Près de 800 personnes se sont réunies à Quimper, ce samedi matin, devant le Théâtre de Cornouaille, occupé depuis vendredi par des intermittents du spectacle. Un rendez-vous à la fois festif et revendicatif, appelé à se multiplier.
« Salut Quimper, tu vas bien ? Allez, retourne-toi, la foule ! ». C’est sur ce ton cocasse que sont intervenus de nombreux acteurs culturels du territoire, ce samedi, en fin de matinée, sur l’esplanade du Théâtre de Cornouaille, devant près de 800 personnes. « Et toi, qu’est-ce qui te manque ? », interroge la Brigade poétique auto constituée de Douarnenez. « Être serrée dans le public, ça me manque ! ».
« Aujourd’hui, grâce aux forces vives du territoire et de la Fédé Breizh (Fédération des arts de la rue en Bretagne), nous avons réussi un beau rassemblement à la fois festif et économique. Notre challenge était de couvrir la place », détaille Michèle Porcher, membre de la compagnie Sucre d’OrgUe, qui, comme d’autres acteurs culturels de la Cornouaille, appelait, ce samedi, « à dépoussiérer ses meilleurs costumes pour célébrer le renouveau de l’art et la culture ! ». La réussite de cette mobilisation, selon les organisateurs, est due à « la convergence des syndicats de la CGT spectacle et de divers collectifs de Douarnenez ».
Michèle Porcher, membre de la compagnie Sucre d’OrgUe.Les intermittents du spectacle occupent le théâtre H24
Le Théâtre de Cornouaille est quant à lui occupé depuis vendredi après-midi par une quinzaine d’intermittents du spectacle. « Nous occupons une partie de ce lieu culturel important de la région, comme 66 autres sur le territoire national, est intervenu l’un d’eux à la tribune. Nous avons un certain nombre de revendications, il faut qu’on lutte ensemble, c’est hyperimportant. Nous sommes visitables H24, venez nous voir quand vous voulez, partager, construire des idées. Nous avons besoin de recréer du lien social ».
Sur le rapport de force engagé depuis quelque temps avec le gouvernement, « ça n’avance pas beaucoup », a-t-il ajouté. « Nous, ce que l’on demande, c’est de pouvoir vivre de nos métiers. Personne n’a de perspectives, actuellement », a-t-il émis.
Un stand d’expression artistique, samedi, sur le parvis du théâtre de Cornouaille.« On nous a mis dans le formol »
« L’année blanche, ça nous concerne particulièrement, a ajouté un autre. On nous a mis dans le formol. On réclame une deuxième année blanche pour les intermittents, c’est indispensable. La première a été négociée fin mai, à la sortie du premier confinement ».
La Brigade poétique a continué à intervenir au cours de la manifestation, entre fanfare et batucada. « Et toi, qu’est-ce qu’il te manque ? », a-t-elle demandé. Parmi les réponses : « Danser jusqu’au bout de la nuit… », « Passer la tondeuse sur la quatre-voies », « Ouvrir la porte sur le grand large »… « De l’air, de l’air, de l’air ! Aérons l’espace public », a harangué un autre beau parleur.
Loïc Toularastel, de la Cie Sucre d’OrGue.« Rends l’art Jean »
Yann, de la Fédé Breizh, tient à souligner au nom des artistes de rue de Bretagne, « l’inaction du gouvernement qui a choisi de privilégier les lieux de grande consommation et de maintenir fermés les lieux de vie, de liberté et de sociabilité. Nous considérons l’art comme un ciment démocratique, comme graine du commun et pourvoyeur de lien social. L’urgence est aussi à la restitution d’émotion collective, à la poétisation et à la réappropriation de l’espace public, lieu des imaginaires et du bien commun », a-t-il signifié. Et de brandir sa pancarte : « Rends l’art Jean »…
L’occupation du théâtre continue, jour et nuit, jusqu’à une date non déterminée, et les rassemblements de ce type sont appelés à se multiplier, préviennent les intermittents du spectacle mobilisés. Peut-être même avec de petits spectacles de rue.
Catherine MERRER
source: https://www.letelegramme.fr/