• François Ruffin : “Nuit Debout n'est pas un mouvement spontané, il a fallu l'organiser”-entretien de F.Ruffin avec M. Blthière (telerama.fr 6/04/2016) Rassemblement Place de la République, le 4 avril 2016

     
    François Ruffin, le réalisateur du documentaire “Merci Patron”, matrice et film phare de Nuit Debout, nous raconte comment est né le mouvement, et quel peut être son avenir.

    Depuis le 31 mars, ils sont là, des centaines, chaque soir, au pied de la statue de la place de la République, à Paris. Les noctambules de Nuit Debout ne désarment pas. Intimement lié au succès populaire du film Merci Patron, de François Ruffin, et à l'activisme joyeux de son journal, Fakir, le mouvement a pris forme dans la foulée de la création d'un collectif composé « d'intermittents, de syndicalistes et de citoyens engagés ». Tous unis, disent-ils, « contre une politique gouvernementale qui n'a de cesse de réduire nos droits sociaux, au seul profit des intérêts du patronat. » Nuit Debout a déjà essaimé dans une vingtaine de grandes villes en France, et à partir ce mercredi soir, passera même la fontrière belge, les Bruxellois étant invités à se réunir place des Barricades. Nous avons demandé à François Ruffin, que nous avons joint par téléphone, de nous raconter comment tout a commencé...

    Quel rôle a joué Merci Patron dans la naissance du mouvement « Nuit debout » ?

    D'abord, il y a eu cet article de Frédéric Lordon sur Merci Patron dans Le Monde Diplomatique qui disait que ce film avait tout pour mettre « le feu aux foules ». Je ne suis pas optimiste de nature mais dans le doute, je me suis dit que s'il y avait une chance qu'il dise juste, ça s'organisait. Dans les avant-premières, on voyait bien qu'il se passait quelque chose, et que les gens avaient envie d'agir. Le 23 février, on a donc organisé une rencontre publique à la Bourse du travail qu'on a baptisée : « Leur faire peur ». L'idée, c'était de faire converger des luttes dispersées, qu'il s'agisse de celle contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, de celle des ouvriers de Goodyear, de celle des profs contre la réforme des collèges, etc. On avait convié des syndicalistes, des militants, des intellectuels... Dans la salle, il y avait près de mille personnes. En deuxième partie de soirée, après les interventions publiques, est venu le temps des interventions officieuses. Des tas de gens sont venus s'agglutiner autour de Loïc Canitrot, de la Compagnie Jolie Môme, de Johanna Silva de Fakir et de moi-même, avec une question : « et maintenant, on fait quoi ? » Des mots d'ordre sont apparus. Certaines personnes voulaient se mobiliser de leur côté, sans s'appuyer sur la grande manif du 31 mars contre la Loi travail.

    Personnellement, je pense qu'il est toujours préférable de partir de ce qui existe déjà plutôt que d'essayer de créer une dynamique ex nihilo. C'est alors que Loïc, de Jolie Môme, a lancé son propre mot d'ordre : « après la manif, je ne rentre pas chez moi ». L'idée d'occuper un endroit et de faire une projection géante de Merci Patron a fait son chemin... D'autant que chez Fakir, on avait déjà une petite expérience en la matière avec le blocage de la zone industrielle d'Amiens, en octobre 2010, pour protester contre la réforme des retraites.

    Qu'est-ce qui vous a donné envie de croire à ce rassemblement ?

    Je ne sais pas. Précisément, le fait d'inventer autre chose que les sempiternels appels à la grève générale, si désespérants quand on mesure le fossé existant entre ces désirs de rébellion et l'état des forces potentiellement mobilisables... Je me suis dit qu'au pire on échouerait – l'avantage, quand on est de gauche, c'est qu'on a l'habitude des défaites. Le collectif « Convergence des luttes » est né dans la foulée. Il ne faudrait surtout pas croire que Nuit Debout est un mouvement spontané, né comme par miracle de la somme de désirs communs. Ceux qui disent « oui, oui » dans l'euphorie de l'instant ne viennent pas tous mouiller leur chemise pour que la dynamique s'enclenche... Il a fallu organiser tout ça, canaliser ces aspirations disparates et ce besoin d'action. Il a fallu communiquer, distribuer des centaines de tracts lors de la manif du 31 mars, créer un site internet puis monter des barnums, acheminer le matériel pour projeter le film...

    Quelles sont les revendications des noctambules ?

    Cela me paraît assez flou pour l'instant... Des tas de revendications s'agrègent, sociales, écolos, anti-sécuritaires... Tout est parti du rejet de la loi El Khomri. C'est une opposition commune et solide mais aujourd'hui, on a le sentiment que c'est presque devenu un prétexte. Ce qui fédère les uns et les autres, c'est l'absence totale de perspective politique. Moi-même, je suis un déçu des partis politiques : en tant qu'ex-compagnon de route j'ai pris acte du suicide du Front de gauche. Quant aux autres formations de gauche, il suffit de voir ce qui se passe dans ma région, en Picardie : le FN est à 42 % et le PS et les Verts ne trouvent rien de mieux que de se diviser. J'ai compris qu'on était électoralement liquidé. Le changement ne passera plus par les urnes mais par un mouvement social de grande ampleur. C'est le pari presque pascalien que j'ai fait depuis la sortie de Merci Patron.

    “Les occupants de la place de la République appartiennent grosso modo à la même classe que moi, cela dit sans aucun mépris ni jugement : la petite bourgeoisie intellectuelle, à précarité variable. Il ne faut surtout pas en rester là.”

    Peut-on comparer ce mouvent à celui des Indignés espagnols ou d'Occupy Wall Street ?

    Je ne crois pas que ce soit comparable. D'abord, si je me souviens bien, Occupy n'a pas très bien marché finalement... Quant aux Indignés, qui ont fini par se constituer en parti politique, il s'agit d'un mouvement massif et populaire, ce que Nuit Debout est loin d'être encore. L'Espagne a connu une crise terrible, bien plus grave que celle que traverse la France... On ne peut pas dupliquer une mobilisation, il faut trouver autre chose. Le plus important et le plus urgent à mes yeux, c'est de dépasser les frontières sociales. Même si on en parle beaucoup, il est frappant de constater que les gens qui occupent la place de la République et d'autres places dans de grandes villes en France ne représentent pas grand monde. Ils appartiennent grosso modo à la même classe que moi, cela dit sans aucun mépris ni jugement : la petite bourgeoisie intellectuelle, à précarité variable. Il ne faut surtout pas en rester là.

    Le mouvement doit dépasser les seuls centres urbains et essaimer à la périphérie, dans les banlieues, les zones rurales et industrielles, sinon il trouvera vite ses limites. Il faut trouver le moyen de toucher des milieux populaires. Je suis persuadé que l'une des clefs du succès de Merci Patron réside dans cette rencontre entre différentes classes sociales : le journaliste et les Klur, ce couple d'ouvriers au chômage. Dans le film, j'avais d'ailleurs été très attentif à glisser tout un tas de références culturelles très popus afin que tout le monde puisse s'y reconnaître : ça allait du maroilles à La Petite Maison dans la prairie. Maintenant, si on veut que ça bouge vraiment, il va falloir aller les chercher les Klur !

     

    Comment faire durer un mouvement aussi hétéroclite et vers quoi se dirige-t-il ?

    Honnêtement, je n'en sais rien. Je serai place de la République ce soir [mardi 5 avril, NDLR] pour rencontrer les autres initiateurs du mouvement, discuter avec eux, jauger nos forces : a-t-on encore du jus ? Comment faire évoluer la mobilisation ? Pour quels objectifs à atteindre ? En tous cas, je vous l'ai dit, la prochaine étape consiste à sortir de l'entre-soi pour exporter la mobilisation jusqu'au fin fond de la France. Je rêve de Nuit Debout à Flixecourt !

    L'affaire des « Panama Papers » va-t-il alimenter le feu de la révolte ?

    Malheureusement, je crois que la dénonciation n'a plus vraiment d'effet sur le corps social, trop anesthésié à force de s'être pris des coups. On le dirait immunisé, ou bien atteint d'une forme grave de fatalisme. Des révélations de l'ampleur des « Panama Papers » peuvent peut-être alimenter la colère mais ça ne suffira pas. Il faut proposer une voie, tracer un chemin. Offrir des perspectives de transformation...

    Entretien de François Ruffin réalisé par Mathilde Blottière-6/04/2016
    Source:  telerama.fr
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  • Après la manifestation, une trentaine de personnes se sont rassemblées sur la... Après la manifestation, une trentaine de personnes se sont rassemblées sur la plateau de la Déesse pour monter un collectif Nuit debout.
     
      Après la dislocation de la manifestation, un groupe d'une trentaine de personnes s'est installé sur le plateau de la Déesse, sur le mont Frugy. Façon assemblée générale. Objectif : faire entrer Quimper dans le mouvement Nuit debout. « À une dizaine d'amis, on a créé un collectif. Nous étions là aux manifestations du 9 et du 31. Mais on trouve qu'il y a une forme d'immobilisme des syndicats. Ils manifestent et puis ils s'en vont », témoigne Antoine Salesse, l'un des compères à l'origine du collectif. « Il faut faire une occupation des places, il faut qu'on soit visible. Nous sommes en contact avec des lycéens mais ce sont les vacances. On ne peut pas toujours faire la même marche et rentrer chez nous, il nous faut apporter des idées neuves, organiser des sit-in, des flash mobs », ajoute Tanguy Jézéquel, qui voudrait, lui aussi, mobiliser autrement. Après cette première réunion, Nuit debout pourrait donc se concrétiser à Quimper, « on l'espère dans les semaines à venir ».

    À noter
    Le collectif a ouvert sa page Facebook : Quimper contre la loi Travail.
    source:  letelegramme.fr
     
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  • Morlaix. Soixante participants à la première Nuit debout (OF.fr 9/04/2016)Une soixantaine d'indignés se sont retrouvés au Kiosque, face à l’hôtel de ville de Morlaix, ce samedi 9 avril, dès 18 h. Chacun était invité à s’exprimer, à tour de rôle.

    Une soixantaine d'indignés se sont retrouvés au Kiosque, face à l’hôtel de ville de Morlaix, ce samedi 9 avril, dès 18 h. Chacun était invité à s’exprimer, à tour de rôle.

    « Arrêtons de dire qu’il faut faire et faisons ! », lâche Yves Abramovicz, l’un des initiateurs de la Nuit debout à Morlaix. Le mouvement Nuit debout est né de la contestation contre la Loi Travail, il y a une dizaine de jours, à Paris. Tous les sujets sont désormais débattus (emploi, réfugiés, précarité…). Un premier rassemblement a eu lieu ce samedi 9 avril, dès 18 h, place des Otages à Morlaix.

    « À un moment donné il faut se bouger, en dehors des institutions traditionnelles, appuie Yves Abramovicz. L’idée est de donner la parole aux citoyens, de faire une démocratie directe et pas représentative. On ira au bout de la nuit et demain s’il y a du monde. »

      

    Une soixantaine d'indignés se sont retrouvés au Kiosque, face à l’hôtel de ville de Morlaix, ce samedi 9 avril, dès 18 h. Chacun était invité à s’exprimer, à tour de rôle.
    Une soixantaine d'indignés se sont retrouvés au Kiosque, face à l’hôtel de ville de Morlaix, ce samedi 9 avril, dès 18 h. Chacun était invité à s’exprimer, à tour de rôle. Une soixantaine d'indignés se sont retrouvés au Kiosque, face à l’hôtel de ville de Morlaix, ce samedi 9 avril, dès 18 h. Chacun était invité à s’exprimer, à tour de rôle.


    « Pour que ça bouge, petit à petit »
     
    Un studio radio devait être installé au Kiosque, dans la soirée. « Nous relaierons par ce biais les souhaits des citoyens sur le site national du mouvement (mixlr.com), précise Loïc Digaire. Le but est de rassembler des citoyens, de connaître leurs doléances pour le pays de Morlaix et voir ce que l'on peut en faire. Nous allons récolter des écrits aussi. »

    Laëtitia, graphiste de 23 ans, témoigne : « Je suis là pour avoir un poids. C'est rare que l'on puisse avoir une voix en dehors du vote. Mais à notre échelle on peut faire quelque chose pour que ça bouge, petit à petit. »
     
    Une soixantaine d'indignés se sont retrouvés au Kiosque, face à l’hôtel de ville de Morlaix, ce samedi 9 avril, dès 18 h. Chacun était invité à s’exprimer, à tour de rôle.


    Une soixantaine d'indignés se sont retrouvés au Kiosque, face à l’hôtel de ville de Morlaix, ce samedi 9 avril, dès 18 h. Chacun était invité à s’exprimer, à tour de rôle.
     
    Adeline BERTIN
     
    source:  ouest-france.fr
     
     
     
     
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  • Un collectif de citoyens appelle au rassemblement, ce samledi soir à 18 h, face à la mairie de Morlaix, pour participer à une Nuit Debout. Le mouvement, lancé à Paris pour protester contre le projet de loi Travail, a fait des émules dans le grand-Ouest, à Rennes et Nantes, par exemple. « Nous organiserons des prises de parole tout au long de la soirée. Ces discours seront retransmis en direct sur une webradio, mixlr. com. Le rassemblement sera calme et pacifique », explique l'un des participants. L'appel à la participation a été lancé jeudi, sur une page Facebook qui comptait près de 360 inscrits, hier.
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  • EM comme Emmanuel Macron : ni gauche ni gauche (IC.fr 8/04/2016)Le sémillant ministre de l’économie et des finances vient de lancer son mouvement politique : ! sigle EM comme Emmanuel !

    Cet élan sémantique est vite refroidi pourtant par les propos de E. Macron :

    son mouvement sera « ouvert , pas à droite, pas à gauche « . La double appartenance et est souhaitable. Un sujet de réflexion à ceux de nos amis qui croient, comme Macron, que le clivage est obsolète…Il est vrai que l’attachement à l’UE est pour lui le seul clivage qui vaille : européistes de tous bords unissons-nous !

    EM comme Emmanuel Macron : ni gauche ni gauche (IC.fr 8/04/2016)On comprend que le MEDEF par la voix de son président P. Gattaz trouve cette initiative « rafraichissante ». Et que dire de la droite qui dresse l’oreille :

    « je ne vois aucune incompatibilité entre et Alain Juppé « , a déclaré J-P. Raffarin.

    Bref voilà un ministre important du gouvernement du parti socialiste qui ouvertement et de toute évidence avec le soutien du président de la République souhaite ouvertement un gouvernement ou LRPS si on préfère.
    Au même moment maître J-P Mignard, membre du PS ami et avocat de F. Hollande déclare dans un article du Figaro et sur I-Télé que le PS doit se transformer en un parti démocrate sur les modèle des États-Unis car le « socialisme est une idée morte ».

    EM comme Emmanuel Macron : ni gauche ni gauche (IC.fr 8/04/2016)Aux yeux de Hollande, Macron et du parti socialiste à n’en pas douter.

    Alors que dire des dirigeants du PCF-PGE qui continuent de rêver de l’union avec le PS?

    Alors que dire de la gauche européiste qui ouvre un boulevard au FN en refusant de comprendre et de dire qu’il faut sortir de l’euro et de l’UE ?

    Alors qu’un vaste mouvement social contre la Loi El Khomri se déploie dans notre pays, ne pas proposer une véritable alternative de progrès social, d’indépendance nationale et de coopération internationale, ne pas proposer une convergence des luttes avec une grande manif nationale contre l’ensemble de la politique du pouvoir c’est laisser le terrain aux manœuvres des Macron et laisser se serrer l’étau mortifère de la vie politique de notre pays entre PS/LR et LR/FN.

    Renforcer le PRCF pour la renaissance d’un parti communiste porteur des intérêts du monde du travail et de la nation reste une urgence que les faits imposent.

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  •  Deuxième Nuit debout, mercredi 6 avril, sur l'esplanade Charles-de-Gaulle, à Rennes.

     

    À 21 h, ce mercredi, une centaine de personnes étaient réunies sur l'esplanade De-Gaulle, à Rennes, pour la deuxième Nuit debout.

    Le mouvement Nuit debout va-t-il s'implanter durablement à Rennes  ? C'est le souhait de la centaine de personnes présentes ce mercredi, sur l'esplanade Charles-de-Gaulle, pour la deuxième soirée consécutive.

    Moins nombreux que la veille, les participants se disent déterminés à amplifier le mouvement, qui s'inscrit dans le prolongement de la mobilisation contre le projet de loi Travail.

    >>> Lire aussi : Nuit Debout, des « Indignés » à la française ?

    « Qu'on ramène du monde »

    Les « plus de 40 ans » se comptent sur les doigts d'une main. Beaucoup de jeunes et d'étudiants au rendez-vous, tournés vers la manifestation prévue samedi.

    « Il faut qu'il y ait une foule immense ici samedi soir », lance un jeune homme sur la petite estrade installée au milieu de l'esplanade. « Pour ça, il faut qu'on fasse connaître le mouvement et qu'on ramène du monde. »

    >>> Lire aussi : Rennes : la Nuit debout en cinq questions

    Langage des signes

    Un intervenant appelle à s'appuyer sur « des associations » pour faire grossir cette mobilisation citoyenne qui refuse d'être accolée à un parti politique.  Un autre aimerait que « les jeunes des quartiers » se joignent à la Nuit debout.

    Assise ou... debout, l'assistance réagit à chaque prise de parole en utilisant des signes de main. Levant les bras pour que l'orateur parle plus fort, ou secouant les mains pour approuver une prise de position.

    Des signes pour que les débats restent courtois et audibles, et que la parole ne soit pas confisquée.

    Rennes en retard
     
    Les participants tentent de s'organiser « mais on manque de matériel », concède l'un d'eux, tandis qu'un autre groupe a formé une ronde et débat dans son coin. 

    À Paris, la place de la République est occupée depuis le 31 mars. « À Rennes, on a commencé un peu tard », regrette un militant. 

    Changement d'orateur sur l'estrade. « Le groupe électrogène va arriver. ». La Nuit debout ne fait que commencer...
     
    source: ouest-france.fr
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  • À l'image du millier de « Nuit Deboutistes » parisiens qui se relaient place de la République depuis le 31 mars, une trentaine de personnes a investi la place Guérin jusqu'à 4 h du matin, dans la nuit de mardi 5/04 à mercredi 6/04. Fatigués mais toujours motivés, la plupart étaient de retour mercredi soir pour une nouvelle soirée de veille. Encore peu nombreux, ces manifestants invitent toutes les personnes qui souhaitent s'informer et échanger à les rejoindre, samedi, après la mobilisation contre la loi Travail. Une assemblée générale aura lieu vers 18 h, toujours place Guérin.

    Contact
    Pour communiquer sur le mouvement, une page Facebook « Nuit Debout Brest » et un compte Twitter@Ndebout29, ont été créés hier matin.
     
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  • À l’issue de la manifestation contre la loi travail, hier, à Rennes, les manifestants ont choisi de s’installer sur une place de la ville. Ils rejoignent ainsi, comme 33 autres villes, le mouvement de la Nuit debout lancé à Paris.

    - Rennes (Ille-et-Vilaine), correspondance

    Mardi était une nouvelle journée de mobilisation à Rennes contre la loi sur le travail et contre les violences policières. Mais cette fois, au lieu de rentrer chez eux après la mobilisation, les militants se sont installés sur l’esplanade Charles-de-Gaulle. La maire de la ville et le préfet avaient clairement refusé que le rassemblement Nuit debout se fasse dans le centre-ville historique, place du Parlement, sans s’opposer pour autant à un rassemblement citoyen.

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    Communiqué de la mairie de Rennes.

    Sur cette grande esplanade de béton lisse, entre un cinéma, un centre commercial et une bibliothèque, il aura fallu attendre une heure que les citoyens forment une assemblée suffisamment importante et que les prises de parole commencent. Plus de 300 personnes se sont installées, debout ou assises, pour s’écouter.

    La loi sur le travail a été abordée, mais ce sujet était finalement à la marge : les orateurs ont parlé de leurs conditions de travail, de leurs idéaux, du chômage, de la précarité, d’un désir d’une société moins inégalitaire, plus respectueuse de l’environnement, plus démocratique.

    Une forme de mobilisation plus pacifique

    Cette forme de mobilisation a semblé apaisante aux militants présents, qui ont aussi participé aux manifestations des dernières semaines. Rennes est habituée aux manifestations, parfois tendues, ce qui lui a valu le surnom de « Rennes la rouge » lors de la mobilisation contre le CPE, en 2006. Durant ce mois de mars, elle n’a rien perdu de ses habitudes, comme ce fut le cas hier après-midi, en amont du rassemblement Nuit debout. Dans la journée, la manifestation a débordé sur les rails de la gare pendant une heure et demie, un blocage auquel les gaz lacrymogènes ont répondu. Comme jeudi 31 mars, de nombreux tirs de gaz ont rythmé la mobilisation d’hier, qui a réuni plus de 10.000 personnes dans les rues de Rennes.

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    Élise, Claire et Alice.

    La jeune génération qui arpente les rues de la ville depuis le mois de mars voit aussi les limites des cortèges et des slogans et apprécie le rassemblement Nuit debout pour son pacifisme et son dialogue, comme l’a expliqué Claire, 22 ans. « Les gens ont besoin de s’exprimer, et ici c’est possible. Il y a beaucoup de fatigue avec les manifestations, les gens sont en colère, il y a de la casse et des violences policières. Ici, on peut se parler et avancer. L’important, c’est de montrer qu’on a tous une voix et qu’il faut la faire entendre. » Son amie Élise a enchéri : « Je pense que ça fait longtemps que tout le monde attend que ça bouge, et là, ça y est. »

    Mais les forces de l’ordre étaient bien là, une voix au micro l’a rappelé : « Attention, il y a des policiers en civil près du camion là-bas, soyez vigilants. »

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    A l'Arrière-plan, les f orces de l’ordre veillent.

    Sur l’esplanade, les prises de parole se sont enchaînées sans que la dénonciation d’un système qui déraille ait été au cœur des débats. La proposition, tout du moins l’impulsion vers quelque chose d’autre, a semblé plus présente dans les discours : « Il faut qu’on s’organise » ; « Qui veut faire partie d’une équipe pour aller chercher des palettes ? » ; « Je propose de parler des systèmes alternatifs, si ça intéresse quelqu’un, on va échanger là-dessus dans ce coin de la place ». Au bout d’un moment, le micro est resté muet et quelqu’un a sorti une guitare, le temps d’un entracte, avant que le micro ait été à nouveau pris en main.

    « La Nuit debout marche vraiment bien à Paris et aujourd’hui, c’est à Rennes, a raconté Simon. Ça montre une véritable cohérence, que le mouvement a pris de l’ampleur. Pour moi, c’est un symbole fort tout en restant une mobilisation pacifique et reposante. » Certains veulent construire un autre monde, explorer « ce champ des possibles » que devient l’esplanade Charles-de-Gaulle, comme l’a dit Flora, étudiante à l’université Rennes 2. Mais pour d’autres, comme Simon, il s’agit de tendre la main au gouvernement : « En étant ici, on montre au gouvernement qu’on est nombreux et prêts à parler, qu’on est capables d’utiliser d’autres moyens pour montrer notre désaccord, sans passer par la violence. »

    JPEG - 128.6 ko                                   Romane, M artin et Simon.

    Vers 22 h 30, l’assemblée générale a voté de rester sur la place. Pour combien de temps ? Pour Élise, « ça va durer, on ne sait pas combien de temps, mais ça va durer. » Même chose pour Flora : « Comme le disent les médias, la loi travail est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, maintenant, les gens ont compris, ils en ont marre, et ce mouvement ne s’arrêtera pas avec la fin de loi travail. »

     

    Julie Lallouët-Geffroy

    source: reporterre.net

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  • Les jours passent, et la place de la République ne désemplit pas. Pour ce « mardi 36 mars » — soit le 6e jour après la date fondatrice du mouvement, le 31 mars — ils étaient même encore plus nombreux à se réunir, à partir de 18 h. Récit de l’AG — qui a adopté l’idée de faire de la langue des signes une langue officielle —, alors que la Confédération paysanne va rejoindre le mouvement.

    - Paris, reportage

    Clément et Thomas, qui se présentent comme la « génération CPE », sont venus par « curiosité intellectuelle » : « Cela fait 5 jours qu’on en entend parler, alors on est venu voir par nous-mêmes », expliquent-ils.

    Même son de cloche du côté d’Hugo, étudiant : « En classe, tout le monde ne parle que de ça ! » La curiosité, c’est aussi ce qui a motive Éric à se rendre sur place, directement à la sortie du travail, en costume : « Je n’ai pas bien compris d’où partait ce mouvement, mais c’est intéressant », explique ce conseiller en développement durable. Pour lui, la place de la République devient un lieu de contestation, après les événements d’Alternatiba en septembre et les manifestations de la COP 21 auxquels il a participé.

    Laura, elle aussi habituée des mobilisations sociales, dit découvrir une nouvelle ambiance à travers cette Nuit debout : « Cela fait plaisir de voir tout ce monde ensemble, dans le calme et la bonne humeur. » Pour Tom, « d’habitude, la lutte, je m’en sens proche sur internet, c’est facile d’être d’accord avec les publications sur les réseaux sociaux. C’est beaucoup plus rare et fort en vrai ».

    Pierre, de son côté, est presque déjà un habitué, après y avoir passé une partie de son week-end. Doctorant, il insiste sur le talent de communication des initiateurs du mouvement : « Ils ont réussi à donner une image très ouverte, où chacun se sent à l’aise. ». Dimanche soir, il est de ceux qui ont commencé à suivre l’Assemblée générale (AG) sur l’application Périscope. Avant d’enfourcher son vélo pour rejoindre la place : « Des AG d’étudiants, j’en ai fait et refait. Mais celles-ci sont marrantes, elles parviennent à transcender les organisations classiques. »

    Car au même moment, à partir de 18 h, l’assemblée « citoyenne et populaire » a commencé avec une foule dont les rangs se sont gonflés au fur et à mesure que la nuit tombait, jusqu’à atteindre plus d’un millier de personnes, assises sur la place.

    Pourtant, ce moment d’échange crucial, au cœur de la démocratie participative, aurait pu ne pas avoir lieu. En cause, l’information qui circule sur l’interpellation des 130 lycéens en marge du cortège parisien, plus tôt dans l’après-midi, et dont certains seraient toujours enfermés au commissariat.

    On discute, on vote pour savoir s’il faut aller sur place et appeler à leur libération. La décision est finalement laissée libre à chacun et l’AG démarre normalement. Même si la question du soutien aux lycéens reviendra tout au long de la soirée, montrant la tension constante entre la nécessité du débat démocratique, de proposer un système à mettre en place et l’urgence de l’action.

    Cette assemblée, qui rassemblait de nombreux nouveaux venus, permettait de faire un état de lieux du travail des commissions et d’étendre la convergence des luttes, avec par exemple la présence de migrants et de réfugiés.

    À l’ordre du jour, donc : un point sur les derniers jours, la question des réfugiés à Paris, un récapitulatif sur les commissions de travail pour finir par un temps de parole, libre mais encadré vu le nombre de personnes (2 à 3 minutes maximum pour chacune).

    La parole est d’abord donnée aux personnes qui sont là depuis le jeudi 31 mars, pour témoigner du mouvement. Certains parlent de l’importance de repartir vers des luttes existantes pour ne pas créer un énième mouvement. Ainsi, Malika, 55 ans, rappelle que « ce qui nous a réuni, c’est la loi El Khomri et qu’il faut garder ça en tête ».

    La présence de réfugiés vient briser la relative homogénéité sociale des intervenants. Mohammed vient du Soudan et dormait porte de La Chapelle avec d’autres réfugiés, où ils sont chassés tous les jours par la police. Son récit symbolise la convergence des luttes souhaitée par nombreux, afin d’éviter l’entre soi. Pour Moussam, ce point est stratégique : « Il faut inscrire à l’agenda les revendications des plus faibles d’entre nous : les migrants, les femmes, les noirs et les arabes. »

    D’ailleurs, Nuit debout apporte un sentiment de sécurité aux migrants qui y passent la nuit. Icham explique qu’à « 5h du matin, il ne reste plus personne sur la place, à part les réfugiés. C’est là que j’ai compris pourquoi on était sur cette place. Parce qu’ils se sentent protégés, donc il faut continuer l’occupation de la place. »

    Or, officiellement, l’autorisation de l’occupation de la place s’arrête à minuit. Certains appellent dès lors à une occupation 24h/24 du lieu. « Si on veut protéger les plus faibles, c’est en restant sur cette place. Les CRS sont moins nombreux que les Parisiens jusqu’à preuve du contraire », lance une jeune femme. En 2011, les Indignados n’avaient pas non plus le droit de rester mais c’est leur nombre qui leur a donné raison, enchaîne une dame. Pas de vote finalement sur cette question de l’occupation de la place de la République, mais un appel à apporter sa tente et à donner un coup de main à la commission logistique, que la fatigue guette.

    Faire de la langue des signes une langue officielle !

    Actions, communication, assemblée et modération, logistique, animation et enfin coordination : les commissions sont donc au nombre de six. Chaque « référent » vient expliquer le travail déjà effectué par chacune : diffusion d’un communiqué de presse international, organisation de l’accueil... Les interventions sont ponctuées de temps de parole qui débouchent parfois sur des propositions concrètes. Celles-ci sont ensuite débattues puis votées par l’assemblée, quitte à parfois enfoncer des portes ouvertes : qui est pour la régularisation des sans-papiers et des migrants ? Qui est contre les violences policières ? Mais aussi avec des surprises, comme quand Philippe, très ému, s’exprime en langue des signes devant la foule à l’aide d’un interprète. Il vient rappeler que la langue des signes n’est pas reconnue et demande son ajout comme langue officielle dans le cadre d’une VIe République. Une foule de mains s’agitent en l’air pour soutenir cette proposition. La convergence des luttes passe aussi par d’autres modes d’expressions.

    Mais tous n’écoutaient pas religieusement les discussions qui se sont prolongées jusqu’après 21 heures. Derrière la foule de l’AG, discussions, musiques, animations ont pris place. « Il y a bien plus de vendeurs ambulants de nourriture que les premiers soirs ! » fait remarquer Marie. Tandis que la cantine à prix libre poursuit vaillamment sa tâche. Et plus loin, ce soir, les Resto du cœur distribuent des repas à une cohorte d’indigents.

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    La cuisine prépare les sandwichs de la cantine à prix libre.

    Entre les fanfares et les concerts improvisés, des discussions s’improvisent, autour d’une bière. François zigzague au milieu, un drapeau du parti pirate tombant de son épaule. « Un pirate, c’est tout le contraire d’un parti ! » le moque-t-on. « Nous ne sommes pas un parti professionnel, répond François. Ce que nous prônons, c’est la réappropriation directe par les citoyens, et c’est exactement ce qu’il se passe ici ! »

    Cela peut-il encore passer par un parti ? « Le débat est ouvert, en interne », admet-il. Mais pour beaucoup, le succès de la Nuit debout s’interprète à l’aune de l’absence de ces partis. « Pour l’heure, je n’ai vu aucune récupération politique, affirme un membre d’EELV. C’est un terrain de jeu proprement citoyen. » Si l’on croise Clémentine Autain ou Julien Bayou — Pierre Laurent, Jean-Luc Mélenchon sont venus ce week-end, ainsi qu’Olivier Besancenot —, ils restent en retrait, à l’écoute.

    Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, est aussi là, il découvre le phénomène. « Ça se prolonge, ça se prolonge… » Il annonce que, ce mercredi 6 avril, la Confédération paysanne officialisera son ralliement au mouvement.

    Celui-ci n’est près de s’éteindre. Un peu plus tard dans la nuit, au micro, François Ruffin poursuit son rêve : « Pour que cela marche, il faut sortir de l’entre-soi. Il faut que la place de la République devienne désormais un cœur qui innerve le reste de la ville… ».

    source: reporterre.net

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  • La Nuit debout est devenue réalité à Rennes, ce mardi 5 avril, rebaptisé 36 mars, par les organisateurs de ce mouvement.
     

    La première Nuit debout de Rennes, sur le modèle du mouvement lancé place de la République, à Paris, réunissait 250 personnes, mardi, en début de soirée.

    Rennes vit sa première Nuit debout, ce mardi 5 avril, rebaptisé 36 mars par les organisateurs de ce « mouvement citoyen ». L'événement, lancé sur Facebook, réunissait quelque 250 personnes, vers 21 h. 

    « Inventer autre chose »

    Les premiers participants sont arrivés vers 18 h, installant une banderole « Convergence des luttes, autogestion », aux abords de l'esplanade Charles-de-Gaulle. 

    Depuis, les prises de parole se succèdent, avec une sono un peu faiblarde et le même thème, résumé par l'un des participants : « La loi travail, on s'en fiche, il faut inventer autre chose tous ensemble ».

    Musique

    Ambiance bon enfant, vers 21 h, sur l'esplanade Charles-de-Gaulle, à Rennes.
     

    Ambiance musicale et bon enfant pour ce rassemblement que les autorités n'ont pas interdit. Le parti pirate et plusieurs élus écologistes de Rennes ont été vus dans l'assistance, de même que de nombreux médias.

    Les prises de parole se succèdent sur l'esplanade.

    La Nuit Debout s'organise

    Après un vote en AG, il a été décidé de rester sur l'esplanade et non de rejoindre la place du Parlement. Des barnums on été installés. Les contacts sont échangés pour préparer la suite

     «  Le but est de revenir demain mercredi puis de se retrouver chaque soir. On occupe symboliquement une place ou chacun peut venir échanger librement et tenter de trouver un moyen de peser sur les politiques qui ne nous représentent plus », explique un participant, étudiant à Rennes 1 .

    A minuit, l'esplanade comptait encore quelque 150 manifestants

    A 1h du matin, le moment reste festif. Danses, débats et musique animent l'esplanade qui se vide doucement.

    La pancarte a du mal à tenir debout. Au milieu de la nuit les manifestants étaient, eux, toujours debout.

    source: ouest-france.fr

     


    Première "Nuit debout" à Rennes

    source: france3-regions

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