• + d'infos sur le professeur Raoult ►https://france3-regions.francetvinfo.... 
     
    L'équipe de France3-Provence-Alpes-Cote-d'Azur a suivi à Marseille, l’une des plus importantes équipes au monde dans la lutte contre les maladies infectieuses et tropicales. Marseille, qui revendique sa place de leader mondial dans ce domaine, ouvrira en 2016 le premier IHU (Institut hospitalo-universitaire), regroupant chercheurs, médecins et industriels.
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  • COVID-19 : la résistance d’un pharmacien au nom de son serment

    Bruno Fellous est pharmacien à Levallois-Perret. Il raconte son parcours du combattant, malgré les tracasseries administratives, pour porter secours à ceux qui en ont le plus besoin pendant l’épidémie de Covid-19.

    « Donc, on s’est dit, au lieu de vendre les masques, on va les donner »

    « Il y a quelques jours, on a eu deux trois boîtes de masques [chirurgicaux et non FFP2, ndlr] par pharmacie, qu’on a été obligés de délivrer aux médecins à raison de 18 masques par semaine. Là, c’est un peu compliqué : il faut qu’ils [les médecins] signent un registre comme quoi on a bien délivré les masques, parce que le masque est quasiment devenu un stupéfiant. »

    « Aujourd’hui, on peut avoir un peu plus de masques. Je fais partie d’un groupement de pharmaciens. On a décidé d’acheter des masques et de les donner aux clients. Pour nous, il faut au moins que la population soit préservée et se protège. Donc on s’est dit, au lieu de les vendre, on va les donner […] par deux ou trois à ceux qui en ont le plus besoin. »

    « La résistance, c’est notre métier. On est là pour soigner des gens. On est là pour les protéger. J’ai signé un serment [de Gallien, serment des pharmaciens] quand j’ai commencé pharma. Donc, un moment, il faut prendre les armes et se dire ben on y va, et on donne les masques, on s’en fout, on se débrouillera. Si on doit se faire taper dessus, c’est pas très grave. Au moins on aura fait quelque chose pour la population. »

     

    source: https://yetiblog.org/

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  • COVID-19 : le triste record de plus de 1000 morts par jour en France

    Cachez la réalité, elle finit par vous rattraper. Depuis le début de la pandémie de coronavirus, la France avait choisi d’utiliser un petit stratagème pour minorer ses funèbres statistiques : elle ne comptabilisait que les “nouveaux cas en hôpitaux” et les “nouveaux morts en hôpitaux”. Rien sur les nouveaux cas et les morts “hors hopitaux” (dans les Ehpad, par exemple).

    Mais depuis deux jours, depuis le 2 avril très précisément, la France a été obligée de se conformer à la règle convenue internationalement : tous les cas et tous les morts doivent être comptés !

    Des chiffres officiels plus que doublés depuis le 2 avril

    Les premiers résultats cumulés “en hôpitaux + hors hôpitaux” sont juste terrifiants, plus que doublés en nombre de morts du Covid 19 ! Exemple ce samedi 4 mai :

    – morts en hôpitaux : +441
    – morts hors hôpitaux : +612 !
    – total : +1.053 morts… pour la seule journée du 4 avril (après +1.355 le 2 avril et +1.120 le 3) !!!

    Situation au 4 avril 2020 (source : Wordometers)

    Comparez avec les autres pays de ce sinistre peloton de tête : la France est devenue, et de loin, le premier pays du monde en nombre de nouveaux morts quotidiens de l’épidémie de Covid-19. Et encore, notez que nos statistiques ne sont réévaluées qu’à partir du 2 avril sans effet rétroactifs pour la période précédente… ce qui nous placerait, dans le cas contraire, au même niveau que l’Italie et l’Espagne !

    => NB : si l’on doublait – un minimum – le nombre de morts quotidiens avant la prise en compte des morts hors hôpitaux : le total des morts du Covid-19 en France dépasserait les 11.500 victimes !

    Considérez aussi le nombre de nouveaux cas pour la seule journée du 4 avril : + 7.788, loin devant tous les autres pays, États-Unis exceptés.

    Pendant ce temps-là, les salopards incompétents…

    Et pendant ce temps-là, les salopards incompétents pataugent, foncent dans le mur en nous entraînant dans leur délire, rétropédalent dans la confusion et surtout bien trop tard, incapables de la moindre décision sensée, engoncées dans leurs certitudes obscurantistes quand ce n’est pas dans la défense glauque de quelques intérêts criminels privés !

    Du côté médias, remarquez bien qu’ils continuent de s’accrocher aux chiffres de nouveaux morts “en hôpitaux” uniquement – +441 morts “seulement” en hôpitaux, c’est forcément plus “présentable” que +1.053 toutes chambres mortuaires confondues ! Certains poussent la fuite en arrière tellement loin, qu’ils s’enfoncent dans la pure ignominie :

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  • Covid-19 : les éléments d’un crime d’État sont réunis, les criminels connus

    Plus la pandémie de Covid-19 avance et répand ses ravages, plus l’idée d’un procès au pénal des responsables fait son chemin. Mais un procès au pénal survient toujours une fois le crime commis. Or le crime est en train d’être commis sous nos yeux dont nous sommes tous les potentielles victimes. Pouvons-nous attendre ?

    Tout d’abord, tous les éléments d’un crime par imprudence sont réunis :

    • une pandémie stupidement méconnue, puis niée,
    • pas de masques,
    • pas suffisamment de lits d’hôpitaux,
    • pas d’appareil de réanimation en nombre suffisant,
    • des sacs poubelles en guise de blouse pour le personnel soignant,
    • des médecins, infirmier.e.s, aides soignant.e.s, en effectif insuffisant et abandonnés à leur sort,
    • des Ehpad laissés à l’abandon…

    Un crime avec préméditation

    Mais il y a aussi les éléments caractérisés du crime avec préméditation :

    • refus des tests systématiques de dépistage, même lorsque le matériel est à disposition :

     

    • refus de nationaliser les entreprises de salut public, comme Luxfer, fabricant de bouteilles d’oxygène liquidé en 2019,
    • refus, malgré l’urgence, d’appliquer les traitements mis au point par des infectiologues de terrain et d’expérience comme le professeur Raoult…

    En cas de pandémie soudaine, les règles méthodologistes nous condamnent à mort !

    Je voudrais m’arrêter sur ce dernier point, pour montrer toute l’absurdité, toute l’obscénité de l’attitude méthodologiste. Les pandémies comme celle du coronavirus surgissent toujours à l’improviste, se répandent comme trainées de poudre, sèment leur œuvre de mort sur leur passage.

    S’il faut une quinzaine de jours pour mener les tests des traitements et en avoir les résultats selon les règles des méthodologistes, s’il faut ensuite plusieurs semaines pour valider “scientifiquement” la parade médicale au mal qui se répand, alors la science nous condamne à mort, car les pandémies se foutent des critères méthodologistes de la science et de ses délais interminables !

    => France, 3 avril 2020 : +1.120 morts (588 hors Ehpad + 532 en Ehpad désormais comptabilisés) :

    Source : Worldometer

    L’urgence : neutraliser les criminels sans attendre l’après-pandémie

    Le comportement criminel de nos autorités politiques et sanitaires est aujourd’hui avéré. Les coupables sont connus : Emmanuel Macron (Président de la République), Édouard Philippe (Premier ministre),  Agnès Buzyn et Olivier Véran (ministres de la Santé), Bruno Le Maire (ministre de l’Économie), Jérôme Salomon (Directeur général de la Santé), les directeurs généraux des Agences régionales de Santé (ARS), les présidents directeurs-généraux de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), le préfet Lallement (pour la partie policière de ce crime)…

    La priorité des priorités, en terme de salubrité publique, voudrait que ceux-là soient immédiatement placés en état d’arrestation, mis hors d’état de nuire avant même cette après-pandémie, lorsque le temps sera venu de les juger pour leurs crimes. Il arrive même qu’en « temps de guerre » – c’est eux qui le disent – les criminels et les traitres à la nation soient passés par les armes.

    En attendant, leur désobéir à tous les niveaux, principalement médicales, est un devoir. Résister à leurs directives criminelles en prenant nous-mêmes les décisions qui s’imposent à tous les niveaux est une nécessité en même temps qu’une urgence vitale.


    SIGNEZ ET PARTAGEZ CET APPEL AUX MÉDECINS POUR QU’ILS APPLIQUENT SANS TARDER LE PROTOCOLE RAOULT À LEURS PATIENTS

    Cliquer sur l’image pour signer l’appel.

    Pierrick TILLET

    source: https://yetiblog.org/

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  • La crise profonde liée à la pandémie du  et à la crise systémique du Capitalisme posent de nombreuses questions. Alessio Arena, secrétaire national du Fronte Popoplare en Italie, Jean-Pierre Page – militant syndical CGT bien connu, Fadi Kassem – secrétaire national adjoint du PRCF, et Annie Lacroix-Riz – professeur d’histoire contemporaine – ont accepté de répondre en exclusivité aux questions d’Initiative Communiste. L’occasion d’apporter avec leur point de vue de communistes italien et français, de syndicaliste et avec l’éclairage historique de la connaissance des grandes crises du système capitaliste, une analyse de la situation, de ses causes et conséquences, et des solutions et mobilisation à construire dès maintenant pour s’en sortir.

    Vous trouverez ci-après la première partie de cet  réalisé entre Paris et Milan le 29 mars 2020.

     

    Initiative Communiste : Comment selon vous le mode de fonctionnement de la société actuelle, sur les plans national, européen et mondial, a-t-il précipité la diffusion du virus et l’engorgement catastrophique des systèmes de soins ?

    Annie Lacroix-Riz : Le péril de pandémie est signalé par les scientifiques du monde depuis vingt ans. Comme dans toute l’ et le « monde libre », les gouvernements de France, qui gavent les grands groupes, ont cassé l’université et la recherche autant que le système de santé. Ils ont estimé que la recherche des vaccins, peu rentables, surtout dans le monde sous-développé que l’impérialisme mondial tient dans la misère, devait s’arrêter. Le gouvernement français a rappelé en mars 2020 qu’il maintenait sa ligne des « appels à projet », à court terme, qui ont porté une atteinte fatale à la recherche, fondamentale et appliquée.

    Les mandataires des monopoles ont cassé notre système de santé, avant de passer à nos retraites, pour pouvoir le remettre aux assurances privées. Quant aux médicaments, ils ont cessé d’être fabriqués en France (et dans toute l’Union européenne parce que les groupes pharmaceutiques les jugent « non rentables »). À leur guise, les groupes pharmaceutiques les déclarent en « rupture de stock », pour pouvoir en faire exploser les prix [1]. Le capitalisme à son stade actuel est incompatible avec la santé des populations : il faut absolument lire ce « jeune retraité de la recherche pharmaceutique » qui démontre que, « sous les apparences d’un pays à la modernité clinquante, se cache une réalité digne du Tiers-Monde » [2], bref, « les eaux glacées du calcul égoïste »[3].

    Jean-Pierre Page : Beaucoup de choses sont dites sur la pandémie de , sur les retards, la sous-estimation, les consignes contradictoires et y compris sur le choix politique délibéré de dissimuler, de ne rien faire ou de laisser traîner les choses de manière irresponsable. Tout ceci est très important, mais est-ce cela l’essentiel ?

    Cette crise sans précédent n’est pas la conséquence d’une fatalité ou d’une punition divine qui se serait abattue sur nous comme les 10 plaies d’Egypte. C’est le résultat de décisions politiques et économiques, de choix et de priorités stratégiques et finalement d’une crise systémique annoncée. Goldman Sachs la prévoyait pour mars 2020 ; le Forum de Davos s’en était fait l’écho : nous y sommes, et cela s’accompagne d’un coup d’Etat social !

    La crise bouleverse complètement la donne et soulève une foule de questions inédites, en particulier pour les travailleurs et les peuples. Elle oblige à réfléchir autrement, d’abord dans l’urgence car des vies sont à sauver et cela implique de se donner les moyens pour cela. Ensuite, elle exige de réfléchir sur la stratégie à suivre si l’on veut être à la hauteur des exigences : elle suppose de faire un état des lieux précis – y compris internationalement – voir en quoi l’état des forces en présence est en train d’être modifié et même d’être profondément bouleversé.

    La pandémie est mondiale : plus de 170 pays sont frappés, mais tout le monde ne le sera pas de la même manière. Pour les peuples, le prix à payer sera très lourd : le recul social et celui des libertés s’annonce sans précédent, les inégalités déjà criantes vont s’aggraver. On dit que la meilleure défense c’est l’attaque ! C’est ce que veut faire le Capital en se servant de cette situation comme prétexte pour un vaste « coup de torchon ». Le capitalisme a toujours su le faire avec l’usage des guerres ! Aujourd’hui, il veut passer aux actes ; toutefois, avec des risques véritables pour lui, car le cataclysme que nous vivons est aussi un formidable révélateur. Au fond, il faut observer les causes si l’on veut comprendre comment on en est arrivé là !

    Alessio Arena : Tout d’abord, nous devons examiner comment l’économie mondiale s’organise actuellement, des marchés financiers aux chaînes de production. Le monde contemporain développe un niveau d’interconnexion sans précédent entre des régions et des peuples auparavant très distants les uns des autres. La fragmentation des chaînes de production et la répartition des processus particuliers dans des usines de production distantes de milliers de kilomètres, la circulation de plus en plus “libre” des capitaux à l’échelle mondiale, qui alimente d’énormes bulles spéculatives et des cycles de “valorisation” purement virtuels, mais aussi le modèle de consommation impliquant d’énormes masses de population, ont engendré une mobilité humaine inédite. Ce n’est pas un hasard si cette contagion s’est d’abord étendue aux principaux centres économiques des différents pays et s’est davantage enracinée là où la productivité est plus élevée et où, par conséquent, la mobilité sociale et la concentration de la population sont plus prononcées. Jamais auparavant la production de richesse n’a été socialisée comme aujourd’hui, dans une perspective où la socialisation s’étend à l’échelle planétaire. Jamais la richesse n’a été concentrée dans les mains de si peux d’individus par rapport à la population.

    Fadi Kassem : Le mode de fonctionnement actuel porte un nom : le système capitaliste et ses déclinaisons : nationale, avec le MEDEF comme principal représentant en France ; européenne, à travers l’UE qui, dès ses origines remontant bien avant 1945, n’est qu’un cartel d’industriels, banquiers, financiers et grands commerçants défendant ses intérêts de classe et ses profits ; et mondiale, à travers ce qu’Alain Minc a nommé la « mondialisation heureuse ». Ce capitalisme a opté pour un visage dit « néolibéral » depuis 45 ans, une « nouvelle raison du monde » qui sanctifie un « sujet entrepreneurial » consacrant sa vie tout entière au travail (effaçant au passage la distinction entre vie privée et vie professionnelle), chante les mérites de « l’offre », du « risque », de la « liberté d’entreprendre », dénonce les « contraintes » que seraient les « législations sociales » et autres normes (notamment environnementales et… sanitaires !), et finalement démantèle les services publics nationaux, jusque dans leur appellation : l’UE ne parle pas de services publics mais de « services d’intérêt général » qui, selon la Commission européenne, « peuvent être fournis par l’Etat ou le secteur privé ».

    Annie Lacroix-Riz : La liquidation multi-décennale de l’industrie, prioritairement organisée dans les pays à forte combativité ouvrière, comme la France et l’, a des conséquences lisibles dans la gabegie sanitaire présente : en mai 2019, la direction britannique de l’usine Luxfer de Gerzat (Puy-de-Dôme), « la seule en Europe à fabriquer des bouteilles d’oxygène médical », l’a fermée, comme elle l’avait annoncée fin 2018 malgré des résultats florissants (jamais assez) [4]. On peut dresser le même bilan en tout domaine. Et que dire de la non-production des tests de dépistage, qui pour les mandataires du capital, « coûterait “un pognon de dingue” »[5], des masques, des vêtements de protection? Les effets de la « mondialisation », qui n’a été qu’une course délirante à la baisse des salaires et revenus non monopolistes, sont désormais démontrés.

    Alessio Arena : C’est pourquoi il faut définir une politique industrielle pour la crise qui garantisse l’accès de la population aux biens nécessaires pour faire face à la période de quarantaine. Mais en même temps, il faut garantir la sécurité et la santé sur les lieux de travail qui devront continuer à fonctionner pendant un état d’urgence qui va durer plusieurs mois. Pour ce faire, nous ne pouvons cependant pas compter sur le gouvernement et les patrons. En Italie, Fronte Popolare a lancé le mot d’ordre du contrôle ouvrier sur la sécurité sanitaire et du pouvoir de direction des travailleurs sur la production, qui doit être reconnu par une loi. Cela correspond aux principes déjà inscrits dans notre Constitution. Il est impératif que les classes laborieuses proposent une politique industrielle de la crise et une capacité à guider la société dans son ensemble, définies en fonction de leurs intérêts, qui, à l’heure actuelle, correspondent plus que jamais à l’intérêt général du pays.

    Alessio Arena : En Europe occidentale, dans les décennies de la guerre froide et aussi grâce à la pression du camp socialiste, les luttes sociales ont imposé le développement de systèmes de protection sociale souvent à l’avant-garde et richement financés. C’est le cas de l’Italie, qui a créé en 1978 son Service national de santé sur la base des principes de gratuité et universalité. Les trente années du régime de Maastricht n’ont pas réussi à expulser complètement ces principes de notre système : c’est pourquoi, dans cette crise, notre santé publique montre encore des éléments de qualité. Cependant, ce modèle a été fortement pollué : en 2001, une réforme constitutionnelle a régionalisé le système de santé, augmentant les inégalités entre les citoyens en matière d’accès aux soins. Une grande partie des ressources a été détournée des soins de santé publics vers le secteur privé. Rien qu’au cours des dix dernières années, la santé publique a perdu 37 milliards d’euros de financement. Cela a entraîné une réduction drastique des lits d’hôpitaux, une diminution des unités de soins intensifs qui, au début de la crise du coronavirus, étaient moins de 6 000 dans tout le pays, une baisse du nombre de médecins par habitant et un effondrement du nombre des infirmiers. Ces facteurs et d’autres encore, ont provoqué la détresse de notre système de santé dans cette phase d’urgence, à laquelle la mobilisation des meilleures énergies du pays – des énergies parfois extraordinaires – tente de remédier tardivement.

    Fadi Kassem : Oui, la stratégie néolibérale a débouché sur une immense vague de privatisations et de dérégulations afin, d’une part, d’assurer une « totale liberté de circulation » (surtout des capitaux, amateurs de paradis fiscaux et autres « zones franches ») au sein d’un monde « sans frontières » – chose que revendique notamment le MEDEF dans son manifeste Besoin d’aire de 2012 – ; d’autre part, de réduire les « coûts » et les « déficits budgétaires » en sabrant dans les « dépenses » sociales concernant des secteurs comme les transports (autoroutes, SNCF), les énergies (ex-EDF et GDF), l’Education nationale… et bien entendu les structures hospitalières jugées insuffisamment « rentables » et « efficaces ». Résultat : en France, 17.500 lits d’hôpitaux de nuit ont été fermés entre 2013 et 2019, et le budget 2020 prévoyait une coupe budgétaire de 3,5 milliards d’euros pour le secteur de la santé !

    Jean-Pierre Page : De quelles armes dispose-t-on alors pour se défendre et pour vaincre ? Comment passer à l’offensive quand l’adversaire de classe est sur la défensive, comment passer à l’acte par l’initiative et si oui, comment en tirer avantage pour partout affaiblir et durablement les positions du Capital ? Il n’y a pas d’autres voie que de s’adresser au peuple, aux travailleurs pour les appeler à refuser de subir et à entrer en résistance sous toutes les formes possibles. Nous ne sommes pas à contre-courant, les luttes récentes en portent témoignage. Toute action participe au rapport des forces et à inverser le cours des choses : agir contre les réquisitions, utiliser le droit de retrait de manière systématique, refuser les licenciements, prendre le contrôle de la production partout ou c’est possible et nécessaire pour assurer la vie des gens. On nous parle de nationalisations, mais quelles nationalisations ? Rappelons-nous qu’en 2008 on a nationalisé mais pour utiliser l’argent publique et privatiser ensuite. Alors de quoi parlons nous ! Passer à l’offensive, c’est donc appeler sans tarder les travailleurs à assumer leurs responsabilités à tous les niveaux. Il ne saurait y avoir de domaine réservé.

    Fadi Kassem : Aujourd’hui, nous voyons combien cette stratégie austéritaire, dictée par l’imbécile Banque centrale européenne attachée à ses dogmatiques « critères de stabilité et de convergence » maastrichtiens et par les « recommandations » de la Commission européenne, appliquée par des euro-gouvernements zélés comme celui du tandem Macron/Philippe, a plongé les pays ayant appliqué la « thérapie de choc » néolibérale dans le désastre. Il est significatif de constater que ¾ des décès se concentrent en Europe, particulièrement en Italie, en Espagne et en France… soit les pays du « club Med » (comme les nomme avec dédain Angela Merkel) qui ont le plus souffert de la mise en œuvre dictatoriale des directives et autres « recommandations » européistes ; et si jamais la Grèce est sévèrement touchée à son tour par la pandémie, gageons que les conséquences seront désastreuses.

    Annie Lacroix-Riz : On notera cependant l’avantage relatif de l’Allemagne, qui a écrasé, depuis 2008, ses « partenaires » de l’Union européenne par ses exigences d’austérité et de « paiement de la dette » ‑‑ dette privée des banques transformée en dette publique ‑‑ qui ont, entre autres, de 2010 à 2015 et depuis appauvri la population grecque autant que sous l’Occupation allemande. Il reste au tuteur de l’UE, qui a frappé durement sa propre population mais qui, à la différence de ses États satellites, n’a pas entièrement cassé son industrie, des avantages dans la gestion de la crise sanitaire (tests, équipements, masques, etc.). À cette date, l’Italie, l’Espagne et la France ont perdu toute autonomie : la marée de l’infection dans les pays latins, où la population n’est pas testée, pas protégée (soignants en tête), pas traitée, illustre les merveilles de « la concurrence libre et non faussée », du « renard libre dans le poulailler libre ».

    Jean-Pierre Page : Certes, les modifications du rapport des forces intervenu il y a 30 ans ne sont pas sans influence, la prétendue « Fin de l’histoire » a donné des ailes au néolibéralisme et à l’unilatéralisme, à une vision hégémonique organisant le chaos, justifiant une conflictualité permanente et des guerres qui ont été banalisées ; en outre, la frénésie financière s’est développée comme jamais, l’explosion des inégalités et l’enrichissement obscène d’une petite oligarchie mondialiste n’ont cessé de croitre, la pensée dominante est devenue le prêt à porter des médias, la « gauche » politique et syndicale s’est convertie au « capitalisme à visage humain ». Ce fonctionnement au service exclusif de la classe dominante a produit une crise économique, sociale, environnementale, alimentaire, politique et démocratique sans précédents pour les peuples mais pas pour les privilégiés. Maintenant vient le moment du prix à payer.

    Pour le capitalisme dominant, il n’y a pas d’autres choix que de présenter la note aux peuples et aux travailleurs. Il y aura des dommages collatéraux mais, nous disent des politiciens américains, « si c’est le prix à payer pour sauver l’économie américaine, alors il faut accepter de faire ce choix, en sachant qu’il faudra décider qui parmi les victimes » ; les nazis avaient beaucoup recouru à l’eugénisme pour justifier leurs crimes. Les gouvernements au service exclusif du Capital craignent en effet de voir les places boursières continuer à s’effondrer. Pour eux, le danger est là et ils s’attendent à voir s’aggraver plus encore une récession qui, elle, n’avait pas attendu le coronavirus. Résultat : on fait pleuvoir les milliards, mais on se demande comment fabriquer des masques, des ventilateurs respiratoires, des lits pour les hôpitaux. On encourage les pays du Sud à s’endetter plus encore en faisant appel au FMI pour accroitre leur dépendance. Les priorités du Capital ne sont pas et ne peuvent pas être les nôtres : pour le système dominant il faut assurer sa survie ; pour les peuples, il y a là un défi à relever !

    Annie Lacroix-Riz : C’est important de le souligner : « l’Europe » de Bruxelles n’a rien de plus pressé à faire – en sus de gaver ses monopoles de fonds que les travailleurs-contribuables devront rembourser, comme après 1931, comme après 2008 – que d’examiner au 26 mars les conditions d’adhésion à l’UE de l’Albanie et de la Macédoine du Nord. Et que son tuteur allemand a simultanément déclaré qu’il gâterait ses seuls monopoles, excluant toute mutualisation « européenne » avec les États satellites.

    Alessio Arena : Il n’y a aucun doute que nous sommes confrontés à un double échec : celui du néolibéralisme et celui de l’Union européenne, qui a été la grande source d’inspiration et d’orientation de l’effondrement des services publics et des politiques d’austérité. 

    Jean-Pierre Page : Il y a des signes de prises de conscience de cela. Le rapport annuel 2020 du très libéral laboratoire de recherches Edelman, qui porte sur une étude auprès de 35 millions de personnes des 5 continents, montre que 74% de l’opinion mondiale considère que le capitalisme est un système injuste, 56% qu’il fait plus de mal que de bien et 73% pensent qu’il faut changer de système. Aujourd’hui, la démonstration est éclairante : le capitalisme entraîne l’humanité vers le gouffre, il n’y a donc pas à réfléchir indéfiniment et de manière savante sur ce que doit être l’alternative. Si le capitalisme est partout en question et mondialement sur la défensive, ne faut-il pas envisager cette situation à haut risques comme également une période de choix et d’opportunités ? Paul Nizan disait : « la bourgeoisie comme classe doit convaincre qu’elle agit pour le bien de l’humanité et elle doit faire en sorte de le croire elle-même »

    Car tout ramène finalement au choix de société que nous voulons et aux moyens que l’on se donne pour y accéder. Si nous sommes en guerre – et c’est une guerre sociale –, comment allons-nous faire face, avec quels moyens, pas dans des mois ou des années, mais maintenant ?! Le temps presse, et c’est bien de résistances et de lutte des classes dont il faut parler ! Nos prédécesseurs l’ont fait quand il s’est agi de combattre le fascisme : Nous vivons une de ces périodes où l’histoire s’accélère.

    Il y aura un avant et un après : les choses doivent changer radicalement. Tout ce que nous vivons actuellement ne sera pas mis entre parenthèses, les choses ne reprendront pas comme avant, à la même place ! Le croire serait tromper ceux qui sont autour de nous et se berner soi-même.

    Initiative Communiste : Les autorités françaises et européennes ont-elles, selon vous, réagi de manière opportune et pertinente face à l’épidémie ?

    Jean-Pierre Page : La première décision du G7 a été de déverser des milliards d’aide aux entreprises et aux banques ; mais dans le même temps, on est incapable de donner les moyens au système de santé d’assurer ses missions. La France est un exemple : depuis de nombreuses années, elle connaît les luttes de médecins, d’infirmières, d’urgentistes, d’aides soignants. Pour faire face à cette situation catastrophique, le gouvernement mobilise 45 milliards et de nouveaux cadeaux pour soutenir les entreprises et les banques… et 2 milliards pour la santé : c’est la recette du pâté de cheval et d’alouette ! Autre exemple, plus extrême, celui des Etats-Unis où plus de 50 millions de personnes sont sans protection sociale, où l’on compte un taux de 2,8 lits pour 1000 habitants quand il est de 12,3 pour la Corée du Sud, et même de 3,2 pour l’Italie (selon la Banque mondiale). Le confinement pour un travailleur américain équivaut à perdre son salaire, ses indemnités, sa couverture santé minimum, mais il n’y a pour lui ni sécurité, ni dépistage ; être traité contre le coronavirus vous coûtera 32000 dollars. Il faudrait, selon le ministre de la santé états-unien, plus du double de ventilateurs pour faire face à ce qui s’annonce comme le pire ; déjà, le comptage sordide des victimes montre qu’il est plus élevé qu’en Chine. Pour résoudre ce problème et comme dans un film de série B, les Etats-Unis ont cherché précipitamment, mais en vain, à accaparer des ventilateurs en Corée du Sud en échange d’obtention de contrats ; ils ont aussi cherché à dévaliser un laboratoire allemand de recherches mettant au point vaccins et traitements contre l’épidémie.
    On pourrait multiplier les exemples ! Comment s’étonner alors de l’asphyxie du système hospitalier quand il a été et est soumis aux choix du libéralisme le plus cynique, aux privatisations, au pillage, à la corruption, au piratage et à la marchandisation ?

    Alessio Arena : Concernant l’Italie, la première question à se poser est de savoir si la situation est sensiblement différente du reste de l’Europe. Il est certain que le premier foyer d’infection en Italie a été détecté entre le 21 et le 22 février et que, dès lors, la situation a explosé dans toute sa gravité. Les semaines suivantes ont permis de démontrer qu’il y avait eu des foyers d’infection depuis longtemps dans d’autres pays, dont certains ont connu dans les semaines suivantes une augmentation de la propagation du Covid 19 encore plus rapide que l’Italie.

    Le nombre de personnes infectées se nivelle rapidement dans tout le continent, tandis que les États-Unis ont dépassé depuis des jours l’Italie et la Chine en nombre total de cas détectés, et il convient de rappeler que dans ce pays, les structures médicales destinées à protéger les couches plus pauvres de la population sont infiniment plus faibles que celles disponibles en Italie. Il est nécessaire de souligner, dans ce sens, que la science nous dit que le nombre de personnes réellement infectées est probablement un multiple de celui qui a été établi (certaines estimations disent même dix fois plus) et que les mesures de confinement servent à contenir et à briser la chaîne de diffusion d’une contagion qui est déjà, malheureusement, un phénomène de masse.

    Fadi Kassem : La première responsabilité des autorités françaises et européennes est d’avoir sous-estimé, voire carrément négligé la menace : en janvier 2020, Yazdan Yazdanpanah, membre du Conseil scientifique auquel aiment tant se référer les macronistes pour justifier leurs (non-)décisions, assurait que la France ne serait pas touchée par la pandémie ; le 6 mars 2020, au théâtre, Macron expliquait avec une infantile inconséquence qu’il fallait que « la vie continue » et qu’« il ne faut pas, sauf pour les populations fragiles, modifier les habitudes de sortie » ; le 15 mars 2020, il sortait fier-à-bras de la mairie du Touquet pour exhorter la population à accomplir son « devoir civique » en votant aux élections municipales ; remarquons d’ailleurs que nombre d’assesseurs officiant dans les bureaux de vote ce jour-là ont été contaminés…

    Jean-Pierre Page : La crise que nous vivons autour de la pandémie est aussi celle des relations internationales. Où est la coopération ? Où sont l’impulsion et la mobilisation des pays les plus développés ? Elle n’existe même pas au niveau européen, et pour cause : le seul objectif des gouvernements et des institutions européennes, c’est de sauver l’Euro.

    Alessio Arena : S’agissant de l’adéquation des mesures prises par les gouvernements et l’Union européenne, la question est complexe. Les mesures prises par le gouvernement italien, bien que manifestement tardives car il fallait se préparer dès l’apparition du coronavirus en Chine, ont été les plus rapides en Europe : l’Italie a été objectivement le premier pays à identifier un foyer et à prendre des mesures. Mais il s’agissait aussi de mesures très graduelles, limitées par l’obéissance du gouvernement aux priorités dictées par le patronat : le refus d’établir une zone rouge dans la province de Bergame, la plus touchée par l’épidémie mais aussi l’une des plus industrialisées du pays, est emblématique. 

    Fadi Kassem : Même causes, mêmes effets en France : alors que la pandémie se répandait sous leurs yeux – le 6 mars, le préfet du Haut-Rhin évoquait un « stade 2 avancé » pour le département qui saturait déjà –, Macron et le gouvernement Philippe ont continué de faire comme si de rien n’était, incapables d’anticiper quoi que ce soit ; désormais acculés, ils tentent de sauver les meubles. Seulement voilà : les masques, les lits d’hôpitaux et les respirateurs manquent… et le personnel médical, admirable de courage et de dévouement mais exténué et en colère (à juste raison), commence à compter ses morts ; et plutôt que d’utiliser l’un des rares traitements potentiellement efficaces, la chloroquine, le gouvernement entre dans une vaine et stérile « polémique » faisant perdre un temps fou.

    Alessio Arena : En ce qui concerne les autres pays européens, la situation doit être évaluée en partant du principe qu’il est très peu probable que le virus soit arrivé en Italie avant que ce soit le cas en France, en Allemagne ou en Espagne. La question est de savoir si quelques gouvernements ont tenté d’obtenir un avantage dans la concurrence sur les marchés mondiaux, en appliquant au moins partiellement la politique que Boris Johnson à déclaré publiquement de façon si maladroite : laisser la contagion se diffuser et espérer une “immunité des troupeaux”.  Une telle attitude, pleinement dans l’esprit antihumain du capitalisme, constituerait un véritable crime contre l’humanité et il est de notre devoir, en Italie comme en France et ailleurs, de nous battre pour que ce point soit pleinement éclairci.

    Fadi Kassem : Totalement dépassés, les gouvernements italien, espagnol et français ne peuvent de surcroît compter sur l’UE – mais cela n’est pas une surprise – qui rechigne à « suspendre » (et certainement pas abandonner) ses imbéciles « critères de Maastricht ». A tel point que la presse italienne crache – légitiment et très justement – son venin sur l’UE et estime que « le projet européen est terminé ». Il faut admettre que les Italiens ont de quoi râler contre la « solidarité » de l’UE : la République tchèque a ainsi détourné des masques de protection en provenance de Chine et qui leur étaient destinés !

    Annie Lacroix-Riz : Cette pandémie, qui s’est heurtée à une effarante passivité, chronologiquement démontrée, notamment en France[6], est une épreuve de vérité contre la propagande et l’idéologie dominantes. Enfin s’affiche la différence fondamentale entre les pays socialistes qui, si atteints qu’aient été ceux qui ont survécu à la chute de l’URSS, accablés par les sanctions impérialistes, tiennent tant à la santé de leurs travailleurs et se portent au secours de ceux du « monde libre », et le pays du capitalisme triomphant, qui n’a jamais cessé de maltraiter les siens (la synthèse de l’historien américain Howard Zinn l’a rappelé)[7]. On peut penser que beaucoup d’Italiens s’en souviendront. Elle est où, la dictature?

    Initiative Communiste : Justement, que vous inspire le fait que l’UE et les USA sont au mieux, restés passifs face à la catastrophe italienne, sans parler des « pays de l’Europe du Nord » ordinairement montrés en exemple par les médias, alors que la Chine populaire prenait des mesures drastiques efficaces chez elle et que Cuba socialiste ou le Venezuela bolivarien strangulés par le blocus occidental, envoyaient aussitôt de l’aide médicale à l’Italie (c’est d’ailleurs aussi le cas de la Russie et de la Chine, inlassablement présentées comme nos ennemies !) ?

    Alessio Arena : En tant qu’Italiens et communistes, nous remercions la Chine, Cuba, le Vietnam et la Russie pour l’aide qu’ils ont apportée à notre peuple. D’autre part, le peuple italien a toujours fait preuve d’une forte solidarité internationale et nous pouvons dire que cette aide montre la solidité de liens de solidarité mutuelle consolidés au fil du temps et de nombreuses urgences. Nous demandons également à notre gouvernement de contribuer à mettre fin à la politique de sanctions économiques de la part de l’UE et des États-Unis, qui persiste même pendant cette situation d’urgence et à laquelle les gouvernements italiens de toutes les couleurs se sont souvent et volontairement associés.

    Quant à l’Union européenne, elle mérite d’être étudiée en profondeur séparément. La question des “coronabonds” révèle le caractère du projet “ultra-impérialiste” que représente l’UE et remet en cause son caractère et sa hiérarchie, à la tête de laquelle l’impérialisme allemand s’est placé jusqu’à présent. Une fois de plus, nous pensons que les classes ouvrières doivent passer à l’offensive : nous sommes en train de définir avec nos alliés une campagne en ce sens, composée de propositions concrètes, que nous espérons développer en Italie et ailleurs.  Ce qui est sûr, c’est que le modèle européen montre aujourd’hui son échec et que son amputation est nécessaire pour éviter que le continent tout entier, coincé par l’emprise de la crise sanitaire actuelle et de la crise économique à venir, n’entre de façon irréversible dans une gangrène sociale.

    Fadi Kassem : En réalité, dans cette crise, ce sont la Chine populaire, le Venezuela bolivarien et Cuba socialiste qui sont à l’avant-garde du combat, apportant des masques et personnels médicaux et ayant, dans le cas de la Chine, opté pour une stricte politique de confinement ayant porté ses fruits pour juguler la diffusion du virus. Les Italiens ne s’y trompent pas : voici que le drapeau de l’UE est désormais descendu et remplacé par celui de la Chine populaire ! Et pendant ce temps, l’illuminé Trump refuse d’aider financièrement le Venezuela pour lutte contre le virus et accuse les Chinois d’être responsable de la diffusion du virus…

    Jean-Pierre Page : Oui, les Etats-Unis utilisent la crise sanitaire pour accroitre les tensions en s’en prenant systématiquement à la Chine, jusqu’à refuser de signer la déclaration commune du G7 au nom du fait qu’il faudrait stigmatiser l’action du Parti communiste chinois (sic). Les Etats-Unis instrumentalisent le système onusien et contestent le rôle, l’action lucide et responsable de l’OMS. Ils paralysent le multilatéralisme au bénéfice de l’unilatéralisme qu’entend poursuivre Washington comme dans le cas du Venezuela. L’obsession hégémonique américaine sur l’Amérique latine vient de conduire un tribunal américain à inculper Nicolas Maduro .Les manœuvres de l’OTAN « Defender 2020 » se poursuivent en Europe et vont jusqu’à établir un lien entre la pandémie et des préparatifs de guerre y compris nucléaire contre la Russie.

    Je pense donc, qu’on ne peut parler de passivité de l’UE et des Etats-Unis. L’impérialisme est plus que jamais dangereux et ne masque pas la permanence de ses intentions belliqueuses à fortiori quand il se trouve placé sur la défensive. Dans ce contexte, il a d’autres préoccupations que de s’intéresser à l’Italie, où la tragédie à laquelle on assiste fait figure pour Bruxelles et Washington de simples « dégâts collatéraux ».

    Je veux ajouter que les peuples en Europe font l’expérience amère et concrète de ce qu’est la finalité de l’U.E et ce à quoi elle sert. Pour éviter la faillite de l’euro, la BCE mobilise 750 milliards pour soutenir le Capital spéculateur, mais pas un euro pour se doter des équipements hospitaliers ou encourager la recherche médicale alors que nous sommes en manque de masques, de lits en réanimation et de ventilateurs respiratoires.

    A l’inverse, à Cuba, où la santé est gratuite, on forme 15.000 professionnels de santé par an, on mobilise tous les moyens matériels et humains face à l’épidémie. La recherche y a fait des progrès spectaculaires, au point de placer Cuba aux tous premiers rangs des pays dans la lutte contre le cancer. Pourquoi ne parle-t-on pas du traitement des chercheurs cubains mis au point pour soigner le coronavirus ? En Chine, on a innové, construit des hôpitaux en dix jours, produit des centaines de millions de masques dans un temps record, mobilisé des moyens considérables pour la recherche, y compris appliquer les thérapies de la médecine chinoise vieille de 5000 ans. A Wuhan comme dans plusieurs provinces, on a fait le choix politique de mettre l’activité des entreprises et l’économie entre parenthèses et de faire de la vie des gens la priorité absolue : on a mis en place des structures de proximité pour le dépistage comme pour l’alimentation avec la participation directe des citoyens rue par rue, quartier par quartier.

    Quelle leçon que de voir l’Italie renoncer à faire appel à Bruxelles pour se tourner vers la Chine, Cuba, le Venezuela et la Russie ! Ce n’est d’ailleurs pas le seul cas en Europe, comme on le voit avec l’Autriche, la Serbie, la Belgique, l’Espagne. Il n’est plus possible de ne pas en tirer toutes les conséquences et de continuer à s’agripper à l’illusion d’une Europe prétendument sociale quand elle fait la démonstration du contraire.

    La Chine, Cuba, le Venezuela, la Russie, sont des pays par ailleurs soumis à des sanctions, des blocus et des pressions de toutes sortes. S’ils volent au secours des peuples en Europe, ils le font aussi ailleurs pour fournir du matériel sanitaire, des expertises, du personnel médical. A elle seule, la Chine apporte sa coopération à 80 pays et a fait un don de 20 millions de dollars à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ; Cuba a envoyé ses médecins internationalistes dans bien d’autres pays que l’Italie ; et même au Brésil dont ils avaient été chassés il y a un an et où, cruelle ironie Jaïr Bolsonaro, les a fait rappeler. Ces pays ne sont pas des modèles, ils sont des exemples.

    Dans ce sens, il s’agit bien d’une guerre, entre deux logiques, deux visions, deux conceptions du monde ! Dans une barricade dit-on, il n’y a que deux côtés : cela s’applique particulièrement à la situation que nous connaissons et aux premières leçons à en tirer.


    [1] Clair sur « les causes des ruptures d’approvisionnement »http://www.ordre.pharmacien.fr/Le-Dossier-Pharmaceutique/Ruptures-d-approvisionnement-et-DP-Ruptures,

    [2] https://lundi.am/Entretien-avec-un-jeune-retraite-de-la-recherche-pharmaceutique

    [3] Karl Marx, Le manifeste du Parti communiste, Paris, Éditions sociales, 1983, p. 35.

    [4] https://www.usinenouvelle.com/article/covid-19-la-nationalisation-de-l-usine-de-bouteilles-d-oxygene-medical-de-luxfer-a-gerzat-en-question.N943636

    [5] https://lundi.am/Entretien-avec-un-jeune-retraite-de-la-recherche-pharmaceutique

    [6] Pascal Marichalar, « Savoir et prévoir. Première chronologie de l’émergence du Covid-19 », La Vie des idées, 25 mars 2020.

    [7] Une histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours, Marseille, Agone, 2002 (1e édition, 1980).

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  • "Donc qu’il arrête, qu’il ferme sa gueule, et qu’il soit médecin", lance Daniel Cohn-Bendit à propos de Didier Raoult.

    Après avoir prié Didier Raoult de "fermer sa gueule" ce dimanche sur LCI, Daniel Cohn-Bendit, très en forme, a estimé ce lundi 30 mars sur France Inter qu'Angela Merkel avait, "en tant que femme", une "communication protectrice" sur le Covid-19.

    Daniel Cohn-Bendit a beau “aller au parc” à Francfort, il faudrait peut-être lui faire prendre l’air. Confiné outre Rhin, l’eurodéputé enchaîne en effet les sorties médiatiques hasardeuses. Après avoir prié le professeur Didier Raoult de “fermer sa gueule” dimanche sur LCI, le septuagénaire a estimé sur France Inter, dont il était l’invité ce lundi 30 mars, “qu’en tant que femme”, Angela Merkel avait une “communication protectrice” dans la gestion de l’épidémie de Covid-19.

    Cette embardée sexiste découle d’une question anodine sur les différences de communication entre le gouvernement allemand et le gouvernement français. Entre deux éloges du fédéralisme germanique, l’ancien d’Europe écologie - Les Verts gratifie les auditeurs du service public de cette brillante analyse : “La grande différence, c’est la différence de personnalité entre Angela Merkel et Emmanuel Macron.” Daniel Cohn-Bendit s’explique : “Angela Merkel a, dans une situation comme celle-là - d’ailleurs c’est la même chose pour la première ministre belge, madame Wilmès -, eh bien en tant que femme, elle a une communication protectrice, qui rassure.

    En une phrase, celle qui dirige l’Allemagne depuis 2005 se trouve ravalée au rang des dames protectrices des chansons de geste. Et Daniel Cohn-Bendit de conclure : “Ça c’est bien pour la gestion interne, c’est catastrophique, si on y arrive, pour la gestion européenne.” Autrement dit, “en tant que femme”, la chancelière allemande et son homologue belge seraient douées pour les affaires domestiques, mais trop tendres pour la scène internationale, réservée aux chefs de guerre - car l’épidémie de coronavirus en est une, selon Emmanuel Macron - à la poigne de fer. Aux bonhommes, quoi.

    Octogone

    A l’entendre, Daniel Cohn-Bendit semble d’ailleurs prêt aux joutes viriles qui caractérisent si bien le “sexe fort” : ce dimanche, le docteur honoris causa de l’université de Nanterre était à un cheveu de défier l’infectiologue Didier Raoult pour un octogone, façon Kaaris et Booba. Lancé dans une diatribe solitaire, Dany tout rouge tempêtait en effet sur LCI contre le “docteur chloroquine”. “C’est comme quand Raoult, le 28 février, va à la télévision et dit : ‘Arrêter de me casser les pieds avec le coronavirus, ce n’est qu’une grippe, ce n’est rien, c’est pas parce qu’il y a trois Chinois qui éternuent que tout le monde doit se mettre au garde-à-vous’”, grinchait-il.

    Alors que Luc Ferry, interdit, tentait de ramener au calme son interlocuteur - “Mais pourquoi on reprend la discussion, puisqu’on est d’accord ?” - Daniel Cohn-Bendit, exaspéré par le mandarin provençal, sortait pourtant de ses gonds, avec une idée bien à lui de la controverse médicale : “Donc qu’il arrête, qu’il ferme sa gueule, et qu’il soit médecin. Mais qu’il arrête de dire partout qu’il est un génie. S’il est un génie, on le dira une fois que ça a été prouvé. Il y en a marre. Y’en a marre de ce genre de mec.” Charité bien ordonnée…

    Louis NADAU

    source: https://www.marianne.net/

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  • Philippe Douste-Blazy estime que la France est en "guerre sanitaire".

    Propos recueillis par Etienne Girard


    Philippe Douste-Blazy, ex-ministre de la Santé, estime que les médecins généralistes devraient être en droit de prescrire de l'hydroxychloroquine. Comme cela se fait dans plusieurs pays étrangers. Entretien.


    Ce lundi 30 mars, Philippe Douste-Blazy était à l'hôpital de Garches, dans les Hauts-de-Seine, pour aider le Samu. Voilà trois semaines que l'ancien ministre de la Santé s'est engagé dans la réserve sanitaire. En parallèle, le cardiologue âgé de 67 ans, par ailleurs membre du conseil d'administration de l'IHU de Marseille à titre bénévole, s'engage dans le débat public au sujet du traitement du coronavirus. Il appelle les pouvoirs publics, qu'il affirme soutenir par ailleurs, à autoriser la prescription de l'hydroxychloroquine par les médecins généralistes. Tout en appelant à une certaine prudence. Interview.

     

    Marianne : Ce lundi, l'Agence régionale de Santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine a fait état de malaises cardiaques de patients positifs au coronavirus, en lien avec une prise de chloroquine. Ne faut-il pas rester très prudent sur l'utilisation de ce médicament ?

    Philippe Douste-Blazy : Il ne faut pas pratiquer l'auto-médication. Je l'ai toujours dit, je le répète. L'hydroxyochloroquine peut provoquer des effets secondaires, on le sait. C'est pourquoi il faut réaliser un électro-cardiogramme des patients avant toute prescription. Ces réserves faites, les médecins doivent être en mesure de prescrire ce traitement.

    Vous remettez en cause la pertinence du décret du 26 mars, qui autorise la prescription de l'hydroxychloroquine seulement pour les cas graves à l'hôpital, et interdit sa prescription par des médecins généralistes.

    Le décret réserve l'hydroxychloroquine aux cas de pneumopathie avec détresse respiratoire. Mais ce sont justement les cas pour lesquels ce traitement n'est pas efficace. Car en phase de réanimation, la charge virale baisse. On le sait depuis le début. Donc l'essai effectué actuellement sur les formes sévères du Covid-19 donnera des résultats négatifs. Plus tôt, en revanche, on sait que c'est efficace pour lutter contre les virus. Je rappelle qu'on connait ce médicament et ses propriétés depuis soixante ans. Il ne s'agit pas d'une formule miracle, ni de donner de l'espoir de manière béate. Il s'agit simplement de considérer les médecins comme des scientifiques formés pour prescrire ce qu'il faut. Six-cents mg pendant 10 jours, il n'y a pas de grands risques en matière d'effets secondaires.

     

    Comment expliquer alors que de nombreux médecins se soient élevés contre les conclusions du Docteur Raoult, qui appelle à traiter massivement le coronavirus avec ce médicament ?

    Je n'entre pas dans les polémiques. Le Conseil scientifique est composé de grandes personnalités, reconnues dans le monde entier, et je soutiens le travail du gouvernement. Je tiens à rendre hommage à l'agence Santé Publique France. Mais sur ce sujet, il ne serait pas normal de ne pas faire confiance aux médecins. Ou on va finir par être le dernier pays au monde à ne pas prescrire d'hydroxychloroquine. Alors que c'est un médicament français. En Italie, tous les médecins hospitaliers et libéraux peuvent le prescrire. Aux Etats-Unis, la "food and drug administration", connue pour sa sévérité, l'autorise pour les cas de Covid-19 symptomatiques. Même chose en Chine, en Espagne.

    La plupart des scientifiques notent que l'essai clinique du professeur Raoult ne répond pas aux normes méthodologiques exigées pour tirer quelque conséquence de l'étude.

    Je comprends qu'on réclame des essais cliniques parfaits. Et je vois que ceux qui ont été réalisés ne le sont pas. Mais nous sommes en guerre. Dans la situation qui est celle des hôpitaux actuellement, on ne peut pas ne pas prendre une considération des associations médicamenteuses qui montrent une baisse de la charge virale. Il faut prendre en compte ce qui est dit par un des plus grands virologues au monde, le professeur Raoult.

    Le problème, c'est qu'on ne connait pas encore toutes les propriétés du Covid-19, et comment les médicaments réagissent avec ce virus. Cela pourrait provoquer des effets secondaires imprévus...

    Vous avez raison, il faut étudier cette question de très près. Déjà, il faut regarder la co-morbidité du produit auprès des 1.200 patients de l'IHU de Marseille. Les suivre de très près. C'est le cas. Il faudra aussi regarder le taux de mortalité dans les départements dans lesquels l'hydroxychloroquine est administrée. Ensuite, effectivement, parce qu'il s'agit d'une pandémie mondiale, il faut avoir fait des essais cliniques extrêmement puissants avant de donner le médicament à des millions de gens. Mais aujourd'hui, parmi les essais qui sont faits, il y a de nouveaux médicaments qui sont testés. On ne les connaît pas, alors qu'on connait bien l'hydroxychloroquine. Il vaut peut-être mieux donner un traitement qu'on connait.

    Un autre problème posé aux hôpitaux réside dans les pénuries de certains médicaments anesthésiques, comme le curare. Appelez-vous le gouvernement à réquisitionner des laboratoires pour en produire d'urgence ?

    En période de guerre sanitaire, il est important qu'on appelle les industriels à participer à la réponse. A construire des respirateurs, à fabriquer les médicaments dont on a besoin.

     

     
     
     
     
     
     

     

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  • par  [1]

    Je ne connais pas le  et les échos syndicaux que j’ai eus de certains de ses comportements managériaux ne lui sont pas tous favorables, humainement parlant. Par ailleurs il est classé à droite, ce qui est son droit indiscutable. Pardon à lui s’il ne s’agit là que de rumeurs : si je commence le présent texte par ce préambule très peu médical, c’est pour indiquer que ce qui suit n’est en rien dicté par on ne sait quel préjugé politiquement ou idéologiquement favorable à M. Raoult (je suis syndicaliste, communiste, lensois… et les résultats de l’O.M. me sont indifférents !) : le propos qu’on va lire ci-dessous procède donc uniquement d’une réflexion épistémologique et méthodologique à laquelle, professionnellement, je ne suis pas moins préparé qu’un autre*.

    Car en l’occurrence, il ne s’agit pas de savoir si telle sommité médicale est facile à vivre ou si elle est du même bord que soi. Sans totalement approuver le mot célèbre attribué à Deng Xiaoping**, le matérialiste et le rationaliste que j’essaie d’être a tendance à dire comme lui : « qu’importe qu’un chat soit noir ou blanc pourvu qu’il attrape des souris ! ». Bref, le critère de la vérité ne consiste pas, pour un marxiste, à savoir si tel énoncé est proféré par un autre marxiste ou s’il émane d’un individu affable et propre sur lui : il s’agit seulement d’établir si cet énoncé est cohérent conceptuellement et si l’expérience, – la « pratique », eût dit Friedrich Engels -, confirme ou pas sa conformité aux données matérielles.

    En réalité, la question qui se pose à propos du traitement essayé à Marseille (détection systématique du virus, association de deux molécules dès l’apparition des symptômes, l’une d’, – un antipaludéen dont le Pr Raoult est un spécialiste mondial -, l’autre d’un antibactérien ciblant les complications pulmonaires), est de savoir si, en attendant les conclusions d’une expérimentation de haut vol menée durant des semaines à l’échelle européenne avec administration de placebo de contrôle, tests en double aveugle, etc., l’équipe des infectiologues marseillais*** a raison de mettre largement en œuvre sa thérapeutique et si, au vu des résultats empiriquement constatés et médicalement encourageants testés sur 700 cas, elle fait bien d’en recommander la généralisation, ou du moins l’expérimentation à large échelle ; tout au moins en attendant mieux et plus efficace. De même les infectiologues provençaux pressent-ils le gouvernement, comme le fait désormais aussi l’Association médicale des urgentistes français, de produire en masse des tests de dépistage (comme en Allemagne) et de tirer enfin profit de l’expérience accumulée en Chine (sans chercher d’abord à savoir si le « chat » chinois est rouge ou jaune !) et ailleurs, par ex. à Cuba ou en Corée du sud pour combattre le virus ICI et MAINTENANT. Et pour tenter de sauver des vies en essayant quelque chose, sachant qu’il n’y a pas d’effets secondaires graves et récurrents, plutôt qu’en attendant Godot…  

    Face à cette incroyable prétention se dresse alors toute une cohorte d’épistémologues autoproclamés et de méthodologistes médiatico-patentés qui nous expliquent doctement que, tant que le traitement « marseillais » n’a pas été contrôlé durant des semaines et de manière SCI-EN-TI-FI-QUE dans toute l’Europe (c’est l’expérience « Discovery »), on n’a pas le droit de l’utiliser largement, sauf dans des cas « compassionnels » : en clair quand le malade est aux portes de la mort… et que ses poumons sont déjà détruits irréversiblement. En tirera-t-on profit pour dire ensuite qu’en effet, ce traitement massivement dispensé aux personnes les plus atteintes ne vaut rien puisque, en effet, il ne ranime pas subitement les agonisants, ni ne ressuscite personne ?

    En réalité, il y a là une grave confusion entre, d’une part, la démarche scientifique qui, certes, ne peut céder à l’empirisme et qui se doit d’être démonstrative, conceptuellement, statistiquement et expérimentalement (ce dont nul ne disconvient !), et d’autre part, la médecine d’urgence dont l’objet n’est pas, ou pas seulement et pas principalement, de produire de la vérité pure (même si elle peut y contribuer par surcroît, les infectiologues traitants n’étant pas dénués de bagage scientifique et méthodologique !), mais de tout faire pour le salut des malades en danger de mort et pour la défense ici et maintenant de la santé publique. Ce n’est pas attenter à la rigueur scientifique que de rappeler que la « certitude théorique » (si elle existe en la matière autrement que d’une manière idéale) nécessite les procédures les plus sévères, mais qu’elle est d’une toute autre nature épistémique que ce que Descartes et les philosophes classiques appelaient la « certitude pratique ». Les lycéens qui ont lu le Discours de la méthode, savent que Descartes, l’un des plus grands novateurs scientifiques de tous les temps, exigeait le doute le plus vétilleux en matière de certitude scientifique et philosophique (c’est le fameux « doute méthodique ») ; pour autant, il n’a jamais demandé aux gens d’arrêter de vivre et d’agir tant qu’ils n’auraient pas atteint complètement ladite certitude théorique. Par ex., Descartes a construit une « morale provisoire » qui devait lui servir à agir en société tant que sa philosophie, sa morale définitive et sa physique ne seraient pas entièrement démontrées et parachevées.

    1796 Jenner “vaccine” empiriquement contre la variole

    En clair, il est faussement raisonnable de se dire – du moins en période normale – qu’on ne peut aller acheter du pain qu’après avoir calculé la force et la direction précises des vents, qu’après avoir scanné les glaires du boulanger, analysé le papier d’emballage et la texture chimique des farines (et calculé, pour faire bon poids, l’âge du capitaine ?). Prenons un exemple médical : le médecin anglais Jenner avait observé au XVIIIème siècle que les éleveurs trayant fréquemment des vaches atteintes de la maladie (bénigne pour les bovins) de la « vaccine » n’attrapaient jamais la variole. Jenner ne savait pas comment, scientifiquement parlant, fonctionnait l’immunité humaine et Pasteur lui-même, qui progressera beaucoup dans la connaissance et dans la généralisation pratique et conceptuelle de la « vaccination », ne connaissait pas la biologie moléculaire. Il n’empêche que Jenner a bien fait de prémunir ses patients de la variole en les « vaccinant » et qu’ultérieurement, Pasteur a bien fait lui aussi, tout en prenant un luxe de précautions, de « vacciner » contre la rage le jeune Joseph Meister. Lequel, sans cela, serait mort à coup sûr de cette horrible maladie.

     
     
    Le 6 juillet 1885, le docteur Grancher vaccine Joseph Meister sous la surveillance de Louis Pasteur.

    Bien entendu, entre la pratique médicale quotidienne et la recherche scientifique de haut vol, il y a des interactions nombreuses, surtout à notre époque, et tant mieux : plus la pratique médicale est scientifiquement instruite, et plus efficace elle est ; mais même ainsi conçue, la médecine n’est pas une science, c’est une technique – une action méthodique sur la réalité dont l’objet est le soin – accompagnée de science et autant que possible, pilotée et conseillée scientifiquement [4]. Symétriquement, plus la recherche scientifique est instruite des « remontées du terrain », plus elle peut entrevoir des problématiques qu’elle n’aurait pas décelées autrement. MAIS IL NE S’AGIT PAS MOINS DE DOMAINES EN DROIT DIFFÉRENTS, comme l’a expliqué, face à un mur de Doctes attentistes et sans solution, le professeur marseillais Eric Chabrière ; il leur a rappelé, en substance, cette évidence que nous essayons de rendre ainsi : je suis médecin et devant la souffrance et le risque de mort, je dois diagnostiquer (donc détecter ceux qui ont des symptômes) et proposer ce qui, en l’état des connaissances scientifiques et de l’ART médical existant, donne le plus de chances au patient et à la santé publique. Je ne peux pas me contenter de dire aux gens qui crèvent d’anxiété, restez chez vous, contaminez peut-être vos êtres les plus chers, attendez les grandes fièvres et la brutale aggravation respiratoire et alors, téléphonez au 15 et courez à l’hôpital. Où d’ailleurs, ajouterai-je avec épouvante, on n’est même pas sûr de pouvoir vous intuber si nécessaire (vu la casse euro-austéritaire du système hospitalier !) et où peut-être, vous mourrez tout seul sans avoir revu vos proches !

    D’autant que, si j’ai bien compris ce qu’a dit le professeur Chabrière, la fameuse expérience Discovery ne testera pas la thérapeutique développée à Marseille puisqu’elle ne portera que sur UNE molécule, la chloroquine, SANS l’antibactérien associé recommandé par le Pr Raoult. Sans commentaire ! Mais j’espère avoir compris de travers…

    Qu’on me comprenne bien : je ne garantis en rien, étant incompétent en médecine, que la thérapeutique « marseillaise » marche, et encore moins qu’elle « marche à tous les coups » ; j’ai comme tout le monde envie d’y croire, mais je n’en « sais » rien au sens d’un savoir démonstratif e type mathématique. Je constate seulement que l’observation et la clinique, qui ne sont pas tout-à-fait rien en médecine, sont « encourageantes » aux dires de l’équipe marseillaise ; laquelle, rappelons-le, n’est pas composée d’histrions mais de spécialistes de haut vol. Je constate aussi que la chloroquine (le ) est bon marché, qu’elle est largement disponible en France, que ses effets secondaires ne sont pas les horreurs qu’on nous a décrites [NDLR lire ici l’interview d’une personne traitée depuis des années au plaquenil], du moment qu’ils sont médicalement surveillés, que la démarche des Marseillais n’est pas pifométrique mais « pensée » et tout-à-fait logique, et que d’ailleurs, elle a des précédents en Chine, où la recherche fait des pas de géant et qui est le seul pays, que l’on sache, à avoir jugulé l’épidémie : ce traitement semble massivement réduire, voire « guillotiner » la charge virale, ce qui minore bien évidemment les risques de contagion et d’aggravation, même si hélas, le traitement ne peut rien pour les malades dont les poumons ou d’autres organes ont déjà été détruits, moins par le virus que par une réaction auto-immune disproportionnée de l’organisme. Rien donc d’une panacée ou d’un « médicament-miracle » !

    Et je constate que, face à cette proposition, certains semblent dire : « expérimentons en gants blancs pendant des semaines, si pendant ce temps on a dix mille morts dans d’atroces souffrances, cela ne doit pas perturber la sérénité du protocole scientifique ». Le protocole scientifique n’a que faire en effet de la souffrance humaine ET IL NE FAUT PAS LE LUI REPROCHER : la science ne marche pas à l’émotion, donc aucun souci, que les scientifiques prennent le temps nécessaire et incompressible. Mais le soin, lui, s’inscrit dans une toute autre temporalité, et même dans une autre spatialité (« ici et maintenant ») que la recherche : comment des médecins de terrain, c’est-à-dire des praticiens, pourraient-ils ne pas entendre cette évidence, surtout s’ils n’ont rien d’autre à proposer de thérapeutiquement concluant  [lire l’appel du Pr Juvin par exemple ndlr]? Cette manière de réfléchir n’est pas seulement pédante et ridicule, elle ne fait pas seulement penser au Docteur Diafoirus que brocardait Molière (« pourvu qu’on suive le courant des règles de l’art, on ne se met point en peine de ce qui peut arriver », précepte anti-hippocratique, en réalité, et qui ne peut qu’indigner les soignants de première ligne), elle est inhumaine derrière un faux vernis de « méthodologie » et d’ « épistémologie » !

    Inutile de dire que cet épisode interroge et interrogera longtemps, pour parler avec modération, sur le fonctionnement étrange de notre système de santé, sur les arrière-plans, non pas scientifiques mais sociopolitiques des institutions sanitaires hexagonales et européennes. Décidément, la science, et plus encore la médecine, sont choses trop importantes pour qu’on les laisse éternellement aux mains des labos privés et des mandarins de l’arrière, dont certains semblent parfois préférer avoir raison en comptant les morts plutôt que les sauver en prenant le risque de dire : « je me suis planté, l’erreur est humaine ». Ce que le Dr Chabrière s’est dit prêt à faire à Marseille si de nouvelles données venaient contredire, nuancer ou compléter les observations émanant du terrain.


    [1] G. Gastaud, agrégé de philosophie, ancien professeur en Classes préparatoires aux Grandes Ecoles scientifiques, auteur notamment de Lumières communes, traité de philosophie générale dont le tome II est intitulé THÉORIE MATÉRIALISTE DE LA CONNAISSANCE et dont le tome III s’intitule SCIENCES ET DIALECTIQUES DE LA NATURE. La présente réflexion n’engage que son auteur qui remercie ce site de bien vouloir la publier à titre de contribution personnelle au débat. « Hâtons-nous de rendre la philosophie populaire », disaient Diderot et D’Alembert au Siècle des Lumières…

    [2]Je n’approuve pas totalement le mot de Deng parce qu’en politique, il n’est pas indifférent aux travailleurs, d’un point de vue social et « matériel », que le « chat », c’est-à-dire le pouvoir en place, soit rouge ou brun, par exemple…

    [3] tous plus titrés les uns que les autres, si l’on veut faire appel au principe d’autorité…

    [4] et encore, pas toujours. Pendant des millénaires on a soigné, souvent efficacement, sans connaître la chimie et la biologie ; comme on a parlé durant des millénaires sans connaître la linguistique, ou construit des édifices sans savoir démontrer les théorèmes de géométrie. La médecine peut et doit prendre appui sur la vérité scientifique, mais son critère à elle est le soin : tel traitement guérit-il, ou du moins, soulage-t-il le patient ? Mieux vaut guérir grâce à un médicament dont on connaît mal le mode d’action que mourir en sachant scientifiquement pourquoi on est incurable !

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  • Les Héros ne sont pas masqués-par André PRONE (MNLE-23/03/20)Plus d’une chose m’a frappé dans la triste histoire de la pandémie au Covid 19 qui affecte le monde et la France depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois :

    – L’inégale contamination des pays et le lien qui peut être fait entre l’ampleur de cette contamination et la mise en œuvre ou pas des divers moyens organisationnels : sanitaires, politiques, économiques et sociaux, dont disposent théoriquement les Etats,

    – Les différentes stratégies utilisées par ces derniers et leur incapacité à anticiper la propagation de la crise sanitaire ou leur préférence à privilégier l’économie et les profits des multinationales et de la finance au détriment de la santé publique,

    – Les conséquences dramatiques et visibles de la gestion comptable et très libérale des hôpitaux publics pouvant aller jusqu’à leur asphyxie, quand ce n’est pas purement et simplement leur fermeture (et cela touche tous les pays occidentaux),

    – La course au profit du groupe anglais Novacyt et du géant chinois BGi Group (sur le marché ultra compétitif de la fabrication des tests de dépistage du Covid 19) et les promesses de l’expert français BioMérieux d’un test novateur dès fin mars 2020, ce qui n’empêche pas la pénurie bien réelle de kits d’extraction d’ARN (acide ribonucléique) indispensables à la production de ces tests,

    – Les attaques de certains membres du gouvernement et autres acolytes à l’encontre d’un éminent virologue marseillais malgré ses essais cliniques encourageants sur le Covid 19 et dont les travaux très anciens sur l’association hydroxy chloroquine et l’Azithromycine pour combattre d’autres virus ont fait l’objet de publications scientifiques …

    Mais parmi toutes ces questions, et d’autres encore, il en une qui me taraude et à laquelle je voudrais contribuer. Car vous aurez sans doute remarqué comme moi que beaucoup de médias, experts et autres politiques, évoquent certes, l’épineux problème du manque dramatiquement criant de masque pour les travailleurs et notamment pour le personnel soignant très exposé, mais aucun, à ma connaissance, ne pose la question de simple bon sens : mais pourquoi ?

    Constater que « nos héros ne sont pas masqués » est certes utile, mais plus utile encore est de se demander pourquoi.

    Après quelques recherches non aisées, je suis en mesure d’apporter quelques éléments de réponses qui ne grandissent pas nos gouvernants.

    Disons tout d’abord que selon une enquête du Syndicat des professionnels de santé du 6 mars 2020, 78% des soignants déclarent manquer de masques FFP2, 63% de masques FFP1 et 53% de solutions hydroalcooliques (SHA). 

    Si la pénurie de masques, comme le souligne l’entreprise Rives Médical de la région Occitanie, vient du fait que les grossistes se fournissent pour l’essentiel en Chine et que la chaîne est stoppée pour cause d’épidémie ; si des quotas interdisent aux pharmacies de commander plus d’une centaine de masques par semaine, alors pourquoi, sachant que l’épidémie du coronavirus frappe la Chine depuis début décembre, le ministre en charge de la santé a-t-il attendu fin février pour commander 200 millions de masques FFP2 ? Rappelons que l’OMS avait qualifié, dès le 30 janvier 2020, l’épidémie de Covid 19 d’« urgence de santé publique de portée internationale ». Outre le fait que la commande de ces millions de masques dépend pour l’essentiel du bon vouloir du groupe américain 3M (dont la priorité de fabrication pour répondre à la demande de Trump est plus que probable), banal serait sans doute, dans ce contexte de mondialisation capitaliste, de dire qu’en matière sanitaire, compter exclusivement sur la capacité de production des marchés privés est pour le moins risqué. Malheureusement, là ne s’arrête pas l’incurie du pouvoir.

    Car une autre question doit être posée : Comment est-on passé d’un stock d’Etat de 723 millions de masques FFP2 et 1 milliard de masques chirurgicaux à la pénurie, alors que le Haut Conseil de la Santé Publique avait recommandé en 2011 une gestion tournante des stocks en raison de leur péremption et demandé qu’ils soient rapidement mobilisables pour couvrir les populations et le personnel soignant en situation de crise ?  Questionné à ce sujet le 19 mars à l’assemblée nationale, le ministre des solidarités et de la Santé a répondu : « Nous disposons d’un stock d’Etat d’environ 150 millions de masques chirurgicaux et d’aucun stock de masques FFP2. Il avait été décidé, suite aux crises sanitaires précédentes -2011-2013, qu’il n’y avait plus lieu de conserver des stocks massifs de masques dans le territoire ». L’absence de stocks, selon le ministre, serait due à des décisions passées.

    Notons aussi que l’acquisition des masques chirurgicaux et FFP2 n’étant plus confié à l’Eprus (Etablissement public de préparation et de réponse aux urgences sanitaires créé en 2007), le Sénat, dans un rapport publié en 2015, a pu dire : « la constitution des masques FFP2 relève désormais des employeurs ».

    Et ce n’est pas tout. La commande de masques plus que tardive de l’Etat est d’autant plus un défi que toutes les chaînes de fabrication sont tendues et que le principal fournisseur français, Kolmi-Hopen, (également sollicité) ne peut pas satisfaire la forte demande. Et pour cause. Dans ancienne édition du Courrier de l’Ouest, le 23-10-2014, on pouvait lire : « Saint-Barhélemy-d’Anjou. Le coup de gueule du patron de Kolmi-Hopen : Spécialisée dans la fabrication des masques chirugicaux et les « dispositifs médicaux » non-tissés à usage unique, la société Kolmi-Hopen, qui emploie 75 personnes à Saint-Barthélemy-d’Anjou, vient de perdre un gros marché avec les centres hospitaliers français. Son directeur général reproche à l’Etat de ne pas aider suffisamment les entreprises françaises face à la concurrence asiatique ». L’entreprise ne compte plus que 35 salariés. La boucle est bouclée.

    Mise en danger de la population, des soignants et des travailleurs exposés, casse du service public hospitalier…, voilà les iniques décisions du capital et du pouvoir qui auront à rendre des comptes après cette pandémie que je souhaite la moins mauvaise à tous.

    André Prone*
    Environnementaliste, Essayiste,
    Président du Conseil Scientifique du MNLE  

    *Voir, entre autres ouvrages : « Pour une critique une critique de la marchandisation : Société, Santé, Environnement », l’Harmattan 2018

    source: http://www.mnle.fr/

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