« Brest Métropole n’a plus les moyens d’assumer ses Ehpad et veut faire payer ses agents ». Voilà le constat d’un des nombreux manifestants qui se sont rassemblés, ce mercredi midi, devant l’hôtel de ville, pour réclamer l’arrêt de la casse sociale au sein des Ehpad publics gérés par la Ville. À l’appel d’une intersyndicale (FO, CGT, Unsa, Sud Collectivités territoriales, CFDT de Brest Métropole), ils affichaient à l’unisson des revendications urgentes.
Un préavis de grève reconductible a été déposé pour réclamer le maintien des 1 547 heures de travail annuel (alors que la loi de transformation de la fonction publique impose 1 607 heures annuelles). Les grévistes veulent aussi que soit maintenue la majoration des heures du dimanche à 100 %. À leurs yeux, ces deux acquis, qui compensent légèrement des conditions de travail pénibles avec des moyens en baisse, doivent être sauvegardés.
Autre son de cloche du côté de la mairie. « Nous devons absolument équilibrer les budgets de nos Ehpad, et les agents doivent faire un bout de chemin dans ce sens, leur répond Bernadette Abiven, l’élue chargée des relations humaines ».
Les agents des Ehpad sont entrés en nombre dans la mairie avant d’être reçus par Bernadette Abiven.Faire les poches des agents
Pendant le confinement, beaucoup de moyens ont été mobilisés pour que toutes les structures continuent à fonctionner normalement. « Le résultat, c’est une ardoise de 600 000 € que l’Agence régionale de santé ne veut pas payer. On nous demande de faire des efforts pour sortir les comptes du rouge, déplore Catherine, aide-soignante depuis trente ans, aujourd’hui employée à Louise-Le Roux, l’Ehpad des Capucins. J’aime mon métier mais, aujourd’hui, la Ville s’en prend à nos acquis et c’est inacceptable ».
Le midi, on se retrouve avec une fourchette dans chaque main pour faire manger deux personnes en même temps !
Une fourchette dans chaque main
Amahadi est une jeune aide-soignante à la résidence Kerlevenez, rue de Champagne, à Bellevue. Le travail en flux tendu est aussi son quotidien. « À l’école, on nous apprend à faire une toilette en trente minutes, mais quand, le matin, une seule aide-soignante doit s’occuper de treize résidents, c’est aussi dur pour eux que pour nous. Le midi, la situation est pire, on se retrouve avec une fourchette dans chaque main pour faire manger deux personnes en même temps ! Et je ne parle même pas des résidents en fin de vie, auxquels nous ne pouvons même pas accorder une seule minute… ».
L’intersyndicale est forte
« Nous avons parfaitement conscience de la réalité du métier de nos agents dans les Ehpad, poursuit Bernadette Abiven, mais si nous voulons que ce modèle perdure, il nous faut trouver un accord. Nous allons titulariser des agents, créer des postes. Aujourd’hui, le dialogue n’est pas rompu. Les équipes sont en sous-effectifs, et la réorganisation des plannings dans les établissements peut être un début de solution », conclut Bernadette Abiven, qui a reçu l’intersyndicale ce mercredi midi.
Il n’est pas certain que ces propositions calment la colère des agents, qui se réuniront de nouveau ce jeudi, à 14 h, devant l’Ehpad de Kerlevenez.
* Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendante