• PORTRAIT. Contre Amazon à Briec, Catherine défend la campagne où elle a pris racine (OF.fr-11/01/21-15h08)

    Catherine Malbranque, professeure de lettres en retraite, figure de ceux qui s’opposent à l’implantation d’une base logistique Amazon à Briec (Finistère), là où elle a décidé de poser ses bagages il y a presque vingt ans.Catherine Malbranque, professeure de lettres en retraite, figure de ceux qui s’opposent à l’implantation d’une base logistique Amazon à Briec (Finistère), là où elle a décidé de poser ses bagages il y a presque vingt ans. 

    Elle est l’une des figures du collectif de citoyens contre l’implantation d’une plateforme Amazon à Briec (Finistère). Catherine Malbranque est une ancienne prof de lettres qui aime réfléchir sur le monde et cultiver son jardin.

    Il y a des livres partout, dans les étagères, sur la table basse. Il y a aussi pas mal de CD, des vinyles, un chat qui s’étire sur le canapé gris, un piano. Dehors, des poules et un jardin.

    Voilà en quelques mots résumés ce dont s’entoure Catherine Malbranque. Cette petite femme coquette de 63 ans, aux lunettes fines et à la frange courte, s’est engouffrée dans l’histoire de sa commune, Briec (Finistère), en étant l’une des figures des opposants à l’implantation d’une plateforme logistique Amazon. Qui est-elle ? Et pourquoi sa voix se met-elle à trembler lorsqu’elle parle d’Amazon ?

    De Briec, elle n’est pas originaire. Elle a posé là ses valises en 2002, avec sa fille Fanny. Elle avait quitté le Nord et son poste dans un collège à Lille. Elle avait fui les embouteillages quotidiens, bien qu’habitant dans un petit village de campagne, les 32 feux rouges tous les matins, les grands centres commerciaux, supermarchés, magasins à étages, alignements de caddies… « On venait de nous annoncer le doublement de l’A1. Non, non, non », ce n’était plus possible.

    « Une province de l’âme »

    À cette frénésie, Catherine a préféré le calme du Finistère. Quand il a fallu partir et que l’inspection lui a proposé, comme destination Châteaulin, elle a dit oui. Se rappelant ses vacances dans les monts d’Arrée, étudiante. « Comme le disait Julien Gracq, c’est ici une province de l’âme. Et je l’ai vraiment ressenti ! » 

    Au Likès, elle donne des cours de lettre et de philo aux prépas et se passionne pour les thèmes qui leur sont imposés chaque année : l’homme et l’animal, la justice, l’argent… À ses élèves, elle transmet la rigueur des mots justes et de la réflexion sur le monde, si absente, dit-elle, aujourd’hui. « Il y a une résignation, une espèce de fatalisme. On entend souvent ‘on n’y peut rien, c’est comme ça’…» 

    Un grand-père immigré slovène

    Des mots qui font écho à son histoire. « Mon grand-père était un immigré, raconte-t-elle. Il était arrivé à Lens après avoir quitté son pays, la Slovénie. » Ce grand-père, charpentier, arrive avec sa femme dans les années 1920, recruté pour travailler dans les mines.

    Les terrils, les corons, les quolibets de « boche », « polaque », la pénibilité d’un labeur dont il finira par mourir… « Je suis allée en Slovénie à 15 ans, pour voir, raconte Catherine. J’ai été éblouie par la beauté de ce pays. Et là j’ai compris. J’ai réalisé tout ce qu’ils avaient dû quitter. »

    Quand, bien des années plus tard, alors qu’elle fait signer des pétitions contre l’implantation d’Amazon à Briec, une dame lui dit : « Travailler comme employé chez Amazon, c’est toujours mieux que bosser à l’abattoir », le souvenir de son grand-père vient la frapper en plein cœur : lui est mort, se dit-elle, parce qu’on lui a fait croire qu’il aurait une meilleure vie ailleurs.

    « Ce monde-là »

    « Amazon, c’est un coup, souffle-t-elle. Je me dis que ce monde-là, il va tout saccager. » La campagne de Briec, où elle a choisi de vivre il y a presque vingt ans. Elle craint un incessant ballet de camions et un monde perdant son âme.

    « Je ne suis pas passéiste, dit-elle. Mais je pense qu’on est dans une course effrénée, un monde de compétition, il faut s’agrandir, sans cesse, mais jusqu’où ? »

    Pour prolonger son combat, elle a décidé, malgré son refus de toujours d’entrer dans un carcan politique, d’adhérer à la France insoumise. « Je suis d’accord avec l’essentiel de leur programme et j’apprécie la puissance du verbe de Jean-Luc Mélenchon », explique-t-elle.

    Réfléchir sur le monde, cultiver ses plantes et une douceur de vivre tout en luttant pour la terre, contre le béton, tout ça a du sens, pour la petite-fille de mineur déraciné.

    Flora CHAUVEAU

    source: https://www.ouest-france.fr/

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