Le 17 octobre 1961, plusieurs centaines de morts lors d’une manifestation pacifique réprimée par la police gaulliste car interdite en fonction de l’état d’urgence. Quelques mois plus tard, le 8 février 1962, 9 communistes tous syndiqués à la CGT étaient assassinés aussi par la police gaulliste lors d’une manifestation interdite en fonction de l’état d’urgence. Les pouvoirs au service du capital ont toujours dans l’histoire des luttes sociales, utilisé tous les moyens pour imposer leur politique, amplifiée forcément lorsqu’il y a un état d’urgence. Par exemple, le premier ministre actuel grand admirateur de Clémenceau, le sinistre briseur de grèves, traite les syndicalistes d’Air France de voyous et créé les conditions pour que les ouvriers de Good Year soient condamnés à de la prison ferme. Ils veulent briser la résistance à la politique libérale au profit du capital. Par étonnant que les premières prises de position contre l’état d’urgence viennent du milieu syndical. Les forces existent pour contrer les dangers de l’état d’urgence. Il faut abroger le décret d’Etat d’urgence le plus rapidement possible. Hors de question de la prolonger. Le gouvernement actuel utilise la situation créée par les attentats aussi à des fins électorales. Le risque est grand qu’il utilise l’état d’urgence en criminalisant l’activité syndicale. Au-delà de nos différences, rassemblons-nous pour imposer l’abrogation immédiate de cet état d’urgence. Continuons le combat !
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Appel du 23 janvier:
Hollande-Valls, levez l’état d’urgence !
Nous, 1 500 participants au meeting convoqué pour la levée de l’état d’urgence à l’appel des 333 ce 23 janvier 2016 à Paris ;
Réunis au lendemain de l’annonce provocatrice de Hollande de prolonger pour trois mois l’état d’urgence, et de l’affirmation de Manuel Valls, pour qui celui-ci pourrait être maintenu « jusqu’à ce qu’on puisse en finir avec Daech » ;
Appuyés par les 12 000 signataires de l’appel des 333 ;
Après avoir entendu les prises de parole de :
Patrick Baudouin, avocat, président d’honneur de la FIDH
Esther Benbassa, sénatrice, vice-présidente de la commission des lois
Denis Collin, philosophe
Jean-Jacques Marie, historien
Nicolas Bonnet-Oulaldj, membre du conseil national du PCF
Olivier Besancenot, NPA
Sergio Coronado, député Vert
Daniel Dutheil, syndicaliste AP-HP
Wladimir Susanj, syndicaliste, Paris
Mathilde Zylberberg, Syndicat de la magistrature
Vincent Présumey, syndicaliste enseignant
Noël Mamère, député
Danielle Simonnet, coordinatrice du PG
Jean Hedou, syndicaliste, Paris
Dominique Gros, universitaire
Daniel Gluckstein, secrétaire national du POID
Eric Le Courtois, syndicaliste, Côtes-d’Armor
Dominique Coujard, magistrat honoraire, ancien président de la cour d’assises de Paris
Patrick Picard, syndicaliste, Paris
Jean-Jacques Karman, membre du conseil national du PCF
Claude Charmont, syndicaliste, Seine-et-Marne
Jacques Cotta, journaliste et réalisateur
Et les messages de :
Mickaël Wamen, syndicaliste Goodyear condamné
Rony Brauman
Isabelle Attard, députée
Jacques Nikonoff, porte-parole du Parti de l’émancipation du peuple
Nous adressons un message de solidarité aux travailleurs condamnés de Goodyear et exigeons l’arrêt immédiat des poursuites à leur encontre.
Nous réaffirmons notre exigence de levée immédiate d’un état d’urgence dont tous les orateurs, dans leur diversité, ont montré qu’il est liberticide et menace tous les droits démocratiques existants.
Nous appelons à amplifier la campagne pour la levée de l’état d’urgence et contre sa prolongation annoncée par le président.
Nous nous félicitons de la multiplication d’initiatives qui, comme nous, exigent la levée de l’état d’urgence.
Nous appelons à soutenir la délégation qui se rendra auprès de François Hollande pour faire entendre cette exigence.
Nous appelons à la mobilisation la plus large dans l’unité pour mettre en échec le projet de réforme constitutionnelle par lequel François Hollande prétend graver dans le marbre cette remise en cause permanente de la démocratie.
Dans le respect des positions et des engagements des uns et des autres, mobilisons-nous dans tout le pays pour dire, par dizaines et centaines de milliers :
Non à la réforme constitutionnelle !Levée immédiate de l’état d’urgence !
Nous mandatons la tribune du meeting pour faire connaître cet appel et développer la campagne au niveau national, dans les communes et les départements.
Appel adopté par les 1 500 participants au meeting du 23 janvier 2016, Espace Charenton (Paris)Meeting du 23/01/2016-espace Charenton
Message de Mickael Wamen
Secrétaire du Syndicat CGT Goodyear/Amiens-Nord et l’un des 8 condamnés à neuf mois de prison ferme
(extraits)« Pas un seul des huit Goodyear n’est coupable de quoi que ce soit ! »
« Hollande nous avait promis du changement, et il avàit raison: jamais un gouvernement n'a autant menti, jamais un gouvernement n'a autant porté atteinte aux droits des salariés.
"Moi, président de la République ... ", je ferai mettre en taule des salariés à qui j'avais promis d'être à leurs côtés pour empêcher la fermeture de leur usine ...
"Moi, président de la République ... ", je serai aux côtés des puissants de ce monde et je deviendrai l'ami de la finance …(…)
Ceux qui ne cessent de dire que jamais, en France, il n'y a eu aussi peu de mouvements sociaux devraient bien regarder ce qui se passe : la colère des Français ne se mesure pas au nombre de mouvements mais à leur intensité, et nous allons nous unir pour que le jour du jugement en appel à Amiens, nous soyons le plus nombreux possible pour dire "stop !" à la dictature des financiers et à la soumission intéressée des gouvernants.
Pas un seul des huit Goodyear n'est coupable de quoi que ce soit: nous avons tous perdu notre emploi, nous avons tous subi pendant des années du harcèlement de la part d'une direction archaïque et revancharde. Nous avons même déposé plus de 700 plaintes pour harcèlement, classées sans suite par le même procureur qui se réjouit du jugement du 12 janvier !
La réalité fait peur, mais elle doit appeler à une réaction massive de toutes celles et tous ceux qui veulent que la France reste un pays de liberté et non un pays où les entreprises et les plus puissants ont le droit de tout, où le fric du Qatar n’ est pas un problème, car c'est du fric et peu importe sa provenance et son odeur !
Les financiers sont tous devenus "socialistes" et applaudissent même les discours des ministres qui se disent de gauche. ( ... ) Code du travail; plafonnement des indemnités aux prud'hommes, suppression des charges pour les entreprises, généralisation du travail du dimanche, suppression du CDI : jamais un gouvernement n'a autant attaqué nos droits !
Et maintenant, la prison pour celles et ceux qui se mobilisent contre les fermetures d'usines ! (…) Alors, oui, il est devenu urgent d'agir, car jamais nous n'avons autant vu détruire nos droits. L'état d'urgence ne règle en rien la situation géopolitique mondiale, il apporte juste plus de pouvoir à ceux qui veulent nous écraser. L'état d'urgence doit être immédiatement levé et remplacé par un état d'urgence social! »
L'intervention de Jean-Jacques Karman
Membre du Conseil National du PCF (Gauche Communiste)
Chers Camarades Mesdames Messieurs
Membre de la direction nationale du PCF, au titre de l’opposition de gauche et porte parole de la Gauche Communiste, je suis, comme de très nombreux adhérents du parti communiste, en désaccord avec le vote émis par les parlementaires communistes sur l’état d’urgence. Pourtant, les parlementaires communistes auraient du savoir, se souvenir que l’état d’urgence a toujours été utilisé aussi contre le luttes sociales et politiques.
Jean-Jacques KarmanMembre du Conseil National du PCFPorte-parole de la Gauche communiste
L'intervention de
Daniel Gluckstein
Secrétaire national du
Parti Ouvrier Indépendant DémocratiqueBeaucoup d’orateurs avant moi ont dit des choses qu’on ne peut que partager contre l’état d’urgence. Certains ont indiqué réfléchir aux moyens de lutter contre le terrorisme et d’éviter que la jeunesse ne bascule. J’avoue n’avoir aucune compétence en la matière, mais je voudrais suggérer deux pistes de réflexion:
-le retrait immédiat et inconditionnel de toutes les troupes françaises, en Syrie, en Irak, au Mali, l’arrêt immédiat de toutes les frappes aériennes, et l’arrêt du soutien aux régimes qui financent, arment et fabriquent Daesh.
-puisque 41 milliards d’euros ont été offerts aux patrons au titre du «Pacte de responsabilité», que ces 41 milliards servent à créer un million d’emplois pour notre jeunesse dans la banlieue, et on la verra alors beaucoup moins perméable aux idéologies dans lesquelles on veut l’entrainer.Bien sûr, Il y a un problème, c’est ce gouvernement, qui reprend à son compte les armes de la réaction la plus extrême. Il est vrai que lorsque nous nous sommes retrouvés, petit noyau, pour lancer l’appel des 333, nous avions eu un sentiment de relatif isolement. Il y avait, c’est vrai, ces six députés qui ont voté courageusement contre ; mais il y avait aussi, à l’assemblée nationale, cette prise de position commune de Bartolone et de tous les chefs des groupes parlementaires —sans exception —qui appelaient à «l’union nationale ».
Les choses ont de toute évidence bougé, on l’a entendu cet après-midi, et tant mieux.... «à tout péché miséricorde »...Mais posons les problèmes clairement: de qui exigeons-nous la levée de l’état d’urgence? De ce gouvernement Hollande-Valls, le même qui, en quelques semaines, prétend prolonger l’état d’urgence, réformer la Constitution dans un sens encore plus autoritaire et anti-démocratique, le même qui s’apprête à voter une loi de démantèlement du Code du travail par ordonnance, grâce à l’article 38 de la Constitution anti-démocratique de la Ve République, le même qui emprisonne les camarades de Goodyear. C’est ce gouvernement qui doit être combattu si on veut que soit levé l’état d’urgence.
On ne peut que se féliciter de la large unité qui s’exprime ici pour la levée de l’état d’urgence, indépendamment des désaccords politiques qui peuvent exister, saluer le courage de Mamère, de Coronado, qui, isolés,n’ont pas hésité à voter contre, saluer aussi les prises de position des magistrats et des démocrates qui s’expriment ici.
Mais dans ce large front qui se constitue pour la levée de l’état d’urgence,le mouvement ouvrier a une responsabilité particulière. Cette responsabilité particulière tient au fait que la Ve République —fondée, comme le disait naguère Mitterrand (qui l’a oublié ensuite), comme un «régime de coup d’État permanent», anti-démocratique, corporatiste, bonapartiste —a toujours eu comme principal objectif, de frapper la classe ouvrière, démanteler ses droits et garanties, intégrer ses organisations dans l’appareil d’État. C’est ce que ce régime cherche à faire encore aujourd’hui contre le Code du travail et les droits ouvriers.
Pour les travailleurs, le combat pour la démocratie est un combat sans limitations. Son objectif immédiat, c’est la défense de toutes les garanties ouvrières et démocratiques menacées par un régime capitaliste moribond et la défense de toutes les libertés, sans restriction. Mais le mouvement ouvrier, historiquement, se fixe d’étendre la démocratie non seulement au champ politique, mais au champ économique et social, c’est-à-dire de l’établir par l’appropriation collective des moyens de production arrachés à la classe capitaliste.
Cela, c’est la position particulière, historique du mouvement ouvrier. Il ne s’agit pas de l’imposer à tous ceux qui, de leur propre point de vue, s’engagent sincèrement dans le combat pour la liberté, pour la levée de l’état d’urgence. Mais il est important de souligner cette responsabilité.
J’ai surpris par hasard une conversation tout-à-l ‘heure en entrant entre deux participants à ce meeting. L’une disait à l’autre: «C’est bien, il y a du monde, mais c’est râpé, ça passera à l’Assemblée.» Eh bien non, camarades, ce n’est pas «râpé». Quelqu’un a dit tout à l’heure: «Si ça ne passe pas par en haut, à l’Assemblée, ça passera par le bas. » Oui. Ca passera par le bas. Ca passera par la mobilisation de millions et millions, par les grèves, par les manifestations sur des objectifs précis. Ca passera sur le combat dans l’unité sur des mots d’ordre clairs et sur un objectif clair: défaire ce gouvernement au service de la réaction et de l’Union européenne,le défaire sur chacun et tous ses plans.
Le défaire pour imposer la relaxe des camarades de Goodyear, le défaire pour préserver le Code du travail et les droits ouvriers, le défaire pour empêcher la réforme constitutionnelle. Et le défaire pour imposer la levée de l’état d’urgence.
Daniel GLUCKSTEIN
Secrétaire national du POID
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Notre sœur la France, un poème de Yannis Ritsos (grand poète grec, rend ici hommage à la France à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.)
Notre sœur la France,
notre sœur bien-aimée la France,
nous t’écrivons rapidement deux mots sur le genou,
deux mots tout simples comme notre amour,
comme sont le pain, la lumière, le sel et notre cœur.
Tout simples. Cela ne nous irait pas devant toi de porter nos cravates,
nous avons chemise et poitrine déboutonnées,
nous avons notre orgueil déboutonné de haut en bas,
et notre rêve est déchiré, seul dans le vent,
et notre âme n’est pas rasée
de la barbe des partisans qui se sont retranchés,
à cheval sur la mort – en haut des rochers de la gloire.
Notre sœur, dans le sang nous te donnons la main,
pour te serrer la main ensanglantée.
Toi au moins, tu n’es pas une étrangère. Tu es la nôtre.
Et quand tes partisans libéraient ton Paris,
nous criions dans les rues: « Notre Paris est libéré! »
Des drapeaux plein le ciel, Athènes saluait
ton armée accrochant aux balcons l’espoir tricolore,
et sur les bancs de notre Kaissariani nous écrivions:
« Vive notre France libre! »
Et là-haut sur le Pinde et à Liakoura,
dans les fumées, les cliquetis, et dans la poudre, ces nuits
où le vent apportait les volutes enflammées et les cendres des villages qui brûlaient,
les partisans là-haut gravaient, dans le bois des chênes sauvages et dans la crosse de leurs fusils,
ton nom tout à côté de celui de la Liberté.
Toi au moins tu n’es pas une étrangère. Tu es la nôtre.source: prcf06.over-blog.com/
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Pécresse la bien-nommée, dont le parti revendique agressivement les « racines chrétiennes de la France » et qui vient de conquérir la région francilienne, a noblement décidé de supprimer les réductions sur les cartes transports des sans-papiers franciliens. Ce geste d’une grande humanité fait honneur à la nouvelle France souhaitée par Sarkozy…
C’est pourquoi nous dédions aux « bons Français », aux « bons chrétiens », aux « bons Européens » et aux autres néolibéraux dégoulinants d’égoïsme de classe et de bonne conscience ces quelques lignes d’Edith Stein, la religieuse catholique d’origine juive que les nazis firent périr à Auschwitz :
« Pour le chrétien, il n’y a pas d’étranger ; le prochain est toujours celui qui se trouve devant nous et qui a le plus besoin de nous – qu’il soit parent ou non, que nous le trouvions sympathique ou non, qu’il soit ou non moralement digne de notre aide. L’amour du Christ ne connait pas de limites, il n’a pas de cesse et n’est rebuté ni par la laideur, ni par la saleté ».
Peut-être que Dieu, s’il existe, enverra en enfer les mécréants de notre sorte qui se battent pour une société sans oppression ni exploitation. Dans ce cas, son paradis ne nous intéresse pas… surtout si c’est pour y fréquenter des « chrétiens » tels que Thatcher, Pécresse ou autres Sarkozy, que Benoît XVI avait poussé la miséricorde ecclésiale jusqu’à l’introniser « chanoine du Latran »…
Mais en attendant, dans cette « vallée de larmes » où triomphe l’injustice, les vrais chrétiens à la E. Stein sont peut-être plus proches des vrais communistes que nous tentons d’être, non pas dans les mots et dans les postures électorales et xénophobes, mais DANS LA PRATIQUE du combat pour le « PAIN QUOTIDIEN ».
Floréal-le 23/01/2016
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Les militants de la CGT Pôle emploi Bretagne, de FO, du SNU-FSU, de SUD Emploi se mobilisent lundi 25 Janvier 2016 contre la fermeture des agences Pôle emploi tous les après-midis !
Les militants de l'Intersyndicale seront présents devant les agences Pôle emploi de St Brieuc Ouest, Brest Europe, Quimper Nord, Morlaix, Lorient Marine, Redon, Rennes Sud et St Malo pour dénoncer ces fermetures et informer les travailleurs privés d'emploi !
source : communcommune.com
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Quimper. De 800 à 900 manifestants rive droite... par LetelegrammeEntre 800 et 900 personnes ont manifesté, hier, dans les rues de la ville, à l'appel du collectif antifasciste local, « pour les libertés humaines, le respect de chacun et la solidarité au-delà des frontières ». Face à eux, environ 150 militants xénophobes, emmenés par Adsav.
« Je fais partie de ceux qui pensent que l'on peut vivre tous ensemble. J'ai mal au bide depuis quelque temps, c'est pour cela que je suis venue, avec mes semblables. On ne devrait pas être là, ça serait bien mieux... Mais bon », a témoigné hier, Cécile, au coeur de la foule réunie place Saint-Corentin, avant que le cortège ne s'étire en centre-ville jusqu'au bord de l'Odet. Morgane, elle, est venue battre le pavé quimpérois pour signifier qu'elle n'est « absolument pas d'accord que des gens ne puissent pas tolérer la présence des réfugiés irakiens à Fouesnant. Je m'inquiète que l'on vive cela ici ». « Nous sommes bretons citoyens du monde, il faut absolument que nous soyons ouverts et accueillants. Si un jour nous devions être dans la situation de ces réfugiés, on apprécierait que les gens se comportent comme cela », a ajouté la jeune femme. Quant à Jacques, plus âgé, il a fait le déplacement de Fouesnant. « Je suis ici par solidarité avec les gens qui accueillent, parce qu'accueillir c'est un devoir. Mais aussi parce que, ce n'est pas le sentiment majoritaire de la population. Il y a une autre manifestation aujourd'hui. On sait d'où ça vient. Il faut faire le poids », a-t-il émis.
« Si on ne s'aide pas »
Les 800 à 900 militants antifascistes et ardents défenseurs des droits de l'Homme ont bien fait le poids, hier, face aux 150 militants d'extrême-droite, xénophobes, opposés à l'accueil des migrants réunis aux abords de la préfecture à l'appel d'Adsav (lire ci-dessous). « Si on ne s'aide pas, si on n'aime pas les autres, il n'y a plus lieu d'être. Il faut savoir s'ouvrir au monde et accepter les différences des uns et des autres sans pour autant oublier notre passé commun, construire le futur tous ensemble », leur a adressé, à distance, Sébastien.
« Il est important de défendre les fondements mêmes de la France : liberté, égalité, fraternité », a-t-il complété. Militants associatifs, politiques et citoyens mobilisés hier, sous une pluie battante, ont notamment entendu cette conviction exprimée au micro par l'un des animateurs du collectif antifasciste de Quimper. « La division et le repli sur soi ne sont pas des problèmes appropriés aux problèmes de société, ils ne font que les empirer. Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes, en l'absence de réponses des autorités, pour défendre des valeurs comme la liberté, le respect de la différence et la solidarité entre les peuples ».
« Je chante pour l'amitié »
Au nom de la coordination des associations culturelles de Bretagne Kevre Breizh, Tangi Louarn a, quant à lui, insisté sur le fait que « l'esprit de la Bretagne n'est pas du côté des fascistes qui sont sur l'autre rive de l'Odet. C'est un esprit d'ouverture, de solidarité et de respect de la diversité culturelle ». « La Bretagne s'enrichit de l'apport des autres », s'est-il dit persuadé. « Ne rentrons pas dans le discours malfaisant, xénophobe, des fascistes et des racistes, et leurs mensonges. Nous ne sommes pas envahis par les immigrés », a exhorté Marie-Madeleine Le Bihan, la présidente du collectif droit d'asile. L'artiste Gwennyn n'était pas à Quimper hier, mais Ninog Latimier est venue rapporter ses mots : « Je chante pour l'amitié entre les peuples, je chante pour l'aide désintéressée que l'on peut donner à son prochain sans même le connaître. Je chante pour donner courage à ceux qui agissent au nom des droits de l'Homme, je chante pour l'accueil des réfugiés dans la bienveillance et l'ouverture ».
Bruno Salaün
source: letelegramme.fr
A lire:
►Télécharger « Appel du Collectif Antifasciste Pays de Quimper-Manif 23-01-2016.pdf »
►Télécharger « Affichette collectif antifasciste Pays de Quimper-Manif 23-01-2016.pdf »
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Communiqué unitaire
Les organisations syndicales CGT, FO et SOLIDAIRES de la Fonction publique estiment que, si la négociation salariale qu’elles réclament depuis plusieurs années est bien confirmée pour le mois de février, elle ne se présente pas dans de bonnes conditions...
En effet, en faisant adopter une loi de finances et une loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2016 avec quasiment aucune marge de manœuvre pour une augmentation générale des traitements, le gouvernement annonce la couleur : la politique d’austérité continue…. et ce n’est pas la nôtre ! De surcroît, les déclarations se multiplient sur les difficultés de la relance, une croissance toujours en berne, qui laissent très mal augurer de ce rendez-vous salarial.
S’ajoutent à cela, la poursuite à une vitesse effrénée et sans réelle négociation, de nombreuses réformes (collèges, territoriales, santé…) qui, si elles sont mises en oeuvres, vont avoir de nouveaux et graves impacts négatifs sur le service public rendu aux citoyens et aggraver encore les conditions de travail des personnels.
Enfin, de nombreux secteurs de la Fonction publique, pourtant essentiels au progrès social et à la population, restent confrontés à des sous effectifs absolument insupportables.
C’est pourquoi, les organisations syndicales CGT, FO et SOLIDAIRES -appellent d’ores et déjà à faire de la journée du 26 janvier 2016, un temps fort de mobilisation, par la grève et les manifestations pour :
- une significative augmentation de la valeur du point d’indice, prenant en compte l’inflation subie depuis plusieurs années et, en particulier, depuis 2010,
- des mesures générales permettant de compenser les pertes de pouvoir d’achat,
- le développement de l’emploi public statutaire par des créations nettes, dans les très nombreux secteurs qui en ont besoin,
- des moyens financiers à la hauteur des besoins de service public,
- la défense d’un service public de proximité garant de la cohésion sociale.
Les organisations syndicales signataires se rencontreront le 5 janvier 2016 pour préciser les modalités de cette journée d’action.
Elles appellent d’ores et déjà les agents à se rassembler unitairement afin de construire les conditions de réussite de cette journée, résolument inscrite dans un processus de lutte.
Paris, le 18 décembre 2015
Mardi 26 janvier 2016
Fonction publique-l’austérité ça suffit !
Grèves & manifestations en finistère
CGT-FO-FSU-SOLIDAIRES
RDV-11 heures
Brest-Place de la Liberté
Quimper-Place de la Résistance
A lire également:
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Dans un communiqué, le collectif d’éleveurs réitère sa volonté de maintien de l’abattoir dans le Cap-Sizun : « Grâce à la volonté du collectif d’éleveurs, des consommateurs, d’une poignée d’élus et du soutien de la population (4 000 signatures en trois semaines), nous avons obtenu un sursis de trois mois pour faire des propositions constructives. Il est illusoire de vouloir récupérer en trois mois une situation qui s’est dégradée au fil des années. Un sursis de trois ans serait plus réaliste pour relancer un véritable projet viable. »
« Il faut en effet faire du neuf avec une politique commerciale offensive : des tarifs clairement annoncés, une direction à plein-temps, des investissements dans la rénovation de la salle de découpe, dans l’achat d’un véhicule… Ces investissements pourraient se réaliser avec l’aide financière des fonds européens et s’appuyer sur la Région. Un tel outil répond à la demande en vente directe. Celle-ci représente 25 % des producteurs qui s’installent actuellement en agriculture. »
« En ce moment, nous prospectons auprès des grandes surfaces. Elles ont le choix de s’approvisionner localement, d’ailleurs certaines le font déjà, et se montrent sensibles à notre démarche. »
Le collectif voit également d’autres débouchés possibles : « Les élus ont un pouvoir de décision sur les collectivités locales telles qu’écoles, établissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes (Éhpad), pour des repas à domicile par exemple. Ces structures peuvent se fournir localement également. La loi du 15 janvier, votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale, stipule que 40 % de la restauration collective soit locale en 2020. »
Le collectif souligne l’outil économique que représente l’abattoir. « C’est de l’emploi, et c’est aussi conserver une économie locale d’une valeur de deux millions d’euros qui n’est pas délocalisée (200 000 kg, à une moyenne de 10 € le kg, commercialisé en circuit court). L’agriculture est encore la première activité économique du Cap-Sizun. Conserver l’abattoir est un espoir pour les éleveurs qui connaissent actuellement les pires difficultés. »
Et de conclure : « L’abattoir OuestCornouaille est un projet fédérateur et un atout pour tous. Des solutions existent, on a besoin de soutien et de volonté politique. »
source: ouest-france 23-24/01/2016
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Pascal Besnard (en haut à gauche) sera le directeur intérimaire, Francis Bruneau a salué «l'ensemble des 700 personnels.Une centaine de personnels (en bas) rassemblés dans le hall.
C’étaient les derniers vœux du directeur Francis Bruneau, en partance vers le CHU de Nancy. Son successeur par intérim est Pascal Besnard, son alter ego de l’EPSM Étienne-Gourmelen.
Reportage
Les années se suivent et… se ressemblent au centre hospitalier Michel-Mazéas. Vendredi, comme l’an passé, une quarantaine de membres du comité des usagers chante de l’autre côté des vitres du restaurant, qui accueille la traditionnelle cérémonie des vœux. La dernière du directeur Francis Bruneau, à quelques jours de son départ vers le centre hospitalier universitaire de Nancy. La chanson Parole, parole est entonnée pendant l’introduction du maire Philippe Paul, également président du conseil de surveillance. Avant un Adieu, monsieur le directeur de circonstance.
« Entendez la souffrance »
D’un humour plus douteux, une couronne mortuaire crispe le maire, au moment pourtant d’annoncer aux personnels « de bonnes nouvelles : le recrutement d ’ un directeur est prévu et, d ’ ici à son arrivée, Pascal Besnard, directeur de l ’ Établissement public de santé mentale (EPSM) Étienne-Gourmelen de Quimper, sera votre directeur intérimaire ».
Au tour de Marceline Sévérac, secrétaire générale du syndicat CGT, de disputer la parole au maire pour lire son texte adressé à « messieurs et mesdames les directeurs », égrenant, « au nom de tous les salariés du centre hospitalier, ce que nous voulons entendre de votre part ».
Un préavis de grève a été déposé de 15 h à 17 h, par le syndicat CGT, « pour dénoncer la dégradation des conditions de travail ». Un peu avant la cérémonie, une centaine de personnels se sont rassemblés dans le hall, attifés d’un masque blanc.
« Entendez la souffrance du personnel et agissez dans le sens de l’amélioration de leurs conditions d’exercice professionnel, car ils souhaitent uniquement bien faire un travail qu’ils ont choisi et qu’ils aiment. »
Une intervention très applaudie, mais que le maire goûte moyennement : « Attention à l’image que vous donnez de l’hôpital, alors qu’une procédure de recrutement d’un directeur est en cours… »
Successeur de Jean-Philippe Elkaïm comme président de la Commission médicale d’établissement (CME), Ronan Largeau lit un court texte : « Je ne parlerai pas de 2014 et de 2015, années compliquées. La gestion de cette crise a été très discutable, il faut tourner la page, aborder sereinement 2016 et le challenge de la certification. »
Le directeur Francis Bruneau saisit alors le micro, en même temps qu’une bonne partie du personnel quitte le restaurant. Il exprime son sentiment du devoir accompli : « Nous avons su nous rassembler pour définir une feuille de route pour les cinq prochaines années, ce qui n’était pas gagné au départ. Je suis content de partir au moment où elle a été adoptée. »
« Ton comminatoire »
Il dresse le bilan de ses trois années comme directeur de l’établissement, salue l’ensemble des 700 personnels, « médecins, soignants, administratifs et techniques ». Revient sur l’intervention de Marceline Sévérac, porte-parole « du syndicat minoritaire dans l’établissement [face à la CFDT], car il a perdu les élections il y a treize mois ».
Il cite Voltaire, se dit choqué par « le ton autoritaire et comminatoire » de la représentante syndicale, loue « la vie démocratique très organisée d’un hôpital grâce aux instances », dit sa fierté « à la suite de la création de nouvelles activités » et de « la titularisation imminente de 10 % des contractuels de l’établissement (15 sur 160) ».
« J’ai beaucoup apprécié travailler à Douarnenez. Je pense aussi que, pour une petite minorité, il faut regarder au-delà de 1924. 1924, c’est terminé. »
Allusion aux grèves des sardinières : « Il y a eu des épopées qui, à leur époque, ont été extrêmement respectables, admirables. Mais aujourd’hui, est-ce qu’elles sont de mise ? L’avenir ne doit pas être systématiquement source d’inquiétude. »
Gaël HAUTEMULLE.
source: ouest-france 23-24 janvier 2016
A lire également: Le Télégramme du 23/01/2016 Hopital-Ultime manif pour saluer le directeur (Rodolphe Pochet)
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Dominique Raulo est le porte parole de la Confédération paysanne en Bretagne
Pour Dominique Raulo, producteur de lait et porte-parole du syndicat en Bretagne, « l’Europe manque d’outils de gestion des marchés. »
Entretien recueilli par Patrice MOYON.Entre 15 et 20 % des producteurs de porcs bretons sont menacés de disparition. De quoi la Bretagne souffre-t-elle ?
Depuis trente ans, les éleveurs et les salariés de l’agroalimentaire sont la variable d’ajustement d’un système dont nous dénonçons la logique. La crise actuelle est réelle et brutale. En Bretagne, les groupements ont leur part de responsabilité. Certains de leurs adhérents se sentent aujourd’hui trahis. On est resté sur une logique de volumes et de premier prix. On en paye aujourd’hui les conséquences. On a manqué d’imagination sur le plan commercial.
La filière porcine française pourrait faire mieux ?
Oui. Et l’État devrait être plus exigeant quand il apporte son soutien à un secteur d’activité en demandant des contreparties, y compris sur le plan social. Mais les acteurs concernés ne veulent pas rendre de comptes. La concurrence entre groupements a des effets néfastes. Nous ne savons même pas valoriser les efforts que nous avons faits dans le domaine de l’environnement par exemple. Donnons au consommateur l’envie d’acheter, développons des signes de qualité. Ne restons pas dans une logique de minerai. Donnons-nous des objectifs de long terme. Sortons de la logique mortifère et de la concurrence entre groupements qui profite à une oligarchie. On a besoin de renouvellement.
Le marché du lait se retourne à son tour. Ça vous inquiète ?
Ça nous inquiète. Mais malheureusement ça ne nous surprend pas. On n’a pas tiré les leçons de la précédente crise laitière en 2009. Entre novembre 2014 et novembre 2015, la production irlandaise a augmenté de 48 %. C’est la guerre entre bassins de production en Europe. Si on continue comme ça, on va au désastre. En lait, on prend la même direction qu’en porc. Cette crise est européenne et nous l’avions annoncée. L’Europe n’a plus d’outils de gestion des volumes. Or ils sont indispensables.
Il fallait préserver les quotas ?
Non pas forcément. Mais conserver une organisation de marché, oui, pour encadrer les volumes. Ne pas l’avoir fait s’est révélé suicidaire comme on le voit aujourd’hui. Nous avions fait des propositions. Pourquoi l’Europe refuse-t-elle de tirer les leçons de ce qui se passe ? On voit des acteurs privés, comme aux Pays-Bas, qui incitent les producteurs à moins produire pendant que l’Europe reste sans réaction. La casse sociale, personne ne la gère.
Le bio tire son épingle du jeu ?
Oui mais il ne représente que 3 à 4 % des volumes produits. C’est une filière qui a dû batailler pour exister. Pour s’en sortir, elle a dû s’organiser.
Pourquoi continuer à soutenir l’élevage ?
L’élevage contribue à l’aménagement des territoires. Il fait vivre des villages. Et les éleveurs de la Confédération paysanne montrent au quotidien qu’on peut aussi créer de l’emploi en élevage.
source: ouest-france.fr
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Entretien avec Mireille Delmas-Marty, professeur honoraire au Collège de France (1)
François Hollande a-t-il raison, quand il évoque la menace terroriste, de dire que la France est en guerre ?
Si c’est une simple métaphore pour parler de lutte contre le crime, la formule n’a pas beaucoup d’incidence. Mais s’il s’agit d’une véritable guerre contre Daech, qui n’est pas un État mais une organisation criminelle, on voit mal comment et avec qui enclencher un processus de pacification, alors que cet ennemi, mal identifié, est en constant renouvellement. D’où le risque d’une guerre perpétuelle. Par ailleurs, la doctrine pénale de l’ennemi porte en elle un risque de déshumanisation. N’oublions pas comment les prisonniers qualifiés « d’ennemis combattants illégaux » furent traités dans les camps américains après le 11 septembre 2001, enfermés dans des cages ou promenés en laisse comme des animaux dangereux. Nous n’en sommes heureusement pas là, mais la déshumanisation commence par la dépersonnalisation, dont la déchéance de nationalité pourrait être la première étape.
La menace terroriste ne justifie-t-elle pas des restrictions de droits ?
C’est toute la difficulté de la démocratie qui est attachée à l’État de droit, mais ne doit pas pour autant rester impuissante face à des dangers qui sont très réels. Mais supprimer les libertés ne garantit pas forcément l’efficacité. Avant d’adopter de nouvelles lois, les démocraties devraient évaluer, et le cas échéant améliorer, l’efficacité des mesures déjà prises, pour éviter d’entrer dans une sorte de surenchère permanente où la loi n’est plus qu’un instrument de communication.
L’état d’urgence est-il adapté à la situation ?
Face à la violence des attentats du 13 novembre, le recours à l’état d’urgence me semble adapté. D’autant qu’il est prévu par une loi de 1955, dont la conformité à la Constitution de 1958 a été clairement affirmée par le Conseil constitutionnel. Mais cette loi doit rester un instrument de l’urgence. Or, l’urgence, par définition, est temporaire et les dérogations aux droits fondamentaux qu’elle légitime doivent rester temporaires. C’est ce qu’on appelle l’état d’exception, qui dit bien son nom. Avec le terrorisme global, il ne faudrait pas que l’exception devienne la règle.
Sa constitutionnalisation apportera-t-elle des garanties ?
Cela dépend du contenu de la réforme. S’il s’agit simplement de reprendre le dispositif existant pour lui donner un statut constitutionnel, je ne vois pas l’intérêt puisque le conseil constitutionnel lui a reconnu sa validité. S’il s’agit d’étendre l’application de la loi à des cas qui n’étaient pas expressément prévus, alors les conditions devront être précisées. Notamment la proportionnalité des mesures au danger, leur durée maximale, leur contrôle par des juges, et enfin la liste des droits « indérogeables ».
Pourquoi avez-vous critiqué la loi sur le renseignement ?
J’ai critiqué le fait que cette loi consacre une logique prédictive qui consiste à remonter toujours plus loin en amont des actes d’exécution, ou même en amont des actes préparatoires, et étend la justice pénale des criminels eux-mêmes aux criminels potentiels. Les bases de données massives ( big data ) permettent un profilage qui conduit à détecter des suspects qui n’ont pas encore manifesté matériellement leur intention de commettre un acte terroriste, ce qui appellerait au moins un contrôle des critères utilisés. Or, plus les méthodes sont sophistiquées, plus le contrôle est difficile. D’autant que les échanges d’information entre États aboutissent à une mondialisation de la surveillance et des contrôles, mais sans mondialisation des garanties.
« Il ne faudrait pas que l’exception devienne la règle »
Les démocraties occidentales sont-elles devenues plus répressives depuis les attentats du 11 septembre 2001 ?
Oui. Dans la plupart des pays européens, il y a eu des dérives sécuritaires, et pas seulement en matière de terrorisme. Ce qui est inquiétant dans l’accumulation de toutes ces lois qu’on empile les unes sur les autres, c’est que chacune va un peu plus loin pour contourner l’État de droit. Lors des attentats de janvier 2015, une loi antiterrorisme venait d’être votée, elle a été aussitôt complétée par la loi renseignement. Après ceux de novembre s’annonce, outre le projet sur l’état d’urgence, une nouvelle loi contre le terrorisme. Si l’on considère tout l’ensemble mis en place depuis 2001, il est clair qu’une lente érosion de l’État de droit est en cours, moins visible qu’avec l’état d’urgence, mais aussi inquiétante.
« Une lente érosion de l’Etat de droit est en cours »
La réponse viendra-t-elle de la communauté mondiale ?
Dans les cas les plus graves, comme les attentats de New York, Madrid, Londres et Paris, il s’agit de véritables crimes contre l’humanité qui devraient être jugés par la Cour pénale internationale : à crime global, justice globale. Le problème, outre les réticences à l’égard de cette cour, c’est que les États n’ont jamais pu s’entendre sur une définition commune du terrorisme. Il faudra pourtant y parvenir pour gagner en efficacité et éviter cette situation absurde qui consiste à juger avec des moyens nationaux des actes ayant des origines et des effets dans le monde entier.
Vous appelez nos sociétés à surmonter la peur de l’autre…
La peur de l’autre conduit à le traiter comme un ennemi. Cette « peurexclusion » ne peut déboucher que sur la haine et la violence, enchaînant attaque, riposte, contre-attaque, etc., dans une spirale sans fin. En ce cas, la peur est mauvaise conseillère et ne devrait pas être utilisée comme méthode de gouvernement. En revanche, face à des risques communs, la peur pourrait solidariser les peuples. On a fait l’expérience de cette « peur-solidarité » à la conférence de Paris sur le climat, la Cop 21. Il s’est passé quelque chose de nouveau, comme une prise de conscience de notre communauté de destin. La peur est devenue constructive, incitant à chercher ensemble des solutions. C’est peut-être la naissance d’une sorte de citoyenneté mondiale. Cela montre qu’un sursaut est possible.
Recueilli par Thierry RICHARD.
(1) Membre de l’Académie des sciences morales et politiques et auteur de Libertés et sûreté dans un monde dangereux (Seuil).
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