• Contre les retraites, les tueurs sont lâchés-par Denis COLIN (La Sociale 3/08/20)

    à propos d’un entretien d’Hakim El Karoui au Figaro 

     

    Ancien conseiller de Raffarin et Thierry Breton, ancien direc­teur chez Rothschild, ancien sou­tien de Mme Royal, mais tou­jours bien ancré à droite, Hakim El Karoui a fondé les Young Mediterranean lea­ders » (tiens, tiens …) et fut l’éphémère conseiller de Ben Ali au moment où le dic­ta­teur fai­sait face à la révo­lu­tion. Il a également publié en col­la­bo­ra­tion avec l’ultra­li­bé­rale « Fondation Montaigne » un rap­port inti­tulé « Un islam fran­çais est pos­si­ble » (2017) et fondé en 2019 une « Association Musulmane pour l’Islam de France ». Militant libé­ral et mili­tant musul­man, peut-être un des faux-nez des « frères », cet homme confie au Figaro du 31 juillet un entre­tien titré « Les retrai­tés doi­vent contri­buer à l’effort de guerre sani­taire ». Déjà le titre est tout un pro­gramme : faites payer les vieux en bais­sant les pen­sions. Ceux qui n’ont pas eu le bon gout de mourir dans l’épidémie de Covid vont passer à la caisse.

    Pour ce mon­sieur, le gou­ver­ne­ment a fermé la société pour pro­té­ger les vieux. Les jeunes géné­ra­tions ont payé et vont payer encore plus demain cet élan de soli­da­rité. Quand on lui rap­pelle que de très nom­breu­ses per­son­nes âgées ont été écartées des hôpi­taux, il affirme que « c’est le contraire ». Avec ce sens de la « vérité alter­na­tive », cet homme a toute sa place au gou­ver­ne­ment. Mais le plus impor­tant vient ensuite : « Les enfants et petits-enfants des baby-boo­mers disent la même chose. À la dette cli­ma­ti­que, il faut ajou­ter la dette finan­cière et sociale. La géné­ra­tion du baby-boom, qui a fait peu d’enfants, aurait dû épargner pour le finan­ce­ment de ses retrai­tes, sachant que le nombre d’actifs par retrai­tés allait s’effon­drer. Non seu­le­ment elle ne l’a pas fait, mais elle a endetté l’État sans mesure. Les baby-boo­mers ont inventé la soli­da­rité à l’envers : des pau­vres endet­tés (les jeunes) vers les riches qui vivent à crédit (les baby-boo­mers). » Tout est dit, en quel­ques phra­ses. Les « baby-boo­mers » sont les res­pon­sa­bles de la situa­tion actuelle, il va fal­loir les faire payer. Les retrai­tes sont trop élevées et non finan­cées – c’est encore une des affir­ma­tions gra­tui­tes et pure­ment men­son­gè­res de ce mon­sieur. Et de plus, ces affreux qui ont eu le tort de naître en gros entre 1942 et 1958 lais­sent une dette cli­ma­ti­que.

    Chez cet homme, la « lutte des âges » est une obses­sion. « J’avais ana­lysé en 2013 la ges­tion de la crise finan­cière de 2009 et j’avais cons­taté que les déci­sions prises (gel de l’inves­tis­se­ment public, garan­ties des ban­ques too big to fail et mon­ta­gnes d’argent déver­sées dans l’économie), avaient fina­le­ment pour seul objec­tif de pré­ser­ver la valeur des actifs de la géné­ra­tion qui avait suren­detté le monde occi­den­tal. Dans une situa­tion nor­male, ils auraient dû perdre. Et la crise aurait permis la redis­tri­bu­tion des cartes entre les géné­ra­tions. Il s’est pro­duit tout l’inverse : regar­dez l’évolution de l’immo­bi­lier à Paris depuis dix ans. »

    Comment démê­ler cet édifice de men­son­ges bien digne d’un faux-cul reli­gieux libé­ral ? Tout le monde (sauf lui) sait que la liqui­da­tion en cours de l’État social modèle 1945 a été amor­tie par des trans­ferts mas­sifs (privés) des parents vers les enfants et même encore plus sou­vent des grands-parents vers les petits-enfants. En revan­che, ce qu’ont fait les poli­ti­ques publi­ques, c’est un trans­fert massif des riches­ses des sala­riés et des clas­ses moyen­nes vers les grands capi­ta­lis­tes. Quand il parle de « pré­ser­ver les actifs de la géné­ra­tion qui avait suren­detté le monde occi­den­tal », l’ami des Rothschild et conseiller de Ben Ali passe les bornes. L’immense majo­rité de retrai­tés n’a aucun actif ou pres­que, éventuellement pos­sède son loge­ment et n’a nul­le­ment endetté l’Occident. Par contre, ceux qui se sont goin­frés et ne pas­sent jamais à la caisse, El Karoui n’en parle pas du tout. Normal : ce sont ses patrons et il n’est que leur porte-plume.

    El Karoui se plaint que les retrai­tés n’ont pas perdu avec la crise – je ne sais où il a vu ça – et annonce qu’il fau­drait cor­ré­ler le niveau des retrai­tes à l’acti­vité, c’est-à-dire à la crois­sance ou non du PIB. Ce qui est exac­te­ment la réforme Macron. Mais il faut démon­ter le fond de l’argu­men­ta­tion : les vieux auraient endetté les jeunes : c’est oublier que les jeunes pos­sè­dent par défi­ni­tion une dette vis-à-vis des vieux. Si on fac­tu­rait aux jeunes loups aux dents lon­gues les heures de bibe­ron, les nuits pas­sées à veiller le petit malade, les repas, les vacan­ces, l’école, et toutes ces choses qui sont payées par les parents – indi­vi­duel­le­ment ou col­lec­ti­ve­ment – la fac­ture serait salée ! Au demeu­rant les pleur­ni­chards qui se lamen­tent sur le sort des jeunes endet­tés par leurs parents oublient que d’un autre côté ils mili­tent acti­ve­ment pour l’endet­te­ment des jeunes afin de déve­lop­per les grands écoles et uni­ver­si­tés payan­tes sur le modèle amé­ri­cain. Au tarif du marché, à com­bien fau­drait-il fac­tu­rer à toutes ces pau­vres vic­ti­mes de l’égoïsme des babies-boo­mers une année d’uni­ver­sité (qui coûte tout au plus quel­ques cen­tai­nes d’euros), une année de classe pré­pa­ra­toire (gra­tuite actuel­le­ment) ou une année de grande école publi­que qui coûte quel­ques mil­liers d’euros alors qu’au tarif mon­dial c’est en dizai­nes de mil­liers d’euros qu’il fau­drait comp­ter. Les parents qui se sont sai­gnés aux quatre veines pour per­met­tre à leurs enfants de décro­cher les bons diplô­mes des meilleu­res écoles, n’en ver­ront jamais le retour, sinon dans la récom­pense toute morale de la satis­fac­tion du devoir accom­pli. En cal­cu­lant bien, on ver­rait qu’une très grande partie de l’endet­te­ment des vieilles géné­ra­tions est un endet­te­ment en faveur des jeunes géné­ra­tions. Ajoutons que les mil­liers de kilo­mè­tres d’auto­rou­tes, de câbles télé­pho­ni­ques ou électriques, les cen­tra­les énergétiques et les hôpi­taux, les monu­ments et les TGV, tout cela non seu­le­ment les jeunes en pro­fi­tent, mais encore ils en pro­fi­te­ront encore demain quand tout cela sera amorti. Où est la dette ? Qui est endetté envers qui ?

    Le plus haut comi­que est atteint par El Karoui quand il évoque (sans s’étendre) la dette écologique. On pour­rait tout sim­ple­ment pro­po­ser aux pau­vres enfants de ces sinis­tres « babies-boo­mers » de vivre comme vivaient leurs parents ou leurs grands-parents qui, leur jeu­nesse durant, ont connu une vie net­te­ment moins coû­teuse en termes d’empreinte écologique. Les jeunes mal­heu­reux que feint de plain­dre notre « pen­seur » pour­raient par exem­ple renon­cer à leurs por­ta­bles, à leurs ordi­na­teurs, à toutes ces peti­tes machi­nes qui sont deve­nues les pre­miers consom­ma­teurs mon­diaux d’énergie. Les babies-boo­mers étaient bien loin d’aller tous au col­lège et au lycée. La grand majo­rité tra­vaillait à qua­torze ou seize ans au lieu de glan­der dans ces pré­ten­dus lieux d’ins­truc­tion deve­nus des « lieux de vie » où l’on sup­plie les pares­seux et les je-m’en-fou­tis­tes de bien vou­loir hono­rer le pro­fes­seur de leur simple pré­sence au cours.
    Cela suffit à démon­trer la bêtise ou la vilé­nie des propos d’Hakim El Karoui. L’une n’est d’ailleurs pas exclu­sive de l’autre. Le fond de l’affaire est double : d’une part, il s’agit d’oppo­ser jeunes et vieux et selon les vieux prin­ci­pes du macrono-maoïsme, on mobi­lise, comme pen­dant la révo­lu­tion cultu­relle, les jeunes contre les vieux (vieux truc de tous les régi­mes tota­li­tai­res). D’autre part, la géné­ra­tion du « baby-boom » incarne les trois ou quatre décen­nies qui ont suivi la Seconde Guerre mon­diale, pen­dant les­quel­les le sys­tème de l’État social – c’est-à-dire la coha­bi­ta­tion d’une société encore capi­ta­liste avec de puis­san­tes ins­ti­tu­tions socia­les – a permis une impor­tante élévation du niveau de vie des sala­riés, des ouvriers et employés et comme il s’agit aujourd’hui d’orga­ni­ser le grand mas­sa­cre de la classe ouvrière et des clas­ses sala­riées en géné­ral, les sbires des puis­sants appel­lent à tirer sur les « babies-boo­mers » – qu’on se ras­sure, pas sur les babies-boo­mers richis­si­mes qui payent Macron ou El Karoui, mais sur les babies-boo­mers qui vivent sim­ple­ment de leur retraite qui n’est que le salaire dif­féré et socia­lisé.
    Un der­nier point, Hakim El Karoui n’a rien inventé. Il ne fait que repren­dre la chan­son des Attali et Minc, c’est-à-dire des maî­tres de Macron. Attali fut un grand mit­ter­ran­diste devant l’éternel, El Karoui était au ser­vice de Raffarin, mais la droite et la gauche dans ces sphè­res-là, ça ne veut rigou­reu­se­ment rien dire, car ils pen­sent tous les mêmes choses et ont tous un seul but : régler son compte au mou­ve­ment social. Les tueurs sont lâchés.

    Le 3 août 2020. Denis Collin

    source: https://www.la-sociale.online/spip.php?article478

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    Crise du coronavirus en France: épidémie terminée versus panique organisée. Pourquoi ?-par Nicole Delépine (francesoir.fr-31/07/20)

     

    par Nicole Délépine, pédiatre et oncologue (site.internet:http://docteur.nicoledelepine.fr/)

    article publié par francesoir.fr le 31/07/2020-15h13

     

     

    En mars 2020, nous sommes entrés dans un monde délirant gouverné par la peur et les mensonges de nos autorités qui font actuellement tout pour  prolonger la panique sans justifications médicales réelles.

    Confinement : la pire catastrophe française depuis 1940

    En mars, notre président a déclaré la guerre au Covid19 et ses ministres nous ont expliqué que la suspension des libertés fondamentales, l’obligation : « restez chez vous » (sous contrôle policier tatillon) et la rupture de tous les liens sociaux, étaient nécessaires pour sauver nos aïeux, empêcher nos hôpitaux d’être débordés et limiter le nombre de morts que nous infligerait inéluctablement le Covid19.

    Trois mois plus tard, nous constatons que ces mesures ont abouti à l’assassinat de nos anciens dans les Ehpad, que les lits des cliniques privées sont restés vides même dans les régions qui ont enregistré le plus grand nombre d’hospitalisations liées au COVID-19 (et ont transféré des patients à l’étranger), et que la France se retrouve parmi les pays qui comptent le plus de morts de Covid19 par million d’habitants.

    La réalité est à l’opposé de ce que nous annonçaient les prédicateurs d’apocalypse, leurs simulations[2] et le comité scientifique, celui-là même qui aujourd’hui nous recommande de porter des masques, de nous faire tester et d’installer une application de traçage sur nos téléphones (stop covid) alors que la maladie a quitté notre territoire.

    L’assassinat de nos aïeux

    La protection de nos ainés, victimes désignées du Covid19 constituait l’objectif « officiel » prioritaire du confinement. Or toutes les mesures prises durant la loi d’urgence ont abouti à les éliminer sans témoin et en empêchant de leur rendre le dernier hommage. Le meurtre avec préméditation par Covid non traité et/ou Rivotril des pensionnaires des Ehpad constitue l’infamie la plus triste du confinement. Le terme assassinat est violent, mais correspond aux faits constatés d’une mise à mort organisée. Le premier temps a été de les couper de leur famille les transformant en « prisonniers au mitard »[3], les rendant plus vulnérables et facilitant les syndromes de glissement (désintérêt progressif de la vie rendue insipide par l’absence de contacts menant au décès) alors qu’il aurait été possible de maintenir des contacts protégés. Le second temps a été de les interdire de tests diagnostiques[4] puis de réanimation[5] puis d’hôpital. Le troisième de réexpédier les pensionnaires malades dans leur établissement d’origine ou faute de possibilité réelle d’isolement, de matériel de protection et de personnel en nombre suffisant ils ont contaminé leurs compagnons d’infortune. La solution finale a été le décret Rivotril[6] qui a organisé la dispensation d’un produit destiné à les tuer sur simple suspicion de Covid (sans certitude diagnostique) avec rédaction d’une ordonnance « préventive » et préparation d’une seringue nominale sans prévenir le malade ni sa famille ni même attendre une éventuelle aggravation. Le 6 mai 2020 les personnes âgées dépendantes résidants en Ehpad représentaient la moitié des morts attribués à l'épidémie en France (12 769 décès sur les 25 531)[7]. L’objectif allégué du confinement n’a donc pas du tout été atteint, ni même visé.

    Hôpitaux vides

    Pendant le confinement des centaines de milliers de personnes n’ont pas pu recevoir les soins dont elles avaient besoin parce que le plan blanc réservait toutes les capacités d’hospitalisation pour le tsunami COVID-19 qui « n’allait pas manquer de nous submerger partout ».

    En réalité de nombreux hôpitaux sont restés à moitié vides pendant tout le mois d’avril et les cliniques privées vidées de tout malade ont dû recourir au chômage partiel de leur personnel. Ainsi, le syndicat de l’hospitalisation privée annonçait que de très nombreuses demandes de chômage partiel avaient été déposées dans ses établissements[8] et demandait que les ARS (agences régionales de santé) leur adressent les malades qui n’auraient pas pu être soignés dans les établissements publics[9]. Mais à l’exception de quelques cliniques parisiennes et durant une quinzaine de jours, les lits privés sont restés vides faute de malades.

    Pendant cette période, pour montrer qu’il était efficace, le pouvoir a organisé des grands spectacles TGV covid, Evasan[10] Covid et hôpital militaire de campagne Covid alors qu’il suffisait parfois de pousser une porte pour trouver les lits, des respirateurs et des soignants en nombre suffisant. Dans le Grand-Est, le mercredi 25 mars, 150 lits de réanimation étaient disponibles pour les cas Covid dans les hôpitaux publics et privés, avec une possibilité de création de 300 lits de réa supplémentaires. "Vu la situation dans l’Est, c’est difficile de comprendre pourquoi ces lits restent vides. D’autant plus alors que des patients sont transférés vers d’autres régions", regrettait Pénélope De Feuquières[11], responsable de la communication du groupe Elsan qui compte 120 établissements dans toute la France, majoritairement en régions.

    Dans cette mise en scène dramatique la France n’est pas une exception : au Pays de Galles, sur les 17 hôpitaux de campagne qui ont été mis en place pour traiter 6000 patients COVID-19, un seul a été utilisé pour 46 patients et aujourd’hui il est vide, lui aussi. L’exercice a coûté 166 millions de livres sterling[12]. En Lombardie, la région italienne la plus touchée, l’hôpital COVID-19 Fiera di Milano, qui a coûté 20 millions d’euros, n’a finalement traité qu’une vingtaine de patients[13]. De même à Madrid où l’immense hôpital de campagne a été un désastre [14].

    Un des pires taux mondiaux de mortalité Covid19

    On juge une mesure sanitaire à son résultat : le nombre de morts par million d’habitants. Sur ce critère, d’après les chiffres OMS du 24 juillet, la France se place au 6ème rang mondial des plus fortes mortalités des 197 états membres avec 483 décès/million derrière la Belgique (846/M), la Grande-Bretagne (671/M), l’Espagne (608/M), l’Italie (580/M) et la Suède (562). Les mieux placés étant Taiwan (1/M), le Japon (8/M), la Corée (6/M), Singapour (5/M), la Malaisie (4/M), le Maroc (8/M), l’Algérie (27/M), l’Inde (24/M) et les pays africains d’endémie palustre dont les populations prennent quotidiennement des antipaludéens.

    Si nous avions décidé, comme nos voisins allemands, de mettre en quarantaine, (d’isoler pendant 15 jours) les porteurs de virus de la population saine nous compterions 25000 morts de Covid19 de moins. L’absence de test n'est pas une excuse : c’est parce que le ministère n’en a pas voulu que nous n’en avons pas eu ; au début de cette épidémie les allemands ne disposaient pas de plus de tests que nous pour cette maladie nouvelle, mais leur chancelière a permis à tous les laboratoires y compris vétérinaires d’en pratiquer alors qu’en France le ministère et les Agences Régionales de Santé ont dédaigné les offres qu’on leur a faites. D’ailleurs même sans tests la mise en quarantaine des infectés aurait été possible et efficace sur les simples signes cliniques car, contrairement à ce qui a été longtemps prétendu (et en partie responsable des erreurs des modélisations folles qui ont servi d’alibi à nos politiques), les infectés asymptomatiques participent très rarement à la diffusion de la maladie[15]. Mais les autorités sanitaires ont préféré renvoyer les infectés sans signe de gravité chez eux et les vieux dans les Ehpad infecter leurs proches grâce au confinement qui augmentait la durée d’exposition au virus.

    Des victimes collatérales par dizaine de milliers

    Le « plan blanc » activé dès l’état d’urgence et le confinement aveugle adoptés a entraîné l’arrêt des traitements des maladies chroniques (hypertension, diabète, cancers), source de pertes importantes de chances de survie. Il a également bloqué le diagnostic et le traitement de nouvelles pathologies infectieuses, cancéreuses etc. qui sont apparues pendant le confinement et sont restées évolutives en l’absence de diagnostic et de traitement. Or même des retards modestes dans la chirurgie du cancer ont un impact significatif sur la survie.  Aux victimes directes du Covid19 et du confinement, le plan blanc a donc ajouté des victimes collatérales par arrêt ou retard des soins des maladies chroniques et les retards de diagnostic des maladies jusque-là ignorées.

    Dans un rapport[16] F Bizard précise : « la CNAMTS a confirmé une baisse d’activité de 40% pour les médecins généralistes. Une moyenne de 70% de perte d’activité chirurgicale a été constatée depuis le début du plan blanc. »

    L’impact de la crise Covid19 a été estimé à une baisse de plus de 2 millions d’actes chirurgicaux, pour une date de levée du plan blanc postérieure au premier juin. Les traitements en cours des cancers connus ont été retardés ou modifiés. Les ARS ont même suggéré de traiter des cancers coliques et pulmonaires reconnus par radiothérapie, alors qu’un tel traitement est nettement moins efficace que la chirurgie et que les services de radiothérapie surchargés donnent souvent rendez-vous dans deux mois ou plus.

    Appel des médecins et chirurgiens pour la levée du plan Blanc

    L’académie de médecine[17], le BLOC[18] et autres représentants des chirurgiens de France ont adressé des mises en garde aux plus hautes autorités de l’Etat.

    « Nous constatons chaque jour et de plus en plus l’aggravation des morbidités et de la mortalité des malades non COVID. Les patients présentent des états aggravés avec des retards diagnostiques et thérapeutiques lourds de conséquences. Toutes les spécialités médicales sont concernées ». Edicté pour lutter contre le risque COVID19, le plan blanc a maintenant des effets délétères pour la santé publique, alors même que l’épidémie est presque éteinte sur une grande partie du territoire. Son rapport bénéfice/risque est devenu catastrophique ». En vain.

    Depuis le confinement, en trois mois, 90000 nouveaux cancers auraient dû être diagnostiqués et traités et ne l’ont majoritairement pas été. Alors que depuis des années, l’institut National du Cancer, la Haute Autorité de Santé et la ligue contre le cancer n’ont de cesse de rappeler l’importance cruciale des traitements précoces « plus un cancer est détecté tôt, plus les chances de guérison sont importantes » et qu’ils prônent sans arrêt tous les dépistages des cancers.

    Le mal épidémique des décisions gouvernementales : équivalent plan Blanc en Grande-Bretagne

    Nos voisins anglais ont estimé l’impact sanitaire de l’arrêt des activités médicales en cancérologie en Grande-Bretagne. L’équipe du professeur Turnbull[19] [20]  a calculé que si les 94 912 patients - qui devaient subir une intervention chirurgicale pour retirer leur cancer - avaient un retard de trois mois, il y aurait 4 755 décès supplémentaires au cours des cinq prochaines années. Compte tenu de la durée de vie attendue des patients après la chirurgie, le retard représenterait 92 214 années de vie perdues.

    « Pour éviter une crise de santé publique liée aux décès par cancer évitables, les actes diagnostiques et chirurgicaux du cancer doivent être maintenus à leur rythme normal, avec une attention rapide à tout arriéré déjà accumulé ».

    Durant la même période plus de la moitié des maladies digestives, cardiaques[21], vasculaires, neurologiques, rhumatologiques, psychiatriques et pulmonaires n’ont pas été vues en consultation, se sont aggravées, faute de traitement en temps utile.

    Le nombre des décès secondaires aux retards de soin consécutif à ce plan blanc est difficile à compter pour l’instant, mais le nombre considérable de malades concernés (plusieurs millions) fait craindre qu’il ne dépasse très largement celui des victimes directes de l’épidémie.

    Lourdes conséquences sociales du confinement aveugle

    Alors qu’il n’y a aucune preuve que le raz-de-marée annoncé sur les hôpitaux ait été empêché par le confinement[22] [23], les mesures ordonnées par le gouvernement ont mis des pans entiers de la société dans la détresse : jeunesse privée de son droit à l’éducation, désintérêt progressif du travail chez de nombreux salariés qui ont beaucoup de mal à reprendre leurs activités, finances publiques lourdement grevées, maisons de retraite transformées en prisons tandis que les liens dans la population ont été distendus, minés par la défiance et la peur de l’autre. Récession économique, aggravation du chômage et de la misère se font déjà sentir. Les mesures prises au nom de la protection de la population n’étaient manifestement ni efficaces, ni proportionnées, ni adéquates.

    En France, l’épidémie est terminée

    Une maladie existe lorsqu’elle entraîne des malades, des personnes qui présentent des signes cliniques, qui nécessitent des soins, des hospitalisations et qui sont menacées de mort. Or, lorsqu’on consulte les données officielles de Santé Publique France, on constate depuis 3 mois une baisse continue du nombre des hospitalisations, du nombre d’entrées en réanimation et du nombre de décès, indicateurs clés d’une épidémie évolutive ainsi que le montrent les graphiques officiels suivants :

     

     

    Depuis le début de l’année, la mortalité n’a dépassé la limite supérieure de la valeur statistiquement attendue que dans la catégorie d’âge des 65 ans et plus, et ce uniquement entre la troisième semaine de mars et la troisième semaine d’avril. Dans la classe d’âge des 0 à 64 ans, en revanche, à aucun moment la mortalité ne s’est significativement écartée des valeurs habituelles.

     

    Epidémie terminée, mais intensification de la propagande de la peur !

    Au lieu de mettre en avant ces bonnes nouvelles le gouvernement poursuit sa propagande terrorisante, sous prétexte que le nombre de cas testés positifs augmente, alors que cela traduit principalement la forte augmentation du nombre de tests effectués.

    Lorsqu’on examine les graphiques qui présentent le nombre de tests revenus positifs rapporté au nombre de tests revenus négatifs, il faut presque une loupe pour apercevoir la part des positifs – laquelle est par ailleurs stable, oscillant depuis la mi-mai autour 1%.

    Ces cas positifs ont de plus de chances d’être en réalité des faux-positifs. Les tests PCR actuellement utilisés présentent en effet une marge d’erreur de 1,8%. Cela signifie que sur 10 000 tests, il y aura 180 faux positifs. Or depuis le 11 mai, le pourcentage des tests positifs est restée stable à 1%. Avec des chiffres aussi réduits, la possibilité qu’il s’agisse souvent de faux positifs ne peut donc être exclue. Dans une analyse parue mi-juin, Beda Stadler, professeur émérite et ancien directeur de l’Institut de virologie et d’immunologie de l’Université de Berne, rappelait aussi qu’une grande partie ces « cas d’infection » pouvaient en réalité être des personnes déjà immunisées contre le virus, encore porteuses de « débris viraux » dans leur organisme.

    La poursuite de la propagande de la peur est efficace ainsi qu’en témoigne le nombre de consultations pour angoisse de covid19 qu’utilise ensuite Santé Publique France pour faire croire à une seconde vague : « signe d'une possible reprise de la maladie, du 29 juin au 5 juillet, 1 523 actes médicaux pour suspicion de Covid-19 ont été enregistrés par les associations SOS Médecins, cela représente une hausse de 41 % par rapport à la semaine précédente ».

    Ainsi malgré des indices objectifs tous rassurants, des adultes de toutes les classes d’âge, et même des enfants[24], craignent d’être contaminés, de tomber malades et de mourir du COVID-19. Cette peur infondée soulève la question de la responsabilité de ceux qui l’ont répandue et qui continuent de l’entretenir.  Les consultations en psychiatrie ne cessent de se multiplier de même que le besoin d’hospitalisations que les services ne peuvent fournir.[25]

    Quelles peuvent être les raisons d’une telle désinformation ?

    Pourquoi les données rassurantes dont on dispose aujourd’hui ne font-elles pas les gros titres ? A quoi rime cette volonté d’imposer le masque alors que la maladie a quitté le pays, de faire croire aux petits enfants qu’ils ne doivent pas embrasser leurs grands-parents pour les protéger, de rappeler constamment au public que les restrictions pourraient être réimposées très bientôt sinon à entretenir la panique et s’assurer de la soumission de la population ?

    Plusieurs raisons confortent cette hypothèse

    En premier lieu l’incohérence qui caractérise les mesures en place (dont la plupart sont dénuées de fondement scientifique solide) et la manière dont le comportement des habitants est analysé par les experts et les médias.

    Les citoyens qui mettent en doute l’intérêt médical actuel réel du masque, des tests et du traçage sont qualifiées d’irresponsables qui menaceraient la santé publique et favoriseraient une deuxième vague. Là, c’est le comportement des personnes qui ont massivement fêté le retour d’un peu de liberté et la musique que l’on criminalise, alors qu’aucune augmentation des malades n’a été constaté depuis ces évènements festifs. Dans le même temps, les médias ne se sont guère ému des milliers de manifestants qui ont envahi à la même période les rues des grandes villes pour protester contre le racisme, ni des consommateurs qui ont couru les soldes, sitôt les centres commerciaux réouverts.

    Dans les rangs des politiques et des journalistes, personne ne semble s’étonner du changement majeur de l’objectif des mesures imposées passant d’ « aplatir la courbe », à « éradiquer Sars-Cov-2 », une entreprise qu’aucun scientifique ne peut juger crédible.

    Cette hypothèse se trouve également crédibilisée par la similitude de cette propagande illogique des gouvernants dans de nombreux pays que la maladie a déserté comme la Suisse ou le Canada.

    En démocratie, c’est le peuple qui doit gouverner

    Il y a lieu de s’interroger sur la place grandissante que s’arrogent les membres du comité scientifique et l’exécutif. Rappelons que ce groupe d’experts trop liés aux entreprises du médicament est de conseiller le président et le conseil de défense en s’appuyant sur ses connaissances scientifiques. Non de gouverner à la place des autorités élues, ni de torpiller leurs décisions en lançant des mises en garde à la population. Pourtant, c’est bien ce que ces chercheurs ont fait en imposant des restrictions stupides sans justification sanitaire réelle, compliquant considérablement la réouverture des écoles voulue par le président. Cette manière d’autoriser un groupe d’experts non élus, peu compétents en médecine clinique et dont les membres ont été recrutés en fonction de critères opaques témoigne d’une méconnaissance et d’un mépris des institutions démocratiques pour le moins ahurissants qui fait douter une fois encore de la capacité des médias à nourrir le débat démocratique.

    Nicole DELÉPINE

    source:  http://www.francesoir.fr/

     

    [1] Transposition à la France de l’excellent texte de Catherine Riva et Serena Tinari concernant la Suisse « des nouvelles mesures pourquoi faire ? » Mondialisation.ca, 17 juillet 2020 Avec re-check.ch à lire absolument.

    [2]] N Ferguson Rapport 9 Imperial College 2020 3 16

    [3] Les prisonniers bénéficient de visites de leur famille. Seuls les punis sont mis au mitard et privés de visite

    [4] Alors que les politiques se sont presque tous fait tester

    [5] Le 22 mars, le Dr Chatelus écrit : « le chef des urgences de Mulhouse a admis devant 600 urgentistes français réunis en visioconférence qu’au-delà de 75 ans, avec ou sans comorbidités, ils n’intubaient plus »

    [6] https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/decret-rivotril-compassion-223015

    [7] B Deshayes Coronavirus dans les Ehpad : les chiffres de la tragédie qui se joue à Paris, Lyon, Nîmes Mougins. https://www.linternaute.com/actualite/guide-vie-quotidienne/2492361-coronavirus-dans-les-ehpad-la-tragedie-qui-se-joue-a-paris-lyon-nimes-mougins/

    [8] Boris Hallier Coronavirus : "Nos établissements sont totalement vides", déplore la fédération de l'hospitalisation privée Mercredi 25 mars 2020, France Bleu Paris    Île-de-France

    [9]Lucie Oriol Coronavirus : les hôpitaux privés demandent à être réquisitionnés ACTUALITÉS 22/03/2020

    ASSOCIATED PRESS

    [10] Évacuations sanitaires aériennes

    [11] Le fact check de jeunes médecins #1mais pourquoi tant de lits restent-ils vides dans les cliniques privées ?  27/03/2020 https://www.jeunesmedecins.fr/actualites/mais-pourquoi-tant-de-lits-restent-ils-vides-dans-les-cliniques-privees

    [12] Anna Palmer & Ashleigh Crowter Coronavirus: Only one of Wales' 17 field hospitals used BBC News18 6 2020

    [13] Di Lorenzo TosaIl grande flop dell’ospedale Covid-19 a Milano Fiera: costato 21 milioni, ospita 3 pazienti

    Pubblicato il 13 Apr. 2020 alle 17:57 https://www.tpi.it/opinioni/grande-flop-ospedale-covid-19-milano-fiera-coronavirus-20200413584888/

    [14] Coronavirus : à Madrid, l’immense hôpital de campagne a été un désastre” https://www.courrierinternational.com/article/reportage-coronavirus-madrid-limmense-hopital-de-campagne-est-un-desastre

    [15] Maria Van Kerkhove, responsable technique de la cellule chargée de la gestion de la pandémie à l’Organisation mondiale de la santé a déclaré « il semble rare qu’une personne asymptomatique transmette la maladie », lors d’une conférence de presse virtuelle de l’OMS.

    [16]Frédéric Bizard Pour l’Académie Nationale de chirurgie Impact économique du Covid19 en chirurgie 29 4 2020

    [17] Communiqué commun de l’Académie nationale de Médecine et de l’Académie nationale de Chirurgie 15 5  2020 http://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2020/05/La-reprise-des-activit%C3%A9s-chirurgicales-une-urgence-sanitaire.pdf

    [18]Le Bloc, union syndicale AAL- SYNGOF-UCD appelle solennellement le Premier ministre et le Ministre des Solidarités et de la Santé à stopper le plan blanc élargi. Communiqué du 7 mai

    [19] Sud A, Jones et al Effect of delays in the 2-week-wait cancer referral pathway during the COVID-19 pandemic on cancer survival in the UK: a modelling study. Lancet Oncol. 2020 Jul 20: S1470-2045(20)30392-2. doi: 10.1016/S1470-2045(20)30392-2

    [20] Sud A, Jones et al Collateral damage: the impact on outcomes from cancer surgery of the COVID-19 pandemic. Ann Oncol. 2020 May 19 : S0923-7534(20)39825-2.

    [21] Durant le confinement le nombre d’arrêts cardiaques a été multiplié par deux et leurs chances de guérison divisées par deux d’après une étude du Samu

    [22] Et beaucoup de faits qui montrent que le confinement aveugle a augmenté la mortalité

    [23] Car les rares pays qui n’ont pas confinés (Pays-Bas, Suède, Islande) n’ont pas subi le tsunami prédit

    [24] Rappelons que les enfants sont exceptionnellement atteints (moins de 2% des cas recensés), qu’ils font presque uniquement des formes bénignes (moins de 10 cas mortels rapportés en dessous de 19 ans sur environ 16 millions de contaminés) et qu’ils ne contaminent ni les adultes ni les autres enfants.

    [25] http://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/la-vague-psychiatrique-deja-rude-ne-sera-pas-en-cloche

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  • Barba-rat Pompili et les néonicotinoïdes : toute honte bue

    Les néonicotinoïdes sont des insecticides si dangereux pour la faune et la flore qu’ils ont fini par être interdit en France à partir du 1er septembre 2018 via une loi votée le 8 août 2016.

    « Les néonicotinoïdes sont extrêmement dangereux. Ils sont dangereux pour les abeilles. Mais bien au-delà des abeilles, ils sont dangereux pour notre santé, ils sont dangereux pour notre environnement, ils contaminent les cours d’eau, ils contaminent la flore, y compris la flore sauvage, ils restent dans les sols très longtemps. Donc on ne peut pas faire comme si aujourd’hui la question des néonicotinoïdes pouvait être réglée comme ça. Nous avons une responsabilité vis-à-vis de nos enfants. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. »

    Celle qui prononçait ces mots à la tribune du Palais-Bourbon en 2016 s’appelle Barbara Pompili. Elle était alors secrétaire d’État chargée de la Biodiversité du gouvernement Valls. Auparavant, elle avait été députée sous l’étiquette de EELV/Les Verts, puis du Parti écologiste.

     

    Les rats de la filière écologique

    Barbara Pompili est aujourd’hui ministre de la Transition écologique du gouvernement Castex. Sa première décision aura été de ré-autoriser l’utilisation des néonicotinoïdes.

     

    Décidément, il semble que la filière écologique sécrète un nombre assez considérable de rats. Après Jean-Vincent Placé, François de Rugy, Denis Baupin, Emmanuelle Cosse, sans oublier Daniel Cohn-Bendit , ni attendre Yannick Jadot, voici Barbara Pompili !

    Pierrick TILLET

    source: https://yetiblog.org/

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  • Qu’est-ce qui fonde la patrie ? Réfutant tout à la fois les points de vue de ceux qui prétendent l’abolir et de ceux qui l’abaissent en tentant de se l’approprier, Jean Jaurès consacre quelques-unes de ses plus belles lignes à l’idée de patrie. Dans sa collection « Les grands textes », LVSL vous propose de découvrir ces extraits choisis tirés du dixième chapitre de L’armée nouvelle, ouvrage de Jean Jaurès paru en 1911, trois ans seulement avant sa mort.


    L’apparente crise de l’idée de patrie est une crise de croissance. Anatole France se trompe quand, dans l’introduction à la Vie de Jeanne d’Arc, il appuie la patrie sur la propriété foncière, quand il croit qu’elle n’a de sens et de valeur que pour ceux qui possèdent le sol. L’histoire des patries déborde en tous sens cette définition étroite (…) Il serait enfantin d’imaginer que les prolétaires, les ouvriers des faubourgs ou des sombres rues du centre de Paris, quand ils se passionnaient pour la Révolution, quand ils donnaient leur sang pour elle, étaient conduits par l’appât de quelques miettes de terre qui, un jour peut-être seraient distribuées aux vétérans de la patrie, ou même par l’espérance définie d’une participation précise à une forme quelconque de la propriété. Ils allaient vers l’avenir sans lui demander, si j’ose dire, des engagements formels. Ils savaient bien que leur action aurait un jour des effets sociaux, et tout de suite ils trouvaient une noble joie dans cette action même. La Révolution leur donnait d’emblée mieux qu’un titre de propriété, mieux qu’un bon à valoir sur le domaine public, immobilier ou mobilier. Elle leur donnait la conscience de leur dignité et de leur force, et de vastes possibilités d’action qu’aurait, dans la pleine démocratie, le travail robuste et fier.

    Ainsi la patrie n’a pas pour fondement des catégories économiques exclusives, elle n’est pas enfermée dans le cadre étroit d’une propriété de classe. Elle a bien plus de profondeur organique et bien plus de hauteur idéale. Elle tient par ses racines au fond même de la vie humaine et, si l’on peut dire, à la physiologie de l’homme. Les individus humains ont toujours été capables de rapports plus étendus que les rapports de descendance et de consanguinité, qui sont la base plus ou moins large de la famille. Mais les conditions mêmes de la vie sur la planète ont rendu impossible jusqu’ici la formation d’une société unique. La terre a été longtemps plus grande que l’homme, et elle a imposé à l’humanité la loi des dispersions. C’est par groupes multiples, séparés, défiants, souvent ennemis, que la race humaine a dû tout d’abord se constituer.

    Les patries, les groupements distincts ont été la condition des groupements plus vastes que prépare l’évolution. Et en chacun de ces groupes une vie commune s’est développée qui garantissait et amplifiait la vie de tous et de chacun ; une conscience collective s’est formée en qui les consciences individuelles étaient unies et exaltées. Même pour les exploités, même pour les asservis, le groupement humain où ils avaient du moins une place définie, quelques heures de sommeil tranquille sur la marche la plus basse du palais, valait mieux que le monde du dehors, plein d’une hostilité absolue et d’une insécurité totale.

    Pour l’esclave aussi le dur foyer qu’alimentait sa peine avait parfois un reflet réchauffant, une lueur joyeuse, et les ténèbres extérieures l’épouvantaient. L’esclave, dit le grand Homère, n’a que la moitié de son âme, mais cette moitié même il risquait de la perdre en se séparant du milieu social où il avait du moins un abri et quelques liens d’affection réciproque.

    À l’intérieur d’un même groupement régi par les mêmes institutions, exerçant contre les groupements voisins une action commune, il y a forcément entre les individus, même des classes les plus opposées ou des castes les plus distantes, un fond indivisible d’impressions, d’images, de souvenirs, d’émotions. L’âme individuelle soupçonne à peine tout ce qui entre en elle de vie sociale, par les oreilles et par les yeux, par les habitudes collectives, par la communauté du langage, du travail et des fêtes, par les tours de pensée et de passion communs à tous les individus d’un même groupe que les influences multiples de la nature et de l’histoire, du climat, de la religion, de la guerre, de l’art, ont longuement façonné. Même pour se railler, même pour s’outrager, deux individus de classes hostiles, en un même pays, sont obligés de faire appel à des ressources communes. De cette présence en chacun de toute une vie collective, résulte, pour toutes les consciences individuelles, un étrange agrandissement. La multiplication de l’âme individuelle par l’âme de tous se révèle parfois en des manifestations superficielles et naïves (…).

    C’est le mystère, c’est le prodige des âmes individuelles qu’elles soient à la fois impénétrables et ouvertes. Tout le groupe historique dont elles font partie, dont elles sont solidaires, les affecte sans cesse et les émeut, souvent à leur insu. C’est seulement dans les grandes crises, quand un grand événement remue toute la profondeur et toute l’étendue d’un groupe humain, que cette solidarité se révèle pleinement à elle-même.

    Mais les formidables crises de passion collective seraient impossibles si un fond inaperçu d‘impressions communes ne s’était pas formé, dans la familiarité des jours, au fond de toutes les consciences. Quand, au sortir de la représentation des Perses, les Athéniens, tout enivrés de la grande poésie d’Eschyle et comme transportés d’une divine fureur de patriotisme guerrier, faisaient résonner au rythme de leurs lances les boucliers d’or attachés au temple de l’Athènes protectrice, ce n’était pas, quelle que fût la puissance de l’artiste créateur, une magnifique improvisation d’âme. Les Athéniens qui, tout à l’heure, étaient entrés au théâtre en échangeant sans doute des propos légers, portaient en eux, à ce moment même, à un degré qu’ils ne supposaient pas, toutes les forces accumulées de la patrie. Soudain, elles se déchaînaient en eux comme une surprise, mais c’est de toutes ces sources familières et profondes que le torrent avait jailli.

    Forces à demi instinctives et par là même immenses à la fois et redoutables. Elles sont prodigieusement efficaces, car elles prennent l’être humain par une action insensible et de tous les jours ; elles se confondent pour ainsi dire avec les habitudes organiques elles-mêmes, avec la façon de parler, de regarder, de marcher, de sourire, de penser, avec les innombrables souvenirs, joyeux ou douloureux, par lesquels la vie de chacun, dans un groupe humain à la fois défini et vaste, se mêle à la vie de tous. Aussi, à certaines heures de plénitude exaltée, elles peuvent donner aux âmes des émotions de douleur et de joie qui dépassent à l’infini tout ce que la conscience isolée pourrait se promettre d’elle-même. C’est donc l’apprentissage de la vie collective et de la grande sensibilité humaine, non pas dans l’abstrait d’une humanité qui ne fut longtemps qu’à l’état de rêve et d’incertaine préparation, mais dans la réalité substantielle et historique d’un groupe humain ample et riche de vie, mais assez déterminé, concret et saisissable pour que le haut élan de l’esprit ait une base de nature.

    Oui, forces grandioses et bonnes, mais aussi pleines de péril et pleines de troubles. D’abord une association d’idées se produit trop souvent entre la patrie et les formes sociales sous lesquelles longtemps elle se développa. Souvent, dans l’histoire, les oligarchies, les monarchies, les privilèges politiques et sociaux de tout ordre ont cru, ou affecté de croire, que l’intérêt de la patrie se confondait avec leur intérêt. Même à l’heure ou la monarchie et l’aristocratie françaises trahissaient la nation et faisaient appel à l’étranger, elles étaient convaincues que la France était en elles, que sans elles la patrie ne pouvait que se dissoudre et tomber dans le chaos. Les forces instinctives d’habitude, de tradition, de solidarité brute qui concourent à la formation de la patrie, et qui en sont peut-être la racine physiologique, deviennent ainsi des forces de résistance et de réaction. Et c’est d’un grand effort que les révolutionnaires, les novateurs, les hommes d’un droit supérieur doivent dégager de la patrie ancienne une patrie nouvelle et supérieure (…).

    À mesure que les hommes progressent et s’éclairent, la nécessité apparaît d’arracher chaque patrie aux classes et aux castes, pour en faire vraiment, par la souveraineté du travail, la chose de tous. La nécessité apparaît aussi d’abolir dans l’ordre international l‘état de nature, de soumettre les nations dans leurs rapports réciproques à des règles de droit sanctionnées par le consentement actif de tous les peuples civilisés.

    Quand on dit que la révolution sociale et internationale supprime les patries, que veut-on dire ? Prétend-on que la transformation d’une société doit s’accomplir de dehors et par une violence extérieure ? Ce serait la négation de toute la pensée socialiste, qui affirme qu’une société nouvelle ne peut surgir que si les éléments en ont été déjà préparés dans la société présente. Dès lors, l’action révolutionnaire, internationale, universelle, portera nécessairement la marque de toutes les réalités nationales. Elle aura à combattre dans chaque pays des difficultés particulières, elle aura en chaque pays, pour combattre ces difficultés, des ressources particulières, les forces propres de l’histoire nationale, du génie national. L’heure est passée où les utopistes considéraient le communisme comme une plante artificielle qu’on pouvait faire fleurir à volonté, sous un climat choisi par un chef de secte. Il n’y a plus d’Icaries. Le socialisme ne se sépare plus de la vie, il ne se sépare plus de la nation. Il ne déserte pas la patrie ; il se sert de la patrie elle-même pour la transformer et pour l’agrandir. L’internationalisme abstrait et anarchisant qui ferait fi des conditions de lutte, d’action, d’évolution de chaque groupement historique ne serait qu’une Icarie, plus factice encore que l’autre et plus démodée.

    Il n’y a que trois manières d’échapper à la patrie, à la loi des patries. Ou bien il faut dissoudre chaque groupement historique en groupements minuscules, sans lien entre eux, sans ressouvenir et sans idée d’unité. Ce serait une réaction inepte et impossible, à laquelle, d’ailleurs, aucun révolutionnaire n’a songé (…). Ou bien il faut réaliser l’unité humaine par la subordination de toutes les patries à une seule. Ce serait un césarisme monstrueux, un impérialisme effroyable et oppresseur dont le rêve même ne peut pas effleurer l’esprit moderne.

    Ce n’est donc que par la libre fédération de nations autonomes répudiant les entreprises de la force et se soumettant à des règles de droit, que peut être réalisée l’unité humaine. Mais alors ce n’est pas la suppression des patries, c’en est l’ennoblissement. Elles sont élevées à l’humanité sans rien perdre de leur indépendance, de leur originalité, de la liberté de leur génie. Quand un syndicaliste révolutionnaire s’écrie au récent congrès de Toulouse : « À bas les patries ! Vive la patrie universelle ! », il n’appelle pas de ses vœux la disparition, l’extinction des patries dans une médiocrité immense, où les caractères et les esprits perdraient leur relief et leur couleur. Encore moins appelle-t-il de ses vœux l’absorption des patries dans une énorme servitude, la domestication de toutes les patries par la patrie la plus brutale, et l’unification humaine par l’unité d’un militarisme colossal. En criant : « À bas les patries ! », il crie : « À bas l’égoïsme et l’antagonisme des patries ! À bas les préjugés chauvins et les haines aveugles ! À bas les guerres fratricides ! À bas les patries d’oppression et de destruction ! » Il appelle à plein cœur l’universelle patrie des travailleurs libres, des nations indépendantes et amies (…).

    Nous prenons à témoin la patrie elle-même dans sa continuité et dans son unité. L’unité sera plus forte quand, à la lutte des classes dans chaque patrie, sera substituée l’harmonie sociale, quand la propriété collective servira de fondement à la conscience commune. La continuité sera plus profonde quand tous les efforts du passé aboutiront à l’universelle libération, quand tous les germes d’égalité et de justice s’épanouiront en une magnifique floraison humaine, quand le sens vivant de l’histoire de la patrie se révélera à tous par un accomplissement de justice, quand les œuvres les plus fines et les plus hautes du génie seront enfin, dans la culture individuelle et la culture sociale agrandies, l’orgueil et la joie de toutes les intelligences. Par là, la patrie sera le miroir vivant où toutes les conscience pourront se reconnaître. Par là, les prolétaires qui n’eurent au cours des temps qu’une possession partielle et trouble de la patrie en auront enfin la possession pleine et lumineuse. Elle sera bien à eux, même dans le passé, puisque par leur effort suprême tout le travail des siècles aura abouti à leur exaltation dans la justice.

    Dès aujourd’hui, parce qu’ils peuvent lutter dans la patrie pour la transformer selon une idée plus haute, ils ne sont pas extérieurs à la patrie. Ils sont en elle parce qu’ils agissent sur elle ; parce que l’indépendance des nations, comme nations, abrite l’effort socialiste international ; parce que la démocratie forme des nations modernes, seconde l’action des salariés ; parce qu’ils ne peuvent vaincre qu’en s’appropriant, en chaque pays, les plus hautes qualités d’esprit et d’âme, et l’essence même du génie de la nation ; parce que l’humanité nouvelle ne sera riche et vivante que si l’originalité de chaque peuple se prolonge dans l’harmonie totale, et si toutes les patries vibrent à la lyre humaine.

    Ainsi les patries en leur mouvement magnifique de la nature à l’esprit, de la force à la justice, de la compétition à l’amitié, de la guerre à la fédération, ont à la fois toute la force organique de l’instinct et toute la puissance de l’idée. Et la classe prolétarienne est plus que toute autre classe dans la patrie, parce puisqu’elle est dans le sens du mouvement ascendant de la patrie. Quand elle la maudit, quand elle croit la maudire, elle ne maudit que les misères qui la déshonorent, les injustices qui la divisent, les haines qui l’affolent, les mensonges qui l’exploitent, et cette apparente malédiction n’est qu’un appel à la patrie nouvelle, qui ne peut se développer que par l’autonomie des nations, l’essor des démocraties et l’application à de nouveaux problèmes de toute la force des génies nationaux, c’est-à-dire par la communauté de l’idée de patrie jusque dans l’humanité.

    Voilà pourquoi, en tous ses congrès, l’Internationale ouvrière et socialiste rappelle aux prolétaires de tous les pays le double devoir indivisible de maintenir la paix, par tous les moyens dont ils disposent, et de sauvegarder l’indépendance de toutes les nations. Oui, maintenir la paix par tous les moyens d’action du prolétariat, même par la grève générale internationale, même par la révolution. (…)

    Arracher les patries aux maquignons de la patrie, aux castes de militarisme et aux bandes de finance, permettre à toutes les nations le développement indéfini de la démocratie et de la paix, ce n’est pas seulement servir l’Internationale et le prolétariat universel, par qui l’humanité à peine ébauchée se réalisera, c’est servir la patrie elle-même. Internationale et patrie sont désormais liées. C’est dans l’Internationale que l’indépendance des nations a sa plus haute garantie ; c’est dans les nations indépendantes que l’Internationale a ses organes les plus puissants et les plus nobles. On pourrait presque dire : un peu d’internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup d’internationalisme y ramène. Un peu de patriotisme éloigne de l’Internationale ; beaucoup de patriotisme y ramène.

    Jean JAURES

    source: https://lvsl.fr/

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  • Covid-19 : les révélations de la généticienne Alexandra Henrion-Caude

    Dès lors qu’il ne sont pas sponsorisés par les grands labos, TOUS les généticiens, TOUS les infectiologues, TOUS les virologues sont d’accord : ce Covid-19 nous a rendus fous, a révélé la sournoiserie de nos autorités sanitaires, la nullité de nos autorités politiques, l’irresponsabilité de nos médecins de plateau-télé et encore plus le désarroi des majorités populaires.

    Un résumé de cette situation ubuesque dans ces 49 minutes d’explications lumineuses par la généticienne Alexandra Henrion-Caude, interrogée par Élise Blaise pour le site Vécu. À écouter de bout en bout pour échapper à cette descente aux enfers de la raison humaine.

    « Je suis à la fois abasourdie et catastrophée par ce qui vient de se passer ces derniers mois. »

     

    sources:   https://yetiblog.org/    &  https://www.youtube.com/

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  • Didier Raoult au 3 août 2020 : « Je ne suis pas inquiet »

    Didier Raoult au 3 août 2020 : « Je ne suis pas inquiet »

     

    source: https://yetiblog.org/

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  • Le 20 juillet, Le Monde sortait un article signé Philippe-Jean Catinchi destiné à annoncer un cycle de conférences radiophoniques sur France Culture, dirigé par une certaine Christine Lecerf et dont le titre est déjà tout un programme : « Grande Traversée : , l’inconnu ». L’article de Catinchi, intitulé « Sur , la « pensée saccagée » de Karl Marx », se situe dans la même veine que ce procédé archi-connu et désormais maintes fois éprouvé par les rastaquouères culturels s’essayant à l’exégèse du grand homme.

    Ainsi, nous apprenons que le principal fondateur du socialisme scientifique serait en réalité un illustre « inconnu », « dont l’œuvre fut trop souvent dénaturée », trahie, « fossilisée », rendue captive d’un « hold-up » (l’expression citée par Catinchi est de Jacques Attali), rendue méconnaissable sous la forme de « ce «  » inventé par Lénine, qui dénature ce projet d’émancipation initial en un asservissement généralisé » (sic). Face à cette pensée qui, parait-il, « n’autorise pas de disciples » ( bien pratique pour ne jamais militer !), ce qui est bien curieux pour une démarche qui s’est toujours efforcée d’atteindre le plus haut degré de scientificité afin de fournir aux masses la « science de leur malheur » (selon la très belle expression de Marx) ainsi que les conditions objectives de leur affranchissement total, par l’organisation du prolétariat et la révolution sociale, il conviendrait de s’en remettre à France Culture et à l’émission de Christine Lecerf, qui nous dévoilerait gracieusement le Marx authentique, loin de la « vulgate » grossière et des « caricatures » de tous ceux qui se sont réclamés de sa pensée et de son combat pour construire dans la pratique le socialisme, et qui, apparemment, n’en auraient rien compris (contrairement bien entendu à Catinchi, Lecerf et Attali).

    Ainsi, pour remettre de l’ordre dans cette « pensée saccagée », pour se débarrasser de cette transmutation du marxisme en « une légitimation théorique qui masque l’homme et sa pensée », Catinchi sort son gros balai : on y apprend que Marx fut « philosophe, historien, théoricien sans doute, poète aussi ». Fabuleux ! Que Marx ait eu pour passion la poésie et qu’il s’y soit essayé, c’est un fait, or, c’est un fait plus important encore que le grand œuvre de sa vie n’a pas été de faire œuvre de poésie, mais que la postérité l’a retenu pour des accomplissements d’une tout autre nature. Mais décidément ce Catinchi se sent d’humeur poétesse : contre la « fossilisation » de Marx en « icône » ou en « patriarche », il faut sortir la brosse romantique et les petites évocations fumeuses qui cachent la forêt. Ainsi, la pensée de Marx fondamentalement poète ne se laisse saisir dans « aucun rôle qui le dénature », tant il convient de ne pas la séparer de son « temps véritable », d’une “jeunesse turbulente, des exils successifs et des éblouissements urbains”, des « effervescences romantiques auxquelles il participe pleinement [comment exactement ? Pourquoi Catinchi n’explicite-t-il jamais cette « pleine participation » ?], des élans fusionnels qui posent l’amitié en valeur suprême – et la relation avec Friedrich Engels, de deux ans son cadet, a cette force incroyable qui rejoue l’entente inouïe de Montaigne et La Boétie. » Décidément, Catinchi a l’art des parallèles boiteux qui ne mènent à rien, sinon à noyer le poisson. Que ce « temps véritable » nous paraît édulcoré, romantiquement aventureux, France-Culture-compatible. « Effervescences romantiques », sous la plume de Catinchi, les révolutions démocratiques et populaires qui tentèrent de briser l’écorce de la vieille Europe de 1848, les premiers soulèvements de l’histoire du prolétariat organisé réprimés dans le sang, l’échec du prolétariat allemand en mars, la répression sanglante menée d’une main de fer par le ministre de la Guerre et général Cavaignac contre le prolétariat français barricadé à Paris en juin 1848 après la dissolution des ateliers nationaux par le gouvernement républicain bourgeois. « Effervescences romantiques », encore, les près de trente mille morts de la Commune de Paris de 1871, femmes, enfants et vieillards compris, exécutés par la soldatesque de Thiers en représailles du gouvernement ouvrier qui prit et garda pendant deux mois la capitale du monde. On ressort de cette description, plein de vague à l’âme, à l’idée d’un Marx tournoyant comme un soleil de villes en villes, passant d’un « éblouissement urbain » à l’autre, sans qu’aucune mention ne soit faite de la raison de ces nombreux exils : à savoir la traque et la surveillance systématique du révolutionnaire allemand par toutes les polices d’Europe.

    De ce point de vue, il est très révélateur que ne soient à aucun moment évoquées ses activités directement politiques. Que Marx ait joué un rôle inestimable dans l’organisation et la fondation des premières organisations révolutionnaires de la classe ouvrière, Catinchi ne semble même pas en être au courant, peut-être parce qu’il préfère enfouir sa tête sous des livres de poésie ?

    La ficelle est grossière quand il s’agit de se dresser hypocritement contre les réductions de Marx à une « icône vieillie et barbue », alors qu’on ne fait en retour que le transformer en vieillard inoffensif, dépeint comme un prétendu « homme de cabinet, de l’écrit et des journaux, plus qu’[un] acteur de la rue » (sic!). Rien n’est plus éloigné de la réalité qu’un Marx dépeint comme « homme de cabinet », lui qui fut l’auteur d’une histoire au présent, engagée et polémique, technicien, agitateur, organisateur révolutionnaire infatigable, et l’un des chefs du premier parti mondial du prolétariat. N’en déplaise à monsieur Catinchi, il n’y a pas de contradiction, pour peu qu’on se donne la peine de le vouloir, entre une activité de théoricien, d’homme « de l’écrit et de journaux » et les actions que commandent la situation immédiate, tant sa plume a pu parfois appeler les fusils, à l’instar du dernier numéro de la Nouvelle Gazette Rhénane de mai 1849, réagissant à l’interdiction du journal par les autorités, et imprimé spécialement à l’encre rouge : « Nous n’avons pas de compassion et nous ne demandons pas de compassion de votre part. Quand notre tour viendra, nous ne ferons pas d’excuses pour la terreur. ».

    On le voit bien, on est loin d’un temps « des élans fusionnels qui posent l’amitié en valeur suprême », et cette affirmation ridicule ne mériterait même pas qu’on si arrête si Marx, justement en tant que chef de parti, n’avait pas passé une la plus grande partie de sa vie à polémiquer contre les absurdités idéalistes et les niaiseries sentimentales du même cru que celles que nous sert monsieur Philippe-Jean Catinchi. Constituer le parti du prolétariat sur des bases solides, fonder le socialisme scientifique et la science de la révolution, tout cela ne pouvait se faire qu’au moyen d’une séparation sévère et définitive d’avec les éléments du socialisme utopique passé, dans tout ce qu’il comportait de rêveries métaphysiques, de châteaux dans le ciel et autres folâtreries religieuses que charrient les “élans fusionnels qui posent l’amitié en valeur suprême”. L’auteur d’un tel non-sens lira donc avec profit la circulaire contre Hermann Kriege formulée en 1846 par, entre autres, Marx et Engels, contre ce pseudo-communiste germano-américain, rédacteur du Volks-Tribun, s’improvisant apôtre de l’amour et de l’amitié universelle, surtout lorsqu’il s’agissait de s’ouvrir dans les faits à toutes les compromissions et collaborations avec la classe possédante. Contre de telles fanfares pseudo-philosophiques, relevant davantage de phrases inspirées et joliment nouées que d’analyses de conditions réelles et de considérations pratiques, Marx et Engels n’avaient pas de phrases assez dures1, et c’est encore un fait que les lectures révisionnistes et petite-bourgeoises du Monde n’arriveront pas à effacer.

    Car personne ne s’y trompe : une telle présentation, édulcorée jusqu’à la caricature, ne relève pas seulement d’un innocent biais romantique. C’est louer en paroles pour réduire à l’impuissance dans les faits, car feindre d’accepter Marx sans le projet révolutionnaire qu’il porte et qu’il inaugure, c’est en réalité ne pas l’accepter tout court. C’est une vieille lubie bourgeoise qui se fait ainsi dernière stratégie à la mode : contre l’intensification mondiale de la lutte des classes, il faut mettre en place le « tout sauf Lénine », y compris en d’abord repeignant Marx en idéaliste romanesque, une sorte de Lucien de Rubempré, mais épicé à la sauce libertaire Mai-68.

    À partir de là, il n’y a rien d’étonnant que tout l’héritage que le marxisme a charrié dans ses réalisations concrètes et dans les tentatives historiques pour construire le socialisme réel soit crânement rejeté d’un revers de main (au moyen d’une remarque lapidaire sur un prétendu « asservissement généralisé » – lequel ? Probablement l’asservissement insupportable de partir à la retraite à 60 ans, 55 ans lorsqu’on était une femme), au profit d’un verbiage mielleux qui ferait pâlir d’envie les pires des premiers socialistes utopiques. Peu importe que le socialisme réel ait permis de sortir des dizaines de millions de personnes de la misère matérielle, de l’arriération culturelle et civilisationnelle, de l’assujettissement économique et politique le plus total, de la soumission arbitraire à l’autocratie ou à une nation étrangère colonialiste ; peu importe que la chute des pays communistes dans le « paradis capitaliste » ait constitué une régression tous azimuts en ce qui concerne les droits politiques et sociaux des travailleurs, le niveau d’éducation, l’espérance et les conditions mêmes de la vie. Peu importe, de toute façon, pour ce genre de personnage, toute référence concrète à des données réelles : toute expérience concrète dans la construction du socialisme est à rejeter du seul fait que cette expérience a existé, car c’est bien là en réalité son crime. On l’accusera, au choix de contrefaçon « inventée par Lénine », de « léninisme », de « stalinisme », de « totalitarisme », de déformation, de tentative de justification de la part de dictateurs nécessairement sanglants et cyniques (l’histoire bourgeoise s’accommodant très bien de ce genre d’explication idéaliste), de « hold-up ». Et ce, même si les mêmes sont bien incapables de trouver quoique ce soit chez Lénine, pour ne citer que lui, qui soit en contradiction directe avec ce qui se trouve chez Marx. Nous les mettons d’ailleurs au défi : ils n’en trouveront pas.

    Que Catinchi emprunte consciemment ce mot de « hold-up » à Jacques Attali n’a rien d’un hasard, ce dernier jugeant Marx « plus utile que jamais »2 lorsqu’il s’agit pour lui de faire l’éloge du mode de production capitaliste comme libération par rapport aux modes de production antérieurs et de la bourgeoisie comme « classe formidablement novatrice, porteuse de progrès et de lumière, acteur majeur du progrès et de la liberté »3 (ce que Marx reconnaissait certes dans les deux cas dans le Manifeste, mais en notant qu’ils cessent d’être tels dès lors 1) que tous les vestiges de la féodalités ont été détruits par la société bourgeoise, 2) que la concentration du capital et le développement des forces productives au niveau national et international atteignent un certain niveau, ce que feint d’ « oublier » Attali4). Et ce même individu d’affirmer dans un article sur sa conception de l’« utilité » de Marx: « De fait, quand on veut bien faire l’effort de pénétrer son œuvre, on en comprend l’incroyable actualité : Marx est un des premiers penseurs de la globalisation. Il reste un guide pour qui veut bien l’étudier sérieusement. Et qui veut bien comprendre que le socialisme ne se construit pas à la place du capitalisme, mais après lui »5 (sic !). Ainsi le socialisme ne se construit pas « à la place » du capitalisme (donc pas « contre » lui) mais « après lui » ! Comme si le capitalisme mondial allait s’effondrer naturellement, comme tombe un fruit trop mûr, sous le poids de ses contradictions, pour faire la place « non à un système de répartition de la rareté, mais une société d’abondance absolue »6 (sic). Comme si les États capitalistes et les monopoles qu’ils soutiennent, minés par leurs contradictions, allaient se priver de faire le choix de la guerre mondiale impérialiste et/ou du fascisme, afin de détruire les forces productives et/ou de maintenir des marges de profits satisfaisantes par le recours à la dictature ouverte du capital, comme ils s’en sont montrés capables par le passé. Prêter une telle conception nécessitariste et mécaniste à la pensée de Marx, qui voudrait que l’organisation économico-politique bourgeoise s’effondre toute seule pour laisser tranquillement la place à « autre chose » relève ou bien de l’ignorance crasse ou bien d’un mensonge éhonté pur et simple : Attali devra choisir .

    Et en attendant ? « En attendant, la seule action politique à laquelle il [Marx] croyait, c’était l’organisation mondiale des travailleurs, pour faire face à un capitalisme de plus en plus global et tenter d’en accélérer la crise en empêchant les actionnaires de récupérer l’essentiel de la plus-value créée par le travail des salariés. »7 (!). Voilà à quelles conclusions ridicules, s’exposant d’emblée à une réfutation immédiate, mènent de telles mystifications : la conciliation de classe rampante, le réformisme le plus naïf, tout ceci servi et présenté comme « vitalité » nouvelle d’une pensée « saccagée » qui aurait été dissimulée sous les oripeaux imposteurs du « dogmatisme » ! Qui saccage qui ? À force de transformer le marxisme, à coup de relectures hypocrites et de troncages, en un couteau sans lame dont on a également jeté le manche, à force d’insister sur la dimension « insaisissable », « non assignée à résidence fixe » de la pensée de Marx, vous voilà servis. C’est d’un « marxisme » bien boiteux dont vous avez accouché là, et sa vue nous fait pitié.

    Catinchi et Attali jouent ici la même gamme que le socialisme idéaliste, qui voudrait que le « socialisme n’ait jamais été réalisé », et qui partage pour cette raison l’essentiel du contenu du révisionnisme bourgeois le plus plat. En ce qu’ils font de la référence au socialisme un pur idéal régulateur inoffensif qu’on ne rencontre que dans les livres, détaché de toute question d’expérience pratique et de toute référence empirique, ces deux derniers se tournent tous deux contre toute expérience révolutionnaire concrète – par définition imparfaite – visant à renverser l’ordre économico-politique du capitalisme-impérialisme dont nous ne sommes toujours pas débarrassés actuellement, à instaurer la dictature démocratique de la classe exploitée sur l’ancienne classe exploiteuse, et ce jusqu’à la société sans classe. Révisionnisme bourgeois et socialisme idéaliste n’ont rien contre l’ « idée » d’une société socialiste du moment que cette dernière n’exerce pas la dictature du prolétariat, du moment qu’elle ne dispose d’aucun État, d’aucun pouvoir central organisateur, quand elle ne se défend ni contre les agressions extérieures (ce que toute société socialiste passée a connu et que les futures connaîtront nécessairement) ni contre les conspirations intérieures (ce que toute société socialiste passée a connu et que les futures connaîtront nécessairement) de ses éléments les plus réactionnaires. En somme, tous ces gens si respectables n’ont rien contre l’idée d’une société socialiste du moment que cette société n’existe pas !

    À partir de là, tout est permis, et la dérive est sans rivage : on nous inventera un Marx adversaire de la dictature du prolétariat (ce qui est quand même un comble, lui qui voyait justement en cette notion sa principale innovation8), un Marx adversaire de toute centralisation, qu’il s’agisse du pouvoir politique d’État, du pouvoir militaire, ou même de l’organisation économique (planification centralisée), au profit de la notion anarchiste privée de tout réalisme d’un conglomérat de propriétés de groupe (propriété des travailleurs d’une fabrique ou d’une profession sur leur production particulière), un Marx libertaire et allergique à toute idée d’ « autoritarisme9. Face à de tels délires nous ne pouvons opposer qu’un rire grinçant, et nous ferons de même face à la remarque absurde selon laquelle la pensée marxiste « ignora la condition des femmes ». Marx s’est toujours attaché à l’étude de la condition des femmes, non seulement d’un point de vue technico-économique, dans le cadre du livre I du Capital, mais également en tant qu’elles sont des prolétaires et membres d’une classe révolutionnaire. Il est par ailleurs évident à quiconque qui a lu le livre I du Capital, ou d’autres textes, que l’exploitation économique des ouvrières se double d’une exploitation sexuelle de celles-ci par les prédateurs capitalistes : « …en France, les ouvriers d’usines appellent la prostitution de leurs femmes et de leurs filles l’heure de travail supplémentaire, ce qui est littéralement exact.10 ». De la même manière, en 1884, Engels publia L’Origine de la famille, de la propriété et de l’État, basé sur les conclusions des travaux de Morgan et sur certaines notes de Marx, et expliquant le lien réellement existant entre apparition du patriarcat et naissance des sociétés de classes, à partir du développement de la propriété privée. Peut-on vraiment prétendre sérieusement après cela que Marx « ignora la condition des femmes » ?

    Par cette pique « bon genre » et faussement féministe, Catinchi prétend jouer, toujours contre l’héritage bien marxiste des expériences concrètes de construction du socialisme11 (et en premier lieu, contre le prétendu « hold-up » de Lénine), les figures de « la fille [de Marx] Éléanor, « l’héritière légitime, la voix qui nous parle aujourd’hui » (Rachel Holmes) [légitime au nom de quoi ? de son sang ?], puis Rosa Luxemburg […] ». Passons sur la référence douteuse à l’ « évidence » de la « légitimité » de la fille de Marx, dont l’héritage révolutionnaire n’est aujourd’hui malheureusement pas impérissable : il s’agit là encore, à travers la référence à Luxemburg, assassinée par le gouvernement social-démocrate allemand avec l’appui de la milice proto-fasciste des Freikorps,de favoriser les expériences révolutionnaires qui furent des échecs ainsi que les figures qui les incarnaient, contre celles qui construisirent concrètement le socialisme et qui profitèrent réellement aux opprimés. C’est aussi cracher sur la mémoire de cette communiste convaincue, qui n’eut jamais de mots assez durs pour le féminisme bourgeois aveugle à la lutte des classes12 : ces « brebis dociles » de ce féminisme bourgeois peuvent bien vouloir embrigader Rosa Luxemburg sous leur bannière, elles n’y parviendront pas, car ce ne sont rien d’autres que des falsificateurs bornés. C’est peu dire que nous préférons nos camarades victorieux plutôt que morts, de même que nous préférons les révolutions réussies plutôt que les insurrections avortées : nous nous réclamons davantage de ceux qui portèrent les premières que nous nous complaisons dans le deuil éternel et inoffensif des sublimes héros tombés sous les coups de la bourgeoisie, même lorsque celle-ci vient, toujours après coup, jeter son regard faussement apitoyé sur leur aura de martyrs.

    « À peine un feu s’éteint qu’un feu s’embrase » disait Aragon, et il en est de même pour la pensée de Marx comme pour toute théorie révolutionnaire digne de ce nom, venant se nourrir au foyer de l’expérience révolutionnaire concrète des masses, laquelle ne semble d’ailleurs pas prête de s’arrêter de si tôt. Par conséquent, son héritage concret ne saurait cesser de troubler la mauvaise conscience de ceux qui tentent de le fixer en une référence « romantique » parmi d’autres, plaisante et convenable, définitivement marquée par un « impossible achèvement du grand œuvre ».

    Nous les laissons donc à leurs « relectures », à leurs « rénovations » débilitantes : la « pensée vivante » qu’ils appellent en parole de leurs vœux se fera définitivement sans eux, puisque, comme nous l’avons montré durant notre examen, nous n’avons trouvé chez ces nouveaux exégètes cultivés rien que du vent, et rien qui vaille.

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

     

    1 “Kriege prêche ainsi, au nom du communisme, la vieille chimère religieuse élucubrée par la  allemande, qui est en contradiction directe avec le communisme. La foi, et plus précisément la foi dans « l’esprit-saint de la communauté » est bien la dernière chose qui soit exigée pour la réalisation du communisme.” (Circulaire contre Hermann Kriege, « Section troisième – Fanfaronnades métaphysiques »)

    2http://www.attali.com/societe/karl-marx-plus-utile-jamais/

    3Ibid.

    4Comme le disait Lénine, à partir de l’époque impérialiste du capitalisme, la bourgeoisie cesse d’avoir le moindre rôle progressiste pour « devenir réactionnaire sur toute la ligne ». En témoigne l’histoire du Moyen-Orient depuis un siècle : la bourgeoisie internationale a utilisé les pires éléments réactionnaires et féodalistes contre les courants communistes et progressistes, et a armé les bien mal-nommés « Talibans » contre les communistes afghans – on a fait mieux comme « classe formidablement novatrice, porteuse de progrès et de lumière, acteur majeur du progrès et de la liberté » !

    5Ibid.

    6Ibid.

    7Ibid.

    8« Maintenant, en ce qui me concerne, ce n’est pas à moi que revient le mérite d’avoir découvert l’existence des classes dans la société moderne, pas plus que la lutte qu’elles s’y livrent. Des historiens bourgeois avaient exposé bien avant moi l’évolution historique de cette lutte des classes et des économistes bourgeois en avaient décrit l’anatomie économique. Mon originalité a consisté : 1. à démontrer que l’existence des classes n’est liée qu’à des phases historiques déterminées du développement de la production ; 2. que la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du prolétariat ; 3. que cette dictature elle-même ne représente qu’une transition vers l’abolition de toutes les classes et vers une société sans classe. » [Lettre à J. Weydemeyer du 5 mars 1852].

    9 A ces propos d’Engels, Marx souscrivait en tous points : « Ont-ils jamais vu une révolution, ces messieurs [les anti-autoritaires] ? Une révolution est à coup sûr la chose la plus autoritaire qui soit, un acte par lequel une partie de la population impose à l’autre partie sa volonté à coup de fusils, de baïonnettes et de canons, moyens autoritaires s’il en fut. Force est au parti vainqueur de maintenir sa domination par la crainte que ses armes inspirent aux réactionnaires. Est-ce que la Commune de Paris aurait pu se maintenir plus d’un jour si elle ne s’était pas servie de l’autorité d’un peuple en armes contre la bourgeoisie ? Ne pouvons-nous pas, au contraire, la blâmer de ce qu’elle ait fait trop peu usage de cette autorité ? » (Engels, A propos de l’autorité).

    10 (Manuscrits de 1844, GF, p .190)

    11 Inutile de préciser que Catinchi ne fait aucune référence au « hold-up » et aux réalisations concrètes du socialisme réel en matière d’amélioration de la condition féminine, lui qui a plus fait pour les femmes que tout le féminisme bourgeois. Après la révolution de 1917, en Russie, les femmes acquièrent le droit de vote (bien avant les nations capitalistes, en France il faudra attendre 1944) et d’éligibilité, de divorce, l’accès à l’avortement gratuit, la socialisation des tâches domestiques. La constitution de la République socialiste fédérative soviétique de Russie (10 juillet 1918, Vème Congrès des Soviets) pose le principe d’égalité des droits entre les hommes et les femmes, notamment sur le plan politique. Pour ne prendre que l’exemple de l’Union Soviétique, la législation communiste garantissait aux femmes 1/3 des sièges dans toute assemblée (taux qui est tombé jusqu’à 5 % actuellement dans certains pays capitalistes). « Sous la loi soviétique, les femmes avaient droit à quatre mois de congé maternité à plein salaire après la naissance, et un an de salaire partiel si elles choisissaient de rester à la maison avec leur enfant. De plus, elles avaient droit de prendre jusqu’à trois années de congés avec la garantie que leurs emplois seraient préservés. » (Michael Parenti, Le mythe des jumeaux totalitaires, « Le paradis capitaliste passe à l’Est (II) »). En Russie capitaliste, la nouvelle constitution adoptée supprime toutes les dispositions qui offraient la garantie aux femmes d’un droit au congé maternité, à la sécurité de l’emploi pendant la grossesse, aux soins prénatals, et à des garderies abordables. « Le nombre de femmes assassinés par an – essentiellement pour leurs maris et leurs petits amis – a grimpé de 5 300 à 15 000 pendant les trois premières années du paradis capitaliste », et les organisations du Parti chargés de prévenir de genre de crimes n’existent plus (Ibid.). « Dans tous les pays communistes, près de 90 % des femmes exerçaient un travail dans une économie de plein emploi. Aujourd’hui, les femmes comptent pour deux tiers des chômeurs. Celles qui travaillent sont redirigées vers des emplois qualifiés, dans des proportions anormales, et sont dissuadés de suivre une formation professionnelle. Plus de 30 % des chômeuses sont des travailleuses qualifiés et techniciennes qui gagnaient auparavant des salaires supérieurs à la moyenne nationale. La perte des avantages liés à la maternité et aux services de garderie a créé des obstacles encore plus importants à l’emploi féminin » (ibid.).

    12Un seul texte pour s’en convaincre : https://www.marxists.org/francais/luxembur/works/1912/05/suffrage.htm – « S’il n’était question que du vote des femmes bourgeoises, l’Etat capitaliste ne pourrait en attendre rien d’autre qu’un soutien effectif à la réaction. Nombre de ces femmes bourgeoises qui agissent comme des lionnes dans la lutte contre les « prérogatives masculines » marcheraient comme des brebis dociles dans le camp de la réaction conservatrice et cléricale si elles avaient le droit de vote.

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  • Aude Lancelin reçoit Emmanuel Todd, historien et démographe, pour un grand entretien passionnant sur les leçons de la crise du Covid, les nouvelles luttes de classes en France, le vote vert, le Comité pour Adama, le Front Populaire d'Onfray, entre autres sujets à ne pas manquer

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  • « Les damnés, des ouvriers en abattoir », document “Infrarouge” mardi 30 juin sur France 2

    A découvrir sur France 2-rediffusion jusqu'au 30 août 2020 dans la case documentaire “Infrarouge” le film « Les damnés, des ouvriers en abattoir » écrit et réalisé par Anne-Sophie Reinhardt.

    Des ouvriers en abattoir, pour certains toujours en poste, racontent le travail. Leurs témoignages révèlent ce que « ce monde à part » aux limites de la condition humaine produit sur la santé des ouvriers. Le film rend compte du combat que les hommes et les femmes qui travaillent en abattoir doivent mener contre leurs propres émotions pour parvenir à « tenir » au quotidien. Au fil de leurs récits, par fragments, les images mentales qui les habitent se dévoilent peu à peu, et l’on devinera par endroit toutes celles qu’ils préfèreront ne pas livrer. Tourné en forêt, espace symbolique de refuge et d’isolement, le documentaire ne montre aucune image captée en abattoir.

    Résumé du film

    Ils s’appellent Joseph, Mauricio, Nadine, Stanislas, Stéphane, Olivier, Michel et semblent, en nous racontant le travail à l’abattoir, témoigner d’une sorte de front de guerre insensé et irréel, d’un monde aussi indescriptible qu’innommable, et pourtant, bien qu’« invisible » aux yeux de ceux qui n’y pénètrent jamais, bel et bien réel puisqu’installé à la porte de nos villes et villages. Ils décrivent ce qui les a conduits à devoir s’y rendre et à n’avoir comme seul choix que de ne plus pouvoir en partir. Disent combien ce travail à nul autre comparable est source de tourments. Il est question de blessures psychiques, de détresse et failles émotionnelles, de distorsions psychologiques, de cauchemars récurrents, de traumatismes, et en creux de tous les non-dits.

    En plus des récits des ouvriers viennent s’ajouter la parole de Martial, un ancien agent vétérinaire en abattoir, et celle de Sandro de Gasparo, ergonome de l’activité, spécialiste en santé et travail, qui a participé il y a quelques années à une étude sur les souffrances psychiques des ouvriers en abattoir.

    Les images du film ont été réalisées en forêt, qui tient symboliquement lieu de « monde à part » en marge du réel, à l’instar de ce qu’est l’abattoir quand on en décrit l’activité concrète et au vu de la place qu’il occupe au sein de notre société.

    Note d'intention de la réalisatrice Anne-Sophie Reinhardt

    La volonté de réaliser un film documentaire sur les souffrances psychiques causées par le travail en abattoir est survenue lorsque voyant des images filmées clandestinement dans des abattoirs français, il m’a semblé que la neutralité apparente des silhouettes d’ouvriers à leur tâche était encore bien plus stupéfiante que « les pétages de plombs » visés par les vidéos. Stupéfiante, car dans ce décor où tout n’est qu’effroi, on les voit évoluer silencieux et impassibles. Un monde pourtant dans lequel nous-même ne saurions, en nous y projetant, y garder notre sang-froid, tant la stupeur qu’il procure est bouleversante rien qu’en image.

    Comment, puisque nous nous accordons à dire que les images captées en abattoir sont insupportables et insoutenables, comment serait-il rendu possible qu’un individu lambda puisse y être indifférent sans avoir dû se forcer à devoir se transformer pour parvenir à éteindre en lui ses émotions ? Le processus de cette métamorphose des émotions pose question, car on ne peut s’y résigner qu’au prix d’une profonde et douloureuse négation de soi-même.

    Pour rendre compte par le documentaire de ce qui tient de l’invisible, c’est-à-dire de l’expérience sensible, sensorielle et psychologique vécue en abattoir, j’ai choisi de n’employer dans le film aucune image captée en usine-abattoir. Et ce parce qu’elles seraient de fait ou trop sidérantes pour le spectateur, et feraient écran entre lui et la parole des ouvriers, ou bien seraient bien en de ça de l’expérience de la réalité. Ne serait-ce que du quotidien, qui lui est tout autre qu’une image diffusée sur écran.

    Le documentaire de témoignages permet toutefois de nous laisser approcher, du moins pour partie, de ce que cela nous ferait à nous-même, pas dissemblables de ceux qui racontent, si nous étions à leur place. C’est ce chemin d’intention que le film documentaire a voulu suivre.

    Pour visionner le film "Les damnés, des ouvriers en abattoir "sur France2-rediffusion

    cliquer ICI

     

    source: https://www.coulisses-tv.fr/

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