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Par L-HERMINE ROUGE le 22 Janvier 2018 à 06:10
Le 1er février 2018, s’ouvrira en Haute-Silésie le procès de militants du Parti communiste polonais (Komunistyczna Partia polski / KPP). En signe de protestation et en guise de solidarité, ce samedi 27 janvier 2018 (1), à l’initiative du Comité internationaliste pour la solidarité de classe (CISC), du Pôle de renaissance communiste en France (PRCF) et de l’association Les Amis d’Edward Gierek, une dizaine d’organisations appelle à un rassemblement devant l’ambassade de Pologne à Paris. Historien et géopoliticien spécialiste de l’Europe centrale et de l’est, Bruno Drweski évoque les enjeux d’un procès appréhendé par les autorités polonaises comme un premier pas vers une délégalisation d’une organisation fondée en 2002.
http://solidarite-classe.blogspot.fr/2018/01/la-solidarite-internationaliste-comme.html
Combien de militants du KPP ont été mis en accusation ? Que la « Justice » polonaise leur reproche-t-elle ?
Il y avait au départ trois militants concernés, mais les accusateurs avaient négligé de bien s’informer puisque l’un des trois accusés était décédé au moment de la rédaction de l’acte d’accusation ; ce qui prouve leur amateurisme. Il n’y a donc plus que deux accusés en ce moment. On leur reproche d’avoir appelé à renverser le système constitutionnel polonais ; ce qui n’a d’ailleurs pas été précisé dans l’acte d’accusation puisqu’on mentionne en bloc l’ensemble de la revue du KPP intitulée Brzask, sans pointer aucun élément précis… Et pour cause ! Aucun de ces éléments n’est en fait condamnable au regard de la loi, le KPP respectant scrupuleusement le fonctionnement légal ; ce qui explique d’ailleurs qu’il ait été légalement enregistré comme parti politique malgré le fait que la Constitution polonaise « interdise les partis utilisant des méthodes fascistes et communistes ». Des « méthodes » que le législateur n’a d’ailleurs jamais été en état de définir.
Quel est le poids du KPP en Pologne ? De quel courant de pensées se réclame-t-il ?
Le KPP est un petit parti qui se réfère à l’ensemble du patrimoine de la gauche radicale et marxiste polonaise à partir du Parti social-révolutionnaire Proletaryat des années 1880, de la Social-démocratie du Royaume de Pologne et de Lituanie fondée par Rosa Luxemburg et Feliks Dzierżyński au Parti ouvrier unifié polonais (POUP) des années 1942-1990 en passant par le Parti communiste polonais des années 1918-1938.
Revendique-t-il l’héritage de la Pologne populaire (1944 – 1989) ?
Il n’a pas de position unique sur la période de la Pologne populaire qu’il considère comme une période de grandes avancées sociales et économiques parcourues par des phénomènes négatifs que les membres du KPP ont le droit d’interroger dans une vision pluraliste.
Où est-il principalement implanté ?
Le KPP a des sections dans plusieurs régions du pays mais son centre d’influence se trouve dans la région de Dąbrowa Górnicza – Sosnowiec de la voïévodie de Silésie appelée depuis la fin du XIXe siècle le « bassin rouge » en raisin du fort radicalisme de ses ouvriers et mineurs. Le KPP appartient à la mouvance des partis de gauche radicaux et marxisants. Des organisations qui existent en Pologne et qui peuvent diverger sur les méthodes et l’analyse du passé, mais qui se retrouvent dans la critique commune de la restauration du capitalisme, de l’anticommunisme et de l’adhésion de la Pologne à l’OTAN.
D’aucuns prétendent que ce procès est un premier pas vers une tentative de délégalisation du KPP. Qu’en pensez-vous ?
C’est explicitement ainsi que le considèrent plusieurs dirigeants de l’actuel gouvernement polonais pour qui le fait que ce parti soit légal est inacceptable alors même qu’ils tolèrent les violences commises par des groupuscules d’extrême droite visant les étrangers, les militants de gauche, les féministes, les minorités nationales.
Cette organisation constituerait-elle ainsi une menace pour le régime ?
Le KPP ne constitue pas en soi pour le moment une réelle menace pour le régime imposé au peuple polonais en 1989. En revanche le communisme constitue clairement une menace qui explique la constance des campagnes médiatiques visant à la fois le communisme, le passé soviétique, la Pologne populaire, la gauche sociale, le syndicalisme indépendant, les mouvements d’émancipation, les courants libres-penseurs, etc. Toutes les enquêtes sociales montrent, sans aucune exception depuis 1989 jusqu’à aujourd’hui, qu’une majorité (relative sur certaines questions, absolue sur d’autres) de Polonais considèrent que la période de la Pologne populaire a été globalement positive pour le pays et pour leur propre promotion sociale et culturelle. Tout au long des gouvernements libéraux jusqu’en 2015, à plusieurs reprises, des militants syndicaux ou politiques ont ainsi été arrêtés et fait quelques jours de prison puis relâchés.
Comment la situation a-t-elle évolué depuis le retour au pouvoir de Droit et Justice (Prawo i Sprawiedliwość / PiS) à l’automne 2015 ?
Avec l’arrivée au gouvernement de ce parti d’essence « national-catholique », les choses se sont durcies. Si l’opposition libéral (et avec elle l’Union européenne) considère que l’indépendance formelle du système judiciaire polonais qu’elle n’avait d’ailleurs pas hésité à manipuler quand elle était elle-même au pouvoir, est aujourd’hui menacé, il n’y a en revanche aucune mesure de répressions contre des représentants de cette mouvance libérale. En revanche, depuis plus d’un an, Mateusz Piskorski, un journaliste et politologue polonais activement engagé contre l’appartenance de la Pologne à l’OTAN et contre l’appui à la junte ukrainienne par Varsovie, a été arrêté sans que jusqu’à présent on ne lui présente un acte d’accusation en bonne et due forme ! On l’accuse d’ « espionnage » en faveur de la Russie et de la Chine, alors que ses activités journalistiques étaient publiques et connues ; ce qui est bien sûr tout le contraire de l’espionnage. Au même moment, on a commencé à assister à la dénonciation du KPP puis à la mise en accusation de ses dirigeants.
Quels objectifs poursuit le pouvoir ?
Il est clair que ces mesures visent à intimider tous les opposants radicaux aux choix stratégiques, politiques et économiques faits depuis 1988/89. Et aussi à isoler les opposants les plus résolus à essayer de lutter dans le cadre de plus en plus étroit des libertés publiques tolérées. Pour le pouvoir la répression simultanée d’un acteur médiatique et d’un parti se référant au communisme vise à tester la capacité d’unité et de mobilisation des secteurs anticapitalistes et anti-OTAN de la société polonaise. On voit se rejouer en Pologne, en plus « soft » et en plus « smart » selon la formule nord-américaine, la partie si bien décrite par le pasteur Martin Niemöller (2). Ce dernier avait compris que le ciblage par les nazis d’un groupe au départ restreint (syndicalistes, communistes, juifs puis sociaux-démocrates) constituait un moyen de prendre en finale le contrôle total de la société.
Ces pratiques ont été étendues à d’autres pays européens ?
En effet, depuis 1988/89, les anciens pays socialistes ou les pays de la périphérie de l’Union européenne comme la Grèce constituent le plus souvent des terrains d’expérimentation pour des pratiques antisociales et antidémocratiques. Des pratiques qui peuvent être ensuite reprises dans les pays du « noyau » occidental de l’Union européenne. Il faut donc pour les élites possédantes partout noircir la mémoire du combat antifasciste, la mémoire de l’Armée rouge, le rôle historique des partis communistes et du camp de la Paix ainsi que de tous les autres mouvements émancipateurs pour pouvoir ensuite s’attaquer aux mobilisations syndicales, politiques, anti-impérialistes, antiguerres, en commençant par faire subir un chantage à l’anticommunisme. La gauche sociale doit comprendre, par-dessus ses différences d’analyses, qu’elle ne peut accepter de se placer au sein du chantage élaboré par les pouvoirs entre extrême droite brûlante et libéralisme glacial. Elle doit reprendre le chemin de l’indépendance et de l’audace. Le chemin de la mobilisation populaire et unitaire ; ce qui implique antiracisme et dénonciation de l’anticommunisme et des aventures impérialistes. Et donc soutien à tous ceux qui s’y opposent.
Propos recueillis par JACQUES KMIECIAK
(1) A 14h 30, devant l’ambassade de Pologne, 1, rue de Talleyrand, à Paris (7e).
(2) C’est à Martin Niemöller (1892 – 1984) que l’on doit la fameuse citation : « Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »
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Par L-HERMINE ROUGE le 16 Octobre 2017 à 20:53
Tout occupé à dissoudre la souveraineté nationale et les acquis sociaux du peuple français dans l' UE (« défense européenne » intégrée à l’OTAN, « gouvernement de la zone euro », listes transnationales aux européennes…), Emmanuel Macron voudrait imposer le drapeau européen, aujourd’hui dénué de statut officiel, comme le drapeau officiel-bis de notre pays. Or, en refusant par référendum la constitution européenne, qui prétendait institutionnaliser le drapeau et l’ hymne européens, le peuple français s’est déjà souverainement opposé à ce coup d’État symbolique le 29 mai 2005.
Les signataires de ce texte refusent que cet emblème anti-laïque (renvoyant au drap marial entouré des étoiles apostoliques), supranational (et non « internationaliste ») et antipatriotique, qui sert de référence aux supporteurs de l’UE néolibérale et atlantique, soit imposé à l’ensemble du peuple français.
Premiers signataires :
Léon Landini - résistant FTP MOI Commandant de la quatrième compagnie du Bataillon FTP-MOI Carmagnole, à Lyon Président de l’Amicale des Anciens FTP-MOI de la région Rhône-Alpes.Gand Mutilé de Guerre suite aux tortures endurées au Fort-Montluc à Lyon au cours de son arrestation par la Gestapo.Médaille de la Résistance - président du PRCF
Antoine Manessis - Commission Internationale du PRCF
Pierre Pranchère - résistant FTP - député européen honoraire
Michel Debray - ancien président de l’Institut Charles De Gaulle.- Amiral
Fabrice Fernandez, responsable national de Penser la France---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Le 29 mai 2005 à une large majorité les français ont voté contre le Traité Constitutionnel Européen et donc contre l'article I -8 indiquant :
"Le drapeau de l'Union représente un cercle de 12 étoile d'or sur fond bleu" et "L’hymne de l’Union est tiré de l’« Ode à la joie » de la Neuvième
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Par L-HERMINE ROUGE le 24 Août 2017 à 07:00
Les organisations syndicales italiennes ont contraint le gouvernement à abolir deux dispositifs néfastes pour les salariés : les chèques services et l’irresponsabilité des donneurs d'ordre.
Equivalent de la CGT française, la CGIL avait déjà remporté il y a quelques mois la bataille des signatures pour imposer un référendum abrogatif sur certaines dispositions des « lois travail » transalpines : 1,1 million de personnes (500 000 suffisent selon la Constitution) avaient ainsi signé pour abroger ces lois iniques votées d’abord par le gouvernement Berlusconi en 2008 puis renforcées en 2015 par Matteo Renzi – et à côté desquelles la loi El Khomri passerait pour timide.
La Cour constitutionnelle avait alors validé le principe du référendum, fixé au 27 mai prochain. Celui-ci devait supprimer en particulier le recours aux fameux « vouchers », ces chèques services (de 10 euros de l’heure) avec lesquels les employeurs pouvaient rémunérer les précaires pour quelques heures de travail (avec des cotisations sociales ultraréduites), mais aussi abroger le principe de non-responsabilité des donneurs d’ordre dans un contrat de sous-traitance ne respectant pas le droit du travail.
Le gouvernement de Paolo Gentiloni, successeur de Renzi à la présidence du Conseil suite à l’échec de ce dernier à faire approuver une réforme constitutionnelle en novembre dernier (également) par référendum, n’avait aucune envie de prendre le risque d’une nouvelle consultation populaire.
Le Parlement italien a donc voté mercredi 19 avril dans la soirée un texte gouvernemental abolissant les vouchers – dont l’utilisation avait été multipliée par 270 entre 2008 et 2016 ! – et rétabli la responsabilité des donneurs d’ordre. Le référendum du 27 mai n’a donc plus lieu d’être, les syndicats se félicitant de cette issue après des mois de lutte sur ces deux points.
Le très social-libéral Parti démocrate, dont une partie de l’aile gauche a fait scission il y a quelques semaines, s’évite ainsi une campagne sur une des lois phares (mais honnie dans la population, surtout des précaires) de l’ère Renzi, alors que des primaires internes au parti doivent avoir lieu le 30 avril en vue de rétablir l’ancien président du Conseil au poste de secrétaire général de la formation. Des circonstances qui ont permis cette victoire syndicale, hautement symbolique.
Olivier DOUBRE
source: https://www.politis.fr/ (21 avril 2017)
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Par L-HERMINE ROUGE le 9 Août 2017 à 07:10
Communiqué
de la Commission Internationale du PRCF
L’Union Européenne ne manque pas une occasion pour montrer sa nature de classe.
En effet l’Union Européenne refuse de reconnaître l’Assemblée constituante récemment élue au Venezuela et fait à grand bruit part de sa préoccupation sur le “sort de la démocratie” au Venezuela.
L’UE piétine les votes des électeurs
Il est vrai que le célèbre axiome anti-démocratique de Juncker “Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens” s’exporte partout : que la Crimée vote massivement pour son intégration à la Russie, que les Syriens décident de leur chef d’État, que les Vénézuéliens votent pour une Constituante, rien n’y fait : l’ UE décide ce qui est démocratique ou pas, y compris en Europe quand les peuples boycottent massivement le pseudo-parlement européen . Que les Français, les Hollandais, les Grecs votent NON à l’UE, rien n’y fait. L’UE se fiche éperdument du vote des citoyens, de la souveraineté des peuples.
En fait l’UE est par nature anti-démocratique. Son histoire, ses actions, sa vocation, ses objectifs, sa nature de classe démontrent ce fait fondamental : l’Union Européenne est une arme politique, économique, idéologique du grand capital, par le grand capital et pour le grand capital. C’est pourquoi l’objectif de sortie de l’UE et de l’euro par la porte de gauche possède un véritable potentiel révolutionnaire.
Union Européenne, dictature du Capital ou démocratie avec le Venezuela Bolivarien ?
Reprenons l’exemple du Venezuela : qu’est ce qui est démocratique ? Une politique favorable aux intérêts populaires ou une politique dédiée au grand capital ? La démocratie c’est la pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple donc elle s’oppose par nature aux puissants, aux riches, aux possédants. Or Chavez et Maduro ont mené une politique favorable aux masses populaires même si on peut penser que le processus révolutionnaire engagé au Venezuela doit désormais se fixer plus clairement l’objectif du socialisme et les mesures concrètes que ce choix implique : appropriation collective des moyens de production et d’échange, pouvoir du peuple, fin de tous les obstacles et tracasseries opposés à l’organisation du PCV dans les entreprises et dans le pays.
Laisser les moyens à l’oligarchie de mener sa politique contre-révolutionnaire est donc anti-démocratique. Laisser les grands intérêts capitalistes préparer une société de chômage et de misère pour le peuple et d’une richesse insolente pour les multi-milliardaires et leurs valets est anti-démocratique. Laisser le grand capital vendre la patrie à l’impérialisme est anti-démocratique et défendre la souveraineté nationale-populaire est démocratique.
La démocratie a donc nécessairement et inéluctablement un caractère de classe. Ce que les traîtres réformistes sont incapables d’assumer comme on le voit avec indignation sous la plume de Le Hyaric, directeur de l’Humanité et député (PCF)-PGE au Parlement européen. Tourner le dos à Jaurès, fondateur de l’Huma, à Vaillant-Couturier, à Sampaix, à Cachin… ne gêne évidement pas la clique de P. Laurent. Ajouter leur voix à la meute déchaînée de la contre-révolution ne les gêne pas non plus : lorsqu’on a renié ses idées, la dignité et l’honneur ne sont que de vains mots.
Le combat des communistes du PCV, des patriotes et progressistes bolivariens, le combat de la Constituante, le gouvernement Maduro, voire la mise hors d’état de nuire des Pinochet locaux qui ont déjà causé des flots de sang et qui ciblent les forces populaires et constitutionnelles, sont éminemment démocratiques.
source: https://www.initiative-communiste.fr
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Par L-HERMINE ROUGE le 2 Août 2017 à 18:25
En Europe, une fenêtre est ouverte pour une alternative de gauche radicale, de rupture anticapitaliste, internationaliste, anti-impérialiste, féministe, écologiste... |1| Cependant, si la gauche radicale, comme cela s’est passé en Grèce, ne respecte pas ses engagements, s’adapte à la gestion de l’austérité et à la poursuite des réformes néolibérales, cette fenêtre va se refermer et de nouvelles perspectives favorables se présenteront pour l’extrême droite et la droite dure |2|. Une force de gauche qui prétend parvenir à un changement doit s’engager à désobéir aux institutions européennes et aux créanciers, à mobiliser les citoyens et à rechercher la solidarité entre les peuples. Pour les pays périphériques comme la Grèce, la désobéissance implique la suspension du paiement de la dette pour avoir une marge de manœuvre afin d’investir dans la relance de son économie et dans la satisfaction des droits humains fondamentaux. Il est nécessaire de construire un rapport de forces face aux créanciers pour les obliger à s’asseoir à une table de négociations et leur imposer les solutions qui respectent les droits des peuples.
L’alternative de gauche radicale en Europe
Il n’a manqué que 1,7% des voix à Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise pour parvenir au second tour |3|. Aux États-Unis, si Bernie Sanders avait été le candidat face à Trump, il est probable qu’il aurait gagné. Avec 800 000 voix supplémentaires, le parti travailliste de Corbyn aurait pu gagner face au parti conservateur en juin 2017. Corbyn a fait une campagne fort marquée à gauche, en rupture totale avec l’orientation de Blair. Il avait choisi de donner une orientation internationaliste au Brexit avec une campagne économique de renationalisation. En Irlande du Nord, le Sinn Fein est passé de 4 à 7 députés. En Belgique, dans les sondages, les intentions de vote en faveur du PTB augmentent fortement. Tous ces exemples montrent bien que dans une partie de l’Europe, il y a une recherche de la part d’une partie importante du peuple d’une orientation de gauche radicale, de rupture anticapitaliste, internationaliste, anti-impérialiste, féministe, écologiste...
Des gouvernements du changement
Le problème réside dans la capacité qu’a l’État capitaliste à tous ses niveaux de pouvoir d’absorber la gauche radicale quand celle-ci gagne des positions dans les conseils municipaux et dans les parlements. Depuis mai 2015, dans l’État espagnol, des gouvernements du changement sont parvenus au pouvoir au niveau municipal. La marge de manœuvre des municipalités est très limitée : en raison de l’obligation du paiement de la dette, les services publics qui peuvent être remunicipalisés après avoir été confiés au privé sont extrêmement limités puisqu’ils ne peuvent investir des moyens importants pour la remunicipalisation.
À Cadix, a eu lieu début juin 2017 la rencontre des municipalités contre la dette illégitime et les mesures d’austérité. Cette initiative a été lancée en novembre 2016 à partir du manifeste d’Oviedo qui réclame l’audit de la dette pour en déterminer la part illégitime. Ce manifeste « demande » aux municipalités fortes (Ahora Madrid, Barcelona en común...) de s’unir aux municipalités de taille moyenne et petite, étranglées par la dette, pour faire face au gouvernement. Si les gouvernements du changement optent uniquement pour agir comme de meilleurs gestionnaires de la misère des finances publiques, cela va être frustrant. S’ils combinent la meilleure gestion avec la réalisation d’une alliance des municipalités pour affronter ensemble le gouvernement espagnol alors il y a une alternative possible.
Les leçons de la capitulation du gouvernement d’Alexis Tsipras en Grèce
Une force de gauche qui prétend au changement doit s’engager à désobéir, à mobiliser les citoyens et à rechercher la solidarité des autres peuples. Si elle arrive au gouvernement, elle se doit de désobéir aux traités européens, aux diktats de la Commission européenne et des créanciers. Le cas grec en est l’exemple contraire. Tsipras est parvenu fin janvier 2015 au poste de premier ministre avec un appui populaire très fort mais il a fait le pari de maintenir une bonne relation avec la Commission européenne à travers des négociations interminables tout en continuant à payer la dette. Il pensait qu’il pourrait parvenir ainsi à une réduction importante de la dette, concédée par les autorités européennes. Cela n’est pas possible. L’Union européenne n’est pas réformable. Un gouvernement du changement doit utiliser la marge de manœuvre qui découle de l’appui populaire dont il bénéficie pour affronter la Commission européenne avec des arguments de justice sociale et la volonté d’en finir avec l’austérité. C’est là l’option de la désobéissance.
Une seconde leçon est qu’un gouvernement du changement doit s’engager à mobiliser les citoyens de son pays et du reste du continent. Tsipras et Varoufakis voyageaient régulièrement à l’étranger pour négocier avec des représentants de la Commission ou du FMI sans mobiliser le peuple grec, ni en appeler aux peuples européens à se solidariser avec les Grecs pour affronter la Commission européenne. Si Tsipras avait informé l’opinion publique en permanence du contenu réel des négociations et du chantage auquel son gouvernement était soumis, s’il avait convoqué des mobilisations, s’il avait adopté un discours offensif appelant les peuples d’Europe à se mobiliser pour des objectifs communs, la situation aurait été radicalement différente. La Grèce, un des pays les plus faibles et périphérique de la zone euro aurait été – en suspendant le paiement de la dette - en condition de gagner la bataille contre la Commission européenne.
Pour payer la dette, Tsipras a vidé le Trésor Public et exigé des administrations et entreprises publiques qu’elles transfèrent leurs liquidités à la Banque centrale. À cause de cela, il n’avait plus de ressource pour financer un plan d’urgence humanitaire à un niveau suffisamment important. Entre février et juin 2015, la Grèce a payé 7 milliards d’euros à ses créanciers sans recevoir un euro en contrepartie. Pendant ce temps, la BCE a utilisé tous les moyens de pression dont elle disposait. Dès le 4 février 2015, alors que le gouvernement Tsipras n’avait qu’une semaine d’existence, la BCE a bloqué les liquidités à l’égard des banques grecques ne mettant à leur disposition que les liquidités d’urgence bien plus coûteuses. Quelques mois plus tard lorsque Tsipras a convoqué le référendum, la BCE a également bloqué les liquidités d’urgence et le gouvernement grec a dû fermer les banques. La BCE a utilisé tous les moyens dont elle disposait contre le gouvernement de Tsipras tandis que lui n’en a utilisé aucun. Malgré le chantage auquel il était soumis, le peuple grec a rejeté massivement les exigences des créanciers le 5 juillet 2015. Tsipras a trahi ce mandat.
Pour les pays périphériques comme la Grèce, la désobéissance implique la suspension du paiement de la dette pour dégager une marge de manœuvre pour investir dans son économie.
Il faut combiner à cela d’autres mesures unilatérales : le contrôle des capitaux, la socialisation du secteur bancaire et l’augmentation du déficit budgétaire pour augmenter les dépenses publiques. C’est possible et nécessaire. C’est vrai que cela peut déboucher sur l’expulsion de la zone euro, même si les statuts de l’eurozone ne le prévoient pas puisque c’est à chaque pays de décider si il quitte ou non l’union monétaire. Je pense qu’avant de sortir il faut désobéir et ouvrir une marge de manœuvre pour activer une transition dans laquelle il est possible d’accumuler des forces et de maintenir l’appui populaire par la mobilisation, la participation et l’auto-organisation populaire.
C’est une option radicale et un gouvernement peut prendre des mesures fortes si il est parvenu à convaincre les citoyens de la nécessité d’une telle perspective : il y a des secteurs stratégiques qui doivent être transférés au secteur public. La santé, l’éducation, l’énergie ou le secteur financier privé doivent être transférés au secteur public. Les pouvoirs publics ont besoin d’instruments pour investir massivement dans la transition écologique et cela implique de socialiser le système bancaire.
L’Union européenne n’est pas réformable. Il faut donc mener la bataille à son encontre et montrer aux peuples qu’il y a des possibilités en utilisant la capacité de prendre des mesures unilatérales souveraines.
Traduction de l’espagnol : Virginie de Romanet en collaboration avec la rédaction du site CADTM.Source orginale : Manu Robles-Arangiz Institutua
Notes
|1| Ce texte correspond à la conférence donnée lors de la conférence internationale organisée à l’occasion du congrès statutaire de ELA, le principal syndicat basque, qui est un partenaire du CADTM international depuis une quinzaine d’années.
|2| Cela ne concerne pas que l’Europe. En Amérique latine, au Brésil, la politique désastreuse appliquée par le Parti des Travailleurs au pouvoir entre 2003 et 2016 a permis à la droite de revenir avec force au gouvernement.
|3| Ce qui importe dans le résultat de la campagne de JL Mélenchon et de la France Insoumise, c’est qu’elle a été perçue comme une rupture à gauche par rapport aux trahisons du PS et qu’elle a mobilisé des dizaines de milliers de citoyens et de citoyennes dans des rassemblements massifs.
Auteur:
Eric Toussaint, docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, porte-parole du CADTM international et membre du Conseil scientifique d’ATTAC France. Il est l’auteur des livres Bancocratie, ADEN, Bruxelles, 2014 ; Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet des livres AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège. Il a coordonné les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015 par la présidente du Parlement grec. Cette commission a fonctionné sous les auspices du parlement entre avril et octobre 2015. Suite à sa dissolution annoncée le 12 novembre 2015 par le nouveau président du parlement grec, l’ex-Commission poursuit ses travaux et s’est dotée d’un statut légal d’association sans but lucratif.
source: http://www.cadtm.org
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Par L-HERMINE ROUGE le 2 Juillet 2017 à 09:59
Communiqué de la Commission internationale du PRCF
GRAVES MENACE SUR LE PARTI COMMUNISTE DE POLOGNE.
Nous apprenons que de graves menaces pèsent sur l’existence légale du PC Polonais (KPP).
Le pouvoir cléricalo-fascisant du PiS (Droit et Justice), qui déjà, poursuit des militants du KPP devant les tribunaux, est en train de monter un dossier pour obtenir l’interdiction du KPP. C’est le ministère de la justice qui prépare ce mauvais coup contre la démocratie.
Le pouvoir tente de présenter le programme du PC comme anti-constitutionnel en s’appuyant sur l’article 13 de la Constitution qui condamne “les pratiques du système totalitaire”. L’utilisation du symbole ouvrier et paysan de la Faucille et du Marteau étant utilisé pour “démontrer” le lien entre le PC de Pologne et le totalitarisme.
C’est la Cour constitutionnelle qui tranchera sachant que le ministre de la justice est également procureur général et que les membres de cette Cour constitutionnelle ont été nommés par le pouvoir PiS…
Cette grave attaque contre le KPP et les libertés démocratiques en Pologne est le symbole de ce qu’est aujourd’hui l’UE : la Grèce matraquée à mort par une austérité sauvage et les libertés de pensée et d’organisation niées en Pologne.
Le PRCF appelle tous les démocrates à protester contre cette menace auprès de l’ ambassade de Pologne à Paris : paris.amb.info@msz.gov.pl
Poème de Martin Niemöller
Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n’ai rien dit,
Je n’étais pas communiste.Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n’ai rien dit,
Je n’étais pas syndicaliste.Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n’ai pas protesté,
Je n’étais pas juif.Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n’ai pas protesté,
Je n’étais pas catholique.Puis ils sont venus me chercher,
Et il ne restait personne pour protestersource: initiative-communiste.fr
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Par L-HERMINE ROUGE le 14 Juin 2017 à 14:20
INTERVENTION IMPORTANTE DU GROUPE PARLE-MENTAIRE DU PARTI COMMUNISTE DE GRECE CONTRE LA TRANSFORMATION DE LA GRECE EN POINT NODAL DE L‘OTAN
Les 15 membres du groupe parlementaire du Parti Communiste de Grèce ont, d’un bloc, posé une question devant le parlement grec adressée aux ministres de défense nationale et des affaires étrangères concernant le dégagement du pays de toute guerre et intervention impérialiste.
Question adressée aux ministres de défense nationale et des affaires étrangères
Sujet: Le dégagement du pays de toute guerre et intervention impérialiste.
Les décisions prises au cours des années passées par les gouvernements de Nouvelle Démocratie et du PASOK, ainsi que les décisions récentes du gouvernement SYRIZA-ANEL concernant l’implication de la Grèce aux guerres et aux interventions impérialistes continuent de lancer le pays et le peuple grec dans des opérations risquées et dangereuses.
Le slogan « ni de terre, ni de l’eau aux assassins des peuples » est un slogan scandé par le peuple grec aux fils des ans a l’occasion de la guerre menée par les Etats-Unis, l’OTAN et l’UE contre la Yougoslavie en 1999 et plus tard durant les guerres en Afghanistan, Iraq, Syrie et Libye. Ce slogan est scandé dans les manifestations populaires partout en Grèce ou notre peuple condamne les décisions gouvernementales permettant la participation des forces armées grecques aux exercices militaires de l'OTAN, ainsi que l'utilisation de la base militaire de Souda et autres bases et état-major se trouvant sur le territoire grec pour promouvoir les plans impérialistes générales.
Ces derniers jours, les ouvriers et les jeunes ont manifeste massivement a Chania exigeant la fermeture de la base opérée par les Etats-Unis et l’OTAN a Souda. De plus, en Alexandroúpolis et autre villes de Thrace, le peuple exige la non-utilisation du territoire grec pour le passage des forces armées militaires qui participeront à l’exercice militaire "Noble Jump" organisée par l’OTAN en Roumanie.
Selon la presse, 4,000 cadres des forces armées de l’Albanie, Bulgarie, Royaume Uni, Etats-Unis, Espagne, Lettonie, Roumanie, Norvège, Pays-Bas et Pologne participeront a l’ exercice militaire susmentionnée en Roumanie. La Grèce participera en tant que « pays hôte » permettant le passage par le territoire de la Grèce du Nord des unités britanniques, espagnoles et albaniennes le long des axes routiers Alexandroúpolis – Ormenio et Krystallopigi – Promahonas.
Selon les communiqués officiels, le gouvernement grec s’engage à offrir des facilitations au niveau de l'aéroport et du port d'Alexandroúpolis pour le chargement et le déchargement de personnel et des équipements. Le gouvernement mettra à la disposition des unités étrangères des installations de casernement pour le personnel. De plus, il proviendra à l’accompagnement et a la sécurité des troupes étrangères lors de leur entrée, passage et sortie de notre pays. Il organisera et encadrera un centre local de coordination et de support à Alexandroúpolis. Enfin et surtout, il mettra a la disposition des forces armées étrangères des services logistiques, médicales et de télécommunication.
Il va sans dire que cet exercice militaire de l’OTAN prépare le chemin, comme toutes les précédentes, pour de nouvelles guerres et interventions ainsi que pour la création d’une force militaire interétatique que sera, si nécessaire, utilisée contre les peuples.
Le gouvernement SYRIZA-ANEL est gravement responsable d’ayant suivi les pas des gouvernements grecs précédents qui au nom de la soi-disant doctrine de « valorisation géostratégique » de notre pays cède le territoire grec, nos casernes et mentes autres facilitations au mécanisme dévastateur de l’OTAN.
Dans ce contexte, les positions et la lutte du Parti Communiste Grec et du mouvement populaire ouvrier revêtent d’une importance particulière : “Ni de terre, ni de l’eau aux assassins des peuples”; dégagement immédiat de notre pays de toute guerre et intervention impérialiste ; fermeture immédiate de la base de Souda, ainsi que de toute autre base militaire et état-major opérée par les Etats-Unis et l'OTAN ; retour de nos troupes de toute mission en dehors de nos frontières ainsi que le départ ultérieur et permanent de notre pays de l'OTAN et de tout autre organisme impérialiste.
NOUS EXIGEONS que messieurs les ministres susmentionnés s'expriment sur la position du gouvernement vis-à-vis l'exigence populaire de non-implication de Grèce aux plans impérialistes et de la non-utilisation du territoire grec, des casernes et de sections de forces armées grecques lors de l'exercice militaire de l'OTAN "Noble Jump" et autres exercices militaires similaires.
En outre, quelle est la position du gouvernement grec vis-à-vis l'exigence populaire de non-renouvèlement du contrat concernant la base de Souda avec les Etats-Unis? Le gouvernement est-il-prêt à fermer cette base militaire ainsi que les autres bases des Etats-Unis et de l'OTAN dirigées contre le peuple grec et contre les autres peuples du monde ? »
Le 6 juin 2017
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Par L-HERMINE ROUGE le 28 Mai 2017 à 08:04
Les listes du “Panspoudastiki KS” (PKS), bloc électoral du MAS (Front de lutte des étudiants - affilié au PAME et à la Jeunesse communiste - KNE) remportent la seconde place dans les université grecques (20,69%) et la troisième place dans les instituts techniques - TEI - (20,70%) - article et traduction Nico Maury
Les listes du “Panspoudastiki KS” (PKS) sont l'émanation du MAS (Front de lutte des étudiants), une structure syndicale organisée autour des jeunesses communistes (KNE). Les communistes ont de nouveau pris la deuxième place dans les universités en remportant 20,69% des suffrages (9284 voix), et s'imposent comme une force non négligeable dans les Instituts techniques (TEI) avec 20,70% des suffrages (2.737 voix).
Ce score est en progression par rapport à 2015, ou le PKS avait recueilli 19,96% des voix et à 2016, ou le PKS avait recueilli 20,46% des voix. Depuis 2003, les étudiants communistes progressent d'élections en élections.
Le Panspoudastiki représente la première force dans de nombreux syndicats d'étudiants. Par rapport à l'année dernière, les communistes sont premiers dans 47 syndicats étudiants, et dans 25 d'entre eux, a une majorité absolue au sein du Conseil d' administration.La droite en tête des élections, Syriza totalement détruite
La droite universitaire "Nouveau Mouvement démocratique étudiant" (DAP) reste largement majoritaire avec 41,02% des voix dans les universités et 43,94% dans les TEI.
Le PASP (branche du PASOK) renforce ses scores avec 12,71% dans les université et 24,33% dans les TEI, où elle est la seconde force étudiante.
SYRIZA, avec sa branche étudiante Bloko, ne recueille que 1,04% dans les universités et 0,64% dans les TEI. Dans les universités, SYRIZA paie les conséquences des multiples capitulations de Tsipras face à la troïka, ses coupes budgétaires et son incapacité à se différencier des politiques menées par la ND et le PASOK.
Du côté des listes d’extrêmes gauche (EAAK), les scores sont de 7,72% des voix dans les universités et 1,05% dans les TEI.
Pour les listes d'Unité Populaire (AAS) il n'y aura pas de changement. Les anciens de Syriza reculent et leurs listes ne recueillent plus que 6,88% des voix et 0,91% dans les TEI.
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Par L-HERMINE ROUGE le 27 Mai 2017 à 22:05
La direction du FRONTE POPOLARE, mouvement communiste italien a accordé un entretien à la rédaction d’Initiative Communiste, le journal du PRCF
Dans la presse italienne, la victoire de Macron – dans un pays comme la France qui est en train de vivre de fortes contradictions et de nombreuses luttes sociales – a été exaltée presque unanimement et accueillie avec soulagement, ce que l’on peut aussi interpréter comme un soutien (même virtuel) aux actuelles classes dominantes européennes.
A l’exception de la Ligue de Salvini pro-lepéniste, les principales forces politiques ont sauté sur le char du vainqueur, y compris le Mouvement 5 étoiles de Grillo qui, tout en attaquant Macron en tant que “banquier”, évalue positivement le supposé éloignement des partis traditionnels et s’est dit “prêt à collaborer” avec Macron “pour une Europe à la hauteur des peuples”.
La tentative – même en Italie – de faire passer l’extrême-droite comme l’unique alternative aux élites ultra-libérales a été en partie ruinée par le fort résultat de la France Insoumise, ce qui a démontré qu’il existe un espace politique progressiste et de rupture.
Quel rapport entretenez-vous aujourd’hui avec l’Union Européenne ?
Nous considérons que la question de la nature de l’UE et la façon dont il faut la traiter, représentent pour la gauche de classe européenne une ligne objective de division pour le mouvement communiste.
Les faits les plus récents sont en train de faire tomber les uns après les autres masques et illusions avec lesquels avait été vendu le “projet européen”.
Ce dernier naît en réalité, depuis les origines, comme un projet anticommuniste – dans le contexte de la Guerre Froide – mené par les classes dominantes européennes, subordonnées aux classes états-uniennes, en tant que puissant instrument de destruction des droits sociaux et d’inversion des rapports de forces en faveur du capital.
En même temps, les traités et l’union monétaire ont déterminé un déplacement énorme du pouvoir économique et politique aux pays limitrophes de l’Union, en particulier en faveur du Grand Capital allemand et – en position subalterne – français.
De ce point de vue, la perte de 25 % de la production industrielle italienne depuis le début de la crise à aujourd’hui, atteste le caractère anti-national et parasitaire de nos classes dominantes qui, pour satisfaire leurs intérêts, ont accepté et soutenu ce scénario.
Les politiques suivies par l’UE assument de façon toujours plus claire les caractéristiques néocoloniales, comme le met en évidence le cas grec. Un pays touché par la crise à qui l’UE a imposé -contre l’avis contraire exprimé par le peuple Grec- privatisations massives, destruction des droits sociaux, coupes aux retraites, etc, pour recevoir des “aides” qui à 95 % sont allées directement payer les intérêts de la dette en faveur particulièrement des banques françaises et allemandes, et même en partie italiennes.Face à la perte de consensus subie ces dernières années et à l’aggravation des contradictions internes, les classes dominantes européennes semblent avoir l’intention de répondre avec une triple fuite en avant : plus de néolibéralisme, plus de fédéralisme et plus de militarisme.
Celui qui à gauche continue de proposer une possible réforme et à taire le nationalisme comme solution de rupture, se trompe d’analyse puisque l’UE ne s’est pas perdue en route, mais est née depuis le début avec ces objectifs politiques et que ses traités ne sont modifiables qu’avec l’accord unanime de tous ses États membres.
Celui qui théorise la possible réforme de l’UE soutient en substance que – dans des pays extrêmement variés par leur propre histoire, culture et surtout rapports de force internes entre classes – il est possible d’arriver simultanément à un échange radical dans le sens progressiste de la société.Une position qui s’est déjà avérée irréalisable et qui mène celui qui la suit, comme l’a montrée la capitulation de Tsipras, à trahir son propre peuple et à revêtir les habits de l’opposition à Sa Majesté.
La campagne électorale de Mélenchon et de la “France Insoumise” – même sans ignorer ses évidentes contradictions et les différences nationales – comme cela a été évoqué précédemment, a été importante même pour nous parce qu’elle a montré qu’il existe bel et bien un espace politique pour affirmer un projet politique de masse, de rupture progressiste et révolutionnaire face aux institutions européennes. Nous partageons pleinement à ce propos la position soutenue par le PRCF.
De ce point de vue, le mot d’ordre ItalExit créé par Eurostop, une plateforme sociale – dont nous sommes parmi les fondateurs – qui rassemble différentes organisations politiques et syndicales, nous semble être un facteur positif et inédit pour le valoriser et le faire vivre dans les luttes.
De manière certaine, il faut aussi repousser la thèse soutenue par certains qui – dans une période de confusion risque de se répandre même à gauche – selon lesquels le retour à la monnaie nationale représenterait en soi la fin de la crise et d’une grande partie des problèmes ; outre le fait que la crise est propre au système capitaliste dans son complexe, il faut par ailleurs être conscients qu’une sortie – surtout par la gauche – des institutions européennes déterminerait une forte réaction de la part de l’impérialisme et poserait immédiatement les questions centrales du commandement dans la société et de la lutte pour le pouvoir.
Comment êtes-vous en train de préparer le centenaire de la Révolution d’octobre ?
En novembre nous participerons à une initiative importante à Rome avec d’autres organisations proches de nous ; dans le même temps des initiatives sur le même thème sont programmées pour l’automne à Milan et à Turin. Parallèlement nous avons constitué un “Comité pour le Centenaire de la Révolution d’Octobre. (https://www.facebook.com/OttobreRosso17) avec l’objectif de rassembler d’autres camarades pour une commémoration qui ne soit pas seulement historique et “nostalgique” (même s’il est nécessaire de lutter contre le révisionnisme anticommuniste), mais qui fasse vivre la mémoire de la Révolution Russe tout en revendiquant la nécessité d’une transformation sociale radicale en l’Italie et dans le monde d’aujourd’hui.
source: initiative-communiste.fr (27/05/2017)
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Par L-HERMINE ROUGE le 9 Mai 2017 à 17:54Ajoutée le 9 mai 2017
Coralie Delaume interroge pour l'Arène nue l'économiste et professeur de finances Steve Ohana, auteur en 2013 de l'essai Désobéir pour sauver l'Europe (Max Milo).
Politique de l'offre, relation avec l'Allemagne, crise grecque, banques italiennes, Brexit : différentes thématiques sont passées en revue. On y comprend assez vite que le projet européen de Macron est inadapté.
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