L’Histoire

Après l’attaque de l’observatoire allemand par les résistants le 15 avril 1944, les Nazis raflent et tuent, comme ce 18 avril où Marcel Le Teuff est abattu dans le bourg. Le même jour, Joseph Tanguy, dit Petitfrère, est arrêté par l’occupant.

Parmi les raflés, son profil sort de l’ordinaire : « Quand les résistants de l’époque ont une vingtaine d’années et cherchent principalement à fuir le Service du travail obligatoire, Joseph Tanguy est père de famille, quadragénaire, facteur et aussi cordonnier dans une échoppe, Le petit Bazar, qui se trouvait juste à côté de l’actuel calvaire, sur la route d’Hennebont, raconte l’historien local Jean-Pierre Fouillé. Il est compliqué d’affirmer qu’il était un membre actif de la résistance locale. Mais, de par son parcours, on peut imaginer qu’il était politisé et qu’il a pu servir d’appui mâture pour les jeunes résistants aventuriers de l’époque. Certains ont supposé qu’il avait pu être un agent de liaison grâce à son emploi de facteur, pour prévenir dans la campagne les différents résistants sur les mouvements de l’occupant. Cependant, son travail dans la résistance n’est pas définitivement attesté. »

Son sort tragique et plus particulièrement son arrestation par les nazis sont sûrement dus à sa mauvaise réputation, car certains le considèrent comme un dangereux révolutionnaire.

« Pour bien comprendre, il faut revenir en arrière, précise Jean-Pierre Fouillé. La famille Tanguy est connue pour être conservatrice, de droite. Mais Joseph Tanguy épouse Anne-Marie Rougé, d’une famille ouvertement républicaine et de gauche. En 1937, au moment de la Guerre d’Espagne contre les Franquistes, des enfants basques sont mis en sûreté en France. Joseph Tanguy demande à en héberger deux, une fratrie. Cela lui donne, dans la population, l’image d’un Rouge. Et c’est tout le paradoxe de cette situation. En effet, les enfants basques réfugiés sont en fait des catholiques dont les familles n’ont rien à voir avec les communistes espagnols. Mais en les accueillant, le mal est fait pour Joseph Tanguy. Dès lors, en avril 1944, quand les Allemands cherchent les responsables et les possibles soutiens des résistants en lien avec l’attaque de l’Observatoire, Joseph Tanguy est pointé du doigt et se retrouve pris dans un engrenage qui va le conduire jusqu’à la mort. D’abord déporté à Dachau, il mourra en mars 1945 dans le camp allemand de Flossenburg. »

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