• L’avenir de la pêche bretonne suspendu au Brexit (LT.fr-12/10/20-6h00)

    Saint-Guénolé (29). Le chalutier hauturier L'Estran à son retour d'une campagne de pêche au large de l'Irlande

    Au menu des discussions, cette semaine à Bruxelles, les négociations pour un accord de pêche avec le Royaume-Uni entrent dans la dernière ligne droite. Un sujet d’inquiétude pour les pêcheurs bretons, premier volet de notre enquête consacrée au Brexit.

    Balayé par les bourrasques, le port de Saint-Guénolé (29), à la pointe de Penmarc’h, attend de connaître le sort réservé à la pêche française. Le long des quais presque déserts, L’Horizon et les Calanques, deux chalutiers bleus et blancs de l’armement La Houle, sont en relâche, bientôt prêts à rejoindre l’ouest Irlande et la mer Celtique, deux des zones de la pêche hauturière où travaillent les Bretons. Depuis son bureau qui domine le port, Jacques Pichon, le directeur de l’armement, l’un des principaux de la pointe bretonne, se dit davantage préoccupé par le marché du poisson, à la peine dans le contexte de la crise sanitaire, que par les négociations entre l’Union européenne et les Britanniques sur le Brexit. Le dirigeant semble malgré tout confiant : « Il y a une possibilité d’accord juste et équitable ».

    Bras de fer

    Rien n’est pourtant gagné pour la pêche française, dans le flou total à moins d’une semaine de la « deadline » fixée par le gouvernement de Boris Johnson. Depuis la réouverture des négociations, mercredi, le bras de fer se poursuit entre les Britanniques , dont la volonté est de contrôler leurs eaux poissonneuses et une Union européenne divisée sur la question, malgré le signe d’apaisement de Michel Barnier, évoquant la nécessité d’un compromis.

    Politique pour le gouvernement britannique, l’enjeu est d’abord économique de ce côté-ci de La Manche. Principale organisation de producteurs française, avec un total de 650 navires, Pêcheurs de Bretagne a fait ses comptes. « Sur les 300 M€ de chiffre d’affaires de nos adhérents, la moitié est réalisée par une centaine de navires dépendant directement, entre 20 et 100 %, des eaux britanniques », souligne Yves Foëzon, son directeur. Une dizaine de bateaux de la Cobrenord, travaillant en Manche ouest et mer Celtique, sont également concernés.

    « Partir de mer Celtique ne se fera pas du jour au lendemain »

    Carte des traits de pêche à l’appui, Jacques Pichon évoque la politique récente de l’armement, depuis l’arrivée de capitaux irlandais : « Nous sommes moins dépendants des eaux britanniques que nous l’avons été ». Ne plus pêcher dans la zone économique de la Grande-Bretagne, au 1er janvier prochain, n’est pourtant pas envisageable. Chaque hiver, les bateaux de l’armement habitués à l’ouest Irlande ont besoin de se replier dans le sud du canal Saint-George quand la mer devient mauvaise. « Partir de mer celtique ne se fera pas du jour au lendemain », prédit le directeur d’armement.

    Une réalité encore plus criante pour les trois chalutiers de 46 mètres de la Scapêche (Lorient), premier armement français à la pêche fraîche avec 24 navires. Les trois bateaux en base avancée à Lochinver (Highlands) n’ont pas d’autre solution technique que de continuer à pêcher dans l’ouest de l’Écosse. Jean-Baptiste Saria, le président du groupe Agromousquetaires, ne cache pas son inquiétude : « Nous étudions plusieurs scénarios mais la difficulté est que nous n’avons pas vraiment de visibilité ». L’enjeu est double pour le groupe dont la pêche est transformée dans ses ateliers.

    L’avenir de la pêche bretonne suspendu au Brexit

    La rentabilité en question

    Dans la perspective d’un « no deal », le principal risque est une concentration de l’effort de pêche dans les eaux communautaires. Pour Olivier Le Nézet, le président du comité régional des pêches de Bretagne, la politique des quotas doit permettre de réguler la pêche. Mais les pêcheurs bretons s’inquiètent malgré tout d’un possible report sur des espèces comme la lotte pour laquelle des quotas restent disponibles. « Si la pression augmente, on risque à terme de voir les rendements baisser et la rentabilité économique des entreprises se réduire », souligne le directeur de Pêcheurs de Bretagne.

    Une pression dont la pêche côtière pourrait devenir victime, par ricochet. Si Olivier Le Nézet promet des moyens pour protéger la bande côtière des 12 milles, les pêcheurs de bar craignent de souffrir un peu plus de la raréfaction de la ressource, par effet domino.

    Dans ces conditions, ni le Royaume Uni, ni l’Union européenne ne semblent avoir un intérêt à ne pas tomber d’accord. Il y va de l’avenir de la pêche bretonne qui pèse pour moitié à l’échelle nationale. Dans le Pays bigouden, où La Houle vend son poisson comme sur l’ensemble du littoral, l’avenir de toute la filière est suspendu aux conditions de l’accord.

    Jean Le Borgne

    source: https://www.letelegramme.fr/

     

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