Le PDG du groupe La Poste a rencontré les syndicats ce vendredi matin à Quimper, alors que l’établissement quimpérois connaît des dysfonctionnements depuis l’automne. Il a reconnu des problèmes tandis que le directeur départemental estimait lui que la crise était finie.
Le PDG de La Poste (plus de 250 000 salariés dans le groupe) a été accueilli par des syndicalistes et des usagers mécontents, les premiers dénonçant un mal-être récurrent et les seconds une dégradation du service. La distribution du courrier est en effet fortement perturbée depuis l’automne, certains plis postés en décembre arrivant encore en cette fin février à leur destinataire.
« Tous les quinze jours, le PDG de La Poste se déplace en France pour rencontrer les collaborateurs », a précisé d’emblée une chargée de communication. Pour elle, il ne fallait donc pas voir dans la première visite de Philippe Wahl (il est en poste depuis 2013) à Quimper un lien avec les tensions qui durent depuis le mois de septembre.
« Les retards sont résorbés »
Thierry Sakot, directeur opérationnel pour le Finistère et les Côtes-d’Armor, n’a pas nié que la réorganisation a causé des problèmes. « Le modèle se transforme et il y a eu une période de rodage et d’apprentissage, dit-il. Aujourd’hui, il fonctionne. Les retards sont résorbés. ll reste tout au plus 300 plis à 99 % mal adressés ». La mission de service public serait donc maintenue malgré une chute des volumes de courriers. « Il y avait neuf milliards de plis l’an passé, soit deux fois moins qu’en 2009 et nous prévoyons cinq milliards en 2025. La diversification des métiers permet de maintenir le service. Amazon est notre premier concurrent mais aussi notre premier client car qui est présent en montagne ou dans les zones rurales isolées ? C’est La Poste. Amazon fait donc appel à nous dans ces cas ».
L’avenir dans les services
Le groupe La Poste se porte donc bien grâce à la diversification (822 M€ de bénéfices nets en hausse de 3 % en 2019) dans les colis, les services. À Quimper, les postiers ne connaissent pas cette bonne santé, le mal-être étant régulièrement dénoncé.
Les représentants syndicaux ont pu échanger avec le PDG pendant plus d’une heure et demie, « sans tension ». « Il était abordable, a semblé être à l’écoute et nous a laissés nous exprimer, a reconnu Esla Naudet (CGT). Nous attendons maintenant des actions ». Selon la syndicaliste, « Philippe Wahl a reconnu que c’était l’exemple d’une transformation qui se passe mal, mais sans annoncer d’avancée sur l’emploi ». « Pour le PDG, une réorganisation est nécessaire tous les deux ans pour faire face à la baisse du courrier, continue la syndicaliste. Il a insisté sur le rôle social du facteur en expliquant que le vieillissement de la population est une chance pour La Poste avec des services à développer : portage des repas, veille sur les personnes âgées. Pour lui, cela justifie qu’il n’y aura pas de recul sur la distribution six jours sur sept ».
Pas d’avancées sur les salaires
Les revendications sur les salaires n’ont pas non plus été entendues. « Les bénéfices iront aux actionnaires (220 M€) et le reste pour l’investissement, rapporte Elsa Naudet. Alors que l’on nous propose 1,20 € d’augmentation mensuelle pour un facteur dans le cadre des négociations sur les salaires et qu’il n’y aura rien pour les facteurs qui distribuent les plis électoraux ce qui rapporte pourtant à La Poste ».
Au-delà de l’écoute du PDG et de son exposé des valeurs, les syndicalistes sont donc restés sur leur faim, d’autant que la « pression managériale » sur le terrain est toujours plus forte.
Ronan LARVOR
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