Pourquoi votre engagement dans ce mouvement national de grève ? Quimper est-elle également touchée ?
Ce lundi, c’est un arrêt total de l’activité depuis 8 h jusqu’à 8 h mardi. Nous ne sommes pas des habitués des grèves mais face à une situation aussi grave nous nous devons d’alerter nos concitoyens : la visite à domicile est en danger ! Ce qui se joue en ce moment va conduire à des choix stratégiques pour SOS Médecins Quimper. Comme pour les 63 associations du territoire. Nous avons eu une assemblée générale début septembre, toutes les associations sont en grève sur le même mode. C’est une problématique plutôt nationale mais nous sommes également touchés, les arguments ne sont pas uniquement financiers. Depuis plus de quinze ans, rien ne bouge pour soutenir la visite à domicile, c’est la grande oubliée de toutes les réformes. Dernier exemple en date, cet été avec l’avenant n° 9. L’Assurance maladie a trouvé le moyen d’exclure SOS Médecins de la revalorisation de la visite. Ceci alors même que nous sommes depuis 55 ans les principaux acteurs de la visite en France, 365 jours sur 365 et 24 h/24. Cet épisode, qui s’ajoute à un ostracisme répété, a provoqué la colère des 1 300 médecins SOS.
Quels sont les impacts sur votre structure ?
SOS Médecins a de plus en plus de mal à recruter de nouveaux médecins par manque d’attractivité. À Quimper, beaucoup de gens n’ont pas de médecins traitants alors qu’il y a de plus en plus d’arrivants. Au moins 10 % de la population, c’est un ressenti que nous avons quotidiennement. Les patients viennent de plus en plus à notre cabinet car ils n’ont pas de médecin traitant. Du coup, il est de plus en plus compliqué d’assurer toutes les visites à domicile, en maison de retraite en particulier où elles sont longues et compliquées. La particularité de notre travail, ce sont des soins non programmés, on ne vient pas pour renouveler une ordonnance. Il y a un réel risque sur l’avenir des visites à domicile si elles ne sont pas revalorisées et si nous ne sommes pas entendus de manière générale. Les discussions avec SOS Médecins France durent depuis longtemps, on nous balade de réunion en réunion, sans avancer…
Et les conséquences de la dévalorisation de la visite à domicile ?
Cela accroît l’engorgement des urgences hospitalières par des patients pouvant être pris en charge à domicile, complique le maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie et augmente le coût de la prise en charge (hospitalisation et transports), en plus de rendre plus difficile le recrutement de médecins. Cette mobilisation porte trois revendications destinées à redonner à la visite sa juste place dans le parcours de soins des patients : porter la valeur de la visite urgente en journée à 57,60 € comme cela avait été mis en place à une période de la crise sanitaire ; l’alignement de l’indemnité de déplacement à 10 € quels que soient l’horaire et l’intégration des médecins SOS à toutes les revalorisations de la profession.
Propos recueillis par Catherine Merrer
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