• Borys GUDZIAK le drôle de journaliste du journal OUEST-FRANCE (Novorossia Today le 9/11/2015)

    En France nous avons toute sorte de journalistes, l’opinion populaire est que nous avons certainement aussi les plus avilis d’Europe, passant par les moules bien huilés (ou vaselinés ?) des écoles prestigieuses de journalisme dénoncées par ailleurs par Serge Halimi dans son fameux Les Nouveaux Chiens de garde (1997 et 2005). La terrible machine à faire des élites du système ; Science Politique le bas fond du caniveau ; n’est pas en reste pour fournir aux plus hauts niveaux sa pléthore de journalistes au garde-à-vous pour servir le pouvoir en place. Terminé le journalisme combattif et vivifiant né sous la Grande Révolution de 1789, terminé les grands journaux comme L’Humanité du symbole immense qu’est Jean Jaurès, galvaudé d’ailleurs désormais dans toutes les bouches des mêmes personnages. Les compromissions avec le pouvoir sont telles que les politiques se substituent maintenant aux journalistes particulièrement dans les lignes de « journaux » comme le Huffington Post antenne propagandiste puissante en Europe d’ailleurs critiquée jusqu’aux Etats-Unis.

     

    Un exemple de la confusion entre politiciens et journalistes, celui d’Hervé Maurey ; dont nous parlons souvent avec raison. Vous pourriez trouver sur bien d’autres thèmes, des politiciens en vogue ou sur le déclin prêtant leurs plumes ou leur voix à divers supports médiatiques français sans la moindre considération pour l’information et la séparation nécessaire des genres pour que la démocratie française puisse réellement s’appeler démocratie. Comment s’expliquer qu’un politique est le droit d’être également journaliste et que sa parole soit véhiculée massivement ? Ceci s’appelle propagande, au sens le plus cru du mot et également le plus corrompu. Cette corruption, le journal Ouest-France l’atteint au plus haut niveau avec Borys Gudziak. Nous n’avions pas assez des voix et plumes françaises, Ouest-France va chercher jusqu’en Ukraine « ses journalistes » et quels journalistes !!!

     

    Nous connaissions déjà de longue date la nature de Ouest-France, peut-être le média le plus russophobe avec l’incomparable journal Libération bien que Le Figaro ne soit pas non plus en reste. Dans le journal régional Ouest-France ainsi que dans quelques autres, des anciens correspondants formés à l’école des antennes nationales en Russie et traditionnellement russophobes sont recyclés. Ils poursuivent savamment et habilement leur travail de sape. Ceci ne semble pas suffire, au point d’aller chercher Borys Gudziak. L’homme né en 1960… dans l’Etat de New-York est d’origine ukrainienne. De ces nombreux ukrainiens émigrés au Canada (le nid de Toronto), USA ou Argentine, les chemins des lignes de fuite des nazis et des collaborateurs bandéristes ukrainiens, oustachis croates et bien d’autres de toute l’Europe. Nous nous souvenons que Rome fut l’une des plaques tournantes des « Ratlines » à la fin des années 40 et dans les années 50 avec l’évêque Hudal de sinistre mémoire. C’est à Rome que Gudziak poursuit ses études jusqu’à l’Université d’Harvard avant de rejoindre l’Ukraine et Lvov dès 1992.

     

    La suite de sa carrière est celle d’un prêtre (1998), recteur de l’académie théologique de Lvov (2000), évêque de Carcabia, exarque apostolique de France pour les Catholiques orientaux de rite ukrainien (2012), éparque de Saint-Vladimir de Paris des Byzantins-Ukrainiens (2013), Chevalier de la Légion d’Honneur (1er janvier 2015). Le parcours est limpide, l’avant-garde bandériste américaine parachutée et vomie par les Etats-Unis sur l’Ukraine et comme on le voit aussi sur la France. Le prix de ses services aura été la plus prestigieuse médaille française et le droit de devenir « journaliste » pour Ouest-France. Bretons, Vendéens et Normands apprécieront la prose de cet habile personnage nous servant soudainement le 31 juillet un article sur l’avion malaisien descendu en plein vol au-dessus du Donbass en juillet 2014. Il est certain que des cours de théologie à l’exarchat, Boris Gudziak doit être un éminent spécialiste non seulement en termes de journalisme mais aussi du conflit dans le Donbass.

    Borys GUDZIAK le drôle de journaliste du journal OUEST-FRANCE (Novorossia Today le 9/11/2015)

    Borys GUDZIAK le drôle de journaliste du journal OUEST-FRANCE (Novorossia Today le 9/11/2015)

    Borys GUDZIAK le drôle de journaliste du journal OUEST-FRANCE (Novorossia Today le 9/11/2015)

    Borys GUDZIAK le drôle de journaliste du journal OUEST-FRANCE (Novorossia Today le 9/11/2015)

    Borys GUDZIAK le drôle de journaliste du journal OUEST-FRANCE (Novorossia Today le 9/11/2015)

     

    Et le drôlet ne se prive pas de désinformer dans son article ligne après ligne : « L’Ukraine a été traumatisée par l’annexion de son territoire », hélas pour lui la Crimée république autonome depuis 1991 a décidé par référendum de sa sortie de l’Ukraine en mars 2014, « l’agression étrangère et la guerre » faisant allusion au Donbass en oubliant que nulle armée russe ne s’y trouve et que l’agression est venue de Kiev bombardant et massacrant les populations russophones. Ceci rend tout autant ridicule les « L’Ukraine subit une attaque terroriste de l’ampleur du massacre de Charlie Hebdo sur une base quotidienne […] c’est sans compter 1,8 million de réfugiés, des dizaines de milliers de blessés et d’estropiés, paralysés, sans jambes, sans bras, sans yeux, des centaines de milliers souffrent de choc post-traumatique ». Vraiment, de l’ampleur de Charlie Hebdo ? Doit-on rappeler le ridicule de la comparaison, que les réfugiés ont fuis les massacres et les bombardements orchestrés par les Ukrainiens et sont partis en Russie ou Israël, l’Europe et la France crachant littéralement sur leurs existences ? Doit-on vous rappeler la condition des gens estropiés dont vous parlez Monseigneur Gudziak ? J’ai rencontré hier une femme de 35 ans ayant un bras en moins, ayant perdu son mari et son fils d’à peine 5 ou 6 ans, restant seule avec une fille de 11 ans à élever. Si cette pauvre femme pouvait lire ce que vous avez écrit c’est de sa seule main valide qu’elle vous giflerait Monseigneur, et je compte bien que vous tendrez la seconde joue. Car ce sont les Ukrainiens qui ont massacré sa famille et cette femme me disait hier « vivre avec les Ukrainiens ? Plus jamais ! ».

     

    Ma double condition de Français et de catholique me fait doublement honte lorsque je découvre des hauts personnages de l’église qui violent à la fois la générosité de la France et leurs devoirs d’évêque en parjurant leur fonction d’homme de Dieu en venant prendre la plume pour nous servir un faux message de paix : « Gardez-vous des faux prophètes ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs », Evangile selon Matthieu 7.15.

     

    Laurent Brayard

    source: novorossia.today

     

     

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  • Grèce : pourquoi le nouveau plan d'aide est déjà un échec-par Romaric Godin (04/08/2015-La Tribune)

    Les négociations sur le troisième mémorandum ont débuté ce mardi 4 août 2015 à Athènes entre le gouvernement grec et ses créanciers. Mais la logique du plan dessinée le 13 juillet apparaît déjà comme caduque en raison de l'effondrement de l'économie grecque.

    Les discussions entre le gouvernement grec et ses créanciers commencent ce mardi 4 août. Au menu : le programme de privatisation et la recapitalisation des banques. Le gouvernement grec semble désireux d'aller assez vite. Selon sa porte-parole Olga Gerovasili, la rédaction du futur troisième mémorandum devrait débuter mercredi et être achevé avant le 18 août, date à laquelle il devrait être soumis au parlement. Cette date sera le dernier délai possible pour pouvoir débloquer un nouveau prêt d'urgence de l'UE qui permettra à la Grèce de rembourser les 3,2 milliards d'euros qu'elle doit le 20 août à la BCE. Il faut donc aller vite.

    Situation économique catastrophique

    Or, rien n'est simple. Car un nouvel élément vient désormais rendre les négociations encore plus périlleuses. La situation économique grecque est désormais clairement catastrophique. L'indice PMI d'activité manufacturière pour juillet est passé de 46,9 à 30,2, un niveau dramatiquement faible qui annonce une forte récession. La fermeture des banques, le contrôle des capitaux et le quasi-isolement du pays du reste de la zone euro, conséquence du gel le 28 juin des liquidités d'urgence accordées par la BCE au système financier grec, sont autant de raisons de cet effondrement.

    Selon une étude de l'association des PME grecques, les pertes de recettes de ces dernières ont atteint 48 % durant les trois premières semaines de juillet. Près d'un tiers des PME interrogées ont vu leurs recettes reculer de plus de 70 %. La consommation a été réduite de moitié. Le pire demeure que cette situation risque de ne pas être simplement temporaire.

    Les banques encore sous pression

    Ce mois de juillet risque en effet de peser lourd durablement. D'abord, une telle chute de l'indice PMI présage d'une explosion du nombre de faillites, donc d'une progression des prêts non remboursés aux banques, les « non performing loans » (NPL) ou créances douteuses. Les analystes de RBS estiment que les NPL vont progresser de 20 % au deuxième trimestre, mais ceci ne prend pas en compte la situation de juillet. Cette situation va encore peser sur le bilan de banques déjà très fragilisées par les 40 milliards d'euros de retraits effectués depuis décembre dernier. Une telle situation ne va, du reste, guère inciter les déposants à replacer leurs fonds dans les banques grecques, bien au contraire, on pourrait même avoir une poursuite du phénomène de retrait. Autrement dit, les banques vont encore dépendre largement de la liquidité d'urgence de la BCE, le programme ELA et cela pour un temps encore considérable. Et le besoin de recapitalisation des banques va encore grimper.

    Quels besoins de recapitalisation ?

    Or, ceci va avoir des conséquences importantes. Cette recapitalisation se fera par deux moyens : la participation des créanciers et des actionnaires, puis un prêt du Mécanisme européen de Stabilité (MES), prêt qui sera garanti, puis remboursé par le produit des privatisations logés dans un « fonds indépendant. » Une enveloppe de 10 à 25 milliards d'euros est prévue par le MES. Si cette enveloppe est insuffisante, il n'y aura pas d'autres options que de faire payer les déposants, comme à Chypre en avril 2013. Les analystes de RBS et de Fitch estiment que l'enveloppe prévue sera suffisante. Mais il y a un risque certain que la dégradation conjoncturelle continue à alimenter la crainte d'une ponction sur les dépôts, alimentant ainsi les retraits et donc les besoins de recapitalisation... Bref, l'option d'un scénario « à la chypriote », devenu officiel avec l'union bancaire européenne, va faire peser un risque non seulement sur les banques grecques, mais sur la conjoncture grecque. La Grèce va rester durablement une économie de « cash » et une économie dominée par la peur. La recapitalisation des banques ne pourra, au mieux, que freiner le phénomène, pas l'inverser.

    De nouvelles exigences inévitables des créanciers

    Mais, même sans scénario « à la chypriote », l'augmentation certaine du besoin de recapitalisation des banques grecques va naturellement aiguiser les appétits de privatisation des créanciers afin de venir couvrir le prêt du MES. Le gouvernement grec n'échappera pas à une finalisation rapide des ventes en cours (les aéroports régionaux, convoités par l'allemands Fraport, le Port du Pirée, lorgné par un groupe chinois ou encore l'ancien aéroport d'Athènes d'Elliniko, objet d'un vaste et ambitieux projet immobilier), mais les créanciers vont sans doute exiger le lancement accéléré de nouvelles privatisations. Compte tenu de la situation, Athènes n'est guère en mesure de discuter. Mais la dégradation de la conjoncture va encore réduire la valeur des biens vendus. Et donc, immanquablement, il faudra prévoir où trouver d'autres sources de revenus pour le « fonds indépendant. » La réponse sera soit de nouvelles ventes bradées, soit de nouvelles taxes. Deux mauvaises solutions, évidemment. La logique de l'accord du 13 juillet est donc déjà en difficulté et les négociateurs ne manqueront pas de s'apercevoir rapidement qu'ils discutent sur des hypothèses erronées.

    Une économie sous pression

    En réalité, tout dépendra de l'évolution conjoncturelle du pays. Mais les perspectives sont sombres. Le contrôle des capitaux est là pour longtemps à la fois pour assurer les recettes fiscales et préserver les banques. Un tel contrôle limite naturellement les investissements étrangers. Les seules ressources dont il pourra disposer dans ce cadre seront les 35 milliards d'euros de fonds européens bloqués jusqu'ici par la Commission. Une somme sur le papier rondelette, près de 20 % du PIB, mais il reste beaucoup d'incertitudes sur son utilisation et le rythme de cette utilisation. Donc sur son impact macro-économique. D'autant qu'il s'agit d'argent qui aurait dû être injecté déjà depuis plusieurs mois. On compensera donc en partie un triple manque à gagner : celui créé par le contrôle des capitaux, celui créé par le blocage précédent de ces fonds et celui de l'impact macroéconomique des mesures exigées par les créanciers (hausse e la TVA, relèvement de la cotisation santé pour les retraités et de la cotisation retraite pour les salariés) sur la demande intérieure. Dans de telles conditions, l'économie grecque devrait se contracter cette année et l'an prochain. Eric Dor, directeur des Etudes économiques de l'IESEG, prévoit une contraction de 1,37 % en 2015 et 0,92 % en 2016. Certains prévoient une récession plus profonde. Il est vrai que la chute du PMI manufacturier en juillet laisse présager d'une destruction encore plus sévère d'un outil industriel grec déjà peu dense.

    Objectifs caducs et aveuglement des créanciers

    D'ores et déjà tout est en place pour que le scénario des années 2010-2014 se reproduise. Comme le souligne Eric Dor, les objectifs fixés par les créanciers en termes d'excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) de 1 % du PIB cette année et de 2 % l'an prochain sont absolument caducs. La contraction du PIB rend les recettes moins fortes et les dépenses plus élevées. C'est l'effet multiplicateur qui a été et est encore sous-estimé par les créanciers de la Grèce qui n'y voient qu'une stratégie pour éviter de réduire les dépenses publiques. Et comme les créanciers ne croient pas à cet effet, ils verront dans la non-réalisation des objectifs de la Grèce de la mauvaise volonté et réclameront de « nouveaux efforts » qui conduiront à de nouveaux effets négatifs. Sans compter que, dans une économie dominée par le cash, face à un Etat qui va se retirer encore davantage, face à une baisse des revenus, construire une administration fiscale efficace et faire rentrer l'impôt seront de vraies gageures pour l'Etat. Inévitablement, en 2016, on se retrouvera avec de nouveaux besoins de financement non couverts de l'Etat grec, notamment le remboursement de la BCE en 2017 de 5,3 milliards d'euros.

    Un plan politique, punitif et ignorant les erreurs du passé

    Compte tenu de la situation macro-économique de la Grèce, le plan imposé par les créanciers semble donc d'ores et déjà voué à l'échec. Certes, les 35 milliards d'euros européens viendront en atténuer les effets négatifs dans des proportions inconnues, mais le risque majeur est celui d'une spirale négative s'autoalimentant. L'idée d'une rapide correction après la conclusion du mémorandum semble exclue. Le contrôle des capitaux, l'état des banques et l'austérité rendent ce scénario peu probable. En réalité, ce plan apparaît plus que jamais pour ce qu'il est : une décision politique, punitive, loin de toute réalité économique, ignorant les erreurs du passé. Les négociations hâtives qui vont construire le troisième mémorandum ne sauraient corriger ces défauts structurels. On comprend les hésitations du FMI à participer à un tel plan.

    Que peut Alexis Tsipras ?

    Dans ces conditions, que peut espérer le gouvernement d'Alexis Tsipras dans sa nouvelle logique « coopérative » ? Le temps réduit de la négociation, l'état de l'économie et ses besoins pressants de financement ne lui laissent guère de marge de manœuvre dans l'immédiat. Il faudra sans doute accepter l'essentiel des conditions des créanciers, même si la question des privatisations peut donner lieu à quelques tensions. L'ambition principale du gouvernement ne peut, dans ce cadre, que porter sur le fardeau futur de la dette. Toute renégociation de la dette due à court terme est exclue, mais Athènes peut espérer que les prêts de ce nouveau paquet aient une maturité de 30 ans avec une période de grâce de 10 ans pour le paiement des intérêts, comme l'a proposé Georges Stathakis, le ministre grec de l'Economie. Ceci pourrait s'accompagner d'un rééchelonnement de la dette déjà due à partir de 2020 qui sera négocié à partir de novembre. La valeur actualisée de la dette en serait réduite. RBS estime qu'une maturité de 30 ans appliquée à tous les prêts permettrait de réduire la valeur présente nette de la dette de 28 %. Il n'est pas sûr que cela suffise cependant à rendre la dette soutenable sans vraie stratégie de croissance, surtout s'il faut un nouveau plan d'aide dans quelques années. Rappelons que la restructuration de 2012 a été rendue inutile par la même politique exigée par ce troisième plan aujourd'hui. Plus que jamais, les créanciers jouent d'abord contre eux-mêmes en jouant contre la Grèce.

    Romaric Godin

    source: latribune.fr

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  • Contre-feux - par Jacques Sapir (11 août 2015)L’accord auquel la Grèce et ses créanciers semblent être arrivé aujourd’hui, mardi 11 août, après de longues négociations est un mauvais accord. Les 85 milliards qui sont prévus dans cet accord sont, aujourd’hui, largement insuffisant. Il ne pouvait en être autrement. Car ce texte est la conclusion logique du diktat imposé le 13 juillet 2015 par les créanciers à la Grèce. Et, ce diktat n’a pas été conçu dans l’objectif d’apporter un réel secours à la Grèce, même au prix d’énormes sacrifices, mais uniquement pour humilier et déconsidérer politiquement son gouvernement. Ce diktat est le produit d’une vengeance politique et n’a aucune rationalité économique.

    Les doutes sont d’ores et déjà présent sur cet accord qui doit être ratifié d’ici le 20 août. Il a été longuement dénoncé dans diverses colonnes[1]. Il va accroître l’austérité dans un pays dont l’économie est en chute libre depuis les manœuvres de la Banque Centrale Européenne à partir du 26 juin dernier. L’accroissement des prélèvements fiscaux est un non-sens dans une économie en récession. Il faudrait, au contraire, injecter massivement de l’argent dans l’économie pour faire repartir la production. Tout le monde le sait[2], que ce soit le gouvernement grec ou ses créanciers. Pourtant ces derniers persévèrent dans l’erreur. Pourquoi ?

    La responsabilité de l’Allemagne

    On pointe souvent la responsabilité de l’Allemagne. De fait, ce pays entend lier cet accord à une stricte conditionnalité et ceci alors que les conditions mises aux précédents plans d’aides qui ont été signés depuis 2010 ont abouti à une chute de 25% du PIB et à une explosion du chômage. De même, l’Allemagne entend imposer une importante réforme des retraites à Athènes, alors que ces mêmes retraites jouent le rôle d’amortisseur à la crise dans un pays où les transferts intergénérationnels remplacent des allocations chômage désormais très faibles. Cela reviendra à appauvrir un peu plus la population, et à provoquer plus de récession. Enfin, l’Allemagne veut encore imposer de larges privatisations. Il est clair que ces dernières permettraient aux entreprises allemandes, qui sont loin d’être blanc-bleu sur la Grèce (la filiale grec de Siemens est au cœur d’un immense scandale fiscal) de continuer une liste d’achat à bon marché. On le voit, l’incompétence semble donner la main au cynisme.

    La responsabilité de l’Allemagne est évidente. En fait, le seul espoir – si la Grèce doit rester dans la zone Euro – serait d’annuler une large part, de 33% à 50%, de la dette grecque. Mais, de cela, le gouvernement allemand ne veut rien savoir et ceci au moment où il apparaît qu’il a tiré de larges profits de la crise grecque comme le reconnaît un institut d’expertise allemand[3]. Il y a cependant dans l’obstination meurtrière du gouvernement allemand envers le peuple grec quelque chose qui va bien au-delà d’un attachement aux « règles » d’une gestion très conservatrice ou des intérêts particuliers. En fait, le gouvernement allemand entend punir le peuple grec pour avoir porté au pouvoir un parti de gauche radicale. Il y a ici une volonté clairement politique et non économique. Mais, le gouvernement allemand veut aussi faire de la Grèce un exemple afin de montrer, en regardant en direction de l’Italie et de la France comme le note l’ex-Ministre des finance Yanis Varoufakis[4], qui est le chef dans l’Union européenne. Et cela est des plus inquiétant.

    Les déclarations de Romano Prodi

    Dans ce contexte, les déclarations de M. Romano Prodi dénonçant dans un journal conservateur de la Vénétie, Il Messagero, ce qu’il appelle le « blitz allemand » doivent être regardées avec attention[5], mais aussi avec une certaine méfiance. Quant Romano Prodi, dont il faut rappeler qu’il fut président de la Commission européenne et Premier-ministre de l’Italie, dénonce le comportement du gouvernement allemand en considérant que ce dernier met en cause le fonctionnement même de la zone Euro, il y a peu à redire. Mais, ce comportement critiquable n’est nullement analysé dans ce qu’il révèle. Certes, le gouvernement allemand, dans la forme comme dans le fond, est en train de détruire la zone Euro. Mais, s’il le fait c’est qu’il n’a guère le choix. En effet, agir différemment reviendrait à accepter ce que propose implicitement Romano Prodi, soit une organisation fédérale de la zone Euro. Or ceci n’est pas possible pour l’Allemagne. Si l’on veut que la zone Euro ne soit pas ce carcan qu’elle est aujourd’hui qui allie la dépression économique à des règles austéritaires, il faudrait en effet que les pays du Nord de la zone Euro transfèrent entre 280 et 320 milliards d’euros par an, et cela sur une période d’au moins dix ans, vers les pays d’Europe du Sud. L’Allemagne contribuerait à cette somme sans doute à hauteur d’au-moins 80%. Cela veut dire qu’elle devrait transférer de 8% à 12% de son PIB, selon les hypothèses et les estimations, tous les ans. Il faut dire ici que ceci n’est pas possible. Tous ceux qui entonnent le grand lamento du fédéralisme dans la zone Euro avec des sanglots dans la voix ou avec des poses martiales n’ont pas fait leurs comptes ou bien ne savent pas compter. On peut, et on doit, critiquer la position allemande vis-à-vis de la Grèce parce qu’elle participe d’une vendetta politique contre un gouvernement légalement et légitimement élu. Mais exiger d’un pays qu’il transfère volontairement une telle proportion de sa richesse produite tous les ans n’est pas réaliste.

    Romano Prodi n’est pas un imbécile

    Or, Romano Prodi n’est certainement pas un imbécile, et ceux qui se souviennent de son intervention en Russie, au Club Valdaï de 2013 savent qu’il est d’une rare intelligence, et de plus il sait compter. Pourquoi, alors, s’obstine-t-il dans cette voie, et pourquoi appelle-t-il à un axe entre Rome et Paris pour rééquilibrer le rapport de force ? Pourtant, Romano Prodi sait très bien que ce n’est pas dans le gouvernement français que l’on peut trouver un partenaire résolu pour affronter Berlin[6]. Depuis septembre 2012, et le vote sur le TSCG, il est clair que François Hollande n’a aucune envie et aucune intention d’aller au conflit avec Madame Merkel. Son inaction, ou plus précisément son inaction, en témoigne tous les jours.

    Alors, il nous faut bien admettre que Romano Prodi fait en réalité de la politique, et qui plus est de la politique intérieure italienne. Il sait que la question de l’Euro est aujourd’hui directement et ouvertement posée en Italie, que ce soit objectivement dans les résultats économiques qui se dégradent ou que ce soit subjectivement dans la multiplication des prises de position Euro-critiques de la gauche (avec l’appel de Stefano Fassina) à la droite et à la Ligue du Nord. Il faut comprendre sa position comme un contre-feu face à un changement, lent mais profond, de l’opinion publique et de l’opinion des politiques sur la question de l’Euro. Mais, pour que ce contre-feu soit efficace, il lui faut bien dire des vérités. D’où, l’analyse, qui n’est pas fausse, sur les conséquences de l’attitude allemande sur la Grèce. Mais, en même temps, on voit que cette analyse n’est volontairement pas poussée à ses conclusions logiques.

    Contre-feux

    On voit donc le jeu de Romano Prodi. Mais, celui de Wolfgang Schäuble n’est pas différent. Le Ministre des finances allemand a compris le risque pour son pays qu’à partir de la crise grecque se mette en place un puissant mouvement vers le fédéralisme au sein de la zone Euro, avec toutes ses implications. Et, de cela, il ne veut, et sur ce point il est en accord parfait tant avec la Chancelière qu’avec le dirigeant du SPD, Sygmar Gabriel, sous aucun prétexte. Ainsi, qu’il s’agisse de Romano Prodi ou de Wolfgang Schäuble, les deux hommes, les deux dirigeants politiques, en sont réduits à allumer des contre-feux. Mais, ce qui est aujourd’hui nouveau, c’est que leurs actions ne peuvent plus être coordonnées. Elles vont se heurter l’une l’autre, et de cette désarticulation stratégique découle une désarticulation politique du projet de l’Euro.

    Romano Prodi cherche à éviter ou à ralentir la constitution de ce front des forces anti-euro, front qui monte dans l’opinion comme dans les milieux politiques tant en Italie qu’en Europe. Wolfgang Schäuble, lui, tient à éviter que l’on entre dans une logique d’union de transfert qui serait mortelle pour l’Allemagne. Ainsi, l’un et l’autre affectent de parler de l’Euro et de l’Europe mais, en réalité, pensent dans le cadre national. Quelle meilleur preuve faut-il de la mort de l’Euro, mais aussi de l’échec d’une certaine idée de l’Union européenne ?

    Jacques Sapir

     

    [1] Voir Godin R., « Grèce : pourquoi le nouveau plan d’aide est déjà un échec » in La Tribune, 4 août 2015, http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-pourquoi-le-nouveau-plan-d-aide-est-deja-un-echec-496415.html ou Robin J-P, « Pourquoi le Grexit est plus que jamais d’actualité » in FigaroVox, 4 août 2015, http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/08/04/31001-20150804ARTFIG00200-pourquoi-le-grexit-est-plus-que-jamais-d-actualite.php

    [2] Même un journal qui nous a habitué à des propos très conservateurs sur ce point l’admet. Voir : http://www.lesechos.fr/monde/europe/021256452465-le-3e-plan-grec-pas-meilleur-que-les-precedents-1143735.php#xtor=RSS-52

    [3] « Greek Debt Disaster: Even If Greece Defaults, German Taxpayers Will Come Out Forward, Says German Assume Tank » in Observer, http://www.observerchronicle.com/politics/greek-debt-crisis-even-if-Greece-defauts-German-taxpayers-will-come-out-ahead-says-german-think-tank/58504/

    [4] Voir la transcription de sa téléconférence à l’OMFIF ou Official Monetary and Financial Institutions Forum http://www.omfif.org/media/1122791/omfif-telephone-conversation-between-yanis-varoufakis-norman-lamont-and-david-marsh-16-july-2015.pdf

    [5] Prodi R., « L’Europa fermi l’inaccettabile blitz tedesco », Il Mesaggero, 8 août 2015, http://www.ilmessaggero.it/PRIMOPIANO/ESTERI/europa_fermi_inaccettabile_blitz_tedesco/notizie/1507018.shtml

    [6] Godin R., « Grèce : y a-t-il un vrai désaccord entre Paris et Berlin ? », in La Tribune, 3 août 2015, http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-y-a-t-il-un-vrai-desaccord-entre-paris-et-berlin-496193.html

     

    source: russeurope

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  • Sur la situation en Grèce,le rôle anti-populaire de Syriza et les responsabilités de ceux qui applaudissent-par Yiorgos Marinos, Membre du Bureau politique du KKE

    Introduction

     

    Lundi 13 juillet le gouvernement SYRIZA-ANEL avec le soutien de tous les partis bourgeois s'est mis d'accord lors du sommet de la zone euro sur un paquet très dur de mesures antipopulaires, en réalité un 3ème mémorandum, qui abat les droits ouvriers-populaires qui n'étaient pas encore supprimés.

    Mercredi 15 juillet le gouvernement, qui brandissait le slogan “la gauche pour la première fois”, a fait voter au Parlement, avec le soutien des partis bourgeois ND, PASOK et POTAMI, l'accord conclu au sommet ainsi que la première vague de mesures du 3ème mémorandum qui charge le peuple avec de nouvelles mesures fiscales très dures et qui supprime des droits de retraite.

    Le KKE a voter contre l'accord et a soumis une proposition de vote par appel nominal lors de laquelle 32 cadres du SYRIZA ont voté NON, 6 n'ont pas pris part au vote et un s'est abstenu, en disant que “nous votons contre le nouveau mémorandum, mais ... nous soutenons de tout notre cœur le gouvernement qui l'a conclu”.

    L'expérience de ces 5 mois de vie du gouvernement SYRIZA démontre qu'il ne voulait et il ne pouvait pas préparer le peuple à une confrontation avec les memoranda et les monopoles, grecs et européens, exactement parce qu'il n'avait pas d'orientation de résistance et de confrontation. Au contraire, il a trompé le peuple en lui disant qu'il pouvait ouvrir la voie des changements dans son intérêt à l'intérieur de cette alliance des loups qu'est l'UE.

    Les développements sont une  éclatante manifestation de l'échec de la soi-disant « gauche de gouvernement » ou « gauche de renouveau » et de la théorie que l'UE pourrait changer son caractère monopoliste et antipopulaire.

    La ligne de lutte du KKE et son attitude vigoureuse et conséquente, rejetant la participation à de tels « gouvernements de gauche », en réalité des gouvernements de gestion bourgeoise, sont réconfortés.

    Sur la base de cette expérience spécifique et dépassant le “bombardement” des médias bourgeois, les travailleurs en Europe et dans tout le monde doivent tenter de détecter la vérité et d'utiliser les développements en Grèce pour tirer d'utiles conclusions.

    On les appelle à examiner et à élaborer la ligne de lutte du KKE, traversant le mur de désinformation des forces bourgeoises et opportunistes qui vivent sur leur nuage, où ils sont occupés à gérer la barbarie capitaliste, et qui travaillent de façon systématique pour faire manipuler les travailleurs.

     

    QUELLE EST LA VERITABLE SITUATION EN GRECE ?

     QUEL EST LE VERITABLE ROLE DE SYRIZA – EN QUOI CONSISTE LA RESPONSABILITE DE CEUX QUI APPLAUDISSENT ?

    Premièrement, lors de la crise capitaliste, dans des conditions créées par les conséquences douloureuses pour la classe ouvrière et les couches populaires, des conditions provoquées par la politique antipopulaire du parti libéral de la ND et du parti social-démocrate du PASOK, une large recomposition du système politique bourgeois a été lancée.

    Les partis bourgeois traditionnels, très usés, ont été affaiblis, et SYRIZA et l'organisation criminelle nazi “Aube Dorée” ont été renforcés.

    SYRIZA, un petit parti opportuniste au départ, a été propulsé à un score électoral élevé lors de l'élection de juin 2012, ensuite il est arrivé en première place en janvier 2015 et a formé un gouvernement avec le parti nationaliste et de droite de “ANEL”.

    Pendant toute cette période, ce parti a enfermé des travailleurs dans le schéma trompeur de “mémorandum  -  anti-mémorandum”, dissimulant le fait que les memoranda font partie de la stratégie plus générale du capital. Ce parti a profité de problèmes aigus du peuple pour lui donner des fausses promesses qu'il le soulagerait et qu'il satisferait les revendications des travailleurs.

    Dans ce cadre, il s'est engagé à faire augmenter immédiatement le SMIC, à rétabir les Conventions Collectives, à supprimer la taxe foncière, à augmenter le seuil d'imposition, à arrêter les privatisations etc.

    Malgré les slogans qu'il a utilisé, en pratique SYRIZA a élaboré une stratégie social-démocrate et a fait clair dès le départ qu'il allait gérer le capitalisme, servir la compétitivité et la rentabilité des groupes monopolistes et appliquer la stratégie de l'UE, qu'il a d'ailleurs appelée “notre maison européenne commune”.

    Deuxièmement, après l'élection de 2015, le gouvernement SYRIZA-ANEL a poursuivi la politique anti-populaire de précédents gouvernements. Le 20 février, il a conclu un accord avec l'UE, la BCE et le FMI (la Troïka) et s'est engagé à reconnaître et à rembourser la dette que le peuple n'a pas créé, à s'abstenir d”action unilatérales”, à la non-implémentation de ses promesses pré-électorales et à l'implémentation des “réformes capitalistes”.

    Dans les négociations qui ont suivi l'accord de Bruxelles, le gouvernement SYRIZA-ANEL a déposé des paquets de propositions avec des mesures très dures. En voici quelques unes:

    Maintien des memoranda et de l'ensemble des décrets d'application votés par la ND et le PASOK, des taxes supplémentaires, suppression des droits de retraite, des privatisations et d'autres mesures contre le peuple , d'un coût total de 8 milliards d'euros. Cette proposition était similaire à celle de la Troïka dont le coût des mesures antipopulaires a été estimé à 8.5 milliards d'euros.

    Les moments de tension lors des négociations et le départ à un moment du gouvernement SYRIZA-ANEL ne sont pas de la résistance pour la défense des intérêts populaires, comme cela est perçu de façon infondée par quelques partis à l'étranger.

    Ce qui se trouvait sur la table étaient les intérêts des monopoles et sur cette base, des contradictions plus générales se sont exprimées à l'égard du “mélange” de gestion du capitalisme, du cours de la zone euro et de la position de la Grèce dedans (la possibilité du grexit inclus), des contradictions entre l'Allemagne et la France, entre les États-Unis et les pays de la zone euro, en particulier l'Allemagne, sur la place de leader en Europe.

    Troisièmement, dans ces conditions, le gouvernement a soumis au parlement, le samedi 27 juin, une proposition de référendum tentant d'enfermer le peuple avec le OUI ou le NON au paquet des mesures antipopulaires de la Troïka et refusant de mettre au jugement du peuple sa propre proposition anti-populaire.

    Le KKE (dans le parlement) a exigé que soient soumis au référendum:

    a) la proposition de la Troïka, b) la proposition du gouvernement et c) la proposition du KKE pour “le désengagement de l'UE, la suppression des memoranda et des tous les décrets d'application anti-populaires”.

    Le gouvernement a arbitrairement refusé de soumettre la proposition du KKE (sur les trois questions à poser au référendum) au vote, afin de faire un chantage au peuple et de présenter le vote populaire comme une approbation de sa proposition – nouveau mémorandum.

    Le KKE a résisté, a dénoncé le chantage et a soumis au jugement du peuple son propre bulletin de vote qui écrivait:

     NON à la proposition de UE-BCE-FMI

    NON A LA PROPOSITION DU GOUVERNEMENT

    DESENGAGEMENT DE L'UE AVEC LE PEUPLE AU POUVOIR”.

    Ce bulletin de vote a été distribué dans les milieux de travail, dans les quartiers populaires, devant les bureaux de vote, tandis qu'en même temps, le KKE a appelé le peuple à résister de toute manière possible et à exprimer son opposition aux nouveaux memoranda.

    Dans des conditions de faux dilemmes et de chantages, le KKE a dit au peuple que tant le OUI que le NON seront utilisés pour imposer de nouvelles mesures antipopulaires.

    Cette décision est un grand atout pour notre peuple, pour continuer sa lutte avec ses intérêts comme critère.

    Une part considérable de notre peuple a résisté. Il a mis dans les urnes le bulletin du KKE, il a vote blanc ou nul (plus de 350 000, 6%) et une autre part a choisi de s'abstenir.

    Le KKE ne s'était pas fixé d'objectif chiffré pour le référendum. Son attitude était une attitude politique de principe. Elle visait à donner un message politique au peuple de ne pas se soumettre aux dilemmes de chantage, qu'ils venaient de la part de la Troïka ou de la part du gouvernement et des autres partis politiques bourgeois.

    Quatrièmement, un jour après le référendum, le 6 juillet, les développements ont réconforté à la façon la plus patente les positions et la ligne de lutte du KKE et ont démasqué les partis qui célébraient ensemble avec SYRIZA à l'étranger ou envoyaient des messages de soutien au premier ministre grec.

    Le lendemain du référendum, une réunion des chefs de file des partis politiques a été tenue, à l'initiative du premier ministre Tsipras et avec la participation du Président de la République. Une réunion qui a éclairé encore plus la situation.

    SYRIZA, ANEL, ND, PASOK, POTAMI, c-a-d tous les partis bourgeois, ont signé un communiqué commun où l'on peut lire entre autres: “Le verdict récent du peuple grec ne constitue pas un verdict de rupture mais de poursuite et de renforcement de l'effort pour arriver à un accord socialement juste et économiquement viable ...”, ce qui démontre que l'ensemble des partis bourgeois sont prêts à signer un accord, un nouveau mémorandum avec la Troïka et contre le peuple.

    Le secrétaire général du KKE, Dimitris Koutsoubas n'a pas signé le communiqué commun, il a exprimé sa position différente. Voici un extrait de ses déclarations à la sortie de la réunion: “nous avons exprimé de façon claire le point de vue du KKE, tant sur l'analyse du résultat du référendum que sur les immenses problèmes que le peuple grec rencontre dans cette alliance de loups qu'est l'UE, avec une politique qui multiplie les impasses pour le peuple, pour son revenu, pour le cours du pays et celui de notre peuple plus généralement.

    Il est démontré encore une fois qu'il ne peut pas avoir de négociation dans l'intérêt du peuple et des ouvriers « à l'intérieur des  murs » de l'UE, dans la voie de développement capitaliste, ... personne n'a autorisé qui que ce soit à signer de nouveaux memoranda, de nouvelles mesures douloureuses pour notre peuple”.

    Cinquièmement, après le référendum le gouvernement SYRIZA-ANEL a envoyé au Mécanisme Européen de Stabilité (MES) une demande pour un programme d'aide financière (emprunt) sur 3 ans d'une hauteur d'environ 50 milliards d'euros, avec une nouvelle convention de prêt et un nouveau mémorandum.

    Vendredi 10 juillet, le gouvernement a déposé à la Troïka (UE, BCE, FMI) un paquet provocateur de nouvelles mesures antipopulaires très dures, c-a-d un 3ème mémorandum de 12 milliards d'euros (!!!), à savoir de 4-5 milliards de plus que le paquet sur lequel il discutait avant le référendum.

    Le même jour, dans un débat au Parlement, le gouvernement a demandé et a obtenu de la part des partis bourgeois, la ND, le PASOK et le POTAMI, leur soutien et leur autorisation pour conclure l'accord antipopulaire-3ème mémorandum.

    Tandis que, aux petites heures du lundi 13 juillet, le premier ministre Tsipras s'est mis d'accord au sommet de la zone euro à un nouveau prêt de 83 milliards d'euros et un mémorandum antipopulaire très dangereux qui littéralement abat les droits ouvriers-populaires qui n'étaient pas encore supprimés.

    En voici quelques exemples illustratifs :

    Maintien de l'ENFIA, la taxe sur la propriété foncière, et d'autres mesures fiscales douloureuses votés auparavant par la ND et le PASOK qui ont conduit au désespoir de millions de familles populaires, augmentation supplémentaire de la TVA avec un transfert des produits alimentaires transformés et d'autres genres largement consommées par les couches populaires au coefficient supérieur de 23 %, suppression d’allégements d'impôts pour les agriculteurs, importante augmentation de la TVA dans les îles etc.

    La propagande gouvernementale, selon laquelle le gouvernement augmenterait le taux d'imposition sur les grandes entreprises et les armateurs est infondée. Il s'agit d'une goutte dans l'océan. Les allègements d'impôts accordés aux armateurs et au grand capital sont maintenus.

    Maintien de l'ensemble des mesures portant atteinte à la Sécurité Sociale : baisse des pensions de retraite, augmentation de l'âge de départ à la retraite, des allégements des cotisations pour la Sécu pour les patrons et en plus, de nouvelles mesures pour la suppression de régimes spéciaux (des départs précoces  à la retraite), du moins ceux qui étaient encore en vigueur, et la fixation de fait de l'âge de départ à la retraite à 67 ans, suppression de l'allocation pour les retraités les plus démunis, augmentation des cotisations des travailleurs pour la Sécu, fusion des caisses de Sécu avec une normalisation des droits vers le bas et avec une perspective de nouvelles mesures dures au nom de la pérennité du système de la Sécurité Sociale.

    Maintien des conditions de travail de « Moyen-Age » qui règnent aux milieux de travail, gel des Conventions Collectives, maintien des salaires abaissés, et en plus, de nouvelles mesures anti-ouvrières au nom de l'adaptation aux orientations de l'UE sur la progression des contrats de travail individuels entre un travailleur et son patron, sur la progression de l'emploi en temps partiel et en intérim ainsi que sur des relations de travail flexibles.

    Mise en œuvre de la « boîte à outils » de l'OCDE (lequel le gouvernement considère comme un partenaire stratégique) qui prévoit la libéralisation des métiers, le travail du dimanche etc.

    Maintien des privatisations déjà achevées et nouvelles privatisations des ports, de 14 aéroports de province, du rail, de la société de gestion du gaz naturel etc. Il est prévu aussi de créer un mécanisme de mise en hypothèque et de mise en vente de la propriété publique pour collecter 50 milliards d’euros afin de rembourser les prêts.

    L'accord prévoit aussi des excédents budgétaires primaires de 1 % en 2015, de 2 % en 2016, de 3 % en 2017, de 3,5 % en 2018 et l'application d'un mécanisme des coupes automatiques dans les salaires, les pensions de retraite et les dépenses sociaux, dès qu'une déviation budgétaire est détectée.

    Pour convaincre le peuple à accepter ces mesures, le gouvernement SYRIZA-ANEL a utilisé le même dilemme-chantage que la ND et le PASOK auparavant: Un nouveau mémorandum encore plus dur ou une faillite d'état à travers un grexit ?

    Il a utilisé le même dilemme qu'au temps du premier et du deuxième mémorandum, le même qui était utilisé à chaque fois qu'une partie d'aide allait être déboursée. Le peuple devrait à chaque fois choisir le « moindre mal » , ce qui conduit finalement au mal le plus grave.

    Même à ce moment, que la politique antipopulaire de SYRIZA est évidente, Tsipras tente de cultiver de fausses attentes en affirmant que l'accord prévoit un aménagement de la dette (qui s'accroît à cause du nouveau prêt) et les soi-disant « aides à la croissance », que le peuple a  « financées » et qui seront d'ailleurs dirigées vers les grands groupes qui en profiteront.

    Sixièmement, ce n'est pas tout, puisque la politique antipopulaire du gouvernement SYRIZA-ANEL est exprimée aussi dans le domaine de la politique internationale.

    En cinq mois, le gouvernement grec a apporté un soutien fort à l'OTAN, aux États-Unis, à l'axe euro-atlantique.

    Non seulement il a maintenu, mais il s’est engagé à renforcer les bases des États-Unis et de l’OTAN à Souda, qui est la base pour les interventions impérialistes et les guerres dans la région, à l'Aktion (radars mobiles), le quartier général à Thessalonique, à Larissa etc.

    Il a annoncé que, en consultation avec les États-Unis, il va installer une nouvelle base de l'OTAN dans la mer Égée, sur l'île de Karpathos.

    Il s’est engagé dans des positions officielles gouvernementales à disposer les forces armées et les bases militaires pour de nouvelles guerres impérialistes dans la région, au nom de faire face aux djihadistes et de la «protection des populations chrétiennes ».

    Il participe à des exercices militaires avec les États-Unis et l’Israël et renforce ses relations militaires, politiques et économiques avec l'Israël qui continue l’occupation et attaque brutalement le peuple palestinien.

    La soi-disant «politique multidimensionnelle » avec la Russie et la Chine, les BRICS, est une politique qui se positionne dans la promotion des intérêts des groupes monopolistes afin d’améliorer leur position sur l’échiquier du secteur de l'énergie, dans le cadre des concurrences impérialistes générales, embarquant le peuple grec dans de nouvelles aventures.

    QUELQUES CONCLUSIONS

    Ainsi, les travailleurs en Europe et dans le monde entier peuvent tirer des conclusions importantes sur les développements en Grèce, condamner les forces politiques qui défendent la voie capitaliste de développement et l'Union européenne, l'union impérialiste interétatique.

    Les communistes, les travailleuses  et les travailleurs doivent examiner les développements sur la base des faits réels; apprécier l'attitude de dizaines de partis communistes qui ont essayé d'analyser sur la base des critères de classe les développements en Grèce, et en respectant le principe de l'internationalisme prolétarien, ils ont contribué au soutien de la lutte du KKE, ils ont accueilli ses bulletins d'information et des interviews relatives, ils ont écrit des articles et lutté contre les confusions semées par SYRIZA et le PGE.

    Le KKE remercie les dizaines de partis communistes et les dizaines de Jeunesses communistes du monde entier qui ont exprimé de différentes manières leur solidarité et ont soutenu la lutte de notre parti et de la KNE.

    Nous remercions les travailleuses  et les travailleurs, les syndicats et d'autres organisations du mouvement populaire de l'étranger qui soutiennent la lutte du mouvement de classe en Grèce.

    Notre parti va continuer les dures luttes, il va continuer à honorer leur confiance.

    En fait, dans les conditions de la forte pression exercée par le mécanisme idéologique bourgeois et l'intervention des forces de l'opportunisme, la manifestation massive de la solidarité internationale est très importante. Elle est une contribution à notre lutte commune, une précieuse expérience qui portera ses fruits dans la prochaine période.

    Simultanément, les communistes, les travailleuses et les travailleurs, doivent examiner attentivement et condamner les forces de l'opportunisme et l'ensemble des forces qui ont caché tout au long de cette période les positions du KKE et se sont rangées du coté de SYRIZA, embellissant l’essence antipopulaire de classe de sa politique, son caractère social-démocrate.

    Le PGE (« Parti de la gauche européenne ») joue un rôle particulièrement dangereux quant à la manipulation des travailleurs; dans les positions sociales-démocrates de SYRIZA il a vu sa propre stratégie mutante de gestion bourgeoise, ses propres positions au sujet de l'intégration dans l'UE.

    Il était prévu.

    Le grand problème est que certains PC se sont convertis en applaudisseurs de SYRIZA, l’ont présenté comme une force de résistance contre l'UE, en cachant que ce parti est un défenseur de l’alliance des loups européenne et de l'OTAN, un administrateur du système capitaliste barbare.

    Ces forces ont salué le « non » du référendum, mais elles ont caché que derrière celui-ci il y avait le « oui » de SYRIZA à un nouveau mémorandum, à de nouvelles mesures qui continuent à saigner notre peuple.

    Ces partis ont désinformé les travailleurs dans leurs pays. Ils ont relié l'attitude du gouvernement grec avec la défense de la «souveraineté populaire», mais la réalité montre que le peuple ne peut pas être dominant quand il est entouré par l'extorsion des forces du capital, quand il a faim, quand il est au chômage, victime du capitalisme et des capitalistes qui ont le pouvoir et la propriété des moyens de production, qui volent la richesse produite par les travailleurs.

    L'attitude de ces partis était objectivement contre la lutte du KKE et les intérêts de la classe ouvrière et des couches populaires en Grèce et dans tous les pays, parce que le soutien de la nouvelle social-démocratie renforce l'ennemi des travailleurs en cultivant des illusions et des confusions.

    Il n'y a aucune excuse. Les responsabilités sont grandes. Les partis qui ont caché les positions du KKE, ont organisé des manifestations de soutien de SYRIZA et ont salué la social-démocratie, ont été exposés.

    En fait, les manifestations par exemple à Paris, à Rome, à Bruxelles, à Nicosie, à Lisbonne et dans d'autres villes ont été utilisées par SYRIZA comme un alibi «de gauche » pour renforcer sa position, apparaître comme un «Sauveur» et imposer aux travailleurs de nouvelles mesures antipopulaires dures.

    Ce n’est pas la première fois qu’on parle de ces questions. Les conséquences de l'effet opportuniste sur les lignes du mouvement communiste, les conséquences de la contre-révolution persistent et sont douloureuses.

    Comme il est connu, notre parti exprime toujours (depuis plusieurs années) sa solidarité internationaliste, même avec des PC qui aujourd'hui se sont rangés du coté de ses adversaires politiques. Le KKE a une position de principe et nous allons continuer ainsi.

    Mais quant aux choix des PC qui se sont rangés du coté de la social-démocratie, le Mouvement communiste européen et international doit ouvrir un débat et en tirer des conclusions.

    Celui qui perd l’orientation révolutionnaire de classe, se dirige vers l’abîme, même en gardant son nom communiste, même si il fait généralement référence au socialisme.

    Ceci est confirmé par l'expérience historique et c'est le problème avec ces forces qui utilisent la calomnie sur le sectarisme pour incriminer la lutte révolutionnaire, pour cacher leur propre abandon des principes du marxisme-léninisme et leur choix de la gestion bourgeoise.       

    Les derniers développements ont évoqué de graves problèmes qu’on doit examiner davantage.

    Les partis sociaux-démocrates, comme par exemple SYRIZA et PODEMOS, travaillent pour la manipulation de la classe ouvrière, afin d’assurer la gestion capitaliste avec des slogans pseudo-gauches.

    En fait, l'exemple de SYRIZA a prouvé encore une fois que les soi-disant «gouvernements de gauche » sont une forme de gestion et de reproduction de l'exploitation capitaliste, ils cultivent des illusions, désarment les forces populaires et conduisent au renforcement des forces conservatrices, au retour des gouvernements de droite. Des exemples de « gouvernements de gauche» en France, en Italie, à Chypre, en Danemark, mais aussi dans des pays d'Amérique latine confirment cette position.

    La position présentant le remplacement de l’euro par une monnaie nationale, par exemple par la drachme en Grèce, comme une solution en faveur du peuple, une position soutenue par de divers groupes gauchistes et des cadres de SYRIZA qui ont voté contre le troisième mémorandum au Parlement, constitue « de la poudre aux yeux» des travailleurs. La monnaie elle-même ne peut pas résoudre les problèmes en faveur du peuple. L'exploitation capitaliste va se poursuivre et ce qui détermine les développements est la classe sociale ayant le pouvoir et les moyens de production dans ses mains.

    Essayer d'interpréter les développements avec des positions qui affirment que la Grèce est une «colonie», n'a aucun fondement objectif, puisqu'on supprime ainsi les objectifs et les intérêts de la bourgeoisie et on ne prend pas en compte le développement capitaliste inégal et l'inégalité des relations entre les États capitalistes.

    Le choix prédominant de la bourgeoisie est la participation de la Grèce à l'OTAN et l’UE, et la cession de la souveraineté est un choix conscient visant à protéger le capitalisme et servir les intérêts des monopoles dans les alliances impérialistes.

    La concentration de l'attention sur l'attitude de l'Allemagne, la tentative d'interpréter les développements du point de vue du « coup d’État de Schäuble» obscurcit l'essence de rivalités inter-impérialistes, les intérêts en conflit.

    Le choix du gouvernement SYRIZA-ANEL de choisir des alliés, par exemple aux États-Unis et en France n’est pas lié aux intérêts du peuple, mais aux intérêts des groupes monopolistes, empêtrant  notre peuple encore plus dans les antagonismes impérialistes.

    Les récentes déclarations du cadre de SYRIZA et vice-premier ministre sont caractéristiques: «Nous devons remercier publiquement le gouvernement des États-Unis et le président Obama, parce que probablement  sans sa contribution et sa persévérance que l'accord inclue des questions concernant la dette et le développement, peut-être on ne réussirait pas».

    LA LUTTE DU KKE 

    Le KKE a fait du progrès ayant enrichi sa stratégie sur la base des exigences contemporaines de la lutte de classe, surmontant les « étapes intermédiaires » de la gestion du système d'exploitation et les diverses variations de conservation de la démocratie bourgeoise, en défendant les lois de la révolution et de la construction socialiste.

    Notre parti a suivi la ligne de lutte anticapitaliste - antimonopoliste, la ligne de concentration et de préparation des forces ouvrières - populaires pour le renversement du capitalisme, pour le pouvoir ouvrier-populaire, le socialisme, en rejetant la coopération avec le parti social-démocrate de SYRIZA, ainsi que toute participation à un gouvernement de gestion bourgeoise.

    Il a donné une réponse décisive aux élections de 2012, en continuant dans des conditions difficiles la lutte politique et idéologique de masse indépendante sur la base des besoins contemporains des familles des couches ouvrières-populaires.

    Le Parti s’est lancé dans la bataille des élections de 2015, a augmenté ses forces et utilise son groupe parlementaire de 15 membres pour illustrer les problèmes du peuple, en soumettant des propositions de loi importantes, comme celle pour l’abrogation des mémorandums et des lois d'application que le gouvernement refuse de discuter au Parlement depuis cinq mois.

    Il utilise son groupe au Parlement européen en faveur des travailleurs, ayant conquis un niveau élevé en ce qui concerne ses interventions politiques après avoir quitté le groupe GUE/NGL, qui est devenu une annexe du PGE.

    Dans la lignée droite de cette lutte politique se trouve la position fière du KKE dans le récent référendum où il a révélé la politique antipopulaire du gouvernement SYRIZA-ANEL, de la troïka et des partis bourgeois qui soutiennent la position «à tout prix dans l'UE », en présentant sa propre proposition au peuple.

    Notre parti intervient de manière décisive aux développements politiques, il lutte contre les difficultés et les faiblesses et travaille sans relâche dans les lieux de travail, dans le mouvement ouvrier – populaire, il conduit les luttes de la classe ouvrière, de la paysannerie, des classes moyennes, des jeunes, il poursuit son action internationaliste, renforce ses relations avec des dizaines de PC partout dans le monde et tente de discuter de son expérience avec les communistes, avec l’avant-garde des forces ouvrières à l'étranger.

    Les tâches sont très sérieuses. Le KKE met l’accent sur l'organisation de la résistance des travailleurs contre l’accord antipopulaire du gouvernement SYRIZA-ANEL, pour la montée des exigences et le développement d’un mouvement militant qui exige massivement la récupération des pertes, la satisfaction des besoins contemporains.

    Le mouvement de classe, le PAME et les autres regroupements militants intensifient les protestations massives, font des efforts pour organiser un mouvement de solidarité afin de soutenir ceux qui souffrent du chômage et de la pauvreté, les retraités, les travailleurs qui se tiennent dans les files d'attente dans les banques pour obtenir une petite partie du salaire de retraite en raison des restrictions sur les transactions bancaires.

    Avec des comités de lutte dans les entreprises, les usines, les hôpitaux, les supermarchés, les services, en mobilisant les « comités populaires » dans les quartiers.

    Ce sont des outils précieux pour le renforcement de la lutte du peuple.

    Dans cette voie nous continuons et nous appelons la classe ouvrière, les couches populaires à adopter massivement et décisivement la proposition politique du KKE pour la meilleure organisation possible des travailleurs, la réorganisation du mouvement syndical, le renforcement de l'alliance populaire entre la classe ouvrière, la paysannerie, les autres couches populaires pauvres, afin de renforcer la lutte pour des changements radicaux. Pour la socialisation des monopoles avec la planification centrale scientifique de l'économie, le désengagement de l'UE et de l’OTAN et le développement des relations mutuellement bénéfiques avec des autres États et peuples, l'annulation unilatérale de la dette, avec la classe ouvrière, notre peuple véritablement au pouvoir.

     Yiorgos Marinos,Membre du Bureau Politique

    du Comité Central du PC de Grèce (KKE), le 28 juillet 2015

    source: fr.kke.gr

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  • Une Déclaration du Réseau Faire Vivre et renforcer le PCF

    Grèce et U.E. : premières réflexions du réseau FVR-PCF pour ouvrir le débat après la note du CEN (Comité exécutif national) du 17 juillet

    Les communistes français ont suivi avec beaucoup d’intérêt la situation de la Grèce depuis l’arrivée au pouvoir de Syriza. Si l’on connaissait les critiques du KKE par rapport à Syriza, il n’en est pas moins vrai que l’arrivée au pouvoir d’une force politique se réclamant de la gauche de rupture à la tête d’un pays épuisé par des années de politique d’austérité, constituait une expérience politique intéressante sur laquelle il fallait se garder de tout à priori et porter un regard communiste solidaire des luttes de ce peuple.

    Le référendum du 5 juillet en Grèce, son résultat sans appel – 61% de votes hostiles aux politiques d’austérité que voulait imposer l’Union européenne – permettait à Alexis Tsipras d’être en position de force face aux créanciers de la Grèce. Or, Syriza a signé un accord léonin qui foule aux pieds la souveraineté du peuple grec.

    Tout en étant d’accord avec les constats sur la « brutalité de la méthode » de l’Eurogroupe et de la BCE, sur la pression politique et financière exercée à l’encontre de la Grèce, et sur les « violations extrêmement graves de la souveraineté du pays », nous ne partageons pas de nombreuses autres affirmations de la note de la direction. Nous souhaitons, par les questionnements qui suivent, ouvrir le débat et la réflexion collective sur des questions jusqu’ici balayées d’un revers de main lors de nos conseils nationaux, à savoir l’appréciation que nous portons sur l’Union européenne au stade actuel de la crise, sur le rôle de la monnaie unique, sur la pertinence d’une sortie progressiste de la zone euro, sans nous interdire de poser la question de la nature de l’Union européenne.

    Que nous le voulions ou non, la crise grecque a lancé ce débat au sein des formations politiques françaises, dans les milieux intellectuels et universitaires, mais aussi chez les salariés et dans les milieux populaires.

    Refuser d’aborder le débat, nous replier sur le postulat que seule l’extrême droite conteste l’euro et l’Union européenne, serait suicidaire à l’heure où la contestation de la construction européenne est partagée par une fraction toujours plus importante de la population. Pire, laisser la contestation de l’UE à l’extrême droite est une erreur politique qui pourrait se révéler lourde de conséquences.

    Alors que faire ? Rester dans la posture que nous avons adoptée au début des années 90, à savoir que l’UE est une construction démocratique que l’on peut réorienter de l’intérieur ? Ou l’analyser pour ce qu’elle est, à savoir un outil de domination du capitalisme contre les peuples, une superstructure politique dont les dirigeants n’hésitent pas à broyer la souveraineté populaire lorsqu’elle ne va pas dans le sens qui leur convient ?

    Premier constat largement partagé, l’accord signé entre la Grèce et ses créanciers ne règle rien sur le fonds. Certes, Alexis Tsipras a obtenu l’engagement du déblocage de nouveaux crédits, ce qui évite pour le moment à la Grèce de quitter la zone euro.
    Mais plusieurs questions se posent suite à cet accord.

    Grèce et U.E. : premières réflexions du réseau FVR-PCF pour ouvrir le débat après la note du CEN (Comité exécutif national) du 17 juillet


    1 - Sur l’appréciation de la situation politique en Grèce :

    • les Grecs, qui ont voté en connaissance de cause le refus de nouveaux plans d’austérité, vont-ils accepter les "réformes" imposées par l’UE, dont tout le monde s’accorde à penser qu’elles vont aggraver la situation déjà dramatique des couches les plus précaires de la société ?

    • en politique intérieure, Tsipras a fait passer les nouvelles mesures d’austérité avec les voix de l’opposition. Quel crédit politique a-t-il à l’issue de cette séquence ?

    • au sein de Syriza, le CC a voté majoritairement contre l’accord et les mesures qui l’accompagnaient. A la Chambre, l’unité de Syriza s’est fissurée puisque 30 députés ont refusé de voter en faveur de l’accord. Et pour faire bonne mesure, Tsipras a chassé du gouvernement plusieurs ministres contestataires. Comment Syriza peut-elle concilier ces contradictions ? A-t-elle la capacité à surmonter ses divisions internes ?

    • pourquoi les positions du KKE et du mouvement syndical ne sont-elles pas prises en compte dans notre analyse ?

    2 - Sur l’accord lui-même

    Le « renflouement » de la Grèce par de l’argent prêté par la BCE et le FMI règle-t-il quoi que ce soit sur le long terme ? Tout le monde fait le même constat : non. Il va seulement approfondir l’endettement de l’État grec, et sa dépendance à l’égard des bailleurs de fonds. Tout cela pour rester au sein de la zone euro.
    • le jeu en vaut-il la chandelle ? Sans se substituer à Syriza, pourquoi n’avons-nous pas d’appréciation sur cette question ?
    • Varoufakis a expliqué publiquement que ses désaccords avec Tsipras portaient sur le manque de préparation d’un scénario alternatif en cas d’impossibilité à trouver un accord. Ce fameux « plan B » aurait nécessité de préparer la sortie de la Grèce de la zone euro. Si le ministre des finances lui-même a exploré cette possibilité et y était favorable, pourquoi la sortie de l’euro de la Grèce n’est-elle présentée que comme l’option jusqu’au-boutiste allemande ? N’est-ce pas la sous-évaluation de l’intransigeance de l’UE et le manque de préparation d’une sortie éventuelle de la zone euro dans des conditions correctes qui a fait que Tsipras a accepté le diktat de l’UE ?
    • la mise sous tutelle de la Grèce par l’imposition de deux mesures qui s’attaquent directement à sa souveraineté – l’obligation de soumettre à l’UE toute réforme avant qu’elle soit présentée au Parlement grec, et la création d’un fonds alimenté par la privatisation des actifs publics directement soumis à la gestion de l’UE – ne sont-ils pas l’expression d’un véritable diktat, révélateur de la nature réelle de l’UE ?

    3 - Sur le rôle de la France

    La France a pesé de tout son poids pour soumettre la Grèce aux exigences de l’UE.

    • nos réactions face à la posture de François Hollande ont-elles été à la hauteur de la situation ? Ne devrions-nous pas montrer la cohérence entre la politique européenne de François Hollande et celle qu’il mène en France ? Pourquoi ne pas faire le lien entre l’austérité imposée en France au nom du redressement des comptes publics et la politique de l’UE, menée dans toute sa logique implacable, face à la Grèce ?

    • comment expliquer les cafouillages dans notre expression publique entre le « soutien à Syriza » et la tentation d’un vote en faveur de l’accord avec la Grèce ?

    4 - Sur les conséquences politiques dans et hors de Grèce

    L’arrivée de Syriza a été unanimement saluée en Europe par la majorité de forces progressistes européennes comme un événement positif. Tsipras avait promis durant sa campagne électorale que s’il était élu, il s’opposerait à de nouveaux plans d’austérité. A peine arrivé aux affaires, il cède face à l’UE et fait passer aux forceps des mesures antisociales d’une exceptionnelle gravité. Le message délivré par l’épisode que nous venons de vivre renforce la démoralisation et la démobilisation.

    • dans les pays européens, cette séquence politique démontre l’incapacité des forces progressistes à respecter leurs engagements et à mener les politiques pour lesquelles elles ont été élues. N’est-ce pas la porte ouverte à un recours à l’extrême droite, surtout si le discours que nous portons sur ce qui vient de se passer se limite à défendre la réorientation de l’EU en « Europe sociale » ?

    • le poids de l’OTAN n’est pas abordé. Cette question est en arrière-plan de par le rôle de la Grèce dans cette coalition. Qui plus est, il y a quelques semaines, un accord a été conclu entre la Grèce et l’OTAN sur l’implantation d’une nouvelle base de l’OTAN en Grèce, et ces derniers jours l’accord entre la Grèce et Israël pour des manœuvres militaires communes. Quel rôle ont joué les États-Unis dans les négociations entre l’UE et la Grèce ?

    5 - Sur les perspectives

    La note du CEN nous engage à renforcer la lutte contre l’austérité. Ces dernières semaines nous invitent à réfléchir aux conditions d’efficacité de cette bataille. Comment peut-on lutter contre l’austérité si on considère que la construction européenne est plus importante encore et que les luttes contre l’austérité doivent s’y soumettre ? Au degré de crise actuel du capitalisme, l’austérité est une des solutions mises en œuvre pour maintenir les taux de profit du capitalisme. L’expérience grecque témoigne qu’on ne peut pas à la fois combattre l’austérité et s’inscrire dans les règles de l’euro.

    • la proposition de « refonder l’Europe » est totalement coupée du contexte. Comment peut-on proposer une telle perspective politique quand on voit que la souveraineté d’un peuple qui s’exprime à plus de 60% contre une politique voulue par l’UE est foulée aux pieds ? Sur quelles forces politiques s’appuyer au sein du Parlement européen par exemple, pour y parvenir (si tant est que le Parlement européen soit autre chose qu’une simple chambre d’enregistrement) ?

    • la proposition de la création d’un « fonds européen destiné au développement des services publics et de l’emploi dans les pays membres » est-elle autre chose qu’un vœu pieux ? Quand on réalise la violence de l’appropriation des biens publics grecs organisée par la troika au profit de puissances privées ou publiques européennes, qui peut encore croire à une politique européenne de l’intérêt général ?

    Conclusion

    Après Chypre, ce qui s’est passé avec la Grèce ces dernières semaines démontre que l’Union européenne est une machine de guerre en faveur du capitalisme contre les peuples. Affirmer que l’on peut réorienter la construction européenne, après une telle démonstration de force de l’Eurogroupe est une position difficilement tenable, pour ne pas dire sans aucune crédibilité.

    Ne confondons pas la nécessaire coopération entre les peuples et des Etats souverains avec ce qui n’est ni plus ni moins que l’expression sans fard d’une forme à peine atténuée de dictature.

    L’UE vient de nous démontrer qu’elle ne laissera aucune marge de manœuvre aux « forces anti-austérité ». Et même si les plus lucides affirment que la dette n’est pas soutenable et qu’il faudra bien, peu ou prou, tirer un trait sur une partie de la dette, nous ne pouvons pas ignorer que cela se fera au détriment d’un peuple qui a déjà beaucoup souffert. Après la Grèce, l’UE ne s’arrêtera pas. Ses dirigeants viennent de faire un exemple. Ils poursuivront dans les mêmes termes partout ailleurs.

    A moins que... A moins qu’il y ait une véritable révolte populaire pour les faire reculer. A moins que certains pays, mesurant les avantages comparés du maintien dans la zone euro et d’une sortie, ne viennent gripper la machine. A moins que des forces politiques véritablement progressistes, des forces de rupture avec le système, en un mot des forces communistes ne se lèvent.

    Pour le moment, les propositions qui sont faites par la direction du PCF, si louables soient-elles, sont loin de ces enjeux.

    Réfléchissons collectivement, nous les communistes, pour envisager la rupture avec les logiques austéritaires européennes, même si cela conduit à une sortie progressiste de la zone euro et de l’UE, et la reconquête de la souveraineté populaire, débat actuellement refusé. Si nous, les communistes, ne nous emparons pas de ces questions centrales pour leur donner une réponse et une perspective politique, nous prenons la responsabilité de les laisser à l’extrême droite. Prenons nos responsabilités.

    Le réseau "Faire vivre et renforcer le PCF"

    Le 28 juillet 2015

    source: Le Réseau Faire Vivre et Renforcer le PCF

    à lire également: le-document-de-travail-du Comité Exécutif National -du-PCF

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    En Grèce comme en France: DEHORS LA TROÏKA et l’Union européenne !

    Un tract du Parti Ouvrier Indépendant- Seine-Saint-Denis:

    En Grèce comme en France
    Dehors la troïka et l’Union européenne !

    Incroyable ! La troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et FMI) est de retour à Athènes. Elle qui a provoqué par dizaines de milliers les licenciements, les suppressions de poste, la baisse brutale des salaires et des retraites (40 %), les privatisations, elle qui est responsable de l’extension du chômage, des maladies et de la pauvreté dans tout le pays ; elle est de retour à Athènes
    pour imposer les plans meurtriers exigés par la classe capitaliste.

    La troïka est de retour :
    HONTE A CEUX QUI ONT TOUT FAIT POUR QU’ELLE REVIENNE. Les Hollande, Merkel, Obama, les institutions de
    l’Union européenne qui ont exigé qu’à nouveau la Grèce soit saignée à blanc pour faire passer leurs plans.

    HONTE AUX DIRIGEANTS DES DIFFERENTS PARTIS qui, en France, y compris les dirigeants du Parti
    communiste français, se sont battus pour que la Grèce reste dans l’Union européenne et l’euro, c’est-à-dire
    qu’elle reste soumise aux plans destructeurs de la troïka.

    HONTE AUX DIRIGEANTS DE LA CONFEDERATION EUROPEENNE DES SYNDICATS (CES) qui ont osé, au nom des syndicats de toute l’Europe, affirmer qu’il fallait que la Grèce reste soumise au cadre de l’euro et de l’Union européenne.

    HONTE A TOUS CEUX QUI ONT EXIGE – ET OBTENU – DU PREMIER MINISTRE GREC, TSIPRAS, qu’il foule aux pieds le résultat du référendum du 5 juillet (qui rejetait les plans de l’Union européenne) et accepte d’imposer un nouveau mémorandum.

    En Grèce comme en France, l’Union européenne, ce sont les plans d’austérité, les contre-réformes et la destruction.
    En France, le gouvernement Hollande-Valls veut, à marche forcée, imposer la loi Touraine, la déréglementation du marché du travail et poursuivre l’application du pacte de responsabilité, généralisant l’austérité et les plans destructeurs.
    C’est sous ce signe particulièrement inquiétant que se prépare la prochaine rentrée. En Grèce comme en France, la réponse à cette situation, c’est la nécessaire action commune des travailleurs et de leurs organisations pour en finir avec cette politique.

    En Grèce comme en France :
    · Dehors l’austérité !
    · Rupture avec l’Union européenne !
    · Abrogation du pacte de responsabilité et de toutes les contreréformes!

    La solidarité des travailleurs et du peuple de France avec les travailleurs et le peuple de Grèce passe par l’action résolue pour défaire le gouvernement Hollande-Valls et sa politique.

    Mercredi 5 août 2015
    COMITE DEPARTEMENTAL
    DE SEINE-SAINT-DENIS
    87, rue du Faubourg Saint-Denis,
    75010 PARIS

     

    Télécharger « 150805-Tract POI 93-En Grèce comme en France dehors la troïka et l'Union européenne..pdf »

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  • Europe : Mea Culpa-par Jean Ortiz (Les Chroniques Latines-7/08/2015)

    "L’UE est devenue, selon Maastricht et consorts , une machine de guerre contre précisément l’indépendance et la souveraineté des pays et des hommes."

    Longtemps j’ai cru que pour changer les choses il vaut mieux être dedans que dehors, ne pas laisser la chaise vide... Longtemps j’ai cru que l’on pourrait peut être un jour changer de l’intérieur cette Europe du pognon, cette création à mes yeux artificielle, qui entend mettre au pas pour l’éternité et sous la botte allemande et de la finance, les peuples, sommés de comprendre que hors du néolibéralisme : point de salut. Et qu’ils se le mettent bien dans la tête : il n’y a pas d’alternative ! Soumission et  résignation. Et  qu’ils passent sous les fourches caudines « d’experts », de « technocrates » non élus, de traités et pactes liberticides, sinon toute tête dissidente, comme celle de Tsipras, sera tranchée et brandie comme un trophée, écrit Ignacio Ramonet dans le « Diplo » édition espagnole. Avertissement à tous ceux qui voudraient un changement : la BCE, le FMI, l’UE, l’OMC ... remplacent désormais les « marines », les « G’Is », l’armée allemande.
     
    L’occupation de la Grèce par la chancelière allemande (cela fait froid dans le dos), par le FMI, l’UE et la BCE, le traumatisme ressenti par tous les militants de gauche, m’ont interpellé(comme l’on dit). La défaite ô combien douloureuse, l’humiliation publique, le quasi lynchage d’un dirigeant porté par son peuple, la violence, la brutalité de la fondée de pouvoir des banques et des « trusts » allemands, m’ont beaucoup secoué.
     
    Dans cette Europe allemande et de la BCE, nous nous trouvons pieds et poings liés, la démocratie n’y est qu’un alibi, une feuille de vigne et les droits des peuples : du vent. Tous le vernis « européiste » a craqué. Tous les masques sont tombés ce 13 juillet, jour noir, très noir pour tous, pas seulement pour les Grecs, et est apparu le visage terrifiant (il ne lui manque que les petites moustaches) du marché, de ses grands banquiers et prêtres inquisiteurs, dame Merkel flanquée de son enfant de chœur français, chargé de veiller à ce que le torturé ne meure pas sous les supplices. A nu désormais ce néolibéralisme assoiffé de fric, de pouvoir pour mettre les peuples à genoux, et  ce libre-échange impérialiste, ces Pactes et Traités supranationaux, qui corsètent, emprisonnent, les membres de l’Union Européenne,  ne laissent que peu de marge aux gouvernements, la plupart bénis oui oui.
     
    Nous venons de souffrir un échec sur une stratégie qui atteint ses limites, qui s’avère inefficace et en porte-à-faux avec les besoins  de progrès social, de démocratie participative, de souveraineté. Sauf à être masochiste, il faut adapter la position traditionnelle des communistes. Ce bunker européen est irréformable. La preuve sans appel par la Grèce et sa mise sous tutelle, sous protectorat. L’UE est devenue, selon Maastricht et consorts , une machine de guerre contre précisément l’indépendance et la souveraineté des pays et des hommes.
     
    Jamais plus aucun dirigeant démocratiquement élu ne doit subir le traitement dictatorial, dégradant, imposé à Tsipras. Cela est impossible sans changer de cadre. Jamais plus aucun chef d’Etat ne doit voir sa dignité bafouée par un quarteron de « collabos », d’exécutants zélés du capital.
     
    Sortons de ce « machin », de cette prison. De nombreux économistes ont démontré que la sortie de l’euro à elle seule ne suffirait pas, mais qu’elle ne constituerait pas une catastrophe majeure comme on nous en rebat les oreilles. Il y a- t-il pire que le pire ? J’ai mal à la Grèce. Je n’accable pas Tsipras (ne nous trompons pas de cible !) mais ceux qui lui ont mis un pistolet sur la tempe mériteraient d’être jugés pour crime contre l’humanité. Je ne signerai aucun texte, aucun appel. Je ne veux être manipulé que par ma conscience.
     
    Jean Ortiz
     
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  • Grèce – 5 août : Protestation massive devant le ministère du travail à l’appel du PAME

    Le mouvement syndical PAME (Front militant de tous les travailleurs proche du KKE) a tenu un rassemblement de protestation massif devant le ministère du travail ce mercredi 5 août en réponse au gouvernement grec, à l’Union européenne et au grand capital qui détruisent la vie des travailleurs.

    Les déclarations faites à la délégation du PAME par le ministre du travail constituent une provocation à l’égard de tous les travailleurs. Le ministre du gouvernement SYRIZA a déclaré ouvertement que « tout est en discussion ». Tous les droits des travailleurs, les retraites, les droits syndicaux : tout est remis en question.

    Il a affirmé clairement qu’il soutient l’élévation de l’âge de départ à la retraite !

    Il a affirmé clairement qu’il réviserait les droits syndicaux !

    Il a affirmé clairement son intention de revenir sur le droit de grève.

    Il a montré qu’il y allait avoir une surenchère dans l’attaque contre ce qui reste des droits des travailleurs, alors que, dans le même temps, il demande l’appui des organisations syndicales pour faire passer le nouveau mémorandum !

    Ça, c’est un gouvernement de « gauche » ! Ce gouvernement qui impose les mesures les plus brutales contre les travailleurs et qui veut leur faire dresser leur propre potence !

    Ne pas attendre ! Pas un pas en arrière ! Alerte !

    Le PAME a dénoncé l’attaque impitoyable des grandes firmes qui ont transformé les lieux de travail en ateliers de misère, à coup de licenciements, de coupes dans les salaires, de travailleurs non payés. Le PAME a déclaré que les syndicats de classe ne rentreront pas dans les tentatives de promouvoir la collaboration de classe, avec le « dialogue social » etc.

    Le PAME appelle les organisations syndicales à mobiliser, à prendre des initiatives pour informer et organiser la classe ouvrière, à préparer les travailleurs à la riposte militante, combative, décisive au nouveau mémorandum-boucherie qui arrive.

    source: Pame

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  • Réflexions d'Alexandre MOUMBARIS  sur la communication du Comité central du KKE du 13.7.2015

    Les mesures sociales que recommande le KKE ainsi que l’urgence de leur mise en œuvre: l’organisation sur les lieux de travail, dans les quartiers, les divers comités de solidarité…, sont plus qu’indispensables. Cela permettrait hormis la subsistance, le développement d’un pouvoir politique populaire alternatif, susceptible éventuellement d’offrir un terreau à d’autres développements à la lutte populaire.

    Il est manifeste que le KKE avait bien avertit et dénoncé SYRIZA pour son imposture, qui s’est transformée en flagrante trahison de la volonté des citoyens grecs exprimée par le vote «NON» au référendum. On comprend, surtout à postériori, l’appel du KKE à voter par un double «NON» («NUL» au comptage). Il semblerait que l’importance de la victoire du «NON» ait dérangé les calculs de SYRIZA, qui aurait été plus à l’aise dans sa politique avec une «victoire» du «NON» beaucoup plus modeste.

    Il est clair aussi que le KKE, par son histoire et son activité en général, syndicale aussi, qui appelle a d’importantes et nombreuses loyautés au sein de la classe ouvrière et du peuple en général, mais il a aussi une très grande responsabilité à assumer.

    Toutefois, il faut avoir en vue les réalités d’aujourd’hui ainsi que celles de l’histoire récente. La résistance grecque EAM (Front de libération nationale) qui représentait la majorité du peuple grec pendant l’occupation allemande, avait subi à la fin de 1944 l’intervention militaire et les massacres, conduits par les «alliés occidentaux» ayant pour but l’assujettissement du peuple grec et la remise sur le trône du roi Georges II (de la dynastie danoise de Slesvig-Holsten-Sønderborg-Glücksborg) qui avait la faveur des Britaniques. On peut dès lors dire que les Grecs ont chassé les occupants allemands pour être à nouveau occupés, cette fois-ci par leurs «alliés occidentaux». Entre 1946 et 1949 a eu lieu une guerre, dite «civile», où les «alliés» furent bel et bien impliqués. Elle a été perdue bien que les communistes aient eus quelques frontières amies, ce qui n’est pas le cas maintenant. Cette situation anticommuniste répressive a persisté des années après. En 1967 a eu lieu le coup d’état de la junte des colonels, instigué et soutenu par les «alliés» étasuniens avec la même répression qui a duré jusqu’en 1974. Un des résultats en a été l’invasion de Chypre et l’occupation d’un tiers de son territoire par la Turquie.

    Nous n’entrerons pas dans le détail de la malfaisance de toutes ces luttes intestines fomentées par nos «alliés»: les morts, les emprisonnements, les exils, les dégâts…. mais elles ont laissé des traces indélébiles, dans les mémoires aussi.

    Considérant ce qui est dit plus haut et que l’OTAN a des bases militaires en Grèce (Souda, en Crète), au Kossovo (Bondsteel) voisin et ailleurs dans la région, que les guerres en Ukraine, en Syrie… ainsi que les provocations frontalières de la Turquie attisent délibérément une tension permanente, un changement de régime, risquerait fort de donner lieu à une intervention étrangère en conjonction avec des collaborateurs locaux.

    Le KKE aux dernières élections législatives a obtenu 5,47% des suffrages et compte à la Vouli 15 députés sur 300. Si de nouvelles élections devaient avoir lieu demain, il obtiendrait sûrement un large vote en conséquence de la désaffection pour SYRIZA et d’autres partis, toutefois il serait hautement improbable qu’il ait la majorité. Ce serait moins improbable qu’il conduise une coalition, et moins encore d’y participer comme partenaire minoritaire. Une telle alliance, par sa nature même, temporaire, aurait un objectif circonscrit. Cela a été le cas en 1989/90 quand le KKE s’est allié avec la ND et avec le PASOK, un précédent qui montre qu’il n’a pas toujours été hors de question qu’il participe à un gouvernement majoritairement bourgeois si les circonstances le demandaient.

    Refuser l’instauration d’une monnaie nationale, parce qu’elle servirait à la bourgeoisie ou à l’impérialisme, implique obligatoirement le soutien passif de l’Euro. Le KKE déconsidère que celle-ci puisse servir à un autre usage. Il ne prend pas en compte le fait que la monnaie nationale est partie intégrante de la souveraineté, qu’elle constitue un de ses attributs régaliens quel que soit le régime: bourgeois, socialiste ou autre. À qui et à quoi servirait-elle, est une autre question. On ne peut pas confondre l’outil et son usage. Il en est de même pour la présence de frontières délimitant le territoire et sa gestion économique, sa langue, son histoire, sa culture, sa dignité; tous ces éléments qui répondent à l’indépendance et à la souveraineté d’un peuple, d’une nation, valent le combat pour les obtenir. Y compris dans le cadre du système capitaliste, c’est préférable que d’être une colonie, une semi-colonie ou «territoire» sous tutelle, quel que soit le terme pour décrire sa situation d’aujourd’hui. C’est une étape intermédiaire nécessaire sur la voie du socialisme.

    Donc dans cette affaire et dans le cadre de l’exploitation capitaliste il y a deux enjeux et dans cet ordre de priorité, mais qui se confondent, la lutte du peuple entier pour la souveraineté nationale et la lutte la classe ouvrière avec ses alliés pour le socialisme. Dans le premier cas la lutte est motivée face à la double exploitation des travailleurs: l’exploitation exercée par le capitalisme étranger en collaboration avec la couche compradore de la bourgeoisie nationale, et l’exploitation exercée par la bourgeoisie nationale. Dans le second cas il n’y a que l’exploitation des travailleurs par la bourgeoisie nationale.

    Il en découle logiquement, surtout dans une situation de faiblesse du Parti que s’il tient à se battre, il est obligé de faire des alliances avec d’autres forces patriotiques y compris celles de la bourgeoisie nationale contre le capitalisme étranger et ses collaborateurs de la couche compradore de la bourgeoisie. Dans la même veine il est même nécessaire de défendre la bourgeoisie nationale et par exemple la défendre contre toute importation préjudiciable aux producteurs locaux, faire tout son possible pour que le pays devienne autosuffisant.

    Au-delà des alliances nationales il est nécessaire de se servir aussi de tous les appuis internationaux avantageux lui permettant de contrecarrer ses adversaires et de renforcer le pouvoir des forces populaires et du progrès, comme par exemple la Russie ou les BRICS.

    Dans une situation qui est vraiment difficile, même existentielle, la sortie de la Grèce de l’Union européenne et de la zone-euro, pour le KKE n’est envisageable que par la voie du socialisme, et pour arriver à cette fin il y a tellement de conditions préalables, qu’on n’en voit ni le bout ni le chemin. On ne peut pas faire de vagues allusions au socialisme … et puis proposer comme voie «le renforcement du Parti comme condition préalable» en vue de «la restructuration du mouvement ouvrier» qui «revendiquerait des mesures de soulagement immédiates» du peuple qui permettrait de «changer le rapport-de-forces négatif» pour «renforcer la combativité» «contre le fatalisme et la subordination de la classe ouvrière ….contre ses vieux et nouveaux gestionnaires de la barbarie capitaliste».

    Le but n’est pas, en soi, de combattre – ce qui est un processus, un moyen – mais de survivre, de progresser et de vaincre!

    28.7.2015

    Alexandre MOUMBARIS

    source:dossiersdubip.wordpress.com

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  • Nous publions ce texte bien que le PCE soit membre, comme la direction du PCF, du Parti de la gauche européenne – PGE, avec le regroupement Izquierda unida. Outre l’intérêt de sa réflexion sur le fond, sur la situation en Grèce et ses répercussions politiques en Europe, ce texte exprime un rejet sous de nouvelles formes de l’UE dans le sens d’une rupture avec les politiques du capital qui mérite l’attention. Il tranche avec les positions du mouvement mouvementiste à la mode « Podemos » et son appui inconditionnel sur le plan antisocial accepté par ses frères Syriza et Tsipras en Grèce. Le chef de Podemos, Pablo Iglesias, apôtre du dépassement de la forme parti, vient d’ailleurs de se livrer à des attaques profondément anticommunistes contre le PCE. D’une certaine façon, tout se tient.

     

    Situation en Grèce et Union européenne: position de Parti communiste d'Espagne

    L'actuelle Union européenne est, en ce moment, l'expression politique et institutionnelle la plus élevée de la constitution d'un bloc impérialiste spécifiquement européen.

    Le Parti communiste d'Espagne a maintenu et maintient le principe du respect de l'autonomie d'action des organisations progressistes, ouvrières et de gauche des autres pays du monde et la compréhension de l'existence de différences d'analyse. Pour autant, le lien est clair entre les processus enclenchés en Grèce et en Espagne au cours des dernières années et les souffrances des peuples des deux pays sujets à des attaques similaires des grandes puissances capitalistes. Par conséquent, il est nécessaire, à partir des événements de ces derniers jours, d’émettre une série de considérations sur le résultat du processus de négociation entre la Grèce et l'Union européenne (sans oublier la participation du FMI) sur la question de la dette publique grecque et sur la mise en œuvre d'un ensemble complémentaire de mesures économiques dans le pays.

    Les événements de ces dernières semaines permettent de confirmer, de façon absolument claire, la nature de l'UE : comme nous l’avons défini à notre XIXe congrès, l'Union européenne actuelle est, en ce moment, l'expression politique et institutionnelle le plus élevée de la constitution d'un bloc impérialiste spécifiquement européen. Les objectifs et le fonctionnement de l'UE sont conçus au service d'un pouvoir oligarchique d’origine financière, centré géographiquement sur l’Europe centrale, mais qui, en réalité, englobe également l'ensemble des capitalistes des autres pays de l'UE (y compris, bien sûr, d’Espagne).

    Au cœur du projet d'intégration régionale européen se retrouvent, actuellement, trois aspects: l’accélération de la mise en œuvre de la solution néolibérale à la crise capitaliste dans tous les pays de l'UE, assurant l’écrasement de toute résistance, qu’elle provienne des pouvoirs économiques locaux ou des couches populaires; l’accentuation de la prédominance du noyau sur les peuples européens (principalement sur ceux de la périphérie géographique, mais aussi sur les autres); et, enfin, l’application d’une stratégie de confrontation politique et économique à l’encontre le reste du monde, en particulier à l’encontre des pays émergents, ce qui se traduit en particulier par le renforcement de l'alliance avec les États-Unis à travers le TTIP. Pour sa signification interne et mondiale, vu son urgence, la lutte contre l’Accord transatlantique doit être aussi une de nos priorités, liée à l'analyse des événements qui se déroulent en Grèce et (de façon pour l’instant moins aiguë) dans d'autres pays de l'Union.

    S’il y avait quelques doutes quant à la position de l'UE, les faits, surtout ces dernières années, aussi bien dans sa propre périphérie à l’ouest et au sud (Chypre, Espagne, Grèce, Irlande, Portugal) que dans sa sphère d'influence en construction à l'est (Ukraine) finit de les lever: le caractère soi-disant bienveillant des institutions de l'Union est devenue une force implacable au service des intérêts du noyau capitaliste, ruinant les populations, tordant les aspirations démocratiques et déstabilisant, économiquement et politiquement, tout pays dans lequel elles voient une résistance. Ainsi, l'Union européenne, et les puissances régionales qui la suivent, se caractérisent par l'application d'une politique implacable de domination. Sa révèle le mensonge de la rhétorique sur l'intégration européenne équitable, présentée comme la marque de fabrique du processus « de construction européenne ».

    Ainsi, le 13 juillet, le gouvernement grec a accepté, sous la forte pression de l'Allemagne et de la France, de la Commission européenne et de l'Eurogroupe, un pacte léonin, après une lutte dure de quelque six mois. La menace d'expulsion de la Grèce de la zone euro a été l'arme de chantage utilisée pour obtenir une capitulation. Celle-ci va entraîner sans aucun doute des conséquences difficiles pour la Grèce, niant, à la racine, l'idée d'une Europe unie et pacifique, solidaire et égalitaire, pour laquelle la majorité sociale du continent a lutté pendant de nombreuses décennies.

    L'accord attaque à nouveau l'économie et le peuple grecs, avec la poursuite des politiques d’austérité et la renonciation en conséquence à la souveraineté de l’Etat. Il en est ainsi, même si, comme l’a indiqué le gouvernement grec, reste envisagée, avec cet accord, la possibilité d'empêcher temporairement l’asphyxie ou l'effondrement financier, d'une restructuration ultérieure de la dette ou du maintien des lois adoptées concernant les employés du secteur public. Et encore, de façon terriblement paradoxale, le fait est qu’avec l'application de l’accord dans sa teneur réelle, la dette grecque devrait augmenter, la situation économique du pays continuer de se détériorer. De même, le discours officiel sur la «sauvegarde» de l'euro (qu’a tenu, entre autres, le ministre Guindos) est également clairement fallacieux, étant donné la possibilité que la situation extrême de la Grèce se reproduise dans d'autres pays du sud de l’Europe.

    Nous considérons que la mise en œuvre du paquet de mesures économiques convenu en Grèce (qui n’est rien d’autre que la poursuite et l'approfondissement du processus subi par le peuple grec depuis 2010) amènera des conséquences économiques, politiques et sociales profondément négatives pour ce pays. Les réformes des retraites (avec l’horizon du déficit zéro) et des conventions collectives, convenues avec l'UE, ainsi que la hausse de la TVA (pour ne citer que certaines des mesures les plus importantes) visent directement à l'achèvement du processus de sortie, par la voie antisociale, de la crise en Grèce (également au bénéfice des puissances capitalistes grecs), garantissant la soumission des travailleurs au capital, avec une pleine efficience des mesures de pression économique (dirigées, encore une fois, contre les salaires).

    De même, les dommages causés au reste de souveraineté économique de la Grèce auront des conséquences décisives, à la lumière du paquet de mesures contenues dans l’accord, en raison du programme imposé de privatisations massives qui placera les secteurs fondamentaux de l’économie du pays (transport, télécommunications, énergie, services bancaires, etc.) encore aux mains du public, sous la propriété des grands groupes capitalistes de l'UE. Il ne faut pas sous-estimer cette question parce qu’un secteur public, efficace et développé, est l'une des clés fondamentales pour faire avancer une politique de transformation un tant soit peu significative. Egalement, dans cette même stratégie « prédatrice » de l'UE, la déréglementation et « l 'ouverture » des marchés à l'étranger cherchent à accélérer le processus de concentration et de centralisation du capital. La réalisation de toutes ces mesures revient, tout bonnement, à transformer définitivement la Grèce dans une semi-colonie économique de l'UE.


    De même, on ne peut que constater la position du gouvernement du Parti populaire, Rajoy en tête, de collaboration avec la stratégie et les interventions de l'UE en Grèce, suivant une corrélation étroite avec la politique d’écrasement des acquis sociaux de la classe ouvrière en Espagne. Cette position du gouvernement espagnol, laquais du gouvernement d'Angela Merkel, doit être sanctionnée par les citoyens de notre pays dans les rues et dans les urnes. En acceptant de se rendre complice de la nouvelle tentative de détruire la Grèce, d’attaquer la démocratie et d’écraser un peuple, qui est déjà dans une situation sociale terrible, il montre sa véritable position politique et morale.

    Le principe fondamental du moment est qu’il est, tout simplement, impossible de «gérer» le paquet de mesures farouchement néolibérales signé avec l'Union européenne. La cohérence, totale et détaillée de ce paquet (non seulement parce que cela est exigé par les institutions de l'Union, mais de par sa nature même) rend directement impossible de limiter, même un peu, sa portée. Il n’est pas davantage réaliste de compter parvenir à une nouvelle "croissance" économique en Grèce grâce à l'arrivée présumée de nouveaux investissements étrangers, tout en restant dans le cadre de l’application de ce paquet de mesures. Cela est non seulement improbable mais, même dans ce cas, la nouvelle activité économique aurait lieu dans des conditions répondant aux intérêts des investisseurs étrangers, sur la base d’une plus grande exploitation des travailleurs, et non aux besoins du peuple grec. Et il est encore moins vrai de prétendre que la sortie du pays de la zone euro, même s’il elle a lieu soudainement, serait le prélude à une véritable apocalypse économique et sociale, sans pour autant que cela ignorer le scénario extrêmement complexe dans son développement qui s’ouvrirait. La mise en œuvre du paquet de mesures ne peut que perpétuer le caractère périphérique et dépendant de l'économie de la Grèce par rapport au noyau capitaliste de l'UE.

    La «gestion» de la barbarie néolibérale a été le but de la social-démocratie européenne dans un passé récent, avec un développement incohérent depuis le début et un échec retentissant dans son résultat final. Cela a contribué à juste titre à son déclin politique aujourd'hui et à sa position de plus en plus subordonnée dans l’alliance avec les forces conservatrices et libérales au sein de l'UE. Le développement de la crise en Grèce amène à assimiler une leçon essentielle: on ne résiste au pouvoir de l'Union européenne qu’en reprenant une véritable souveraineté populaire, ce qui passe par le contrôle public sur les leviers économiques de base (notamment les mécanismes capables de contrer les actions de guerre financière contre le pays). De même, on ne peut pas assimiler le maintien dans l'Union économique et monétaire ou dans l'Union européenne elle-même à un principe dogmatique, sans l’associer à la sauvegarde des droits, des intérêts et des besoins vitaux de la population.

    Enfin, nous ne devons pas tomber dans le piège d'accepter implicitement que le rejet de l'ensemble des mesures convenues (impliquant le rejet des paquets de mesures précédents) représenterait un appui aux intérêts des différentes puissances capitalistes nationales. En effet, dans les pays du sud de l'Europe, il est plus que nécessaire de mettre en chantier une politique de profonde transformation économique, politique et sociale. Le contenu de ces changements n'a rien à voir avec la rhétorique des «réformes» tel qu’elle est acceptée comme monnaie courante dans une grande partie de l'UE, mais avec des réalisations au service de la majorité de la société européenne. Ainsi, l'engagement du PCE porte, en conformité avec les résolutions et les thèses de son XIXéme congrès, comme un programme urgent de mesures économiques et politiques en Espagne, contre l'euro, contre les politiques d'ajustement et le projet néolibéral en Europe, sur les points suivants :


    1. Réaliser un audit de la dette avec la constitution de mécanismes opérationnels permettant la participation de la société.

    2. Rejeter le paiement de la dette illégitime, et rejeter en même temps qu’un déficit soit généré pour le financement des services publics et des politiques de protection sociale.

    3. Sur cette décision souveraine de non-paiement de la dette illégitime, initier un processus de renégociation de la dette, sur la base du rejet du pacte d'austérité européen, avec l’objectif d'éviter que le paiement de la dette amène une aggravation de conditions de vie et de travail des couches populaires et des travailleurs.

    4. S’opposer à l'intervention de notre pays dans le camp des puissances économiques européennes et rejeter tout «mémorandum», même imposé par un prétendu «gouvernement de salut national" ou un «gouvernement technocratique».

    5. Promouvoir la création d'un bloc régional des pays débiteurs pour générer une convergence de forces contre les créanciers financiers.


    Cela conduit à la nécessité de progresser vers une large alliance européenne pour faire face, de façon unie, à une Union européenne dont le sens est devenu clair. Les fortes mobilisations qui se sont développées dans de nombreuses parties de l'Europe, mobilisations inédites depuis de nombreuses années, auxquelles de nombreuses personnes ont participé, ont démontré que cet état d’esprit progressait, non seulement par solidarité, mais contre le danger pour son propre pays.

    Devant cette situation, le PCE ne peut pas se contenter de contempler l'admirable exemple des peuples d’Amérique latine qui élaborent un modèle d'intégration régionale, solidaire, sur une architecture institutionnelle horizontale, basé sur l'unité populaire, l'élan de processus constituants et la restauration de la souveraineté populaire, contre les oligarchies locales, la stratégie néolibérale et la puissance impérialiste.

    L’heure est venue aussi pour les peuples de toute l’Europe d’être à leur tour bâtisseurs de l'avenir. Ce processus avancera rapidement dans le continent avec le renforcement des liens de solidarité, en particulier (mais pas seulement) au sud. Nul doute que le chemin est difficile et, bien sûr, incertain. Toutefois, la certitude est qu’il se trouve parmi les peuples, face au nouvel ordre de Bruxelles, et qu’il doit servir à dissiper les doutes et à commencer à avancer.

    Madrid, 16 juillet 2015

    source: solidarite-internationale-pcf.fr

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