• Une bactérie détectée sur des lave-endoscopes à l'hôpital ...
     
    L'analyse des statistiques publiées par Santé Publique France sur la mortalité hospitalière fait apparaître une « anomalie » : la sous-mortalité du département des Bouches-du-Rhône. C'est un indice supplémentaire dans l'enquête sur le traitement médical du Covid-19 et sur la controverse au sujet des positions de l'Institut Hospitalo-Universitaire de Marseille dirigé par le professeur Raoult.

     

    Épisode 8

    Mortalité hospitalière liée au COVID-19 : l’anomalie des Bouches-du-Rhône

    Christophe BASILE, professeur en Sciences de la Terre à l’Université Grenoble Alpes

    Laurent MUCCHIELLI, directeur de recherche en sociologie au CNRS

     

    Tous les soirs, M. Salomon, directeur général de la Santé, communique des chiffres nationaux concernant les patients Covid-19 hospitalisés et ceux qui ont perdu la vie. Ces chiffres sont également disponibles par départements sur le site de Santé Publique France. On utilise ici le site officiel qui en fournit une représentation cartographique.

    Ces chiffres ne rendent pas compte de la totalité des décès puisque beaucoup ont lieu dans des EHPAD. Il s’agit bien de la mortalité hospitalière. Par ailleurs, on sait que certains hôpitaux ont pratiqué quelques transferts de malades d’un département à l’autre qui ne sont pas comptabilisés, ce qui diminue donc la mortalité officielle des départements les plus touchés et augmente celle des départements accueillant ces patients. On verra que ceci n’impacte pas le cas qui nous préoccupe ici.

    A partir de ces données, on peut calculer le taux de mortalité hospitalier : c’est le rapport entre le cumul des décès hospitaliers et la somme des hospitalisations (pour un jour donné) et du cumul des sorties d’hôpital (décès hospitalier ou retours à domicile).

    Taux de mortalité au jour j (%) = nombre de décès (jusqu’au jour j) / (nombre de patients hospitalisés au jour j + nombre de décès jusqu’au jour j + retours à domicile jusqu’au jour j) x 100

    Une anomalie évidente dans la comparaison des départements : les Bouches-du-Rhône

    La mortalité hospitalière au 22 Avril pour les 5 départements les plus peuplés (chiffres INSEE 2020) montre une anomalie importante pour les Bouches du Rhône :

    Nord                           16,2 %

    Paris                            17,4%

    Bouches-du-Rhône     9,8%

    Rhône                          13,9%

    Seine-St-Denis           17,9%

    Pour les 14 départements où il y a eu plus de 2 000 hospitalisations, le graphique 1 donne le taux de mortalité hospitalière en fonction du nombre d’hospitalisations.

     

    Graphique 1 - Graphique 1 - 

    On constate que les taux de mortalités sont assez proches, entre 14 et 18%, avec deux types d’exceptions. D’un côté, le Haut Rhin et la Moselle ont des taux supérieurs à 20%, probablement liés à la saturation du système hospitalier. De l’autre, les Bouches du Rhône ont un taux inférieur à 10%.

    Enfin, si on regarde à présent les 96 départements français hors outre-mer (métropole et Corse), voici ce que donne la représentation des taux de mortalité hospitalière en fonction du nombre d’hospitalisations (graphique 2) :

    Graphique 2 - Graphique 2 -

    Avec un zoom sur les départements où il y a eu peu d’hospitalisations (graphique 3) : 

    Graphique 3 - Graphique 3 -

    Le taux de mortalité varie énormément (de 5 à 25%) pour les départements où le nombre d’hospitalisations est inférieur à 300 (donc dans des départements peu affectés par l’épidémie). Cette variabilité est surement pour partie liée aux faibles nombres de patients. Par exemple, aucun décès ne s’est produit en Lozère, où il n’y a eu au total que 17 hospitalisations. Si par malheur le seul patient en réanimation décédait, le taux de mortalité augmenterait de 6%. Mais il est aussi possible que des facteurs structurels (par exemple l’organisation du système hospitalier) soient à l’origine de cette variabilité.

    Pour des départements où le nombre de patients est plus significatif (de 300 à 1 400), la variation du taux de mortalité reste importante, de 10 à 20%. Deux situations extrêmes sont à souligner : les Vosges, avec un taux de mortalité supérieur à 25% (saturation du système hospitalier), et la Haute Garonne, avec un taux de mortalité de 6% et un faible nombre de patients par rapport à la population du département.

    Il est temps de conclure cette première partie de l’analyse. Deux constats s’imposent.

    1) telle que mesurée par le taux de mortalité hospitalière au Covid-19, l’efficacité territoriale du système de santé français est manifestement très hétérogène. Des taux de mortalité hospitalière supérieurs à 20, voire 25% sont atteints dans des départements où le système hospitalier a pu être saturé, mais aussi dans des départements peu affectés par l’épidémie. Pour rappel, les taux d’hospitalisation maxima sont de l’ordre de 45 patients pour 10 000 habitants, ce qui reste faible pour une épidémie touchant potentiellement toute la population. Ceci pose la question de l’absence d’hospitalisation pour des patients qui en auraient eu besoin, et donc en filigrane la question de la dégradation continue des capacités d’accueil des hôpitaux français.

    2) le département des Bouches-du-Rhône se distingue par un taux de mortalité significativement inférieur aux autres départements ayant une population comparable et/ou ayant enregistré un nombre comparable d’hospitalisations.

    L’évolution des taux de mortalité hospitalière par départements

    Graphique 4 - Graphique 4 -

    Quel que soit le département, le taux de mortalité augmente avec le temps. On peut l’interpréter simplement comme un risque de décès qui augmente avec la durée d’hospitalisation (même si cette durée n’est pas directement fournie).

    Le Haut Rhin a connu un taux de mortalité important (>15% au début de la diffusion des données), qui s’est stabilisé depuis les derniers jours de Mars entre 20 et 21%. Une partie de cette stabilisation peut être due à des transferts de patients. Il a fallu quatre semaines pour que le même taux de mortalité soit observé à Paris, pour un nombre de patients plus de dix fois supérieur (même taux de mortalité avec 561 hospitalisés dans le Haut Rhin le 18 Mars, et 6620 à Paris le 14 Avril).

    Les courbes de mortalité de Paris et de l’Isère présentent des pentes identiques, avec un taux de mortalité au 20 Avril de 5% plus faible en Isère (12,8% au lieu de 17,4%). Cette différence de taux de mortalité est équivalente à un décalage temporel de 16 jours (comme si l’épidémie était arrivée 16 jours plus tard en Isère qu’à Paris). La population hospitalisée présente le même taux de mortalité, mais plus tard, et surtout pour un nombre de patient qui (même rapportée à la population du département) est beaucoup plus faible (5 au lieu de 34 pour 10 000 habitants). On peut raisonnablement attribuer ces deux différences (du taux de contamination et du taux de mortalité hospitalière) au fait que le confinement a été imposé avant que l’Isère ne soit contaminée de manière significative. Utiliser les mêmes taux de contaminations et de mortalité multiplierait par 9 le nombre de décès dans l’Isère. On comprend en miroir l’effet mortifère d’un confinement trop tardif sur d’autres départements comme Paris ou le Haut-Rhin.

    La comparaison des courbes de mortalité hospitalière des Bouches-du-Rhône et du Rhône présente un intérêt particulier. Cette comparaison est d’autant plus légitime que la taille de la population est comparable (de l’ordre de 2 millions d’habitants), que le taux d’hospitalisation est comparable (respectivement 16 et 16,8 pour 10 000 habitants) et que le nombre d’hospitalisations est à la fois important et identique (3 259 et 3 149 au 22 Avril). Ces deux courbes sont parallèles, avec un taux de mortalité de 4 à 5% inférieur dans les Bouches-du-Rhône (9,8 au lieu de 13,9% le 22 Avril). Ici, on ne peut pas interpréter cette différence par un décalage temporel, les deux départements étant touchés en même temps et dans les mêmes proportions.

    Alors comment l’expliquer ?

    Rappelons qu’on compare des rapports et donc qu’il y a deux moyens de les modifier :

    - par le numérateur, c’est-à-dire le nombre de décès hospitaliers, qui est plus faible dans les Bouches-du-Rhône que dans le Rhône. Si on considère que ce sont les mêmes populations de patients qui sont hospitalisées dans les deux départements, un moindre nombre de décès dans les Bouches-du-Rhône peut alors être interprété comme résultant d’un traitement plus efficace.

    - par le dénominateur, c’est-à-dire le nombre de personnes hospitalisées, qui est identique dans les deux départements. Si on considère que les populations hospitalisées sont différentes, on peut interpréter la variation du taux de mortalité comme une prise en charge hospitalière de patients présentant un risque de décès plus faible dans les Bouches-du-Rhône. Il faudrait alors le démontrer.

    Bien entendu, les deux possibilités peuvent se cumuler, par exemple si le risque de décès plus faible est lié à un traitement plus précoce et plus efficace. Ceci rejoint l'hypothèse issue de la comparaison à l’échelle internationale proposée récemment par M. Izoulet sur la base du critère de l’utilisation ou non de traitements antipaludéens pour prévenir le développement de l’infection épidémique. Et ceci confirme que l’interrogation au sujet de l’efficacité du protocole proposé par l’IHU de Marseille, ou de protocoles dérivés, est pleinement légitime.

    En conclusion, il apparaît que :

    1) le confinement a eu et a toujours des effets importants en diminuant la mortalité. Dans les départements les plus affectés, sa mise en place tardive est associée à une augmentation du taux de mortalité.

    2) le taux de mortalité significativement plus faible des Bouches-du-Rhône constitue une « anomalie » incontestable. Toutefois son explication ne peut pas être fournie par ces seules données statistiques. Elle nécessite le recours à d’autres données médicales, notamment le suivi des cohortes de patients et l’évaluation de l’efficacité de leurs traitements.

    Christophe BASILE, professeur en Sciences de la Terre à l’Université Grenoble Alpes

    Laurent MUCCHIELLI, directeur de recherche en sociologie au CNRS

    source: https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/ 

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  • Marcel D. (3 avril 2020)
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  • Le TGV sanitaire se prépare à évacuer une vingtaine de patients gravement atteints par le Covid19 vers l’Ouest de la France, le 5 avril 2020 © Protection civile Paris Seine

    En train, bateau, bus ou en avion, des centaines de patients ont été transportés d’une région à l’autre depuis le 18 mars, afin de désengorger les services de réanimation les plus saturés. Pourquoi ne pas avoir plutôt privilégié le déplacement d’équipes de soignants et de matériel issus de régions moins tendues ? Éléments de réponses.

    Trains médicalisés, transferts en avion ou par hélicoptère, en bateau voire par bus ou ambulances [1]. Ces différents modes de transports médicalisés, en particulier le TGV sanitaire présenté comme « une première en Europe », ont fait la une des médias ces dernières semaines. Entre le 18 mars et 2 avril, 439 transferts de patients ont été organisés, indique le ministère de la Santé, pour « soulager les régions les plus en tension vers les régions les plus épargnées par le Covid19 ». Des transferts ont aussi eu lieu depuis l’Alsace vers le Luxembourg, la Suisse et surtout l’Allemagne, témoignant de la solidarité des pays voisins.

      Source : ministère de la Santé
     

    Ces nombreux transferts auraient permis d’éviter l’effondrement d’un système de soins sous haute tension. La priorité a d’abord été donnée à l’augmentation des capacités en réanimation, en empiétant sur d’autres services. « Mais à un moment donné, vous ne pouvez plus transformer un service lambda en un service de réanimation car les locaux ne sont plus adaptés », souligne François Braun, président de Samu-Urgences de France et à la tête du pôle urgences du CHR de Metz-Thionville (Moselle).

    « C’est vrai que l’on ne peut pas prendre une pièce normale et faire une salle de réanimation à l’intérieur », confirme une médecin auprès de Basta !. « Il faut des prises à oxygène, que la chambre soit en pression positive pour éviter que le virus se diffuse... Il y a des critères pour faire une salle de réanimation Covid, et c’est compliqué. »

    Un pilotage depuis Paris avec des ratés

    Avec ces transferts au moment du pic de l’épidémie, l’exécutif entend éviter qu’un malade se retrouve sans lit de réanimation. Un point est fait quotidiennement au sein de la cellule interministérielle de crise, installée au ministère de l’Intérieur, pour les planifier. Non sans quelques couacs. Le 31 mars, un bus médicalisé avec huit patients du CHU de Reims en route pour Tours fait demi-tour. La décision d’annulation est venue du PC de crise de Paris qui pilote ces transferts. « Le transfert avait été accordé par l’ARS. Il a été annulé par la cellule nationale, je suis en colère parce qu’il n’est pas question de jouer avec la vie des patients », dénonce, le 1er avril, le maire de Reims (LR), Arnaud Robinet, qui préside le conseil de surveillance du CHU local.

    Le Grand Est connait un deuxième couac quelques jours plus tard. Le 6 avril, c’est le transfert en avion militaire de six patients du CHR de Metz-Thionville vers la République tchèque qui est annulé à la dernière minute. « Nous n’avions pas demandé ce transfert en avion militaire », explique la directrice générale du CHR Metz-Thionville. « Nous avions demandé des transferts la semaine [précédente] parce que nous étions au bord d’une catastrophe annoncée », poursuit-elle, mais la situation s’était depuis améliorée avec des lits en réanimation à nouveau disponibles.

    Lors de la conférence de presse, la directrice de l’hôpital est dans l’incapacité de savoir qui avait demandé le transfert. « La France nous a demandé de l’aide, nous avons répondu à l’appel », a de son côté fait savoir, le 5 avril, le Premier ministre tchèque Andrej Babis.

    Opacité sur le coût des transferts médicalisés

    Combien coûtent ces déplacements médicalisés ? Depuis le 26 mars, la SNCF a fait circuler dix TGV médicalisés, qui ont transporté 202 patients du Grand Est et de l’Ile-de-France vers des régions moins touchées. Les voitures médicalisées sont préparées en 48h. Dans chaque train, les équipes sont doublées avec deux conducteurs, deux chefs de bord, des dépanneurs pour assurer une alimentation continue en électricité, des agents de sûreté... « Tous volontaires ». Chaque TGV sanitaire peut transporter jusqu’à 24 malades, accompagnés d’une cinquantaine de soignants. Chaque trajet mobiliserait ainsi 200 cheminots pour que le train circule dans les meilleures conditions.

    La SNCF indique ne pas vouloir évoquer le coût de ces TGV sanitaires et n’aurait pas l’intention de les facturer. Le dispositif intéresse en revanche d’autres compagnies ferroviaires comme son homologue Renfe en Espagne. L’idée de recourir à des TGV sanitaires remonte à mai 2019. Les urgentistes du SAMU parisien avaient organisé avec la SNCF un entraînement sur un trajet Metz-Paris, avec l’objectif d’être prêt pour transférer des victimes d’un attentat vers Paris, dans le cas où elles ne pourraient pas toutes être prises en charge sur place. Baptisé « chardon », en référence à la plante emblématique de la Lorraine, cet exercice a permis aux équipes de définir une « marche à suivre » pour le transfert ferroviaire.

    Du côté de la cellule interministérielle de crise, la question du coût est aussi balayée [2]. Le groupe Dassault Aviation a, lui, fait le choix de communiquer dans Le Figaro, dont il est propriétaire, sur la mise à disposition « à ses frais » de sa flotte de Falcon pour transporter des infirmiers, aide-soignants et médecins jusqu’à Paris.

    Des difficultés à augmenter le nombre de lits de réanimation ?

    Ces opérations complexes requièrent beaucoup de personnels médicaux. 150 soignants pour une vingtaine de malades auraient été mobilisés lors du premier transfert en train sanitaire selon Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France et syndicaliste CGT santé. François Braun, président de Samu-Urgences de France nuance ces chiffres, évoquant six soignants par voiture pour quatre malades. Si Christophe Prud’homme reconnait que ces transferts ont soulagé le Grand Est et l’Île-de-France, il estime que la priorité devrait porter sur la réouverture de lits de réanimation, « plutôt que d’envoyer des hélicoptères, des équipes qui font des centaines de kilomètres, ou des TGV à l’autre bout de la France ». « C’est très médiatique », déplore t-il. « Vous avez des dizaines de milliers de mètres carrés, des services qui ont été fermés, mais dans lesquels il y a de l’oxygène, des fluides, comme l’Hôtel-Dieu. On ne peut pas ouvrir des lits à l’Hôtel-Dieu plutôt que transférer des patients en province ? » interroge t-il.

    Pour la région Grand Est, ces transferts ont véritablement permis de soulager les hôpitaux : c’est, au total, près d’un lit de réanimation sur quatre qui a été libéré [3]. En Île-de-France, où moins de 5 % des lits occupés ont été libérés, l’intérêt est moins évident. Face aux critiques, le gouvernement a communiqué sur l’ouverture anticipée d’un bâtiment de réanimation de 40 lits à l’hôpital Henri-Mondor dans le Val-de-Marne, prévue initialement en septembre [4]. 150 professionnels se sont portés volontaires pour y travailler. Pour le professeur Alain Combes, chef du service de réanimation à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, augmenter la capacité de lits de réanimation sur les différents hôpitaux d’Île-de-France n’est pas chose aisée : « Ce n’est pas qu’un lit : il faut aussi des respirateurs, des pousse-seringues pour faire passer les médicaments et il faut surtout du personnel, notamment infirmier ».

    Pourquoi ne pas plutôt envoyer des équipes de soignants ?

    Martin Hirsch, le directeur général de l’AP-HP reconnaît qu’il puisse « y avoir aussi, et c’est logique, des balancements de doctrine pour savoir s’il vaut mieux transférer des malades ou transférer des équipes et du matériel ». Mais une médecin d’un CHU en Nouvelle-Aquitaine alerte, elle, sur les lourdeurs administratives : « J’ai parlé avec des collègues parisiens qui disent qu’ils manquent certes de matériel et de lits mais aussi de bras. Je me suis donc portée volontaire comme beaucoup d’autres pour aller aider dans les zones en tension », confie t-elle à Basta !. « Je me suis signalée à la direction de mon hôpital pensant bêtement que les hôpitaux allaient se mettre en lien les uns avec les autres, et la première chose qu’ils m’ont dit c’est : "Ok, mais sachez que si vous bossez pas chez nous, nous on ne vous paie pas". »

    Elle s’est également inscrite sur la plateforme Renforts-Covid recommandée par le directeur général de la Santé. Une fois ses choix validés, surprise : la plateforme lui demande de ne se signaler que dans les départements où son hébergement est déjà prévu. « En clair, ils ne peuvent pas assurer l’hébergement pour les personnels qui se déplaceraient pour aider. En Ile-de-France, j’ai de la famille mais je n’ai aucune envie d’aller m’infecter dans une unité Covid et d’aller cracher ça dans ma famille... Je pensais qu’ils allaient réquisitionner des hôtels. Il n’y a pas de touristes en ce moment, je suppose qu’il y a plein d’hôtels disponibles... Mais j’ai peur que ce soit une question d’argent. »

    Plutôt que la réquisition de logements pour le personnel soignant, le ministère de la Cohésion des territoires a privilégié un partenariat avec Airbnb, en lançant le 24 mars la plateforme Appartsolidaire. Les logements y sont gratuitement mis à disposition du personnel médical (pour chaque séjour, les hôtes seront dédommagés à hauteur de 50 euros). Airbnb ne perçoit pas de commission. En une semaine, 5000 logements ont été proposés et 11 000 nuitées réservées.

    A Marseille, le syndicat Sud Santé a de son côté demandé la réquisition de chambres d’hôtel, afin de permettre aux personnels soignants de ne pas risquer de contaminer leur famille. Une demande acceptée par le préfet et l’ARS, qui ont mis à disposition des chambres.

    Rouvrir des lits d’hôpitaux

    La France est, « en temps normal », équipée d’un peu plus de 5000 lits en réanimation. La répartition de ces équipements est inégale dans les départements [5]. Les départements de l’Ile-de-France concentrent à eux seuls 1147 lits en réanimation, pour environ 12 millions d’habitants. D’autres zones sont moins fournies. Le département du Haut-Rhin ne dispose ainsi que de 70 lits. La décision de fermer prématurément les stations de sports d’hiver s’est aussi faite sur la base du faible nombre de places en réanimation que connaissent des départements comme la Haute-Savoie (34 lits) ou la Savoie (18 lits).

    - Notre enquête sur le sujet : La pandémie de Covid-19 va-t-elle mettre fin à trois décennies d’austérité imposée à l’hôpital ?

    « On a fermé 100 000 lits [d’hôpitaux] en vingt ans » alertait Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), il y an. A l’aune de cette crise sanitaire, les personnels hospitaliers et des établissements de Santé et d’Action Sociale proposent des mesures immédiates pour remettre le système de santé au niveau qu’il n’aurait jamais dû quitter [6].

    Ils demandent de « rouvrir des lits d’hôpitaux où c’est nécessaire, reconstituer les troupes en réembauchant du personnel médical et non-médical, administratif et ouvrier, et le payer décemment pour qu’il revienne notamment dans le service public, qui soigne chacun d’entre nous sans considération de fortune et sans trier les malades sur leur "rentabilité" ». Considérant que l’épidémie actuelle n’est qu’une parmi une longue série à venir, cet « effort national pour restaurer nos capacités à nous soigner » relève d’un investissement pour l’avenir.

    Sophie Chapelle

     

    [1Il s’agit plus précisément des Unités Mobiles Hospitalières (voir ici).

    [2Voir cet article du Monde.

    [3255 transferts en tout au 2 avril, pour près d’un millier de patients en réanimation à ce moment.

    [4Voir la vidéo de communication de l’AP-HP

    [5Voir la carte réalisée par France Info.

    [6Communiqué du 2 avril 2020, source.

     

    source: https://www.bastamag.net/

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  • Un fabricant de masques : « Pas un seul coup de fil des services publics »

    Témoignage d’Olivier Rimmel, fabricant et importateur de masques de protection… mis au chômage politique !

    « Comme vous le savez puisque je l’ai écrit, je suis fabricant et importateur de masques de protection FFP2 (entre autres). Je suis connu des services publics, et ma société a été financée par des aides publiques. Depuis le début de la crise je n’ai même pas eu un coup de fil.

    L’État ne contacte pas les petites entreprises françaises qui sont en mesure d’assurer des commandes pour deux raisons…

      1. Ils veulent passer en direct pensant pouvoir négocier les prix.
      2. Ils ne veulent pas payer d’avance les entreprises qui vont passer les commandes en Asie.

    Tous les jours, mes fournisseurs asiatiques m’envoient des e-mails pour me relancer et me proposer des stocks ou de lancer des fabrications de masques FFP2 et même FFP3. Les tarifs ne sont pas déconnants, les délais non plus.

    Mais ,je n’ai pas passé de nouvelles commandes de production, car je n’ai aucune piste pour les écouler. Amazon et CDiscount m’ont empêché de les vendre en me fermant ces marchés par crainte de tarifs en hausse et sous la pression du gouvernement.

    D’ailleurs, même topo pour les gels hydroalcooliques. Je ne peux plus en vendre car ces produits ont été interdits à la vente (comme tout le monde sous la pression du gouvernement qui voulait contrôler les prix).

    Toutes ces petites choses, impossible de les écouler désormais…

    => Source : fil Twitter d’Olivier Rimmel

    Pierrick TILLET

    source: https://yetiblog.org/

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  • Témoignage : « Les petits cons d’auditeurs de l’AP-HP qui débarquaient… »

    Le témoignage d’Alain Astier [photo], chef du service pharmacie à l’hôpital Henti-Mondor de Créteil (source et intertitres : Reflets).

    « Le manque de médicaments en quantité suffisante est très fréquent. Souvent j’ai un médicament pour deux patients alors que j’en ai quatre à soigner. Alors on choisit à qui on le donne… Parfois on réduit les doses. Avec la crise du Covid-19, on en parle plus et c’est plus aigu. Oui, on peut parler de pénurie de certains produits. Dans ma pharmacie, deux à trois jours de manque d’un médicament, c’est malheureusement banal. Et parfois, la durée est indéterminée. On ne sait pas quand le produit reviendra et ça peut durer longtemps.

    Parfois on [reçoit]la moitié [de nos commandes], parfois rien… Être pharmacien, c’est se débrouiller, emprunter à un hôpital voisin parfois… On passe notre temps au téléphone… »

    Les médicaments qui manquent sont ceux qui ne sont pas chers

    « En 2008, la pénurie concernait une vingtaine de médicaments ; en 2018, elle concerne 800 produits ! En 10 ans, ça a été multiplié par vingt.

    Étonnamment, tous les médicaments qui manquent, antibiotiques, anticancéreux, curares entre autres, ce sont des médicaments efficaces mais un peu anciens, qui peuvent être produits en génériques. Ce ne sont jamais les médicaments chers qui sont les vaches à lait des labos.

    Les labos ont délocalisé massivement dans les années 2000-2005 pour faire plus de profit. Les matières premières comme les médicaments sont fabriqués en Inde et en Chine. J’en veux à Sanofi, notre géant français, qui n’a pensé qu’à minimiser ses coûts. Et les gouvernements ont laissé faire sans penser aux dépendances que cela engendrait.

    On a eu des petits cons d’auditeurs de l’AP-HP qui débarquaient dans nos hôpitaux et qui assénaient : “Il faut travailler en flux tendu, les stocks c’est de l’argent immobilisé !” Sauf que l’hôpital n’est pas une entreprise… Les conséquences de cette politique explosent au grand jour. »

    Brûlez les masques ou utilisez-les pour faire de la peinture

    « À Henri-Mondor, on stockait 250 millions de masque pour le compte de l’Eprus, l’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires, sur le milliard six-cent millions de masque du stock Bachelot. Quand ils sont arrivés à péremption, on leur a demandé ce qu’on en faisait. Ils nous ont dit : “Brûlez-les ou utilisez les pour faire de la peinture !” Et on les a détruits… On a sciemment organisé le manque. Je peux vous dire que le stock de pilules d’iode en cas d’accident nucléaire a fondu comme le reste. Bien sûr, on ne peut pas avoir tout avec des stocks importants. Mais un virus pulmonaire, on sait que c’est un risque important, des rapports en parlaient régulièrement.

    Mes collègues allemands ne comprennent pas pourquoi le nombre de décès est si élevé. C’est simple : en Allemagne, il y a plus de tests, plus de masques, plus de lits de réanimation. C’est tout, c’est une question d’organisation. Et devant cette pénurie, on a menti aux Français sur l’importance de porter un masque. Il faut qu’une enquête soit ouverte, que les responsables de cette imprévoyance organisée soient retrouvés. »

    => Lire l’article entier de Reflets

     

    Pierrick TILLET

    source: https://yetiblog.org/

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  • Premiers actes de désobéissance civique chez les soignants de terrain

    Devant l’incurie et la corruption criminelle des autorités politiques et sanitaires française, la révolte monte parmi les soignants de terrain.

     

    Déjà les premiers appels à la désobéissance civile se profilent. Le Dr Claude Escarguel, ancien collaborateur du professeur Didier Raoult lance un appel à manifester le 25 avril à Six-Fours.

    Le Dr Gérard Simler, médecin dans une région alsacienne particulièrement touchée par l’épidémie, frappé lui-même par le Covid-19 et rétabli après administration du protocole Raoult, a écrit une lettre ouverte à l’Ordre des médecins l’enjoignant de laisser les médecins libres de traiter leurs patients en « âme et conscience » :

    « Peut-on qualifier d’un autre mot que “crime contre l’humanité” ou “crime de guerre”, puisque nous sommes en “temps de guerre !”, comme le dit le président Macron, l’action des pouvoirs publics qui :

    – empêchent les médecins généralistes de traiter efficacement avec le mix hydroxychloroquine-azithromycine
    – classent, comme par hasard, au tableau des substances vénéneuses mi-janvier 2020 une hydroxychloroquine auparavant en ventre libre
    – font un tapage médiatique des effets secondaires majeurs de l’hydroxychloroquine additionné à l’azithromycine, alors que c’est un gros mensonge. »

    « Le président se trompe, les Français doivent porter un masque dès maintenant«  et sans attendre le 11 mai, clame le professeur Philippe Juvin, chef des urgences à l’hôpital Geaorges-Pompidou (Paris).

    Où l’on voit le personnel soignant entrer en dissidence… et les Gilets jaunes revenir sur terrain !

    D’autres entrent carrément en dissidence et passent aux actes : la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacie Federgy et l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO) ont annoncé que leurs adhérents allaient sans délai vendre des masques chirurgicaux à la population, malgré les strictes restrictions gouvernementales.

     

    Nécessité et urgence oblige, la subversion finit même  par pénétrer les murs épais des temples les plus orthodoxes : l’AP-HP, dirigée par le très jésuite Martin Hirsch, annonce le début d’un essai hydroxychloroquine + azithromycine réservé « au départ » à son personnel soignant. Il faut un début à tout, même si on remarquera que le professeur Tréluyer, de l’unité de recherche clinique Necker-Cochin (AP-HP)/Université de Paris, présenté comme l’investigateur coordonnateur de cette étude appelée PrEP Covid, se garde bien de citer son collègue précurseur du protocole : le professeur Didier Raoult.

    Et pendant ce temps-là, jusqu’aux Gilets jaunes qui repointent leur nez :

    Pierrick TILLET

    source: https://yetiblog.org/

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  • Chaque jour qui passe démontre les conséquences tragiques de la mondialisation et du système capitaliste alors que frappe la pandémie de . D’après les chiffres de l’université américaine John Hopkins, il fallait déplorer 156 076 décès dans le monde, et plus de 2 millions de malades officiellement identifiés du .

    Mais il apparait que chaque peuple n’est pas à égalité devant le coronavirus : le risque de mourir est bien plus important au sein de la zone  que partout ailleurs dans le reste du monde. 1 mort sur deux du COVID-19 est à pleurer dans la , pourtant censée être l’économie la plus riche du monde. 1 mort sur 4 est américain, dans la première puissance mondiale. A l’inverse alors qu’une personne dans le monde sur cinq est chinoise, la Chine populaire où l’épidémie a pourtant était déclarée pour la première fois ne compte que 3% des décès ! Et il y en a aucun au Vietnam voisin !

    Le terrible bilan de l’Union Européenne.

    Alors que la Chine a réussi à mettre fin en trois mois à l’épidémie, ce qui est loin d’être le cas en Union Européenne, les chiffres provisoires font froid dans le dos. Le nombre de décès rapporté à la population de la zone euro est près de 80 fois plus important que celui constaté en Chine. Il est même trois fois plus important que celui observé dans la province du Hubei épicentre de l’épidémie.

    A l’opposée des polémiques inutiles des leaders capitalistes des USA et des capitales européennes, osant mettre en cause la Chine qui a pourtant sonné l’alarme dès début janvier, ce chiffre traduit :

    • que l’Union Européenne, pourtant alertée très tôt, a été incapable d’empêcher l’expansion de l’épidémie à l’ensemble de ses territoires. A l’inverse de ce qu’à réussit la Chine qui a cantonné au prix de décisions très courageuses, très couteuses mais rapides, l’épidémie dans le Hubei.
    • que l’Union Européenne est incapable de dépister, de protéger par le matériel adéquat, et soigner aussi bien les malades au cœur des zones les plus touchées par la pandémie que ne l’a fait la Chine, exception faites de l’Allemagne.
    • qui plus est la comparaison à d’autres pays, asiatiques (Vietnam, Corée du Sud, Japon…) ou de l’Amérique latine (Cuba, Venezuela, Nicaragua…), démontrent la responsabilité incontestable du système européen dans ce bilan catastrophique. Là où des mesures de confinement ciblées appuyées sur des tests sont mises en oeuvre, là où on ne sacrifie la santé sur le dogme de la “libre circulation des capitaux et des biens”, là où des masques sont disponibles, le bilan de la pandémie est bien moins lourd, et l’épidémie contrôlée.

    Le bilan de la catastrophe qu’est l’Union européenne en quelques graphiques :

    En notant la date à partir de laquelle l’épidémie de covid-19 est devenue significative, on retient ici le dépassement du seuil de 10 morts du covid-19, il est possible de montrer que l’Union Européenne a eu un mois complet pour se préparer à l’arrivée de l’épidémie de covid-19 à partir du moment où la Chine était frappée. Contrairement à la Chine qui elle a du détecter sans bénéficier d’aucun délai d’alerte : l’émergence de cette nouvelle épidémie, identifier le virus, improviser des traitements, et inventer des mesures de protection adéquates de sa population.

     

    A ceux qui disent que un mois c’est trop peu, et bien remarquons que la Corée du Sud a eu le même délai. Et ce pays, pas plus riche que la zone euro a réussi a maintenir un nombre de décès par millions d’habitant du même ordre de grandeur que la Chine. Et ce malgré un démarrage très virulent de l’épidémie. Mais la Corée a réalisé un dépistage massif avec des tests généralisés, et a mis à disposition des masques pour tous le monde.

    Au delà du nombre de morts, c’est le nombre de décès par millions d’habitants qui permet de décrire le niveau de protection d’une population face au covid-19. Et le graphique suivant qui représente le nombre de décès selon la taille de la population totale est édifiant :

    Il fait apparaitre que l’ensemble des pays de la zone euro sont frappés de manière bien plus mortelle par le covid-19, que le reste du monde. Il n’y a guère que les Etats-Unis d’Amérique pour atteindre une mortalité aussi importante.
    La zone euro compte 100 fois plus de décès que la plupart des pays asiatiques (Chine, Japon, Corée du Sud, Vietnam, Singapour,….), mais aussi que des pays comme Cuba, le Venezuela, le Nicaragua ou encore la Russie.

    De fait, il est faux de dire que les peuples sont impuissants pour résister au covid-19 : les mesures simples qui sont d’ailleurs celles préconisées par l’OMS font leur preuve :

    • dépistage massif de la population pour isoler les malades, empêcher la transmission (le fameux slogan de l’OMS est tester, tester, tester…)
    • mise en quarantaine des malades, et lorsque le contrôle sur l’épidémie est perdu, confinement rapide et massif des zones concernées pour empécher l’extension de l’épidémie.
    • protection contre la transmission, par le port généralisé dans la population de masque.
    • traitement des malades au plus tôt pour empécher la dégradation de leur état, ce qui suppose un dépistage massif.

    Observons que c’est exactement l’inverse qui a été fait par l’Union Européenne. Interdiction de limiter d’une quelconque façon la circulation des marchandises et du tourisme (sauf en Autriche) dans un premier temps, pas de dépistage généralisé (sauf en Allemagne), pas de distribution de masques (sans dans les pays de l’Est), et un confinement excessivement tardif (sauf au Portugal) : l’Union Européenne a fait le pari d’exposer massivement sa population pour dépenser le moins possible, ne pas arrêter les usines, faisant le pari criminel et insensé d’une illusoire immunité collective. Le résultat c’est des dizaines de milliers de morts.

    Observons que là où l’une des mesures préconisées par la Chine a été mis en place, la mortalité a été divisée de plusieurs fois. C’est le cas avec les tests massifs en Allemagne, le confinement précoce au Portugal ou en Grèce. Evidemment, la qualité du système de santé joue aussi un rôle important. L’Allemagne qui a bien plus de lits de réanimation et d’hôpitaux (+33%) que la France, (160%) l’Espagne ou l’Italie n’a pas eu à faire le choix de laisser mourir ses personnages agées sans avoir accès à la réanimation. Ce qui explique probablement le bilan bien moins lourd outre Rhin.

    Il n’y a rien de miraculeux dans la mise en œuvre des mesures préconisées par l’OMS, mais on observe que les chiffres de la Chine, de la Corée, du Japon, de Singapour ou même du Maroc (où le port du masque est généralisée comme l’usage du plaquenil) suivent la même distribution statistique. On retrouve les même performances à Cuba, au Nicaragua ou au Venezuela trois pays sous blocus américain, mais qui faisant de la santé une priorité nationale n’ont pas eu de mal à engager immédiatement une mobilisation de toutes leurs forces contre le covid-19.

    Le tableau suivant de la mortalité au 17 avril 2020 illustre parfaitement combien c’est le choix délibéré par la Commission Européenne et les gouvernement de la zone euro, un choix identique également des USA de Trump, qui est responsables de la catastrophe que nous subissons en Europe.

    Le désastre des Etats-Unis d’Amérique !

    Les États-Unis d’Amérique, alors qu’ils n’en sont qu’au tout début de l’épidémie, avec 112 morts par million d’habitants ont déjà 35 fois plus de morts que la Chine Populaire.

    Les Etats-Unis sont désormais le premier foyer épidémique, en nombre de cas, du monde.

    Il est vrai que le régime Trump a mis la pression maximum sur les autorités des Etats pour les empêcher de prendre des mesures de confinement, heureusement sans succès pour nombre d’Etat, et a longtemp appelé à ne mettre aucune entrave, pour des raisons de protection de la santé, à l’extraction du profit capitaliste. Avec pour conséquence des manifestations de néo nazies en armes dans certaines villes du pays pour refuser les mesures de protection sanitaire.

    De fait, les pays leaders de l’impérialisme euro atlantique, qui concentrent l’essentiel de la richesse mondiale sont moins capables de protéger leur population que la Chine. Question de priorités et de système. La priorité de l’Union Européenne et des USA aura été de façon permanente de maximiser la défense des profits capitalistes. Refusant d’abord des mesures contraignantes pour la production des entreprises privées, avant de procéder à des mesures minimales. La Chine, elle, a très vite stoppé sa production, tourné son appareil de production entièrement pour combattre l’épidémie et répondre aux besoins de sa population.

    UE, Euro, Capitalisme, En sortir pour s’en sortir !

    Oui, il va falloir tirer des leçons de cette pandémie. Alors que le capitalisme ravage notre écosystème planétaire pour les profits de quelques milliardaires, alors qu’il nous laisse démunis, sans même la capacité de produire des masques dans la 6e économie mondiale, ce système exterministe est à l’évidence une grave menace pour l’Humanité entière.
    La solidarité, le partage et la mise en commun, en un mot le communisme, sont au contraire le chemin de l’avenir.

    JBC

    source: www.initiative-communiste.fr


    Au 17 avril 2020 d’après les chiffres diffusés par l’université américaine, le bilan de l’épidémie de Covid-19 était le suivant :

    • Chine Populaire :
      • population 1 438 000 000 habitants
      • nombre de morts : 4636
      • nombre de morts par million d’habitants 3.2 morts par million d’habitants
      • PIB par habitant 9770 $/habitant
    • Chine (Province du Hubei)
      • population : 58 500 000 habitants
      • nombre de morts : 4512
      • nombre de morts par million d’habitants : 77.1 morts par million d’habitant
    • Union Européenne – Zone euro (hors pays baltes et Slovénie)
      • population 327 000 000 habitants
      • nombre de morts : 76 282
      • nombre de morts par million d’habitants : 233 morts par million d’habitants
      • PIB par habitant 38 300 $/habitant
    • Allemagne :
      • population 83 020 000 habitants
      • nombre de morts : 4 352
      • nombre de morts par million d’habitants : 52 morts par million d’habitants
      • PIB par habitant 47 603 $/habitant
    • France :
      • population 66 990 000 habitants
      • nombre de morts : 18 681
      • nombre de morts par million d’habitants : 279 morts par million d’habitants
      • PIB par habitant 41 463 $/habitant
    • Italie :
      • population 60 360 000 habitants
      • nombre de morts : 22 745
      • nombre de morts par million d’habitants : 377 morts par million d’habitants
      • PIB par habitant 34 483 $/habitant
    • Espagne :
      • population 46 940 000 habitants
      • nombre de morts : 20 002
      • nombre de morts par million d’habitants : 426 morts par million d’habitants
      • PIB par habitant 30 370 $/habitant
    • Belgique
      • population 611 460 000 habitants
      • nombre de morts : 5163
      • nombre de morts par million d’habitants : 451 morts par million d’habitants
      • PIB par habitant 47 518.64 $/habitant
    • Pays Bas :
      • population 17 280 000 habitants
      • nombre de morts : 3 459
      • nombre de morts par million d’habitants : 200 morts par million d’habitants
      • PIB par habitant 53 024 $/habitant.

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • Un professeur de Rhumatologie à la Faculté de Médecine de Marseille revient sur la controverse au sujet des travaux de l'équipe de D. Raoult. On l'interroge sur la querelle méthodologique qui semble opposer des conceptions très différentes de la recherche et de la médecine. Il critique sévèrement les essais thérapeutiques financés par les laboratoires pharmaceutiques.
     
    Photo Jean Roudier (Inserm)   Photo Jean Roudier (Inserm)
     
    1) Bonjour Jean Roudier. En ces temps de peurs et de polémiques, les personnes sont facilement soupçonnées soit de parler à tort et à travers, soit d'avoir des intentions cachées. Pouvez-vous donc nous résumer rapidement votre parcours scientifique, et nous dire aussi d’emblée si vous avez des liens d'intérêts avec des institutions, avec des personnalités (comme le professeur Raoult) et/ou avec des laboratoires pharmaceutiques ?

    Je suis un Professeur de Rhumatologie (maladies des os et des articulations) à la Faculté de Médecine de Marseille et à l'APHM, spécialiste d’une maladie inflammatoire, la polyarthrite rhumatoïde. Ma page professionnelle sur Researchgate est ici. Je dirige aussi depuis près de 30 ans une Unité de recherche de l’INSERM, l’UMRs 1097, consacrée elle aussi à la polyarthrite rhumatoïde. Je ne suis pas Marseillais. J’ai été nommé dans les Bouches-du-Rhône après avoir été "Assistant Professor" puis "Associate Professor" à l’Université de Californie à San Diego (USA). Je n’ai pas de lien d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique : je ne participe à aucun essai thérapeutique, je ne fais partie d’aucun « Board ». Et enfin je ne suis pas du tout un proche du Professeur Raoult.

    2) Bien que ne faisant pas partie de ses amis, vous estimez qu'il faut prendre au sérieux ses préconisations médicales face à l'épidémie de coronavirus. Pourquoi ?

    Didier Raoult a structuré le domaine des maladies infectieuses à Marseille. Il a procédé à la manière d’un bulldozer et a écrasé ou phagocyté de nombreux collègues. Mais je pense qu’il est un infectiologue compétent et un vrai chercheur, c’est-à-dire qu’il ne se contente pas d’exécuter des essais thérapeutiques pour l’industrie. C’est aussi un grand organisateur et un énorme moteur. Dans la prise en charge de l’infection par covid-19, il a préconisé et pratiqué d'emblée le dépistage massif et l’emploi de l’hydroxychloroquine, médicament doté d’activité anti covid-19 démontrée in vitro, associé à l’azythromycine, un antibiotique.

    Il se trouve que l'hydroxychloroquine est un médicament que les rhumatologues utilisent depuis 40 ans aux doses de 400 à 600 mg/j pour traiter les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde et surtout de lupus, une maladie auto-immune voisine. Je l’ai prescrit à des dizaines de patients pendant des années. Les accidents cardiaques sont exceptionnels et peuvent être prévenus en contrôlant un électrocardiogramme au début du traitement.

    3) Dans leur volonté de présenter le professeur Raoult comme un « charlatan » voire un faussaire, tous les commentateurs (la plupart n'étant évidemment pas eux-mêmes des chercheurs) se réfèrent à la « méthodologie scientifique ». Didier Raoult a d'ailleurs écrit de longue date tout le mal qu'il pensait des « méthodologistes ». Ce n'est pas facile à comprendre au premier abord. Pouvez-vous expliquer en quoi consiste ce canon méthodologique et en quoi cet argument disqualifierait ou pas le travail des équipes de l'Institut Méditerranée Infection ?

    Depuis une trentaine d’années, l’industrie pharmaceutique a infiltré le milieu des médecins universitaires en leur faisant réaliser des essais de médicaments.

    Les essais de médicaments, conçus et structurés par l’industrie, ont pour but de démontrer l’efficacité d’un médicament dans le traitement d’une maladie, pour obtenir ensuite sa mise sur le marché. Ces essais sont nécessaires, mais ne représentent qu’une toute petite partie de la recherche médicale. La méthodologie de ces essais comporte la définition de paramètres quantitatifs, « représentatifs » de l’état du malade et que l’on pourra traiter par des méthodes statistiques pour démonter l'efficacité d’un traitement. 

    La conception des essais comprend la définition de groupes de patients qui reçoivent des traitements différents, parfois sans que le médecin sache quel patient reçoit quel traitement. A la fin, une analyse statistique garantit que les résultats obtenus sont « significatifs ». Sous réserve que le paramètre analysé signifie quelque chose...

    Les médecins qui participent aux essais sont des exécutants rémunérés. Ils suivent un protocole rigide, conçu par l’industriel qui finance l’essai et qui paye (habituellement dans un créneau de 1 000 à 3 000 euros par patient inclus) le médecin qui inclut des patients dans l’essai. Dans cet accord, le laboratoire pharmaceutique et le médecin investigateur sont bénéficiaires, le premier de la démonstration de l’efficacité du médicament, le second d’une somme d’argent conséquente et du soutien du laboratoire pour sa carrière. 

    Le patient est le dindon de la farce, car son inclusion dans un protocole standardisé d’essai médicamenteux le prive d’un suivi personnalisé.

    Malgré tout, de nombreux Professeurs de médecine ne réalisent que des essais de médicaments et se considèrent comme de grands chercheurs. Ces « essayistes » profitent de la grande efficacité de l’industrie pharmaceutique à promouvoir ses hommes.                                                                                                                             

    4) Mon collègue sociologue des sciences canadien, Yves Gingras, estimait ces jours-ci que la polémique actuelle en France réactive un conflit médecins/statisticiens qui aurait été tranché en faveur des seconds dès les années 1940 aux États-Unis. Que lui répondez-vous ?

    Le conflit actuel n’est pas le refus par des médecins de la méthodologie des essais thérapeutiques, mais le refus par des médecins scientifiques de laisser les méthodologistes envahir tout l’espace de la médecine et de la recherche médicale.

    Si on les laisse faire, il n’y aura plus de recherche médicale, juste des essais médicamenteux poussés par l’industrie. Il n’y aura plus de patients individuels, juste des participants anonymes dans des protocoles randomisés.

    5) Dans cette polémique, il y a manifestement aussi des enjeux de pouvoir et d'argent autour des médicaments et des laboratoires qui les produisent, avec tout ce que cela implique en termes de liens voire de conflits d'intérêt pour des médecins haut placés dans les institutions médicales et sanitaires. Qu'en savez-vous et qu'en pensez-vous ?

    Au fil des années, j’ai vu l’industrie pharmaceutique prendre, avec beaucoup de finesse, le contrôle de la médecine universitaire.  Elle a fait la carrière de jeunes médecins en les faisant parler dans les congrès qu’elle finance, en les faisant publier, en les faisant connaître.  Elle a réussi à remplacer les médecins chercheurs par des médecins « essayistes » et fiers de l’être !  Ces « essayistes » arrivent, avec le temps, à représenter leur spécialité et à passer pour des interlocuteurs compétents, des « Experts ». En réalité, ce sont des « Key Opinion Leaders », le terme utilisé par l’industrie pour désigner ses influenceurs.  

    Derrière le conflit de style entre Didier Raoult et les « Experts » (Superdupont déplaît à la Cour), il y a bien un conflit de fond entre deux conceptions de la recherche médicale, celle des chercheurs qui posent des questions et tentent d’y répondre et celle des « essayistes ».  Ce n’est pas un conflit médecin contre chercheurs, mais plutôt médecin chercheur fondamentaliste contre médecins chercheurs… de capitaux.

    source: https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/

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  • Confinement : une mise à la diète salutaire riche d’enseignements

     

    À Toulouse, des avocats ont contesté la légalité du confinement qu’ils qualifient de mesure disciplinaire plutôt que sanitaire. En réalité, c’est la façon mesquine, à coups d’amendes à 135 euros et d’interdictions punitives (le plages, les sentiers côtiers par chez moi) dont cette mesure est appliquée qui est disciplinaire. Le confinement lui-même aurait plutôt du bon, je trouve, riche d’enseignements.

    La révélation du délabrement politique et social de notre pays

    D’abord, il aura mis cruellement à nu, sans nul besoin de tests de dépistage sophistiqués, les  tares qui rongent notre société prétendument développée et démocratique :

    • la totale incurie de notre personnel politique – et partant de là, celle de notre pseudo démocratie puisque c’est bien nous qui avons porté ces ganaches au pouvoir ;
    • la suffisance de nos autorités sanitaires multipliant des tests « scientifiques » – la méthode ! la méthode ! – aussi pompeux et interminable qu’inutiles en période de pandémie galopante ;
    • le délabrement de nos services publics, en particulier sanitaires dépourvus de personnel, de matériel et de moyens par des années d’“optimisation” financière ;
    • les défaillances mesquines d’au moins une partie d’entre nous : ah, cette campagne hystérique de dénigrement contre le professeur Raoult, seul médecin tentant quelque chose de pragmatique ! ah, ces appels au pistage systématique, ce retour à la délation anonyme bien sordide, cette ostracisation sinistre de nos infirmier.e.s désignés comme pestiférées par leurs voisins de palier !

    Des points de comparaison cruels pour les pays dits “développés”

    En nous imposant du temps d’oisiveté contrainte, le confinement nous donne aussi le loisir d’aller voir un peu ce qui se passe ailleurs que chez nous. Là encore, verdict douloureux. Lorsque le soir tombent les nouveaux chiffres statistiques quotidiens des ravages commis par le Covid-19, quelle douloureuse surprise de voir que non seulement nos pays dits “développés” sont les plus touchés par le virus, mais qu’ils en sont aussi les champions incontestés, et de très loin, en terme de victimes.

    Quel étonnement de constater que les pays dits “émergents” (Chine, Russie, Corée du sud…) ont réussi à enrayer la progression du mal et que les pays “en voie de développement” (Afrique) en sortent relativement épargnés et indemnes (il est vrai que là-bas, on ne s’embarrasse pas de méthodologie pontifiante en matière sanitaire et allez hop, dépaquine pour tout le monde).

    Quel ébahissement, en occupant notre temps à consulter la presse étrangère sur le net, de découvrir que des pays comme Cuba, le Venezuela ou encore le Maroc disposent de masques et/ou de tests de dépistages en nombre quand nous autres, les pays “riches”, en sommes si dépourvus. Quel ébahissement de constater que ce que nous considérions comme d’insupportables privations totalitaires de liberté  dans ces pays pestiférés relevait finalement d’une discipline collective assumée. Pauvres de nous dont la liberté de « dire ce qu’on pense » s’apparente surtout à dire TOUT LE MAL que l’on pense des autres !

    Distribution de masques au Venenezuela

    Le besoin d’une réorganisation plus paisible de nos modes de vie

    Le confinement général auquel nous sommes astreints n’est évidemment pas inutile, juste un médiocre pis-aller par défaut d’être foutus d’appliquer les mesures préconisées par l’OMS aux Nations pour lutter véritablement contre une épidémie : dépistage systématique et isolation des malades, soins gratuits pour tous, port du part par tous, renforcement des mesures d’hygiène pour l’ensemble de la population…

    Mais à toute chose, malheur peut être bon. En détruisant notre modèle de fonctionnement capitaliste absurde – voyez la dépression fatale qui vient – en rompant avec le rythme vie frénétique que ce modèle nous imposait, le confinement prolongé va nous obliger à quelques salutaires prises de conscience , à une réorganisation obligé de nos modes de vie :

    11 avril : la rue de Vaugirard à Paris

    • nos villes désertées par les voitures, nos zones périphériques d’activité à l’arrêt… et soudain beaucoup plus respirables ;

    • la consommation frénétique soudain passée au ralenti sans que nous n’en éprouvions guère de manque ;
    • cette espèce de sérénité qu’on voit apparaître dans nos petites villes, cette civilité retrouvée qui nous fait faire des queues interminables sans que nous récriminions devant les boutiques, les supermarchés, les marchés…
    • on note même l’apparition d’une certaine solidarité, d’un réflexe d’entraide, d’une certaine forme de gentillesse entre citoyens.

    Alors oui, la transition du monde frénétique d’avant vers un monde plus, oui, apaisé, ne va pas se faire sans grosses secousses. Il y a le cas des grandes villes dont le confinement fait apparaître aujourd’hui le côté inhumain, insupportable. L’agonie du monde pourri n’ira pas sans charrier son lot de chômage, de précarité pénible, de souffrances. Mais c’est comme ça, le prix à payer pour nos égarements. Regardez comme beaucoup d’entre nous, grâce au confinement et à la vie imposée de retraités, se sont déjà désintoxiqués des rythmes d’avant. Même les efforts d’engourdissement médiatiques n’ont plus prise sur nous. Et si, grâce au confinement, nous redevenions un peuple génial ?

    Pierrick TILLET

    source: https://yetiblog.org/

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  • Je dois te l’avouer maman, j’ai parfois imaginé ces moments : ta fin de vie, tes obsèques. Mais jamais je n’avais envisagé un tel scénario, de telles conditions, cette hécatombe dans ton dernier lieu de vie, que nous désignons par cet acronyme disgracieux : EHPAD. Notre société doit, devra affronter ton regard ainsi que celui de tous tes compagnons d’établissements, qui ont, qui vont succomber.

    Ta fin de vie fut difficilement supportable, car il m’a été interdit de venir te voir durant les cinq semaines qui ont précédé ton décès. Comment psychiquement tu auras vécu cette longue période, seule ? Quelle compréhension as-tu eue de ce qui se passait dans le pays, autour de toi ? Et ces derniers jours, infectée par le virus, quelles ont été tes difficultés respiratoires ? Je n’aurai jamais ces éléments de réponses que j’allais chercher dans tes yeux, si bleus.

    Nos rites funéraires empêchés, permettant à notre famille et à tes amis de se rendre au funérarium, de te voir une dernière fois, de prendre conscience de la réalité de ton corps désormais libéré. J’aurais tellement aimé glisser par moi-même dans ton cercueil 2, 3 goodies de Jojo, une photo de Cuba avec le grand barbu, un mini-roulement à billes de la SKF d’Ivry ou les Principes élémentaires de philosophie de Georges Politzer.

    Et maintenant cette inhumation, à guichets fermés avec 20 personnes. Avec Annie, nous avons dû sélectionner les présents, c’est surréaliste comme exercice. Au cimetière, gestes barrières obligent, il nous sera interdit de nous étreindre, de pleurer dans les bras l’un de l’autre. Ensuite, nous serons assis et espacés de 2 mètres, craignant le moindre postillon du voisin. Car, après tout, même si nous partageons une même douleur, nous représentons potentiellement une menace.

    Si je t’écris, c’est que le Covid-19 a eu raison de ta combativité. Tu n’es pas la seule, c’est une véritable hécatombe, dans ta résidence comme dans tout le pays.

    Sur Favier-Bry, nous comptabiliserions, au 14 avril 2020, environ 40 décès dus au Covid sur 226 résidents. Tous les secteurs sont touchés, la quasi-totalité des résidents présenterait au moins un signe d’infection.

    Comme me l’a écrit la fille d’une résidente, le 11 avril, en apprenant ton décès : « Dans ce contexte si angoissant où le coronavirus rôde sans pitié, ne pouvant rendre visite à maman, je m’inquiète chaque jour, malgré l’omerta ambiante, de son état de santé. »

    À l’échelle du pays : 5 379 décès en Ehpad pour 15 206 décès sur l’ensemble du territoire, soit 35 % ! Plus de 1 décès sur 3 survient en établissement où résident seulement 700 000 personnes. Lorsque le virus entre sur un site, les taux de mortalité sont estimés au-delà de 20 % à 30 % (1).

    Les personnels sont à bout, épuisés. Beaucoup sont touchés et l’absentéisme des aides-soignants le 3 avril s’élevait à 50 %. Tous semblent dépassés, tout semble s’écrouler.

    Et pourtant nous devons les soutenir, reconnaître le dévouement des personnels, des aides-soignants, médecins, cadres. C’est bien évidemment un échec pour eux qui côtoient au quotidien les résidents, les familles, et qui se trouvent empêchés, démunis. Si tu savais comment « les premiers de corvée » ont remplacé « les premiers de cordée » ces dernières semaines, tu serais pleine d’espérance !

    Mais si le Covid-19 est le 1 er responsable de la crise sanitaire actuelle, il ne peut être considéré comme le coupable du nombre si élevé de décès dans nos résidences. Car, depuis de nombreuses années, l’indifférence de nos politiques publiques, de nos gouvernements successifs est criminelle, indigne d’une grande économie.

    Locaux inadaptés (absence de pièces de vie, d’équipements moteurs), manque de personnels soignants (kinésithérapeutes, ergothérapeutes, infirmières, médecins), manque d’aides-soignants formés (estimé à 60 000 personnes début 2019), manque de moyens matériels, etc.

    Il y a quatorze mois, le 29 janvier 2018, Romain Gizolme, directeur de l’AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées) parlait en ces termes sur Europe 1 (2)  : « Les Ehpad sont à la limite du point de rupture. C’est l’ensemble du secteur qui dit aujourd’hui que la situation n’est plus tenable. »

    Le plan Grand Âge 2008-2012, conçu il y a quatorze ans, préconisait 10 agents pour 10 résidents (taux = 1), tous métiers confondus. En 2020, nous sommes toujours à 6 agents pour 10 résidents. En Allemagne et en Belgique, ils sont 8 pour 10 résidents, en Suède et au Danemark, 12 pour 10 résidents, sans pour autant avoir des tarifs supérieurs aux nôtres. La prise en charge de la dépendance aux Pays-Bas représente 3,7 % du PIB ; 2,5 % au Danemark. En France, nous sommes à 1,7 % du PIB (3).

    Et, dans le même temps, l’âge d’entrée en institution augmente avec une dépendance accrue. Les trois quarts des résidents en Ehpad sont des femmes ayant entre 85 et 86 ans et majoritairement en GIR (groupe iso-ressources) 1 et 2, c’est-à-dire avec les niveaux de dépendance les plus élevés (4). GIR 1, GIR 2 : avec toi, j’ai appris à connaître ces acronymes, qui résument en quatre signes un enfermement, un confinement permanent.

    Alors, dans un contexte où les professionnels du secteur dénoncent depuis des années l’absence de volonté politique, de moyens financiers et humains, avec des résidents vulnérables, auxquels s’ajoutent une pénurie de masques, de surblouses, une absence de dépistages, une sélection des admissions en soins intensifs dans les hôpitaux, comment penser éviter une telle hécatombe ?

    Je crains que la mortalité en Ehpad dépasse la canicule de 2003, qui avait déjà fait 19 000 morts. Quelles leçons en avons-nous tirées ? Regardons la réalité en face : notre prise en charge du grand âge, de la dépendance, n’est pas digne d’un pays développé, de la 6 e puissance économique mondiale.

    En t’écrivant, je voulais témoigner. Avant tout pour toi, pour moi, mais également pour tous « tes camarades d’Ehpad », comme nous disions. Témoigner pour tous ces morts, tous ces résidents en danger, avec l’espoir que, demain, notre société réagisse enfin, et qu’elle se donne les moyens d’affronter vos regards.

    Olivier.

     
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