• Le Yémen agonise depuis trois ans dans une guerre oubliée par l'Occident. Les bombardements de la coalition menée par l'Arabie saoudite, avec le soutien des pays européens qui lui vendent des armes, tuent et blessent de très nombreux civils. Les enfants sont les premières victimes du conflit. Extrait d'un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 8 février 2018.

    Pour sensibiliser le public occidental à la situation dramatique du Yémen, la réalisatrice Khadija Al-Salami a eu l'idée de confier à des enfants le soin d’interviewer d’autres enfants victimes de la guerre. Ahmed, 11 ans, et Youssef, 9 ans, arpentent la ville de Sanaa dans un reportage, à voir en version courte dans "Envoyé spécial" le 8 février 2018. Dans cet extrait, ils vont à l'hôpital rencontrer des enfants blessés par les bombardements et soignés par une association.

    Le premier d'entre eux, Hassan, 10 ans, a des traces de brûlure sur son bras bandé. L'un de ses os était sorti, un autre cassé. Le garçon a eu treize opérations. Onze à la main, et deux à la cuisse. "On a entendu les avions arriver et ils ont bombardé notre maison pendant qu'on en sortait. Mon frère a été tué." Les avions de la coalition menée par l'Arabie saoudite font énormément de victimes civiles.

    A côté, Rida, 10 ans, est dans un fauteuil roulant. Elle a été touchée à la jambe par un éclat d'obus. C'était avant la fête de l'Aïd. Aujourd'hui, elle ne peut plus marcher.

    Grièvement blessés et traumatisés

    A cause d'une grenade, Nabilla, 9 ans, est blessée aux jambes et a deux doigts de la main droite sectionnés. Elle jouait dans la ferme de ses parents avec neuf autres enfants quand l'engin est tombé. "On l'a jetée, et elle a explosé. Les neuf enfants ont été tués."

    "J'étais à l'école et j'ai vu passer une patrouille", raconte Hatem, 10 ans. La patrouille a été bombardée. "J'ai été propulsé en l'air, et un éclat d'obus m'a touché à la tête." Il a reçu un autre éclat à la jambe. "Je suis resté dix jours sans connaissance, mes nerfs ont été coupés, et mon visage a été paralysé", raconte-t-il, l'effroi visible derrière ses lunettes. Aujourd'hui, il a peur des avions.

    Extrait d'une enquête de Khadija Al Salami, à voir le 8 février dans "Envoyé spécial".

    source: https://www.francetvinfo.fr

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    Depuis mars 2015, une coalition d’États arabes emmenés par l’Arabie Saoudite conduit une campagne militaire particulièrement meurtrière au Yémen. Les combats s’enlisent, marqués par de potentiels crimes de guerre et par une catastrophe humanitaire sans précédent. Tandis que plusieurs États ont décidé d’arrêter de fournir des armes aux belligérants, la France, « patrie des droits de l’homme » semble indifférente à la controverse, se réjouit même de ses ventes d’armes « record » et de leurs performances en matière de destruction.

    Les industriels français de la défense sont fiers des performances de leur matériel. Rien de tel qu’une campagne militaire meurtrière pour en démontrer les qualités ! « Pour ce qui est des chars Leclerc, je vous confirme que leur implication au Yémen a fortement impressionné les militaires de la région », se réjouissait, il y a un an, Stéphane Mayer, PDG du groupe Nexter qui fabrique ces blindés, devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale. Depuis le printemps 2015, 70 à 80 chars Leclerc ont été déployés par l’armée émiratie, alliée de l’Arabie Saoudite, sur le champ de bataille yéménite afin de combattre la rébellion des Houthis.

    Même satisfaction chez Dassault, qui fournit des Mirages 2000-9 à cette même armée des Émirats Arabes Unis, et vient de signer un contrat de modernisation de leur flotte : « L’excellence de l’avion et le succès du programme ont été démontrés avec brio par la grande disponibilité du Mirage 2000-9 et la qualité de sa participation à des opérations menées en coalition internationale », annonce fièrement un communiqué du groupe français. Les opérations en question ? Les frappes aériennes de la coalition arabe au Yémen dont certaines, selon l’ONU et des organisations non-gouvernementales, pourraient constituer des crimes de guerre.

    « Horreur permanente », selon l’Onu

    Quelle est aujourd’hui la situation du Yémen, vitrine de ce savoir-faire français ? Après plus de 30 000 bombardements et un blocus qui entrave l’accès humanitaire, le bilan de cette guerre lointaine est d’au moins 10 000 morts et près de 3 millions de déplacés. L’Unicef estime qu’un enfant y meurt toutes les dix minutes, qu’1,8 million d’entre-eux souffrent de malnutrition aigüe, et que près de 400 000 enfants yéménites sont atteints de malnutrition sévère et luttent pour survivre. Sans parler de l’épidémie de choléra, un désastre dans un pays dont le système de santé est exsangue et où les organisations humanitaires sont elles aussi victimes des bombardements. Plusieurs hôpitaux de Médecins sans frontières (MSF) ont ainsi été visés.

    Le Yémen traverse peut-être actuellement « la pire crise humanitaire depuis la fin de la Seconde guerre mondiale », alertent les Nations-unies, dont plusieurs responsables qualifient la guerre d’« absurde et futile », tandis que le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’Onu, Zeid Ra’ad Zeid Al-Hussein, parle d’« horreur permanente ». Le 21 décembre 2017, alors que l’un des pays les plus pauvres du monde subit des bombardements depuis mille jours, plusieurs ONG lancent la campagne « Yemen can’t Wait » : le Yémen ne peut pas attendre. Une situation si dramatique que certains pays commencent à trouver gênant de continuer à fournir des armes aux belligérants qui s’acharnent.

    Un mouvement de désengagement ignoré par la France

    Dès mars 2016, le parlement hollandais vote ainsi une résolution interdisant l’exportation d’armes vers l’Arabie Saoudite, en lien avec son intervention au Yémen. Mi janvier, c’est l’Allemagne, qui a été ces dernières années l’un des gros exportateurs d’armes vers les pays de la coalition qui fait la guerre au Yémen, qui annonce l’arrêt immédiat des ventes d’armes à toutes les parties du conflit. Une décision favorisée par les sociaux-démocrates du SPD, dans le cadre des négociations pour former une nouvelle coalition gouvernementale.

    Face au risque que les armes soient utilisées contre des civils, la Norvège, la Belgique et le Canada gèlent également des exportations vers les Émirats Arabes Unis ou vers l’Arabie saoudite. En Finlande, tous les candidats à la présidentielle de février 2018 se sont engagés à arrêter les ventes d’armes aux émiratis, après que des images aient prouvé leur utilisation dans la guerre au Yémen. Quand les gouvernements ne bougent pas, c’est la société civile qui prend le relai : des plaintes sont en cours au Royaume-Uni, en Wallonie et au Canada contre des contrats d’exportation militaires dans la région.

    La France, impassible, semble épargnée par ce mouvement. « A ce jour, nous n’avons pas d’information sur le fait que la France aurait revu sa position sur les exportations d’armes », déplore Aymeric Elluin, chargé de plaidoyer « armes et justice internationale » pour Amnesty France. Aucune vente d’arme à l’étranger ne peut pourtant avoir lieu sans l’autorisation du gouvernement. La France est par ailleurs signataire d’un Traité sur le commerce des armes (TCA), et a adopté une Position commune de l’Union européenne (UE) sur les exportations de matériel militaire. Ces règlementation interdiraient a priori tout transfert d’armes vers les parties du conflit yéménite, compte tenu des graves violations du droit humanitaire qui y sont constatées.

    Plus d’un milliard d’euros d’équipement pour les saoudiens

    Pire : depuis le second semestre de l’année 2014, la France a accordé pas moins de 1989 licences d’exportation de matériel militaire aux différents pays engagés dans la coalition menée par Riyad ! Depuis 2007, l’Arabie Saoudite, le Qatar et l’Égypte sont les trois principaux clients de la France après l’Inde. Sur la seule année 2016, plus d’un milliard d’euros d’équipement militaire a été livré à l’Arabie Saoudite [1].

    Dès lors, il n’est pas étonnant de retrouver des armes françaises sur le champ de bataille yéménite : des corvettes Baynunah du constructeur français CMN (Constructions mécaniques de Normandie) pour assurer le blocus, des canons Caesar pour pilonner le Yémen depuis sa frontière… Pour l’Observatoire des armements, la coalition profite ainsi d’un matériel français « dernier cri ».

    L’exécutif français ne dit (presque) jamais non

    C’est le Premier ministre après avis de la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG), qui décide ou non d’autoriser les ventes d’armes à l’étranger. Avec des représentants des ministères de la Défense, de l’Économie et des Affaires étrangères, la CIEEMG est un organe purement exécutif : le Parlement ou la société civile en sont exclus.

    De surcroît, son fonctionnement est opaque : il ne prévoit aucune transparence sur les motivations des décisions, ni sur leur conformité aux traités internationaux. Seul élément d’information officiel : le Rapport annuel sur les ventes d’armes du pays, transmis au Parlement. Il indique par exemple qu’en 2016, alors que Manuel Valls puis Bernard Cazeneuve occupaient Matignon, seules 48 demandes de licences d’exportation de matériel militaire ont été rejetées sur la base de la Position commune de l’UE. Tandis que 4454 licences étaient accordées. Soit un taux d’approbation de près de 99 %...

    Des bénéfices pour les entreprises et les pays acheteurs

    Pourquoi un tel enthousiasme des politiques à approuver des exportations d’armes vers d’autres pays, quels qu’ils soient ? Le système militaro-industriel français s’est construit sur la dépendance aux exportations : les entreprises d’armement ont besoin de vendre pour être rentables. Et elles peuvent compter sur l’État pour les soutenir.

    Cette rentabilité est en effet largement subventionnée, que ce soit par des avances financières, des garanties publiques à l’exportation, ou l’emploi des fonctionnaires de la Direction générale de l’armement et des attachés de défense pour promouvoir les armes françaises à l’étranger. Sans compter l’engagement des ressources de l’armée française, amenée à participer aux salons d’armement, aux démonstrations de matériel, et à former les personnels étrangers : des dépenses qui s’élèvent à des dizaines de millions d’euros par an, pour booster les ventes des industriels.

    Pour gagner des contrats, les fabricants d’armes concèdent des compensations ou « offsets » à l’État acheteur, c’est-à-dire des réinvestissements dans l’économie locale et des transferts de technologies. Dans le cas du contrat sur l’achat de Rafales, l’Inde a obtenu un niveau de compensation de 50 %, ce qui signifie que plus de 3 milliards d’euros seront investis dans l’économie indienne sur les 7,87 milliards du contrat. Une aubaine pour l’économie et les emplois… dans le pays acheteur. « Le contrat des sous marins en Australie va probablement créer plus d’emplois en Australie qu’en France », confirme Aymeric Elluin, d’Amnesty France.

    La prolifération, « effet boomerang » de la stratégie française

    Outre la délocalisation des emplois, les concessions octroyées aux pays clients, et notamment les transferts de technologies, leur permettent à terme de créer leur propre industrie militaire. Ainsi, grâce au savoir-faire acquis avec la production des hélicoptères d’Aérospatial (aujourd’hui Airbus) dans les années 80, la Chine fabrique désormais ses propres hélicoptères militaires, qu’elle exporte au Cambodge, au Pakistan, en Namibie ou encore en Zambie. En mai 2017, l’Arabie Saoudite annonçait la création de sa propre entreprise d’armements, la Saudi Arabian Military Industries (SAMI).

    Les exportations d’armes de la France contribuent donc à la prolifération des capacités de production dans le monde, y compris chez des concurrents et peut-être même à destination d’adversaires potentiels ou d’États peu scrupuleux. Pas de quoi refroidir le gouvernement, qui continue à faire la promotion des industriels français de la Défense, du Qatar à la Turquie, sans faire beaucoup de cas de ses engagements en matière de droits humains. Le Yémen est sans doute loin d’être le seul terrain où des civils sont ou seront victimes des technologies françaises.

    Un contrôle démocratique plus que jamais nécessaire

    Certains écrits commencent à questionner cette stratégie de la course aux exportations. L’industrie de la défense française serait de plus en plus dépendante des exportations [2]. Par ricochet, le budget de l’État peut aussi être affecté. Ainsi, l’équilibre financier de la Loi de programmation militaire 2014-2019 était-il lié à la vente des Rafales de Dassault à l’étranger, puisqu’en cas d’échec, le gouvernement s’était engagé à couvrir les surcoûts de production de l’avionneur. Pour préserver les finances publiques, il faut vendre à tout prix. Y compris à l’Égypte, malgré la décision de l’Union européenne de suspendre les ventes d’armes au régime dictatorial du maréchal al-Sissi.

    Pourtant, ces contrats qui se chiffrent en milliards d’euros restent largement présentées comme des succès commerciaux, et la France comme une « championne des exportations » qui « talonne la Russie ». « En France, il n’y a pas de culture de contestation ou de débat sur la question des exportations d’armes, comme en Grande Bretagne, en Allemagne ou en Belgique, relève Aymeric Elluin. C’est consubstantiel à la cinquième République. »

    Alors qu’au Royaume-Uni, il existe une Commission parlementaire dédiée au contrôle des exportations d’armes, le débat en France se limite essentiellement à quelques questions écrites et un rapport annuel qui est transmis aux députés sans plus de discussions. « Il faudrait qu’il y ait des contre-rapports, des questions sur l’utilisation des armes à l’étranger, des garanties contre les violations des droits humains : c’est un enjeu pour les générations futures », conclut Aymeric Elluin. D’ici là, le Yémen attendra.

    Anne-Sophie Simpere

    Photo : un canon Caesar déployé en Afghanistan

    - Lire aussi notre entretien avec l’économiste Claude Serfati, qui montre à quel point l’armée et les industries militaires sont « chez elles » dans les institutions et l’économie politique de la Vème République.

    Notes

    [1Source : Rapport aux parlementaires sur les ventes d’armes 2017.

    [2L’industrie de défense française était en 2012 dépendante des exportations à hauteur de 20% de son chiffre d’affaires. Récemment, le PDG de la Direction des constructions navales (aujourd’hui Naval group) indiquait que son entreprise était dépendante à 50 % des exportations. Voir Lucie Béraud-Sudreau, « La politique française de soutien aux exportations d’armement : raisons et limites d’un succès », Institut français des relations internationales, juin 2017.

    source: https://www.bastamag.net

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  • Du 11 au 15 septembre se tient à Genève la Conférence des États parties au traité sur le commerce des armes. Troisième plus gros vendeur d’armement au monde, la France est l’un des fournisseurs privilégiés de l’Arabie saoudite et de ses alliés. Selon des informations inédites de l’Observatoire des armements livrées à Orient XXI, le gouvernement français serait passé par un contrat destiné au Liban pour préparer la guerre au Yémen et accélérer ses livraisons d’armes au plus fort du conflit.

    Les États-Unis et le Royaume-Uni sont régulièrement accusés de complicité de crimes de guerre en raison de leurs livraisons d’armes à l’Arabie saoudite, à la tête de cette coalition arabe regroupant dix armées. Mais la France échappe aux condamnations, bien qu’ayant une longue tradition de partenariat avec le royaume saoudien et plusieurs de ses alliés. À partir de la fin des années 2000, Paris veut se tourner davantage vers les pays du Golfe pour booster ses exportations d’armement. Les autorités ouvrent une base militaire à Abou Dhabi où se déroulent des démonstrations de matériel, et vont jusqu’à compromettre l’indépendance politique du pays pour vendre des armements. En 2016, environ 50 % des prises de commande enregistrées par la France concernaient les pays du Proche-Orient2. La monarchie saoudienne est son premier client : elle lui a acheté près de 9 milliards d’armes entre 2010 et 2016, ce qui représente environ 15 à 20 % des exportations d’armes françaises chaque année. Cet armement s’adapte facilement aux conditions du Yémen : il a été construit en fonction des besoins des pays du Proche-Orient, qui regroupe à la fois clients riches et pays en guerre ou en instabilité chronique. D’après des informations inédites de l’Observatoire des armements, la France et l’Arabie saoudite auraient détourné un contrat destiné au Liban pour préparer la guerre au Yémen.

    Un marché juteux

    Les bombardements de la coalition — dont des « bavures » qui s’apparentent à des crimes de guerre sur lesquels l’Arabie saoudite a réussi à empêcher l’ONU d’enquêter jusqu’à présent — auraient tué 10 000 civils d’après les données relayées depuis janvier 2017, le bilan exact est en fait inconnu. L’ONU et plusieurs ONG parlent d’épidémie de famine, de choléra, et de milliers de blessés et déplacés. Une « catastrophe entièrement causée par l’homme », rappelle le dernier rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU. À cela s’ajoutent la destruction partielle de la vieille ville de Sanaa, patrimoine mondial de l’humanité, et l’expansion d’Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) : « AQPA est plus puissant que jamais. Alors que l’organisation de l’État islamique (OEI) fait les gros titres [...], Al-Qaida est le modèle de réussite ». Il a notamment « su exploiter une économie de guerre florissante », écrit April Longley Alley. L’Arabie saoudite a inondé le Yémen de fusils d’assaut Steyr AUG ; une partie d’entre eux a atterri entre les mains d’AQPA, dont se réclamait un des tueurs de Charlie Hebdo, ce qui pose la question du détournement des armes par des groupes terroristes.

    Le Traité sur le commerce des armes (TCA) ratifié par la France le 2 avril 2014 interdit pourtant les exportations d’armes pouvant servir à des violations du droit international humanitaire. Or, non seulement la France n’a pas stoppé ses ventes d’armes aux belligérants en mars 2015 mais elle les a accentuées : Rafale au Qatar et à l’Égypte, porte-hélicoptères Mistral et frégate Fremm à l’Égypte, blindés légers Renault Sherpa light et hélicoptères Caracal à Koweït. Créancière de certains de ces pays, l’Arabie saoudite a la capacité de les entraîner dans une guerre, et l’armement vendu à ses alliés peut lui être prêté ou servir ses objectifs militaires.

    « La France a octroyé pour un peu plus de 16 milliards d’euros de licences pour la seule Arabie saoudite en 2015 et livré à ce pays pour 900 millions d’euros d’équipements militaires la même année [...]. À aucun moment, le gouvernement n’a indiqué ces deux dernières années qu’il avait refusé, révoqué ou suspendu des autorisations d’exportation », commente Amnesty International.

    L’Arabie saoudite, un client choyé

    La facilité avec laquelle les sociétés d’armement françaises s’adaptent aux demandes saoudiennes est le reflet des liens étroits et anciens entre les deux pays. S’il est extrêmement difficile d’avoir des informations précises sur ce sujet très opaque, des sources indiquent que :

    - dès le déclenchement de la guerre au Yémen, l’armée française « a effectué des vols de reconnaissance au-dessus des positions houthies pour le compte du client saoudien et continue à former ses pilotes de chasse », selon MS&T Magazine ;

    - la France a également transféré des nacelles Thalès Damocles XF de désignation de cible et de guidage de bombes, que les forces saoudiennes placent sous leurs avions de chasse – ce qui n’empêche pas les « bavures » ;

    - trois mois après le début du conflit, un avion ravitailleur Airbus 330-200 MRTT a été livré à l’Arabie saoudite. C’est le dernier d’une flotte de six ; en avril 2017, deux de ces avions étaient déployés au Yémen. Indispensables à la guerre en cours, ils ravitaillent en vol les F-15 saoudiens en carburant ;

    - des canons Caesar 155 mm de l’entreprise française Nexter, des hélicoptères de transport Cougar du groupe européen EADS et des drones de renseignement militaire SDTI de l’entreprise française Sagem ont été transférés durant le conflit ;

    - en 2016, la France a livré 276 blindés légers indique son propre rapport rendu en juillet 2017 au secrétariat du TCA. Ce lot serait composé en grande partie de blindés légers Renault Sherpa light et Vab Mark 3 du groupe Renault Trucks Defense originellement destinés au Liban. Dès février 2016, face à l’échec des campagnes de bombardements, la coalition s’appuie sur des milices locales équipées de véhicules légers émiratis Nimr pour tenter de déloger les forces houthies3. L’arrivée des blindés légers français, qui se faufilent sans difficulté dans les rues étroites des villes arabes, s’inscrit pleinement dans cette stratégie de contre-insurrection déployée au sol. Et les Sherpa light sont équipés de capteurs de dernière génération offrant une protection contre les engins explosifs improvisés posés par les forces houthies ;

    - de plus, la coalition fait également usage de petits patrouilleurs, en soutien aux navires de guerre, pour assurer le blocus du pays. Si l’entreprise française Couach bloque à quai deux patrouilleurs rapides à destination du Yémen en raison de l’embargo, elle débute ses livraisons d’intercepteurs rapides à l’Arabie saoudite dès août 2016, publie Mer et Marine. Selon Ouest-France, 39 nouveaux exemplaires de ce type de bateaux sont destinés à Riyad. En décembre 2016, le contrat était en cours de finalisation ;

    - pour assurer le blocus qui affame la population, la coalition utilise des Corvettes Baynunah livrées aux Émirats arabes unis, notent Nadav Pollak et Michael Knights dans « Gulf Coalition Operations in Yemen (Part 3) : Maritime and Aerial Blockade »4. Quand la flotte du royaume est entrée en maintenance en mars 2016, la marine française l’a remplacée pour assurer la continuité du blocus, expliquait alors La Lettre de l’Océan indien. L’artillerie et la marine des forces de la coalition sont par ailleurs munies de systèmes électroniques de navigation vendus par Safran, autre groupe d’armement français. Des instruments notamment essentiels à la logistique des tirs ;

    - enfin, 745 fusils de précision ont été livrés à Riyad en 2015 et 500 en 2016 selon les rapports au Parlement sur les exportations d’armes de 2016 et 2017.

    Des armes pour le Liban qui filent au Yémen

    Certains de ces armements étaient initialement destinés à l’armée libanaise. Conclu fin 2014 entre Paris et Riyad pour un montant de trois milliards d’euros, l’accord Donas (Don Arabie saoudite) prévoyait en effet la livraison aux Forces armées libanaises (FAL) d’équipements militaires français achetés par l’Arabie saoudite, la facture de 2,2 milliards d’euros était à la charge du royaume. Motif avancé pour ce transfert : la lutte contre l’organisation de l’État islamique (OEI) et la guerre en Syrie. La facture de 2,2 milliards d’euros était à la charge de l’Arabie saoudite. Ce contrat sur lequel travaillaient les industriels depuis 2011 a donné lieu à une première livraison en avril 2015 mais a été remis en cause peu après, sur fond de conflit avec l’entreprise française intermédiaire ODAS. Six mois après l’officialisation du contrat, l’Arabie saoudite déclenche l’offensive contre le Yémen. Des industriels de l’armement contactés par l’Observatoire des armements s’interrogent : le contrat Donas a-t-il été ficelé en prévision de cette guerre ? Pour que leur matériel s’adapte aux conditions définies par les pays destinataires, les sociétés d’armement doivent respecter les accords de l’OTAN. « Dès 2015, nous avons engagé les tests de matériel prévus pour Donas. Or à notre surprise, il fallait adapter le matériel aux conditions5 qui ne correspondent pas à celles du Liban. Dès lors, nous avons compris. Nous travaillions sur du matériel ayant vocation à servir au Yémen », confie un industriel sous couvert d’anonymat. D’après ce dernier, en avril 2017, « 80 % du parc destiné à Beyrouth aurait fait l’objet d’une commande ferme de l’Arabie saoudite à destination de ses propres forces et 95 % était déjà déployé sur le terrain, en test ou définitivement ». Selon la presse généraliste française, le contrat aurait été renommé Saudi-French Military Contract (SFMC) en 2015 et destiné à la seule Arabie saoudite, en revanche, selon la presse de renseignement, il existerait toujours. En semant le trouble sur le contrat Donas, la livraison ou non d’armements et leur utilisateur final, la France dilue ses responsabilités et détourne l’attention des problématiques liées à l’utilisation de ces armes.

    La France a également équipé les autres belligérants, l’Égypte, le Qatar, les Émirats arabes unis et le Koweït. Parmi le matériel utilisé au Yémen, des chars Leclerc émiratis – des hauts gradés français se sont vantés sur LCI de la performance inédite du matériel français dans ce conflit — et des Mirage 2000 émiratis et qataris6, dont la France continue d’assurer la maintenance, la mise à niveau et l’approvisionnement en obus7. Ces avions de chasse sont destinés aux bombardements, les forces émiraties se déclarant insatisfaites de leurs capacités d’emport en munitions, note Air & Cosmos.

    Par ailleurs, en vendant des armements tels que les Mirage, chars Leclerc ou Rafale, la France s’engage à assurer une maintenance qui peut durer de quinze à vingt-cinq ans. Elle est donc liée pendant cette période à la politique de l’Etat-client.

    Pendant la guerre les affaires continuent

    Un an après le début de ce conflit voulu par le jeune prince de 31 ans Mohammed Ben Salman (fils du roi Salman) en quête de légitimité après avoir été nommé ministre de la défense, son échec était déjà visible. La ligne de front n’a guère évolué, des poches de résistance se sont créées, la coalition y répond par une stratégie de contre-insurrection en s’appuyant sur des milices locales équipées de véhicules émiratis Nimr, alors que l’économie et les citoyens saoudiens pâtissent eux aussi de cette guerre.

    Au même moment, les rapports d’Amnesty International, et de Human Rights Watch dénoncent « les crimes de guerre » de la coalition. En février 2016, suite aux pressions du réseau européen contre le commerce des armes (Enaat) dont l’Observatoire des armements est membre et de l’ONG britannique Saferworld, le Parlement européen vote une résolution demandant un embargo de l’Union européenne sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite. Malgré des pressions du gouvernement de Manuel Valls, les députés socialistes se rallient au texte. Mais la France ne revoit pas sa politique et le 4 mars 2016, François Hollande décore même secrètement de la Légion d’honneur le prince héritier Mohammed Ben Nayef.

    Le soutien militaire de la France aux opérations saoudiennes est donc militaire, logistique et politique, ce qui explique le silence de sa diplomatie. Sa responsabilité dans la complicité des crimes commis au Yémen n’est toujours pas posée. Les parlementaires français restent impassibles. Aucune commission d’enquête parlementaire n’est en place alors qu’ONG et associations appellent l’État français à stopper immédiatement toute transaction avec les belligérants du conflit et à effectuer un contrôle parlementaire des ventes d’armes.

    Le 16 décembre 2015, soit neuf mois après le début de l’offensive, des industriels de l’armement y prenant part se félicitaient des ventes record lors d’un colloque à la Sorbonne sur « les industries de défense face aux enjeux internationaux ». Pascale Sourisse, directrice générale en charge du développement international du Groupe Thalès, dont le premier client était le ministère de la défense français, se réjouissait de la vigueur d’un marché « pas du tout en train de rétrécir » et d’« une année exceptionnelle ». Même satisfaction pendant le salon international de la défense et de la sécurité Eurosatory de 2016 organisé à Paris, durant lequel Emmanuel Macron a d’ailleurs visité le stand Thalès. Étienne de Durand, délégué pour la politique et la prospective de défense à la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère de la défense a commenté ironiquement à la Sorbonne : « Vendre des armes, ce n’est pas comme vendre des chaussures ». Surtout quand on sait qu’à l’occasion d’une rencontre avec une dizaine de journalistes français à l’ambassade de l’Arabie saoudite le 22 mars dernier à laquelle Orient XXI était convié, des généraux et représentants du royaume ont laissé entendre qu’ils n’avaient pas la moindre idée de l’issue de cette guerre ni de la stratégie à suivre pour sortir de cet enlisement. Contacté par Orient XXI, le ministère des affaires étrangères français n’a pas répondu aux questions.

     

    Notes

    1Sur le Yémen, lire les travaux de Laurent Bonnefoy, dont « Deux ans de destruction et d’impasse au Yémen », Orient XXI, 27 mars 2017.

    3Michael Knights, Alexandre Mello, « Gulf Coalition Targeting AQAP in Yemen », The Washington Institute, 10 mai 2016.

    4The Washington Institute, 25 mars 2016.

    5Le Yémen possède une géographie de « courant d’air, de couloir venteux » qui détermine l’action du sel et du sable sur les composants électroniques autrement que la géographie du Liban « fermée, polluée et restreinte ».

    7Lieutenant Mathieu, « 503e RT : Le PCR1 arme la mission TITAN », Défense Sud-Est.

     

    source: https://orientxxi.info

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  • Remaniement à la direction du site carhaisien de Synutra. Selon nos informations, le directeur général de Synutra Carhaix, Patrick Bischofberger, viendrait d'être mis à pied et un manager de transition pourrait être nommé dans les jours qui viennent.

    Ces changements surviennent quelques semaines après de fortes turbulences. Lors de plusieurs réunions, les salariés avaient fait part de leur désarroi et réclamaient notamment plus de respect de la part de la hiérarchie. Rappelons aussi qu'un audit a récemment été mené par le cabinet Qualisocial sur les conditions de travail dans l'entreprise. Contacté hier après-midi, Patrick Bischofberger, a souligné qu'il ne souhaitait pas « donner d'information sur sa situation ». Christian Masuray, directeur de Synutra France, qui, toujours selon plusieurs sources concordantes, est à Carhaix ces jours-ci ? une réunion extraordinaire du Codir, dont rien n'a filtré, devait s'y tenir ? estime pour sa part « que ces informations sont du domaine privé et ne regardent que l'entreprise ». « Merci de laisser celle-ci faire son travail », a-t-il lancé.

    Du côté des salariés, la mise à pied du directeur général est vécue avec un certain soulagement, « même si la situation reste tendue : nous attendons de voir comment ça va se passer dans les prochains jours. Il n'est pas impossible qu'il y ait d'autres changements ».

    Dans l'immédiat, la mise à pied de Patrick Bischofberger n'a fait l'objet d'aucune information en interne. Nous avons appris par ailleurs que la directrice des ressources humaines de l'entreprise, Émeline Carré, précédemment écartée par le directeur général, aurait été réintégrée, hier.

    source: http://www.letelegramme.fr

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  • MR LE PRÉFET,

    MERCI D'APPLIQUER L’ART. 17 DU REGLEMENT DUBLIN !

    MERCI D'AUTORISER MR MOHAMED I. A DÉPOSER SA DEMANDE D'ASILE EN FRANCE !

     

    Mr Mohamed I., jeune soudanais du Darfour est arrivé au CAO, centre d'accueil et d'orientation de Pleyber-Christ (29) à la fin de l'été 2017. Il est actuellement hébergé à Bourg Blanc (29).

    Après avoir fui le Soudan où il avait été emprisonné et torturé pendant 20 jours, il a passé 2 mois d'enfer en Libye, à nouveau victime de traitements dégradants, d'exploitation et de tortures.

    Enfin, il est arrivé en Italie avec 120 autres personnes sur un bateau pneumatique surchargé où ils sont restés 2 jours à attendre les secours, affamés et épuisés.

    Ici, en Bretagne, il a enfin pu poser ses valises et s'est investi dans les activités proposées et l'apprentissage du français. Il a créé des liens amicaux et commencé à bien s'intégrer. 

    STOP A LA VIOLENCE D'UNE NOUVELLE ERRANCE !

    L'Italie est, tout le monde le sait, débordée par les arrivées des personnes en exil sur son territoire et n'est plus en capacité d'accueillir dignement les demandeurs d'asile ni d'assurer le bon traitement de leurs dossiers. Elle n'accepte jamais vraiment de les reprendre. De fait nombre d'entre eux, renvoyés se retrouvent à la rue dès la sortie de l'aéroport.

    STOP AUX RENVOIS DES DUBLINES VERS L’ITALIE !

    STOP A LA FABRIQUE DE CLANDESTINS !

    En n'autorisant pas ces deux derniers mois, dans le cadre des accords dublin, 2 personnes migrantes à déposer leurs demandes d'asile en France, vous et l'état français en avez fait des clandestins.

    L'un a été renvoyé en Italie où faute de suite donnée à ses démarches administratives, vivant à la rue, il a dû reprendre son «errance» migratoire et est revenue la poursuivre en France. Ici au moins des réseaux amicaux de citoyens solidaires l'accompagnent.

    L'autre a cessé de pointer à la gendarmerie (signature quotidienne) par peur d'être renvoyé en Autriche, pays qui l'ayant débouté par 2 fois de sa demande d'asile, le renverrait à coup sûr en Afghanistan où sa vie est en danger.

    POUR QUE MOHAMED I. RESTE DANS LA LÉGALITÉ,

    APPLIQUEZ MR LE PREFET L’ART. 17 DU REGLEMENT DUBLIN

    POUR LUI PERMETTRE D'ACCEDER AU DROIT DE DEPOSER SA DEMANDE D'ASILE EN FRANCE.

     POUR SIGNER CETTE PETITION

    CLIQUER ICI

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  • Face aux détricotage de la protection sociale telle que l’avait conçu le Conseil national de la Résistance, le comité CGT des travailleurs précaires et privés d’emploi organise ce 15 février des manifestations devant les agences Pôle emploi de toute la France. Les réformes engagées par Emmanuel Macron, en particulier la suppression des cotisations maladie et chômage, mettent en péril l’assurance chômage.


    Avec les réformes de Macron et la suppression des cotisations, ce n’est pas du pouvoir d’achat que nous gagnons, mais c’est le salaire différé et socialisé qu’est le salaire brut, que nous perdons !

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  • Bac, lycée : riposte urgente face à l’ampleur des attaques !

     

    "L'Hermine Rouge" reproduit l’analyse du SNES, premier syndicat du Second degré, à propos de la contre-réforme Blanquer.

    Cela ne signifie nullement qu’il faille valider les illusions que nourrit la direction du SNES à l’égard du pseudo- « dialogue social » : l’expérience prouve que les gouvernements maastrichtiens successifs ne s’en servent que pour émousser les mobilisations.

    Il serait temps, en outre, de faire enfin clairement le lien entre la casse de l’Education nationale, du bac, des qualifications nationales et de l’Université à la française au profit de l’anti-modèle anglo-saxon, et la volonté acharnée du capital, de Macron et de l’UE d’abaisser le prétendu « coût du travail », en clair, d’abaisser fortement les salaires. L’enjeu de classe des contre-réformes scolaires est donc majeur !

    Car quel meilleur moyen pour abaisser les salaires que de casser les diplômes nationaux délivrés par l’école publique et par l’Université (la casse du bac va de pair avec la réforme de l’apprentissage, entièrement livré au MEDEF), que de livrer la formation et l’évaluation aux patrons, ce qui revient à détruire les conventions collectives salariales et les statuts, bref à dénationaliser toutes les grilles de salaires.

    Comment en outre ne pas voir que la contre-réforme Blanquer relève de l’alignement européen et qu’elle est pilotée de longue main par les processus de Lisbonne et de Bologne ?

    Bref, l’heure est à la levée en masse des élèves et des professeurs contre cette casse gravissime. Pour autant, on ne sauvera pas les acquis – globalement attaqués « tous ensemble et en même temps » par Macron-Thatcher – sans travailler au tous ensemble des travailleurs (public, privé, actifs, chômeurs et retraités) et sans mettre en cause radicalement la funeste « construction » européenne du grand capital !

     

    Communiqué du SNES-FSU

    (Syndicat National des Enseignements de Second Degré)

    Bac, lycée : riposte urgente face à l’ampleur des attaques !

    Baccalauréat et nouveau lycée : Complexes, désarticulés et inégalitaires

    Le ministre a présenté aujourd’hui sa réforme du baccalauréat, enfermée dans la prescription présidentielle des quatre épreuves terminales et du contrôle continu.

    Dans un document remis à la presse il annonce également une réforme du lycée général et technologique d’ampleur, dans la précipitation, et sans dialogue social.

    Le SNES-FSU constate que le baccalauréat se complexifie et devient un diplôme d’établissement. Il regrette que ses propositions (travailler sur le contenu des épreuves et sur leurs coefficients) n’aient pas été entendues.

    Au lieu d’une dizaine de journées consacrées à la passation en juin en Terminale, il y aura une accumulation d’épreuves : des partiels en Première et en Terminale, des épreuves écrites en mai ainsi qu’une dizaine de jours consacrés à l’oral et à la Philosophie en juin en Terminale. En quoi cette accumulation constitue-t-elle une simplification ?

    Quelle garantie de justice pour les élèves du fait du renforcement du contrôle local ?

    Combien de journées d’enseignement perdues au lycée pour tenir ces épreuves ?

    Le SNES-FSU prend acte du maintien des séries technologiques et du renoncement à la semestrialisation, sujets sur lesquels il s’est mobilisé.
    Les séries générales disparaissent au profit d’un lycée modulaire avec le risque d’une offre de formation très inégalitaire selon les lycées et les territoires, et du développement de parcours d’initiés en fonction des attendus sélectifs de l’enseignement supérieur. Ce système réduit l’orientation à de la gestion de flux au service d’une sélection généralisée à l’entrée de l’enseignement supérieur.

    Pour le SNES-FSU, le calendrier proposé pour la réforme reproduit celui de 2010 ! Les mêmes causes produiront les mêmes effets : on ne peut pas écrire dans l’urgence et pour la rentrée 2019 des programmes de qualité, cohérents entre eux, en lien avec ceux du collège et de l’enseignement supérieur.

    le 14/02/2018

     

     

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  • Déclaration du PRCF

    France soumise ou France Franchement insoumise ? la FI à la croisée des chemins-Déclaration du PRCF

    Clémentine Autain demande à Jean-Luc Mélenchon “d’infléchir sa stratégie”. La députée appelle La à “agréger” davantage à “Nous devons agréger plus encore pour bâtir l’alternative à Macron : des individus écœurés par la gauche et par la mais aussi des courants historiques, des forces constituées, des intellectuels et des artistes, des corps intermédiaires”, déclare la députée d’, une des composantes de feu le Front de gauche.

    Pour l’élue, “l’Histoire ne peut être balayée d’un revers de la main et si l’on vise la constitution de majorités, aucune voix éprise de rupture sociale et écologiste ne peut manquer”. Clémentine Autain juge ainsi sévèrement la brouille entre le PCF et les Insoumis, appelant cette dernière à mener “clairement” une discussion stratégique avec le PCF, “mais sans humilier ni mépriser”.   

    A propos du PS, Clémentine Autain se félicite que La France insoumise se sépare de la gauche qui s’est “laissée prendre par le pouvoir et l’argent”. Mais, insiste-t-elle, “si nous voulons prendre le pouvoir à ces destructeurs de vie et de liens, il faudra bien refaire une majorité d’idées et des alliances politiques”. En clair, elle demande une convergence accrue avec Benoît Hamon, ancien ministre de Hollande, accompagnateur de la « fin du travail », partisan de la « souveraineté européenne », des frappes sur la Syrie et de l’augmentation des budgets otaniens de l’armement.

    Enfin, elle encourage le mouvement à “réfléchir à comment faire vivre le pluralisme en interne, sinon ça va finir par aller à l’encontre de l’efficacité“.

    France soumise ou France Franchement insoumise ? la FI à la croisée des chemins-Déclaration du PRCF

    Que signifient ces propos? Il semble que pour C. Autain et pour d’autres au sein de la , la tentation est forte “d’agréger” des forces sans se soucier du contenu de cette agrégation, ou plutôt, nous y reviendrons, en affadissant au maximum ce contenu, notamment sur la question stratégique de l’Union européenne. Que signifie cet appel aux “courants historiques, forces constituées, intellectuels et artistes, corps intermédiaires”, sinon un appel du pied au PS, au PCF et aux directions syndicales, avec à la clé un poids accru des couches moyennes intellectuelles et une diminution du poids, déjà insuffisant, de la classe ouvrière dans la composition de la France insoumise ?

    “L’infléchissement stratégique” que réclame C. Autain, c’est en réalité un coup de barre à droite de la FI. Ensemble et d’autres forces au sein de la FI rament à tribord pendant que d’autres vont à babord, en particulier vers la rupture avec les forces « euro-constructives » qui dominent le PGE de MM. Gysi, Laurent… et Tsipras. Nous ne pouvons être indifférents à ce qui se passe au sein de la FI. Comme du reste nous ne sommes pas indifférents à ce qui se produit au sein du PCF dans la perspective de son congrès. L’heure n’est certainement pas à l’isolationnisme et au sectarisme. Mais bien au contraire à la recherche de convergences et l’unité d’action. Cela ne peut en aucun cas vouloir dire se taire face aux tentatives des courants opportunistes d’enliser la dynamique incontestable de la candidature de JLM dans un “tsiprisme” à la française, dans les sables mouvants de l’ alter-européisme et d’un électoralisme vulgaire.

    “L’unité ne peut se forger que dans la lutte et la clarté”

    L’unité ne peut se forger que dans la lutte et la clarté. La lutte des classes a des implications. Et parmi celles-ci et de façon centrale il y a le rôle qui est celui de la classe ouvrière. La classe ouvrière du XXIe siècle, qui s’étend à des secteurs nouveaux de la production de survaleur, mais la classe ouvrière. Pour nous qui sommes partisans d’un Front (le FrAPPE Front Antifasciste Populaire Patriotique et Écologique) nous insistons toujours sur le rôle dirigeant que la classe ouvrière doit tenir au sein de ce Front. Certes nous ne décrétons pas ce rôle, comme nous ne décrétons pas la grève générale, mais nous le préparons, nous le construisons à force de travail et de cohérence car il est la condition de la réussite et de l’affirmation du cap franchement à gauche. Et en y réfléchissant bien, qui ne voit que, même d’un point de vue platement électoral, l’ « insoumission » aurait bien plus à gagner à s’ouvrir à des millions d’ouvriers, d’employés et de « précaires » qui rejettent franchement l’UE, ses délocalisations et ses privatisations, et que n’effraierait pas mais tout au contraire stimulerait la perspective d’une France franchement insoumise à l’UE –en clair, du Frexit progressiste ! – qu’elle n’aurait à gagner à replonger dans les stériles discutailleries à l’infini entre les gauches euro-assagies qu’incarnent jusqu’à la nausée les dirigeants confédéraux semeurs de défaites, la direction euro-soumise du PCF-PGE, les super-bobos d’ ATTAC et d’Ensemble, etc. Alors que le FN a clairement renié toute idée d’indépendantisme français (ce parti bourgeois a fait officiellement une croix sur toute contestation de l’euro), il faut choisir entre la voix – courageuse à court terme mais gagnante à moyen terme – du Frexit progressiste, qui mène à l’affrontement de classe avec l’oligarchie et pose à terme la question du socialisme pour la France, et la voie du retour piteux au Front de gauche euro-constructif qui n’a jamais vraiment « mordu » sur les couches populaires et sur la jeunesse.

    On a vu avec les râtisseurs sans principes ce que devient le mouvement populaire : il s’encastre dans un mur. De Blum à Mitterrand en passant par Tsipras et combien d’autres, si la classe ouvrière, si le monde du travail ne tient pas son rôle central, si la petite-bourgeoisie désoriente le mouvement populaire, l’échec quand ce n’est pas la pure et simple trahison sont au bout du chemin. Qui ne voit, au delà de l’urgente et indiscutable solidarité avec le Venezuela bolivarien, que le problème n’est pas « trop » de socialisme mais pas assez. Qu’on se souvienne de Saint-Just et de sa phrase prémonitoire : ” Ceux qui font des révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau“.

    La France Insoumise

    La France insoumise ne doit pas se soumettre. Au contraire elle doit devenir, comme nous le disons, la France franchement insoumise, FFI ! Gagner les ” courants historiques, forces constituées, intellectuels et artistes, corps intermédiaires” ou gagner les masses populaires. Avec celles déjà gagnées,  celles qui s’abstiennent, celles qui votent FN, celles qui ce sont exprimées sur l’ UE et sur l’euro en 2005:  67% des employés, 70% des agriculteurs, 79% des ouvriers et 71% des chômeurs ont rejeté dans les urnes le traité constitutionnel Et à chaque élection européenne. Aux Européennes de 2014 chômeurs (69%), employés (68%) et ouvriers (65%) se sont abstenus en masse. Le Plan A ou B ou C importe peu au peuple. Son plan à lui, c’est de sortir de ce carcan européen qui broie la vie de millions d’ouvriers, de salariés, de retraités, de malades, d’étudiants, de paysans, de  fonctionnaires… Il le dit. Il le crie depuis des années et son abstention majoritaire au second tour de la législative (56%, record absolu !) dernière, alors qu’aucune force nationalement visible ne portait plus le Frexit, est un nouveau signal de cette attente déçue. Alors certes la petite bourgeoisie des arrondissements “bobos” de Paris, Lyon ou Dijon ne l’entend pas, confondant Erasmus et le bilan social de l’ UE. Quant à ceux qui, projetant leur défaitisme sur la réalité, déclarent que la question du Frexit est forclose, on leur conseille de se référer au récent entretien accordé par Macron à la BBC : il y déclare cyniquement que s’il n’organise pas de référendum sur l’UE, c’est parce que la majorité des Français voteraient pour le Frexit !

    Mais le mouvement populaire et ses composantes doivent choisir.  Choisir le bon côté de la barricade, celui de l’intérêt populaire qui coïncide avec l’intérêt national.

    Les communistes du PRCF, reprenant le flambeau du Parti Communiste Français jeté à terre par les Hue et autres Laurent, ont choisi dès leur premier jour et bien seuls à l’époque : sortir de l’ UE, de l’ euro et de l’ OTAN dans la perspective révolutionnaire de la sortie du capitalisme.

    D’autres nous ont rejoint depuis. D’autres hésitent reflétant sans doute des réalités de classe plus contrasté. Mais la vie a tranché : comment, après la catastrophe grecque, comment prétendre « démocratiser du dedans » une dictature européenne qui tente, par Tsipras interposé, d’interdire la grève à Athènes, qui tolère en son sein des gouvernements hongrois, baltes, autrichien, truffé de néonazis et qui pousse à la criminalisation des partis communistes dans tout l’Est de l’UE (et à celle des syndicalistes de lutte en France, en Italie et en Belgique ?) peut-on oser prétendre construire une “UE sociale”? Comment justifier rationnellement un tel positionnement ? A moins d’être enfermé dans des œillères intellectuelles ou des intérêts sonnants et trébuchants, ceux que représentent par exemple l’affiliation de certains partis et syndicats hexagonaux au Parti de la Gauche Européenne ou à la Confédération Européenne des Syndicats. La cohérence ne veut-elle pas que ceux qui sont pour la sortie de l’ OTAN se prononcent pour la sortie de l’UE, qui se définit elle-même comme un « partenaire stratégique » de l’OTAN et qui fait de l’adhésion à l’OTAN un critère d’affiliation à l’UE ? Ou alors il faudrait admettre que l’on peut construire une OTAN pacifique ? Personne n’ose dire cela pour l’ OTAN, comment peut-on à ce point insulter la logique et les rapports de forces réels quand il s’agit de la sacro-sainte UE ? Après quoi, les mêmes théoriciens boboïsants viendront accuser de « dogmatisme » les réalistes qui affirment qu’une UE qui se définit comme une « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » est irréformable car constitutivement totalitaire !

    L’extrême-droite pressée par les milieux patronaux et par la haute hiérarchie catholique massivement euro-phile a jeté son masque anti-UE à la poubelle. La clarté y gagne. Il ne reste que la vraie gauche patriotique et populaire aux côtés des ouvriers et employés pour exiger un Frexit progressiste. C’est seulement ainsi que la France insoumise agrégera autre chose que les fantômes solfériniens et les bureaucrates européisés et que, très au-delà de la petite gauche incarnée par C.Autain, et dans les conditions d’aujourd’hui, elle refera vivre l’esprit conquérant et rassembleur du Conseil National de la Résistance… et de la Renaissance française !

     

    G.Gastaud, secrétaire national du PRCF & A.Manessis, secrétaire de la Commission action unitaire du PRCF, le 14/02/2018

    source: https://www.initiative-communiste.fr

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  • Florent Patron, directeur des éditions Locus Solus, Marc Bugeaud, président du festival Penn Ar BD, Roland Michon, auteur de la bande dessinée, et Jean-Luc Le Cam, du pôle universitaire. Florent Patron, directeur des éditions Locus Solus, Marc Bugeaud, président du festival Penn Ar BD, Roland Michon, auteur de la bande dessinée, et Jean-Luc Le Cam, du pôle universitaire.
     
     

    Éditée chez Locus Solus, la bande dessinée « Des graines sous la neige » dévoile le destin d'une communarde visionnaire. Une exposition, actuellement visible au pôle universitaire, est consacrée à Nathalie Le Mel, héroïne brestoise de la Commune.

    « Nathalie Le Mel a passé une dizaine d'années à Quimper où elle a monté, avec son mari, une librairie et un atelier de reliure rue Kéréon. Ils étaient tous les deux ouvriers relieurs de formation. C'était une librairie militante et on y trouvait les premiers penseurs socialistes de l'époque. Ils durent ensuite déplacer leur librairie du quartier des notables à celui plus populaire du Chapeau-Rouge avant d'immigrer à Paris avec leurs trois enfants », relate Roland Michon. « On ne sait pas grand-chose de sa vie à Quimper. Mais quand elle a été faite prisonnière après la Commune en 1871, on a ressorti des rapports de police établis à Quimper où il est dit qu'elle fréquentait des milieux subversifs c'est-à-dire des Républicains. Ils laissent aussi entendre que c'était une femme de mauvaise vie car elle osait sortir sans son mari », poursuit l'auteur, qui s'est appuyé sur des archives et les recherches sur la Commune d'un historien brestois pour le scénario de sa bande dessinée dédiée à une héroïne méconnue, dont le nom a été donné à une impasse à Quimper et à une place à Paris.
     
    Déportée avec Louise Michel

    « À un moment, j'ai pensé en faire un documentaire et puis il y a eu la rencontre avec la dessinatrice Laëtitia Rouxel », précise le réalisateur, qui est d'ailleurs parti du projet d'un cinéaste recherchant des survivants de la commune, dans le Paris de 1914, pour construire son récit. Nathalie Le Mel avait alors 87 ans et s'était remémoré les épisodes de sa vie et de son combat, des grèves aux réunions interdites, des premières revendications féministes à l'insurrection et aux barricades de mars 1871. On y découvre une femme déterminée, dont les convictions l'amèneront notamment à être partie prenante de nombreuses initiatives, comme la création, en 1868, de La Ménagère, première coopérative d'alimentation, et La Marmite un réseau de restaurants coopératifs pour permettre aux ouvriers d'avoir accès à une nourriture saine à un prix décent. Nathalie Mével sera déportée en Nouvelle-Calédonie, avec 148 autres insurgés dont Louise Michel, et s'éteindra à l'âge de 94 ans, en 1915, seule et dans une grande misère matérielle à l'hospice des Incurables d'Ivry-sur-Seine. « J'espère que des étudiants, des historiens pourront s'emparer de ce personnage et poursuivre les recherches », a indiqué Roland Michon lors du vernissage de l'exposition, lundi soir au pôle Pierre-Jakez Hélias, marquant ainsi le premier événement du festival Penn Ar BD qui réunira plus de 50 auteurs en dédicaces, le dimanche 11 mars, au parc des expositions de Penvillers.

    Pratique
    Exposition « Nathalie Le Mel, l'autre héroïne de la Commune (1871) », au pôle P.-J. Hélias jusqu'au 12 mars.
     
     
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  •  

    Le jeudi 8 février 2018, les députés de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, Bastien Lachaud et Alexis Corbière tenaient une conférence de presse à l'Assemblée nationale sur la loi de programmation militaire. Ils ont dénoncé le manque de moyen pour l'armée et la faible vision stratégique du pouvoir macronniste. Ils ont notamment expliqué que 60% de la hausse de budget prévue se ferait... après la fin du mandat d'Emmanuel Macron ! D'autre part, ils ont dénoncé la manière dont les parlementaires étaient consultés sur cette loi, étant informés sur le sujet après la presse. Enfin, ils ont rappelé que la doctrine de la France insoumise en matière de défense était l'indépendance de notre pays par sa sortie de l'OTAN et une dissuasion nucléaire tous azimuts.

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