Le printemps marque le retour de migration du gravelot à collier interrompu sur le haut des plages du littoral breton. L’association Bretagne Vivante veille au respect de cette espèce protégée. Illustration en Cornouaille.
Bretagne Vivante a en charge le suivi et la protection du gravelot à collier interrompu sur l’ensemble du littoral breton. Ses techniciens et bénévoles s’ingénient à sensibiliser le public à la nécessité de respecter les sites de reproduction sur la partie supérieure des plages. Il s’agit de favoriser la préservation de cette espèce protégée.
Le vaste secteur littoral, qui s’étend de la Pointe de Trévignon à la Baie d’Audierne, en passant par l’archipel des Glénan, l’île aux Mouton et la Pointe de Mousterlin à Fouesnant, constitue le site de reproduction le plus prisé des gravelots au sortir de l’hiver. Près de 80 couples s’y installent dès le mois d’avril pour pondre 3 œufs dans des nids à même le sable ou dans les galets.
« En 2020, 235 couples reproducteurs ont été recensés en Bretagne »
« Il faut savoir qu’après un fort déclin, l’espèce a vu ses effectifs remonter », explique David Hémery, coordinateur régional du suivi des gravelots à collier interrompu pour l’association Bretagne Vivante. « En 2020, 235 couples reproducteurs ont été recensés en Bretagne, dont 93 en Finistère », précise-t-il. Il faut dire que l’association a instauré un plan de conservation globale de cet écosystème fragile que constituent l’estran et les hauts de plage.
David Hémery et Adrien Perrier au chevet du gravelot, du côté de Mousterlin.
Ce jeudi 25 mars, c’est sur la plage de Kerler à Mousterlin, que David Hémery a retrouvé Adrien Perrier, le technicien chargé du patrimoine naturel et de la biodiversité à la communauté de communes du Pays fouesnantais (CCPF). La collectivité se révèle partenaire de la protection du petit limicole côtier, populaire sur le littoral breton, très sensible au dérangement et au piétinement. « Sur la flèche de la Mer Blanche, nous avons engagé des travaux pour éviter le piétinement et le morcellement des dunes, en collaboration avec l’Office national des forêts (ONF). Notamment la fermeture de certains accès aux plages ». Car Mousterlin est le site de nidification le plus précoce des gravelots dans le Finistère. Ils y resteront jusqu’à la mi-juillet.
« 20 à 30 % des échecs sont dus à la submersion marine »
Mais d’ores et déjà, les promeneurs arpentent les plages sans connaître l’importance d’être attentifs et vigilants. Les chiens sont autant de dangers pour les gravelots s’ils ne sont pas tenus en laisse. « On ne travaille pas contre la prédation mais pour la protection de la ponte », indique David Hémery. « 20 à 30 % des échecs sont dus à la submersion marine, une grande majorité aux aléas climatiques naturels. Il y a seulement 2 à 3 % sur lesquels on peut travailler », complète le coordinateur régional de Bretagne Vivante.
Attention aux œufs et aux oisillons nichés dans le haut des plages.
« Protéger et conserver la population passe par une prise de conscience collective des particuliers, mais aussi des collectivités qui n’ont pas obligation de nettoyer systématiquement les plages et la laisse de mer avec des cribleuses. C’est le garde-manger des prédateurs des gravelots que sont les corneilles ou les goélands », pointe-t-il. Plus légèrement, il signale que « le gravelot, c’est un loser » : « il a la culture de l’échec. Il n’apprend pas ou peu de la destruction de ses nids ou de ses œufs. Les échecs dus à l’homme, ce n’est pas dans son logiciel », éclaire David Hémery.
Une charte de bonne conduite
Bretagne Vivante a instauré une charte de bonne conduite pour la protection du gravelot à collier interrompu, et plus largement pour la biodiversité. « Ce ne sont pas des interdictions, mais des préconisations », précise David Hémery. Une fois sensibilisés, les promeneurs deviennent naturellement respectueux. « À Mousterlin, les gens se font le relais de notre action », illustre-t-il.
Le gravelot est emblématique du littoral breton.
Parmi les consignes distillées, il convient de tenir les chiens en laisse et de privilégier les sorties à marée basse - sans oublier que les chiens sont interdits sur les plages du 1er juin au 30 septembre -, de rester sur les sentiers balisés et d’éviter de marcher sur le haut des plages et des dunes où nichent les gravelots. Par ailleurs, il est fondamental de respecter les mesures de protection (enclos, panneaux d’information, etc.), de ramasser ses déchets en s’assurant qu’il n’y a pas de nid en dessous.
Christian Le Beuze
source: https://www.letelegramme.fr/