• Après la Corse, la Bretagne… ( francoisemorvan.com - 9/04/22 )

    Après la Corse, la Bretagne… ( francoisemorvan.com - 9/04/22 )

    Comme il fallait s’y attendre, les autonomistes bretons, stimulés par la proposition du gouvernement d’accorder l’autonomie à la Corse, se sont mobilisés pour revendiquer le même statut. Tout était prêt de longue date : les manifestations du FLB pour faire redouter des attentats, puis les discours lénifiants des bons autonomistes appelant le gouvernement à prendre des mesures pour éviter les violences… C’est ce qui s’annonçait dès la mi-mars suite à la mort de Colonna comme je le notais ici même. Mais tout a pris une dimension nouvelle, à la fois burlesque et lamentable, avec le basculement subit du conseil régional tout entier dans le camp des autonomistes. Seul le Rassemblement national a voté contre l’autonomie – difficile, en effet, de s’appeler Rassemblement national et de prôner l’éclatement de la France en ethnorégions inéluctablement vouées à prendre leur indépendance, comme on peut le voir en Catalogne ou en Écosse – et le président du groupe d’extrême droite de manifester son étonnement : « À croire que les élus RN sont les derniers républicains de cette assemblée ». Triste constat. 

    Le plus invraisemblable de ce coup de force, est que, alors que les autonomistes ont obtenu des scores dérisoires aux élections régionales, c’est Aziliz Gouez, élue sur la  liste « Breiz-a-gleiz – autonomie écologie territoires » disposant en tout et pour tout de six sièges, qui a lancé l’opération. La redoutable Aziliz Gouez que l’on a vu apporter son soutien aux pires nationalistes du Parti breton comme aux affairistes de l’Institut de Locarn tout en œuvrant à la « réunification », vœu premier du lobby patronal breton (puisque préalable nécessaire à la création d’une nation bretonne libérée de la France jacobine). Socialiste mais soutenant la Fondation Fouéré, écologiste mais faisant advenir le projet de l’Institut de Locarn

    Après la Corse, la Bretagne… ( francoisemorvan.com - 9/04/22 )
    Entre Alain Glon, président de l’Institut de Locarn, et Jakez Bernard, président de Produit en Bretagne, à la fondation de l’ENA bretonne destinée à former les futures élites au management de la Bretagne autonome

     

    Nulle opposition dans les rangs des élus. À droite, le ridicule Marc Le Fur, le « député du cochon », que l’on voyait défiler affublé d’un bonnet rouge en tête des manifestants contre l’écotaxe, appelle le retour au duché de Bretagne, aux temps heureux où le parlement de Bretagne votait ses lois et ses spécificités fiscales. Il appelle à une dérèglementation générale mais limitée à ceux qui pensent pouvoir en tirer profit car, attention, ce qui est bon pour les Corses et les Bretons n’est pas bon pour les autres. « N’ayons pas peur. Toutes les régions n’ont pas vocation à avancer dans la même direction que la nôtre ». L’égoïsme des uns suppose l’abnégation des autres… Car ce qui est demandé d’abord, c’est l’autonomie fiscale, grande revendication de l’Institut de Locarn : la Bretagne est maintenant, comme la Corse, une région riche et qui ne veut plus « payer pour Paris ». Comment donc a-t-elle fait pour devenir si prospère sous le joug de l’État jacobin ? Question à ne pas poser : fini de payer pour les banlieues pleines d’immigrés, les régions sans identité. Fin de l’égalité républicaine.

    Et les élus de se soumettre. Les élus de la République en marche se congratulent naturellement. La République en marche, pour aller vers où ? La réponse se précise : sa disparition. Le président socialiste applaudit des deux mains et le premier vice-président s’exclame sur un ton liturgique : « Oui à ce supplément d’âme d’une Bretagne à cinq ! ». Nantes pour supplément d’âme d’une Bretagne attendant qu’on lui livre enfin ce qui lui fait si cruellement défaut : discours de missionnaire que même la » France colonisatrice » n’aurait jamais osé tenir ? Le supplément d’âme promis par le lobby patronal qui est ici à la manœuvre ne serait-il pas surtout le supplément de pouvoir d’élus serviles ?

    Ont-ils été élus sur un programme autonomiste ? Ou les Bretons sont-ils à nouveau les dindons d’une sinistre bécassinade ?

    NB : Dans le même registre, depuis le 1er avril, la langue des discours au conseil régional n’est plus le français mais indifféremment le français, le breton ou le gallo. Le président socialiste du conseil régional annonce que c’est une grande première en France et qu’il faut en être fier. En effet, près de dix conseillers régionaux sont plus ou moins capables de s’exprimer en breton ou en gallo et un poste de traducteur a été créé pour les traduire en français lorsque l’envie leur vient de s’exprimer dans leur idiome minorisé.

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    Source : https://francoisemorvan.com

    Auteur : Françoise Morvan

    « Les combats à Marioupol dans leur phase finale, la défaite sera majeure pour l'Ukraine et les forces de l'OTAN (PC Québec-17/04/2022) Une entreprise bretonne au cœur du financement de l’extrême droite [Enquête]. ( LT.fr - 18/04/22 - 14h59 ) »
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  • Commentaires

    2
    Dimanche 29 Mai 2022 à 01:40

    Produit en Bretagne : attrape-gogo, à la tête duquel le lobby patronal breton, se servant de l’identitaire breton pour faire du business dans une logique très libérale et très peu sociale.
    Les militants bretons, dits "de gauche", applaudissent. Doit-on s’en étonner ?
    Le positionnement à gauche du mouvement breton est très opportuniste. Ce mouvement est avant tout nationaliste breton. Stratégiquement, au gré des opportunités, les nationalistes bretons adaptent leurs discours mais l’obsession nationaliste demeure. 

    Françoise Morvan relève à juste titre ce que disait le militant breton Ronan Caerleon "« la minorité bretonne qui s’est engagée aux côtés de l’Allemagne hitlérienne aurait pu s’engager aux côtés d’une Allemagne démocratique ou de toute autre puissance étrangère… Apparemment révoltante pour la masse bretonne francisée, cette conception réaliste et opportune des événements explique l’engagement politique des dirigeants du Parti national breton et l’engagement militaire des organisateurs de l’Unité Perrot »

    Cet engagement au côté des nazis obligea les nationalistes bretons à se faire discrets quelques temps. De nouvelles opportunités apparurent dans les années 1960-70, celles de se greffer aux mouvements de décolonisation et aux mouvement sociaux de l'époque. Ce positionnement "à gauche" était très opportuniste. C'était l'occasion, pour le mouvement breton (l'"emsav") de redorer son image et de s'attirer des sympathies. Cette étiquette "de gauche" permettait aussi habilement d'éluder toutes les questions quant à l'idéologie "réactionnaire" du mouvement breton. En se joignant aux mouvements sociaux et populaires, l'Emsav, tel une "mouche du coche" entendait même les récupérer et s'en prévaloir.

    Mais, si l'on y regarde de plus près, actuellement, par exemple, que peut-on constater de ce mouvement breton  ? En surfant sur les réseaux sociaux des militants de la Bretagne et de la langue bretonne on constatera surtout une haine et un déchainement de violence verbale à l'encontre du NUPES.

    LFI, le Parti Communiste n'ont jamais, il est vrai, été emballés par l'idéologie nationaliste bretonne.

    Peut-on croire, sérieusement, que l'engagement de ces militants de la Bretagne et du breton est au service du peuple ( l' "humain") qui vit en Bretagne ? Cet engagement est bien plus au service d'une idéologie nationaliste et l'intérêt pour la langue bretonne relève bien davantage du nationalisme que d'un véritable intérêt pour un peuple dont la langue serait le breton.

     

      • Mardi 14 Juin 2022 à 11:44

        Bonjour, nous vous remercions pour votre intérêt et nous excusons pour le manque de réactivité.

        En effet, que ces militants se définissent de droite, centriste ou de gauche, on retrouve dans le fond la même culture issue d'idéologues réactionnaires. Par exemple la langue enseigné à Diwan, réunifié à la demande de l'Allemagne nazie, le Gwenn ha Du créé par un militant nationaliste condamné pour indignité nationale à la libération ou encore le Bro goz ma zadou écris par un militant "discrédité" après l'occupation.

        Cette réécriture de l'histoire est largement financé par le capitalisme breton, le Conseil régional ( sois disant de " gauche " ) et l'Union Européenne. Cela permet de cacher l'histoire populaire de notre région, qui s'est écrit en opposition à leur récit. 

        Dans le même temps, cela permet de d'affaiblir la France, trop républicaine, égalitaire et jacobine pour eux. Et donc à terme de mettre en place une politique de différenciation, qui pousse à la mise en concurrence des travailleurs et favorise le lobby patronale.

        Il y a un gros travail d'éducation populaire, de réflexion à faire à ce sujet, que nous essayons de faire sur l'Hermine Rouge.  Nous avons participé à l'organisation de la tournée du film de Vincent Jaglin sur ce thème et nous commencerons dans les prochains mois à rédiger des articles sur ce sujet. N’hésitez pas à nous contacter pour toute question, remarque, ou proposition de contribution à notre association les Amis de l'Hermine Rouge.

        Amicalement, 

        L'équipe de l'Hermine Rouge. 

         

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