael Zamora, pour le soi-disant chef des opérations et le responsable des troubles, semant ainsi la haine envers les Cubains dans la société bolivienne.

    Jeanine Añez: L'autoproclamée

    Pour couronner cette liste d'acteurs du coup d'Etat, nous avons gardé Jeanine Añez, avocate, présentatrice de télévision et sénatrice pour l'alliance Unité Démocratique. Après la démission d'Evo Morales, de García Lineras, d'Adriana Salvatierra et du député Borda, elle s'est autoproclamée présidente de la Bolivie. 

    Selon ses déclarations, sa mission était de pacifier le pays et d’organiser de nouvelles élections. Mais Añez a pris un décret qui dégage de toute responsabilité pénale les forces de sécurité dans l'exercice de leurs fonctions de pacification, en d'autres termes, elle a donné le feu vert aux militaires pour réprimer le peuple violemment. En moins d'1 mois, elle a déjà été responsable de la mort d'environ 30 personnes. 

    Que cherchent-ils à faire en Bolivie ?

    Les mesures prises par le gouvernement de la présidente autoproclamée Añez nous donnent toutes les pistes nécessaires pour répondre à cette question. Leur principal objectif, selon la droite putschiste, est de « pacifier et démocratiser le pays. » Sous ce prétexte, ce qu'il fait réellement, c'est démanteler continuellement et sur un rythme accéléré le processus de changement. 

    Ce mal nommé Gouvernement de transition a des tendances dictatoriales et fascistes. Il suffit d'analyser l'arrivée de Jeanine Añez au Gouvernement sans l'approbation de l'Assemblée Législative Plurinationale qu'ils ont empêché le plus possible de se réunir, certains que par la voie légale, sa nomination serait presque impossible ni nous tenons compte du fait que le MAS-IPSP a deux tiers des sièges dans les 2 chambres.

    Même l'investiture a eu une importante charge symbolique : l'écharpe présidentielle a été mise à Jeanine Añez par un des militants putschistes, tous les assistants à cette cérémonie étaient blancs et comme elle l'a dit : « enfin, Dieu est revenu au Palais. » Alors, « au nom de Dieu, » la première mesure adoptée a été de faire sortir les militaires dans la rue pour « en finir avec le vandalisme des partisans du MAS » en criminalisant la protestation des partisans d'Evo Morales.

    Les mêmes policiers et militaires qui avaient accepté les destructions et la violence de la droite quelques jours avant, répriment à présent avec des armes la revendication légitime des citoyens, pour la plupart indigènes, appartenant à des peuples originaires, paysans, et comme si ce n'était pas assez, le font sous la protection du décret 4078, signé par Añez qui décharge de toute responsabilité pénale les forces de sécurité.

    Les fonctions de ce Gouvernement de transition devaient soi-disant se limiter à obtenir la paix dans le pays, un accord entre les forces politiques, l’organisation de nouvelles élections et dans cet objectif, la nomination de nouvelles autorités électorales.

    Mais il a dangereusement outrepassé ses fonctions. Par exemple, il a nommé un nouveau cabinet contesté. Que parmi les nouveaux ministres ne se trouve aucun indigène et encore moins de militants du MAS-IPSP mais beaucoup de sombres individus ne doit pas nous étonner.

    C'est le cas d' Arturo Murillo, ministre du Gouvernement, qui a ouvertement déclaré qu'il ferait la chasse aux autorités du Gouvernement antérieur en les accusant d'avoir provoqué le chaos dans les rues ? Pour sa part, la chancelière Karen Longaric, récemment nommée, a immédiatement relevé de leurs fonctions 80% des ambassadeurs boliviens, rompu les relations avec le Venezuela et s'est démarquée de l' ALBA-TCP et annoncé qu'on étudiait la possibilité de s'éloigner de l'UNASUR.

    La ministre de la Communication Roxana Lizarraga, a menacé les journalistes aussi bien boliviens qu'étrangers d'être traînés devant les tribunaux à cause du contenu de leurs articles, limitant ainsi par ces pressions la possibilité que la vérité sur les événements dans le pays soit diffusée.

    Du point de vue économique, les entreprises stratégiques d'Etat ont déjà été remises en question et seront certainement soumises à un audit qui les déclareront déficitaires pour ouvrir la voie à la privatisation. Le Gouvernement de Jeanine Añez prépare le terrain pour le retour des élites politiques qui ont soumis le pays à la pauvreté dans le passé.

    Conclusions

    Le coup d'Etat en Bolivie a mis en évidence la bagarre entre 2 projets de pays : le projet du peuple indigène, originaire, paysan et le projet néolibéral. Les méthodes utilisées pour usurper le pouvoir au Gouvernement légitime d'Evo Morales Ayma ont été diverses. On a mis en place une persécution politique des membres du MAS-IPSP en s'acharnant particulièrement sur ses principaux dirigeants qu'on veut soumettre à des procédures judiciaires pour décapiter l’organisation.

    Ils ont semé la terreur dans la population en diabolisant les travaux du processus de changement, en criminalisant la protestation. Maintenant, ils sont également plongés dans un processus de recherche d'objectifs économiques qui sans doute ouvriront la voie à la privatisation. En quelques mots, on vit une époque de dictature dans l'Etat Plurinational de Bolivie et cela a donné un rude coup à l'Abya Yala. 

    Mais on ne peut as encore dire le dernier mot sur ce processus. Le MAS-IPSP a devant lui le défi gigantesque d'unir les forces et de se réinventer pour affronter la droite qui certainement, malade d'ambition, se divisera à nouveau. Il est temps d'en appeler aux réussites accumulées du Gouvernement des plus humbles et d'éviter que le pays perde les réussites obtenues en 14 ans de gouvernement.

    (Extrait de CubaSocialista) 

    Source en espagnol :

    http://www.cubadebate.cu/especiales/2020/02/03/otro-golpe-al-abya-yala-las-verdaderas-razones-del-golpe-en-bolivia/#.Xjkoci17R_8

    Source en français   :http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/02/bolivie-les-veritables-raisons-du-coup-d-etat-texte-integral.html

    « Les historiens n’ont plus accès aux archives de 39-45, leurs travaux sont menacés (OF.fr-1/02/20-7h31)Le budget 2020 de Quimperlé Communauté approuvé par les élus (LT.fr-7/02-17h16) »
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