Les représentants des salariés CGT de la Fonderie de Bretagne s’inquiètent du silence du groupe Renault à l’égard de l’usine.
À Caudan (Morbihan), la Fonderie de Bretagne, société du groupe Renault, tourne toujours au ralenti. De quoi inquiéter les salariés qui sortent déçus de la première réunion de la revue stratégique.
Mai 2020, le déconfinement rime avec une annonce fracassante pour de nombreux salariés du groupe Renault, dont ceux de la Fonderie de Bretagne (FDB), à Caudan, près de Lorient (Morbihan) : la fermeture ou la vente de la FDB alors même que le site se relève de l’incendie qui, un an plus tôt avait ravagé l’outil de production et contraint à l’arrêt total de la production. Après dix jours de mobilisation des salariés, des pouvoirs publics, la région Bretagne, maires, députés, sénateurs, Renault suspend sa décision.
Qu’est-ce que la revue stratégique ?
Un comité de suivi voulu par les élus, au regard des millions d’euros empochés par Renault, est mis en place. En interne, l’avenir doit se construire dans le cadre d’une revue stratégique. Les partenaires sociaux, représentants syndicaux (CGT, CFE et CFDT), direction se réunissent une fois par mois jusqu’en février 2021. Des réunions de travail qui doivent permettre de travailler collectivement à l’élaboration d’un plan de relance par la relocalisation de la fabrication des pièces.
Durant un an, après l’incendie et le temps de reconstruire la ligne, la production de la Fonderie a été délocalisée en Espagne, au Portugal, en Turquie… « Nous attendons le retour de ces pièces, martèlent les trois représentants de la CGT. Les engagements ne sont pas tenus. »
Autre moyen de redonner sa pleine capacité à l’usine dans ce contexte de crise, la diversification. La première réunion s’est tenue jeudi 24 septembre 2020.
Combien de salariés sur le site ?
Ils sont 350, tous à nouveau au travail. « Le climat est tel qu’une dizaine de salariés ont quitté l’entreprise cet été. Des salariés de la maintenance. » Pour les représentants du personnel, s’il y a une solution, elle doit être collective. « Ce n’est pas envisageable de laisser le site en friche industrielle, c’est une usine neuve ! » Des salariés qui craignent aussi de voir filer le secteur finition en usinage. On nous parle de compactage
Pourquoi une telle inquiétude ?
Les représentants de la CGT ont le sentiment que Renault organise la disette en ne relocalisant pas la production. « Pour l’instant, nous sommes toujours en 1 x 8 au moulage, s’inquiète Maël Le Goff, délégué CGT. Nous sommes à 16 500 tonnes en prévisionnel pour 2021, c’est seulement la moitié de notre capacité. Elle est où la relocalisation industrielle en France qu’on nous a tant promis ? On aurait tout balayé d’un revers de la main en un été ? » Lors des réunions d’information aux salariés, désormais en petit comité pour cause de Covid-19, la direction explique que « nous sommes trop nombreux, qu’il y a trop de bâtiments. »
Que répond la direction ?
Contactée, la direction fait savoir qu’elle ne commentera pas. « Elle évoque une situation complexe, une logique interne propre aux grands groupes bien loin de la gestion des PME familiales ». La direction, qui selon la CGT, offre trop peu de réponses aux questions. Et un groupe, qui dès mi-juin, a redit que la fonderie « n’avait pas vocation à rester dans le groupe Renault ». Et de faire planer à nouveau la menace d’une fermeture ou d’une cession.
Delphine LANDAY
source: https://www.ouest-france.fr/