« On a le souci de bien faire. Du coup, on arrive au boulot la boule au ventre », confie Éric, conseiller clientèle particuliers dans une agence Crédit Agricole du Nord-Finistère. Comme les 600 grévistes présents, ce jeudi, sur le parking de la caisse départementale du Crédit Agricole à Quimper, le salarié n’est pas commissionné lorsqu’il fait signer une assurance ou un placement. « Mais j’ai des objectifs à atteindre avec une pression énorme », précise celui qui exerce dans la banque coopérative depuis 17 ans. Et c’est sur ce point que se cristallisent les plus fortes récriminations.
L’ensemble des grévistes, soit 43 % des effectifs du Crédit Agricole du Finistère, dénoncent une politique managériale trop âpre et des objectifs inatteignables.
« Tous les jours, dans mon agence, nous avons une réunion pour rappeler les objectifs et pointer ce qui ne va pas. Pourtant, on s’en sort bien », décrit un salarié gréviste qui souhaite rester anonyme, de peur de représailles de la part de sa direction. « Par exemple, en 2021, le but était d’atteindre 15 000 nouveaux contrats d’assurance signés dans le Finistère. Nous sommes parvenus à en conclure 12 000, c’est très proche de l’objectif. Cette année, on nous en demande 18 000, c’est la surenchère ! », s’insurge le jeune homme.
L’accueil, à tour de rôle
« Depuis janvier 2022, c’est encore pire. Les conditions de travail se sont fortement dégradées », observe Jean-Luc Méar, représentant syndical Sud du Crédit Agricole, et 39 ans au sein de cette banque. Ce sont désormais les conseillers clientèle qui, à tour de rôle, répondent aux demandes des clients qui arrivent, sans rendez-vous, dans les agences.
À Quimper, devant le siège du Crédit Agricole du Finistère, route du Loc’h, les 600 grévistes salariés de la banque ont accompagné les représentants du personnel jusqu’à l’entrée du bâtiment où se tenait la réunion avec les instances dirigeantes.