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Présidentielle en Bolivie: Coup d’État et guerre des ondes (l'Humanite.fr-16/10/20)
Décidé à faire taire les voix indépendantes, l’exécutif a usé de la censure en interrompant la diffusion de 53 radios communautaires.
Ces antennes tissaient sur le territoire et jusque dans les zones les plus isolées du pays une toile précieuse pour le lien social, le débat politique, l’expression culturelle. La Bolivie comptait, jusqu’au hold-up électoral de l’an dernier, 94 radios des peuples autochtones diffusant des émissions en espagnol et dans les langues originaires : la loi sur les télécommunications attribuait à ces antennes communautaires 17 % des fréquences.
Dans leur guerre de l’information, le gouvernement de facto et les nervis qui l’appuient ont contraint 53 de ces stations à suspendre leurs programmes d’information : certaines ne diffusent plus que de la musique, d’autres ont tout simplement cessé d’émettre. La stratégie pour réduire au silence ces voix indépendantes ? Déchaînement de violence, asphyxie financière. Des radios ont d’abord été attaquées, pillées, leur matériel détruit. De quoi convaincre la plupart d’entre elles de baisser le rideau pour protéger leurs fragiles infrastructures en attendant des jours meilleurs. Les plus récalcitrantes ont dû mettre la clé sous la porte à leur tour : les ressources pour rémunérer leurs salariés se sont asséchées, après la suspension des paiements de la publicité d’État.
Politique justifiée sans complexe par la vice-ministre de la Communication, Mónica Coelho, qui a entrepris, dès son installation, « d’évaluer la performance des radios communautaires province par province » en vue d’une « restructuration » et d’une « réaffectation des équipements ». « En réalité, elles ne fonctionnent pas toutes comme elles le devraient. Ce que ces radios communautaires ont à diffuser, ce sont des programmes éducatifs, de santé, mais pas de politique ; en réalité, elles étaient malintentionnées depuis le début, elles ont joué un rôle très irresponsable en incendiant la Bolivie, en mettant le feu à nos villes, et de quelle ma nière ? En dressant le constat du racisme, des discriminations parmi nous, les Boliviens », a-t-elle expliqué.
Confortés par la complaisance des grands médias, les membres du cabinet de l’autoproclamée présidente par intérim, Jeanine Anez, n’ont jamais dissimulé leur aversion pour la presse indépendante. Le 14 novembre 2019, Roxana Lizárraga, tout juste propulsée ministre de la Communication, menaçait de poursuivre pour « sédition » les journalistes boliviens et étrangers couvrant les protestations populaires réprimées dans le sang. De tels reportages, estimait-elle, relevaient de la « désinformation ».Rosa Moussaoui
source: https://www.humanite.fr/
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