• Initiative-communiste.fr donne la parole au délégué syndical CGT José Sainz

    Bonjour monsieur Sainz, pourriez-vous vous présenter ? Quel poste occupez-vous au sein d’IBM ?

    Je m’appelle José Sainz, cela fait 34 ans que je travaille chez IBM, je suis donc technicien « inspecteur » : je m’occupe de la maintenance, chez le client. Je suis également Secrétaire CGT Provence Nice Méditerranée, élu au CSE central et au Comité Social Economique IBM Grand Sud et je travaille sur Nice.

    On observe de plus en plus de fermetures de sites d’IBM. Le site dernier en date est le site de Rouen qui a succombé il y a quelques mois. Pouvez-vous nous expliquer ce qu’il se passe ?

    C’est simple : on est en train de connaitre la plus grande restructuration que l’entreprise depuis ces 20 dernières années. La direction a pour projet de mettre en place un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) qui est tout simplement en réalité un plan de suppression de l’emploi de 1251 personnes… Il faut s’avoir qu’aujourd’hui, il y a 5000 salariés actifs. Il est prévu dans ce plan social  des « départs volontaires », des mises en disponibilité, ces derniers ne vont plus travailler mais vont être payés à 60% de leur sous forme d’allocation jusqu’à la retraite. Si jamais la direction n’arrive pas à faire partir ces 1251 personnes, la Direction procédera à des licenciements secs. 

    En parallèle de ça, la direction prévoit la création d’une nouvelle entreprise qui va s’occuper de l’infogérance des clients, de la gestion des structures informatiques des entreprises et des clients. IBM se sépare de ces activités et les mets donc dans cette nouvelle entreprise qui s’appelle KYNDRYL et celle-ci vivra sa vie. 1300 personnes seraient transférées obligatoirement dans cette entreprise, et celle-ci n’aurait pas les mêmes conventions collectives qu’IBM. La direction veut faire ce transfert de 1300 personnes dès le 1er septembre, alors même que la mise en place du PSE ne sera pas terminée. Au départ ce serait une filiale d’IBM mais à partir du 1 décembre, elle serait totalement indépendante d’IBM.

    En ce qui concerne le PSE, l’intersyndicale se bat pour faire supprimer le volet licenciements secs du PSE. On se bat pour un PSE avec uniquement des départs volontaires et sans licenciements.
    Pour ce qui est de la nouvelle entreprise KYNDRYL, tous les clients qu’avait IBM ne suivent pas forcément la Kyndril, elle va donc se retrouver avec un portefeuille moindre, sera en situation de handicap, et les salariés vont donc se retrouver dans une boîte ou les employés risquent de partir en plan sociaux très rapidement ! 

    Le vendredi 16 avril, vous avez appelé à l’ensemble des salariés à se mettre en Grève. Comment organisez vous la lutte d’une manière plus générale ?

    C’est simple.

    On aimerait que ce soit simple…
    Avec la période de crise que l’on vit actuellement, la crise sanitaire, il faut savoir qu’a peut près 90% des salariés sont en télétravail. Les sites IBM sont vides, les travailleurs sont isolés chez eux. La difficulté a donc été de rassembler tout le monde, comme à l’époque, avec des actions traditionnelles comme des assemblées générales du personnel oet les distributions de tract… De plus il faut savoir que la direction nous interdit de transmettre des tracts électroniques, on ne peut pas envoyer des mails de masse, d’ailleurs cela a été signé par d’autres organisations syndicales alors que c’est vraiment un handicap. On a donc décidé de faire un travail de fourmi, en envoyant des mails un par un aux salariés pour qu’ils nous envoient leur adresse personnelles. On veut les tenir informer de l’avancée de ce qu’il se passe. En plus de ça, a partir de novembre dernier, on a mis en place des réunions du personnels sur ZOOM, des téléréunions tous les jeudis à 13H. On a progressivement vu les gens arriver. Il faut savoir que sur Paris,  nos camarades ont fait la même chose : ils font une assemblée générale du personnel tous les mardis à 16h. Les salariés ont donc prit l’habitude de se connecter pour avoir les infos de ce que faisait la direction. 

    Il faut savoir que la direction n’a jamais voulu rien entendre sur le fait que nous étions contre des licenciements secs. Nous avons été en intersyndicale face à la direction, mais la direction IBM n’a rien voulu entendre. Elle a agit dans l’illégalité en ce qui concerne le périmètre du PSE pour pouvoir presque choisir les personnes qu’elle allait garder celles que la direction IBM voulait voir partir. On a dit que ce n’était pas homologable, la direct le dit toujours aujourd’hui. La direction a les moyens financiers de faire partir qui elle veut au volontariat uniquement : Malgré la crise économique, et la crise sanitaire, IBM s’en tire mieux que ces concurrents.

    Il fallait donc qu’on se mobilise, on a tout organisé par ZOOM, avec Appel à la grève de la CGT, pour le fameux vendredi 16, on l’a discuté et fait voter à 90%.  Nous avons organisé un piquet de grève numérique en réunissant une bonne centaine de salariés IBM sur Zoom, de 9h à midi. Cela a été une réussite et juste la CGT l’a fait, les autres organisations syndicales n’ont pas voulu y participer.
    Le vendredi 16 avril au matin, on a rejoint le CSE central à Paris organisé par la direction, , elle se faisait par WEBEX (une application similaire à Zoom), à 9h43 on a envahie numériquement cette réunion de la direction. La direction a paniqué, elle a fini par couper toute la connexion et viré tout le monde. Vous vous rendez compte ? Ca fait des mois que les salariés sont en dehors de toute discussion, la direction profite de la situation du confinement et du COVID pour licencier car les employés ne sont pas physiquement présent, alors on a donc décidé d’agir numériquement !

    Comment un géant de l’informatique historique américain comme IBM en vient à licencier en masse ? Est-ce un souci de rentabilité ?

    C’est bien simple, il faut considérer qu’IBM, depuis près de 30 ans, s’est placé sur le marché de l’informatique avec pour l’objectif de faire du profit à court terme. L’entreprise n’a pas investi comme beaucoup d’autres pour le long terme. Leur politique est basée sur les suppressions d’emplois pour faire de la marge très rapidement et baisser les prix au maximum, en délocalisant en Inde ou autre pays low-cost. IBM licencie en masse pour faire du profit à court terme en hypothéquant l’avenir. IBM n’investie pas pour la formation ou pour avoir des techniciens ou ingénieurs avec de hauts degrés de compétences. On baisse les couts et signer des deals rapidement pour faire de la marge !

    De plus, IBM touche des crédits d’impôts recherche
     ! Elles bénéficient donc des aides de l’état mais en contrepartie a une politique très agressive sur les licenciements.

    Quand je suis arrivé dans la boite on était plus de 23.000 en France, et aujourd’hui on n’est plus que 5000 et si la direction arrive au bout de son programme nous ne serons plus que 2400. Comme quoi c’est une politique de longue date. Le recrutement n’est plus : aujourd’hui la moyenne d’âge est de 52 ans ! Il n’y a pas d’embauche  depuis longtemps!
    En plus de ça, le but d’IBM n’est de faire que de la marge et aujourd’hui c’est par le dématérialisé, le cloud. Intelligence Artificielle et Cloud vont entrainer la suppression de plus de la moitié des effectifs sur le long terme. De plus, IBM a donné 5,4 milliards de dividendes aux actionnaires en 2020.

    On vous soutien à fond dans votre lutte et merci de votre temps !

    Merci à vous de relayer notre lutte ! On continue combat !

     

    Entretien réalisé par Dark Vlador le 28/04/2021

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • La principale leçon de la Commune, c’est que le peuple en armes, guidé par la fraction la plus résolue de la classe ouvrière, peut saisir directement les rênes du pouvoir politique. Sa radicale nouveauté, et son exemple fécond, c’est d’avoir montré qu’on peut se passer des politiciens bourgeois pour jeter les fondements d’une République sociale, et que le prolétariat allié à la petite bourgeoisie peut lancer ce défi à la classe possédante et à ses serviteurs. Mais la tragédie de la Commune, hélas, a fait aussi la démonstration que cette classe possédante ne recule devant aucune ignominie lorsque ses intérêts sont menacés par ceux d’en-bas. On sait, parce que ses témoins les plus lucides, Lissagaray et Marx, y ont suffisamment insisté, combien la Commune a été paralysée par sa timidité et sa naïveté. Mais cette modération volontaire n’a pas épargné aux hommes et aux femmes de la Commune les horreurs d’une répression féroce. Au contraire. En scellant sa défaite, elle les y a condamnés.

    «Que la Banque de France soit restée une enclave versaillaise en plein cœur de Paris, c’est un étonnement et un scandale», écrit Henri Lefebvre dans «La proclamation de la Commune». Moyen de pression sur le en vue d’une négociation future, ou prise de guerre révolutionnaire destinée à financer l’insurrection, la saisie de la Banque de France aurait modifié le rapport de forces. Mais la Commune a reculé devant l’obstacle. Elle a laissée intacte cette institution-clé de la classe dominante, elle l’a laissée libre de procurer des fonds à Versailles, alors qu’elle lui mégotait les siens. Pour Prosper-Olivier Lissagaray, cette erreur fut la pire de toutes, pire encore que d’avoir laissé filer à Versailles, avec armes et bagages, les troupes gouvernementales qui serviront à la répression. «La Commune dans son indignation aveugle ne voyait pas les vrais otages : la Banque, l’Enregistrement et les Domaines, la Caisse des Dépôts et Consignations, etc.. Par là on tenait les glandes génitales de Versailles ; on pouvait rire de son expérience, de ses canons. Sans exposer un homme, la Commune n’avait qu’à lui dire : «Transige ou meurs».

    Ce manque de résolution face à un instrument majeur du pouvoir bourgeois, cette incapacité à trancher dans le vif de la lutte des classes perdra la Commune. «Toutes les insurrections victorieuses ont débuté par saisir le nerf de l’ennemi, la caisse. La Commune est la seule qui ait refusé. Elle abolit le Budget des cultes qui était à Versailles et resta en extase devant la caisse de la haute bourgeoisie qu’elle avait sous la main». Un scrupule légaliste retient le bras des hommes de la Commune, et il est vrai que tous ses dirigeants ne sont pas révolutionnaires. Son doyen, le riche entrepreneur Charles Beslay, est chargé de négocier avec la Banque de France. Revenant d’une mission où il a manifestement été floué, il explique qu’on ne peut rien faire, qu’il faut se contenter des maigres avances consenties par le gouverneur. «Beslay, très attendri, vint le soir à la Commune répéter l’argument : «La Banque de France est la fortune du pays ; hors d’elle, plus d’industrie, plus de commerce ; si vous la violez tous ses billets font faillite».

    Ces «niaiseries», commente Lissagaray, «circulèrent à l’Hôtel-de-Ville. Les proudhoniens du Conseil, oubliant que leur maître a mis la de la Banque en tête de son programme révolutionnaire, renforçaient le père Beslay. La forteresse capitaliste n’avait pas de défenseurs plus acharnés. Si encore on eût dit : «Occupons au moins la Banque». La Commune n’eut même pas ce nerf, se contenta de commissionner Beslay». Ce même Charles Beslay qui, après l’écrasement de la Commune par les troupes versaillaises, comme par hasard, passera aisément à travers les mailles du filet, se réfugiera en Suisse et bénéficiera d’un non-lieu.

    Et pourtant le doyen Beslay n’est pas seul en cause. Cette Commune effrayée à l’idée de saisir les caisses de la bourgeoisie, c’est celle qui a laissé les maires d’arrondissement, pendant dix jours, négocier avec le gouvernement pour éviter l’effusion de sang. C’est celle qui est demeurée jusqu’au bout sur la défensive, n’engageant l’opération militaire ratée du 3 avril qu’en réponse à l’attaque versaillaise. C’est celle qui a empêché ses propres militants de fermer les journaux bourgeois. «Une foule indignée avait envahi les boutiques du «Gaulois» et du «Figaro», rapporte Lissagaray, mais le comité central dit qu’il ferait respecter la liberté de la presse, espérant que les journaux se feraient un devoir de respecter la République, la vérité, la justice». La presse bourgeoise qui respecte la vérité, quelle naïveté ! «Le Comité central laissait dire et protégeait même ses insulteurs». C’est cette Commune, pourtant, qui sera écrasée sans pitié, dans un déferlement de haine où s’illustrèrent nombre d’écrivains et de journalistes, véritables charognards de la bourgeoisie.

    Absolument inadmissible, cette prétention des va-nu-pieds à améliorer leur sort par l’action collective. Intolérable, l’effort désespéré de ces manants pour mettre fin à la misère et à l’ignorance. Si la classe possédante les déteste, ce n’est pas pour ce qu’ils font, mais pour ce qu’ils sont. «Un jour, il advient ceci que le belluaire distrait oublie ses clés aux portes de la ménagerie, et les animaux féroces se répandent par la ville épouvantée avec des hurlements sauvages. Des cages ouvertes s’élancent les hyènes de 93 et les gorilles de la Commune», écrit Théophile Gautier dans son «Tableau du siège». Des singes, ces Communards ! Mais aux yeux des charognards d’aujourd’hui, les Gilets jaunes ne valent pas mieux : ce sont «des hordes qui ont tout détruit sur leur passage, rêvant de marcher sur l’Élysée pour le mettre à sac et pour placer la tête du président sur une pique». Ces sauvages rappellent «les Khmers Rouges entrant dans Phnom Penh pour la nettoyer et la vider. Avec cette différence : les réseaux sociaux, la manipulation des médias ont donné une caisse de résonance instantanée aux vandales», écrit Pascal Bruckner, héroïque sentinelle du capital, dans «Le Point» du 10 janvier 2019. Quand on sait l’unanimité haineuse de la presse bourgeoise contre ce mouvement populaire, son propos relève sans doute de l’humour involontaire.

    Pour son collègue Frantz-Olivier Giesbert, la motivation de cette foule nauséabonde est nettement plus prosaïque, et ce laquais des puissants nous délivre avec condescendance sa psychologie de comptoir émaillée de métaphores animalières : les Gilets jaunes sont «des hordes de minus, de pillards, rongés par leur ressentiment comme par des puces», écrit-il dans «Le Point» du 13 décembre 2018. Des minables dévorés par l’envie et la jalousie, voilà tout. Même registre, déjà, contre les Rouges de 1871 : «L’origine de la Commune remonte au temps de la Genèse, écrit Maxime Du Camp dans «Les Convulsions de Paris», elle date du jour où Caïn a tué son frère. C’est l’envie qui est derrière toutes ces revendications bégayées par les paresseux auquel leur outil fait honte, et qui en haine du travail préfèrent les chances du combat à la sécurité du travail quotidien». Convoquer la Bible à l’appui de l’ordre social, le procédé ne date pas d’hier et il traverse le temps. Ces gueux en gilet jaune, eux aussi, ne sont-ils pas la lie de l’humanité, dont les coupables égarements sont passibles d’un châtiment divin ? Pour Bernard-Henri Lévy, s’exprimant devant le CRIF le 18 novembre 2018, aucun doute n’est possible : «Le peuple, celui qui ne respecte rien que lui-même, celui qui dit : «on est le peuple, et parce qu’on est le peuple on a tous les droits, absolument tous, à commencer par celui d’enfreindre la loi», eh bien ce peuple-là, mes chers amis, je me permets de vous signaler que c’est contre lui que se déchaîne la sainte colère de Dieu». Yahvé et LBD, même combat.

    Il faut dire que ces Gilets jaunes inspirent aux intellectuels bourgeois en service commandé une répugnance instinctive. Décidément, cette plèbe enragée concentre tous les mauvais instincts. Elle sent le soufre. «Mettre un Gilet jaune, c’est revêtir la honte», déclare Philippe Val, qui est passé de Charlie-Hebdo à France-Inter comme on change de chemise et de compte en banque. On feint d’ignorer leur programme, et on y voit les pitoyables représentants d’une France provinciale méprisée par ces muscadins de la presse bourgeoise. «Qui sont ces Gilets jaunes et que veulent-ils ?» demande Laurent-David Samama dans «La Règle du Jeu», le 4 décembre 2018. «Les premiers concernés n’en savent rien, et ne cherchent d’ailleurs pas à répondre. Coincés entre un Burger King, un Kiabi et un centre Leclerc, tenant les rond-points de la France Moche en se rêvant Sans-Culottes, tout juste se perdent-ils, lorsqu’on les interroge, dans le gloubi-boulga incohérent de leurs doléance ».

    Mais si l’on creuse un peu, assurent ces chiens de garde, on découvre alors le pire, sournoisement tapi dans l’ombre. «On commence par le référendum d’initiative populaire et on finit par l’antisémitisme. On commence avec Rousseau et on finit avec Doriot. Mais c’est pas les marges, ça, c’est le cœur du mouvement », assène Bernard-Henri Lévy sur Europe 1, le 18 février 2019. Des antisémites, bien sûr, et manipulés par l’étranger, de surcroît. Journaliste à France-Culture, Brice Couturier, dans un tweet du 1er décembre 2018, est catégorique : «Poutine est à la manœuvre. Une petite guerre civile en France ferait bien ses affaires». Des mensonges à la chaîne, qui sont les mêmes que ceux qu’étrillait Marx à propos de la Commune dans sa lettre à Liebknecht, le 6 avril 1871 : «De tout le fatras qui te tombe sous les yeux dans les journaux sur les événements intérieurs de Paris, tu ne dois pas croire un mot. Tout est mensonger. Jamais la bassesse du journalisme bourgeois ne s’est mise plus brillamment en évidence».

    Vieille recette en effet, déjà utilisée contre les Communards : «Le comité central de la Garde nationale» est soumis à des «influences bonapartistes et prussiennes dont il est facile de constater l’action», proclame le gouvernement de Thiers dans une affiche apposée sur les murs de Paris en mars 1871. Une horreur, ces Communards. Devant l’Assemblée, le 21 mars 1871, Jules Favre fait la description cauchemardesque de «cet orage des bas-fonds», de «cette poignée de scélérats mettant au-dessus de l’assemblée je ne sais quel idéal sanglant et rapace» et qui n’ont pris le pouvoir «que pour la violence, l’assassinat et le vol». On nous demande d’éviter la guerre civile, ajoute le ministre d’Adolphe Thiers, mais cette vermine nous l’impose, «ouverte, audacieuse, accompagnée du meurtre lâche et du pillage dans l’ombre». Devant «un pareil opprobre infligé à la civilisation», l’obligation «s’impose à notre conscience, l’obligation absolue d’entrer dans une voie énergique». Il faut agir, et tout de suite, «pour faire justice, enfin, de ces misérables». Dans une circulaire aux recteurs, le ministre de l’Instruction publique et des cultes Jules Simon, à son tour, indique le message à transmettre aux jeunes générations : «La France serait indigne de son passé, se trahirait elle-même et trahirait la cause de la civilisation, si elle ne se levait pas tout entière contre cette minorité impie qui nous ruine et nous déshonore».

    Certes les temps ont changé, mais la tourbe populacière des Gilets jaunes suscite la même haine de classe. Et s’il faut les amener à résipiscence, eux aussi, autant employer la manière forte. Ancien ministre de l’Éducation nationale, Luc Ferry, s’exprimant sur Radio Classique le 7 janvier 2019, réclame une répression armée, il exige que le sang coule : «Ce que je ne comprends pas, c’est qu’on ne donne pas les moyens aux policiers de mettre fin à ces violences. Qu’ils se servent de leurs armes, une bonne fois ! On a la quatrième armée du monde, elle est capable de mettre fin à ces saloperies !». C’est vrai qu’au mois de mai 1871, durant la «Semaine Sanglante», on a vu de quoi cette merveilleuse armée était capable. «Vingt-six conseils de guerre, vingt-six mitrailleuses», résume Lissagaray. «Le sol est jonché de leurs cadavres, télégraphie Thiers aux préfets, ce spectacle affreux servira de leçon». Et Georges Bernanos écrira : «Les généraux versaillais pataugèrent dans Paris sur un lit de cadavres, du sang jusqu’à la braguette».

    Le 8 juin 1871, devant l’Assemblée, célébrant le massacre de 20 000 Parisiens par la soldatesque, le chef du pouvoir exécutif proclame sa fierté d’avoir écrasé l’insurrection. «Nous les avons enlevées, ces formidables murailles de Paris. Nous avons remporté une victoire immense, une des plus grandes victoires que l’ordre social et la civilisation aient remportées». Elle est belle, cette civilisation qui transforme une capitale en fosse commune. Mais les intellectuels prostitués ont eu gain de cause. «Dût-on noyer cette insurrection dans le sang, dût-on l’ensevelir sous les ruines de la ville en feu, il n’y a pas de compromis possible. Si l’échafaud vient d’être supprimé, il ne faudra le garder que pour les faiseurs de barricades», réclame Francisque Sarcey dans «Le drapeau tricolore», le 20 mai 1871. Alors, oui, à la fin de la Semaine sanglante, elle est liquidée, cette «honteuse canaille» qu’exècre le journaliste Ximénès Doudan, «ce mélange d’enfer, de caverne de voleurs et d’estaminet». Nettoyées, ces «bandes en guenille » que moque le colonel d’Hennebert. Fini, le spectacle abominable de ce «Paris au pouvoir des nègres» qui horrifiait Alphonse Daudet. Éliminées, les «convulsions bêtes d’une tourbe destructrice», ces «faces stupides et abjectes», cette «crapulerie rayonnante » d’une capitale «sous la coupe de la populace» devant lesquelles Edmond de Goncourt vomissait de dégoût.

    «S’ils succombent, seul leur caractère bon garçon en sera la cause», écrivait Marx le 12 avril 1871. Ce caractère, les Communards l’ont payé cher, en effet. Face à des massacreurs, ni le légalisme ni l’attentisme ne sont de bon augure. «L’illusion générale était qu’on durerait», écrit Lissagaray. C’est cette durée qui fit défaut à la Commune, car Versailles la lui ôta. «Ce qui manqua surtout à la Commune, écrit Lénine en 1911 dans son «Hommage à la Commune», c’est le temps, la possibilité de s’orienter et d’aborder la réalisation de son programme. Elle n’avait pas encore eu le temps de se mettre à l’œuvre que le gouvernement de Versailles, soutenu par toute la bourgeoisie, engageait les hostilités contre Paris. La Commune dut, avant tout, songer à se défendre». La brièveté de son existence empêcha aussi cette expérience révolutionnaire de résoudre ses contradictions internes. Le Conseil se divisa entre une majorité aux idées floues, mais décidée à prendre des mesures draconiennes, et une minorité influencée par les Internationaux, passionnée par les réformes sociales, mais qui «ne voulut jamais comprendre que la Commune était une barricade», relève Lissagaray. Ces faiblesses et ces «impuissances», M. Thiers les «connaissait à fond». Dès le mois de mars, «il se rassura sur cette insurrection peureuse de la Banque, ignorante de ses ressources, et dont le Conseil s’évaporait en paroles».

    Méditant l’exemple de la Commune, Lénine rappelle que, pour assurer le triomphe d’une révolution sociale, «deux conditions au moins sont nécessaires : des forces productives hautement développées et un prolétariat bien préparé. Mais en 1871 ces deux conditions faisaient défaut. Le capitalisme français était encore peu développé et la France était surtout un pays de petite bourgeoisie (..). Par ailleurs, il n’existait pas de parti ouvrier ; la classe ouvrière n’avait ni préparation ni entraînement et dans sa masse, elle n’avait même pas une idée très claire de ses tâches et des moyens de les réaliser». Ces limites objectives de la Commune de 1871 ne seront plus celles des révolutions du XXe siècle, lesquelles triompheront en mobilisant les masses ouvrières et paysannes. Mais ces révolutions dépasseront aussi ses limites subjectives en se dotant de l’outil politique et militaire indispensable à la victoire. Ce sera leur façon de rendre hommage à la Commune : immunisés contre la naïveté, les révolutionnaires du siècle suivant n’hésiteront pas à engager l’épreuve de force avec l’État bourgeois. L’initiative changera de camp. On saisira les caisses de la classe possédante, et on clouera le bec à la «bassesse du journalisme bourgeois».

     

    Bruno GUIGUE

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • A l’occasion des 150 ans de la Commune de Paris, IC est honorée de pouvoir publier cette réflexion de Marie Debs, coordinatrice du forum de la gauche arabe, et professeure des universités.

     

     

    Introduction

    Le mardi 16 mars, j’ai reçu une invitation des Camarades du Parti Communiste de la Fédération russe pour participer à une réunion internationale commémorant les cent cinquante ans de la Commune de Paris. Le titre, surtout, attira mon attention : « La Commune de Paris : la volonté du peuple et la capitaliste. Epoques différentes, mêmes méthodes ».

    Ce titre, tel qu’il est conçu, pousse à la réflexion et rappelle, en même temps, des souvenirs venus de loin, de ma première année d’université, la « propédeutique », à l’Ecole Supérieure des Lettres à Beyrouth, filière de la prestigieuse Université de Lyon, que j’avais intégrée au lieu d’être en France parce que ma mère s’était opposée à mon voyage, arguant que j’étais très jeune pour vivre seule dans un pays lointain où il lui était impossible de me voir.

    Nous avions, cette année-là, en plus de la littérature française, un cours d’Histoire moderne et contemporaine et un autre de philosophie, sans oublier, bien entendu la traduction. A la fin de l’année, nous devions présenter deux dissertations, et mon choix s’arrêta sur la dissertation historique, en plus de la littérature. Le sujet portait sur les mouvements sociaux entre la fin du second Empire et le début de la troisième République… Ce qui veut dire précisément entre la guerre menée par la Prusse contre la France et la chute de la Commune de Paris.

    La Commune de Paris et les réalités libanaises

    La Commune fut, donc, pour moi, étudiante de gauche âgée de dix-sept ans seulement, une révélation sur bien des plans, tant à travers les descriptions d’Alphonse Daudet[1] et celles de Karl Marx[2] qu’à travers les quelques notes de Louis-Auguste Blanqui  sur la situation de la France à la fin du Second empire, sur la misère du peuple, mais surtout sur les  sacrifices que les classes laborieuses, les ouvriers surtout, étaient prêtes à faire afin de sauvegarder la et l’indépendance de leur pays, et, en contrepartie, la capacité de la classe bourgeoise de pactiser avec l’ennemi et de se plier à ses diktats afin de protéger son régime politique au dépens de la patrie… Cependant, mon enthousiasme pour la première République sociale de tous les temps fut sanctionné par un correcteur « versaillais » qui barra ma dissertation d’un long trait au crayon rouge, et je ne dus ma réussite, cette année-là, que grâce à l’intervention de mon professeur.

    Si je raconte cette anecdote, c’est simplement pour dire qu’au lieu de me décourager, la sanction m’avait orientée vers une recherche beaucoup plus approfondie sur les causes politiques, sociales et économiques  qui ont mené le peuple de Paris à s’insurger ; et, tout en cherchant, les rapprochements entre les féodaux libanais de la seconde moitié du XIXème siècle, la bourgeoisie libanaise de la première moitié du XXème siècle et celle qui écrasa la Commune s’imposèrent à moi,  dont, surtout, la ressemblance entre ce qui s’était passé à Paris en cette seconde moitié du XIXème siècle et les événements qui avaient marqué le Liban, entre 1821 et 1858, dont, en premier lieu, la première révolution  des paysans de Lehfed, dans la région de Jbeil, contre l’Emir Bachir, noyée dans le sang par l’alliance non sacrée des féodaux de tout le Mont-Liban, ou, encore, la Commune des paysans du Kesrouan, sous la direction de Tanios Chahine, qui donna naissance à la première république libanaise[3] (et qui fut, elle aussi, noyée dans le sang par une guerre « civile » confessionnelle qui se solda par plus de 11 mille morts et 100 mille déplacés)… ou, surtout, les deux guerres « civiles » de 1958 et 1975.

    A ne pas oublier, non plus, et suite aux « grands travaux » effectués au milieu et à la fin du siècle précédent, la destruction du cœur de Beyrouth  tout comme celui de Paris… les quartiers populaires autour du centre-ville notamment qui virent, en 1958,  une levée de barricades contre le projet appelé « Le pacte de Bagdad », mais aussi la répression des mouvements sociaux et politiques qui appelaient à faire face aux attaques menées par les soldats de l’entité israélienne contre notre pays et le refus du gouvernement de riposter sous prétexte que la « force du Liban résidait dans sa faiblesse ». Faits que nous vécûmes, à nouveau, au début des années quatre-vingt-dix du XXème siècle, à la suite de la mainmise du grand capital libanais, et aussi arabe, sur ce même centre-ville, à travers le projet appelé « Solidere » qui le transforma en une « société par actions » et permit de déloger une grande partie des quelques dizaines de milliers de petits commerçants et artisans et de les pousser, malgré eux, vers les régions périphériques de la capitale. Sans oublier de mentionner que nouveaux « grands travaux » augmentèrent la dette publique de quelques dizaines de milliards de dollars tout en aboutissant à la transformation du centre-ville en une chasse gardée pour les riches propriétaires et les boutiques de luxe.

    Partant de ce parallèle, suggéré par le titre sous lequel s’est tenue la réunion internationale à Moscou, et tout en tenant compte des différence qui existent entre la situation sociopolitique libanaise et celle de la France, j’ai voulu quand même faire la tentative de reconstituer, cent cinquante ans plus tard, l’image de Paris et de la France entre le second Empire et les premières années de la troisième République…et, ce, afin de pousser les lecteurs libanais, surtout ceux qui tentent depuis le soulèvement du 17 octobre 2019 la voie du changement, à bien choisir leurs « armes », tout en prenant en considération la possibilité d’une intervention des grands décideurs dans le monde d’aujourd’hui afin de les mettre au pas et, s’il le faut, de noyer leurs rêves dans le sang…

    « Paris embelli, Paris agrandi, Paris assaini »?

    Commençons, d’abord, par présenter toutes les répercussions des grands travaux effectués, à partir de 1853, par le Baron Haussmann, sur la population de Paris, en particulier sur les ouvriers qui formaient le tiers de la population de la capitale.

    Il est vrai que la capitale française avait besoin d’un coup de neuf.  Ses rues, étroites, manquaient de salubrité, ses espaces verts étaient réduits et ses réseaux d’égouts et d’adduction d’eau avaient besoin d’être changés au plus vite. Déjà, des tentatives de modernisation de la ville avaient été amorcées en 1794, sous la Révolution, puis, un peu plus tard, par Napoléon premier… mais, elles étaient demeurées limitées. Voilà pourquoi – disent certains historiens – Napoléon III décida de donner la priorité à la modernisation et à l’embellissement de Paris ; et, pour ce faire, il fit appel au baron Haussmann qui fit, à son tour, appel aux capitaux privés amassés dans les banques et par les banques… ce qui ne déplaisait nullement à l’empereur et à sa femme, Eugénie de Montijo, qui usa et abusa des deniers publics afin de posséder une des plus importantes collections de bijoux de son temps ; collection estimée à près de quatre millions de francs de l’époque (huit millions d’euros actuellement[4]). 

    Et, ainsi, le slogan « Paris embelli, Paris agrandi, Paris assaini » cachait, en réalité, de gros profits et ne visait nullement l’amélioration de la santé ou du bien-être de tous les Parisiens, les travailleurs surtout[5]. En effet, un double but, économique et politique, se cachait derrière le projet d’urbanisation : délocaliser une partie de la population de Paris, les pauvres en particulier, vers la périphérie et la campagne environnante, ce qui fut fait à la suite de la destruction de plus de vingt mille logements ; mais, aussi, empêcher toute possibilité aux Parisiens d’élever des barricades ou, surtout, d’organiser une insurrection,  comme ils avaient l’habitude de faire, vu que les grands boulevards remplacèrent peu à peu les rues étroites qui s’y prêtaient parfaitement.

    Emile Zola souligne très clairement ce double but, dans des articles parus entre 1868 et 1872[6], mais aussi dans « L’Assommoir ». Son cri d’alarme est perçant : « Pour nettoyer la ville, on a commencé par sabrer le vieux Paris, le Paris du peuple. On a rasé la Cité, jeté des boulevards sur le ventre des quartiers légendaires, continué les quartiers riches jusqu’aux fortifications. Puis, pour achever le nettoyage, on a poussé le peuple lui-même par les épaules, en rêvant de le parquer dans quelque bois voisin ».

    D’ailleurs, Haussmann ne cachait point ses visées exprimées dans une lettre à Napoléon III où il dit que la cherté des loyers et des vivres  dans le nouveau Paris doit être considérée « comme un auxiliaire utile pour (le) défendre contre l’invasion des ouvriers de la province » mais aussi afin d’empêcher le des ouvriers parisiens vers le centre… Le coût exorbitant de  ces travaux, 1,5 milliards de francs en 1870,  n’avait pas seulement vidé les caisses de l’Etat et rendu la vie très chère, mais il avait surtout permis aux financiers de l’époque de faire des spéculations juteuses (qui inspirèrent, peut-être, les promoteurs de la destruction du centre-ville de Beyrouth à la fin du XXème et au début du XXIème siècle).

    C’est dans cette conjoncture que la guerre contre la Prusse fut déclarée ; guerre qui fut le point de départ de nouveaux problèmes économiques et sociaux et aboutit à la défaite de sedan qui mit fin  au second Empire en septembre 1870 et à la proclamation de la Troisième République… Cependant, la guerre envenima les problèmes socioéconomiques déjà existants et noircit plus encore l’image de désolation et de misère que nous résumons comme suit : La majorité d’une population souffrant de la faim à cause de l’envolée des prix, les ouvriers sans travail et les petits commerçants ruinés, les mesures gouvernementales contre les syndicats mais aussi contre la liberté de la presse, la suppression de la solde de la Garde nationale, et, enfin, le départ du gouvernement Thiers qui s’installe à Versailles, en prévention de l’insurrection qui grondait parce que ce gouvernement avait refusé de défendre Paris et qu’il se préparait à signer l’armistice demandé par les Prussiens, acceptant ainsi de leur livrer les forts qui entourent la capitale, sans oublier la clause exigeant de leur céder l’Alsace et la Lorraine et de procéder à l’élection d’une nouvelle assemblée, malléable, qui accepterait sans rechigner de ratifier le traité de paix dicté par Bismarck.

    La Commune, pourquoi ?

    Cette image de désolation et de misère, où la grande pauvreté et les conditions sanitaires désastreuses étaient à la base d’une mortalité infantile dépassant les 30 pour cent,  était doublée par la trahison de l’alliance de la grande bourgeoisie et de l’aristocratie au pouvoir. Elle ne pouvait, par suite, que mener à l’insurrection et, surtout, à un changement de cap.

    Ainsi la Commune a vu le jour à Paris, le 28 mars 1871, précédée par celles proclamées dans d’autres grandes villes françaises. « C’était – disait Karl Marx[7]la première révolution dans laquelle la classe ouvrière était ouvertement reconnue comme la seule qui fût encore capable d’ sociale, même par la grande masse de la classe moyenne de Paris – boutiquiers, commerçants, négociants – les riches capitalistes étant seuls exceptés ».

    En effet, à la suite du 28 mars, la Commune de Paris commence par ériger une démocratie populaire directe, mettant les élus sous le contrôle du peuple qui pouvait les révoquer si leurs actions ne sont pas conformes à ses décisions. Il est vrai que cette forme de démocratie ne dura que 72 jours, cependant, elle remit en cause les fondements mêmes de la délégation du pouvoir en mettant les élus sous contrôle permanent, fait qui doit être étudié aujourd’hui à la lumière des dérives que vivent toutes les « démocraties » capitalistes, tant sur le plan des lois électorales appliquées que sur le plan de la répression policière dont les gouvernements usent et abusent afin de réduire au silence les contestataires et de prévenir tout changement redonnant aux peuples leurs droits inaliénables consacrés, le 26 août 1789, par la  Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

    Cette mesure politique importante et radicale fut précédée et aussi suivie par d’autres, très nombreuses, dont le décret sur la séparation de l’église et de l’Etat, la réquisition des entreprises abandonnées par les grands propriétaires, la liberté d’association pour les ouvriers, la limitation à 10 heures de la journée de travail, le rationnement gratuit, mais aussi l’interdiction d’expulser les locataires et, surtout, l’instauration de l’école gratuite, laïque et obligatoire pour tous accompagnée d’un plan de construction de nouvelles écoles… Un seul point noir au tableau, cependant. Les femmes furent, une fois de plus, oubliées dans la loi électorale et, par suite, exclues des postes du pouvoir, malgré leur grande participation aux activités de la Commune et, même, à la défense de la capitale. En contrepartie, elles eurent quelques compensations sur le plan économique et social, dont l’égalité des salaires, l’accès à l’instruction ou, encore, le droit de former des syndicats.

    A ce propos, Marx n’a pas manqué de noter que « la grande mesure sociale de la Commune, ce fut sa propre existence et son action. Ses mesures particulières ne pouvaient qu’indiquer la tendance d’un gouvernement du peuple par le peuple. Telles furent l’abolition du travail de nuit pour les compagnons boulangers; l’interdiction, sous peine d’amende, de la pratique en usage chez les employeurs, qui consistait à réduire les salaires en prélevant des amendes sur leurs ouvriers sous de multiples prétextes, procédé par lequel l’employeur combine dans sa propre personne les rôles du législateur, du juge et du bourreau, et empoche l’argent par-dessus le marché. Une autre mesure de cet ordre fut la remise aux associations d’ouvriers, sous réserve du paiement d’une indemnité, de tous les ateliers et fabriques qui avaient fermé, que les capitalistes intéressés aient disparu ou qu’ils aient préféré suspendre le travail »[8].

    Voilà pourquoi la Commune fit peur aux représentants du grand capital dont une partie se trouvait au gouvernement formé par Thiers, et voilà pourquoi ce gouvernement plia l’échine devant les Prussiens afin de pouvoir en finir avec cette révolution prolétaire et le gouvernement qui en émana. Surtout que les partis présents dans la commune (jacobins centralisateurs, blanquistes, marxistes internationalistes, indépendants ou anarchistes) avaient des vues parfois très différentes sur la manière de gouverner ; et c’est ainsi que certains d’entre eux ont « dans la mesure de leur pouvoir, gêné l’action réelle de la classe ouvrière, tout comme ils ont gêné le plein développement de toute révolution antérieure. Ils sont un mal inévitable ; avec le temps on s’en débarrasse ; mais, précisément, le temps n’en fut pas laissé à la Commune »[9].

    En effet, Thiers, pressé d’en finir, va jusqu’à proposer à Bismarck d’investir Paris. Mais, devant le refus de ce dernier, il  demanda la libération des soldats prisonniers et d’ouvrir l’accès de Paris à ses troupes, les zones du nord notamment. Ce qui fut fait.

    … Et ce fut la Semaine sanglante !

    Le 21 mai, les troupes versaillaises étaient prêtes à investir la capitale. Menés par le général Mac Mahon, 120 mille hommes participent à l’offensive. Du côté des communards, on ne pouvait compter que sur vingt ou, tout au plus, trente mille soldats, même si la Garde nationale disposait de plus de 150 mille inscrits, dont le tiers dans les compagnies combattantes.

    Durant une semaine entière, les combats font rage, malgré la disproportion évidente. Les communards, dont quelques milliers de femmes[10] et des centaines d’enfants, défendent férocement la capitale. Mais les versaillais, plus nombreux et mieux équipés, finirent par avoir le dessus. Et, c’est ainsi que les forts qui défendent Paris tombent les uns après les autres ; puis, ce fut au tour des quartiers où les combats de rues faisaient rage. Au cimetière du Père Lachaise, les combats à l’arme blanche ont fait des dizaines de morts, et 147 communards furent fusillés près du Mur des Fédérés[11].

    Le bilan de la Semaine sanglante fut très lourd : des quartiers entiers furent détruits et incendiés. Quarante mille citoyens furent faits prisonniers, dont dix mille déportés vers les bagnes de la Nouvelles Calédonie ; parmi eux cinq mille femmes[12]… plus de trente mille citoyens, des civils surtout, furent exécutés sommairement.  Et, pour aller plus vite en besogne, on tirait à la mitraille sur les prisonniers… Pas de quartier ! Tout bon communard est un communard mort, tel était le mot d’ordre du gouvernement.

    La meilleure illustration de ces exécutions sommaires contre la Commune, notamment des massacres qui ont eu lieu durant la journée du 28 mai, nous la trouvons dans une chanson, « La semaine sanglante » de Jean – Baptiste Clément[13] :

    « On traque, on enchaine, on fusille,

    Tout ce qu’on ramasse au hasard ;

    La mère à côté de la fille,

    L’enfant dans les bras du vieillard ».

    … Mais aussi dans la description du carnage par Marx: « Pour trouver un parallèle à la conduite de Thiers et de ses chiens, il nous faut remonter aux temps de Sylla et des deux triumvirats de Rome. Même carnage en masse, exécuté de sang-froid, même insouciance dans le massacre, de l’âge et du sexe ; même système de torturer les prisonniers mêmes proscriptions, mais cette fois d’une classe entière, même chasse sauvage aux chefs qui se cachent, de peur qu’un seul puisse échapper; mêmes dénonciations d’ennemis politiques et privés; même indifférence envers le carnage de gens entièrement étrangers à la lutte. Il n’y a que cette seule différence : les Romains n’avaient pas encore de mitrailleuses pour expédier en bloc les proscrits, et ils n’avaient pas « la loi à la main », ni, sur les lèvres, le mot d’ordre de « civilisation »[14].

    Conclusion

    Cependant, malgré cent cinquante ans passés, la Commune est toujours vivante. Elle continue à susciter un grand intérêt  et à faire couler beaucoup d’encre, non seulement en France, mais partout dans le monde, surtout en cette période où la crise systémique du capitalisme, exacerbée par la pandémie du Covid 19, a atteint des niveaux tels qu’il est devenu impossible à la bourgeoisie de lui trouver une solution autre que dans les nouvelles guerres d’agression et les massacres qui sont allumés partout afin de contrer les justes revendications de la classe ouvrière internationale et des peuples de la Planète.

    Voilà pourquoi, je voudrais emprunter à la « déclaration » faite, le 19 avril 1871, par la Commune la réponse aux interrogations du peuple libanais qui, tout comme Jean – Baptiste Clément, se demande aujourd’hui, à juste titre, « à quand les gens de guerre tiendront-ils le haut du pavé (…et) à quand enfin la République de la justice et du travail ? » : bientôt, nous mettrons fin au « vieux monde gouvernemental et clérical, du militarisme, du fonctionnarisme, de l’exploitation, de l’agiotage, des monopoles, des privilèges, auxquels le prolétariat doit son servage ; la patrie, ses malheurs et ses désastres »

    Marie Nassif-Debs  (Coordinatrice générale du Forum de la Gauche arabe)

    Beyrouth, avril 2021

     


    [1] Daudet, Alphonse, « Contes du Lundi ».

    [2]Marx, Karl, « La Guerre civile en France 1871 (La Commune de Paris) ».

    [3] Yazbek, Youssef Ibrahim, « Révolution et émeute au Liban », 1936, ainsi que de nombreux articles parus dans les journaux communistes ou écrits par des intellectuels de gauche et de droite.

    La Commune du Kesrouan contre les féodaux de la famille Khazen fut, elle aussi, noyée dans le sang par une guerre de religion entre les Maronites et les Druzes. Cette révolution et sa répression continue, cent-soixante ans plus tard, à diviser les historiens et les chercheurs sur la personnalité de Tanios Chahine et l’importance de son rôle.

    [4] Le franc de 1860 est estimé à 1.99 euros.

    [5] Un ouvrier moyen gagnait de 3 à 4 francs par jour (Source: /www.infonumis.info)

    [6] Zola, Emile, les revues La Tribune (18 octobre 1868) et la Cloche (juin 1872,  et le roman l’Assommoir (1876).

    [7] Marx, Karl, op. cit.

    [8] Marx, Karl, op. cit

    [9] Marx, Karl, op. cit

    [10] Les barricades de la Place Blanche, de la Place Pigalle, de la gare Montparnasse étaient défendues par des femmes, dont Elizabeth Dimitrieff  et Nathalie Lemel qui ont fondé « L’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés ».

    [11] Ce Mur est le lieu où l’on commémore les hauts faits de la Commune de Paris.

    [12] Dont Louise Michel, une des grandes figures du mouvement révolutionnaire du XIXème siècle, militante très connue durant la Commune de Paris.

    [13] Jean – Baptiste Clément (1837 – 1903) est un communard. Il écrivit sa chanson à partir du vécu.

    [14] Marx, Karl, op. cit.


     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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    Avec l’appui de la direction nationale du PRCF et malgré la fin de non recevoir qu’ont opposé l’ensemble des sections PCF du Val-de-Marne ainsi que leurs fédération à ses demandes de discussions, le PRCF-94 a décidé d’apporter son soutien critique franc, résolu et militant, à la liste constituée par le PCF dont le chef de file est le président du Conseil départemental, Christian Favier. 

    Certes, le PRCF a d’importants désaccords idéologiques et stratégiques avec l’orientation nationale du PCF, notamment avec sa conception illusoire selon laquelle il serait à la fois possible de refonder l’UE de l’intérieur et de “réorienter l’euro dans un sens progressiste” : tout montre au contraire que la “construction” européenne, de même que l’architecture de la monnaie unique sont conçues de A à Z depuis l’origine pour araser les conquêtes sociales, détruire les souverainetés nationales, dévaster les services publics, dépecer le produire en France, prohiber la marche des pays d’ vers le socialisme, arrimer le continent européen aux menées bellicistes de l’OTAN et, s’agissant des questions territoriales, substituer à l’ensemble Etat-nation/communes/départements issu de la Révolution française, le triptyque antipopulaire formé par l’UE, par l’Europe des régions et par les “métropoles”, le tout coiffé par la future “Union transatlantique” dont se réclame le MEDEF adepte du TAFTA, du CETA, et des autres traités néolibéraux continentaux.

    Nous, membres du PRCF dans le Val-de-Marne, voulons défendre dans son principe même, la structuration départementale du territoire national que broie la construction européenne, et nous soutiendrons la liste constituée autour du président sortant du Conseil du Val-de-Marne, Christian Favier. Par le fait qu’elle continue formellement de se réclamer du communisme et du triptyque républicain issu de la Révolution jacobine, par le fait que, sur les plans économique et social, environnemental et éducatif, sur le aussi de l’appui qu’elle apporte régulièrement aux luttes ouvrières, enseignantes, lycéennes, etc., elle présente un bilan globalement positif pour les populations, la présidence Favier du Conseil général du 94 constitue un point d’appui militant non négligeable et un obstacle permanent au “Grand Paris” et à la ligne territoriale oligarchique portée à la fois par Valérie Pécresse, la présidente de droite de la région francilienne, et par l’équipe de la “socialiste” Anne Hidalgo, l’actuelle mairesse de Paris.
    C’est pourquoi le PRCF-94 appellera à voter pour la liste Val-de-Marne en commun lors des prochaines élections départementales.

    25 avril 2021.

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • NON À TOUTE REMISE EN CAUSE DE L’IRRESPONSABILITÈ DES MALADES MENTAUX !

    Nous publions, ci-dessous, la courageuse réaction de l’Union des Juifs pour la Paix à propos de ce qu’on a improprement appelé l’affaire Halimi, du nom de cette vieille dame de confession juive tuée dans des conditions effroyables.

    Nous comprenons certes l’émotion de nos compatriotes que révulse toute forme d’assassinat, surtout quand il est commis avec une dimension d’antisémitisme. Mais l’UJFP n’en a pas moins raison de mettre en garde contre l’exploitation que font de cette affaire la droite et l’extrême droite qui en font un prétexte à remettre en cause le principe fondamental de responsabilité du prévenu dans l’application d’une sanction pénale.

    Ce fut un majeur de l’humanisme que d’en avoir fini, dès l’époque de la démocratie athénienne émergente, avec l’idée que l’on pouvait punir l’auteur d’un acte indépendamment de la question de savoir s’il était maître de son jugement au moment des faits. Revenir là-dessus, c’est retourner au Moyen Âge, où l’on pouvait condamner à mort un cochon pour avoir mordu quelqu’un, ou sanctionner durement un enfant ayant provoqué, sans intention de tuer, un accident mortel. Procéder ainsi, c’est traiter l’homme comme une chose ou pire, comme un chien enragé qu’on tue sans se demander s’il a fait exprès d’attraper le virus. Sur de telles bases, on pourrait demain envoyer au cachot pour la vie un individu qui aurait, sans le faire exprès, transmis le coronavirus, voire tel autre virus encore inconnu de tous, à une autre personne… Qu’on soit obligé de réexpliquer des choses aussi évidentes dans la France de 2021 montre où en est venue la fascisation des esprits.

    Résistons au quotidien à ce “gros bon sens” de plus en plus putride qui fait que près de 48% des Français sondés par Harris déclarent désormais approuver l’idée d’un putsch militaire pour “assainir le pays” car cette logique du “gros bon sens” qui refuse de voir plus loin que le bout du nez nous mène tout droit à l’horreur et, sans que nous ayons l’excuse, si c’en est une, de l’ignorance. 

    _______________________________________________________________________

    https://ujfp.org/

     

    On ne lutte pas contre l’antisémitisme en bradant l’État de droit

     

    Si la décision rendue le 14 avril selon laquelle le meurtrier de Sarah Halimi ne sera pas jugé en Cour d’assise a suscité un élan d’émotion sincère, elle a également aiguisé l’appétit des professionnels les plus obscènes de l’exploitation politique. La position de la Cour de cassation, fondée sur la recherche d’un équilibre complexe entre le respect du droit et la nécessité de rendre justice, a été délibérément trahie pour échauffer les esprits en laissant croire que l’on pouvait aujourd’hui, en France, tuer des juif.ve.s sans être inquiété.

    Le fond de l’air est lourd, et pourtant, nombreux sont ceux qui ne cherchent qu’à l’alourdir davantage. Le 14 avril dernier, la Cour de cassation s’est efforcée de tenir la chandelle par les deux bouts en reconnaissant le caractère antisémite du meurtre de Sarah Halimi tout en constatant l’irresponsabilité pénale du meurtrier. Atteint d’une bouffée délirante aiguë, il a violemment assassiné sa voisine, juive, qu’il assimilait à un démon à éliminer en raison de ses origines et de sa religion. Ce crime atroce et la culpabilité de son auteur ont été reconnus par la justice, tout comme son caractère incontestablement antisémite puisque s’appuyant sur des préjugés relevant de la haine des juif.ve.s. En conformité avec l’avis des psychiatres formulé à la quasi-unanimité des psychiatres (six sur sept) ayant mené les expertises auprès de Kobili Traoré dans le cadre de la procédure judiciaire, la Cour de cassation a confirmé l’irresponsabilité pénale de l’accusé, ce dernier ayant perdu tout discernement au moment des faits. 

    De nombreuses voix, de celle du Crif à celle du Président de la République, se sont élevées pour réfuter ce jugement, arguant que la justice s’occupait bien d’individus ayant commis des actes de délinquance sous l’influence de l’alcool. Il faut lire le détail des expertises psychiatriques pour comprendre à quel point cet argument ne tient pas. La bouffée délirante aiguë n’a rien d’une mauvaise ivresse. Dans la plupart des cas, elle n’est rien d’autre que le moment inaugural de maladies psychiatriques lourdes. La conclusion des experts ne laisse planer guère de doutes quant au fait que le cas de Kobili Traoré relève bien de ce schéma. Que l’opinion publique se pose la question, quoi de plus compréhensible, mais lorsque des personnes ayant eu accès à l’intégralité du dossier soufflent à dessein sur les braises de la colère et du ressentiment, alors c’est à de l’irresponsabilité politique que nous avons affaire !

    Devant ce torrent de prises de position s’appuyant sur un désarroi légitime pour flatter les passions les plus viles – celles de la haine et de la vengeance, au détriment de ce que la justice a de plus noble –, le pouvoir macronien court une fois de plus derrière l’extrême-droite à qui, en même temps, il ouvre la voie. Ainsi, l’avocat d’extrême-droite franco-israélien Gilles William Goldnadel annonce saisir la justice israélienne afin de poursuivre Kobili Traoré, depuis un État ne respectant ni les principes du droit international, ni ceux des droits humains, et dirigé par un gouvernement d’extrême-droite et de suprématistes juifs. La lutte contre l’antisémitisme et pour la sécurité des juif.ve.s en France n’a rien à gagner avec de telles propositions. Au contraire, ces dernières alimentent la confusion et ouvrent un boulevard au complotisme. En dressant la justice d’un État suprématiste et colonial contre la décision de la Cour de cassation, elles sèment les grains de l’antisémitisme et plus généralement du racisme sous toutes ses formes.

    De plus, on ne peut que constater que l’empressement à intervenir exprimé par le gouvernement est une fois de plus à géométrie variable. Qu’ont fait les pouvoirs publics lorsque Mohammed El Makouli a péri en 2015 sous la lame et les cris de Thomas Gambet (« Je suis ton dieu, il n’y a pas d’islam !1»), lui aussi atteint d’une bouffée délirante et reconnu irresponsable pénalement ? Rien : ni proposition de loi, ni emballement médiatique, ni, d’ailleurs, reconnaissance du caractère islamophobe du crime. Ce deux poids, deux mesures fracture toujours un peu plus la République, contribuant ainsi au renforcement du racisme intercommunautaire – et donc de l’antisémitisme. Une fois de plus, le mal que l’on prétend combattre en sort grandi.

    Nous apportons notre solidarité à la famille Halimi et aux communautés juives de France, endeuillées par la haine antisémite et violentées par le cynisme des pompiers pyromanes toujours prompts à réclamer vengeance. Nous avons à cœur le respect des principes fondateurs de ce qu’il reste d’État de droit dans ce pays, d’ailleurs si malmené par ceux-là même disposés à donner des gages aux faux-amis des juif.ve.s. Nous ne le braderons pas au nom d’une vision erronée et dangereuse de la lutte contre l’antisémitisme.

    La Commission communication externe pour la Coordination nationale de l’UJFP, le 27 avril 2021

     

    Sources: https://ujfp.org/   &   https://www.initiative-communiste.fr/

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    Par petits groupes, les occupants du Quartz et leurs sympathisants ont mené une opération visant à rappeler le caractère « essentiel » des lieux de convivialité, tôt, ce vendredi, à Brest.

    Levés aux aurores, les occupants du Quartz ont mené une nouvelle action visant à donner de la visibilité à leur mouvement, ce vendredi à Brest. Par petits groupes, ils ont investi différents quartiers du centre-ville (Saint-Martin, Saint-Louis, Jaurès, Siam) ou du port de commerce. Munies de rubalise, les équipes ont placardé des imprimés « essentiels » ainsi qu’un texte expliquant le but de leur action sur la façade de divers commerces brestois, fermés du fait des mesures sanitaires. « Avec du ruban adhésif facile à décoller », précise l’un des participants à l’action.

     
    Opération "commerces essentiels" menée par les occupants du Quartz ce vendredi matinLa fermeture des lieux de convivialité a « un fort impact psychologique sur la population », expliquent les organisateurs de l’action menée ce vendredi matin à Brest.

    Relégués au statut d’« inutiles »

    Si cette action intervient au lendemain du calendrier de déconfinement donné par le gouvernement, elle vise à rappeler que « la fermeture de ces lieux est un choix politique ». « Ils ont été considérés comme non-essentiels, relégués au statut d’« inutiles » alors qu’ils font vivre des millions de personnes. Cette situation a accentué la précarité et a plongé beaucoup d’entreprises dans des difficultés financières », expliquent ainsi les occupants du Quartz dans leur communiqué.

    Opération "commerces essentiels" menée par les occupants du Quartz ce vendredi matinPrès de 500 panneaux « essentiel » avaient été imprimés en vue de l’opération, menée dans divers quartiers du centre-ville (ici, place Guérin). 

    Lutter contre « la peur de l’autre »

    « Aussi, depuis la mi-mars 2020, les lieux de sociabilité sont fermés », poursuivent-ils, « impliquant un fort impact psychologique sur la population. Aujourd’hui le monde dans lequel on vit a appris à avoir peur de l’autre, au lieu d’apprendre à vivre ensemble avec la pandémie. Nous sommes au-delà de la simple réouverture. La survie de beaucoup d’entreprises se jouera en 2021. Il est nécessaire de prévoir un plan d’accompagnement et de soutien pour toutes les personnes et les structures fragilisées par ces mois de fermeture », concluent-ils.

     

    source: https://www.letelegramme.fr/

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  • La Fonderie de Bretagne est bloquée par les salariés depuis mardi 27 avril. Un débat sur son avenir et celui de la filière automobile est organisé ce samedi 1er mai, à Hennebont.La Fonderie de Bretagne est bloquée par les salariés depuis mardi 27 avril. Un débat sur son avenir et celui de la filière automobile est organisé ce samedi 1er mai, à Hennebont. 

    Alors que la Fonderie de Bretagne est toujours bloquée par les salariés, un débat sera organisé, ce samedi 1er mai, après le traditionnel défilé à Hennebont, autour de l’avenir de la filière automobile et de l’usine de Caudan.

    Ce samedi 1er mai prendra des allures de soutien à la lutte des salariés de la Fonderie de Bretagne. La CGT et la Fédération des travailleurs de la métallurgie organisent un « débat sur la filière automobile en lien avec les enjeux environnementaux et sociaux », à la fin du traditionnel défilé, à Hennebont, à 11 h 30, aux halles de Kerbihan. Derrière les lignes, il faut y voir une conférence sur l’avenir de l’usine de Caudan, des conséquences du départ de Renault. La préfecture a autorisé le débat mais limité le nombre de participants à 500 dans le respect des gestes barrières. Le 9 avril, les organisateurs avaient fortement invité les élus du territoire à participer.

    Prise de parole syndicale, politique et citoyenne

    Jean-Michel Jacques, député du Morbihan, Damien Girard, élu d’opposition à Lorient Agglomération, Gilles Carréric, maire de Lanester et Fabrice Vély, maire de Caudan, y ont répondu favorablement. Le débat sera animé par Fabien Gâche, ancien délégué central de Renault.

    La CGT veut présenter le projet porté par les salariés pour la Fonderie de Bretagne, « Un projet viable, qui répond aux enjeux actuels. Nous montrerons ce qu’est l’outil industriel, ce qu’il est en capacité de faire dans l’avenir, quel que soit le type de motorisation », assure Stéphane Flégeau, secrétaire général adjoint de la fédération des travailleurs de la métallurgie. Les citoyens sont également invités à prendre la parole, « car la population a participé au financement de la Fonderie de Bretagne », assure la CGT. L’État, la Région et Lorient Agglomération ont contribué aux investissements de la Fonderie de Bretagne à hauteur de 8,2 M€.

    Des formations politiques en soutien

    Les soutiens à la Fonderie de Bretagne affluent. Samedi, l’Union démocratique bretonne sera représentée : « Ce 1er mai 2021 revêt une dimension particulière. Entre les ouvriers de fonderie de Bretagne à qui l’État propose une enveloppe financière pour se reconvertir, abandonnant toute idée de relocalisation et méprisant cet outil industriel stratégique, et les intermittents et précaires occupant le Grand Théâtre pour lutter contre la réforme de l’assurance-chômage ».

    Lorient en commun marchera aussi aux côtés des fondeurs et invite « les citoyennes et les citoyens par leur présence à venir soutenir les salariés ».

    Lorient Agglomération Terre & Mer, « insiste une nouvelle fois sur le fait que les avancées pour défendre les emplois ne seront possibles que par une mobilisation politique forte et concrète auprès des salariés de la Fonderie de Bretagne ».

    Pratique

    Débat sur la filière automobile et l’avenir de la Fonderie de Bretagne, samedi 1er mai, de 11 h 30 à 13 h, aux Halles de Kerbihan, à Hennebont.

     

    source: https://www.letelegramme.fr/

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