• Jean-Luc Mélenchon : « La présidentielle se jouera sur la question sociale et pas sur les délires racialistes ou religieux »Jean-Luc Mélenchon, en juin 2020, à Clermont-Ferrand.


     

    Il se dit que, dans ce contexte mouvant, tout est encore possible pour lui. Troisième et dernière tentative pour le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui brigue le vote populaire.


                        

    « Je ne plaisante pas, je vais être élu », avez-vous déclaré. C’est de l’ordre du langage performatif ? Où puisez-vous cet optimisme ? 

    Depuis 2017, les anciens votes politiques automatiques, c’est fini. Le pays se cherche. La situation est très volatile. Les sondages le montrent : le second tour est à une poignée de points. On peut y accéder à partir de 16 ou 17 %, comme en 2002. Ces sondages me placent entre 8 et 12 %. Mais à chaque fois, l’abstention prévue est extrêmement forte, parfois jusqu’à 45 %. Elle est plus importante encore dans les milieux populaires, où je faisais les scores les plus impressionnants en 2017. Dans cette incertitude, si on fait bien notre travail de mobilisation dans ces milieux, la balance peut pencher de mon côté.

    Alors la probabilité d’accéder au second tour, et même de l’emporter, existe. Je ne dis pas que cette victoire est assurée, je dis qu’elle est possible.

    Lors de votre convention nationale, vous avez évoqué ce « pôle populaire » et votre ambition d’aller chercher les abstentionnistes et les jeunes notamment. Mais vous n’êtes pas le seul sur ce créneau. 

    Tant mieux. Que tous les candidats s’adressent à tout le monde : la participation sera meilleure.

    Mais trop souvent les gens pensent que la démocratie est verrouillée et que tout est réglé d’avance. En effet, la 5e République donne les pouvoirs d’un monarque au Président. Il peut faire ensuite ce qu’il veut, sans consulter personne, comme Macron.

    Comment dépasser la méfiance populaire ? En proposant de passer à la 6e République. Dès le premier chapitre, mon programme prévoit la convocation d’une assemblée pour écrire une nouvelle constitution, le référendum d’initiative citoyenne et le référendum pour pouvoir révoquer un élu, du président de la République au conseiller général.


    Avez-vous l’espoir d’être à un moment donné suffisamment fort pour appeler à un ralliement ?  Partir en ordre dispersé, n’est-ce pas l’assurance de perdre ?

    C’est l’inverse. Si on faisait semblant d’être tous d’accord, les gens dénonceraient le mensonge. Ils ont déjà été lourdement trompés par François Hollande. Il leur avait dit « mon ennemi, c’est la finance » et ensuite il a passé son temps à la cajoler. Les autres candidats ne sont pas d’accord avec moi sur l’Europe, la 6e République, la planification écologique ou la nécessité de taxer sérieusement la richesse. Ce qu’on appelle la gauche n’a pas toujours grand-chose de gauche dans son programme. Au contraire mon programme part des revendications et des aspirations des milieux populaire.

    L’« Union populaire » doit se faire à la base sur un programme utile au peuple puisqu’elle est impossible au sommet.

    Êtes-vous confiant sur le fait d’obtenir les 500 signatures, sans M. Roussel ?

    Je pense que certains maires communistes signeront. Je ne crois pas que M. Roussel veuille m’empêcher d’être candidat. Cela ferait trop de mal à la démocratie française. Mais nous, on doit rappeler aux élus que me parrainer ne veut pas dire me soutenir mais juste rendre possible la démocratie. En fait les maires n’ont jamais demandé le privilège de décider qui peut être candidat ! Alors les Insoumis ont fait une proposition de loi pour que 150 .000 citoyens puissent le faire. Mais le groupe macroniste l’a rejeté à l’Assemblée.

    Et quand vous entendez que l’élection se jouera à droite et que l’ascension d’Eric Zemmour, avec qui vous avez débattu, est inéluctable.

    Je n’en crois pas un mot ! L’énorme effort de propagande qui aide M. Zemmour se brisera sur la réalité sociale. Les préoccupations des Français pour l’élection sont dans leur vie quotidienne : peuvent-ils payer leur logement ? Le chauffage ? Auront-ils une maternité à proximité ?

    L’élection présidentielle se jouera sur la question sociale et pas du tout sur les délires racialistes ou religieux.

    La polémique sur le modèle de la maison individuelle l’illustre : comment répondre aux impératifs écologiques sans heurter nos modes de vie ?

    Accuser les habitants de maisons individuelles d’avoir un mode de vie trop polluant est indigne. L’organisation libérale du territoire a éloigné tout le monde de tout. Les gens sont mis dans l’obligation quotidienne de faire des kilomètres de route. La catastrophe, c’est quand il y a une hausse du prix des carburants : tout le monde est pris à la gorge. Voilà le vrai sujet.

    Lors d'une manifestation, en juin 2020, devant l'entreprise Luxfer à Gerzat (Puy-de-Dôme). 


    Face à la raréfaction des services publics, vous proposez que cinq d’entre eux soient accessibles en quinze à trente minutes pour tous partout sur le territoire : école, médecin, maternité, transports en commun, poste.

    Sur ordre de la Commission européenne, on ferme à tour de bras des services publics, on transforme des zones entières en déserts et on condamne les habitants à l’isolement social. Dans les trois derniers quinquennats, Sarkozy, Hollande, puis Macron ont fermé deux bureaux de postes et une école par jour ! Dans les 20 dernières années, la moitié des maternités du pays ont disparu. Pourquoi ? Les Français ont-ils cessé de faire des enfants ? C’est l’inverse ! Il est temps de faciliter la vie des gens. Pour cela, aucun service public essentiel ne doit se trouver à plus de 15 minutes de trajet du domicile : une école, une gare, un bureau de poste, un centre de santé. C’est possible. Déjà 90% de la population française habite déjà à moins de 10 km d’une gare. Mais un tiers d’entre elles ne sont plus desservies. Pour avoir des services publics efficaces, il faut d’abord titulariser les 800.000 contractuels, puis recruter et former des fonctionnaires. Les services publics, c’est une vision de la vie en société.

    Assez avec l’obsession de la rentabilité et de la concurrence comme mode de fonctionnement indépassable. Au contraire, il s’agit de comprendre les besoins des gens et de les satisfaire par des moyens collectifs. Je plaide pour le retour de l’État et des services publics partout.

    Vous vous êtes qualifié de candidat de la « raison », un terme que s’attribuait jusqu’ici le camp macroniste. Cherchez-vous à assagir votre image ? Le Jean-Luc Mélenchon de 2022 est-il le même que celui de 2017 ?

    J’ai 5 ans de plus ! L’expérience acquise profite aux esprits ouverts. J’ai acquis une certaine patine personnelle. Nous sommes aussi mieux préparés à gouverner : le programme reprend à 80% nos propositions de 2017 et chacune a été précisée. Nous avions raison de poser le problème de l’eau, de la planification écologique, de l’impôt universel. Tout le monde y vient petit à petit. Cette fois, j’ai aussi une équipe capable de former un gouvernement pour appliquer ce programme. Cela m’aide à être plus serein !

    Avec l'eurodéputée Manon Aubry, à Limoges, en mai 2019. Photo Le Populaire du Centre


    Vous confirmez, c’est votre dernière campagne présidentielle ?

    Oui. Si je suis élu, je n’ai pas l’intention de me représenter ensuite. À mesure que le temps passe, la nature de ma tâche évolue. Avec l’équipe actuelle, la relève est largement assurée ! 

     

    Propos recueillis par Florence Chédotal  (La Montagne)

    source: https://www.lamontagne.fr/

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  • Le samedi 23 octobre 2021, Jean-Luc Mélenchon rencontrait les élèves de l'option Sciences Po du lycée Bertène Juminer de Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane. Alors que le recteur avait refusé cette rencontre, les professeurs, les élèves et leurs parents ont tenu à ce qu'elle ait lieu. Pendant 1h30, les lycéens ont donc pu poser leurs questions au député insoumis durant un moment de citoyenneté et d'éducation civique. Jean-Luc Mélenchon a d'abord appelé les lycéens à garder, vis-à-vis de son discours, une distance critique. Il a ensuite répondu aux questions concernant l'origine de son engagement politique et expliqué qu'il avait commencé dès 1968 lors de mouvements lycéens. Beaucoup de questions concernaient ensuite la situation en Guyane. Le candidat à l'élection présidentielle est revenu sur le mouvement de révolution citoyenne de Guyane et a expliqué la théorie de l'ère du peuple. Il a aussi parlé des problèmes d'accès à l'éducation pour les 15 000 jeunes qui ne sont pas scolarisés et a indiqué pourquoi résoudre cette situation devait être une tâche prioritaire. Il a aussi répondu aux questions concernant le commerce international de crevettes et a expliqué ce qu'il ferait pour combattre la pêche illégal, véritable fléau en Guyane. D'autres questions ont permis de faire le lien entre la Guyane et l'Hexagone. Notamment pour ce qui concernait l'économie et la recherche dans les domaines maritime et spatial. Mais aussi à propos de la situation démocratique : en Guyane comme partout sur le territoire national, l'abstention record montre la nécessité de passer à une 6e République. Jean-Luc Mélenchon a également appelé à faire la distinction entre l'autorité et l'autoritarisme, à l'heure où le pass sanitaire montre la dérive du régime macroniste en matière de libertés publiques et individuelles. Le député insoumis a également expliqué le concept de créolisation. Répondant par ailleurs à une question concernant Éric Zemmour, il a indiqué que celui-ci était un ennemi de la France républicaine, par le racisme et le machisme qu'il développe dans ses prises de position.

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    Le 19 octobre 2021, Jean-Luc Mélenchon était l’invité de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV et RMC. Le candidat à l’élection présidentielle de 2022 a commencé par rappeler la situation de détresse dans laquelle se trouvaient des millions de gens dans le pays avec 8 millions de personnes à l’aide alimentaire et 10 millions de pauvres. Il a expliqué que le capitalisme était un système qui n’était pas capable de se corriger puisque quand ça va mal pour tout le monde, lui continue à aller bien. Il a indiqué que Macron était le « tire-fesses » des plus riches, qui ont pu emmagasiner des profits considérables pendant la crise contrairement à la très grande majorité des gens. Il a démontré qu’Emmanuel Macron était déjà en campagne puisqu’il n’arrêtait pas de promettre tous les jours des choses qu’ensuite on ne retrouvait pas dans le budget. Il a rappelé qu’à partir du 1er janvier il serait président de l’Union européenne, président de la République et candidat à la fois. Jean-Luc Mélenchon est aussi revenu sur l’augmentation des prix de l’essence en proposant de bloquer les prix et les ramener au niveau où c’est supportable. Il a également souligné qu’une diminution des taxes ne résoudrait pas le problème, car on payerait en impôt ce qu’on aura économisé à la pompe.

    Interrogé sur le nucléaire, il a évoqué les dangers de cette énergie. Il a expliqué que 40 réacteurs allaient dépasser les 40 ans durant le prochain mandat présidentiel et qu’il fallait en tenir compte. Au lieu de mettre 150 milliards pour réparer des centrales qui nous menacent, Jean-Luc Mélenchon a proposé de les mettre dans les énergies renouvelables pour sortir rapidement du nucléaire. Il a également abordé les gaspillages énergétiques avec par exemple les magasins allumés toute la nuit, tout comme certaines enseignes lumineuses. Il a rappelé que la sobriété était la plus grande ressource énergétique. Enfin il a appelé à être cohérent lorsqu’on fait des propositions concernant l’écologie, puisque la majorité des mesures à prendre ne peuvent l’être qu’avec l’aide d’un État stratège qui organise et planifie. Sur les questions liées à l’extrême droite, Jean-Luc Mélenchon a indiqué que les insoumis étaient les seuls à résister puisque la droite ne l’a pas fait, et que Macron, alors qu’il s’était positionné comme le candidat du barrage à l’extrême droite, réhabilite Pétain et Maurras. Il a expliqué que le débat contre Zemmour avait redonné du courage à des millions de gens. Le candidat à l’élection présidentielle de 2022 a pointé du doigt les positions dangereuses de l’extrême droite, qui attisent la haine religieuse, la ségrégation sur le prénom, l’apparence, la couleur de peau et qui peuvent mener à la guerre civile. Il a rappelé que Zemmour était contre le droit à l’avortement contrairement aux insoumis qui proposent de l’inscrire dans la Constitution puisque c’est un droit fondamental.

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  • Ma semaine vers la Guyane

     

    Urgence Guyane

    J’écris ces lignes dans l’avion qui me mène en neuf heures en Guyane. L’organisation de la campagne présidentielle commande lourdement mon calendrier. Il diminue de deux semaines celui de la précédente élection en 2017. Comment faire tout ce qui doit être fait ? La nécessité de se présenter devant les électeurs d’outre-mer est un devoir de respect devant lequel je ne me suis jamais dérobé dans le passé. Il faut donc répartir entre les Caraïbes, l’océan Indien et l’Amérique du Sud. Et cette fois-ci encore et peut être davantage qu’auparavant, je vais y souscrire. Je connais mieux les thèmes à traiter et les problèmes. En effet toute notre équipe a été rendue davantage attentive aux outre-mers notamment du fait de l’influence des élus réunionnais qui siègent dans nos rangs à l’Assemblée nationale et au Parlement européen. Et depuis les régionales dernières les élus insoumis de la Réunion et de Guyane alimentent encore cette inclinaison. On l’a vu encore avec la commission d’enquête sur l’eau de Mathilde Panot en Guadeloupe.

    Mais l’essentiel est dans le regard que nous portons sur ce que les outre-mers nous enseignent à propos de la France en général. Il est loin le temps où l’on pouvait penser que les performances de l’hexagone était le destin promis à tous les territoires français. La carte en léopard avec les taches de richesse dans les océans de pauvreté longtemps caractéristique de l’outre-mer s’est généralisée. Alors les outremer fonctionnent comme des loupes sur la trajectoire de la France en général. Il y a donc beaucoup à apprendre des outre-mers quant à leur façon de réagir à une telle réalité. Globalement les questions qui se posent sur ces territoires de façon si aigue comme l’autonomie énergétique ou la souveraineté alimentaire par exemple sont désormais des questions communes à tous les territoires. Mais l’hexagone ne le sait pas. De ce point de vue les enseignements et les débats viennent plus clairement depuis là vers l’hexagone que l’inverse.

    En Guyane, j’ai choisi ma date de présence en fonction du calendrier des tirs de la fusée Ariane pour rendre possible un discours général sur le thème de l’Espace. Je reprends le modèle de celui fait au Burkina sur le thème de la francophonie. Avec sept cent mille vues ce discours a porté ses fruits. Je fais en Guyane d’une pierre deux coups en quelque sorte. Mais l’essentiel de mon attention est sur la violence sociale que subit la Guyane. Le sentiment d’abandon prévaut. À juste titre. Il fait devoir pour le prochain quinquennat. Ici, 50% de la population sous le seuil de pauvreté. C’est 14% dans l’hexagone. Le niveau de vie des plus pauvres en Guyane est deux fois plus faible que celui constaté dans l’hexagone. 13 à 20 % de la population vivrait sans eau ni électricité ! Un tiers des logements sont sur-occupés. C’est quatre fois plus que dans l’hexagone. Et 22 % de la population au chômage, dont 46 % chez les jeunes de moins de 25 ans. Une personne sur 4 vit au sein d’un foyer bénéficiaire du RSA en Guyane contre une personne sur vingt en France européenne.

    Tel est le tableau des faits accablants. Dans la crise sanitaire, l’abandon se paie très cher. L’étude de l’Inspection générale des Affaires sociales parue en février 2021 montre qu’il y a deux fois moins de lits d’hospitalisation de jour que dans l’hexagone et quatre fois moins de lits de soins de suite et de réadaptation pour 100 000 habitants. Pour finir le nombre de personnels médicaux et paramédicaux est 50 % inférieur à la moyenne nationale. L’abandon a amplifié le krach sanitaire. La Guyane est le plus grand désert médical de France. Il s’y trouve 2 fois moins de médecins, 15% de la population n’a pas accès à l’eau courante et est empêchée d’effectuer les gestes barrières de base. Tel est le contexte dans lequel évolue la Guyane qui est sous état d’urgence sanitaire depuis le 17 octobre 2020, c’est-à-dire il y a plus d’un an.

    Ce tableau permet de comprendre l’urgence et la nécessité de se lancer à fond dans un autre rythme d’aménagement et de prise en compte des besoins de base de la population. Car la population guyanaise a quadruplé en 40 ans. Et elle va à nouveau doubler d’ici 2040. Mesurons ce que cela veut dire dans tous les domaines. Par exemple d’ici les dix prochaines années selon le défenseur des droits, les besoins en constructions scolaires sont estimés à dix lycées, neuf collèges et quatre cents classes du premier degré. Comment peut-on faire France ensemble si nous laissons se creuser de tels écarts ? Qui ne comprend pas que la côte d’alerte va être franchie si rien ne change vite et fort ? Ici une jeunesse impétueuse se déploie. 33 % de la population est âgée de moins de 14 ans. 23 % a entre 15 et 29 ans ! Comprenez-vous ? 70% des enfants n’ont pas le français pour langue maternelle. Et 15 % des 15-17 ans ne sont pas scolarisés, contre 5 % en moyenne nationale. Voila. Chaque génération est un peuple nouveau. Le peuple nouveau qui s’avance n’a pas la patience d’attendre ce dont il ne sait rien. Il a juste envie de vivre. Et de vivre dignement. Ceux qui se passionnent pour les insondables bêtises de monsieur Zemmour sur la France savent-ils ce qu’est la France ? La vraie. Celle qui existe vraiment. Celle dont nous sommes comptables pour le futur immédiat.

    Vraiment, quel festival de bêtises anti-laïques ces temps-ci ! Le comique à présent vient du moment. Voir Castex en Premier ministre tout miel tout sucre dans les bras du pape après s’être acharné à frapper les musulmans d’indignité laïque avec la loi contre le prétendu séparatisme, quelle mauvaise blague ! Les macronistes achèvent ainsi eux-mêmes le cycle ridicule qui a suivi leur insupportable loi.  

    Ils avaient été copieusement servis avant cela par leurs alliés les plus virulents : les réactionnaires parmi les catholiques et les juifs. Car à peine avaient-ils fini de dénoncer le communautarisme musulman, le consistoire israélite le CRIF et le fonds social juif donnaient es qualité des consignes de vote pour les régionales en appelant à voter contre le Front national et Les Insoumis. Une consigne de vote venant d’une religion et d’associations publiquement communautaires, quel mélange plus venimeux de religion, d’identité et de politique ?

    Après quoi on entendit le président des évêques de France déclarer que le secret de la confession était supérieur aux lois de la République, reprenant ainsi les mots utilisés deux mois avant pour accuser les musulmans qui ne les avaient jamais prononcés. Là encore la circonstance est aggravante puisqu’il était question de taire la connaissance de crimes commis contre des mineurs. Cette mauvaise sortie donnait un contenu singulier au secret de la confession, pièce en effet essentielle d’un des sacrements de l’Église catholique. Ce secret est reconnu en France comme un secret professionnel à l’égal de celui reconnu aux avocats et aux journalistes. Mais il n’est plus reconnu s’agissant de mineurs de moins de quinze ans. Quinze ans étant l’âge de la majorité sexuelle. De fait, c’était donner de la formule de la supériorité de la loi de Dieu sur celle des hommes la définition la plus inacceptable.

    Car en effet on doit certes considérer que pour les croyants la loi de Dieu est toujours supérieure à celle des hommes. Mais cette certitude n’implique pas que l’on soit libéré d’obéir à ladite loi humaine du fait d’un commandement attribué à Dieu. D’ailleurs l’islam maléquiste et le christianisme des évangiles demandent de se soumettre à celle-ci. Cela est d’autant plus facile que la loi républicaine ne condamne jamais une opinion religieuse. Ni n’oblige à des comportements que la religion interdit. Le liberté du mariage des homosexuels n’oblige aucun gay croyant à se marier. Ni la liberté d’avorter n’est une obligation de le faire. Les lois républicaines sont des lois « ouvertes » chaque fois qu’elles s’approchent du domaine de l’intime conviction. Si les sectes sont sous surveillance dans notre pays c’est en raison de leur comportement fiscal ou de leur goût pour l’emprise sur les individus les plus faibles. Jamais pour leur message « spirituel ». 

    Ce qui est spécialement ridicule dans les propos du Premier ministre à Rome, c’est le recours aux légendes les plus éculées qui lui tiennent lieu d’histoire de France. Il nous a resservi du réchauffé. « Si la préhistoire de notre pays trouve son origine au fond d’une grotte à Lascaux, l’histoire de France, en tant que Nation, naît à Reims dans la cuve d’un baptistère. » C’est reparti pour un tour avec le prétendu baptême de Clovis et des Francs qui le suivaient en guerre de conquête. Les faits historiques sont pourtant établis de longue main. Clovis est un roi franc dont l’épouse était déjà chrétienne et qui conclut avec l’Église le premier accord du sabre et du goupillon. L’Église sacralisait sa royauté « de droit divin » en échange de quoi Clovis réglait leur compte aux hérétique « chrétiens ariens » du sud de ce qui est aujourd’hui notre pays. Il n’y avait pas de France à ce moment-là parmi les divers royaumes qui existaient sur le territoire de la France contemporaine. C’est bien pourquoi il est également tout aussi absurde de croire trouver un destin préhistorique à la France dans la grotte de Lascaux que d’imaginer Lucy comme ancêtre des Ethiopiens contemporains sous prétexte que son squelette a été découvert par Yves Coppens en Ethiopie ou que les Marocains soient les descendants des humains morts il y a trois cent mille ans nés sur leur territoire actuel ! Ni grotte ni baptistère pour faire la France. Juste une histoire humaine et une révolution fondamentale très récente.    

    Il n’y a ni destin ni nation consciente d’elle-même dans l’invasion franque de Clovis, Église ou pas le thème est juste absurde. Castex est risible en imaginant tout cela au 5ème siècle :  « Le destin si particulier de la France, celui d’une nation consciente d’elle-même et de ses devoirs à l’égard du reste du monde depuis plus de 15 siècles, ne saurait se concevoir sans les vocations de son lien millénaire, au point d’être qualifié de filial avec l’Église catholique. »  Dire alors que les papes ont voulu faire du peuple français un peuple élu au rôle messianique est tout simplement n’importe quoi et avoir du christianisme une vision d’image pieuse. Une telle conception est étrangère à l’universalisme chrétien originellement hostile au concept de peuple élu dont l’Église initiale s’arracha pour marquer sa distance avec le judaïsme dont elle était issue. Et c’est aussi faire beau jeu des luttes ouvertes ou larvées que bien des rois et des papes se sont menés comme par exemple entre Philippe le bel et le pape Boniface ! Et c’est ne rien savoir du « gallicanisme », spécificité de sa pratique par la bonne grande majorité des religieux de l’histoire de France.

    Pourtant, Jean Castex n’hésite pas à reprendre ce poncif des traditionalistes les plus bornés : « Les Papes de Rome ont patiemment construit un discours politique et théologique qui assigne alors au peuple français et à ses souverains, un véritable rôle messianique en le désignant comme le nouveau peuple élu de la nouvelle alliance et le chargeant, à ce titre, d’accomplir la volonté de Dieu. Ce Gesta Dei per Francos visait à faire du peuple franc, le peuple hébreux du nouveau testament. » La gesta dei per francos dont il est question est une chronique à la gloire des rois de France écrit par le religieux à gage Grégoire de Tours. Elle n’a aucune valeur canonique ni religieuse dans le christianisme ni en France ni à Rome.

    Restent les saillies les plus drôles comme celle concernant la canonisation de Jeanne d’Arc pourtant condamnée par un évêque. L’évêque Cauchon, c’est son nom, ne fut jamais récusé par son chef pour avoir brûlé une sainte. Alors toute la sortie de Castex sur Jeanne d’Arc est comique« La canonisation de Jeanne d’Arc en 1920 et sa proclamation comme patronne de la France le 2 mars 1921 étaient des signes de la nouvelle bienveillance du Saint-Siège à l’égard de notre pays. » Car si l’Église se reprit en 1920 après avoir reconnu du bout des lèvres la République, c’est qu’elle craignait l’usage qu’en faisait la République comme figure de résistance à l’occupant et martyrisé par l’Église. Et comment en faire ces tonnes de louanges en oubliant la dureté du combat implacable de la papauté d’alors contre la République? Comment oublier les appels à la désobéissance contre la loi de 1905 ? Et les injures contre le suffrage universel décrit comme une maladie dont il fallait délivrer la France ?

    Je n’irais pas plus loin. Quel peut bien être le sens de la phrase racoleuse : « le christianisme est la religion de l’incarnation et donc d’un humanisme qui est en mesure de parler à toutes les consciences et donc à toutes les bonnes volontés. » Précisément non, ce n’est pas faire injure de dire que le christianisme n’est pas un humanisme au sens philosophique et historique de ce mot. Car l’humanisme né de la Renaissance instaure l’être humain comme auteur total de son histoire dont il ne doit des comptes qu’à sa conscience. Il n’est l’exécuteur ni l’agent d’aucun salut, d’aucune prédestination. Il n’est l’héritier d’aucun péché originel ni le sujet promis par un jugement divin à une éternité d’enfer ou de paradis en appréciation de ses actes. Enfin l’humanisme fait de l’être humain un dieu pour l’être humain. Et cela n’a rien a voir avec la foi en un dieu qui s’incarne dans l’humanité pour lui enseigner un destin surnaturel. 

    Je me demande quel peut bien être le but de Jean Castex avec ce discours bizarre. Quel intérêt à ressortir de telles sottises qui déclenchent à tous les coups l’obligation de démenti et de rappels douloureux. Croit-il que les chrétiens en France attachent leur foi à de telles sornettes ? C’est qu’il n’en fréquente pas beaucoup ou alors de bien particuliers. Et quel bien croit-il faire à l’Église en disant une énormité comme celle-ci : « L’émotion légitime de notre opinion publique après la publication des conclusions de la commission présidée par Monsieur Jean-Marc SAUVÉ, dit à elle seule combien les Français attendent de cette institution séculaire protection, bienveillance et exemplarité. » Non les Français, inclus les catholiques, attendent de l’Église que ceux qui s’en réclament agissent dans le respect de toutes les coutumes humaines les plus constantes de protection de l’enfance. Le reste est affaire de foi et ne concerne pas ce genre d’affaires révoltantes. 

    Une fois de plus, sachons tirer la leçon de l’électoralisme bigot de certains responsables politiques : l’histoire de France est celle de tous les Français et elle n’est pas l’héritage d’une religion, en France gallo-romaine, des Lumières et de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen moins qu’ailleurs.  

    Une nouvelle fois notre amendement au projet de loi de finance pour rétablir l’ISF a été repoussé par les macronistes. Cette année le refus est plus honteux que les précédentes. En effet le rapport de l’organisme para-gouvernemental « France Stratégie » avait été accablant pour le bilan de la suppression de cet impot. Taillé sur mesure le conseil d’évaluation des politiques fiscale déclare qu’on ne peut constater aucun effet de report des sommes non payées vers l’investissement. La suppression de l’ISF a donc été seulement un enrichissement « sans cause » des plus riches.

    Une fois de plus est démontré qu’il n’y a pas de lien entre la fiscalité du capital et le niveau de l’investissement constaté quand on allège le montant du prélèvement. Mais la macronie reste imperturbable devant le démenti le plus dur jamais reçu contre ses croyances idéologiques les mieux ancrées. Pourtant elle avait été prévenue et reprévenue. Pourtant devant l’indignation au vote de supression Macron en personne avait pris son engament. Qu’on se souvienne : « Ce qu’il faut faire c’est pouvoir regarder l’efficacité de la mesure. Mais je vais être très clair : s’il est observé qu’elle n’est pas efficace, il faudra la corriger ». C’était le 17 mars 2019. Le constat est fait mais rien ne change. Rien sauf que ça se sait.

    Petit à petit la foi aveuglée dans les balivernes du néolibéralisme s’effacent de l’esprit public et y deviennent minoritaires. Elles ont l’allure d’insupportables mensonges destinés aux seuls usages et profit d’une poignée de gens. Il est alors frappant de voir comment les sociaux libéraux restent accrochés aux wagons du train d’hier. Voyons Anne hidalgo sur France Inter. Il lui est posé On lui pose une question simple et claire : « Allez vous rétablir l’ISF ? ». La réponse sinueuse est lunaire pour dire « non » sans le dire. Voyez plutôt si vous ne l’avez pas entendue : « Bien sur qu’il va y avoir un travail sur la fiscalité globale. Fin du monde, fin du mois, ça doit aller ensemble. Ce que je propose c’est une planification sur les 5 ans qui viennent. ».

    On peut rendre le thème plus concret. Ce qui a été perdu avec l’ISF en quatre ans ce sera l’équivalent du budget de fonctionnement de cinquante hôpitaux, ou bien sept cent cinquante mille logement sociaux construits ou bien soixante mille enseignants embauchés. L’enrichissement des riches était-il si important et urgent ? Plus urgent et important que ce qui auarit pu venir soulager la vie du pays ?

    Je récuse le choix de Jean-Jacques Bourdin pour la guerre avec la Chine

    De façon littéralement imprévue, Jean Jacques Bourdin a introduit une question sur la situation à Taïwan lors de l’entretien que j’ai accepté avec lui après trois ans d’absence dans la matinale de BFM. Tout soudain il se mit à décrire la Chine comme prête à intervenir militairement pour « envahir » Taïwan. On se demande pourquoi ! Comme si son intention était de participer au chœur de la propagande américaine qui est en campagne actuellement contre la Chine. Il est vrai qu’elle mobilise tous ses réseaux d’influence. Mais l’idée semble avoir été de me mettre dans l’embarras en m’obligeant à participer au chœur des bellicistes anti-chinois. C’est évident. Elle est récurrente chez les amis français des faucons américains.

    Déjà « l’Obs » pensait m’embarrasser avec une question sur la manifestations en faveur des ouïghours où il déplorait mon absence. Ben voyons ! Pourquoi n’y étais-je pas « comme Gluksman et Jadot » demande l’hebdo qui tient les comptes de toutes les manifs comme on le sait, quoiqu’il ne se risque pas à noter l’absence des deux mêmes grands leaders de toutes les manifestations salariales. Il se trouva déjà bien désarmé par ma réponse. Je la rappelle puisque je suis sur ce sujet : « Clémentine Autain nous y représentait. Les droits des Ouïghours doivent être respectés et aussi ceux des Rohingyas (en Birmanie). J’ai toujours défendu la liberté et la dignité humaine. Ce qui ne veut pas dire que je m’alignerai sur ceux qui parlent de génocide, ce que ne fait aucune grande ONG. Et cela ne fera pas de moi un partisan de la guerre froide avec la Chine, j’y suis absolument opposé ! ».

    Dans le cas de Jean-Jacques Bourdin le comique de situation vint de ce qu’il ne s’attendait pas à ma réponse. Si bien qu’il tomba dans son propre panneau du fait de sa méconnaissance du sujet. Voici donc d’abord mes réponses en premier lieu à propos des « menaces de Pékin sur Taïwan » : « Les Chinois n’ont pas l’intention d’envahir Taïwan, mais si Taïwan se déclare indépendant, alors il est possible que la Chine, à juste titre, trouve qu’une ligne rouge a été franchie. Donc il faut trouver le moyen de faire en sorte qu’il ne se passe rien ». Je pense que la dernière phrase est bien claire. “Trouver le moyen qu’il ne se passe rien.” Quelle horreur ! C’est pourtant ce que disait il y a peu le journal “le Monde”, une vigie pourtant très active de la pensée atlantistes. Le 18 octobre 2021 l’ex-journalissime sous le titre « Entre la Chine et Taïwan, un statut quo de plus en plus précaire » se concluait ainsi : « Pour éviter une escalade militaire aux conséquences imprévisibles, une réaffirmation du statu quo semble la meilleure des solutions ». C’est à dire : très exactement la même chose que ce que j’en dis.

    La dépêche AFP (qui n’a retenu que ce moment de toute l’interview) est plus précise. Elle rapporte mon propos plus en détail, langage parlé inclu: « je ne veux pas mettre le doigt dans l’engrenage de la guerre froide avec la Chine. Moi président de la République, je discute parce que nous n’avons pas les moyens de faire autrement et qu’il n’y a pas interêt à faire autrement.. » Estomaqué par le caractère direct de la réponse, Bourdin très inhabituellement se mit à bafouiller « mais Taiwan est une nation ». « Non » lui répondis-je tout aussi franchement. « Comment, non!!!! » s’est étouffé l’interrogateur. « Non!, ai je repris, Taïwan n’est pas un État reconnu par l’ONU ». Pan sur le bec. Bourdin ne le savait pas. Et du coup j’en ai conclu qu’il ne savait rien du reste non plus. Comme mon intention n’est jamais d’humilier mes interlocuteur j’en suis resté là. Il ne savait pas de quoi il parlait. En effet Taïwan n’est reconnu comme Etat par personne ou presque dans le monde. Seuls 16 États sur 195 le font: Belize, Guatemala, Haïti, Honduras, Kiribati, Îles Nauru, Nicaragua, Palau, Îles Marshall, Paraguay, Saint-Kitt-et-Nevis, Sainte Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Swaziland, Tuvalu et le Vatican….

    Ce qui signifie que ni les Etats-Unis, ni la Russie, ni la France, ni aucun pays de l’Union Européenne ne reconnaît Taïwan comme État indépendant ! Sauf Jean Jacques Bourdin. Et bien-sûr, rappelons que la France reconnait la République Populaire de Chine comme seule Chine depuis 1964. Le Général De Gaulle fut en effet le premier chef d’Etat « de l’ouest » de l’époque à le faire. Là-dessus Bourdin poussa piteusement l’argument : « mais enfin le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, vous y tenez, non ?». Mauvaise pioche encore. La population de Taïwan est une composante du peuple chinois depuis toujours. Au point que les autorités de fait de la période nationaliste de Taïwan prétendaient être elles-mêmes la représentation de toute la Chine.

    Peut-être ne sait-il tout simplement rien de Taïwan. Il est vrai que ce n’est pas un sujet très connu chez nous. Rappelons alors que l’île fut le refuge des armées nationalistes de Tchang-Kaï-Tchek en débandade devant l’armée rouge de Mao après avoir déjà perdu la guerre contre les Japonais. Les troupes « nationalistes » et leurs collaborateurs et amis se replièrent sur Taïwan. Les communistes chinois eurent l’intelligence tactique de les laisser s’enfermer sur cette île là pour en être débarrassés sur le continent. Commença pour Taïwan une dictature « nationaliste » pure et dure pluri-décennale. Puis dans la période récente le régime a muté et s’est ouvert sur le pluri-partidarisme. Depuis lors la question de l’indépendance de l’île par rapport à la Chine continentale est un des sujets cyclique de l’actualité de cette région. Il fluctue selon l’état des relations entre chinois et américains. Il s’allume et s’éteint de façon immuable avec les mêmes étapes de provocations et de tensions avant dilution.

    En ce moment il y a du neuf dans la mesure où les USA relancent des manœuvres militaires marines dans la région et viennent de construire une alliance régionale anti-chinoise. Il est peu probable que le niveau de compréhension des étatsuniens en général leur permettent de bien comprendre le genre d’inconvénients auxquels ils vont se heurter face à des Chinois. À noter : comment Macron a été ignominieusement exclus de cette alliance en dépit de la participation d’unités françaises à ces manœuvres. Tant mieux !

    Taïwan a longtemps entretenu en France un réseau d’amitié dans le monde politique. Et cela de la droite à la « gauche » avec notamment au PS Dominique Strauss-Kahn et Jean Marie Le Guen. L’île a donc toujours eu des partisans très militants dans notre pays sans qu’on comprenne toujours pourquoi compte tenu de la très faible intensité des relations bilatérales observables. Mais c’est un fait qu’il se trouve des Français partisans inconditionnels de Taïwan, jusqu’à participer à l’ambiance de guerre sans s’interroger sur les conséquence pour notre pays de leurs options bellicistes désastreuses. C’est pourquoi si exotique que puisse paraitre le sujet, dans la mesure où il implique les deux premières puissances du monde actuel , il ne faut jamais laisser passer la propagande visant à banaliser l’idée d’un conflit avec la Chine. Surtout pour laisser ranger la France dans le camp le plus absurde qu’incarnent Taiwan et les USA.

     

    source: https://melenchon.fr/2021/

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  • Les chiffres secrets des sondages

    D’énormes écarts entre deux sondages rendent perplexes nombre d’observateurs et d’électeurs. Beaucoup mettent en cause les entreprises qui les réalisent les soupçonnant de manipulation. C’est plus compliqué. Bien sûr, il est troublant de voir que les variations n’atteignent jamais le score attribué au Président de la République. Cette constance semblent même signifier que si tous sont d’accord sur ce point, alors l’affaire est entendue. Mais d’aucuns en déduisent que certains sondeurs comme IPSOS et IFOP n’auraient pas envie de mordre la main qui leur donne à manger car ce sont ces deux entreprises qui ramassent l’essentiel des contrats de sondages du gouvernement qui se chiffrent par millions d’euros. D’autres soupçonnent que les liens de parenté du directeur des études de IFOP avec le président de la République influent sur son jugement. Toutes ces critiques me semblent passer à côté du vrai problème posé.

    Tout tient à la méthode de calcul et à la flemme des commentateurs qui ne lisent ni ne se soucient des notices techniques qui accompagnent ces sondages. Nuançons là encore. Souvent les notices ne sont publiées que deux ou trois jours après l’émotion des chiffres du moment. On a même constaté une fois quinze jours de retard. Sur ce point, comme nous l’avons pointé à plusieurs reprises, il est certain qu’il y a volonté de dissimulation. Mais pourquoi ?

    Enquêtons. On se souvient peut-être de l’énorme plantage des sondages produits par ces mêmes « instituts » avant les régionales. Ce qui fut spécialement grave c’est qu’en faisant croire à des duels de second tour avec le RN partout, ils ont évidemment faussé les intentions de vote au premier tour. C’est-à-dire qu’ils ont provoqué un effet « vote utile » sur une base qui n’avait aucun fondement. À partir de là, un certain nombre des sondeurs sont tombés d’accord entre eux pour changer la méthode de calcul pour leurs évaluations. Un peu comme ils l’avaient fait dans le passé en supposant que les gens avaient peur de dire qu’ils voteraient FN. Donc ils réévaluaient continuellement le score brut du FN que trouvaient leurs enquêtes. À présent, cet exercice de rectification a lieu avec l’abstention. Plusieurs sondeurs la surévaluent. Pourquoi pas. Mais alors pourquoi le cacher ? Et pourquoi les commentateurs ne le disent-ils pas ? Car ce serait là une information majeure, non ? Dans les enquêtes IFOP et IPSOS par exemple le taux d’abstention pris en compte est de 50 %. Chiffre secret ? Pourquoi ? En tous cas ce qui est certain c’est que cela produit plutôt qu’une prudence une vraie manipulation du vote « utile » dans chacun des électorats, à droite, à gauche et à l’extrême droite. Nos mises en garde ne sont donc pas seulement destinées à nos propres électeurs. Il s’agit de l’ensemble des citoyens de toutes les opinions qui sont trompés. Qu’on ne dise pas que ce n’est pas vrai. Encore aujourd’hui on a vu Jean Marie Le Pen déclarer que si « Zemmour est le mieux placé, bien sûr il votera pour lui ». « Mieux placé » par qui ? Nous avons saisi la commission des sondages sur ces sujets. Elles nous a reçus. Cette procédure a donc déjà commencé avant les vacances d’été. Et nous attendons les conclusions depuis. Patience. 

    Mais ce n’est pas tout. Nous avons nous LFI des raisons supplémentaires d’être inquiets de cette méthode. Car elle nous frappe davantage que d’autres. Cela, les auteurs des sondages le savent aussi très bien car nous leur en avons parlé directement. Voyons nos raisons. À chaque fois, la méthode de ces sondeurs est la même : on demande aux personnes sondées d’indiquer, sur une note de 1 à 10, quelle est la certitude qu’ils aillent voter au premier tour de l’élection présidentielle. Puis on retire de l’échantillon toutes les personnes qui n’affirment par leur intention d’aller voter avec une certitude de 10/10. Les conséquences sont radicales. 

    Comme je l’ai dit, si seuls sont retenus les avis des personnes se disant certaines d’aller voter (10/10 sur cette échelle), alors on obtient une estimation du taux de participation incroyablement basse. Pour le sondage IFOP publié au mois de juillet, selon la notice, cette participation est estimée à 49,7%. Pour le sondage IPSOS de cette semaine, cette estimation est de 53%. Cela représente un taux de participation de 25 à 30 points inférieur au premier tour de l’élection présidentielle de 2017. On comprend bien, dès lors, que l’information principale si l’on croit ces sondages devrait être le taux de participation estimée et non pas les intentions de vote qui y correspondent. Nous avons alerté toutes les rédactions. Sans aucun résultat. Elles continuent de publier sans un mot sur ce « détail » !

    Le bizarre de cette affaire est que cette estimation de l’abstention ultra haute est en contradiction avec les informations des sondeurs eux-mêmes. En fouillant dans le détail les notices, nous avons fait une découverte troublante. Ainsi, dans le sondage IFOP publié en juillet, l’institut estime la participation à 49,7%. Mais dans la même enquête (la notice est consultable sur le site de la Commission des Sondages), il est indiqué que 95% des personnes interrogées indiquent qu’elles envisagent d’aller voter ! 70% d’entre elles disent d’ailleurs que « c’est tout à fait certain », 23% que « c’est pratiquement certain » et 5% « qu’il y a de grandes chances ». C’est-à-dire que même si on ne retient que les 70% des 95% qui se disent « tout à fait certains » d’aller voter, on aurait une participation estimée à 66,5%, bien au-delà des 49,7% utilisés pour le calcul des intentions de vote.

    Enfin, et c’est le plus choquant, cette méthode introduit un « biais sociologique » évident et terrible. Ainsi, le calcul effectué sur le blog Médiapart de Eliot Thibault sur un précédent sondage IPSOS donne des chiffres édifiants à ce sujet. En ne retenant que les personnes certaines d’aller voter (10/10), on retient 67% des plus de 65 ans mais seulement 40% des personnes âgées de 25 à 34 ans. Par contre si l’on ajoute aussi les personnes quasi-certaines d’aller voter (8/10 et 9/10), alors on obtient 88% des plus de 65 ans et 70% des personnes âgées de 25 à 34 ans. Donc la méthode IFOP IPSOS élimine massivement les intentions de vote des jeunes. Et ce n’est pas tout. Cette méthode tape dur dans nos rangs. Pour IFOP et IPSOS 57% des « électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2017 » seulement se disent certains d’aller voter. Bizarrement ils sont 66% pour les électeurs de 2017 de Benoît Hamon. Par contre, si on retient également les « presque certains d’aller voter » (8/10 et 9/10), alors le chiffre monte à 85% chez les électeurs de Mélenchon et à 83% chez les électeurs de Benoît Hamon. Conclusion : avec cette méthode, on confie donc aux classes supérieures et aux personnes âgées le choix des candidats qui feront des bons sondages. On retrouve là un parfum de vote de classe. Ce n’est plus alors un sondage mais la mise en chiffre de la société dont rêvent les commanditaires. Sans doute est-ce pourquoi le résultat les faits rêver… à 100%

    Pour finir notons comment cette méthode réduit de manière très importante et même grotesque la taille des échantillons. Ainsi, en ne retenant qu’une personne sur deux sur un échantillon de 925 personnes (celui de l’institut IPSOS du 3 septembre), on ne retient que 490 personnes pour calculer les intentions de vote !!!!! Qui le dit ? À cette bouffonnerie il faut encore en ajouter une autre. En effet il faut retirer de cet échantillon les personnes se disant certaines d’aller voter mais n’exprimant pas d’intention de vote (entre 11 et 16% selon les hypothèses). On se retrouve donc à publier un sondage pour l’élection présidentielle en France calculé sur un échantillon d’environ 430 personnes !!!! On peut rire, ça soulage !  Sur un tel échantillon, les marges d’erreur sont de quasiment 3 points pour un candidat dont le score est estimé à 10%. Bien sûr cela n’est pas précisé. 

     

    Bien évidemment, il existe de nombreux autres axes de critique des sondages. Les fondements mathématiques des enquêtes d’opinion, les échantillons utilisés, les méthodes de redressement opaques sont autant de biais dans le calcul des intentions de vote. Mais cette nouvelle méthode introduit une manipulation évidente qui ne peut être acceptée. Elle a une influence considérable sur les intentions de vote affichées. À l’heure où vont se cristalliser les différentes propositions politiques en présence, son impact falsificateur peut être énorme sur le déroulement de la campagne électorale à venir. C’est la raison pour laquelle nous avons déjà saisi la Commission des Sondages. Nous l’avons rencontrée et nous ne lui demandons qu’une chose : l’obligation pour les sondeurs et ceux qui les publient de faire connaître le taux d’abstention qu’ils prévoient en même temps qu’ils annoncent leurs prévision pour les candidats.

     

    Jean Luc-Mélenchon, 2/10/21

    source: https://melenchon.fr/

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  • "charismatique, raisonnable, candidat des jeunes, il ne faut pas l'enterrer trop vite..."

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  • Intervention de J.L. Mélenchon sur France 3 Champagne-Ardenne le 15 octobre 2021.

    Le candidat à l’élection présidentielle a appelé les citoyens à se mêler des affaires politiques et à ne pas se laisser détourner des vrais problèmes par des diversions comme les questions religieuses. Il a expliqué que c’était une nécessité à l’heure où le changement climatique impose d’agir de manière collective. Il a aussi affirmé porter un message d’optimisme et a expliqué que son but était d’apporter des solutions aux problèmes qui se posent dans le pays.

    Jean-Luc Mélenchon a également défendu sa proposition de blocage des prix. Il a en particulier évoqué le prix de l’essence et a dit que c’était aux producteurs de pétrole de payer, alors que Total a versé 7,6 milliards d’euros de dividendes cette année. Il a également appelé à un blocage des prix de l’alimentation et à ce que la grande distribution mette la main à la poche.

    Alors que plus d’un Français sur deux soutient son programme, Jean-Luc Mélenchon a appelé les gens à voter pour des propositions : retraite à 60 ans, 6e République… Il a expliqué qu’il voulait faire l’union populaire autour d’un programme.

    source: https://melenchon.fr/

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