• Colombie : Dictature du crime et coups d’État (resumen- 5/05/22)

     Colombie : Dictature du crime et coups d’État   (resumen- 5/05/22)

    Par Carlos Munevar

     

    L’histoire de l’Amérique latine a été marquée par la botte des militaires de Mar del Plata et des Andes chiliennes jusqu’aux côtes des Caraïbes en l’Amérique centrale, des militaires sous la protection de la droite et des États-Unis ont marqué l’histoire de notre grande Patrie.

    Les noms de Pinochet, Stroessner, Somoza, Videla, Noriega, Duvalier et tant d’autres sont dans la mémoire de millions de personnes non seulement parce qu’ils sont arrivés au pouvoir par des méthodes violentes et frauduleuses mais parce que leurs Gouvernements ont été marqués par la barbarie absolue, les violation des droits de l’homme et toute une série d’épisodes brutaux qui ont empli de sang l’histoire du XXe siècle.

    Les morts et les disparus de ces sombres années réclament encore justice et réparation. Beaucoup de ceux qui en ont souffert, dans leur majorité des femmes et des mères attendent des réponses qui souvent ne viennent pas parce que l’une des choses les plus criantes est que ceux qui les ont perpétrées ont agi dans l’impunité que leur ont accordée les médias, un appareil d’Etat totalement à leur service et le soutien ou la complicité de la société qui, malgré toutes les preuves historiques, pense encore que les causes défendues par ces régimes sont justes dans la mesure où elles conservent le statu quo de certains et bénéficient à leurs intérêts particuliers. Il faudrait demander aux Colombiens : rêvez-vous de quelque chose de semblable ?

    Mais dans le fond de toute cette histoire d’horreur se trouvent deux éléments essentiels : d’une part l’héritage du phénomène du caudillisme en Amérique latine, une pratique politique qui a renforcé les républiques naissantes du sous-continent pendant le XXe siècle, dans laquelle un « surhomme » avec une auréole messianique dans la plupart des cas d’origine militaire ou à caractéristique autoritaire, est reconnu par la majorité de la société comme le porteur de la vérité et des solutions, ce qui lui permet dans cette mesure de monopoliser le pouvoir politique, militaire et d’établir une dictature pour le « bien commun », une espèce « d’absolutisme » européen adapté aux pays sous-développés de l’autre côté de l’Atlantique. Mais pendant le XXe siècle et avec la dépendance de plus en plus importante envers les États-Unis, ces expressions ont commencé à décliner en faveur de Gouvernements qui ont agi de plus en plus comme des ambassade des États-Unis dans chacun des pays latino-américains. 

    L’assassinat du dirigeant populiste libéral Jorge Eliecer Gaitan en Colombie a été la preuve de la soumission et de l’alliance de l’oligarchie colombienne aux desseins de Washington.

    Mais c’est la guerre froide et la doctrine de sécurité nationale qui, à partir de la puissance nord-américaine, ont commencé à soutenir les coup d’Etat et les régimes brutaux et inhumains pour « arrêter » et prévenir l’entrée de la menace communiste sur le continent. Le Plan Condor et l’Ecole des Amériques ont été le scénario concret dans lequel les fragiles démocraties ont été rassemblées des Caraïbes aux Andes. En Colombie, le coup d’Etat atypique du Général Gustavo Rojas Pinilla dans les années 50 contrastait un peu avec cette doctrine et a scellé une route, a été marqué par le soutien populaire, l’arrivée au pouvoir avec l’aide de factions du parti conservateur, une série d’avancées importantes dans les infrastructures et même la reconnaissance du vote des femmes en 1954. Son Gouvernement a eu un double visage : populiste d’une part et répressif de l’autre. Mais ceux qui étaient les plus mécontents étaient les mêmes élites des partis politiques libéral et conservateur qui ont fini après une longue succession de pactes (Sitges, San Carlos) par concrétiser une alliance bipartite entre libéraux et conservateurs appelée Front National qui a fini par établir une espèce de « dictature civile » à laquelle le bipartisme a fermé aux autres mouvements sociaux et politiques la possibilité de participer en alimentant la création de guérillas et d’armées privées sans participation, sans revendications et sans droits politiques.

    De cette manière, les oligarchies colombiennes n’ont donné au peuple de ce qu’ils ont appelé « la démocratie la plus stable d’Amérique latine » le choix qu’entre le libéralisme et les conservateurs. 

    Pendant ce temps là, le peuple, ces « personne » rendu invisible, souffrait comme aujourd’hui d’une profonde exclusion. En même temps que ces faits se déroulaient est arrivé le négoce de la coca, les grands cartels du trafic de drogue, le processus d’expropriation des terres a continué, le M–19 est apparu, une guérilla urbaine atypique parce qu’elle n’était pas d’idéologie socialiste et née en tant que riposte au vol des élections par les conservateurs en 1970. La violence n’a jamais cessé, la promesse du Front National d’un finir avec la violence n’a été qu’un sophisme de diversion pour resserrer plus la corde et asphyxier la démocratie.

    Alors qu’au rythme du merengue dominicain arrivait le rock en espagnol, la salsa et les vallenatos, le peuple entrait en plein dans les folles « années 80 », un pandémonium s’appropriait l’État colombien, des propriétaires terriens, des patrons, des trafiquants de drogue, des politiciens et des puissants ont défini l’avenir, des fleuves d’argent produits du trafic de drogue ont inondé les institutions, ont provoqué des assassinat de chef d’État, ont graissé la main à plus d’un, ont écarté du chemin ceux qui les gênaient, ont dégradé la guerre en alimentant les finances des guérillas et des paramilitaires. Ça a été une prospérité de la coca qui a dynamité la politique colombienne.

    Et il en a tellement été ainsi qu’avec la nouvelle constitution politique de 1991 produite par le septième bulletin, le pays ne s’est pas amélioré. Pire encore, le néolibéralisme a imposé par Gaviria qui en a fini avec l’agro, a brisé des milliers d’entreprises, a généré le chômage, détruit les syndicats et leurs luttes d’éleveurs, profité aux importateurs et ont commencé à apparaître des centaines de centres commerciaux pleins de vitrines luxueuses et des vitrines, des magasins et des marques internationales de tous les produits qui ont donné l’idée de progrès à beaucoup, aux riches et aux enfants gâtés du régime que Miami n’était pas si loin, les moins riches sont tombés à genoux en sentant pour un moment qu’ils pouvaient être à un autre niveau par le seul fait de faire un tour dans ces nouvelles « cathédrales » du XXIe siècle, profiter de la vue, manger une glace et s’endetter avec la carte de crédit.

    Les luttes sociales, la violence et le massacre étaient télévisés et redevenaient une partie du paysage, les habitants des villes ont commencé à regarder le conflit social comme le problème de quelques-uns tandis que la Colombie profonde se couvrait de sang avec des attentas et des assassinats de dirigeants et que la ville affectait la « tranquillité », le colombien moyen des grandes villes se noyait dans la culture de la consommation et de l’apparence, avalait tout cru le conte de « l’argent facile » et l’entreprise, la culture bruyante et la femme prépayée ont alimenté le rêve de milliers qui sont tombés dans les assassinat commandités, le mannequinat comme façade pour la prostitution de haut niveau et la dévotion à la violence et au luxe. La stigmatisation des pauvres, des noirs, du paysan et de cet ennemi inventé qui est toute personne qui parle de justice sociale et de droits de l’homme ont fait carrière dans l’imaginaire de beaucoup.

    Mais le pire serait arrivé quand les mafia on réussi à avoir le monopole du pouvoir, les libéraux et les conservateurs ont cédé leur dictature au messie du clan Ochoa, la société était tellement décomposée qu’elle s’est mise à genoux devant ce « compatriote du front » qui promettait la fin de la guérilla mais qui a fini par étiqueter guérillero et terroriste tout contradicteur, les tours jumelles et la lutte contre le terrorisme mondial imposée par Bush a légitimé son discours, Uribe et ce « caudillo » produit par une alliance entre les trafiquants de drogue et les paramilitaires réussirent à monopoliser le pouvoir et à devenir une version de la dictature du XXIe siècle en instaurant un régime qui renforce le néolibéralisme, avec de claires tendances néofascistes et des chiffres effrayants qui feraient rougir Videla et Pinochet réunis. Avec 20 ans au pouvoir, il a placé deux présidents et il veut imposer le troisième, son armée est très sagace, il n’a pas besoin d’habiter le palais de Nariño , pour cela il a tout un réseau de politiciens dans les régions, la majorité au Congrès, des alliances avec les partis traditionnels et des forces armées qui se sont transformées après deux décennies en une armée au service du parti au gouvernement. Un sujet assez grave et qui, sans nier l’histoire sombre de l’appareil répressif colombien, met encore plus en évidence la décomposition brutale de la police et de l’armée pendant ces dernières années.

    C’est pourquoi les dernières déclarations du commandant de l’armée, le général Zapateiro, participant ouvertement à la politique en parlant de Gustavo Pétro et en violant la Constitution nationale (article 219 19) qui interdit l’ingérence et la prise de parti des militaires en politique sont très graves. Le militaire a même répété sur le ton de la menace dans ses dernières déclarations : « jamais je ne m’en irai… Parce que je laisserai beaucoup de Zapateiro dans l’institution, » encore plus avec l’aval que le président Duque lui-même lui a accordé.

    Ajoutée à ce qui précède, « l’erreur, de Noticias Caracol qui, dans une émission de la mi-journée jeudi dernier dans laquelle, suite au témoignage d’une soi-disant audience de Hugo « Paulo » Carvajal en Espagne, a sorti une fausse nouvelle qui incrimine Pétro lui-même pour avoir soi-disant reçu des apports économiques du chavisme. Après l’appel des avocats du candidat dénonçant la fausseté de l’information, le directeur de l’information de la chaîne en personne, Juan Roberto Vargas, a dû sortir pour rectifier : « Nous affirmons de bonne foi et sur la base de ses informations puisqu’elle se trouvait sur les lieux des faits, que lla preuve été faite. L’information enregistrée n’est jamais survenue. Noticias Caracol présente ses excuses à tous les téléspectateurs et aux personnes affectées par cette information erronée. »

    Je ne m’étendrai pas sur « les pièges » que subit ce candidat avec des sujets concernant la soi-disant réduction de peine de corrompus en échange de voix, une situation déjà éclaircie par Pétro lui-même et par les témoignages de ceux qui sont impliqués, qui nient et laissent sans soutien la tentative de l’uribisme de porter atteinte à son image et à sa campagne.

    Mais tout ce parcours historique est destiné à mettre en évidence une grave situation et à alerter : même si le régime urbaniste n’est pas une dictature militaire typique, c’est l’accentuation d’un modèle politique autoritaire et excluant qui a eu le monopole du pouvoir en Colombie. Ce qui est grave, c’est que la décision manifeste et claire du commandant de l’armée de se mêler de politique, une chose qui n’aurait pas dû arriver, accompagnée de l’ingérence évidente du président Duque, du procureur Barboza et des grands médias comme Caracol, RCN et la revue Semana représentent la possibilité d’un éventuel coup d’Etat en cas d’une éventuelle victoire de Gustavo Pétro et même pire, a légitimé à la pointe du micro, la botte des militaires et l’absence de soutien international.

    Habilement, l’uribisme et Duque continuent leur politique de dépendance envers les États-Unis en profitant de la guerre en Ukraine pour se mettre totalement du côté des intérêts nord-américains et recycler à nouveau les vents de la guerre froide. La Colombie ne peut continuer à être l’Israël de l’Amérique latine, la politique uribiste non seulement est une tragédie pour le peuple colombien mais est une menace, est un danger pour la souveraineté des peuples latino-américains.

     

    Source en espagnol :  https://www.resumenlatinoamericano.org/2022/05/05/colombia-dictaduras-del-crimen-y-golpes-de-estado/

    Source en français (traduction de Françoise Lopez) :  http://bolivarinfos.over-blog.com/2022/06/colombie-dictature-du-crime-et-coups-d-etat.html

    « Colombie : Rodolfo Hernández refuse de débattre avec Gustavo Pétro (telesurtv.net-17/06/22)3 questions à Camila Andrea Galindo Martinez sur le second tour des élections en Colombie -par Robin Delobel (Investig'Action-17/06/22) »
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