C’est peu courant de voir les salariés d’une Mission locale se mobiliser…
Oui, c’est complètement inédit. Ce n’est jamais arrivé, en tout cas à la Mission locale du pays de Cornouaille. Parce que le personnel est très, très impliqué dans ses missions et est très consciencieux. Et parce qu’il n’y a pas du tout de culture syndicale dans les Missions locales.
Alors pourquoi un tel débrayage ?
Nos salaires sont indexés sur un point d’indice qui est rapporté à une grille de compétences. Les salaires sont basés sur cette grille. Mais il faut savoir qu’il n’y a jamais eu d’augmentation de point depuis 2017. Depuis deux ans, les négociations annuelles n’aboutissent pas non plus. Ce n’est pas faute, pourtant, d’apporter des arguments sur le niveau de vie, etc. On reçoit beaucoup de jeunes en détresse. Il faut donc être psychologue, pédagogue, non jugeant, assistant social… On a vraiment toutes les casquettes. On est donc très frustré de ne pas avoir de reconnaissance.
Ce sont les seuls points de grief ?
Non. Depuis octobre, nous avons un avenant à la convention collective des Missions locales, qui était censé faire évoluer tout le monde financièrement. Notre syndicat employeur mettait trois millions d’euros sur la table à l’échelle nationale (…). Mais la Mission locale du pays de Cornouaille, la troisième de Bretagne en taille et en budget, a décidé d’appliquer cet avenant a minima.
A minima, c’est-à-dire ?
Un salarié qui a vingt ans d’expérience à la Mission locale se retrouve sur la même cotation qu’un salarié qui vient de commencer… Ils n’ont pas choisi de valoriser le regard expert de certains salariés (…). C’est donc une vision assez simpliste : une tâche, une cotation, un salaire.
Vous dites que la Mission locale du pays de Cornouaille est la « lanterne rouge » en termes de salaires.
Oui, ils sont largement au-dessous de ceux des autres Missions locales de Bretagne. Je parle de salaires low cost. Ce sont des salaires les plus bas possible.
Pourquoi ce que d’autres ont réussi, vous n’avez pas pu le faire en Cornouaille ?
Parce qu’il n’y a pas de dialogue social.
Qui a les moyens de changer la donne ?
Les Missions locales sont associatives. Elles fonctionnent avec un président - Isabelle Assih en ce qui nous concerne -, un bureau, un conseil d’administration et un directeur. C’est donc le conseil d’administration qui décide d’accorder ou non. Ce qu’on attend, c’est d’être reçu par notre présidente, que l’on puisse échanger sur sa façon de voir les choses. On n’est pas là pour renverser la table, on veut juste faire valoir des droits.
Pratique
Le débrayage de mardi, entre 11 h et 12 h, aura lieu devant la maison mère de la Mission locale, à Quimper, mais aussi dans les antennes, situées de Quimperlé à Audierne, de Briec à Penmarc’h.