Nous étions 80 hier soir, et nous voilà plus de 120 sur la page Facebook Nuit Debout de Quimper.
Voici le compte rendu de la réunion. Nous avons échangé pendant de deux heures dans la salle du Poitin Still, et certains ont continué à discuter sur le trottoir une fois la réunion terminée. Un besoin certain d'échanger et de communiquer autour des problèmes et des enjeux de notre société s'est fait sentir. Durant la réunion, nous avons décidé qu'une Première Nuit Debout aura lieu à Quimper, place Saint-Corentin (face à la mairie) le samedi 16 avril de 16h à minuit. Cet après-midi, quatre délégués ont déposé une déclaration de rassemblement en Préfecture. L'assemblée générale de la Nuit Debout Quimperoise débutera à 18h. Nous en profiterons pour organiser la suite des événements.
Pour cette première Nuit Debout :
- Il y aura un mégaphone, si quelqu'un a un micro et une sono avec alimentation autonome (batterie), ce serait le bienvenu ; - Si quelqu'un a du matériel vidéo, n'hésitez pas. Filmer certains des moments forts peut être super ; - Pensez à emporter : goûter, pique-nique, chaises,parapluies, … - Nous avons contacté la Croix Rouge qui ne pourra pas être présente car elle doit être prévenue un mois à l'avance, nous aurons besoin de trousses de secours et de secouristes ; - Un atelier « fil d'histoires » est prévu : vous pourrez partager vos expériences sur papier libre et former ainsi une grande guirlande ; - Une caisse communautaire est prévue pour financer le mouvement et tournera parmi nous durant la soirée ; - Si vous avez d'autres propositions n'hésitez pas à nous en faire part sur la page Facebook ou via mail ; - Des questions ont été posées aujourd'hui concernant les diverses commissions. Si vous voulez en mettre sur pied avant samedi, libre à vous de vous organiser et vous regrouper, comme cela a été dit en fin de réunion hier. Nous les évoquerons de toute façon lors de l'AG de samedi et formeront les manquantes ; - Ce mouvement est pacifiste, aussi, s'il y a des provocations n'y répondez pas ; - Nous tenons absolument à ce que la place Saint-Corentin reste propre après notre départ. Pensez à jeter vos déchets dans les poubelles prévues à cet effet ; - Après 22h il faudra respecter les riverains de la place et éviter le tapage nocturne.Nous étions 80 hier soir, et nous voilà plus de 120 sur la page Facebook Nuit Debout de Quimper.
Voici le compte rendu de la réunion. Nous avons échangé pendant de deux heures dans la salle du Poitin Still, et certains ont continué à discuter sur le trottoir une fois la réunion terminée. Un besoin certain d'échanger et de communiquer autour des problèmes et des enjeux de notre société s'est fait sentir. Durant la réunion, nous avons décidé qu'une Première Nuit Debout aura lieu à Quimper, place Saint-Corentin (face à la mairie) le samedi 16 avril de 16h à minuit. Cet après-midi, quatre délégués ont déposé une déclaration de rassemblement en Préfecture. L'assemblée générale de la Nuit Debout Quimperoise débutera à 18h. Nous en profiterons pour organiser la suite des événements.
Pour cette première Nuit Debout :
- Il y aura un mégaphone, si quelqu'un a un micro et une sono avec alimentation autonome (batterie), ce serait le bienvenu ; - Si quelqu'un a du matériel vidéo, n'hésitez pas. Filmer certains des moments forts peut être super ; - Pensez à emporter : goûter, pique-nique, chaises,parapluies, … - Nous avons contacté la Croix Rouge qui ne pourra pas être présente car elle doit être prévenue un mois à l'avance, nous aurons besoin de trousses de secours et de secouristes ; - Un atelier « fil d'histoires » est prévu : vous pourrez partager vos expériences sur papier libre et former ainsi une grande guirlande ; - Une caisse communautaire est prévue pour financer le mouvement et tournera parmi nous durant la soirée ; - Si vous avez d'autres propositions n'hésitez pas à nous en faire part sur la page Facebook ou via mail ; - Des questions ont été posées aujourd'hui concernant les diverses commissions. Si vous voulez en mettre sur pied avant samedi, libre à vous de vous organiser et vous regrouper, comme cela a été dit en fin de réunion hier. Nous les évoquerons de toute façon lors de l'AG de samedi et formeront les manquantes ; - Ce mouvement est pacifiste, aussi, s'il y a des provocations n'y répondez pas ; - Nous tenons absolument à ce que la place Saint-Corentin reste propre après notre départ. Pensez à jeter vos déchets dans les poubelles prévues à cet effet ; - Après 22h il faudra respecter les riverains de la place et éviter le tapage nocturne.
L'’île de Mayotte, située dans l’océan Indien, à 8 000 kilomètres de la métropole connait depuis le 30 mars par une grève générale lancée par l’ intersyndicale (CGT, FSU, UD FO, l’UIR CFDT, SAEM, SNUipp et Solidaires) .
Les principaux axes routiers sont bloqués par des syndicalistes chaque jour par des barrages. Des manifestations ont rassemblé plusieurs milliers de personnes, mobilisation très importante pour cette ‘île comptant 220.000 habitants. Ainsi les grévistes bloquent les profits: le MEDEF local hurle et les médias-chiens de garde se taisent. Il aura fallu plus de deux semaines pour que l’information parviennent jusqu’à la métropole.
La situation à Mayotte.
Le chômage touche 19 % de la population active et 61 % des 15-24 ans, et plus de 27,6 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. L’indice de développement humain, indicateurs de richesse, d’éducation et de santé, place Mayotte à la 107e position alors que la France est 20e.
Le mouvement réclame l’« égalité réelle » entre Mayotte et la métropole. L’île a choisi en 1976 de rester française elle est devenue le 101e département en 2011. Toutefois, elle ne jouit pas des mêmes droits que les autres territoires français :
Aujourd’hui, le code du travail qui s’applique à Mayotte n’intègre qu’environ 25 % de la législation française. Ainsi, la durée hebdomadaire du travail à Mayotte est toujours de 39 heures (contre 35 heures dans l’Hexagone).
Les allocations familiales,logement ou retraite ont des montants bien inférieurs. Ainsi, le RSA que reçoivent les Mahorais ne représente que 50 % du montant versé dans l’Hexagone (268,08 euros par mois contre 524,68 euros dans l’Hexagone).
Le manque de routes, de production d’énergie ou d’établissements sanitaires et scolaires….sont patents. Les grévistes réclament d’urgence la construction d’écoles, ainsi que des mesures contre l’insécurité. Ils sont les premiers à dénoncer les dérapages violents qui se sont produits depuis lundi.
La seule réponse concrète pour le moment a été l’envoie de renfort de gendarmes mobiles sur l’ile. Et un syndicaliste a été arrête et mis en garde à vue.
Le PRCF exprime sa solidarité totale avec la lutte de Mayotte qui démontre que ce n’est qu’en bloquant les profits capitalistes que l’on crée un rapport de force permettant d’envisager un victoire du mouvement populaire.
Comme l’a dit intersyndicale » La pression doit être maintenue, la grève continue et les actions seront amplifiées ».
Mayotte- COMMUNIQUÉ DE LA COMMISSION LUTTES du PRCF
La grève générale ? Le PRCF depuis des mois et ensuite les Goodyear et plusieurs syndicats et structures de la CGT la réclament avec force pour que le gouvernement jette à la poubelle la « Loi El Khomri». Peu de nos concitoyens sont au courant qu’en France, cette grève générale, blocages à l’appui, à déjà débuté et plus précisément, dans le département de Mayotte, dans l’archipel des Comores.
La commission luttes du PRCF apporte son soutien à nos compatriotes Mahorais victimes d’une situation néocoloniale qui, depuis le 30 mars, ont engagé un bras de fer avec le gouvernement à l’appel des organisations syndicales FSU, FO, CGT, Solidaires, SNUIpp, CFDT et SAEM.
Devant la fin de non-recevoir des autorités départementales et du gouvernement Valls, nos camarades mahorais ont appelé les travailleurs de l’île à une grève générale. Leur revendication est « l’égalité réelle avec le continent » à savoir : l’alignement des allocations familiales et des autres prestations sociales au même niveau que dans l’Hexagone, la lutte contre l’insécurité qui dégrade les conditions de vie à Mayotte, la construction de nouvelles structures scolaires, mais aussi l’application du Code du travail national et l’abandon de la loi « El Khomri ». Pour qu’adviennent de nouveaux jours heureux, et pour commencer, des Jours debout, soyons tous Mahorais !
Communiqué de l’intersyndicale CGT FSU FO Solidaires CFDT SAEM
Mamoudzou le 13 avril 2016
L’intersyndicale a décidé de répondre favorablement à la proposition du gouvernement au sujet du rendez vous pour une réunion le vendredi 15 avrail au ministère des outre-mer.
Cependant dans la mesure où aucun engagement d’une quelconque avancée concrète sur nos revendications n’a été enregistré jusqu’ici, l’intersyndicale a décidé de maintenir le mouvement de grève.
Par conséquent, l’intersyndicale demande aux grévistes de maintenir la pression.
Elle rappelle que les véhicules d’urgence et de secours ainsi que les personnels médicaux et paramédicaux peuvent circuler.
De même consigne est donnée aux manifestants de ne pas s’interposer lorsque les forces de l’ordre lèvent des barrages.
Pour finir, l’intersyndicale insiste sur le fait que les violences de ces derniers jours à Mtsapéré n’ont rien à voir avec leur mouvement.
A la Réunion, la grève des travailleurs du BTP se poursuit. Les dockers du port de Saint Denis ont également cessé le travail.
Pour commémorer le 80e anniversaire du Front Populaire, "la compagnie les Fous de la Rampe" et "la chorale Peuple et Chansons" interpréteront "Révoltes et combats d'espoir", une évocation historique, théâtrale et musicale.
- Dialogues et réalisation artistique : Jean Dussoleil.
- Compagnie "Les Fous de la Rampe" sous la direction de Jacques Kerampran.
- Chorale "Peuple et Chansons" avec Gerard Baslé en chef de chœur.
Nuit debout continue à grandir et à s’imposer dans l’espace public. Il s’interroge sur les chemins qui s’ouvrent. Et la relation entre démocratie directe et nécessité de s’organiser est vitale : c’est ce qu’a exploré un débat public, mardi 12 avril, entre David Graeber et Frédéric Lordon.
Paris, reportage
Où va, et comment, Nuit debout ? C’est la question que se posent, de plus en plus nombreux, les participants de ce mouvement inattendu. Elle a été bien formulée mardi soir 12 avril, dans la grande salle de la Bourse du travail, à deux pas de la place de la République. Le débat, organisé par Attac, réunissait David Graeber, anthropologue anarchiste et un des participants d’Occupy Wall Street, à New-York en 2011, et Frédéric Lordon, économiste qui a pris une place visible dans Nuit debout.
David Graeber a commencé par souligner la dimension mondiale des mouvements dans laquelle s’inscrit Nuit debout : « Depuis quinze ans, il y a un mouvement de ré-invention de la démocratie, dans toutes les parties du monde. Les procédures de discussion avec les mains sont nées au Chiapas et au Brésil, avec le Mouvement des sans-terres. Et Occupy Wall Street s’est retrouvé à Honk-Kong et en Turquie. On pourrait parler de la révolution mondiale de 2011 : comme en 1848 et en 1968, personne n’a pris le pouvoir, mais ça a changé le monde ».
Selon l’auteur de Pour une anthropologie anarchiste, il y a là des « espaces qui se structurent en-dehors du système. On crée des alliances avec ceux qui travaillent dans le système, sans compromettre l’intégrité de ces espaces ».
Frédéric Lordon estimait qu’« on est au point où le mouvement doit se poser la question stratégique : que voulons-nous faire ? ». Ce qui pose aussi une question de méthode : « Il ne faut pas que Nuit debout soit totalement absorbé par l’AG(assemblée générale). C’est un poumon essentiel, mais il faut des lieux pour des débats stratégiques, un organe distinct. C’est l’enjeu du moment ».
Frédéric Lordon : « On ne peut se contenter de l’AG »
David Graeber répondait : « On nous disait, ’si vous voulez être efficace, il faut un conseil d’organisation’. Un groupe a ainsi essayé d’occuper un parc, six mois avant nous, ils étaient huit. Nous l’avons fait à notre façon, du bas vers le haut, et des milliers de personnes sont arrivées ».
Sauf que, rebondissait Lordon, il y a déjà une organisation implicite : « Même l’AG est déjà verticalisée : il y a des règles de temps de parole, un ou une modérateur-trice, des listes de prises de parole. En fait, un porte-parole ne pose pas problème s’il est mandaté, contrôlé, et révocable ».
En anglais, un intervenant observait : « C’est une impasse, le débat entre deux formes de lutte, horizontal et vertical. Il y a une illusion politique : croire qu’on peut changer le monde en votant. Et une illusion sociale : occuper la place, pratiquer la démocratie, et croire que tout le monde dira que c’est fantastique et occupera toutes les places. Il est nécessaire d’occuper la sphère politique, comme l’ont fait Syriza, Podemos, Jeremy Corbyn (leader du Parti travailliste anglais) et Bernie Sanders (candidat Démocrate aux Etats-Unis). Il faut trouver un équilibre entre la démocratie directe et les formes institutionnelles . »
Une intervenante, se présentant comme lectrice de Pierre Rabhi, prenait la parole : « Je n’ai pas l’habitude des révolutions, des luttes, il ne faut pas effrayer les gens comme moi ».
David Graeber reprenait, sur l’organisation, à nouveau : « La question est de savoir si d’autres personnes génèrent un mouvement spontané. Pas de savoir si des gens organisent, mais vers où et comment ils organisent le mouvement ».
Pour Frédéric Lordon, « Il faut sortir de la contradiction entre organisation et spontané, en refaisant les institutions dans lesquelles on se retrouvera après. C’est pourquoi ré-écrire la Constitution me parait un sujet neuf ». Et de suggérer une méthode : « Je vois un plan téléscopique : la loi El Khomri à un bout, la Constituante à l’autre bout. Entre les deux, on peut choisir les actions, le mouvement téléscopique étant indexé sur la quantité de puissance que nous pouvons rassembler ».
Thomas Coutrot, porte-parole d’Attac, concluait la soirée en appelant à la désobéissance civile, et à la poursuite des mouvements d’occupation de banques que, dans la foulée des Faucheurs de chaise, Attac a commencé.
Sur la place de la République, en sortant, la foule était encore plus nombreuse que la veille. La police avait disparu (s’étant garée sur les boulevards Magenta et Voltaire) et dans la douceur printanière de la soirée, chorale, comédiens, revendications (par exemple, lutte du lycée Ionesco à Issy-les-Moulineaux), discussions et AG continuaient dans la bonne humeur et l’énergie.
Tanguy, Renaud et Antoine ont lancé un collectif citoyen.
L'élan « Nuit debout », par nature informel et ouvert, a inspiré des Quimpérois. Ils font partie de la génération des petits boulots et de la précarité, ne se retrouvent pas dans les syndicats ou les partis et veulent reprendre la parole dans l'espace public. Ils manifestent aussi contre la loi Travail. Antoine, Renaud et Tanguy témoignent.
Tanguy, Renaud et Antoine : trois jeunes Quimpérois à l'avenir incertain. Représentatifs de leur génération ? Peut-être. Tanguy Jézéquel, 29 ans, a multiplié les contrats, jusqu'à aujourd'hui. « J'ai fini à la chaîne de nuit chez Doux à Châteaulin. Je ne pouvais plus continuer, j'ai un problème aux mains ». Tanguy a travaillé aussi dans la sécurité. Toujours des petits contrats. « Parfois trois heures pour surveiller un match de foot ». Tanguy touchera bientôt le RSA, soit 524 € par mois. L'avenir est en pointillé vers une reconversion obligatoire car le travail à l'usine, c'est fini dans l'immédiat. « Je tourne en rond, il me faut pourtant travailler » dit-il. Renaud Fouquet a 20 ans et il vit toujours chez ses parents. « Je suis en recherche d'emploi dans n'importe quel domaine. Jusqu'à présent je n'ai eu que des CDD, une semaine pas plus. Tout cela ne mène à rien ». Antoine Salesse a aussi 29 ans. Belge d'origine, installé en Bretagne depuis plus de cinq ans, il est surveillant dans l'Éducation nationale, une fonction qui sera obligatoirement limitée dans le temps. « Pôle Emploi n'arrive plus à remplir sa mission faute de moyens, dit Antoine. Il y a deux ans, je voulais me reconvertir. On m'a dit de trouver le financement et que l'on m'accompagnerait ».
« Une insulte »
Une certaine précarité est leur horizon commun. Et aussi le Ludik, le bar à jeux de société de la rue Le-Déan. C'est là qu'ils se retrouvent avec d'autres. C'est là qu'est montée l'envie de faire quelque chose contre la loi El Khomri sur le code du travail.
« Ça nous a fait mal d'entendre des hommes politiques traiter d'illettrés les opposants à la réforme du Code du Travail en disant qu'ils n'avaient rien compris, dit Antoine. J'ai pris aussi comme une insulte le qualificatif de sexiste qui a été ajouté parce que nous attaquions une loi portée par une ministre. Ensuite, il nous restait à entendre que nous étions manipulés et donc incapables de penser par nous-mêmes ». « J'ai lu le texte de loi, continue-t-il. Quand on lit que les droits fondamentaux de la personne dans toute relation de travail peuvent être limités par les nécessités du bon fonctionnement de l'entreprise, on constate que le salarié n'est plus protégé ». Les trois Quimpérois ont participé aux premières manifestations début mars. « Nous étions frustrés, car après le défilé, les syndicats repliaient les banderoles et c'était fini ». Aucun n'a été syndiqué, ni encarté dans un parti.
Réunion ce soir à 18 h 15
Il y a quinze jours, le trio a donc lancé un site Facebook pour faire entendre une autre voix, dans le prolongement des premières Nuits debout de Paris. « Nous voulons offrir un espace de parole à tous ceux qui ne l'ont plus, disent-ils. Nous avons créé un collectif citoyen où chacun peut venir parler de la société idéale ». « Nous ne sommes pas contre les syndicats, dit Antoine. D'ailleurs samedi, ils nous ont offert le micro. Nous sommes complémentaires ». Plusieurs dizaines de personnes se sont agrégées sur la page Facebook. Une première réunion aura lieu aujourd'hui, à 18 h 15, au bar le Poitin Still. « C'est ouvert à tous, dit Tanguy. Nous allons discuter de l'avenir, d'actions. Cela peut être une occupation de place, une nuit debout ».
Site Facebook Quimper : Collectif Citoyen contre la Loi Travail.
Le Conseil d’orientation des retraites (COR) vient de rendre les résultats de ses simulations, lesretraites complémentaires seront en baisse de 18% pour les salariés non–cadres du secteur privé nés en 1990, en raison des mesures découlant de la ratification d’un nouvel accord MEDEF / CFDT CFTC CGC concernant les caisses de retraites complémentaires AGIRC / ARRCO le 30 octobre dernier. La CGT et FO avaient alerté sur les conséquences dramatiques pour les retraites
Des pensions atrophiées pour les générations les plus jeunes. Si jusqu’à présent la première pension de retraite d’un salarié n’était jamais inférieure à deux tiers de son dernier salaire, ce seuil pourrait être passé d’ici 15 à 20 ans. Un cadre né en 1959, voulant partir à la retraite dès qu’il a cotisé suffisamment longtemps au régime de base, perdra environ 14,5% de sa pension complémentaire.
Lors de la signature de « l’accord » le très patronal journal Les Echos saluaient la collaboration de la CFDT et autres syndicalistes couchés dit réformistes, encensant les réformateurs et tirant à boulets rouges sur les syndicalistes de classe :
Comme à son habitude, au niveau national, la CGT se donne à bon compte des airs de « syndicat de classe » en ne signant pas, et FO persiste à ériger son immobilisme en acte de résistance. Sur le fond, le texte est innovant, avec son système de décote provisoire sur les pensions versées aux nouveaux retraités de l’Agirc et de l’Arrco, décote qui sera liée à l’âge et à la durée de cotisation.
Une preuve de l’intelligence collective des partenaires sociaux que l’on n’avait plus revue depuis l’accord national interprofessionnel (ANI) sur la compétitivité et l’emploi de janvier 2013.
les chiffres confirment donc ce qu’expliquait la CGT dénonçant un accord pénalisant les salariés en leur faisant payer plus de cotisations pour avoir moins de retraites par le biais d’une série de mesures d’une sévérité sans précédent. Qui plus est, l’effet de l’accord est également par un système de malus de reporter l’age effectif du départ à la retraite au delà de 63 ans dans un premier temps, puis sans doute au-delà.
Pour autant, force est de constater que les directions des centrales syndicales CGT ou FO, au-delà des communiqués, ne se sont guère fait entendre pour mobiliser les salariés et construire un rapport de force permettant de défendre les retraites du privés. Ni pour combattre l’Union Européenne qui via la Commission Européenne a ordonné au gouvernement français, en application des ordres du patronat, de réduire les salaires, de réduire les retraites et de casser le code du travail. Il est vrai qu’une bonne part des directions syndicales ont fait le choix de l’alliance avec la CFDT au nom d’un syndicalisme dit « rassemblée » et de l’adhésion à la Confédération Européenne des Syndicats, qui conduit les travail de défaites en reculs, dilapidant des décennies de conquêtes sociales obtenus aux prix de très dures luttes.
Retraites, Loi Travail : on ne négocie pas les régressions, on les combat !
Au moment, où les travailleurs engagent à la base et malgré l’inertie des directions syndicales un puissant mouvement social pour obtenir le retrait de la Loi Travail, il faut tirer les leçons des reculs. Il n’y a rien à attendre d’un syndicalisme rassemblé, de la collusion avec la CFDT la Confédération Européenne des Syndicats &Cie qui n’est que le porte voix du MEDEF et de l’UE. C’est la mobilisation de masse par des syndicats de classes qui peut faire gagner les travailleurs. Salaires, statuts, retraites, sécu, code du travail … tout cela a été gagné comme cela. Au delà, alors que les mauvais coups pleuvent contre les travailleurs, les travailleurs peuvent en impulsant une riposte populaire visant les causes et les initiateurs des contre réformes impulser une contre offensive capable de remettre à l’ordre du jour la marche au progrès social et la construction d’une solide alternative populaire abattant la dictature de l’oligarchie capitaliste pour bâtir une société démocratique, de justice et d’égalité par et pour les travailleurs. Retraites, Code du travail, Sécu, services publics, salaires, privatisations et libéralisations … tout ces contre réformes sont menées en applications des ordres implacables de l’Union Européenne, c’est à dire des ordres de l’oligarchie capitalistes. Par exemple, la Loi Travail relève de la transcription des ordres de la Commission Européenne (lire ici et ici) de même que l’attaque en cours contre le statut des cheminots, ou la libéralisation du secteur des taxis. Pour ne citer que trois exemple d’une brulante actualité. Pour défendre leurs droits, pour le progrès social, pour la démocratie et échapper à la dictature de la classe capitaliste, tous ensemble, les travailleurs doivent briser les chaines de l’Union Européenne cette arme d’exploitation massive des peuples.
Frédéric LORDON à Paris, place de la République, le samedi 09 avril 2016 (40 mars 2016).
TEXTE :
Où en sommes-nous ? On ne compte plus les villes de province où il y a une nuit debout, et la plaine européenne est en train de s’embraser également : Barcelone, Madrid, Saragosse, Nurcie, Bruxelles, Liège, Berlin. La place de la République elle-même s’est donnée une antenne à Stalingrad [métro Stalingrad, NDLR]. À tout moment, des actions surprise naissent spontanément. Il y a une Radio Debout, une Télé Debout, des Dessins Debout. Tout est en train de se remettre debout.
Il y a dix jours, le conditionnel était de rigueur et nous pouvions seulement dire, « il se pourrait que nous soyons en train de faire quelque chose ». Je crois qu’on peut maintenant abandonner les prudences grammaticales : nous sommes en train de faire quelque chose.
Enfin, quelque chose se passe. Quelque chose, mais quoi ? Comment un mouvement sans direction se donne-t-il une direction ? Je veux dire, comment un mouvement sans instance dirigeante se détermine-t-il à prendre une voie ou une autre ?
Il est certain en tout cas qu’il doit en trouver une. Un mouvement qui ne se donne pas d’objectif politique s’éteindra rapidement. Soit parce qu’il aura épuisé la joie d’être ensemble, soit parce qu’il sera recouvert à nouveau par le jeu électoral.
Comment échapper à cette fatalité ? Si tout commence avec les places, rien n’y finit. Or nous nous souvenons de ce qui nous a jetés dans la rue en première instance, c’est la loi El Khomri. Viser très au-delà de la loi El Khomri ne signifie pas que nous l’avons oublié. Elle est toujours là. Un mouvement a besoin d’objectifs et de victoires intermédiaires.
Faire la peau à la loi El Khomri en est certainement un, il reste d’une inaltérable actualité, et nous n’arrêterons pas de lutter à son service. Mais de même que les zadistes n’ont pas seulement en vue un aéroport, mais le monde qui engendre cet aéroport, de même la loi El Khomri est le rejeton de tout un monde.
Dans le monde El Khomri, les salariés vivent dans la peur et ils sont tenus dans la peur. Il y a de très bonnes raisons à ça. Ils vivent sous l’arbitraire souverain d’un patron, qui a tout pouvoir sur eux parce qu’il tient dans ses mains les conditions fondamentales de leur survie matérielle même.
Alors il faut partir de cette expérience commune et en déduire tout ce que nous pouvons, et d’abord, en se décidant enfin à nommer les choses : le salariat est un rapport social de chantage, un rapport de chantage qui ne laisse le choix que de plier ou de se mettre en danger. Nommer adéquatement les choses, à l’encontre de tous les recouvrements idéologiques du néo-libéralisme, c’est peut-être la première étape pour trouver la force de s’en libérer.
Car tout le monde s’aperçoit alors que si pour mettre fin à la peur, il faut mettre fin au chantage et à l’arbitraire patronal, alors il faut mettre fin à l’ordre social qui arme le chantage et l’arbitraire patronal, et je veux dire mettre fin, et constitutionnellement, à l’empire des propriétaires.
Cependant, à un moment, il faut bien vouloir les conditions de ce qu’on veut. Si vraiment notre mouvement à des ambitions de cette ampleur, il va lui falloir se donner des moyens adéquats. Pour ma part, je n’en vois qu’un : la grève générale.
Qu’on ne se méprenne pas. Je ne suis pas ici en train de lancer un appel à la grève générale, je n’en ai aucun pouvoir ni aucune légitimité. Je ne lance pas un appel, donc. Mais j’énonce une condition : la condition du renversement non seulement de la loi, mais du monde El Khomri. Nous savons bien que les grèves générales ne se décrètent pas d’un claquement de doigt. Mais peut-être pouvons-nous aider à y basculer. Et pour ce faire, en rappeler les immenses vertus.
La grève générale, c’est que le pays tout entier débraye, le pays est bloqué – le pays est bloqué, disent-ils, parce qu’en vérité c’est l’exact contraire : c’est au moment précis où ils disent que tout se bloque qu’en fait, tout se débloque. La politique, la vraie, la parole, l’action, et jusqu’aux relations entre les gens. Et puis surtout le possible, l’avenir. Il faut bloquer pour que tout se débloque.
Il y avait trop longtemps que ça craquait de toutes parts. On ne tient pas éternellement une société avec BFM, de la flicaille et du Lexomil. Vient fatalement un moment où les têtes se redressent et redécouvrent pour leur propre compte l’immémoriale idée de l’insoumission et de l’affranchissement.
Ce moment, c’est le nôtre, ce moment, c’est maintenant.
Rien que des bobos parisiens aux #NuitsDebout ? [Photo et suivantes : Stéphane Burlot]
Ça ne pouvait pas manquer, la caravane #NuitDebout ne s’est pas ébranlée depuis une semaine que les critiques de tous bords sortent leur venin.
Bon, les attaques à la con de la meute TF1/France2/BFMTV ne sont pas surprenantes et finiraient presque par être encourageantes :
D’autres comme celles de Thierry Meyssan et du Cercle Voltaire qui voient dans le mouvement Nuit Debout une manipulation… de la CIA, sont dans l’ordre de leur habituelle confusion.
Plus chiantes (mais finalement pas si étonnantes que ça), les petites remarques perfides des éternels sceptiques en chambre médisant de concert avec les médias mainstream :
Rien que des bobos parisiens, les #NuitsDebout ? Allons donc, l’accusation avait déjà porté sur les initiateurs du mouvement #OnVautMieuxQueCa alors que ceux-ci gagnent pour la plupart infiniment moins que le SMIC et vivent loin de la capitale. Et il suffit de voir les splendides photos de Stéphane Burlot prises place de la République pour se persuader du contraire.
Enfin on rappellera que contrairement aux #JeSuisCharlie, les #NuitsDebout ne bénéficient pas franchement du soutien, que dis-je, de la propagande gouvernementale.
Un mouvement comme celui de la #NuitDebout a besoin d’enthousiasme pour réussir, pas des atermoiements douteux de ceux qui à force de douter passent toujours à côté de l’Histoire.
Hardis, les petits, foncez, bousculez, renversez et laissez sur les bas-côtés les gris pisse-vinaigre. Mieux vaut prendre le risque de se casser la gueule ou de se fourvoyer que de rester assis sur son cul devant des #ONPC[1] pour dire tout le mal qu’on en pense en se prenant pour un révolutionnaire.
Notes:
[1] #ONPC : hashtag de l’émission de Laurent Ruquier, “On n’est pas couché”.
En à petite dizaine de jours, le mouvement #NuitDebout a d’évidence réussi son entrée sur la scène politique. Lui reste désormais à grandir en se dotant d’un projet et surtout en ralliant les différentes couches de la société : les chômeurs, les salariés et bien sûr les banlieues. À ce sujet, voici l’intervention pour le moins vigoureuse que fit un certain Almany Mam Kanouté le samedi “40 mars 2016” (=9 avril 2016 NLHR) place de la République à Paris.