« Trahison », « abandon », « repreneur non » les inscriptions, façon Tour de France, sur le bitume qui mène à la Fonderie de Bretagne (FDB) à Caudan donnent le ton. La CGT, syndicat majoritaire de la Fonderie de Bretagne, avait appelé au rassemblement, ce mardi 23 mars, sur le parking de l’usine pour marquer l’opposition à la vente du site annoncée par Renault. Plus de 1 000 personnes sont réunies. Des syndicats : CGT, Solidaires, FSU, FO, des formations politiques, PCF, la France Insoumise, UDB, EELV, Génération.s et même des ouvriers d’autres fonderies françaises. Renault ne veut plus de FDB. Pas assez rentable et sans avenir dans un monde au tout électrique. Inadmissible pour la CGT et Maël Le Goff, secrétaire : « En mai 2019, après l’incendie, De Los Mozos (directeur industriel du groupe Renault, NDLR) venait nous dire : patience et confiance. Comment a-t-on pu reconstruire, redémarrer un outil et dire trois mois après stop ? Quel business plan avait Renault pour FDB en 2009, en 2019 ? », s’interroge l’élu CGT sur un podium de fortune devant l’usine.
« La réalité de la lutte des classes »
Les prises de paroles se sont enchaînées pendant plus d’une heure sur le parking dont celles de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et Alexis Corbière, député la France Insoumise de Seine-Saint-Denis. Tous dénoncent la stratégie industrielle de Renault « qui délocalise en Turquie, en Roumanie, en Espagne ou même au Brésil » alors que le groupe au losange a perçu 5 milliards d’aides de l’État dans le cadre du plan de relance, « ceux qui licencient doivent rendre l’argent », plaide Alexis Corbière. Côté politiques locaux, Fabrice Vély, maire de Caudan, Gilles Carréric, maire de Lanester, Dominique Le Vouëdec, président du groupe d’opposition à l’Agglomération ou encore Damien Girard étaient présents aux côtés des salariés, « qui ont fait des sacrifices », scande Fabien Roussel. « Ils ont renoncé à douze jours de RTT, travaillent avec moins de temps de pause, tout cela pour qu’on leur dise qu’ils coûtent trop cher. Voilà la réalité de la lutte des classes ».
De nouvelles actions à venir
Jean-Michel Jacques, député LREM du Morbihan a rencontré Agnès Pannier-Runacher, ministre de l’Industrie, ce mardi matin, et a posé une question à l’Assemblée nationale : « Comment allez-vous assurer l’avenir de la Fonderie de Bretagne pour ses salariés et leurs familles ? ». Le gouvernement, par l’intermédiaire d’Olivier Dussopt, se contente d’assurer « le plus grand suivi de ce dossier pour rappeler à Renault ses responsabilités vis-à-vis de ses salariés ». Comment ? La question est sans réponse. Les salariés ont repris le travail, ce mardi à 22 h, sans annoncer une nouvelle mobilisation mais elle est certaine. « On se battra pour rester dans le groupe Renault ».
Céline Le Strat
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