Fortement mobilisés pendant la crise sanitaire, les personnels des Ehpad réclament aujourd’hui une revalorisation salariale, plus de moyens et que la « prime Covid » soit versée à tous, salariés du public comme du privé.
En amont du grand rassemblement quimpérois devant le Centre hospitalier de Cornouaille (Chic), une petite trentaine de salariés des Ehpad du pays de Quimper se sont réunis, ce mardi matin, à l’entrée de l’établissement Le Missilien. « On préfère se réunir devant nos établissements plutôt que de rejoindre la grande manifestation de l’hôpital pour donner plus de visibilités à nos revendications », indique Jean-Jacques Cariou, délégué syndical CGT de la Fondation Massé-Trévidy.
Ces derniers mois, les personnels des Ehpad ont été fortement mobilisés. « Un de nos établissements a d’ailleurs été très touché, celui de Combrit avec quinze salariés contaminés et plusieurs décès de résidents », note Jean-Jacques Cariou. « C’était une période très stressante. On avait peur de faire entrer le virus mais aussi de le ramener chez nous », explique Maryannick Sergent, une aide-soignante qui travaille au Missilien. « Et c’était une période très compliquée pour les résidents qui ne pouvaient plus voir leurs familles. On a essayé de faire ce qu’on pouvait mais on ne peut pas remplacer les familles. C’était très pesant », continue la jeune femme.
« On n’est pas fatigué, on est usé »
« On n’est pas fatigué, on est usé. Le Covid n’est pas une excuse car ces difficultés existent depuis des années », souligne Gwenaëlle, qui travaille aux ressources humaines au Missilien. « On manque de personnel mais plus personne ne veut venir travailler dans les Ehpad à cause, entre autres, des bas salaires », déplore-t-elle.
Et pourtant, « on a besoin de plus de bras et de moyens pour faire correctement notre travail », complète Béatrice Savina, déléguée syndicale. Pendant le confinement, cette aide-soignante a vu son temps de travail être considérablement allongé. « On est passé à 12 h par jour le week-end pour éviter les allées et venues. Mais dans d’autres établissements, ces 12 h par jour, c’était tous les jours », continue-t-elle.
Une revalorisation des salaires de 300 €
Aujourd’hui, malgré les sourires du matin, ces personnels soignants attendent plus de reconnaissance. « Le gouvernement a annoncé une prime exceptionnelle. Mais on ne veut pas d’une prime au mérite. Il faut qu’elle soit donnée à tout le monde, que ce soit des salariés du privé ou du public », affirme Jean-Jacques Cariou, éducateur spécialisé à l’Itep Marguerite-Le Maître. Dans un communiqué, la CGT redoute que « les salariés du privé revivent la même situation qu’en janvier 2020 où la prime « grand âge » a été au final réservée aux agents de la Fonction publique ». Mais cette prime reste insuffisante à leurs yeux. « On demande une revalorisation significative des salaires de 300 € », indique Jean-Jacques Cariou.
Pendant ce débrayage, les salariés ont reçu une visite éclaire de Loïc de L’Estourbeillon, directeur du territoire à la Fondation Massé-Trévidy. « Il faut continuer le combat pour donner les moyens à nos personnels de travailler correctement. Car même si on a été épargné sur le plan de la contamination, on ne l’a pas été par la pression et le stress », ajoute-t-il. « On voudrait aussi remercier tous ces anonymes qui sont venus nous aider en nous offrant des gâteaux, des masques, des blouses. Il y a eu une très belle solidarité qui s’est créée pendant cette période », termine Loïc de L’Estourbeillon.
Benjamin Pontis
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