• Plan de relance pour l’Europe ou relance du plan européiste. (IC.fr-20/07/20)

    Le sommet européen consacré à la prétendue  confine pour le moment à l’échec : les discussions lancées vendredi et censées s’arrêter le 18 juillet se poursuivaient encore dans la nuit du 19 juillet. Angela Merkel n’écartait pas la conclusion par un échec de cette réunion alors que plusieurs des pays du nord de l’UE, profiteurs à plein du dumping fiscal (Pays Bas, Luxembourg, …) refusent la moindre solidarité avec les pays les plus frappés par le  en raison de l’-austérité. Tout au contraire, ils poussent en avant des dispositions totalement scandaleuses (augmentation de leur rabais de contribution au budget de l’UE, droit de contrôle direct sur les budgets des pays bénéficiaires des prêts…). Les créanciers pourront comme cela a déjà été le cas avec la Grèce imposer les plans de destructions ultra libéraux (casse des retraites, des salaires, des droits sociaux, privatisations…). Des dispositions que Macron est cependant prêt à accepter.

    Rappelons que l’unanimité est nécessaire pour aboutir à un accord, et que sous le joug de l’Euro, les pays les plus fragilisés par la crise sont otages du chantage permanent des spéculateurs capitalistes. Il s’agit donc bien de profiter du choc du covid-19 pour asservir encore plus les peuples, l’Union Européenne démontrant à nouveau qu’elle n’est qu’une arme d’exploitation massive des travailleurs. Dont il faut sortir au plus vite pour s’en sortir. Au moment où la BCE déversent sans aucun contrôle des milliards d’euros par centaines auprès des banques et des multinationales privées, les mêmes préparent un renforcement de l’euro austérité pour les peuples prétextant qu’il “n’y a pas d’argent magique”. Pour y voir plus clair, Martin revient dans une analyse très documentée sur ce qui est en train de se nouer.


     pour l’Europe ou relance du plan européiste

    Largement discrédité par son absence de réaction face à l’épidémie de coronavirus, l’Union Européenne ( et Banque centrale européenne), préférant transfuser le capital financier[1] que soigner les malades au mois de mars (« l’Italie attendra »[2]), tente de recoudre son blason. Oublions les vols de matériels médicaux en provenance de Chine à destination de l’Italie, interceptés par le gouvernement tchèque du sinistre Babis ! Oublions le refus du gouvernement Merkel de fournir des masques (FFP2, 3 ou chirurgicaux), respirateurs, blouses, aux hôpitaux des pays de l’UE qui en avaient besoin !  Oublions l’aide (médecins et matériels) apportée par les gouvernements russe, chinois et cubain notamment en Italie[3] (une des places fortes de l’OTAN en Europe), pendant que l’OTAN poursuivait, en le modifiant légèrement[4], son exercice « Defender Europe 20 » ! Oublions tout ça !

    La Commission européenne a fourni des excuses (toujours pas de matériel) à l’Italie, le 16 avril, et les discours de « cabri sautillant » sur l’Europe comme synonyme de solidarité entre les peuples, l’Europe comme apportant la prospérité économique grâce à son échelle appropriée et sa « concurrence libre et non faussée », l’Europe comme assurance d’une paix éternelle, pouvaient reprendre, sans se fracasser immédiatement face aux réalités trop visibles du mois de mars. À ce moment-là, la nature de classe de l’Union Européenne (ou de l’idéologie européiste) était claire : un plan de sauvetage unanime du capital financier annoncé le 18 mars, des hôpitaux publics ravagés par des décennies d’austérité. L’austérité entraînant parfois la mort pour le prolétariat, de l’argent frais pour les vampires (monopoles, oligopoles financiers, en tant que fusion des capitaux industriels et bancaires), nés et nourris grâce à l’austérité salariale, ayant exigé cette austérité budgétaire pour les services publics (soit l’austérité salariale indirecte).

    Après une période transitoire de controverses autour de la proposition de coronabonds [NDLR l’émission d’obligations de dettes par la Commission européenne], une apparence de cohésion nous fut donné le 18 mai à l’occasion de l’annonce dite « commune », réalisée par le couple germano-français ou Merkel-Macron. Il s’agissait alors d’augmenter le budget de l’Union européenne d’un montant de 500 milliards d’euros, pour répondre à la dépression économique provoquée par le seul coronavirus, bien entendu (s’il est certain que l’arrêt d’une grande partie de l’activité économique dû au confinement a accentué cette baisse du PIB, il serait réducteur et malhonnête de l’expliquer seulement à partir de cette cause). Déjà, cette annonce ne brillait pas par sa clarté, hormis ce chiffre de 500 milliards. Macron parlait de « subventions, pas des prêts », mais « ayant vocation à être remboursées ». On ne réchauffe pas des « eaux glacées du calcul égoïste » en les troublant. De même, aucune précision à ce moment-là sur qui financera ces « subventions ayant vocation à être remboursées », comment elles seraient utilisées…

     Concentrons-nous tout d’abord sur l’aspect « communicationnel » de cette annonce, puis nous étudierons le plus brièvement possible le budget de l’Union européenne, avant d’analyser le contenu du plan de relance pour l’Europe.

    1 – De l’effet des annonces sur les cours boursiers

    Il nous semble intéressant de considérer cette déclaration pour ce qu’elle représente en premier lieu : une annonce. À destination de qui ? Les personnels hospitaliers, les électriciens-gaziers, les salariés de Renault, Airbus, Ford (…), les ex-salariés de Luxfer, Plaintel, sûrement pas en premier lieu. Dans un système de capitalisme monopoliste d’État, dominé par le capital financier, chacune de ces annonces a des répercussions sur les cours des bourses. Un bon exemple de ce phénomène nous est donné par le cours de l’action Renault. Après avoir chuté de 22% le 12 mars 2020 et de 13% le 16 mars, l’annonce d’une possibilité de nationalisation de Renault du 17/03 (toutes choses égales par ailleurs) lui a permis d’augmenter de 9,9% dans la journée. Cette annonce faite par M. Le Maire semble avoir plu aux propriétaires de ces moyens de production, même si, toutes choses égales par ailleurs, ils ont encore plus apprécié les dérogations au code du travail du 24 mars (+17% dans la journée), ou les 3.5 milliards de crédits (ou subventions ?) garantis le 06 avril (+14%)[5]. En comparaison, cette annonce du plan de relance pour l’Europe n’a pas provoqué autant d’euphorie passagère, mais tout de même un léger frisson. Le CAC 40 n’a augmenté que de 4% entre l’ouverture du lundi 18 mai et celle du mardi 19[6]. (Avant de reperdre 2,2% le lendemain). On pourrait nous reprocher de confondre cet effet d’annonce avec la volatilité habituelle des cours boursiers. Certes, les cours boursiers sont très variables habituellement, ce dont les spéculateurs ont intérêt s’ils veulent réaliser des gains élevés en pariant à la hausse ou à la baisse. Nous nous appuierons simplement sur les propos de C. Lagarde (présidente de la BCE), dans le Figaro du 19 juin :”Une action décisive et efficace des gouvernements nationaux et des acteurs européens a fait ses preuves, ouvrant la voie à un rebond vers la fin de l’année et permettant de gagner du temps. Cela se reflète dans le sentiment du marché, mais le fait de ne pas livrer pourrait entraîner un changement de ce sentiment”. Ainsi, à chaque fois qu’un gouvernement s’oppose à ce plan de relance pour l’Europe, les cours boursiers diminuent ou freinent leur augmentation. À l’opposé, à chaque nouvelle annonce allant dans le sens de ce plan, les cours augmentent ou accélèrent. On pourrait même émettre l’hypothèse que ces annonces très médiatisées visent à mettre au courant certains « investisseurs » relativement éloignés des gouvernements, tandis que les plus proches du pouvoir (ou ceux qui le contrôlent) sont informés plus tôt par d’autres canaux informels, ce qui leur permet de parier sans prendre de risque, avec, à la clef, des gains assurés dans la journée.

    2 – Les budgets pluriannuels UE: 2014-2020, 2021-2027

    Le nouveau plan de relance pour l’Europe, ou « Next Generation EU » de son petit nom globish, vient s’ajouter au plan dit MES/SURE[7] (renforçant le Mécanisme Européen de Stabilité adopté en 2012) d’un montant de 540 milliards d’euros, déjà validé le 23 avril 2020, ainsi qu’au budget pluriannuel de la période 2021-2027. Même s’il conviendrait d’analyser le plan MES/SURE qui est passé inaperçu au moment de son adoption, nous nous intéresserons dans ce chapitre au budget pluriannuel « classique » (hors plan de relance) de l’Union Européenne.

    Le budget 2021-2027 sera supérieur à celui de 2014-2020 (d’environ 190 milliards d’euros, soit 21% d’augmentation). L’actuel budget s’élève à 908,4 milliards d’euros, répartis sur 7 ans, soit 130[8] milliards d’euros annuel en moyenne. Si on le compare aux 338 milliards d’euros des dépenses de l’État français en 2019[9] (hors sécurité sociale, et sans la case remboursements et dégrèvements, qui, pour 2020, est estimé à 140 milliards d’euros et est défini comme un ensemble de dépenses hétéroclites. Allez comprendre !), cela peut paraître négligeable. Pourtant, chacun des 27 pays ne participent pas également au financement de ce budget européen. En 2019, sur les 150 milliards d’euros du budget UE, la France en a fourni 14% (soit 21 milliards d’euros). Certes, elle en récupère une partie, notamment via la Politique Agricole Commune. Elle reste cependant un des pays contributeurs nets de l’UE (environ 8 milliards d’€ par an). De plus, si la participation de la France à ce budget est réalisée avec les impôts de chaque contribuable non-évadé (TVA incluse, ISF oublié !), la participation du budget de l’UE au financement de l’économie en France est orientée vers certaines catégories (grands propriétaires terriens pour la PAC, qui représente 38% du budget 2019), et objectifs (la politique dite de cohésion sociale, économique et territoriale, ou politique des euro-régions accapare 32% du budget). Le reste de l’utilisation de ce budget reste obscure, voire obscurci : recherche (on attend toujours les résultats si prometteurs du programme de recherche « Discovery » [10]!), voisinage (avec la Turquie ? la Libye ? la Russie ?) et transports (Cela est-il dû aux demandes de l’OTAN d’agrandir certains axes routiers pour faire passer leurs chars vers l’Est ?[11]). Une portion de ces dépenses est quand même claire : 6% du budget consacré aux frais de fonctionnement, soit 9 milliards d’euros pour le fonctionnement de la Commission européenne, Parlement européen et Conseil de l’UE sur l’année 2019. De Rugy va se sentir lésé !  

    Nous sommes en droit de nous demander si ça vaut le coût de payer 21 milliards d’euros par an, pour recevoir des Grandes Orientations de Politiques Économiques (en faveur des privatisations au profit des monopoles financiers, type Blackrock, General Electrics …), une PAC qui n’a pas l’air de remonter le moral des paysans et des subventions aux euro-lander, ouvrant la voie à la différenciation des territoires dans un même pays, avec à la clef différents codes du travail régionaux?, différents SMIC?, permettant à la Commission européenne ( et ceux qu’elle représente) d’augmenter les divisions pour mieux régner. Posez cette question, c’est y répondre !

    D’autant plus que ce budget pluriannuel de l’UE (hors plan de relance « next generation EU ») va de toute façon augmenter. Dès 2018, la commission européenne aurait aimé disposer de 1279 milliards d’€ pour les 7 années allant de 2021 à 2027 (soit 370 milliards de plus que le budget 2014-2020), tout en prônant une baisse des dépenses publiques dans chaque pays (sécurité sociale inclus). Revoyant provisoirement ses espoirs à la baisse, elle devra se contenter d’un budget à peu près égal à 1100 milliards pour 2021-2027, malgré le manque net à gagner annuel de 7 milliards d’€ dû au Brexit (l’Angleterre avait négocié un rabais), soit 21 % d’augmentation, hors plan de relance. Sachant que ce budget est censé être toujours en équilibre (dépenses égales aux recettes sur l’année, sans possibilité d’emprunt), on doit s’attendre à une hausse des contributions, constituées en 2019, à environ 71% par un pourcentage appliqué aux Revenus Nationaux Bruts de chaque pays membre, à environ 14% par les droits de douane appliqués aux pays hors UE (et sans traité de libre-échange), à environ 12% par une part de TVA de chaque pays.

    3 – Le plan de relance pour l’Europe : Next Generation[12]

    L’objectif annoncé par la Commission européenne (C.E.) est de « donner un coup de fouet à la relance européenne, protéger, créer des emplois ». Afin de donner ce coup de fouet, notre contre-maître en chef U. Von der Leyen et ses associés fouettards souhaitent s’appuyer sur un budget spécial de 750 milliards d’euros, utilisables sur la période 2021-2024, qui (c’est la nouveauté) sera financé par un emprunt sur les marchés financiers au nom de la C.E., via l’émission d’obligations U.E.

    Celui-ci sera ensuite utilisé dans 3 axes (complémentaires) :

         – financer « la mise en œuvre des plans des États-membres, conforme aux objectifs du semestre européen, notamment les transitions écologiques, numériques et la résilience des économies nationales » (ou initialement « green and digital transitions » : la traduction française complète des documents, ou des réclames, mis en ligne par la C.E. a pris plus d’un mois !). Les États-membres soumettront donc des dossiers au bon vouloir de la C.E., dans lesquels seront détaillés leurs commandes aux entreprises privés des secteurs écologiques et numériques. Cette partie du plan devrait mobiliser 560 milliards d’€ (310 milliards de subventions, 250 de prêts), soit presque 75% des montants mobilisés. Dans sa réclame, la C.E. précise qu’il s’agit de développer les activités suivantes :  pour l’aspect numérique, «l’intelligence artificielle, la cybersécurité, les infrastructures de données et en nuage, les réseaux 5G et 6G, les supercalculateurs », pour l’aspect écologique, hydrogène « propre », énergies renouvelables en mer. Sans rentrer dans le détail de chacun de ces secteurs, il semble donc que nous allons financer d’une part la transition vers une robotisation au service du grand capital. Les premiers camions sans chauffeur, produits par une filiale d’Uber ont déjà réussi à parcourir 200 km aux USA[13]. L’hydrogène dit « propre » semble avoir un avantage sur les moteurs électriques à lithium (made in Bolivie), en ce que l’on peut faire le plein rapidement, alors que cela peut prendre des heures pour les camions avec moteurs électriques. À propos de l’éolien en mer, produit principalement par Orstedt (firme danoise) et SIEMENS-gamesa, nous sommes en droit de nous questionner sur son efficacité réelle (en termes de production d’électricité, ce qui est aussi valable pour l’éolien sur terre[14]) et sur son impact sur les ressources halieutiques. Les pécheurs de la baie du Tréport se sont opposés à leur installation dans une zone de reproduction des poissons et dans une des mers les plus poissonneuses au monde : la Manche. Ils ont d’ailleurs rebaptisé les défenseurs de ces nouveaux marchés verts, généreusement subventionnés : les ESCROLOGISTES[15]. Rappelons que Blackrock a remporté le contrat début avril pour conseiller la Commission européenne en matière d’environnement[16]. Le processus de « Main basse sur l’énergie »[17] , présenté comme une transition écologique est donc en voie d’accélération.

    Il est à noter que, afin de pouvoir s’endetter au taux de cet emprunt et de garantir des commandes à certaines entreprises privées, les États-membres devront « support public investments in green, digital and reforms transitions. », c’est-à-dire appliquer des (contre-)réformes (des retraites, du code du travail, du bac, SNCF, énergie…), que nous assimilons aux GOPE (Grandes Orientations de Politiques Économiques). D’ailleurs, si nous prenons au sérieux l’article 1 de la Constitution, certes très imparfaite de la 5éme république, affirmant que la France est « une république indivisible, laïque, démocratique et sociale», nous devrions alors remplacer GOPE par GOLPE : Grandes Orientations de Leurs Politiques Économiques, GOLPE (de estado) signifiant coup d’État en espagnol.

           – soutenir directement les entreprises privées, quel que soit leur secteur d’activités « viables » mais en difficulté « et les aider dans leur transformation écologique et numérique ». Ce soutien de 31 milliards d’euros prendra la forme d’un « provisionnement d’une garantie du budget de l’UE en faveur du groupe Banque Européenne d’Investissement, en vue de mobiliser des capitaux privés (par l’entremise d’intermédiaires financiers, par exemple des fonds gérés de manière indépendante ou des entités ad hoc). » ça ne vous paraît pas clair, voire imprécis. À nous non plus ! Ce que nous en comprenons est : 31 milliards d’euros de subventions (« ayant vocation à être remboursées » par les contribuables !!!) vont être offert à la Banque Européenne d’Investissement. Celle-ci va alors, comme à son habitude, soit prêter afin de financer des projets, soit emprunter sur les marchés financiers « par l’entremise des fonds ou entités ad hoc » (Blackrock, Van Guard ?), afin de prêter. Rassurez-vous cette BEI, dont le siège est à Luxembourg, est « le principal bailleur de fonds de l’action en faveur du climat dans le monde » et annonce fièrement sur son site: « Nous aidons l’économie, créons des emplois, encourageons l’égalité et améliorons la qualité de vie des citoyens de l’UE et des habitants des pays en développement.[18] ». Même si quelques ONG l’accusent de financer principalement les activités des filiales européennes ou des multinationales pas vraiment « green » en Amérique du Sud ou de faire preuve d’opacité concernant le « respect des normes sociales et environnementales » de certains projets miniers, notamment dans la mine de cuivre et de cobalt de Tenke Fungurume au Katanga en République Démocratique du Congo[19], les agences de notation l’adorent ! D’ailleurs, la Commission européenne aussi ! à tel point qu’elle lui a même proposé une rallonge de 30, 3 milliards d’€ afin de «mettre en place des chaînes de valeur indépendantes, fortes et résilientes, dans des domaines tels que les infrastructures critiques, les technologies écologiques et numériques et les soins de santé, et à renforcer l’autonomie du marché unique de l’Union »( ??!). Cela fait donc 61,3 milliards de subventions pour la Banque Européenne d’Investissement. (en plus de celles qu’elle a reçues dans le cadre du MES/SURE, ce plan de relance adopté fin avril, qui est passé inaperçu).

          – financer les euro-régions (ou euro-landers) par deux moyens : REACT UE et le fonds de transition juste. Rapidement : le projet REACT UE prévoit 55 milliards d’euros pour 2 ans à destination des régions, dans l’objectif annoncé de les faire converger vers un stade équivalent de développement économique. Le fonds de transition juste devrait être de 40 milliards. Il s’agit là encore de projets régionaux évalués et approuvés par la Commission européenne. Nous reviendrons sur ce renforcement du niveau administratif infra-national, chapeauté par le niveau supra-national.

    À ces 3 axes principaux d’utilisation de « Next Generation EU », une kyrielle d’autres fonds viennent s’ajouter, toujours présentés comme défendant de nobles causes, mais dont les caractéristiques sont pour le moins troubles. Ainsi, viennent se rajouter 15 milliards pour le développement rural, 9.4 milliards pour « L’UE pour la santé »(des firmes pharmaceutiques ?), 3.1 milliards pour RESCUE UE ( protection civile). Le total de ces annonces nous donne donc : 560+61.3+55+40+15+9.4+3.1= 743.8.

    Il manque donc 6.2 milliards par rapport au 750 annoncés (même si on rajoute les 3 fonds, censé répondre au besoin de flexibilité du budget UE, on ne retrouve jamais le fameux 750 milliards !!). On va pas chipoter pour 6 milliards 200 millions d’euros.

        Au-delà de ces problèmes de calcul, ce plan de relance pour l’Europe a toutes les caractéristiques d’une relance du plan européiste, ébranlé par la crise sanitaire, qui a fait apparaître son vrai visage. Derrière le masque d’un plan de relance basé sur la solidarité entre les peuples d’Europe, en vue d’assurer un avenir radieux à la prochaine génération, celui-ci implique :

    • Un emprunt public pour subventionner des monopoles privés, particulièrement dans les secteurs numériques et escrologiques, avec l’exigence d’appliquer les contre-réformes GOLPE : privatisation des profits, socialisation des financements, création de nouveaux marchés. Le capitalisme monopoliste d’État continue sa marche et accélère dès qu’une occasion se présente.
    • Le « saut fédéral » européiste, tant prôné par notre ch€r président Macron, apparaît ici clairement au niveau infra et supra national. Le fonds dit RE-ACT annonce même la couleur : un ACT peut signifier loi en anglais, ici modifier (RE-ACT) la structure administrative des nations dans une voie RÉACTionnaire (les références à l’Europe de Charlemagne le montrent également). Le renforcement des euro-lander, chapeauté (ou fouetté, pour reprendre leur terme) par des instances technocratiques, anti-démocratiques comme la Commission européenne, la Banque Européenne d’Investissement en constitue les 2 piliers complémentaires : supra et infra[20] national. La confiscation d’un des pouvoirs (le budgétaire), ayant constitué le socle de l’émancipation populaire, va s’aggraver avec ce « nouveau » plan. La mise en place d’un impôt Union européenne[21] est déjà en marche, même si, afin de mieux vendre son plan, la C.E. annonce que le remboursement devrait commencer à partir de 2028 (jusqu’à quand ? 2058 ?).

    Le « sommet » prévu les 17 et 18 juillet, afin de « trouver un accord » pour confirmer « le sentiment des marchés financiers » (C. Lagarde) sera sûrement le théâtre d’âpres négociations. Pourtant, cette « élite » européiste est déjà d’accord sur l’essentiel : maintenir leur assurance-vie contre le socialisme. Les clivages entre pays dit « frugaux »( Autriche, Pays-Bas, Danemark, Suède), « dépensiers »( formule atténuée du PIGS) et le groupe dit V4 (République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Pologne) font quant à eux réapparaître de vielles visions ethniques à la Gobineau dans lesquelles le groupe dit germain est considéré comme supérieur à celui dit latin, remplaçant ainsi l’analyse historique par des clichés ethniques. Quant aux V4, ils désirent être reconnu comme des Germains tout en recevant une part plus importante de ce gâteau empoisonné pour tous les peuples des pays membres de l’UE. Derrière les masques de solidarité, de prospérité, d’écologie, de paix permis par l’UE, la réalité du capitalisme monopoliste d’État RÉACTionnaire sur toute la ligne !

    Martin 

    source: https://www.initiative-communiste.fr/


    [1] Pour rappel : de 2015 à fin 2018, 2600 milliards d’euros dans de le cadre de l’assouplissement quantitatif (programme APP), plus PEPP annoncé mi-mars prolongé jusqu’à fin 2022 pour un montant de 1350 milliards d’euros…source :  http://www.bsi-economics.org/985-reinvestissements-qebce-adm

    [2] https://www.msn.com/fr-be/video/actualite/l-ue-se-donne-quinze-jours-face-%C3%A0-la-crise-du-coronavirus/vi-BB11Ln8J

    [3] https://www.initiative-communiste.fr/articles/billet-rouge-2/l-axe-du-mal-russo-cubano-chinois-au-secours-du-cercle-de-la-raison-par-georges-gastaud-prc/

    [4] https://www.mondialisation.ca/le-docteur-folamour-veille-sur-notre-sante/5643304

    [5] https://www.boursier.com/actions/historique/renault-FR0000131906,FR.html

    [6] https://fr.finance.yahoo.com/quote/%5EFCHI/history?p=%5EFCHI, ou même 5,2% selon https://www.boursorama.com/bourse/indices/cours/historique/1rPCAC

    [7] https://www.lecho.be/dossiers/coronavirus/l-europe-s-accorde-sur-un-plan-de-relance-de-540-milliards-d-euros/10219908.html

    [8] https://www.touteleurope.eu/actualite/le-budget-de-l-union-europeenne.html

    [9] https://www.performance-publique.budget.gouv.fr/actualites/2019/direction-budget-a-publie-edition-2019-budget-etat-vote-en-quelques-chiffres#.Xwr892o6_IU

    [10] https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/discovery-ou-fiascovery-les-resultats-de-l-essai-clinique-pour-trouver-un-traitement-contre-le-coronavirus-se-font-attendre_3962331.html

    [11] https://www.legrandsoir.info/ue-espace-schengen-pour-les-forces-de-l-otan-il-manifesto.html  , https://www.sudouest.fr/2020/07/06/l-armee-americaine-debarque-a-la-rochelle-que-sait-on-sur-l-operation-mousquetaire-7632701-10407.php

    [12] https://ec.europa.eu/info/live-work-travel-eu/health/coronavirus-response/recovery-plan-europe_fr

    [13] https://www.youtube.com/watch?v=Ev6A3Uj93Y0

    [14] http://www.librairie-tropiques.fr/2019/11/eoliennes-la-face-noire-de-la-transition-ecologique.html de Fabien Bouglé

    [15] http://www.librairie-tropiques.fr/2016/08/du-vent-dans-la-thune.html

    [16] https://reporterre.net/La-multinationale-BlackRock-conseille-la-Commission-europeenne-sur-l-environnement

    [17] https://www.mainbassesurlenergie.com/

    [18] https://www.eib.org/fr/about/index.htm

    [19] En 2007, la BEI a prêté  « 100 millions d’euros à Tenke  Fungurume  Mining  SARL  (TFM),  société  enregistrée  en  RDC.TFM est détenue à 57,75 % (FCX/PDC) par Phelps Dodge Corporation, États-Unis (récemment  absorbée  par  Freeport-McMoRan,  États-Unis),  à  24,75  %  par  Tenke  Mining  Corporation,  Canada  (TMC,  qui  devrait  fusionner  le  18  juin  2007  avec  Lundin Mining Corp., Canada) et à 17,5 % par Gécamines, RDC » source : https://www.eib.org/attachments/thematic/mining_projects_tenke_fungurume_mining_sarl_fr.pdf . Donc, la BEI a prêté à un conglomérat nord américain pour financer, en partie, leur projet d’extraction du cobalt (indispensable pour les téléphones portables) et du cuivre (qui est utilisé pour de nombreuses productions, notamment les fils électriques. Cette zone de RDC, bien connu pour ses riches sous-sols, l’est également pour ses conditions de travail (on ne coupe plus les mains des travailleurs n’ayant pas fourni suffisamment de sueur et donc récolté assez de caoutchouc comme à l’époque de Léopold 2,l’ex roi des belge,, mais l’on recense encore, pour le moins, de nombreux accidents mortels : 40 morts fin juin 2019 dans la mine de Kamoto détenu par Glencore,..). Par ailleurs, le groupe chinois ayant racheté les parts de Freeport en 2016 a annoncé en 2019 une « dégradation de la teneur des minerais exploités », tandis la quasi-totalité des groupes miniers hurlaient contre le code minier, promulgué en mars 2018 par Joseph Kabila, qui tentait seulement d’imposer une taxe à ces firmes. Glencore a d’ailleurs annoncé, en août 2019,  vouloir suspendre son exploitation de la mine de Mutanda ( et de ses travailleurs), toujours dans la province du Katanga, anticipant l’application du code minier. https://afrique.latribune.fr/afrique-centrale/republique-democratique-du-congo/2018-09-14/rdc-joseph-kabila-exige-la-mise-en-oeuvre-du-nouveau-code-minier-790515.html ,   https://www.jeuneafrique.com/813827/economie/rdc-mine-par-la-chute-du-prix-cobalt-glencore-suspend-sa-production-a-la-mine-de-mutanda/ . Apparemment, Freeport avait mieux anticipé les cours du cobalt et après avoir pillé la mine de Tenke, elle a revendu son droit d’exploitation pour un bon prix. Ce sujet mériterai au minimum un article entier. Cette description vise avant tout à montrer le degré d’hypocrisie de la BEI, qui prétend financer des projets permettant d’améliorer la qualité de vie des populations en Europe ou ailleurs, alors qu’elle participe à la double exploitation capitaliste du sol et des travailleurs, afin d’accumuler plus de capitaux.

    [20] F.Philippot peut toujours déplorer l’aspect européiste du gouvernement Macron-Castex, il reste tout de même conseiller régional du Grand-est.

    [21] On trouve les propositions suivantes : taxe numérique sur GAFAM (à en juger par les réactions suite à la proposition d’impôt GAFA, sans microsoft, de B. Le Maire, celles-ci via le gouvernement USA ne semblent pas disposé à se laisser faire), taxe sur Grandes Entreprises (on attend de voir !), ajustement carbone aux frontières ( vers un nouveau marché carbone ?)

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