Qu’importe le contexte, qu’importent les circonstances, l’entrée à l’université reste un moment à part dans une vie étudiante. Nous nous sommes glissés dans les pas d’étudiants en première année au campus brestois de l’UBO, à la découverte des études supérieures.
En griffonnant des notes au coin d’un texte de Schopenhauer, en se torturant la tête pour résoudre des équations à x degrés ou en révisant les grandes dates de la Première Guerre mondiale, s’attendaient-ils à dire au revoir au lycée un après-midi de mars ? On leur avait promis que ça durerait quinze jours, tout au plus. Finalement, six mois plus tard, c’est dans la peau d’étudiants qu’ils ont poussé de nouveau la porte d’une classe. Avec le si précieux bac en poche et l’indépendance en bandoulière, ces jeunes gens d’à peine 17 ou 18 ans ont repris le fil de leur scolarité depuis un peu plus de deux semaines. « Déjà, quand tu as deux mois de vacances, c’est dur de s’y remettre. Mais alors six mois sans cours, ça fait carrément bizarre, avoue Alysson Mittaine, originaire de Cléder et étudiante en première année de droit. Même avec des cours par Internet, ce n’est pas pareil. Tu n’as pas le rythme, tu n’as plus les mêmes horaires… ».
Suivez les flèches !
Sur le carrelage flanqué de flèches directionnelles, sur les murs tapissés de messages de prévention et sur les visages masqués de leurs camarades, tout est fait pour leur rappeler que cette rentrée universitaire ne ressemble à aucune autre. « Il y avait forcément un peu d’appréhension avant de reprendre, mais au final ça va, glisse Alysson. Je suis juste un peu dégoûtée de ne pas avoir pu passer le bac comme tout le monde les années d’avant, de ne pas avoir eu de soirée d’intégration en arrivant. Pour moi ça va, je suis dans la promo de ma cousine, mais je me dis que ça ne doit pas être facile pour ceux qui arrivent seuls à la fac ».
En appart ou chez les parents ?
Accompagnés par des tuteurs d’accueil, bombardés d’informations, ces nouveaux étudiants ont eu quelques jours pour prendre leurs marques. « J’avais super hâte d’arriver à la fac, raconte, très enthousiaste, Ambre Scavinner, également étudiante en L1 droit. J’étais un peu désorientée la première semaine, c’est sûr que ça change pas mal du lycée, il faut se débrouiller beaucoup plus par soi-même ». Originaire de Brest, la jeune femme a fait le choix de rester vivre chez ses parents, pour cette rentrée à l’université. « C’est sûr que, d’un côté, ça sécurise beaucoup d’être toujours chez les parents, tout est plus facile. Mais ça rajoute aussi un peu de pression, parce qu’ils sont plus regardants sur les cours que si je vivais seule en appartement ».
Une situation que ne connaîtra sûrement pas Axel, inscrit en première année de Licence SVT - physique-chimie à la faculté de sciences. Installé en colocation avec un ami dans le centre-ville de Brest, le jeune homme de 19 ans arrive tout droit de Paris. Par choix, il a préféré la pointe de la Bretagne pour poursuivre ses études. Peut-être aussi dans un souci de liberté ? « Je ne trouve pas qu’on soit tant que ça livrés à nous-mêmes, à l’université. On a les bourses, le Crous, les associations, les profs… Même si on n’a pas les parents derrière nous comme au lycée, la fac a, pour moi, un côté assez sécurisé ». Et la covid-19 dans tout ça ? Quelle place lui donner dans cette rentrée ? « Franchement ça se passe bien. On n’a eu que des cours en présentiel pour l’instant donc on ne le sent pas trop, à part les masques ».
Mangez, mais pas masqués
L’obligation du port du masque en intérieur pousse aussi de nombreux étudiants à prendre leur pause en extérieur. Pour l’instant, ça tient, mais qu’en sera-t-il après la chute des températures ? « On a eu le cas mercredi midi, où il pleuvait. Étant donné qu’on n’a pas le droit d’enlever le masque à l’intérieur, tous les gens qui apportent quelque chose à manger déjeunent dehors depuis la rentrée. Mais là, avec la météo, la cafétéria était pleine, il n’y avait plus de table de libre. Et on s’est rendu compte que, si c’était comme ça tous les jours, ça allait être compliqué… ».
Saut de puce du côté des salles omnisports. Le campus accueillant les étudiants de la faculté des sciences du sport et de l’éducation, habituellement bondé, paraît bien calme. Depuis quelques années, il s’agit de l’une des composantes les plus surchargées en première année, tant la demande est forte. Mais avec les mesures prises pour lutter contre la covid-19, la présence des étudiants se fait moindre. « Pour les cours en amphi, c’est une semaine sur deux à la fac et l’autre semaine en visio, explique Nathaël Le Coz, qui découvre l’université après une année de prépa intégrée à l’Isen. Les emplois du temps sont vachement allégés. Pour le sport, ça dépend des disciplines : en course d’orientation, ça va, mais, par exemple, les cours de gym ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre ».
Le cadre est sans doute différent, la manière d’enseigner aussi. Mais après ce bac tronqué et cet été bien particulier, tous avouent leur soulagement de reprendre une vie « presque normale ». Et dans quelques années, ils n’auront aucun mal à se souvenir de leur début à l’université. Ah, sacrée année 2020 !
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