« L’agression russe de l’Ukraine est inacceptable. Notre solidarité doit aller au peuple ukrainien, et les réfugiés doivent être accueillis en Europe. La solidarité doit être concrète.
À ce stade, une riposte militaire depuis l’extérieur de l’Ukraine serait irresponsable et doit être absolument écartée. Même si la possibilité d’une guerre nucléaire est peu vraisemblable, une telle situation rappelle la nécessité impérative d’œuvrer au désarmement nucléaire multilatéral. Le calcul de Vladimir Poutine n’est vraisemblablement pas bon. Si l’armée russe devient une armée d’occupation, elle aura le plus grand mal à ne pas s’enliser durablement. La population russe elle-même, dont l’hostilité à ce conflit s’est manifestée dans les rues, acceptera de moins en moins les coûts de la guerre.
Les sanctions économiques doivent porter sur Poutine et ses amis oligarques. Il faut pour cela se donner les moyens de lutter contre les blanchisseurs d’argent, qui leur permettent de détourner tant d’argent de Russie : c’est ce que suggère l’économiste Paul Krugman. Mais des sanctions financières et commerciales dictées par les États-Unis auront un impact négatif sur les populations russes et européennes. La France doit jouer un rôle de médiation, et peser pour que l’Europe prenne toute sa place dans les négociations, qui doivent se tenir dans un cadre pertinent : l’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) est tout indiquée pour cela. Ce n’est pas à un Biden, fervent soutien à l’invasion de l’Irak en 2003, avec les résultats que l’on sait, que l’on peut faire confiance pour un règlement satisfaisant d’un conflit européen. Le Président ukrainien Zelinsky a indiqué un objectif de négociation prometteur : que l’Ukraine soit pleinement souveraine sur le plan politique, tout en étant neutre et hors de l’Otan. L’armée russe doit bien entendu se retirer d’Ukraine. C’est une position raisonnable à laquelle des négociations devraient pouvoir aboutir.
Les coups de menton et les appels guerriers que certains formulent dans les colonnes de journaux ou sur les plateaux télévisés ne sont pas à la hauteur de la situation. Si nous avions négocié en amont, ces dernières années, nous n’en serions pas là. Il faut, comme le disait jeudi soir dernier l’ancien ministre Dominique de Villepin, entraîner la Russie dans la négociation, car elle est vouée à s’enliser militairement. »
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