• Diffuseurs et prestataires techniques du spectacle se sont retrouvés lors d'une table ronde organisée dans les locaux de la scène nationale de Brest à l'invitation du collectif Quartz occupéDiffuseurs et prestataires techniques du spectacle se sont retrouvés lors d’une table ronde organisée dans les locaux de la scène nationale de Brest à l’invitation du collectif Quartz occupé 
     
    Pendant deux heures et demie, à l'invitation du collectif Quartz occupé, à Brest, des diffuseurs et prestataires techniques ont échangé sur leur situation et celle de la culture.

    Les “occupants” du Quartz, à Brest, ont organisé une table-ronde mardi 30 mars 2021. Un Quartz où techniciens, artistes, intermittents… se relaient pour protester contre la mise sous cloche de la culture, en cette période de crise sanitaire liée à la propagation du coronavirus Covid-19. Comme d’autres le font dans de nombreux théâtres et salles de spectacles, dans le Finistère et en France.

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    Deux heures et demie

    Objet de cette table ronde, qui a réuni un panel de diffuseurs (salles de spectacles, festivals, producteurs) et prestataires techniques du Finistère : faire le point sur la situation des structures, savoir où elles en sont moralement, comment elles se projettent. Mais aussi permettre aux uns et aux autres de se voir, d’échanger. Le tout sous la baguette des régisseurs de spectacles, Dan Audrezet et Jacques Guillerm. 

    Les questions abordées pendant les deux heures et demie de rencontre : les préoccupations sanitaires et les protocoles pour la réouverture des lieux de diffusion qui inquiètent (« les jauges de 35% de public dans les salles sont intenables pour de nombreux spectacles et tournées qui, pour ne pas perdre d’argent, doivent être remplies à 70-80% »), les reports, les annulations, les tournées des artistes qui ne sont pas (re)lancées, les bénévoles, les jeunes, la fragilisation des petites structures, un plan de relance, le prolongement de l’année blanche pour les intermittents (les droits ne sont maintenus, pour l’instant, que jusqu’au 31 août), les caisses professionnelles de protection sociales en danger… 

    Incompris, mis de côté

    Et Dan Audrezet de commenter :

    « Nous occupons Le Quartz depuis trois semaines (depuis jeudi 11 mars, NDLR) mais dans notre milieu, nous sommes tous à un niveau d'informations différent. Le but de cette table ronde était donc de permettre aux uns et aux autres de se rencontrer, de s'écouter, de savoir comment ils vivaient cette difficile période, comment ils se projetaient dans l'avenir. »

     

    Il ajoute : « Nous sommes satisfaits de la participation : toutes les personnes sollicitées ont répondu à notre invitation et soutiennent notre action, ça fait vraiment plaisir. Nous sommes conscients que la situation sanitaire est compliquée, mais nous avons l’impression d’être incompris par les autorités, voire mis de côté. Nous n’avons aucune feuille de route, aucune visibilité : oui, vraiment le sentiment que notre domaine d’activités, décrété non essentiel, n’est pas considéré et que l’on ne nous écoute pas. Cela fait un an que beaucoup d’acteurs du monde culturel n’ont pas bossé et nous espérons bien reprendre le travail. »

    Diffuseurs et prestataires techniques du spectacle se sont retrouvés lors d'une table ronde organisée dans les locaux de la scène nationale de Brest à l'invitation du collectif Quartz occupéDiffuseurs et prestataires techniques du spectacle se sont retrouvés lors d’une table ronde organisée dans les locaux de la scène nationale de Brest à l’invitation du collectif Quartz occupé

    LES PARTICIPANTS

    Autour de Dan Audrezet et Jacques Guillerm (alias Jacquito) : Yann Autret ( Les petites folies, Lampaul-Plouarzel), Pauline Bourda (L'Ilophone, Ouessant), Olivier Cauchon (Diogène productions, Brest), Igor Gardes (festival de Cornouaille, Quimper), Alain Le Loup (Festidreuz, Fouesnant), Yannick Martin (La Carène, Brest), Olivier Morvan (Festival de la mer, Landunvez), Charles Muzy (Le Vauban, Brest), Eddy Pierrès (Panoramas-Wart, Morlaix), Frédéric Pinard (L'Archipel, Fouesnant), Marc Ribette (Arsenal productions, Brest), Maïté Rivière (Le Quartz, Brest), Gildas Rioualen (Astropolis, Brest), Jérôme Tréhorel (Les Vieilles Charrues, Carhaix), Sylvain Turpin (Audiolite, Brest). 

    De nouvelles actions

    Le collectif Quartz occupé multiplie les actions en son nom ou via d’autres collectifs. Comme Synergie qui, ce mercredi midi, 31 mars, sur le parvis de la scène nationale de Brest, invitait au tournage d’un clip pour montrer le dynamisme de la culture locale. 

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    Vendredi 2 avril, à 12h30 place de la Liberté, 144 personnes vont investir l’espace, assises sur une chaise, en respectant la distanciation physique : « Une action symbolique pour montrer la difficulté d’organiser un festival, un concert ou un spectacle avec les contraintes imposées », poursuit Dan Audrezet. 

    Partis pour rester

    « Le Quartz va connaître des travaux, le collectif Quartz occupé doit donc déménager en fin de semaine. Nous venons d’apprendre que, finalement, nous n’irons pas bien loin puisque nous sommes autorisés à migrer vers la partie Congrès qui, elle, ne sera pas en chantier. Nous sommes très bien accueillis ici et nous allons pouvoir continuer à travailler au sein de nos commissions. Nous ne sommes pas des spécialistes de ce genre de mouvement, mais nous apprenons », souligne Dan Audrezet. 

     

    Yann Guénégou

     

    source: https://actu.fr/bretagne/brest

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  • Ils étaient une centaine à se mobiliser, mercredi 21 mars 2021, à 10 h 30 devant la Fac Segalen, à Brest (Finistère) pour demander une augmentation de leur pension de retraite et alerter sur leur situation de précarité.Ils étaient une centaine à se mobiliser, mercredi 21 mars 2021, à 10 h 30 devant la Fac Segalen, à Brest (Finistère) pour demander une augmentation de leur pension de retraite et alerter sur leur situation de précarité.

    Ils étaient une centaine à se mobiliser, ce mercredi 31 mars 2021, à Brest (Finistère) pour demander une augmentation de leur pension de retraite et alerter sur leur précarité. Les étudiants étaient venus grossir les rangs.

    Réunis sur le parvis de la fac Segalen, à Brest (Finistère) pour faire entendre leurs revendications, les manifestants sont passés devant le Quartz puis sont allés déposer une motion à la sous-préfecture. « Nos pensions n’ont pas été augmentées depuis des années alors même que la fiscalité comme les prix ont explosé, explique Bruno Goulian de la CGT. De plus en plus de retraités vivent dans la précarité. »

    Colère contre l’augmentation de la CSG

    Par ailleurs, le gouvernement a reconnu s’être trompé en nous faisant payer l’augmentation de la CSG (Contribution sociale généralisée) en 2018 et a promis de nous rembourser, explique Robert Plaquin, ancien secrétaire général CGT Postes Télécoms du Finistère Nord. Nous attendons toujours le remboursement intégral de ce trop-perçu ! ».

    Lutte intergénérationnelle

    Les manifestants demandent également la production massive de vaccins rapides et gratuits pour tous, la prise en charge de la perte d’autonomie, des services publics avec maintien des guichets et accueils physiques dans les administrations et la fin de « l’âgisme » consistant à opposer les générations entre elles. Quelques jeunes sont en effet dans le cortège. Par solidarité et parce que « cette lutte est intergénérationnelle, souligne Enzo de Grégorio, secrétaire départemental du MJCF (Mouvement jeunes communistes de France). Le gouvernement essaye de nous opposer mais nous avons les mêmes problématiques. »

     

    source: https://www.ouest-france.fr/

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  • Quelques personnes se sont réunies devant le centre Guéhenno ce mercredi 31 mars, « pour un pouvoir d’achat décent » des retraités. Quelques personnes se sont réunies devant le centre Guéhenno ce mercredi 31 mars, « pour un pouvoir d’achat décent » des retraités. 

    Ils étaient 17 à se réunir devant le centre Guéhenno ce mercredi 31 mars, à l’appel des syndicats, pour défendre le pouvoir d’achat des retraités.

    Un appel a été lancé par neuf organisations syndicales et associations de retraités pour manifester, ce mercredi 31 mars, pour « un pouvoir d’achat décent ». À Quimperlé, ils étaient 17 à se réunir devant le centre Guéhenno, un rassemblement symbolique s’il en est.

    Gérard Bourhis, de la CGT, s’est exprimé face aux retraités rassemblés pour défendre leur pouvoir d’achat qui subit le blocage des pensions, accompagné d’une augmentation de la fiscalité et des prix. Il reproche aux gouvernements successifs et au Medef d’appliquer une politique de « celui qui a un peu plus que le plus pauvre d’entre nous n’a qu’à donner le peu qu’il a ».

    « En pleine crise sanitaire, le nombre de pauvres a augmenté d’un million en France »

    Selon lui, « c’est ce qui fait malheureusement tourner majoritairement la planète ».

    Gérard Bourhis, de la CGT, a rappelé aux participants que "nous serons, si nous nous y mettons encore plus nombreux ensemble, le bouclier de masse qui les fera reculer pour nos revendications et Gérard Bourhis, de la CGT, a rappelé aux participants : « Nous serons, si nous nous y mettons encore plus nombreux ensemble, le bouclier de masse qui les fera reculer pour nos revendications et celles de notre jeunesse, pour notre bonheur ». 

    Il ajoute qu’« en pleine crise sanitaire, le nombre de pauvres a augmenté d’un million en France ». Aux retraités présents, il dit : « Les associations caritatives, qui ne seraient rien sans vous, sont débordées par la croissance de la demande, des salariés sont plongés dans le chômage pour des patrons profitant de la pandémie, des étudiants en pleine détresse financière ».

    Le délégué CGT rappelle : « Nous serons, si nous nous y mettons encore plus nombreux ensemble, le bouclier de masse qui les fera reculer pour nos revendications et celles de notre jeunesse, pour notre bonheur ».

    Sur le volet santé, cette journée de mobilisation était aussi, pour les syndicats et associations, l’occasion de réclamer une meilleure prise en charge de la perte d’autonomie par la Sécurité sociale, la levée de la propriété privée sur les vaccins pour une vaccination de toutes et tous et le maintien des guichets et accueils physiques dans les services publics.

    Pauline LE MORLEC

    source: https://www.letelegramme.fr/

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  • Un rassemblement dans le calme devant la sous-préfecture de Lorient, ce mercredi matin 31 mars 2021.Un rassemblement dans le calme devant la sous-préfecture de Lorient, ce mercredi matin 31 mars 2021. 

    Le rassemblement intersyndical des retraités, ce mercredi matin 31 mars 2021, devant la sous-préfecture de Lorient (Morbihan), a réuni un peu plus de 150 personnes.

    Après avoir été reçus par la secrétaire générale de la sous-préfecture de Lorient (Morbihan), ce mercredi 31 mars 2021, les représentants des syndicats des retraités ont présenté diverses doléances et revendications autour du pouvoir d’achat, de la revalorisation des pensions, des moyens matériels et humains nécessaires au système de santé publique. Ils réclament : « une vaccination immédiate pour tous ceux qui le souhaitent, en particulier les personnes les plus fragiles. Les vaccins sont un bien commun et pas l’objet d’enjeux financiers ».

    « Des attaques indécentes contre les retraités »

    Les retraités ont aussi dénoncé « ces pseudo-experts qui se succèdent sur certains médias et qui lancent des attaques indécentes contre les retraités ».

    L’intersyndicale exige : « une hausse immédiate de toutes les pensions de 100 €, première étape d’une revalorisation de 300 € pour tous afin de tenir compte de la dégradation des retraites depuis vingt ans ». Au même titre que : « Ce n’est pas à la Sécurité sociale de financer la course aux profits, les retraités ne veulent pas non plus financer le droit à l’autonomie. Dans cette société où les services publics sont fragilisés, où le pouvoir d’achat se détériore, tous aspirent au droit à vivre décemment. »

    Des cartes, à destination du Président de la République, étaient distribuées résumant leurs exigences : non à la perte du pouvoir d’achat, 100 € tout de suite, revalorisation des pensions, accès à la santé pour tous, prise en charge de la perte d’autonomie à 100 % dans la branche maladie de la Sécurité sociale.

     

    source: https://www.ouest-france.fr/

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    Entretien du 31/03/2021 avec Alexis Poulin, éditorialiste. Pour RT France, il revient sur les nouvelles mesures de restriction annoncées par Emmanuel Macron ce mercredi 31 mars. Il commente abondamment la stratégie vaccinale telle qu'elle a été mise en place par le gouvernement, et regrette le manque de doses, qui auraient pu permettre l’accélération de la vaccination.

     

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  • À l’occasion du 150e anniversaire du début de la , le soulèvement de la rappelle, lorsque les ouvriers et les paysans ont instauré une république populaire dans la capitale du sud de la en 1927.

    Le 18 mars 2021 par Tings Chak – (Article initialement commandé et publié par The Funambulist 34 (mars-avril 2021))

    C’est au cours de l’automne russe de 1920 que Qu Qiubai entendit pour la première fois L’Internationale – l’hymne socialiste né de la Commune de Paris de 1871. Eugène Pottier, auteur des paroles de la chanson, était un Communard et membre élu de l’État ouvrier qui a duré 72 jours dans la capitale française. Bien qu’écrite près d’un demi-siècle plus tôt, cette chanson n’avait été adoptée que récemment comme hymne du parti bolchevique. Jusqu’à aujourd’hui, ce chant est l’un des hymnes des opprimés les plus traduits et les plus chantés au monde. Qu participait à la célébration du troisième anniversaire de la d’Octobre, après avoir traversé Harbin – la capitale provinciale la plus septentrionale de la Chine – pour rejoindre la Russie. Parlant couramment le français et le russe, il avait été envoyé comme correspondant à Moscou pour le Morning News de Pékin (晨报), et couvrait les premières années de la révolution bolchevique.

    En 1920, le mouvement communiste en Chine venait à peine de naître, mais la nation était avide de ses idées. Les pillages coloniaux des deux guerres de l’opium ont marqué le début du « siècle de l’humiliation », qui a vu la cession de Hong Kong aux Britanniques et le saccage de l’ancien Palais d’été par les forces anglo-françaises. La dynastie Qing est tombée en 1911 et un gouvernement républicain fantoche lui a succédé. Le pays était divisé, le féodalisme et les seigneurs de la guerre sévissaient. Le peuple chinois avait faim – physiquement et spirituellement – de la libération de son pays.

    Comme des milliers de jeunes radicaux de l’époque, Qu s’est politisé dans le cadre du mouvement du 4 Mai de 1919. La Conférence de paix de Paris, à la fin de la Première Guerre mondiale, a vu l’ultime trahison des intérêts de la Chine : au lieu d’obtenir la restitution de ses territoires, les Alliés occidentaux ont accepté de transférer la province du Shandong des mains coloniales du Japon à l’Allemagne. En réaction, un mouvement national emmené par les étudiants de Pékin a vu le jour, ancré dans une politique anti-impérialiste, antiféodale et anti-patriarcale. Ce réveil a donné naissance au mouvement de la nouvelle culture – avec son journal Nouvelle jeunesse – et a ouvert aux nouvelles idées afin de guider la transformation du pays. Parmi ses dirigeants, on trouve les professeurs de l’université de Pékin Chen Duxiu et Li Dazhao, qui ont joué un rôle essentiel dans l’introduction des idées marxistes en Chine. Ils ont tous deux contribué à la fondation du chinois (PCC) en 1921.

    La trahison des Alliés occidentaux a été d’autant plus ressentie que le peuple chinois avait beaucoup contribué à la Grande Guerre. Pour faire face à leur pénurie croissante de main-d’œuvre, les États français et britannique s’appuyaient fortement sur leurs colonies d’Afrique, d’Indochine et de Chine. Cent quarante mille Chinois – pour la plupart des paysans – ont rejoint les efforts de guerre français et britanniques, tandis que 200 000 autres ont combattu sur le front oriental avec l’Armée rouge russe. Le Corps de travail chinois a accompli toutes les tâches, sauf celle de porter les armes : il a creusé des tranchées, travaillé dans des usines de munitions, réparé les équipements sur les lignes de front et enterré les morts. Des milliers sont morts, mais cette partie de l’histoire est peu racontée en Occident. À peu près à la même époque, un autre groupe de jeunes Chinois se rendait en France. Initialement lancé par des anarchistes chinois en 1908, le programme a été officialisé en 1919 sous le nom de Diligent Work-Frugal Study program (Programme de travail assidu et d’études frugales), qui a amené 2 000 ouvriers et paysans chinois à Paris. Les mauvaises conditions de vie et de travail ont politisé nombre de ces étudiants – le 28 février 1921, 400 étudiants chinois en alternance ont manifesté contre de nouvelles réductions des bourses d’études. Des événements comme celui-ci rapprochent le mouvement des travailleurs de la génération de la Première Guerre mondiale, qui commencent à s’organiser ensemble dans les usines Renault, des banlieues industrielles de Boulogne-Billancourt à La Garenne-Colombes. C’est depuis les ateliers et dans les amphithéâtres d’université que le marxisme va pénétrer la pensée révolutionnaire chinoise. Parmi les étudiants se trouvaient Zhou Enlai et Deng Xiaoping, fondateurs de la branche européenne du PCC. Zhou Enlai a été Premier ministre pendant 26 ans et Deng Xiaoping est le dirigeant chinois qui a succédé à Mao Zedong lors de la fondation de la République populaire de Chine (RPC).

    Fleur éclatante, fruit heureux

    Bien que la Commune de Paris ait été largement inconnue du public chinois jusqu’alors, ces échanges entre ouvriers et intellectuels en France, et l’ouverture idéologique que le mouvement du 4-Mai a créée, ont contribué à faire connaître cette histoire. Plusieurs des premiers dirigeants communistes ont étudié, écrit et popularisé l’histoire de l’État ouvrier. En 1920, Li Da – l’un des douze membres fondateurs du PCC – a écrit sur la nécessité pour la révolution chinoise d’emprunter la voie de la lutte armée. En 1922, Zhou Enlai a écrit dans Nouvelle jeunesse (新靑年) sur la « fleur éphémère » de la Commune de Paris et sa continuation dans la Révolution d’octobre. L’année suivante, dans l’édition du 50e anniversaire de Shen Bao (申報) – l’un des premiers journaux modernes de Chine – Li Dazhao explique pour la première fois le concept de « commune » à un public chinois. D’abord transposé sous le nom de kangmiaoen (康妙恩), le concept révolutionnaire a acquis sa propre forme dans la langue chinoise, le gongshe (公社) – une république de travailleurs.

    Qu Qiubai faisait partie des communistes qui ont non seulement traduit des textes essentiels sur l’histoire de la Commune, mais qui ont également été les premiers à traduire en chinois L’Internationale – la chanson qu’il avait entendue pour la première fois en Russie trois ans auparavant. En s’accompagnant à l’orgue, il a revu minutieusement ses paroles pour trouver une traduction du mot « internationale » – qui n’a que deux syllabes en chinois (国际) – qui puisse convenir à la mélodie. Il s’est finalement contenté de la translittération ying te na xiong nai er (英特纳雄耐尔) pour rester fidèle à la cadence de la chanson, qui reste jusqu’à aujourd’hui dans la version officielle.

    À cette époque, Qu avait déjà rejoint le PCC à l’invitation de Zhang Tailei en 1922. Un an plus tôt, Qu avait également rencontré , le dirigeant bolchevique, qui avait étudié de près les leçons de la Commune de Paris. Quelques mois à peine avant de mener son propre pays à la révolution, Lénine y consacre un chapitre dans L’État et la révolution (1917) :

    La Commune est la première tentative d’une révolution prolétarienne pour briser la machine d’État bourgeoise ; elle est la forme politique « enfin trouvée » par quoi l’on peut et l’on doit remplacer ce qui a été brisé.

    Nous verrons plus loin que les révolutions russes de 1905 et de 1917, dans des circonstances et des conditions différentes, différent, dans d’autres conditions, continuent l’œuvre de la Commune et confirment la géniale analyse historique de Marx.

    Lénine – L’État et la révolution (1917)

    Quelques mois à peine après cette publication, la Révolution d’Octobre allait en effet poursuivre l’œuvre de la Commune et confirmer l’analyse de Marx. Dans cette tradition, les communistes chinois poursuivront également l’héritage de ces deux expériences révolutionnaires.

    Le 18 mars 1926 a eu lieu en Chine la première commémoration de masse du 55e anniversaire de la Commune de Paris. Dix mille personnes se sont rassemblées dans la capitale du sud, Guangzhou. Elles ont chanté L’Internationale et scandé « Vive la Commune de Paris ! » malgré la pluie. À cette occasion, Mao Zedong a écrit que si la Commune de Paris était une « fleur éclatante », alors la Révolution d’Octobre était le « fruit heureux » duquel d’autres fruits pouvaient naître. Mao pointe deux raisons à la défaite finale de la Commune : l’absence d’un parti unifié et centralisé pour diriger les travailleurs, et le compromis de montrer trop de miséricorde envers l’ennemi. Dans le discours qu’il a prononcé lors de la célébration, le dirigeant cantonais Zhang Tailei a souligné l’expérience concrète que la Commune de Paris avait donnée aux travailleurs chinois pour prendre le pouvoir – une préfiguration de ce qui allait arriver l’année suivante.

    De la ville à la campagne

    Les années 1920 ont vu une expansion rapide de la classe ouvrière urbaine – les syndicats se sont multipliés, les grèves étaient fréquentes et les rangs du PCC ont grandi avec l’organisation des masses. Dans le seul centre industriel de Shanghai, l’année 1926 a vu 169 grèves touchant 165 usines et impliquant plus de 200 000 travailleurs. Dans le Guangdong, la grève des marins de 1922 a été victorieuse et la grève générale de Guangzhou-Hong Kong de 1925 a duré seize mois et a recueilli un soutien de masse sans précédent de la part des employés domestiques, des dockers, des conducteurs de pousse-pousse et des « coolies ». Ces expériences ont montré comment la classe ouvrière organisée pouvait menacer la vie coloniale et l’ordre capitaliste.

    Malgré l’industrialisation, la Chine restait une société très majoritairement paysanne. Dans son Analyse des classes dans la société chinoise de 1926, Mao a étudié la composition des 450 millions d’habitants de la Chine. Le prolétariat urbain, même s’il se développait rapidement, ne comptait encore que deux millions de personnes – la grande majorité des Chinois étaient des paysans. Mao a estimé que 400 millions de personnes étaient des « semi-prolétaires » qui cultivaient leur propre lopin de terre, mais gagnaient également un salaire en tant que métayers ou ouvriers salariés – il les appelait « nos amis les plus proches » (Cf. Analyse des classes dans la société chinoise, 1926).

    Dans ce texte visionnaire, Mao avertissait également qu’il ne fallait pas faire confiance aux forces de la bourgeoisie nationale. À ce moment historique, le PCC était allié avec la bourgeoisie nationale dirigée par le parti nationaliste (Kuomintang – KMT) dans un « Front uni » contre les seigneurs de la guerre et l’impérialisme. Cette année charnière a vu la fin abrupte de cette alliance et la « Terreur blanche » qui a suivi, avec les massacres de communistes tombés aux mains des nationalistes et de leurs mercenaires. Les insurrections de masse de 1927 étaient des tentatives de transformer le symbole de la Commune de Paris en une pratique vivante en Chine, et ont nécessité un changement stratégique dans le processus révolutionnaire.

    La commémoration de la Commune de Paris en 1927 a pris de l’ampleur, attirant jusqu’à un million d’ouvriers et de paysans dans tout le pays. Lors de la célébration de Wuhan, le dirigeant ouvrier Liu Shaoqi a appelé les travailleurs à perpétuer l’esprit de la Commune de Paris tout en luttant contre l’impérialisme et les seigneurs de la guerre. Trois jours plus tard, 800 000 travailleurs dirigés par Zhou Enlai lancent une grève générale à Shanghai qui renverse le gouvernement contrôlé par les seigneurs de la guerre et établit un gouvernement municipal provisoire. Shanghai est devenue la première grande ville sous la direction du PCC. Mais le 12 avril, défiant la stratégie du Front uni, le KMT de Chiang Kai-shek organisait un coup d’État et ordonnait le massacre et la disparition de milliers de communistes avec l’aide de la police des zones occupées par les étrangers et des organisations criminelles. L’alliance entre le PCC et le KMT était terminée. Les soulèvements urbains dirigés par les communistes qui ont suivi, de Nanchang (1er août) à Hunan (7 septembre), et finalement à Guangzhou (11 décembre), ont tous été brutalement écrasés.

    Tout le pouvoir aux soviets des ouvriers, des paysans et des soldats

    Le 11 décembre, à 3h30 du matin, la première attaque a commencé dans les postes de police. Elle était dirigée par le commandant Zhang Tailei, qui a été tué dans une embuscade le jour suivant – il avait 29 ans. Une série d’actions coordonnées ont déferlé sur la ville. Leurs revendications étaient : du riz pour les ouvriers, des terres pour les paysans ! À bas les guerres militaristes ! Tout le pouvoir aux Soviets des ouvriers, des paysans et des soldats ! Derrière cette mobilisation se trouvait le Soviet de Guangzhou, qui couvrait une zone d’un demi-million de paysans travaillant en collaboration avec les syndicats de travailleurs urbains. Un conseil de guerre avec une proportion de 10 ouvriers pour 3 soldats et 3 paysans, respectivement, a dirigé le soulèvement qui a duré trois jours. Après avoir pris la ville, cet organisme a publié une série de huit décrets, imprimés et distribués en masse. Les trois premiers portaient sur l’établissement du pouvoir des soviets, l’armement du peuple et les représailles contre les contre-révolutionnaires. Le quatrième garantissait une journée de travail de huit heures et des droits pour les salariés et les chômeurs. Le cinquième portait sur l’économie et la nationalisation de l’industrie. La sixième revendication portait sur la propriété de la bourgeoisie. La septième sur l’armée : salaires et restructuration. La huitième et dernière exigeait la réorganisation des syndicats. À ce moment-là, cependant, l’organisation militaire de la bourgeoisie était encore trop forte. S’ils avaient tenu la ville assez longtemps pour les que les renforts paysans arrivent – ils étaient à six jours de marche – l’histoire aurait pu se dérouler différemment. Ralph Fox, journaliste et communiste britannique tué plus tard en combattant dans la guerre civile espagnole, a écrit sur l’importance de la « Commune de Guangzhou » :

    Pendant trois jours, une grande ville d’un pays de l’Est dominé par l’impérialisme a été prise et tenue par les classes opprimées qui gouvernent à travers leur Soviet. Il y a eu des erreurs techniques et militaires, mais, politiquement, aucune erreur n’a été commise. Le Parti communiste chinois, qui a dirigé et organisé la révolte, a des raisons d’être fier de son application des enseignements de Lénine dans les circonstances difficiles de la Chine. Le travail du Parti dans l’insurrection a montré non seulement qu’il avait les contacts les plus étroits avec les ouvriers, les paysans, la petite bourgeoisie et les soldats, mais qu’il comprenait comment rallier les plus larges masses de toutes ces classes au soutien de la révolution par des slogans corrects et une ligne politique sûre.

    (La Commune de Canton, 1928)

    L’année 1927 a marqué un tournant pour la révolution chinoise. Le fait que les soulèvements aient été brutalement réprimés a été déterminant pour le changement de stratégie du PCC, qui est passé des villes aux campagnes – vers la création d’une armée populaire et vers la paysannerie – « nos amis les plus proches ». Dans Leçons de la Commune (1908), Lénine écrit : « Bien que ces magnifiques soulèvements de la classe ouvrière aient été écrasés, il y aura un autre soulèvement, face auquel les forces des ennemis du prolétariat se révéleront inefficaces, et dont le prolétariat socialiste sortira complètement victorieux. » On pourrait dire quelque chose de similaire des soulèvements chinois. Après cette année de Terreur blanche, lors du sixième congrès du PCC en 1928, le 11 décembre a été officiellement défini comme l’anniversaire du soulèvement de Guangzhou, qui « non seulement a ouvert un nouveau chapitre pour la révolution chinoise, mais a également une grande importance dans l’histoire de la révolution mondiale, avec la même valeur que la grande Commune de Paris ». Fidèle à cette devise, la Commune de Guangzhou a été commémorée, étudiée et honorée depuis lors.

    L’année 2020 a marqué le 93e anniversaire du soulèvement de Guangzhou, qui a été surnommé la « Commune de Paris de l’Est ». À cette occasion, un nouveau « drame rouge » a été produit conjointement avec une exposition au Mémorial du soulèvement de Guangzhou.Ce bâtiment de la fin de la dynastie des Qing a servi d’académie de police avant d’être transformé en siège du Soviet de Guangzhou. En 1987, ce site a été transformé en mémorial officiel. Lors de la commémoration du 12 décembre 2020, des élèves de l’école de l’Armée populaire de libération ont récité l’histoire de Zhang Tailei, un spectacle de marionnettes a raconté l’histoire des dirigeantes du soulèvement, et l’arrière-petite-fille du héros Yang Yin a noué un ruban rouge autour du col d’un élève – marquant la transmission symbolique d’un héritage révolutionnaire d’une génération à l’autre.

    Jusqu’à l’anniversaire, cette dramaturgie immersive a été jouée quatre fois par semaine. Acteurs et spectateurs ont reconstitué ensemble le soulèvement, en revêtant les costumes et en prenant les armes de l’époque, tout en chantant L’Internationale. Lorsque Qu Qiubai a entendu cette chanson pour la première fois en Russie, il y a un siècle, il était probablement loin de se douter du rôle qu’il jouerait pour faire passer cet hymne de la « fleur éclatante » de la Commune de Paris à la Commune de Guangzhou. Il n’a pas vécu assez longtemps pour voir le « fruit heureux » de la création de la RPC en 1949, ni le centenaire de la fondation du PCC le 1er juillet de cette année. En 1935, il a été capturé, torturé et exécuté par les forces du KMT. On raconte qu’il a chanté L’Internationale jusqu’à son dernier souffle.

    Tings Chak est le principal concepteur et chercheur de Tricontinental: Institute for Social Research, il est le rédacteur en chef de Dongsheng News et collabore avec Globetrotter/People’s Dispatch.

     

    traduction depuis l’anglais DG pour www.initiative-communiste.fr

    source : https://peoplesdispatch.org/2021/03/18/guangzhou-1927-the-paris-commune-of-the-east/

    source en français: https://www.initiative-communiste.fr/articles/international/guangzhou-1927-la-commune-de-paris-de-lest/

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  • LES LEÇONS DE LA COMMUNE (I)

     

    par Bruno GUIGUE

     

    Commémorer le cent cinquantième anniversaire de la Commune, à quoi bon ? Célébrer l’insurrection héroïque du peuple parisien, raviver la mémoire de ce magnifique soulèvement contre la trahison nationale et l’oppression sociale, oui certes. Mais à quoi aura servi cet héroïsme, si l’on n’en tire aucun enseignement pour le présent ? Le meilleur hommage qu’on puisse rendre aux Communards, c’est de considérer leur histoire avec lucidité. C’est de rendre justice à ces hommes et à ces femmes immolés par le capital, sans tomber dans l’apologie béate que facilite l’omission des faiblesses et des contradictions. C’est de relire l’histoire de la Commune sans parti pris hagiographique, en la resituant dans le champ d’une lutte des classes qui continue aujourd’hui. Comme l’écrit Lissagaray, le meilleur historien de la Commune : ce serait «un ennemi» celui qui «flatterait, bâtirait de fausses légendes soi-disant révolutionnaires», il serait «aussi criminel que le cartographe qui, pour les combattants de demain, ferait des graphiques menteurs». 

    Certains trouvent qu’on en parle un peu trop, comme François Furet, grand-prêtre de l’idéologie dominante appliquée aux études historiques, pour qui «aucun événement de notre histoire moderne n’a été l’objet d’un pareil surinvestissement d’intérêt, par rapport à sa brièveté». Mais selon quel critère juger l’investissement dont fait l’objet un événement historique ? Il y a fort à parier que Furet a le sien, et qu’il est différent du nôtre. Difficile, aussi, de parler de la Commune sans prendre le risque de l’anachronisme . Même ses contemporains ont senti l’énigme qui se cachait derrière les repères accoutumés. «Qu’est-ce donc que la Commune, ce sphinx qui tarabuste si fort l’entendement bourgeois ?», demande Marx, partisan enthousiaste de l’insurrection parisienne. Révolte patriotique, assurément. C’est même ce qui, avec la laïcité, fait clairement consensus chez les Communards. Révolution sociale esquissée, ou rêvée ? Aussi, bien sûr, et non sans contradictions. 

    Tragédie humaine, à la fois terrible et grandiose, la Commune de 1871 s’inscrit dans la longue série des épisodes révolutionnaires qui scandent l’histoire du peuple français. Mais son martyre fait aussi partie du patrimoine historique de l’émancipation humaine. «Le Paris ouvrier, avec sa Commune, écrit Marx, sera célébré à jamais comme le glorieux fourrier d’une société nouvelle» ; et «le souvenir des martyrs de la Commune est conservé pieusement dans le grand cœur de la classe ouvrière». Aussi n’appelle-t-elle pas seulement un geste commémoratif : elle nous invite surtout à méditer son expérience, à tirer les leçons politiques de son échec. 

    Étrange déclenchement, en tout cas, que celui de cette révolution parisienne. Lorsque Thiers veut faire saisir par la troupe les canons de Montmartre, le 18 mars 1871, la réaction spontanée des gardes nationaux est une réaction patriotique, aiguisée par la colère éprouvée depuis des mois à l’égard d’un gouvernement capitulard. Colère partagée par une foule où les femmes sont au premier rang, et qui presse les soldats de désobéir à leurs officiers. Sommés d’ouvrir le feu par le général Lecomte, ils mettent crosse en l’air et la tentative gouvernementale vire au fiasco. Ces 171 pièces d’artillerie ont été payées par une souscription des Parisiens, et la garde nationale les tient pour la propriété collective des habitants de la capitale. Pour le gouvernement, la prise des canons de Montmartre devait d’abord être une opération symbolique. C’était le désarmement, enfin, de cette milice populaire, la garde nationale, dont l’existence était justifiée par la guerre contre les Prussiens, mais qui représentait désormais une menace pour l’ordre social. 

    Mais la saisie des canons de Montmartre, simultanément, devait servir de prétexte à une épreuve de force avec les trublions des quartiers populaires. Il s’agissait de procéder à un large coup de filet dans les milieux révolutionnaires, à l’instar de l’arrestation d’Auguste Blanqui opérée le même jour en province à la suite d’une longue traque policière. Et si jamais les prolétaires en armes s’avisaient de résister, on leur administrerait alors une bonne leçon. Tel était le plan de Thiers, qui misait à la fois sur la lassitude des Parisiens et sur l’efficacité de la troupe pour mener à bien cette rafle visant à «décapiter l’extrême gauche, après avoir décapitalisé Paris», selon la formule de Guillemin. 

    Cette opération à la fois préventive et punitive, cet étouffement dans l’œuf d’un foyer d’infection révolutionnaire qui exaspère les possédants, la grande bourgeoisie et l’aristocratie terrienne l’exigeaient du gouvernement. Elles ne cessaient de la réclamer, et le plus tôt possible, pour en finir avec les fauteurs de trouble qui noyautent les bataillons de la garde nationale et menacent les «propriétés». C’est ce que Thiers lui-même déclarera plus tard : «Les gens d’affaires allaient partout répétant : vous ne ferez jamais d’opérations financières si vous n’en finissez pas avec ces scélérats». Le gouverneur de la Banque de France le bombardait de lettres, le sommant de passer à l’action : «On y voit clair ; c’est la république rouge, jacobine et communiste qui a son Mont-Aventin à Montmartre. Ces gens-là ne connaissent qu’une défaite, celle de la force». 

    Mais en échouant, le coup de force gouvernemental du 18 mars provoque l’insurrection et ouvre un fossé entre Paris et Versailles. Des barricades s’élèvent de toutes parts. Les bataillons populaires de la garde nationale sont en effervescence. Du côté de Thiers et de son équipe, c’est la débandade. Certes on fait placarder une affiche accusant les «communistes» de vouloir «mettre Paris au pillage» et appelant les gardes nationaux bourgeois à défendre «vos foyers, vos familles, vos propriétés». Mais cette provocation supplémentaire scelle le sort du gouvernement, discrédité pour de bon aux yeux des Parisiens. La cause du soulèvement, le 18 mars, c’est ce mélange explosif : l’indignation patriotique d’un peuple trahi, subitement portée à vif par le coup de force avorté d’un gouvernement capitulard. Abandonné par Thiers, Favre et leurs comparses, Paris s’érige alors en pouvoir de substitution. Devant la fuite des autorités, le comité central de la garde nationale constate l’inanité du pouvoir, et il décide illico de le remplacer. 

    C’est ainsi qu’il faut comprendre sa déclaration du 19 mars : «Les prolétaires de la capitale, au milieu de la défaillance et des trahisons des classes gouvernantes, ont compris que l’heure était arrivée pour eux de sauver la situation en prenant en main la direction des affaires publiques». Ce pouvoir, le comité central ne l’a ni désiré ni conquis. Il est tombé entre ses mains, sous la pression populaire, à la faveur de la débandade gouvernementale. Les premières décisions du comité sont la levée de l’état de siège, l’abolition des conseils de guerre et l’amnistie pour tous les crimes et délits politiques. Mais la révolution n’est pas à l’ordre du jour. Car le comité veut avant tout la sauvegarde de la République, et il sait aussi que la légalité de son entreprise est douteuse. 

    Les maires d’arrondissement proposent une médiation avec le gouvernement replié à Versailles, et le comité central participera à ces pourparlers jusqu’à leur échec provoqué par l’intransigeance de Thiers, lequel est déterminé à éteindre le foyer de la rébellion parisienne. Lors de ces discussions où se joue le sort de la future Commune, certains membres du comité central, rapporte Lissagaray, s’indignent qu’on lui reproche d’avoir fomenté la révolte. «Quoi ! On osait parler d’insurrection ! Qui avait déchaîné la guerre civile, attaqué ? Qu’avait fait la garde nationale que de répondre à une agression nocturne et de reprendre les canons payés par elle? Qu’avait fait le Comité Central que de suivre le peuple, d’occuper un Hôtel-de-Ville abandonné ?»

    La révolution du 18 mars 1871 n’a pas besoin qu’on lui bâtisse une légende, et il faut prendre la mesure de ce qui s’est réellement passé pour tenter de comprendre la suite des événements. «Ce qui s’est passé, le voici : un essai de rafle tenté par Thiers contre les militants extrémistes et les membres du Comité central, et soudain, l’accident, l’instrument de répression qui se casse, la troupe qui entre en insubordination ; alors la garde nationale fédérée se lève, cette fois pour de bon ; stupéfaite de ce qui arrive, et de cette ville laissée à elle-même, la garde nationale en est réduite à ne compter plus que sur son Comité central pour se substituer à une administration en fuite, disparue». 

    Aucune préméditation, dans cette affaire, pas l’ombre d’un complot révolutionnaire. Si le gouvernement de la Commune fut «le gouvernement de la classe ouvrière», comme dira Marx, on ne peut pas dire que son instauration ait été ourdie dans l’ombre par on ne sait quel chef d’orchestre clandestin. La propagande de Versailles tentera d’incriminer les militants de l’Internationale, mais cette accusation est démentie par les faits. Lisons Henri Guillemin : «La voilà, la vérité sur le 18 mars. Rien qui ressemble à une révolution concertée, préparée, exécutée par le peuple. Un groupe de bonshommes en uniforme, des espèces de délégués syndicaux se voient mués brusquement en responsables de la Cité, et ils en sont, les premiers, ahuris. Mensonge, l’affirmation de Thiers dénonçant à la population ce «comité occulte» qui «veut former un gouvernement». Loin d’avoir fait le 18 mars, le Comité central l’a bien plutôt subi. Ces militaires d’occasion que des circonstances vertigineuses obligent, en coup de foudre, à jouer les ministres vont s’efforcer de faire bonne figure dans le métier qui n’est pas le leur».

    Et pourtant, l’étincelle du 18 mars a mis le feu aux poudres. Cette révolution improvisée a soudainement changé les règles du jeu. Le comité central de la garde nationale, c’est une vingtaine d’ouvriers, d’artisans et de boutiquiers, parfaitement inconnus pour la plupart, qui donnent congé à la classe politique et prennent sa place. Immédiatement évacuée de la scène, cette coterie de politiciens dont le subterfuge consiste toujours à ramasser les fruits de la colère populaire. 1871 n’est ni 1830 ni 1848 ! La capture habituelle de l’événement révolutionnaire, son détournement frauduleux par les professionnels du parlementarisme bourgeois, cette fois, c’est fini ! Dès son moment inaugural, le 18 mars, c’est ce procédé qui signale la radicale nouveauté de la Commune. Ni l’assemblée réactionnaire élue le 8 février, ni le gouvernement capitulard d’Adolphe Thiers, ni les avocats républicains experts en récupération politicienne ne confisqueront le pouvoir et ne soumettront Paris, tel est le message. Or il est frappant que ce pouvoir qui lui échoit inopinément, ce pouvoir dont se saisit par défaut le comité central, ce dernier ne songe qu’à le remettre aux futurs élus de la Commune. Car ce que veulent d’abord ces révolutionnaires en uniforme, ce sur quoi ils sont tous d’accord, ce sont les franchises municipales et la sauvegarde de la République. 

    Certains s’étonneront devant cette révolution qui organise des élections locales au lieu de fondre sur Versailles et d’appeler la province à l’insurrection. Mauvais procès. Les bataillons populaires de la garde nationale auraient été taillés en pièces par l’armée gouvernementale, sans parler des troupes prussiennes qui occupaient l’ouest parisien. Au comité central, une minorité voulait engager l’épreuve de force. Elle aura lieu plus tard, le 3 avril, et ce sera un désastre militaire. Bien avant la journée du 18 mars, les appréhensions des futurs Communards ne manquaient pas à propos de cette épreuve de force tant désirée par les forces conservatrices. Car il n’est pas sûr du tout qu’elle tourne à l’avantage des vrais républicains, et Le Père Duchesne les met en garde : «Ils veulent nous pousser à la guerre civile ; garde à vous patriotes ! On cherche à vous mettre dedans, à vous f … encore une fois dans le pétrin». 

    Le spectre des journées de Juin 1848 plane sur Paris, et les Communards savent bien que la classe dominante, qui tient en laisse la masse des ruraux, n’hésitera pas à infliger un châtiment exemplaire à ceux qui ont osé défier l’autorité du gouvernement et mettre en péril l’ordre social. Ils ne l’ont pas lu, mais ils savent qu’elle pense, comme le royaliste Louis Veuillot, que «c’est la dernière canaille qui règne sur la capitale» et qu’«aucun accommodement n’est possible » avec des êtres qui «méconnaissent volontairement et criminellement les conditions de la paix sociale». Ou, comme le général Du Barail, que Paris est en proie à «une de ces maladies qu’on est obligé de traiter avec ces pilules qu’on appelle les boulets». Impardonnable, cette arrogance du populo qui voulait résister aux Prussiens, et qui prétend aujourd’hui faire la loi dans la capitale, sans parler de ceux qui rêvent d’une société plus juste et sont prêts aux pires excès attentatoires à la sacro-sainte propriété privée. Oui, impardonnable. Et durant ses 72 jours d’existence, jusqu’à son écrasement final sous le feu d’une soldatesque abrutie par l’opium du peuple, la Commune ne connaîtra pas un jour de répit. 

    Bibliographie incontournable :

    Prosper-Olivier Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871, François Maspero, 1982.

    Jacques Rougerie, La Commune de 1871, PUF, 2014.

    Henri Guillemin, L'avènement de M. Thiers, et Réflexions sur la Commune, Gallimard, 1971.

    Karl Marx, La Guerre civile en France, 1871.

     source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • Le 17 mars 2020, les français étaient confinés pour la première fois. Pour les 1 an du confinement, QG organise un grand débat pour faire le point. Autour de la table François Ruffin, député FI, Priscillia Ludosky Gilet jaune, Michèle Rivasi, eurodéputée EELV, Martine Wonner, médecin, députée du Bas-Rhin, et Christophe Prudhomme porte-parole des urgentistes de France pour discuter de la situation sanitaire et d'un potentiel reconfinement.
     

     

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  • Des Gilets jaunes de Brest veulent participer à La grande marche des oubliés. Départ prévu du Moulin-Blanc le 1er avril 2021 pour rallier Paris le 1er mai.Des Gilets jaunes de Brest veulent participer à La grande marche des oubliés. Départ prévu du Moulin-Blanc le 1er avril 2021 pour rallier Paris le 1er mai

    Les Gilets jaunes de Brest veulent participer à La grande marche des oubliés pour rejoindre Paris le 1er mai 2021. Départ fixé jeudi 1er avril pour la dizaine de volontaires.

    Les Gilets jaunes de Brest ont annoncé qu’ils comptaient participer à La grande marche des oubliés pour rejoindre Paris le 1er mai 2021. Une dizaine de personnes devront y prendre part pour que le projet se concrétise (adresse mail pour s’inscrire ci-dessous). Les organisateurs sont également en quête d’un véhicule suiveur.  

    Départ jeudi 1er avril 

    Ils indiquent qu’ils partiront du parking de la plage du Moulin-Blanc, à Brest, jeudi 1er avril à 9h30.

    Le périple se décline de la façon suivante : 1er avril, étape à Plounéventer puis 2 avril à Saint-Thégonnec, 3 à Plouigneau, 4 à Belle-Isle-en-Terre, 5 à Plouagat, 6 à Plérin, 7 à Saint-Brieuc, 8 à Lamballe, 9 à Broons, 10 à Médréac, 11 à Saint-Gilles, 12 à Rennes, 13 à Châteaubourg, 14 à Vitré, 15 à Loiron-Ruillé, 16 à Laval, 17 à Vaiges, 18 à Saint-Denis-d’Orques, 19 à Coulans-sur-Gée, 20 au Mans, 21 à Connerré, 22 à Montmirail, 23 à Les Autels-Villevillon, 24 à Montereau, 25 à Bailleau-Le-Pin, 26 à Chartres, 27 à Écrosnes, 28 à Rambouillet, 29 à Coignières, 30 à Versailles. 

    Revendications déposées à l’Assemblée nationale

    « Nous rejoindrons le cortège parti de Marseille et Montpellier vendredi 19 mars. À raison de 20 kilomètres journaliers, nous rallierons les autres cortèges à Versailles vendredi 30 avril, afin de déposer nos revendications à l'Assemblée nationale à Paris samedi 1er mai. »

     

    Des revendications ainsi libellées (via syndicatgj.fr) :

    • Une vie digne pour tous.
    • La justice fiscale et sociale.
    • Des services publics de qualité et garantis pour tous.
    • L’effacement des dettes illégitimes qui écrasent les peuples.
    • L’abrogation des textes liberticides.
    • Le retrait des privilèges des représentants du peuple.
    • La destitution de Macron et la mise en place d’une assemblée populaire pour se réapproprier et réécrire la Constitution.
    • Fin immédiate de la dictature sanitaire.

    Une dizaine de personnes et un véhicule suiveur

    Les Gilets jaunes préviennent : 

    « Il faut au moins être une dizaine à partir de Brest pour que le projet soit tenable. Nous lançons un appel à nous rejoindre et à partager l’info. Nous aurons aussi besoin d’un véhicule suiveur pour mettre le matériel (tentes...). »

     

     
    Infos pratiques 
    Pour participer à la marche, s’inscrire à  giletsjaunesbrest@protonmail.com en donnant son adresse mail ou numéro de téléphone, afin d’être mis en relation avec les autres participants.
    https://giletsjaunesbrestois.home.blog
    Page événement Facebook : Gilets jaunes : La grande marche des oubliés.
     
     
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  • Entre 250 et 300 personnes se sont réunis pour dire adieu à Salah Eddine Mehrazi, lors de la marche blanche, organisée, mardi 30 mars 2021, à Brest (Finistère).Entre 250 et 300 personnes se sont réunis pour dire adieu à Salah Eddine Mehrazi, lors de la marche blanche, organisée, mardi 30 mars 2021, à Brest (Finistère). 

    Une marche blanche était organisée, mardi 30 mars 2021, à la mémoire de Salah Eddine Mehrazi, fauché par un chauffard, le 26 février 2021, alors qu’il travaillait. Amis, professeurs et anonymes lui ont rendu hommage.

    C’est une belle journée ensoleillée. Ce même genre de journée agréable, dont avait profité pour la dernière fois, le 26 février 2021, Salah Eddine Mehrazi. « Nous avions révisé à la bibliothèque universitaire ensemble et puis le soir, il était parti travailler, comme d’habitude », explique Younes, son ami intime. C’est ce soir-là, qu’un chauffard le fauche après avoir grillé un feu rouge, alors qu’il était au guidon d’un scooter pour le service de Domino’s Pizza. Les deux s’étaient rencontrés sur les bancs de la fac, dans la même promo. Il se destinait à être ingénieur en génie industriel. « Ça a été un choc pour nous, surtout les premiers jours… C’est dur à supporter moralement », souffle celui qui passait toutes ses journées avec lui.

    « Ça aurait pu être moi »

    Le jeune homme a le regard grave, mais le ton de sa voix, digne, témoigne d’un courage édifiant. « Au début, il s’est occupé de tout », confie Abdenbi Karfaoui, responsable de la mobilité internationale au Crous. Il souligne l’élan de fraternité exemplaire qui a suivi le drame. « L’UBO et l’employeur ont déployé des moyens pour accueillir sa famille. L’équipe médicale du CHU a été irréprochable. Les étudiants ont fait une cagnotte pour aider… »

    C’est à la demande de cet ami et de la famille que la Fédé B a été sollicitée pour organiser la marche blanche de ce jour. Entre 250 et 300 personnes sont venus se recueillir. Quelques t-shirts blancs floqués dans la foule, « à la mémoire de Salah Eddine Mehrazi », avec un selfie du jeune homme : lunettes rondes, l’allure sérieuse et sympathique. Un gars de 23 ans, « très gentil et très calme ». Dans les rangs, des collègues. Tous ne le connaissaient pas, mais ils sont là pour lui rendre hommage. Maria et Kévin, présents le soir des faits, ont du mal à trouver les mots. « C’est émouvant, c’est toujours compliqué dans l’équipe… Mais on veut montrer la solidarité du groupe. »

    J’ai perdu mon fils, mon être cher

    Des gens de tous âges sont venus ce mercredi : les copains, certains professeurs, des anonymes, mais surtout des étudiants. Builo, 22 ans rapporte : « Ça aurait pu être moi, j’ai été livreur aussi. C’est un des seuls métiers que peuvent envisager les étudiants ici. C’est difficile, parfois on prend des risques. Qu’il repose en paix. » Sandrine est remuée, mère d’une fille à l’université, elle ne peut s’empêcher de penser, elle aussi que « ça aurait pu être ma fille. Vous imaginez, mourir pour une pizza ? »

    De la fac de sciences à la place de la Liberté, le cortège affronte le douloureux souvenir de l’accident, au carrefour de la rue Camille-Desmoulin et de Glasgow. Younès dépose un bouquet de fleurs blanches et prend la parole : Aujourd’hui on se retrouve tous pour lui dire adieu. Une minute de silence est respectée. Une jeune fille filme avec son smartphone, M. Karfaoui commente : C’est pour la famille, ils regardent en direct. Ils ont dû partir le matin même en catastrophe, à cause du Covid, le Maroc ferme ses frontières ce soir à minuit.

    Mais la mère est présente par les mots. Élodie Miossec, l’une des organisatrices de l’évènement, lit sa lettre manuscrite : «Un grand merci pour tout de ce que vous avez fait pour nous. J’ai perdu mon fils, mon être cher… En tant que croyante, il est mort au mauvais moment, mais nous sommes à Dieu et à lui nous retournons. Ses paroles résonnent au moment du lâcher de ballons blancs. Les escaliers de la mairie sont remplis, mais on entend seulement le bruit des fontaines de la place. Un au revoir solennel.

     

    source: https://www.ouest-france.fr/

    A lire également: Côté Brest (30/03/21-16h01)-150 personnes ont marché pour rendre hommage à Salah Eddine, étudiant percuté par une voiture à Brest

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