• Pour la Confédération, l'alternative est « crédible » (OF-14/04/2017)

     Pour la Confédération, l'alternative est « crédible » (OF-14/04/2017)Le projet syndical de la Conf' reste ancré dans le milieu paysan

    Après deux jours de débats intenses, le congrès national de la Confédération paysanne s'est achevé, hier, à Muzillac (Morbihan), par une table ronde brûlante sur l'Union européenne.

    « Jusqu'à présent, l'agriculture n'avait jamais été décentralisée », constate Olivier Dulucq, expert en questions territoriales, enseignant-chercheur à Rennes. Avec la loi NOTRe, les quelque 1 200 communautés de communes de France « deviennent l'interlocuteur obligé de demain ». Un demain où « l'intercommunalité fera tout et la commune le reste... »

    Politiques de l'eau, du foncier, de l'alimentation : chacune a, nécessairement, un dossier en lien avec l'agriculture à traiter. « C'est une chance à saisir », insiste Olivier Dulucq. Car, là où l'agriculture paysanne et le bio se sont le plus développés, « c'est là où ils avaient le plus de relais locaux... »

    Pas sans l'Europe

    Mais, réfute Aurélie Trouvé, enseignante-chercheuse à AgroSup, « on ne peut pas se désintéresser des échelons national et international ». Des dizaines d'accords de libre-échange sont en cours de négociations : « Laisser toutes les frontières de l'Union européenne ouvertes, c'est abandonner toutes les politiques et consentir à l'afflux de produits alimentaires de basse qualité et à bas coût. »

    Avec le vrai risque de voir surgir une agriculture duale : « L'une de grandes cultures, l'autre d'agriculture multifonctionnelle. » Même raisonnement pour le lait, « où l'on voit surgir en Europe une concentration aberrante de la production avec une spécialisation des régions ».

    L'harmonisation fiscale, sociale et environnementale « ne pourra pas se faire sans Europe ». Avec ce bémol, corrige Aurélie Trouvé, que la France a toujours eu tendance « à rejeter la faute sur l'Union européenne ». Alors que la France a « de grandes latitudes dans sa mise en oeuvre de la Pac ». Elle enfonce le clou : « En gros, en France, plus on pollue, plus on reçoit d'aides à l'hectare ! » Alors qu'en Allemagne et en Grande-Bretagne, c'est l'inverse...

    Enfin, elle appelle la Conf', où le débat est vif sur la place qu'il convient de laisser à l'État dans les alternatives, « à ne pas confronter les deux visions ». L'économie locale et solidaire est nécessaire, tout comme l'État est « indispensable » pour mettre en place « une régulation forte ».

    Un argument dont Laurent Pinatel, porte-parole de la Conf', est pleinement convaincu. « Non, la Conf' ne s'est pas enfermée dans l'autonomie. » Elle fait la démonstration que les productions alternatives sont « crédibles ». Son projet syndical reste « ancré dans le milieu paysan ». Bien des politiques appellent à ce que l'agriculture se modernise pour produire plus : « Mais cela fait soixante ans qu'on dit ça aux paysans, qui disparaissent tous les jours ! »

    Arrêtons de vouloir moderniser l'agriculture, « c'est endetter toujours plus les paysans, qui n'en peuvent déjà plus ».

    Christophe VIOLETTE.

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